Chromatographie en phase liquide Ă haute performance
La chromatographie en phase liquide Ă haute performance (CLHP) â mais on trouve plus frĂ©quemment l'abrĂ©viation anglaise HPLC (high performance liquid chromatography ou plus rarement high pressure liquid chromatography) depuis les annĂ©es 1990 â est une technique de sĂ©paration analytique et/ou prĂ©paratrice de molĂ©cules prĂ©sentes dans un mĂ©lange. Cela permet d'adapter les mĂ©thodes chromatographiques usuelles (voir Colonne) sur un montage haute pression.
Cette forme de chromatographie est fréquemment utilisée en biochimie, ainsi qu'en chimie analytique.
Le P du sigle, à l'origine signifiait Pression mais lorsque la méthode a été améliorée (réduction des particules et régulation de la phase stationnaire) le P a été attribué à Performance afin de marquer cette innovation.
Principe
L'échantillon à analyser est poussé par un liquide (appelé phase mobile) dans une colonne remplie d'une phase stationnaire (les « grains » sont de trÚs petite taille). Ce débit élevé diminue le temps nécessaire pour séparer les composants le long de la phase stationnaire.
En effet, pour un mĂȘme volume de phase stationnaire la surface d'Ă©change augmente si la granulomĂ©trie est fine. Les pics obtenus (via un dĂ©tecteur Ă UV[1] (les protĂ©ines absorbent Ă 275-280 nm) reliĂ© Ă un systĂšme d'intĂ©gration et de calcul) sont plus Ă©troits donc la rĂ©solution est amĂ©liorĂ©e (les pics sont bien sĂ©parĂ©s, on peut donc bien les diffĂ©rencier), le seuil de dĂ©tection est Ă©galement plus bas (des pics Ă©troits et hauts sont plus faciles Ă isoler du bruit de fond que des pics larges et bas).
Souvent, la composition de la phase mobile est modifiĂ©e au cours de l'analyse, c'est le mode dit « gradient » ou « Ă©lution graduĂ©e » (en opposition au mode « isocratique », pour lequel la composition de la phase mobile reste la mĂȘme tout au long de la sĂ©paration).
Par exemple, sur une colonne apolaire, en utilisant un mélange eau/méthanol comme phase mobile, les composants les plus hydrophobes sont élués avec une concentration élevée en méthanol alors que les composants plus hydrophiles sont élués préférentiellement avec une concentration faible en méthanol. Selon la nature de la phase stationnaire et la nature des composés à séparer, on commencera par une concentration élevée en méthanol ou le contraire.
Appareillage et fonctionnement
Pompe
C'est la partie qui sert à stocker l'éluant et à l'injecter sous pression dans la colonne. Elle est composée de :
- deux pistons alternatifs ;
- réservoirs de phase mobile ;
- Ă©lectrovannes ;
- amortisseur de pulsations ;
- systÚme de purge et d'amorçage ;
- capteur de pression.
On utilise une pompe pour une Ă©lution isocratique ou plusieurs pour une Ă©lution par gradient.
Injecteur
Des tubes en acier inoxydable, en TĂ©flon, en PEEK ou en silice fondue permettent de relier la ou les pompes Ă l'injecteur chromatographique. Il y a plusieurs types d'injecteurs :
- boucle d'injection : permet la répétabilité du volume d'injection ;
- injecteur seringue ;
- extraction sur phase solide en ligne.
DĂ©tecteur
Il existe plusieurs types de détecteurs :
- détecteurs spectroscopiques :
- par spectroscopie d'absorption : ultraviolet-visible (comprenant un détecteur à barrette de diodes (DAD ou PDA)) ou infrarouge,
- par spectroscopie de fluorescence ;
- réfractométrie ;
- détecteurs électrochimiques (DEC) :
- ampérométriques,
- coulométriques,
- polarographiques,
- potentiométriques ;
- conductimétrie ;
- Ă©vaporatif Ă diffusion de la lumiĂšre (DEDL) (evaporative light scattering detector (ELSD) en anglais) ;
- détection spectrale avec couplage :
- à la spectrométrie de masse (MS) avec la chromatographie en phase liquide-spectrométrie de masse,
- Ă la spectroscopie atomique.
DĂ©gazeur
Comme son nom l'indique, ce composant permet de retirer le gaz (dioxygÚne) présent dans le(s) solvant(s) afin d'éviter d'endommager les échantillons ou la phase stationnaire. Deux types de dégazeurs sont utilisés en HPLC :
- dégazeur à gaz inerte : on fait barboter un gaz inerte dans la PM (Phase Mobile) pour retirer le gaz dissous dans le liquide. L'helium est le gaz inerte le plus utilisé pour cette application ;
- dĂ©gazeur par vide : cette mĂ©thode consiste Ă descendre en pression dans une enceinte oĂč se trouve le solvant Ă l'aide d'une pompe Ă vide primaire, et ainsi sĂ©parer le gaz dissous dans le fluide. Elle est bien plus efficace, ne requiert plus de gaz inerte, et remplace de plus en plus l'ancienne technique dans le domaine de l'analyse HPLC. La pression dans l'enceinte est de l'ordre du millibar.
Types
Il y a plusieurs types de chromatographie en phase liquide. La nature de la phase stationnaire dépend du type de chromatographie en phase liquide que l'on veut faire ainsi que de la nature et du nombre de composés que l'on veut séparer.
Chromatographie d'adsorption
Dans cette chromatographie, la phase stationnaire consiste en une matiÚre solide à grand pouvoir d'adsorption, telle que l'oxyde d'aluminium, les silicates de magnésium, les gels de silice. Les composants sont simplement plus ou moins retenus à la surface de la phase stationnaire par adsorption physique. C'est une technique qui prend en compte la polarité des composants.
Chromatographie de partage
Dans cette chromatographie les analytes sont séparés en fonction de leur affinité avec les phases stationnaire et mobile. L'affinité dépend de la polarité des analytes et des phases. En mode normal la phase stationnaire est polaire, en mode inverse elle est apolaire. Il y a deux types de chromatographie de partage :
- liquide - liquide : la phase stationnaire consiste en une trÚs fine couche de liquide répartie par adsorption physique à la surface du matériau support le plus inerte possible. Les composants sont séparés comme dans une extraction liquide-liquide, sauf que la répartition des composants se fait lors du passage dans la phase liquide et non par agitation ;
- liquide - solide ou liquide - phase greffée : la phase stationnaire consiste en une espÚce organique liée par des liaisons chimiques à la surface des particules du matériau support.
Chromatographie en phase normale
La chromatographie en phase normale (NPLC) consiste Ă sĂ©parer diffĂ©rents analytes selon leur polaritĂ©. Cette technique de sĂ©paration dĂ©coule de lâexpĂ©rience de Tswett et de son montage de chromatographie rĂ©alisĂ© avec des pigments vĂ©gĂ©taux. Au cours des annĂ©es, cette derniĂšre a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e davantage afin de sĂ©parer des mĂ©langes de plus en plus complexes, en modifiant la polaritĂ© des phases et en amĂ©liorant la mĂ©thodologie de sĂ©paration analytique (ajout dâune pompe pour augmenter la pression du systĂšme et accĂ©lĂ©rer lâĂ©lution, automatisation du procĂ©dĂ©, etc.). Celle-ci est basĂ©e sur les interactions hydrophiles et les affinitĂ©s dâun analyte envers la phase mobile et stationnaire dans le but de les sĂ©parer en fonction de leur polaritĂ©[2].
Principe
La chromatographie en phase normale (NPLC) est un type de chromatographie qui fait intervenir les interactions polaires, contrairement Ă la chromatographie en phase inverse (RPLC), qui fait intervenir les interactions hydrophobes. Il sâagit dâun mĂ©canisme de compĂ©tition entre la rĂ©tention dâun solutĂ© dans la phase stationnaire et lâĂ©lution du solutĂ© dans la phase mobile, donc des affinitĂ©s de chaque analyte envers la phase mobile et la phase stationnaire. On fait donc passer un solvant non polaire ou modĂ©rĂ©ment polaire dans la colonne. Les solutĂ©s les plus retenus dans la phase stationnaire seront Ă©luĂ©s en dernier alors que les solutĂ©s les moins retenus seront Ă©luĂ©s en premier. DiffĂ©rents types dâinteractions sont exploitĂ©s tels que les ponts hydrogĂšne, les interactions dipĂŽle-dipĂŽle et les interactions acide-base[3].
Phases stationnaires
Les phases stationnaires utilisĂ©es pour une chromatographie en phase normale sont des phases polaires. Un avantage de cette chromatographie est quâil est possible de modifier les interactions, autant celles entre les analytes et la phase stationnaires, que celles avec les analytes et la phase mobile et la phase mobile avec la phase stationnaire. Puisque lâanalyte se dĂ©place en fonction de son affinitĂ© pour la phase mobile et la phase stationnaire, il est possible de choisir les deux phases afin dâoptimiser la sĂ©paration dâun systĂšme complexe. On peut directement utiliser la silice puisquâelle contient des groupements silanols (Si-OH) en surface. Selon la mĂ©thode utilisĂ©e pour la synthĂšse de la silice, la surface spĂ©cifique des particules, le diamĂštre des particules ainsi que le diamĂštre des pores varie grandement. Chaque type de silice possĂšde ses propres propriĂ©tĂ©s de sĂ©paration. Des types des silices contenant plus de groupement silanols libres (plus acide) ou moins de groupements silanols peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s en fonction du type de sĂ©paration dĂ©sirĂ©. Il est aussi possible de fonctionnaliser la silice afin de faire varier la polaritĂ© ou le caractĂšre de la silice en surface, tout en rendant sa surface plus homogĂšne. Selon le type de sĂ©paration que lâon dĂ©sire faire, on doit choisir entre trois classes de silice fonctionnalisĂ©e suivant le triangle de sĂ©lectivitĂ© suivant :
- Accepteur de proton ;
- Donneur de proton ;
- Interactions dipĂŽle-dipĂŽle.
Si la sĂ©paration ne fonctionne pas avec un type de silice, on choisit un second type qui se situe dans une autre classe afin dâengendrer le changement le plus drastique des interactions entre la phase stationnaire et les analytes. Les silices fonctionnalisĂ©es les plus souvent utilisĂ©es pour la chromatographie en phase normale sont la silice cyanopropylĂ©e, la silice aminopropylĂ©e et la silice 1,2-hydroxypropylĂ©e (diol). Dâautres groupements peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s pour la fonctionnalisation de la silice pour des applications plus spĂ©cifiques, mais ceux-ci suffisent en gĂ©nĂ©ral. La colonne diol est une colonne acide, la colonne amino est une colonne plutĂŽt basique alors que la colonne cyano fait des interactions dipĂŽle dipĂŽle modĂ©rĂ©es.
Phase mobile
Les solvants utilisĂ©s sont les mĂȘmes que ceux utilisĂ©s pour les autres types de chromatographie. IdĂ©alement, on utilise des solvants peu visqueux, afin de permettre un dĂ©bit dâĂ©luant plus Ă©levĂ© dans la colonne, dont le point dâĂ©bullition est bas pour faciliter la rĂ©cupĂ©ration des analytes aprĂšs Ă©lution. De plus, pour faire la chromatographie, le solvant doit absolument ĂȘtre moins polaire que les analytes pour Ă©viter une Ă©lution directe des analytes. En gĂ©nĂ©ral, on utilise lâhexane ou le pentane comme solvant non polaire de base (que lâon appelle le solvant A). Il est possible de jouer sur la polaritĂ© de lâĂ©luant en faisant varier la polaritĂ© du solvant A. Il est par contre plus simple dâutiliser un Ă©luant binaire puisque la polaritĂ© variera en fonction de la quantitĂ© dâun solvant polaire ajoutĂ©. Les solvants polaire, aussi appelĂ© solvants modificateurs (solvant B), communĂ©ment utilisĂ©s sont le chloroforme, le dichloromĂ©thane, lâacĂ©tate dâĂ©thyle, le tĂ©trahydrofurane, le mĂ©thyl tert-butyl Ă©ther (MTBE), lâĂ©ther diĂ©thylique ainsi que des alcools comme le mĂ©thanol ou lâisopropanol.
Un autre facteur important concernant la phase mobile est la force du solvant. Puisque la technique est basĂ©e sur les diffĂ©rentes interactions entre les analytes, la phase mobile et la phase stationnaire, il est donc important dâajuster la force de lâĂ©luant, que lâon dĂ©finit par lâaffinitĂ© de la phase mobile pour la phase stationnaire. Ainsi, un solvant dont la force dâĂ©lution est supĂ©rieure Ă une autre aura plus de facilitĂ© Ă entrainer un analyte dans la phase mobile, puisque ses interactions seront plus fortes avec la phase stationnaire. Aucune Ă©chelle absolue de force de solvants nâexiste puisque celle-ci varie dâune colonne Ă lâautre. Par contre, plusieurs Ă©chelles empiriques permettent de classer les solvants dans un ordre correspondant Ă leur force de solvant (É0). Pour un mĂ©lange de solvant, la force de solvant nâaugmente pas linĂ©airement avec le pourcentage de solvant polaire ajoutĂ©. Il peut par contre ĂȘtre calculĂ© Ă lâaide de lâĂ©quation suivante :
OĂč ΔAB est la force du mĂ©lange de solvant, ΔA et ΔB la force de solvant de chacun des solvants purs A et B respectivement, NB la fraction molaire et nB la surface molĂ©culaire du solvant modificateur et α le coefficient dâactivitĂ©, habituellement 1 pour une colonne analytique moderne. Lorsquâon veut optimiser une sĂ©paration, il est important de conserver la mĂȘme force de solvant aprĂšs changement de solvant B.
Sélectivité du solvant
La sĂ©lectivitĂ© du solvant est lâensemble des interactions acide-base, dipĂŽle-dipĂŽle et liaisons hydrogĂšne entre les molĂ©cules de solvant et lâanalyte. Il y a un changement dans la sĂ©lectivitĂ© du solvant quand les interactions molĂ©culaires entre la phase stationnaire, le solutĂ© et la phase mobile changent brusquement avec le changement de solvant. La sĂ©lectivitĂ© du solvant est basĂ©e sur le triangle de sĂ©lectivitĂ© de Snyder, qui guide le choix du solvant ou des solvants Ă choisir ainsi que la phase stationnaire pour optimiser la sĂ©paration de lâanalyte. Chaque apex du triangle reprĂ©sente une caractĂ©ristique dâun solvant, soit accepteur de proton, donneur de proton ou ayant un dipĂŽle. Les solvants sont classĂ©s dans le triangle, de façon Ă les catĂ©goriser selon les interactions possibles du solvant avec lâanalyte. Pour changer subitement les interactions entre le solvant et les analytes, il suffit de passer dâun solvant prĂšs dâun apex du triangle vers un solvant qui se situe plus prĂšs dâun autre apex[2] - [4].
Effet de délocalisation (déplacement)
Lâeffet de localisation est un effet non nĂ©gligeable en NPLC. Lorsquâun solutĂ© polaire peut faire des interactions fortes (dipĂŽle ou pont hydrogĂšne) avec les groupements fonctionnels en surface de la silice, on dit que le solutĂ© se « localise ». En effet, un solutĂ© a une capacitĂ© de localisation qui est donnĂ©e en fonction de la surface efficace du groupement en surface de la silice. Cette surface peut ĂȘtre rĂ©duite par lâaction du solvant modificateur, qui exerce, en compĂ©tition avec le solutĂ©, des interactions fortes du mĂȘme type. Plus le solvant a dâinteractions avec les groupements en surface, plus la rĂ©tention du solutĂ© est diminuĂ©e. Le solvant peut donc Ă©luer plus rapidement un solutĂ© dans la colonne si ses interactions avec la phase stationnaire sont suffisantes pour contrer celles du solutĂ©; on dit quâil a un effet de dĂ©localisation. Parfois, lâeffet de dĂ©localisation est prĂ©dominant par rapport Ă lâaciditĂ©, la basicitĂ© ou la dipolaritĂ© dâun solvant. Il a donc un effet majeur sur la rĂ©tention des solutĂ©s.
Effets secondaires de solvant
Un autre type dâeffets concernent les interactions entre le solvant et le solutĂ©. On les appelle les effets secondaires de solvant. Ces effets peuvent, dans certains cas, amĂ©liorer la rĂ©tention des solutĂ©s, dans dâautres, y nuire. Un premier type dâeffet secondaire de solvant est lorsque le solvant interagit directement avec le solutĂ©. La force de rĂ©tention est donc rĂ©partie et la phase stationnaire a de la difficultĂ© Ă contrer ces effets, ce qui engendre une diminution de la rĂ©tention. Un deuxiĂšme effet secondaire se produit lorsque la concentration du solvant modificateur est supĂ©rieure dans la phase stationnaire que dans la phase mobile. Lorsque le solutĂ© fait des interactions fortes avec le solvant modificateur, cet effet est bĂ©nĂ©fique et augmente la rĂ©tention du solutĂ©. Un troisiĂšme effet secondaire consiste en une force si grande entre le solvant modificateur et la phase stationnaire que le solvant modificateur est stĂ©riquement entravĂ©, ce qui diminue la rĂ©tention Ă©tant donnĂ© que le solvant modificateur dans la phase mobile peut toujours faire des interactions avec le solutĂ©.
Chromatographie en phase inverse
La base d'une phase inverse est une phase normale sur laquelle des chaßnes alkyles (ou autres selon la polarité recherchée) ont été greffées au niveau des groupes silanols (end-capping).
En général, la phase stationnaire est majoritairement composée de petites particules de silice sur lesquelles on a greffé des fonctions chimiques, le plus souvent de chaines alkyle à 8 ou 18 atomes de carbone.
Les fonctions silanols (Si-OH) qui subsistent engendrent des interactions hydrophiles parasites, qui rendent les rĂ©sultats non reproductibles surtout pour les molĂ©cules basiques. Pour Ă©viter cela, la surface de la silice est gĂ©nĂ©ralement recouverte par une fonction mĂ©thyle et les fonctions silanols ne sont plus libres mais sous la forme (Si-O-CH3), c'est cette Ă©tape que l'on appelle « end-capping ». Les fonctions chimiques utilisĂ©es pour le end-capping peuvent toutefois ĂȘtre de nature trĂšs diverses et les colonnes de derniĂšres gĂ©nĂ©rations rĂ©sistant Ă des pH extrĂȘmes sont gĂ©nĂ©ralement end-capped avec des fonctions proposant une plus grande gĂšne stĂ©rique, telles que le tert-butyle (Si-O-C(CH3)3).
Selon le taux de greffage, on obtient une plus ou moins grande résolution.
Cette phase stationnaire est dite « inverse » car de polaire et hydrophile (sans les « greffes »), la phase devient apolaire et hydrophobe.
Chromatographie par Ă©change d'ions
La phase solide est une résine insoluble munie de groupes fonctionnels capable de dissocier. Ce sont, habituellement, des groupes « acide sulfonique » (SO3H) pour les échangeurs de cations et « ammonium quaternaire » (N(R)3) pour les échangeurs d'anions.
Chromatographie d'exclusion stérique
Les composants sont séparés selon leur dimension moléculaire. La phase stationnaire est composée d'un matériau poreux (petites particules de silice ou de polymÚres), les molécules dont le diamÚtre est supérieur à celui des pores ne peuvent pénétrer et ne sont pas retenues. La durée de séjour dans la colonne augmente lorsque la taille des analytes diminue.
Chromatographie chirale
Cette technique de chromatographie consiste en la formation de liaisons non covalentes entre les énantiomÚres du substrat et l'absorbant chromatographique chiral donnant des complexes diastéréoisomÚres ayant des affinités de liaisons différentes. Elle sert donc en particulier à séparer des énantiomÚres.
ParamĂštres de chromatographie
La qualitĂ© et la durĂ©e d'une sĂ©paration peuvent changer avec la nature de la phase stationnaire et de la phase mobile utilisĂ©es. Mais pour un mĂȘme type de phase stationnaire et une mĂȘme phase mobile, la qualitĂ© et la durĂ©e d'une sĂ©paration peuvent aussi ĂȘtre modifiĂ©es par les caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques et opĂ©ratoires de ces deux phases.
Caractéristiques géométriques de la phase stationnaire
- La longueur L et le diamĂštre interne dc de la colonne.
- Le diamĂštre des particules de phase stationnaire dp.
Caractéristiques opératoires de la phase mobile
- La vitesse linéaire de l'écoulement u.
- La perte de charge ou pression appliquĂ©e ÎP entre l'entrĂ©e et la sortie de la colonne (la pression de sortie Ă©tant gĂ©nĂ©ralement atmosphĂ©rique). Elle est donnĂ©e par la loi de Darcy
oĂč est la viscositĂ© de la phase mobile et Ί est le facteur de rĂ©sistance Ă l'Ă©coulement qui dĂ©pend de la forme des particules et de la qualitĂ© du remplissage de la phase stationnaire.
Pour des colonnes bien remplies de particules sphériques ou irréguliÚres, la formule empirique de Vérillon[5]
Ă©tablie avec les unitĂ©s usuelles, permet le calcul commode d'une estimation de ÎP en fonction du dĂ©bit F de la phase mobile avec une incertitude infĂ©rieure Ă 25 %, et dans un large domaine de conditions opĂ©ratoires (2 ÎŒm < dp < 50 ÎŒm, 1 mm < dc < 100 mm) pour les chromatographies en phases liquide et supercritique.
Remarque : la loi de Darcy est à l'hydraulique ce que la loi d'Ohm est à l'électricité. La pression hydraulique est analogue au potentiel électrique, le débit de liquide est analogue à l'intensité du courant, la perméabilité hydraulique est analogue à la conductivité électrique, la pressurisation et la dépressurisation d'une colonne chromatographique sont respectivement analogues à la charge et à la décharge d'un condensateur électrique.
Grandeurs caractéristiques en chromatographie
Le résultat observable d'une analyse HPLC se présente sous la forme d'une courbe du signal détecté en fonction du temps : c'est le chromatogramme. Il comporte plusieurs pics de forme gaussienne, de caractéristiques différentes :
- le temps de rétention ou tR, temps du maximum du pic. On appelle t0 ou temps de rétention nulle le temps correspondant à un composé non retenu chromatographiquement ;
- la largeur du pic, mesurĂ©e Ă mi-hauteur : Ï1/2, ou Ă sa base, par l'intersection des tangentes du pic Ă ses points d'inflexion avec la ligne de base : Ï.
De lĂ peuvent ĂȘtre calculĂ©es plusieurs caractĂ©ristiques de la colonne pour la sĂ©paration des pics :
- le facteur de rétention k' du pic, par la formule
- l'efficacité N ou nombre de plateaux théoriques, reliée à la largeur du pic par la formule
- Cette valeur mesure la finesse du pic. Ă partir de cette valeur peut ĂȘtre calculĂ©e la hauteur Ă©quivalente Ă un plateau thĂ©orique (HEPT) H, qui permet de comparer des colonnes de longueur diffĂ©rente
- la sélectivité α entre deux pics 1 et 2 (2 étant plus retenu que 1), définie par le rapport de leurs deux facteurs de rétention
- Elle mesure la capacité de la colonne à séparer les maxima des pics. Plus elle est supérieure à 1, plus les temps de rétention sont éloignés ;
- la résolution RS entre les pics 1 et 2
- Cette valeur mesure la qualité de séparation et d'absence de recouvrement entre les deux pics considérés.
- La rĂ©solution ainsi dĂ©finie est l'objectif de la sĂ©paration chromatographique. C'est une fonction des trois caractĂ©ristiques (efficacitĂ©, sĂ©lectivitĂ© et rĂ©tention), elles-mĂȘmes dĂ©finies ci-dessus, dont l'expression est
- Cette expression montre notamment qu'une mĂȘme rĂ©solution peut ĂȘtre obtenue dans des conditions chromatographiques ou bien trĂšs efficaces (optimisation cinĂ©tique) ou bien trĂšs sĂ©lectives (optimisation thermodynamique).
Quoi qu'il en soit, la performance qui caractérise la technique HPLC est définie par le pouvoir de résolution par unité de temps, ce qui n'implique pas systématiquement l'utilisation de la pression la plus haute possible.
Notes et références
- Résultat de l'échantillonnage des cannabinoïdes d'une huile de CBD avec la Chromatographie liquide haute performance (HPLC) couplée à la détection UV - Naturicious.
- (en) William T. Cooper, Normal Phase Liquid Chromatography, Encyclopedia of Analytical Chemistry, .
- (en) Snyder, L.R. et Kirkland, J.J., Introduction to the Modern Chromatography, John Wiley & Sons, , 2e Ă©d.
- (en) Johnson, Andrew R. et Vitha, Mark F., « Chromatographic selectivity triangles », Journal of Chromatography A, vol. 1218, n.4,â , p.559-560.
- J. L. Cuq, 2007, La Chromatographie Liquide, université Montpellier 2, p. 13-14.
Articles connexes
- UPLC (Ultra Performance Liquid Chromatography)
- Liste de sigles de biologie cellulaire et moléculaire
- Techniques de biologie moléculaire