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Chromatographie en phase liquide Ă  haute performance

La chromatographie en phase liquide Ă  haute performance (CLHP) — mais on trouve plus frĂ©quemment l'abrĂ©viation anglaise HPLC (high performance liquid chromatography ou plus rarement high pressure liquid chromatography) depuis les annĂ©es 1990 — est une technique de sĂ©paration analytique et/ou prĂ©paratrice de molĂ©cules prĂ©sentes dans un mĂ©lange. Cela permet d'adapter les mĂ©thodes chromatographiques usuelles (voir Colonne) sur un montage haute pression.

Un chromatographe en phase liquide Ă  haute performance. De gauche Ă  droite : un dispositif de pompage destinĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer un gradient de deux solvants — un systĂšme d'injection d'Ă©chantillon — une colonne de chromatographie et un dĂ©tecteur pour mesurer l'absorbance.
Un chromatographe en phase liquide Ă  haute performance moderne.

Cette forme de chromatographie est fréquemment utilisée en biochimie, ainsi qu'en chimie analytique.

Le P du sigle, à l'origine signifiait Pression mais lorsque la méthode a été améliorée (réduction des particules et régulation de la phase stationnaire) le P a été attribué à Performance afin de marquer cette innovation.

Principe

L'échantillon à analyser est poussé par un liquide (appelé phase mobile) dans une colonne remplie d'une phase stationnaire (les « grains » sont de trÚs petite taille). Ce débit élevé diminue le temps nécessaire pour séparer les composants le long de la phase stationnaire.

En effet, pour un mĂȘme volume de phase stationnaire la surface d'Ă©change augmente si la granulomĂ©trie est fine. Les pics obtenus (via un dĂ©tecteur Ă  UV[1] (les protĂ©ines absorbent Ă  275-280 nm) reliĂ© Ă  un systĂšme d'intĂ©gration et de calcul) sont plus Ă©troits donc la rĂ©solution est amĂ©liorĂ©e (les pics sont bien sĂ©parĂ©s, on peut donc bien les diffĂ©rencier), le seuil de dĂ©tection est Ă©galement plus bas (des pics Ă©troits et hauts sont plus faciles Ă  isoler du bruit de fond que des pics larges et bas).
Souvent, la composition de la phase mobile est modifiĂ©e au cours de l'analyse, c'est le mode dit « gradient » ou « Ă©lution graduĂ©e » (en opposition au mode « isocratique », pour lequel la composition de la phase mobile reste la mĂȘme tout au long de la sĂ©paration).

Par exemple, sur une colonne apolaire, en utilisant un mélange eau/méthanol comme phase mobile, les composants les plus hydrophobes sont élués avec une concentration élevée en méthanol alors que les composants plus hydrophiles sont élués préférentiellement avec une concentration faible en méthanol. Selon la nature de la phase stationnaire et la nature des composés à séparer, on commencera par une concentration élevée en méthanol ou le contraire.

Appareillage et fonctionnement

Pompe

C'est la partie qui sert à stocker l'éluant et à l'injecter sous pression dans la colonne. Elle est composée de :

On utilise une pompe pour une Ă©lution isocratique ou plusieurs pour une Ă©lution par gradient.

Injecteur

Des tubes en acier inoxydable, en TĂ©flon, en PEEK ou en silice fondue permettent de relier la ou les pompes Ă  l'injecteur chromatographique. Il y a plusieurs types d'injecteurs :

  • boucle d'injection : permet la rĂ©pĂ©tabilitĂ© du volume d'injection ;
  • injecteur seringue ;
  • extraction sur phase solide en ligne.

DĂ©tecteur

Il existe plusieurs types de détecteurs :

DĂ©gazeur

Comme son nom l'indique, ce composant permet de retirer le gaz (dioxygÚne) présent dans le(s) solvant(s) afin d'éviter d'endommager les échantillons ou la phase stationnaire. Deux types de dégazeurs sont utilisés en HPLC :

  • dĂ©gazeur Ă  gaz inerte : on fait barboter un gaz inerte dans la PM (Phase Mobile) pour retirer le gaz dissous dans le liquide. L'helium est le gaz inerte le plus utilisĂ© pour cette application ;
  • dĂ©gazeur par vide : cette mĂ©thode consiste Ă  descendre en pression dans une enceinte oĂč se trouve le solvant Ă  l'aide d'une pompe Ă  vide primaire, et ainsi sĂ©parer le gaz dissous dans le fluide. Elle est bien plus efficace, ne requiert plus de gaz inerte, et remplace de plus en plus l'ancienne technique dans le domaine de l'analyse HPLC. La pression dans l'enceinte est de l'ordre du millibar.

Types

Il y a plusieurs types de chromatographie en phase liquide. La nature de la phase stationnaire dépend du type de chromatographie en phase liquide que l'on veut faire ainsi que de la nature et du nombre de composés que l'on veut séparer.

Chromatographie d'adsorption

Dans cette chromatographie, la phase stationnaire consiste en une matiÚre solide à grand pouvoir d'adsorption, telle que l'oxyde d'aluminium, les silicates de magnésium, les gels de silice. Les composants sont simplement plus ou moins retenus à la surface de la phase stationnaire par adsorption physique. C'est une technique qui prend en compte la polarité des composants.

Chromatographie de partage

Dans cette chromatographie les analytes sont séparés en fonction de leur affinité avec les phases stationnaire et mobile. L'affinité dépend de la polarité des analytes et des phases. En mode normal la phase stationnaire est polaire, en mode inverse elle est apolaire. Il y a deux types de chromatographie de partage :

  • liquide - liquide : la phase stationnaire consiste en une trĂšs fine couche de liquide rĂ©partie par adsorption physique Ă  la surface du matĂ©riau support le plus inerte possible. Les composants sont sĂ©parĂ©s comme dans une extraction liquide-liquide, sauf que la rĂ©partition des composants se fait lors du passage dans la phase liquide et non par agitation ;
  • liquide - solide ou liquide - phase greffĂ©e : la phase stationnaire consiste en une espĂšce organique liĂ©e par des liaisons chimiques Ă  la surface des particules du matĂ©riau support.

Chromatographie en phase normale

La chromatographie en phase normale (NPLC) consiste Ă  sĂ©parer diffĂ©rents analytes selon leur polaritĂ©. Cette technique de sĂ©paration dĂ©coule de l’expĂ©rience de Tswett et de son montage de chromatographie rĂ©alisĂ© avec des pigments vĂ©gĂ©taux. Au cours des annĂ©es, cette derniĂšre a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e davantage afin de sĂ©parer des mĂ©langes de plus en plus complexes, en modifiant la polaritĂ© des phases et en amĂ©liorant la mĂ©thodologie de sĂ©paration analytique (ajout d’une pompe pour augmenter la pression du systĂšme et accĂ©lĂ©rer l’élution, automatisation du procĂ©dĂ©, etc.). Celle-ci est basĂ©e sur les interactions hydrophiles et les affinitĂ©s d’un analyte envers la phase mobile et stationnaire dans le but de les sĂ©parer en fonction de leur polaritĂ©[2].

Principe

La chromatographie en phase normale (NPLC) est un type de chromatographie qui fait intervenir les interactions polaires, contrairement Ă  la chromatographie en phase inverse (RPLC), qui fait intervenir les interactions hydrophobes. Il s’agit d’un mĂ©canisme de compĂ©tition entre la rĂ©tention d’un solutĂ© dans la phase stationnaire et l’élution du solutĂ© dans la phase mobile, donc des affinitĂ©s de chaque analyte envers la phase mobile et la phase stationnaire. On fait donc passer un solvant non polaire ou modĂ©rĂ©ment polaire dans la colonne. Les solutĂ©s les plus retenus dans la phase stationnaire seront Ă©luĂ©s en dernier alors que les solutĂ©s les moins retenus seront Ă©luĂ©s en premier. DiffĂ©rents types d’interactions sont exploitĂ©s tels que les ponts hydrogĂšne, les interactions dipĂŽle-dipĂŽle et les interactions acide-base[3].

Phases stationnaires

Les phases stationnaires utilisĂ©es pour une chromatographie en phase normale sont des phases polaires. Un avantage de cette chromatographie est qu’il est possible de modifier les interactions, autant celles entre les analytes et la phase stationnaires, que celles avec les analytes et la phase mobile et la phase mobile avec la phase stationnaire. Puisque l’analyte se dĂ©place en fonction de son affinitĂ© pour la phase mobile et la phase stationnaire, il est possible de choisir les deux phases afin d’optimiser la sĂ©paration d’un systĂšme complexe. On peut directement utiliser la silice puisqu’elle contient des groupements silanols (Si-OH) en surface. Selon la mĂ©thode utilisĂ©e pour la synthĂšse de la silice, la surface spĂ©cifique des particules, le diamĂštre des particules ainsi que le diamĂštre des pores varie grandement. Chaque type de silice possĂšde ses propres propriĂ©tĂ©s de sĂ©paration. Des types des silices contenant plus de groupement silanols libres (plus acide) ou moins de groupements silanols peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s en fonction du type de sĂ©paration dĂ©sirĂ©. Il est aussi possible de fonctionnaliser la silice afin de faire varier la polaritĂ© ou le caractĂšre de la silice en surface, tout en rendant sa surface plus homogĂšne. Selon le type de sĂ©paration que l’on dĂ©sire faire, on doit choisir entre trois classes de silice fonctionnalisĂ©e suivant le triangle de sĂ©lectivitĂ© suivant :

  1. Accepteur de proton ;
  2. Donneur de proton ;
  3. Interactions dipĂŽle-dipĂŽle.

Si la sĂ©paration ne fonctionne pas avec un type de silice, on choisit un second type qui se situe dans une autre classe afin d’engendrer le changement le plus drastique des interactions entre la phase stationnaire et les analytes. Les silices fonctionnalisĂ©es les plus souvent utilisĂ©es pour la chromatographie en phase normale sont la silice cyanopropylĂ©e, la silice aminopropylĂ©e et la silice 1,2-hydroxypropylĂ©e (diol). D’autres groupements peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s pour la fonctionnalisation de la silice pour des applications plus spĂ©cifiques, mais ceux-ci suffisent en gĂ©nĂ©ral. La colonne diol est une colonne acide, la colonne amino est une colonne plutĂŽt basique alors que la colonne cyano fait des interactions dipĂŽle dipĂŽle modĂ©rĂ©es.

Phase mobile

Les solvants utilisĂ©s sont les mĂȘmes que ceux utilisĂ©s pour les autres types de chromatographie. IdĂ©alement, on utilise des solvants peu visqueux, afin de permettre un dĂ©bit d’éluant plus Ă©levĂ© dans la colonne, dont le point d’ébullition est bas pour faciliter la rĂ©cupĂ©ration des analytes aprĂšs Ă©lution. De plus, pour faire la chromatographie, le solvant doit absolument ĂȘtre moins polaire que les analytes pour Ă©viter une Ă©lution directe des analytes. En gĂ©nĂ©ral, on utilise l’hexane ou le pentane comme solvant non polaire de base (que l’on appelle le solvant A). Il est possible de jouer sur la polaritĂ© de l’éluant en faisant varier la polaritĂ© du solvant A. Il est par contre plus simple d’utiliser un Ă©luant binaire puisque la polaritĂ© variera en fonction de la quantitĂ© d’un solvant polaire ajoutĂ©. Les solvants polaire, aussi appelĂ© solvants modificateurs (solvant B), communĂ©ment utilisĂ©s sont le chloroforme, le dichloromĂ©thane, l’acĂ©tate d’éthyle, le tĂ©trahydrofurane, le mĂ©thyl tert-butyl Ă©ther (MTBE), l’éther diĂ©thylique ainsi que des alcools comme le mĂ©thanol ou l’isopropanol.

Un autre facteur important concernant la phase mobile est la force du solvant. Puisque la technique est basĂ©e sur les diffĂ©rentes interactions entre les analytes, la phase mobile et la phase stationnaire, il est donc important d’ajuster la force de l’éluant, que l’on dĂ©finit par l’affinitĂ© de la phase mobile pour la phase stationnaire. Ainsi, un solvant dont la force d’élution est supĂ©rieure Ă  une autre aura plus de facilitĂ© Ă  entrainer un analyte dans la phase mobile, puisque ses interactions seront plus fortes avec la phase stationnaire. Aucune Ă©chelle absolue de force de solvants n’existe puisque celle-ci varie d’une colonne Ă  l’autre. Par contre, plusieurs Ă©chelles empiriques permettent de classer les solvants dans un ordre correspondant Ă  leur force de solvant (ɛ0). Pour un mĂ©lange de solvant, la force de solvant n’augmente pas linĂ©airement avec le pourcentage de solvant polaire ajoutĂ©. Il peut par contre ĂȘtre calculĂ© Ă  l’aide de l’équation suivante :

OĂč ΔAB est la force du mĂ©lange de solvant, ΔA et ΔB la force de solvant de chacun des solvants purs A et B respectivement, NB la fraction molaire et nB la surface molĂ©culaire du solvant modificateur et α le coefficient d’activitĂ©, habituellement 1 pour une colonne analytique moderne. Lorsqu’on veut optimiser une sĂ©paration, il est important de conserver la mĂȘme force de solvant aprĂšs changement de solvant B.

Sélectivité du solvant

La sĂ©lectivitĂ© du solvant est l’ensemble des interactions acide-base, dipĂŽle-dipĂŽle et liaisons hydrogĂšne entre les molĂ©cules de solvant et l’analyte. Il y a un changement dans la sĂ©lectivitĂ© du solvant quand les interactions molĂ©culaires entre la phase stationnaire, le solutĂ© et la phase mobile changent brusquement avec le changement de solvant. La sĂ©lectivitĂ© du solvant est basĂ©e sur le triangle de sĂ©lectivitĂ© de Snyder, qui guide le choix du solvant ou des solvants Ă  choisir ainsi que la phase stationnaire pour optimiser la sĂ©paration de l’analyte. Chaque apex du triangle reprĂ©sente une caractĂ©ristique d’un solvant, soit accepteur de proton, donneur de proton ou ayant un dipĂŽle. Les solvants sont classĂ©s dans le triangle, de façon Ă  les catĂ©goriser selon les interactions possibles du solvant avec l’analyte. Pour changer subitement les interactions entre le solvant et les analytes, il suffit de passer d’un solvant prĂšs d’un apex du triangle vers un solvant qui se situe plus prĂšs d’un autre apex[2] - [4].

Triangle de sélectivité des solvants, décrivant les types d'interactions faites par les différents solvants.

Effet de délocalisation (déplacement)

Triangle de sélectivité des phases stationnaires, décrivant les types d'interactions faites par les différents types de phases.

L’effet de localisation est un effet non nĂ©gligeable en NPLC. Lorsqu’un solutĂ© polaire peut faire des interactions fortes (dipĂŽle ou pont hydrogĂšne) avec les groupements fonctionnels en surface de la silice, on dit que le solutĂ© se « localise ». En effet, un solutĂ© a une capacitĂ© de localisation qui est donnĂ©e en fonction de la surface efficace du groupement en surface de la silice. Cette surface peut ĂȘtre rĂ©duite par l’action du solvant modificateur, qui exerce, en compĂ©tition avec le solutĂ©, des interactions fortes du mĂȘme type. Plus le solvant a d’interactions avec les groupements en surface, plus la rĂ©tention du solutĂ© est diminuĂ©e. Le solvant peut donc Ă©luer plus rapidement un solutĂ© dans la colonne si ses interactions avec la phase stationnaire sont suffisantes pour contrer celles du solutĂ©; on dit qu’il a un effet de dĂ©localisation. Parfois, l’effet de dĂ©localisation est prĂ©dominant par rapport Ă  l’aciditĂ©, la basicitĂ© ou la dipolaritĂ© d’un solvant. Il a donc un effet majeur sur la rĂ©tention des solutĂ©s.

Effets secondaires de solvant

Un autre type d’effets concernent les interactions entre le solvant et le solutĂ©. On les appelle les effets secondaires de solvant. Ces effets peuvent, dans certains cas, amĂ©liorer la rĂ©tention des solutĂ©s, dans d’autres, y nuire. Un premier type d’effet secondaire de solvant est lorsque le solvant interagit directement avec le solutĂ©. La force de rĂ©tention est donc rĂ©partie et la phase stationnaire a de la difficultĂ© Ă  contrer ces effets, ce qui engendre une diminution de la rĂ©tention. Un deuxiĂšme effet secondaire se produit lorsque la concentration du solvant modificateur est supĂ©rieure dans la phase stationnaire que dans la phase mobile. Lorsque le solutĂ© fait des interactions fortes avec le solvant modificateur, cet effet est bĂ©nĂ©fique et augmente la rĂ©tention du solutĂ©. Un troisiĂšme effet secondaire consiste en une force si grande entre le solvant modificateur et la phase stationnaire que le solvant modificateur est stĂ©riquement entravĂ©, ce qui diminue la rĂ©tention Ă©tant donnĂ© que le solvant modificateur dans la phase mobile peut toujours faire des interactions avec le solutĂ©.

Chromatographie en phase inverse

La base d'une phase inverse est une phase normale sur laquelle des chaĂźnes alkyles (ou autres selon la polaritĂ© recherchĂ©e) ont Ă©tĂ© greffĂ©es au niveau des groupes silanols (end-capping). En gĂ©nĂ©ral, la phase stationnaire est majoritairement composĂ©e de petites particules de silice sur lesquelles on a greffĂ© des fonctions chimiques, le plus souvent de chaines alkyle Ă  8 ou 18 atomes de carbone.
Les fonctions silanols (Si-OH) qui subsistent engendrent des interactions hydrophiles parasites, qui rendent les rĂ©sultats non reproductibles surtout pour les molĂ©cules basiques. Pour Ă©viter cela, la surface de la silice est gĂ©nĂ©ralement recouverte par une fonction mĂ©thyle et les fonctions silanols ne sont plus libres mais sous la forme (Si-O-CH3), c'est cette Ă©tape que l'on appelle « end-capping ». Les fonctions chimiques utilisĂ©es pour le end-capping peuvent toutefois ĂȘtre de nature trĂšs diverses et les colonnes de derniĂšres gĂ©nĂ©rations rĂ©sistant Ă  des pH extrĂȘmes sont gĂ©nĂ©ralement end-capped avec des fonctions proposant une plus grande gĂšne stĂ©rique, telles que le tert-butyle (Si-O-C(CH3)3).

Selon le taux de greffage, on obtient une plus ou moins grande résolution.

Cette phase stationnaire est dite « inverse » car de polaire et hydrophile (sans les « greffes »), la phase devient apolaire et hydrophobe.

Chromatographie par Ă©change d'ions

La phase solide est une résine insoluble munie de groupes fonctionnels capable de dissocier. Ce sont, habituellement, des groupes « acide sulfonique » (SO3H) pour les échangeurs de cations et « ammonium quaternaire » (N(R)3) pour les échangeurs d'anions.

Chromatographie d'exclusion stérique

Les composants sont séparés selon leur dimension moléculaire. La phase stationnaire est composée d'un matériau poreux (petites particules de silice ou de polymÚres), les molécules dont le diamÚtre est supérieur à celui des pores ne peuvent pénétrer et ne sont pas retenues. La durée de séjour dans la colonne augmente lorsque la taille des analytes diminue.

Chromatographie chirale

Cette technique de chromatographie consiste en la formation de liaisons non covalentes entre les énantiomÚres du substrat et l'absorbant chromatographique chiral donnant des complexes diastéréoisomÚres ayant des affinités de liaisons différentes. Elle sert donc en particulier à séparer des énantiomÚres.

ParamĂštres de chromatographie

La qualitĂ© et la durĂ©e d'une sĂ©paration peuvent changer avec la nature de la phase stationnaire et de la phase mobile utilisĂ©es. Mais pour un mĂȘme type de phase stationnaire et une mĂȘme phase mobile, la qualitĂ© et la durĂ©e d'une sĂ©paration peuvent aussi ĂȘtre modifiĂ©es par les caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques et opĂ©ratoires de ces deux phases.

Caractéristiques géométriques de la phase stationnaire

  • La longueur L et le diamĂštre interne dc de la colonne.
  • Le diamĂštre des particules de phase stationnaire dp.

Caractéristiques opératoires de la phase mobile

  • La vitesse linĂ©aire de l'Ă©coulement u.
  • La perte de charge ou pression appliquĂ©e ΔP entre l'entrĂ©e et la sortie de la colonne (la pression de sortie Ă©tant gĂ©nĂ©ralement atmosphĂ©rique). Elle est donnĂ©e par la loi de Darcy

oĂč est la viscositĂ© de la phase mobile et Ί est le facteur de rĂ©sistance Ă  l'Ă©coulement qui dĂ©pend de la forme des particules et de la qualitĂ© du remplissage de la phase stationnaire.
Pour des colonnes bien remplies de particules sphériques ou irréguliÚres, la formule empirique de Vérillon[5]

Ă©tablie avec les unitĂ©s usuelles, permet le calcul commode d'une estimation de ΔP en fonction du dĂ©bit F de la phase mobile avec une incertitude infĂ©rieure Ă  25 %, et dans un large domaine de conditions opĂ©ratoires (ÎŒm < dp < 50 ÎŒm, mm < dc < 100 mm) pour les chromatographies en phases liquide et supercritique.

Remarque : la loi de Darcy est à l'hydraulique ce que la loi d'Ohm est à l'électricité. La pression hydraulique est analogue au potentiel électrique, le débit de liquide est analogue à l'intensité du courant, la perméabilité hydraulique est analogue à la conductivité électrique, la pressurisation et la dépressurisation d'une colonne chromatographique sont respectivement analogues à la charge et à la décharge d'un condensateur électrique.

Grandeurs caractéristiques en chromatographie

Le résultat observable d'une analyse HPLC se présente sous la forme d'une courbe du signal détecté en fonction du temps : c'est le chromatogramme. Il comporte plusieurs pics de forme gaussienne, de caractéristiques différentes :

  • le temps de rĂ©tention ou tR, temps du maximum du pic. On appelle t0 ou temps de rĂ©tention nulle le temps correspondant Ă  un composĂ© non retenu chromatographiquement ;
  • la largeur du pic, mesurĂ©e Ă  mi-hauteur : ω1/2, ou Ă  sa base, par l'intersection des tangentes du pic Ă  ses points d'inflexion avec la ligne de base : ω.


De lĂ  peuvent ĂȘtre calculĂ©es plusieurs caractĂ©ristiques de la colonne pour la sĂ©paration des pics :

  • le facteur de rĂ©tention k' du pic, par la formule
  • l'efficacitĂ© N ou nombre de plateaux thĂ©oriques, reliĂ©e Ă  la largeur du pic par la formule
Cette valeur mesure la finesse du pic. À partir de cette valeur peut ĂȘtre calculĂ©e la hauteur Ă©quivalente Ă  un plateau thĂ©orique (HEPT) H, qui permet de comparer des colonnes de longueur diffĂ©rente
  • la sĂ©lectivitĂ© α entre deux pics 1 et 2 (2 Ă©tant plus retenu que 1), dĂ©finie par le rapport de leurs deux facteurs de rĂ©tention
Elle mesure la capacité de la colonne à séparer les maxima des pics. Plus elle est supérieure à 1, plus les temps de rétention sont éloignés ;
  • la rĂ©solution RS entre les pics 1 et 2
Cette valeur mesure la qualité de séparation et d'absence de recouvrement entre les deux pics considérés.
La rĂ©solution ainsi dĂ©finie est l'objectif de la sĂ©paration chromatographique. C'est une fonction des trois caractĂ©ristiques (efficacitĂ©, sĂ©lectivitĂ© et rĂ©tention), elles-mĂȘmes dĂ©finies ci-dessus, dont l'expression est
Cette expression montre notamment qu'une mĂȘme rĂ©solution peut ĂȘtre obtenue dans des conditions chromatographiques ou bien trĂšs efficaces (optimisation cinĂ©tique) ou bien trĂšs sĂ©lectives (optimisation thermodynamique).

Quoi qu'il en soit, la performance qui caractérise la technique HPLC est définie par le pouvoir de résolution par unité de temps, ce qui n'implique pas systématiquement l'utilisation de la pression la plus haute possible.

Notes et références

  1. Résultat de l'échantillonnage des cannabinoïdes d'une huile de CBD avec la Chromatographie liquide haute performance (HPLC) couplée à la détection UV - Naturicious.
  2. (en) William T. Cooper, Normal Phase Liquid Chromatography, Encyclopedia of Analytical Chemistry, .
  3. (en) Snyder, L.R. et Kirkland, J.J., Introduction to the Modern Chromatography, John Wiley & Sons, , 2e Ă©d.
  4. (en) Johnson, Andrew R. et Vitha, Mark F., « Chromatographic selectivity triangles », Journal of Chromatography A, vol. 1218, n.4,‎ , p.559-560.
  5. J. L. Cuq, 2007, La Chromatographie Liquide, université Montpellier 2, p. 13-14.

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