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Centrale nucléaire de Cattenom

La centrale nuclĂ©aire de Cattenom est une centrale nuclĂ©aire exploitĂ©e par ÉlectricitĂ© de France (EDF), situĂ©e en Lorraine sur la commune de Cattenom, sur les bords de la Moselle entre Thionville (Ă  10 km en amont) et Trèves (Ă  80 km en aval), non loin des villes de Luxembourg (35 km), Arlon (42 km) et de Metz (40 km).

Centrale nucléaire de Cattenom
Centrale nucléaire de Cattenom
Administration
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
49° 24′ 57″ N, 6° 13′ 05″ E
Opérateur
Construction
Mise en service
1986 Ă  1992
Statut
en service
Direction
JĂ©rĂ´me Le Saint[1]
RĂ©acteurs
Fournisseurs
Type
RĂ©acteurs actifs
4 x 1 300 MW
Puissance nominale
5 200 MW
Production d’électricité
Production annuelle
31,12 TWh (2019)[2] - [3] - [4] - [5]
Facteur de charge
68,3 % (en 2019)
Production moyenne
33,43 TWh (2015 Ă  2019)
Production totale
1 022,52 TWh (fin 2019)

Carte

Présentation

Le centre nuclĂ©aire de production Ă©lectrique (CNPE) de Cattenom dispose de quatre rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  eau pressurisĂ©e (REP) d'une puissance de 1 300 mĂ©gawatts Ă©lectriques chacun. Cattenom est la septième centrale au monde en puissance installĂ©e, et la deuxième centrale de France pour sa production d'Ă©lectricitĂ© (derrière celle de Gravelines), avec 35 TWh produits en 2010 (8 % de la production nationale d'EDF). Son record de production date de 2005, quand elle produisit 38,2 TWh.

La centrale emploie environ 1352 personnes[6]. Pendant les périodes de visite décennale des réacteurs, elle fait appel à près de 2 000 personnes supplémentaires[7].

Le risque sismique est extrêmement faible à Cattenom, qui n'est pas placée dans une zone à aléa sismique significatif[8].

C'est la première centrale à avoir publié, en octobre 2010, un rapport de développement durable[9].

Y a été construit en 2010 le premier bâtiment tertiaire BBC 100 % électrique de France.

Refroidissement

La centrale devant le « Lac du Mirgenbach »

La centrale possède quatre aéroréfrigérants et prélève de l'eau dans la Moselle pour assurer son refroidissement. Lors de la construction de la centrale, EDF a également créé à proximité une retenue d'eau par la construction d'un barrage : le lac artificiel du Mirgenbach. De plus, un lac d'approvisionnement a été créé en 1985 pour soutenir le cours de la Moselle en cas de sécheresse, par construction d'un barrage dans la vallée de Pierre-Percée, en bordure du massif des Vosges, le barrage du Vieux pré.

En février 2011, des fissures ont été repérées sur le parement du support béton des pompes d'amenée d'eau de la Moselle vers les réacteurs no 1 et 2. Cette anomalie, qui a été classée au niveau 1 de l'échelle INES, remettait en cause la résistance de ces pompes en cas de séisme[10]. Fin juin 2011, les supports étaient confortés.

Caractéristiques des réacteurs

Ces quatre réacteurs nucléaires à eau pressurisée sont du palier P'4, de même que les réacteurs des centrales nucléaires de Belleville, Nogent, Golfech et Penly. Ils ont tous été construits par Framatome et sont actuellement exploités par EDF. Les caractéristiques détaillées de chaque réacteur sont les suivantes :

Nom du réacteur ModèleCapacité [MW]Début constr.Raccord. au réseauMise en service comm.1re visite décennale2de visite décennale3e visite décennale
Thermique (MWt)Brute (MWe)[11]Nette (MWe)[12]
Cattenom-1[2] P'4 REP 1 300 381713621300octobre 1979novembre 1986avril 1987199720062016
Cattenom-2[3] P'4 REP 1 300381713621300juillet 1980septembre 1987février 1988199820082018
Cattenom-3[4] P'4 REP 1 300381713621300juin 1982juillet 1990février 1991200120112021
Cattenom-4[5] P'4 REP 1 300381713621300septembre 1983mai 1991janvier 1992200320132023

Certifications

La centrale a obtenu en 2005 une certification environnementale ISO 14001, en 2007 une certification qualité ISO 9001, et début 2008 une certification hygiène et sécurité OHSAS 18001. Son laboratoire de surveillance de l'environnement est accrédité ISO/CEN 17025 par le COFRAC.

Histoire

Manifestation contre la centrale de Cattenom en 1980

La décision d'implantation de la centrale date de 1978 (gouvernement de Raymond Barre). Cette décision a été fortement contestée par le Luxembourg à l'époque. Le chantier des réacteurs de la centrale a débuté en 1979 et s'est terminé en 1991. La centrale a été implantée sur le lieu d'un ancien casernement du 168e régiment d'infanterie, qui était chargé de la défense des ouvrages de la ligne Maginot qui sont situés dans la forêt de Cattenom (ouvrage du Galgenberg, ouvrage du Kobenbusch, ouvrage du Bois-Karre, etc.).

Depuis le début du projet, il y eut des oppositions à la centrale nucléaire de Cattenom en France, au Luxembourg, en Allemagne et surtout dans la région de la Sarre près de la frontière[13].

Ĺ’uvres d'art

Les « moutons » : dans le cadre du 1 % à consacrer à l'acquisition d'œuvres d'art, le sculpteur Jean Cardot a réalisé pour le site une sculpture en extérieur représentant un troupeau de moutons, blancs, verts et roses, toujours visible.

Le centre d'information du public et les autres bâtiments du site ont été dessinés par l'architecte Claude Parent[14], en collaboration avec un architecte local, Roger Schott. On y reconnait aisément le tropisme de Parent pour les lignes obliques. La centrale fait donc partie du patrimoine architectural lorrain du XXe siècle, comme l'Église de Boust, à km, œuvre de Georges-Henri Pingusson.

L'Imagerie d'Épinal a réalisé une image de la centrale, œuvre d'Antonio Gaccia.

Pendule de Foucault de 1985

En 1985, pendant la construction de la centrale, l'École nationale d'ingénieurs de Metz (ENIM) fait installer au cœur de l'aéroréfrigérant de la tranche 1 le plus grand pendule de Foucault du monde[15]. Pour l'occasion, l'ENIM invente un système de rotule sur coussins d'air, pour minimiser les frottements, ce système est breveté. La tête du pendule se trouve actuellement à l'ENIM.

Intrusions de 9 antinucléaires en 1986

Le , neuf anti-nucléaires des associations « Robin des bois » et « Robinwood » escaladent une tour de refroidissement d'une tranche alors en construction[16].

Incidents de mars 2001

En mars 2001, 131 personnes ont Ă©vacuĂ© par prĂ©caution le bâtiment rĂ©acteur no 3, Ă  la suite d'une alarme intempestive, liĂ©e au radon naturellement prĂ©sent dans le sable utilisĂ© pour le sablage de bĂ©tons. Selon l'AFP, les agents prĂ©sents dans le bâtiment rĂ©acteur auraient subi une exposition aux radiations « de 5 Ă  10 minutes »[17]. Mais l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (ASN) a confirmĂ© qu'il n'y a pas eu de fuite radioactive et qu'aucune personne n'a Ă©tĂ© contaminĂ©e ou irradiĂ©e[18].

Toujours en mars 2001, il y a eu un problème de rupture des gaines de combustible. Des défauts d'étanchéité ont conduit à une augmentation de la radioactivité de l'eau du circuit primaire du réacteur no 3[19]. L'événement a été classé au niveau 1 de l'échelle INES.

Canicule de 2003

Lors de la canicule 2003, la centrale a bénéficié, du 12 août au , d'une dérogation officielle de la température de ses rejets en Moselle[20]. Elle n'a en fait pas eu besoin de faire usage de cette dérogation.

Hors période de canicule, le entre 13 h et 14 h, la centrale nucléaire de Cattenom a causé accidentellement un échauffement de l’eau de la Moselle de 2,2 °C alors que cet échauffement est limité à 1,5 °C par arrêté préfectoral[21]. Cet échauffement a été considéré comme non dangereux par l'ASN et classé 0 sur l'échelle INES.

Rejets de tritium

En octobre 2003, des militants de Greenpeace se sont opposés au projet d'EDF d'augmenter la limite des rejets radioactifs liquides en tritium[22]. Dans le même temps, la CRIIRAD accusait EDF de ne pas justifier l’évolution à la hausse de ces rejets et de ne pas analyser les conséquences pour la population autour de Cattenom[23]. L'association anti nucléaire Wise-Paris affirme que la demande d’EDF n’est pas conforme aux obligations d’information du public, de minimisation de l’ensemble des impacts sur l’environnement et de justification de ces impacts[24].

Dans le cadre de l'enquête publique qui a eu lieu en 2004, la centrale nucléaire de Cattenom a été autorisée à augmenter ses rejets de polluants chimiques[25].

Manifestation en Allemagne pour la fermeture de la centrale

Le 17 septembre, un millier (selon les organisateurs) d'antinucléaires allemands, luxembourgeois et français, rassemblés à Perl, exigent l'arrêt de la centrale qui, selon eux, est « une bombe à retardement en Europe » en raison des « incidents préoccupants qui s'y produisent ». D'après les responsables du comité Non à Cattenom, 710 incidents et événements « significatifs » ont été recensés par l'Autorité de sûreté nucléaire entre la date de mise en service de la première tranche en 1986 et 2006[26].

Il s'agit en fait d'écarts sans impact pour la sûreté, classés niveau 0 en deçà de l'échelle INES et qui sont déclarés dans un souci de transparence à l'ASN. Les règles de déclaration à l'ASN sont beaucoup plus étendues en France, comparées à l'Allemagne[27].Le rapport sur la sûreté de la centrale, exigible de par la loi de 2006, est disponible sur internet[28].

Prolongation de la durée de vie au-delà de 40 ans

Le 7 octobre 2010, EDF annonce l'ambition de faire fonctionner la centrale au-delĂ  de 40 ans car aucun obstacle technique ne s'y oppose. Cela devrait se formaliser par la prĂ©paration d'un dossier de prolongation de l'exploitation entre 2016 et 2022. Des investissements de 2,4 milliards d'euros sur 20 ans serviront Ă  moderniser les salles de commandes, les alternateurs et les gĂ©nĂ©rateurs de vapeur. Les cuves contenant les barres radioactives, les bâtiments-rĂ©acteur et les enceintes de confinement ne seraient pas concernĂ©s puisqu'en parfaite santĂ©. Ce programme doit servir de modèle aux autres centrales Ă  eau pressurisĂ©e de 1 300 MW du parc nuclĂ©aire français pour lesquelles EDF envisage de poursuivre l'exploitation au-delĂ  de 40 ans[26].

Protestations au Luxembourg

Dès le début des années 1980, la majorité de la population du Luxembourg s'est opposée à la construction du premier réacteur de Cattenom[29].

En 2011, les 36 communes luxembourgeoises qui se situent jusqu'Ă  25 km de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom, ainsi que plusieurs autres communes situĂ©es bien au-delĂ  des 25 km, se sont unies pour demander l'arrĂŞt de la centrale[30].

En 2012, le 27 mars, le Parlement luxembourgeois a adopté à l'unanimité une motion stipulant que Cattenom « met en péril la souveraineté et la pérennité de la nation luxembourgeoise », exigeant « le renforcement de l'action gouvernementale en vue de [sa] fermeture définitive »[29].

RĂ©sultat du stress-test

Mi septembre, EDF a remis le rapport du stress-test appliqué à la centrale de Cattenom à l'Autorité de Sûreté Nucléaire, à la suite de l'accident de Fukushima. EDF considère sa centrale comme sûre et robuste, mais se propose d'équiper chaque réacteur d'un générateur électrique diesel supplémentaire, de forer dans la nappe phréatique pour renforcer l'alimentation en eau et de préparer la centrale à accueillir les matériels de secours de la Force d'Action Rapide du Nucléaire (FARN).

Inspection de l'AIEA

En novembre 2011, 15 inspecteurs de l'AIEA ont inspecté la centrale. Lors de la conférence de presse de fin de mission, le 1er décembre, l'AIEA considère que la sûreté d'exploitation est assurée à Cattenom, détecte 4 bonnes pratiques, mais formule 4 recommandations. L'AIEA reviendra vérifier la prise en compte de ses remarques en 2013.

Prises de position en faveur de la prolongation de fonctionnement au-delĂ  de 40 ans

À la suite du flou induit par l'accord électoral Verts-PS, plusieurs personnalités lorraines, de tous les horizons politiques, prennent position contre le critère d'arrêt à l'ancienneté à 40 ans, et en faveur d'une évaluation décennale de la sûreté de la centrale, selon l'avis de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, et en fonction des investissements de modernisation que réalisera le propriétaire, EDF.

Février 2012 : découverte d'un incident de niveau 2

DĂ©but fĂ©vrier 2012, des travaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur deux tuyauteries des piscines d'entreposage du combustible des unitĂ©s no 2 et 3 de la centrale de Cattenom afin de rectifier un dĂ©faut de construction (absence d'une ouverture de 20 mm). Pour l’ASN, cette anomalie « n’a pas eu d’impact sur les travailleurs ni sur l’environnement mais elle constitue une dĂ©gradation des dispositions de dĂ©fense »[31]. Cet incident a Ă©tĂ© classĂ© par l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire au niveau 2 de l'Ă©chelle internationale des Ă©vĂ©nements nuclĂ©aires le 6 fĂ©vrier 2012 du fait de ses consĂ©quences potentielles engendrĂ©es par l'absence d'un des quatre dispositifs prĂ©vus pour empĂŞcher la baisse du niveau des piscines[32]. Cette dĂ©faillance, qui existe depuis 30 ans, n'avait jamais Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e lors des visites dĂ©cennales[33].

Juin 2012 : alerte fictive

Fin juin 2012, la centrale a été mise en état d'alerte maximum pendant deux jours pour un exercice mené conjointement par l'Allemagne, la Belgique, la France et le Grand-Duché du Luxembourg. D'autres exercices impliquant ces quatre pays sont prévus en décembre 2012 et au printemps 2013[34]. Ce type d'exercice a été décidé en 2011 après la catastrophe de Fukushima.

Octobre 2012 : procédures « insuffisantes »

À la suite des tests de résistance européens menés après l'accident de Fukushima, « Les procédures prévues en cas d'accident sont jugées "insuffisantes" ». De plus, « les équipements de secours, comme les groupes électrogènes, ne sont pas assez protégés contre les éléments en cas de catastrophe naturelle en France »[35].

Le président du Parlement luxembourgeois Laurent Mosar abonde dans ce sens : « Les récents tests de sécurités effectués par la Commission européenne sont à certains égards plus critiques envers la centrale nucléaire de Cattenom qu'envers celle de Fessenheim, que le gouvernement français s'est pourtant engagé à fermer d'ici à 2016. »[29]

FĂ©vrier 2013 : Accident mortel du travail

Fin février, un accident du travail a eu lieu dans le bâtiment du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Cattenom. Cet accident a causé la mort de deux personnes et fait un blessé grave. L’accident est survenu vers 17h00 lors de travaux de maintenance. Le réacteur est à l’arrêt pour sa visite décennale depuis le 9 février 2013[36].

7 juin 2013 : Incendie d'un transformateur électrique du réacteur no 1

Peu après 13h30, un incendie s'est déclaré dans la centrale nucléaire mosellane. Le feu a démarré dans le transformateur électrique de soutirage qui permet d'alimenter le réacteur no 1 en électricité. Plusieurs témoins ont entendu une détonation. Le réacteur s'est automatiquement arrêté. Le personnel de l'unité de production no 1 a été évacué. Les pompiers ont mis plus de deux heures à maîtriser complètement le sinistre et étouffer une très épaisse fumée noire[37]. Le transformateur de soutirage a été entièrement détruit[38].

Parallèlement, l'Autorité de sûreté nucléaire a été alertée, tout comme les pouvoirs publics, les communes avoisinantes et les pays limitrophes dont le Luxembourg[39]. Selon l'exploitant, l'incendie n'a eu aucune conséquences pour la sécurité des installations et l'environnement. La centrale a ouvert ses portes au public 24 heures après l'incendie du transformateur électrique. Il est possible que le transformateur ait contenu des Biphényls polychlorés (BPC) toxiques et cancérigènes[40].

L'exploitant prévoit de maintenir le réacteur à l'arrêt pendant 2 mois pour pouvoir effectuer les travaux de réparation du transformateur endommagé [41].

Août 2013 : de l'acide chlorhydrique dans la Moselle

Le , de l'acide chlorhydrique est rejeté dans la Moselle[42]. Devant normalement servir au système du réfrigérant atmosphérique, il s'est infiltré dans le sol puis dans la Moselle à la suite de l'absence d'un tronçon de tuyauterie[42]. Selon EDF cela correspondrait à moins de 1 % de l'autorisation des rejets et selon l'ASN, il s'agit d'un écart classé au niveau 0 sur l'INES[42].

Mai 2014 : dix salariés contaminés

Le 7 mai 2014, selon le Républicain lorrain, dix sous-traitants ont déclenché les détecteurs de contamination en sortant de la zone nucléaire du réacteur no 2 - à l'arrêt[43].

Juin 2014 : incendie dans la salle des machines du réacteur no 2

Le 23 juin 2014, selon le service d'urgence du Luxembourg, tout le personnel de l’unité de production no 2 - à l'arrêt - a été évacué et les pompiers ont dû intervenir pour éteindre les flammes car un échafaudage est parti en feu en salle des machines[44].

Août 2014 : fuite à la centrale nucléaire

Le 1er août 2014, La centrale de Cattenom a déclaré un évènement significatif environnement à l'Autorité de Sûreté Nucléaire[45].

28 mai : fuite de vapeur

Le 28 mai, un problème sur le circuit secondaire du réacteur n°1 conduit à l'ouverture d'une vanne provoquant une fuite de vapeur pendant environ 30 minutes et l'arrêt du réacteur[46]. Le directeur de la centrale a déclenché un plan d’urgence interne, l'Autorité de sûreté nucléaire [ASN], l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire [IRSN], le centre de crise national d’EDF et à la préfecture de Metz ont mis en place des cellules de crise[47].

2016

En 2016 est prévue la troisième visite décennale du réacteur n°1[48]. Le 23 février, le directeur Guy Catrix assure que la centrale est « robuste »[49]. 3 jours plus tard, un rapport commandé par Les verts allemand auprès de Manfred Mertins (professeur de physique appliqué de l'Université de Brandebourg[50], connus pour ses positions antinucléaire), recommande de fermer immédiatement la centrale en y pointant toute une liste de défauts de sécurité[51].

Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a Ă©voquĂ©, lors d'une confĂ©rence de presse commune avec le Premier ministre français Manuel Valls, la question de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom qui selon lui, en cas de problème, « rayerait le Grand DuchĂ© de la carte ». « Notre plus grand souhait serait que Cattenom ferme », a-t-il insistĂ© ; il a assurĂ© avoir signalĂ© Ă  son homologue français que le Luxembourg Ă©tait conscient des emplois en danger si la centrale fermait. Le pays « serait prĂŞt Ă  s'engager financièrement dans un projet qui doit ĂŞtre transfrontalier – pourquoi pas aussi avec la Sarre ou la RhĂ©nanie-Palatinat â€“ de faire un projet Ă  Cattenom qui soit diffĂ©rent de celui du nuclĂ©aire »[52].

2017

Le 31 janvier 2017, un incendie s'est dĂ©clarĂ© vers 22h. Le sinistre a touchĂ© un bâtiment administratif temporaire, de structure type « algĂ©co », prĂ©cise EDF dans un communiquĂ©. Au total, une surface de 1 000 m2 de bâtiments a Ă©tĂ© dĂ©truite. Intervenus en nombre, les pompiers ont maĂ®trisĂ© le feu vers 1h du matin. L'incendie ne fait donc aucune victime mais il a gĂ©nĂ©rĂ© d'importants dĂ©gâts matĂ©riels.

Le 12 octobre 2017, huit militants de Greenpeace se sont introduits par effraction dans la centrale nuclĂ©aire de Cattenom. Ils y ont dĂ©clenchĂ© un feu d'artifice Ă  cĂ´tĂ© de la piscine d'entreposage du combustible usĂ©. L'objectif de l'ONG Ă©tait de dĂ©noncer les risques qui planent sur les installations nuclĂ©aires en France. Les militants ont Ă©tĂ© ensuite interceptĂ©s par les gendarmes[53]. En fĂ©vrier 2018, ces militants sont condamnĂ©s Ă  des peines allant de cinq mois de prison avec sursis Ă  deux mois ferme[54]. Le 30 octobre 2019, le procès en appel des huit militants s'est tenu devant la cour d'appel de Metz. Le 15 juin 2021 la cour de cassation confirme la dĂ©cision de la cour d'appel, l'association Greenpeace est condamnĂ©e une amende de 2 500 euros, en soulignant que l'infraction ne pouvait pas ĂŞtre justifiĂ©e pour « l’expression d’une crainte face Ă  un risque potentiel, voire hypothĂ©tique[55]. »

2019

Le Gouvernement du Luxembourg adresse une lettre ouverte à l'Autorité de sûreté nucléaire (abrégé en ASN), en les personnes des ministres Carole Dieschbourg et Claude Turmes, tous deux issus du parti Les Verts. La question de la gestion et du stockage des déchets nucléaires y est notamment abordée. Les ministres s'interrogent également sur la consultation des pays voisins, à savoir le Luxembourg et l'Allemagne, pour tous les changements en rapport avec la centrale[56].

2022

Le , une erreur de consignation (erreur entre tranche 1 et tranche 2) a rendu indisponibles plusieurs matériels du circuit de refroidissement de l'unité no 2. Le délai de rétablissement a été dépassé, et l'évènement a été déclaré incident de niveau 1 à l'Autorité de sûreté nucléaire[57] - [58].

Phénomène de "corrosion sous contraintes"

Fin 2021 est détecté lors de la deuxième visite décennale du réacteur de Civaux 1, l'apparition de microfissures sur des zones de soudures du circuit d’injection de sûreté (permettant en cas d'incident sur le circuit primaire l'injection d'eau borée afin d'éviter la fusion du cœur) en lien avec un phénomène de corrosion sous contraintes. Ce phénomène atteint les 4 réacteurs de dernière génération du palier N4 et certains réacteurs du palier P'4, dont font partie les 4 réacteurs de la centrale de Cattenom. Durant l'année 2022 sont arrêtés les réacteurs 1, 3 et 4 de la centrale pour contrôles[59]. Les réacteurs 1 et 3 se révèlent atteints par le phénomène, nécessitant le remplacement des portions concernés et leur retour sur le réseau à l'hiver 2022/2023. Le réacteur 4 ne révèle pas de trace de corrosion sous contrainte. Le réacteur 2 doit être contrôlé en 2023 avec un remplacement préventif de toutes les portions potentiellement concernées[60].

Surveillance de l'environnement

Vue d'ensemble de la centrale de Cattenom

(Source : réponse faite au député luxembourgeois Henri Kox à une question écrite[61])

EDF a l'obligation, de par un arrêté interministériel de 2004, de surveiller l'environnement. La centrale opère les installations de mesures suivantes :

  • 4 stations de prĂ©lèvements de poussières atmosphĂ©riques ;
  • 4 balises permettant de mesurer le dĂ©bit de dose Ă  km ;
  • 4 balises permettant de mesurer le dĂ©bit de dose Ă  km ;
  • 10 dĂ©tecteurs mesurant le dĂ©bit de dose Ă  la clĂ´ture du site ;
  • 11 dĂ©tecteurs dans l'environnement mesurant le dĂ©bit de dose Ă  10 km ;
  • 5 mesures dans les eaux souterraines (3 dans le site et 2 Ă  l'extĂ©rieur).

De plus, des échantillons sont prélevés dans l'environnement (sol, rivière, production de lait).

Les données mensuelles sont accessibles sur Internet[62].

Le laboratoire de la centrale réalisant ou faisant réaliser ces mesures a reçu en 2008 un agrément délivré par le COFRAC, ce qui implique des programmes d'assurance qualité. Les résultats des mesures réglementaires sont consignés dans des registres qui sont communiqués mensuellement à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui en assure un contrôle.

EDF est juridiquement responsable de respecter les limites de rejets fixés par l'arrêté ministériel, ainsi que de déclarer immédiatement tout dépassement éventuel. En vertu de l'accord bilatéral de 1983 avec la France, relatif aux échanges d'informations en cas d'incident ou d'accident pouvant avoir des conséquences radiologiques, les informations d'un dépassement des limites sont également transmises au Luxembourg, en l'occurrence à la division de la radioprotection.

De plus, l'environnement autour de la centrale de Cattenom est surveillé de manière indépendante par :

Les résultats de mesure sont accessibles sur Internet, sur le site de ATMO Lorraine[64].
  • l'État, au travers de l'Ă©tablissement public IRSN et son rĂ©seau de balises[65] anciennement dĂ©nommĂ© « Teleray ». IRSN opère une station de prĂ©lèvements de poussières atmosphĂ©riques, deux balises aĂ©riennes Ă  km et Ă  Roussy-le-Village, ainsi qu'une sonde dans l'eau sur la Moselle Ă  Apach. Les rĂ©sultats en temps rĂ©el sont accessibles sur Internet[66].
  • l'ASN s'assure, par des inspections inopinĂ©es, que les exploitants respectent bien les dispositions rĂ©glementaires. Au cours de ces inspections, des inspecteurs font prĂ©lever des Ă©chantillons dans les effluents ou l'environnement et les font analyser par un laboratoire spĂ©cialisĂ© et indĂ©pendant. En 2007, l'ASN a rĂ©alisĂ© une inspection avec prĂ©lèvement Ă  Cattenom, oĂą aucune irrĂ©gularitĂ© n'a Ă©tĂ© constatĂ©e.
  • le Grand-DuchĂ© de Luxembourg, qui dispose de 23 stations de mesure, dont une en territoire français, Ă  mi-distance entre la centrale et la frontière franco-luxembourgeoise, Ă  Roussy-le-Village, en vertu d'un accord international de 1994[67]. La division de la radioprotection[68] dĂ©pendant du Ministre de la SantĂ© et de la SĂ©curitĂ© sociale a commencĂ© dès 1983 Ă  installer un rĂ©seau de mesure et d'alerte automatiques sur le sol luxembourgeois. II s'y ajoute un programme d'Ă©chantillonnage dans divers milieux biologiques, comme les eaux et les boues de la Moselle, et dans la chaĂ®ne alimentaire. Tous ces Ă©chantillons sont mesurĂ©s par le laboratoire de radiophysique de la division de la radioprotection. Les rĂ©sultats mensuels de ces mesures sont accessibles sur Internet[69].

Les mesures réalisées en France sont regroupées dans le Réseau National de mesure de la Radioactivité et accessible sur internet[72]

Un parcours extérieur à la centrale, composé de panneaux réalisés avec le concours de l'ONF et de la réserve géologique naturelle d'Hettange permet à tous les promeneurs de se renseigner sur cette surveillance.

Dans les médias

En 1995, la centrale de Cattenom fait l'objet de deux épisodes de l'émission C'est pas sorcier consacrés à l'énergie nucléaire.

Dans le jeu de rôle Shadowrun quatrième édition (2005), la centrale nucléaire est victime d'un accident en 2008, contaminant ainsi la « SOX », réunion de la Lorraine, du Luxembourg et de la Sarre[73].

Dans le dessin animé japonais Summer Wars (2009), l'intelligence artificielle qui a pris le contrôle du monde virtuel Oz détourne un satellite pour l'envoyer s'écraser sur une centrale nucléaire. Apparaît alors à l'écran une vue aérienne de Cattenom (repère 1h08 du film) [74]. Le satellite s'écrase finalement dans la campagne.

Le docufiction An zéro : Comment le Luxembourg a disparu sorti en 2021 part de l'hypothèse d'un incident majeur dans la centrale de Cattenom, et en décrit les conséquences sur la population et sur l'économie de la région, avec la nécessité d'évacuer la population du Luxembourg et d'une partie de la Lorraine.

Notes et références

  1. Jérôme LE SAINT succède à Thierry ROSSO à la Direction de la centrale nucléaire de Cattenom, edf, 9 octobre 2020
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - CATTENOM-1 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  3. (en) « Nuclear Power Reactor Details - CATTENOM-2 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  4. (en) « Nuclear Power Reactor Details - CATTENOM-3 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  5. (en) « Nuclear Power Reactor Details - CATTENOM-4 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  6. « Centrale nucléaire de Cattenom [Page Minisite HOME] », sur EDF France, (consulté le )
  7. « http://jpax.eu/photo/?p=2599 », sur jpax.eu (consulté le )
  8. Aléa sismique de la France - Carte du Ministère de l'écologie, 2008
  9. rapport de développement durable
  10. Le canard enchaîné, 23/03/2011 : Petites fissures à Cattenom
  11. La puissance électrique brute est celle mesurée aux bornes des groupes des centrales, elle comprend donc la consommation des services auxiliaires et les pertes dans les transformateurs des centrales
  12. La puissance électrique nette est celle mesurée à la sortie des centrales, c'est-à-dire déduction faite de la consommation des services auxiliaires et des pertes dans les transformateurs des centrales
  13. (de) Hiltrud Breyer - November 2006 : 20 Jahre Cattenom - 30 Jahre Widerstand. Eine Dokumentation zum Jahrestag der Inbetriebnahme des Atomkraftwerks an der Mosel
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Voir aussi

Bibliographie

  • Marie DosĂ©, avocate, « Occupation de la centrale nuclĂ©aire de Cattenom : extraits des conclusions prises par la dĂ©fense de l'association Greepeace devant la cour d'appel de Metz », dans Dominique Bourg, ClĂ©mence Demay et Brian Favre, DĂ©sobĂ©ir pour la Terre : dĂ©fense de l'Ă©tat de nĂ©cessitĂ©, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-083035-1), p. 83-101.

Articles connexes

Liens externes

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