Curiethérapie
La curiethĂ©rapie, parfois appelĂ©e brachythĂ©rapie (du mot grec âBrachyâ qui signifie « distance courte ») ou radiumthĂ©rapie, est une technique de radiothĂ©rapie mise au point Ă l'Institut Curie oĂč la source radioactive scellĂ©e est placĂ©e Ă l'intĂ©rieur ou Ă proximitĂ© immĂ©diate de la zone Ă traiter. La curiethĂ©rapie est couramment utilisĂ©e comme un traitement efficace pour soigner le cancer du col de l'utĂ©rus, de la prostate, du sein ou de la peau. Elle peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©e pour traiter des tumeurs dans beaucoup d'autres endroits du corps[1]. La curiethĂ©rapie peut ĂȘtre utilisĂ©e toute seule ou en combinaison avec d'autres traitements comme la chirurgie, la radiothĂ©rapie externe et la chimiothĂ©rapie.
DiffĂ©rente de la radiothĂ©rapie externe, oĂč les rayons Ă haute Ă©nergie sont dirigĂ©s sur la tumeur Ă partir de l'extĂ©rieur du corps, la curiethĂ©rapie implique le positionnement prĂ©cis des sources de rayonnements directement sur le site de la tumeur cancĂ©reuse[1] - [2]. Une caractĂ©ristique importante de la curiethĂ©rapie est que l'irradiation affecte seulement une zone trĂšs localisĂ©e autour des sources de rayonnement. Il y a donc une rĂ©duction de l'exposition aux radiations des tissus sains Ă proximitĂ© de ces sources de rayonnement. Aussi, si le patient bouge ou s'il y a quelque mouvement de la tumeur dans le corps pendant le traitement, les sources de rayonnement conservent leur position correcte par rapport Ă la tumeur. Les caractĂ©ristiques de la curiethĂ©rapie sont avantageuses par rapport Ă la radiothĂ©rapie externe car les tumeurs peuvent ĂȘtre traitĂ©es avec des doses trĂšs Ă©levĂ©es de radiations localisĂ©es, avec une technique qui permet de rĂ©duire la probabilitĂ© de dommages pour les tissus sains environnants[1] - [2].
GrĂące Ă la curiethĂ©rapie une dose peut ĂȘtre dĂ©livrĂ©e en moins de temps qu'avec d'autres techniques de radiothĂ©rapie. Cela peut aider Ă rĂ©duire la possibilitĂ© pour les cellules cancĂ©reuses de survivre, de se diviser et de se dĂ©velopper entre chaque sĂ©ance de radiothĂ©rapie[2]. Normalement, les patients doivent faire moins de visites Ă la clinique par rapport Ă une radiothĂ©rapie externe, et le traitement est souvent effectuĂ© en ambulatoire. Cela rend le traitement accessible et pratique pour de nombreux patients[3] - [4]. GrĂące Ă ces caractĂ©ristiques, la curiethĂ©rapie est gĂ©nĂ©ralement bien tolĂ©rĂ©e par les patients.
La curiethĂ©rapie prĂ©sente un traitement efficace pour de nombreux types de cancer. Les rĂ©sultats de ce traitement ont montrĂ© que le taux de guĂ©rison du cancer par la curiethĂ©rapie est comparable Ă celui de la chirurgie ou de la radiothĂ©rapie externe, ou amĂ©liorĂ© quand utilisĂ© en combinaison avec ces techniques[5] - [6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11] - [12]. Ăgalement, la curiethĂ©rapie est associĂ©e Ă un faible risque d'effets secondaires indĂ©sirables et graves[13] - [14].
Histoire
La curiethĂ©rapie de contact a commencĂ© en 1901, peu aprĂšs la dĂ©couverte de la radioactivitĂ© par Henri Becquerel en 1896, quand Pierre Curie a suggĂ©rĂ© Ă Henri-Alexandre Danlos qu'une source radioactive peut ĂȘtre insĂ©rĂ©e dans une tumeur[15] - [16]. Il a Ă©tĂ© constatĂ© que le rayonnement rĂ©trĂ©cissait la tumeur[16]. IndĂ©pendamment, Alexandre Graham Bell a Ă©galement proposĂ© l'utilisation du rayonnement de cette maniĂšre[16]. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, les techniques d'application de la curiethĂ©rapie ont Ă©tĂ© initiĂ©es Ă l'Institut Curie Ă Paris par Danlos et Ă Saint-Luke's au Memorial Hospital de New York par Robert Abbe[1] - [16]. Dans les annĂ©es 1920 est dĂ©veloppĂ©e la tĂ©lĂ©curiethĂ©rapie, technique qui Ă©loigne la source radioactive des parties Ă irradier dans le but d'augmenter l'efficacitĂ© du traitement en profondeur[17].
AprĂšs un intĂ©rĂȘt initial pour la curiethĂ©rapie en Europe et aux Ătats-Unis, son utilisation a diminuĂ© au milieu du XXe siĂšcle en raison des problĂšmes d'irradiation des opĂ©rateurs dus Ă l'application manuelle des sources radioactives[16] - [18].
Cependant le développement des systÚmes à distance et l'utilisation de nouvelles sources radioactives dans les années 1950 et 1960, ont réduit le risque d'exposition aux radiations inutiles pour l'opérateur et pour les patients[15]. De plus, avec les avancées les plus récentes dans les techniques d'imagerie en trois dimensions, dans les systÚmes informatiques de planification dans le traitement et dans les équipements de prestation a fait que la curiethérapie est devenue un traitement sûr et efficace pour de nombreux types de cancer aujourd'hui[1].
Types
DiffĂ©rents types de curiethĂ©rapie peuvent ĂȘtre dĂ©finis selon le placement des sources de rayonnement dans la zone du traitement, selon le dĂ©bit ou « l'intensitĂ© » de la dose d'irradiation dĂ©livrĂ©e Ă la tumeur, et selon la durĂ©e de la dose dĂ©livrĂ©e.
Placement de la source
Les deux principaux types de traitement de curiethérapie en termes de placement de la source radioactive sont interstitielle et endocavitaire.
- Dans le cas de la curiethérapie interstitielle, les sources sont implantées à l'intérieur des tissus, comme la prostate[19] ou le sein[20].
- Le contact en curiethĂ©rapie implique le placement de la source de rayonnement dans un espace Ă cĂŽtĂ© du tissu cible. Cet espace peut ĂȘtre une cavitĂ© du corps (curiethĂ©rapie endocavitaire), comme le col de l'utĂ©rus[21], l'utĂ©rus ou le vagin ; ou une lumiĂšre du corps (curiethĂ©rapie intraluminale), telles que la trachĂ©e ou l'Ćsophage ; ou encore en externe (curiethĂ©rapie de surface) comme la peau[22]. Une source de rayonnement peut aussi ĂȘtre placĂ©e dans les vaisseaux sanguins (curiethĂ©rapie intravasculaire) pour le traitement des restĂ©nose coronaire intra-stent.
DĂ©bit de dose
Le dĂ©bit de dose de la curiethĂ©rapie se rĂ©fĂšre au niveau ou Ă âl'intensitĂ©â avec laquelle le rayonnement est dĂ©livrĂ©e vers le milieu environnant et est exprimĂ©e en grays par heure (notĂ© Gy/h).
- Le bas dĂ©bit de dose de la curiethĂ©rapie consiste Ă implanter des sources de rayonnement qui Ă©mettent des radiations Ă un dĂ©bit pouvant aller jusqu'Ă 2 Gy hâ1[23]. La curiethĂ©rapie bas dĂ©bit de dose est couramment utilisĂ©e pour les cancers de la cavitĂ© buccale[24], oropharynx[24], des sarcomes[25] ou de la prostate[19] - [26].
- Le moyen dĂ©bit de dose de la curiethĂ©rapie est caractĂ©risĂ© par un dĂ©bit moyen de diffuser la dose qui se situe entre 2 Gy hâ1 et 12[23].
- Le haut dĂ©bit de dose de la curiethĂ©rapie correspond Ă un dĂ©bit de dĂ©livrĂ©e de dose est supĂ©rieure Ă 12[23]. Les applications les plus communes de la curiethĂ©rapie haut dĂ©bit de dose sont dans les tumeurs du col de l'utĂ©rus[21], de l'Ćsophage[27], des poumons[28], des seins[20] et de la prostate[19]. La plupart des traitements haut dĂ©bit de dose se font en ambulatoire, mais cela dĂ©pend du site de traitement[29].
- Le pulsĂ© de bas dĂ©bit de dose de la curiethĂ©rapie consiste Ă dĂ©livrer de courtes impulsions de rayonnement, gĂ©nĂ©ralement une fois par heure, pour simuler le dĂ©bit global et l'efficacitĂ© du traitement bas dĂ©bit de dose. La curiethĂ©rapie pulsĂ©e de bas dĂ©bit de dose est utilisĂ©e pour traiter les tumeurs d'ordre gynĂ©cologiques[21] ainsi que pour les cancers de la tĂȘte et du cou[24].
Durée de la dose
Le placement des sources de rayonnement dans la zone cible peut ĂȘtre temporaire ou permanente.
- La curiethĂ©rapie temporaire implique le placement des sources radioactive pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e, en minutes ou en heures, puis leur retrait[1]. La durĂ©e du traitement spĂ©cifique dĂ©pend de nombreux facteurs, notamment le dĂ©bit de dose requis dĂ©livrĂ© et le type, la taille et la localisation du cancer. En cas de bas dĂ©bit de dose et de pulsĂ© de bas dĂ©bit de dose de curiethĂ©rapie, la source reste en place gĂ©nĂ©ralement jusqu'Ă 24 heures avant d'ĂȘtre retirĂ©e. Dans la curiethĂ©rapie haut dĂ©bit de dose ce temps est gĂ©nĂ©ralement de quelques minutes[30].
- La curiethérapie permanente, consiste à placer de petits grains, d'environ la taille d'un grain de riz, radioactifs bas débit de dose, dans la tumeur ou le site de traitement et de les laisser là en permanence à se dégrader progressivement. Dans une période de quelques semaines à un mois, le niveau de la radiation émise par les sources diminue pour s'établir à un niveau voisin zéro. Les graines inactives restent alors dans la zone de traitement sans effet durable[31]. La curiethérapie permanente est utilisée couramment dans le traitement du cancer de la prostate[26].
Applications cliniques
La curiethĂ©rapie est couramment utilisĂ©e pour traiter les cancers du col de l'utĂ©rus[21] de la prostate[19], du sein[20], et de la peau[22]. Elle peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© dans le traitement des tumeurs du cerveau[32], de l'Ćil[33], de la tĂȘte et du cou (lĂšvre, le plancher de la bouche, la langue, du nasopharynx et de l'oropharynx)[24], des voies respiratoires (la trachĂ©e et les bronches)[28], des voies digestives (Ćsophage, de la vĂ©sicule biliaire, voies biliaires, du rectum, anus)[27] - [34] - [35] - [36], des voies urinaires (vessie, l'urĂštre, du pĂ©nis)[37] - [38] - [39], de l'appareil reproducteur fĂ©minin (utĂ©rus, du vagin, vulve)[40] - [41], et des tissus mous[25].
Comme les sources radioactives peuvent ĂȘtre positionnĂ©es prĂ©cisĂ©ment sur le site de traitement des tumeurs, la curiethĂ©rapie permet d'appliquer une forte dose de rayonnements sur une petite zone. Par ailleurs, parce que les sources radioactives sont placĂ©es dans ou Ă cĂŽtĂ© de la tumeur cible, elles peuvent maintenir leur position par rapport Ă cette derniĂšre quand le patient se bouge ou s'il y a un mouvement de la tumeur dans le corps. Ainsi, les sources de rayonnements restent bien ciblĂ©es. Cela permet aux cliniciens d'atteindre un niveau Ă©levĂ© de conformitĂ© aux doses : ils s'assurent que la totalitĂ© de la tumeur reçoit un niveau optimal de radiation. Cette technique permet Ă©galement de rĂ©duire le risque de dommages collatĂ©raux des tissus ou des organes sains situĂ©s autour de la tumeur[29]. On peut donc espĂ©rer augmenter les chances de guĂ©rison et prĂ©server la fonction de l'organe.
L'utilisation de la curiethĂ©rapie HDD permet de diminuer les temps de traitement par rapport Ă la radiothĂ©rapie externe[42] - [43]. Les patients traitĂ©s par curiethĂ©rapie gĂ©nĂ©ralement ont besoin de moins de visites pour la radiothĂ©rapie qu'avec une radiothĂ©rapie externe, et le traitement est souvent prĂ©vue pour ĂȘtre rĂ©alisĂ© en moins de temps[44]. Plusieurs protocoles de curiethĂ©rapie peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans un service ambulatoire. Cette procĂ©dure est particuliĂšrement adaptĂ©e pour les patients en activitĂ©, les patients ĂągĂ©s, ou pour les patients qui vivent Ă quelque distance de centres de traitement. La rĂ©duction des temps de traitement en ambulatoire et les procĂ©dures adaptĂ©es peuvent aussi contribuer Ă amĂ©liorer l'efficacitĂ© des cliniques de radiothĂ©rapie[45] - [46].
La curiethĂ©rapie peut principalement ĂȘtre utilisĂ©e pour guĂ©rir les cancers dans de petites tumeurs ou des tumeurs avancĂ©es localement Ă la condition qu'il n'y ait pas de mĂ©tastases (tumeurs Ă©tendues Ă d'autres endroits du corps). Dans des cas prĂ©cis de tumeurs primaires, la curiethĂ©rapie pour les tumeurs primaires reprĂ©sente souvent une approche comparable Ă la chirurgie, avec la rĂ©alisation de la mĂȘme probabilitĂ© de guĂ©rison et avec des effets secondaires similaires[47] - [48]. De plus, dans les cancers que sont avancĂ©s localement la chirurgie ne fournit pas toujours les meilleures chances de guĂ©rison et reste souvent techniquement impossible Ă rĂ©aliser. Dans ces cas, la radiothĂ©rapie et en particulier la curiethĂ©rapie, offre la seule chance de guĂ©rison[49] - [50]. Enfin, dans les stades plus avancĂ©s de la maladie, la curiethĂ©rapie peut ĂȘtre utilisĂ©e comme traitement palliatif pour soulager les symptĂŽmes de douleur et de saignement. Dans les cas oĂč la tumeur n'est pas accessible facilement ou est trop grande pour assurer une distribution optimale de l'irradiation de la zone de traitement, la curiethĂ©rapie peut ĂȘtre combinĂ©e Ă d'autres traitements, comme la radiothĂ©rapie externe et / ou la chirurgie. La combinaison des traitements de la curiethĂ©rapie exclusivement et de chimiothĂ©rapie est rare.
Cancer du col de l'utérus
La curiethĂ©rapie est couramment utilisĂ©e dans le traitement du cancer du col de l'utĂ©rus aux premiers stades ou confinĂ©es localement. C'est une norme de soins dans de nombreux pays[21] - [51] - [52] - [53] - [54]. Le cancer du col de l'utĂ©rus peut ĂȘtre traitĂ©s soit par BDD, PDD ou HDD[7] - [53] - [55]. UtilisĂ©e en combinaison avec la radiothĂ©rapie externe, la curiethĂ©rapie peut fournir de meilleurs rĂ©sultats que la radiothĂ©rapie externe toute seule[5]. La prĂ©cision de la curiethĂ©rapie permet une dose forte de radiations ciblĂ©es au col de l'utĂ©rus, tant que cette technique minimise l'exposition des radiations aux tissus et aux organes adjacents[52] - [53] - [56] - [57]. Les chances de rester sans maladie (survie sans maladie) et de rester de survie (survie total) sont identiques pour les traitements BDD, PDD et HDD[50] - [58]. Cependant, un avantage important du traitement HDD est que chaque dose peut ĂȘtre dĂ©livrĂ©e sur une base externe avec un temps d'administration court[5] qui fournit une plus grande commoditĂ© pour de nombreux patients.
Cancer de la prostate
La curiethĂ©rapie pour traiter le cancer de la prostate peut ĂȘtre appliquĂ©e soit par l'implantation permanente de grains BDD soit par curiethĂ©rapie HDD temporaire[19] - [59] - [60]. L'implantation permanente des grains est adaptĂ©e aux patients qui ont une tumeur localisĂ©e et de bon pronostics de guĂ©rison[8] - [59] - [61] - [62]. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que c'est un traitement trĂšs efficace contre la rĂ©cidive[6] - [8]. La taux de survie est similaire Ă celui observĂ© avec la radiothĂ©rapie externe ou la chirurgie (prostatectomie radicale), mais avec moins d'effets secondaires tels que l'impuissance et l'incontinence[14]. La procĂ©dure peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e rapidement. Les patients sont gĂ©nĂ©ralement en mesure de rentrer chez eux le jour mĂȘme du traitement et de retourner Ă leurs activitĂ©s normales aprĂšs 1 Ă 2 jours[3]. L'implantation permanente de grains est souvent une option moins invasive du traitement par rapport Ă l'ablation chirurgicale de la prostate[3].
La curiethĂ©rapie temporaire HDD est une approche nouvelle pour traiter le cancer de la prostate, mais reste moins frĂ©quemment utilisĂ©e, moins frĂ©quente que l'implantation permanente de grains. Cette technique (Ă©galement appelĂ©e boost thĂ©rapie) est employĂ©e de maniĂšre Ă offrir une dose supplĂ©mentaire par rapport Ă la radiothĂ©rapie externe. En effet, elle offre une mĂ©thode alternative pour dĂ©livrer une dose Ă©levĂ©e de radiothĂ©rapie adaptĂ©e au type de tumeur de la prostate, tout en Ă©pargnant les tissus environnants de l'exposition aux rayonnements[9] - [10] - [60] - [61] - [11] - [63]. La curiethĂ©rapie HDD comme amĂ©lioration pour le traitement du cancer de la prostate signifie aussi que les sĂ©ances de radiothĂ©rapie externe peuvent ĂȘtre plus courtes que quand la radiothĂ©rapie externe est utilisĂ© seule[9] - [10] - [63] - [64].
Cancer du sein
La radiothĂ©rapie est le type de soins normalisĂ© pour les femmes ayant subi une ablation de tumeur ou une mastectomie. C'est aussi est une composante intĂ©grante de la thĂ©rapie pour conserver le sein[20] - [65]. La curiethĂ©rapie peut ĂȘtre utilisĂ©e aprĂšs une chirurgie, avant la chimiothĂ©rapie ou palliatif dans le cas de la maladie avancĂ©e[66]. La curiethĂ©rapie pour traiter le cancer du sein est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©e avec la mĂ©thode de curiethĂ©rapie HDD temporaire. AprĂšs une chirurgie, la curiethĂ©rapie du sein peut ĂȘtre utilisĂ©e comme un boost Ă la suite d'une irradiation du sein entier par radiothĂ©rapie externe[65] - [67]. Plus rĂ©cemment, la curiethĂ©rapie tout seule est appliquĂ©e dans une technique appelĂ©e AIPS (Irradiation AccĂ©lĂ©rĂ©e Partielle du Sein), qui a pour but de cibler les rayonnements seulement Ă la rĂ©gion immĂ©diate entourant la tumeur d'origine[12] - [65] - [67].
L'avantage de la curiethĂ©rapie du sein par rapport Ă la radiothĂ©rapie externe est qu'une dose forte de radiation peut ĂȘtre appliquĂ©e avec prĂ©cision vers la tumeur tout en Ă©pargnant les tissus du sein sains et les structures sous-jacentes telles que les cĂŽtes et les poumons[66]. L'AIPS peuvent gĂ©nĂ©ralement ĂȘtre complĂ©tĂ©e en cours d'une semaine[12]. L'option de la curiethĂ©rapie permet aux femmes qui travaillent, aux personnes ĂągĂ©es ou aux femmes n'ayant pas facilement accĂšs Ă un centre de traitement de bĂ©nĂ©ficier d'une chirurgie conservatrice du sein en raison du traitement court par rapport Ă la radiothĂ©rapie externe (qui exige souvent plus de visites pendant 1 Ă 2 mois)[4]. La curiethĂ©rapie a dĂ©montrĂ© un contrĂŽle local excellent du cancer du sein au moment du suivi d'un maximum de 6 ans aprĂšs traitement[12] - [68] - [69].
Pour la curiethérapie du sein, les radio-oncologues placent un tube plastique et flexible appelé cathéters ou un ballon dans le sein. Deux fois par jour pour un nombre de jours déterminé, les cathéters ou le ballon seront reliés à un appareil de curiethérapie, aussi appelé un « haut-débit-de-dose projecteur » (assisté par ordinateur) afin de délivrer de façon sûre et efficace le rayonnement vers le site tumoral. Le rayonnement dure quelques minutes à chaque fois. à la fin de la durée du traitement, le cathéter ou le ballon est enlevé[70]. Ce traitement est encore à l'étude. L'objectif est de savoir s'il est aussi efficace que trois à huit semaines de radiothérapie externe.
Cancer de la peau
La curiethĂ©rapie HDD des cancers de la peau non mĂ©lanique, tels que le carcinome basocellulaire et le carcinome spinocellulaire, offre une thĂ©rapie alternative Ă la chirurgie. Cette technique s'avĂšre essentielle particuliĂšrement pour les cancers du nez, des oreilles, des paupiĂšres ou des lĂšvres, oĂč la chirurgie pourrait causer dĂ©figuration ou nĂ©cessiter une reconstruction importante[22]. Divers applicateurs peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour assurer un contact Ă©troit entre la source de radiation et la peau. Ils s'adaptent Ă la courbure de la peau et aident Ă administrer prĂ©cisĂ©ment la dose d'irradiation optimale[22].
La curiethérapie pour le cancer de la peau donne de bons résultats esthétique et d'efficacité clinique ; les études avec jusqu'à 5 ans de suivi ont montré que la curiethérapie est trÚs efficace en termes de contrÎle local, et est comparable à radiothérapie externe[71] - [72] - [73]. Les délais de traitement sont généralement courts, et offrent une grande commodité pour les patients[74]. Il a été suggéré que la curiethérapie pourrait bientÎt devenir une norme de traitement pour le cancer de la peau[74].
Autres applications
La curiethĂ©rapie peut ĂȘtre utilisĂ©e dans le traitement des restĂ©noses intra-stent des artĂšres coronaires. Un cathĂ©ter est placĂ© Ă l'intĂ©rieur des vaisseaux sanguins et les sources y sont insĂ©rĂ©es ou supprimĂ©es[75]. La thĂ©rapie a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e aussi pour une utilisation dans le traitement de la vasculaire pĂ©riphĂ©rique stĂ©nose[76] et examinĂ©e pour le traitement de la fibrillation auriculaire[77].
Effets secondaires
La probabilité et la nature des éventuels effets secondaires aigus, sub-aigus ou à long terme liés à la curiethérapie dépendent de la localisation de la tumeur traitée et du type de curiethérapie utilisée.
Aigus
Les effets secondaires liĂ©s Ă la curiethĂ©rapie comprennent des ecchymoses localisĂ©s, des ĆdĂšmes, des saignements, un Ă©coulement ou une gĂȘne dans la rĂ©gion implantĂ©e. Normalement, ils disparaissent en quelques jours aprĂšs la fin du traitement[78]. Certains patients peuvent aussi se sentir fatiguĂ©s pendant une pĂ©riode courte suivant le traitement[78] - [79].
Les traitements par curiethérapie pour le cancer du col de l'utérus ou la prostate peuvent provoquer des douleurs aiguës et des symptÎmes urinaires transitoires tels que la rétention urinaire, l'incontinence urinaire ou miction douloureuse (dysurie)[14] - [80] - [81]. Augmentation de la fréquence du transit, diarrhée, constipation ou saignements rectaux mineurs peuvent aussi survenir[14] - [80] - [81]. Les effets secondaires aigus ou sous-aigus disparaissent généralement aprÚs quelques jours ou quelques semaines. Dans le cas de curiethérapie permanente (semences) pour le cancer de la prostate, il existe une faible probabilité que certaines semences migrent hors de la région de traitement, passent dans la vessie ou dans l'urÚtre et soient éliminées avec l'urine.
La curiethérapie pour le cancer de la peau peut entraßner une chute des couches supérieures de l'épiderme (desquamation) autour de la zone de traitement dans les semaines qui suivent la thérapie. Cet effet est guéri généralement en 5-8 semaines[22]. Si le cancer est localisé sur la lÚvre, une ulcération peut arriver à la suite de la curiethérapie, mais disparaßt généralement aprÚs 4-6 semaines[82].
La plupart des effets secondaires aigus liĂ©s Ă la curiethĂ©rapie peuvent ĂȘtre traitĂ©s avec des mĂ©dicaments ou par des changements alimentaires, et disparaissent habituellement au cours du temps (gĂ©nĂ©ralement en quelques semaines) une fois que le traitement est terminĂ©. Les effets secondaires aigus de la curiethĂ©rapie HDD sont largement similaires Ă radiothĂ©rapie externe[79].
Long terme
Dans un petit nombre de cas, la curiethérapie peut causer des effets secondaires à long terme en raison des dommages causés sur les tissus adjacents ou les organes. Les effets secondaires à long terme sont généralement d'intensité légÚre ou modérée dans la nature. Par exemple, des problÚmes urinaires et digestifs peuvent persister à la suite de la curiethérapie du cancer de la prostate ou du col de l'utérus. Ce type de problÚme nécessite un suivi médical continu[14] - [80] - [81].
La curiethĂ©rapie du cancer de la prostate peut produire des dysfonctionnements de l'Ă©rection chez environ 15-30 % des patients masculins[19] - [31]. Toutefois, ce type de risque de dysfonction Ă©rectile est liĂ©e Ă l'Ăąge (les hommes plus ĂągĂ©s courent un risque plus Ă©levĂ© que les hommes plus jeunes) et aux troubles de l'Ă©rection avant de recevoir la curiethĂ©rapie. Chez les patients qui souffrent de tels troubles, la majoritĂ© des cas peuvent ĂȘtre traitĂ©s avec succĂšs Ă l'aide des mĂ©dicaments comme le Viagra[19]. Il est important de souligner que le risque de dysfonction Ă©rectile aprĂšs curiethĂ©rapie est infĂ©rieur Ă celui aprĂšs une prostatectomie radicale[47] - [80].
La curiethérapie du cancer du sein ou du cancer de la peau peut produire des tissus cicatriciels formés autour de la zone de traitement. Dans le cas de la curiethérapie du sein, la nécrose adipeuse peut survenir à la suite de la pénétration d'acides gras dans les tissus du sein. Cela peut entraßner une douleur et un gonflement du tissu mammaire. La nécrose adipeuse est une affection bénigne et survient en général 4-12 mois aprÚs le traitement. Elle touche environ 2 % des patientes[83] - [84].
Sécurité de l'entourage
Les patients demandent souvent s'ils ont besoin de prendre des précautions particuliÚres de sécurité avec l'entourage aprÚs avoir subi une curiethérapie. Si la curiethérapie temporaire est utilisée, aucune source radioactive ne reste dans le corps aprÚs le traitement. Dans ce cas, il n'y a pas de risque d'irradiation de l'entourage proche des patients[85].
Si la curiethérapie permanente est utilisée, les sources radioactives à faible dose (graines) sont laissées dans le corps aprÚs le traitement mais les niveaux de rayonnement sont trÚs faibles et diminuent avec le temps. En outre, l'irradiation affecte uniquement les tissus à l'intérieur de quelques millimÚtres des sources radioactives (la tumeur traitée). Par mesure de précaution, il est conseillé aux jeunes enfants et aux femmes enceintes de se tenir à l'écart des patients ayant reçu une curiethérapie permanente pendant une courte période aprÚs traitement. Les radio-oncologues et les infirmiÚres peuvent fournir des instructions précises aux patients et à conseiller sur le temps pendant lequel ils doivent faire attention[85].
Procédure
Planification initiale
Afin de planifier avec prĂ©cision la procĂ©dure de curiethĂ©rapie, un examen clinique approfondi est effectuĂ©e afin de comprendre les caractĂ©ristiques de la tumeur. En outre, une gamme de modalitĂ©s d'imagerie peut ĂȘtre utilisĂ©e pour visualiser la forme et la taille de la tumeur et sa relation avec les tissus environnants et les organes. Il s'agit notamment de la radiographie, de l'Ă©chographie, de la tomographie axiale par ordinateur (CT ou CAT) et de l'analyse et l'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM). Les donnĂ©es de plusieurs de ces sources peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour crĂ©er une visualisation 3D de la tumeur et des tissus environnants.
En utilisant cette information, un plan de la rĂ©partition optimale des sources de rayonnement peut ĂȘtre dĂ©veloppĂ© : les supports de sources (instruments), qui sont utilisĂ©s pour apporter le rayonnement au site de traitement sont placĂ©s et positionnĂ©s. Les applicateurs qui sont non radioactifs et sont gĂ©nĂ©ralement des aiguilles ou cathĂ©ters en plastique. Le type spĂ©cifique de l'applicateur utilisĂ© dĂ©pendra du type de cancer traitĂ© et des caractĂ©ristiques de la tumeur cible. Cette planification initiale permet de garantir que les « points froids » (trop peu irradiĂ©s) et des « points chauds » (trop irradiĂ©s) sont Ă©vitĂ©s pendant le traitement. Ils pourraient se traduire respectivement par l'Ă©chec du traitement ou des effets secondaires.
Imagerie et insertion de l'applicateur
Avant que les sources radioactives ne soient dĂ©livrĂ©es sur le site de la tumeur, les applicateurs doivent ĂȘtre insĂ©rĂ©s et positionnĂ©s correctement en fonction du planning initial.
Les techniques d'imagerie, telles que les rayons X, la fluoroscopie et l'Ă©chographie sont gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©es pour aider au placement des applicateurs sur leurs positions exactes et de pour affiner le plan de traitement. Les scans CAT et l'IRM peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s. Une fois que les applicateurs sont insĂ©rĂ©s, ils sont maintenus contre la peau en utilisant des sutures ou du ruban adhĂ©sif pour les empĂȘcher de se dĂ©placer. Une fois que les applicateurs sont bien positionnĂ©s, l'imagerie complĂ©mentaire peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e pour orienter la planification du traitement dĂ©taillĂ©.
Création d'un patient virtuel
Les images du patient portant les applicateurs in situ sont importĂ©es dans un logiciel de planification du traitement. Le patient est alors amenĂ© dans une salle spĂ©ciale et blindĂ©e pour le traitement. Le logiciel de planification du traitement permet l'acquisition de multiples images 2D du site de traitement. Ces images sont traduites en un « patient virtuel » 3D, dans lequel la position des applicateurs peuvent ĂȘtre dĂ©finis. Les relations spatiales entre les applicateurs, le site de traitement et les tissus environnants sains sont dans ce « patient virtuel », une copie des relations dans le patient rĂ©el.
Optimisation du plan d'irradiation
Pour identifier la optimale répartition spatiale et temporelle des sources de rayonnement dans les applicateurs sur ses cibles, le logiciel de planification du traitement place dans un premier temps les sources de rayonnement virtuelles à l'intérieur du patient virtuel. Le logiciel montre une représentation graphique de la distribution de l'irradiation. Cette étape sert de guide à l'équipe de curiethérapie pour affiner la répartition des sources et de fournir un plan de traitement qui est parfaitement adaptée à l'anatomie de chaque patient. Ensuite, la radiation du patient réel peut commencer. Cette approche est parfois appelée « peinture de la dose ».
Les sources de rayonnement utilisĂ©es pour la curiethĂ©rapie sont toujours enfermĂ©es dans une capsule protectrice non radioactive. Les sources peuvent ĂȘtre dĂ©livrĂ©es manuellement, mais sont plus souvent dĂ©livrĂ©es Ă travers une technique appelĂ©e afterloading, effectuĂ© par le biais d'un projecteur de source.
La délivrance manuelle de la curiethérapie est limitée à certaines applications BDD, en raison du risque d'exposition aux rayonnements des personnels cliniques[30].
Ă l'opposĂ©, lâafterloading permet le positionnement prĂ©cis des applicateurs au site du traitement non radioactifs. Une fois en place, les applicateurs sont chargĂ©s avec les sources de rayonnement. En afterloading manuel, la source est dĂ©livrĂ©e Ă l'applicateur par un opĂ©rateur.
Les systĂšmes dâafterloading Ă distance assurent une protection contre l'exposition aux rayonnements des professionnels de santĂ© puisque la source de rayonnement reste confinĂ©e. Une fois que les applicateurs sont positionnĂ©s correctement dans le patient, ils sont reliĂ©s au projecteur de source (afterloader qui contient les sources radioactives) par une sĂ©rie de tubes de liaison qui guide. Le plan de traitement est envoyĂ© Ă lâafterloader, qui aprĂšs contrĂŽle libĂšre les sources le long des tubes de guidage jusqu'Ă l'applicateur. Cette procĂ©dure ne dĂ©marre que lorsque le personnel a quittĂ© la salle de traitement. Les sources restent en place pour une pĂ©riode dĂ©finie selon le plan de traitement. Ensuite, elles retournent Ă lâafterloader par les tubes de liaison.
Quand le traitement radioactif est terminĂ©, les applicateurs sont soigneusement retirĂ©s du corps. En temps normal, les patients rĂ©cupĂšrent rapidement aprĂšs un traitement par curiethĂ©rapie, ce qui leur permet d'ĂȘtre soignĂ©s en service ambulatoire[29].
Sources radioactives
Radioéléments utilisés
Le radioélément de base utilisé en curiethérapie est actuellement l'iridium 192[86] noté 192Ir. Il se présente sous forme de fils souples et sécables entourés d'une gaine en platine dont le diamÚtre varie entre 0,3 et 0,6 millimÚtre ou sous forme d'épingle simple ou double dont le diamÚtre extérieur est de 0,5 millimÚtre[87]. Les branches de l'épingle ont une longueur comprise entre 30 et 50 millimÚtres pour un écartement de 12 millimÚtres.
L'iode 125[86] est quant à lui utilisé pour le traitement des prostates. Il est conçu sous forme de grains de titane de 4,5 millimÚtres pour 0,8 millimÚtre qui renferment deux sphÚres d'iode[87]. Ces grains sont implantés directement à l'intérieur de la masse tumorale en implant permanent.
D'autres éléments[86] sont beaucoup moins utilisés comme le césium 137, le cobalt 60, le palladium 103 ou encore le strontium 90.
RadionuclĂ©ides | Type | Demi-vie | Ănergie |
---|---|---|---|
CĂ©sium 137 (137Cs) | Rayons Îł | 30,17 ans | 0,662 MeV |
Cobalt 60 (60Co) | Rayons Îł | 5,26 ans | 1,17 ; 1,33 MeV |
Iridium 192 (192Ir) | Rayons Îł | 74,0 jours | 0,38 MeV (milieu) |
Iode 125 (125I) | Rayons X | 59,6 jours | 27,4 ; 31,4 et 35,5 keV |
Palladium 103 (103Pd) | Rayons X | 17,0 jours | 21 keV (milieu) |
RuthĂ©nium 106 (106Ru) | Rayons ÎČ | 1,02 an | 3,54 MeV |
Gaines
Les sources radioactives ne sont jamais mises en contact direct du patient. Les grains radioactifs sont encapsulés dans des gaines insérées à l'intérieur du patient à proximité directe de la zone à traiter[86].
Deux types de gaines protectrices sont utilisées. Il s'agit des simples enrobages entourant les billes radioactives pour les éléments à bas débit de dose et des projecteurs qui sont des capsules métalliques contenant les éléments à haut débit de dose et permettant le contrÎle du temps d'irradiation de la tumeur. Cette derniÚre permet de rentrer et sortir mécaniquement l'élément radioactif afin de protéger le personnel lors de sa manipulation et de contrÎler la dose apportée au patient. Cette capsule absorbe la plupart du rayonnement émis[86].
Curiethérapie électronique
La curiethérapie électronique implique le placement de tubes miniatures, contenant des sources de rayon X à faible énergie, dans un applicateur prépositionné sur la tumeur. Cette technique permet de délivrer rapidement des doses élevées aux tissus cibles tout en préservant les tissus sains alentour.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Brachytherapy » (voir la liste des auteurs).
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