Stérilisation (microbiologie)
La stĂ©rilisation est une technique destinĂ©e Ă dĂ©truire tout germe microbien par exemple d'une prĂ©paration (souvent alimentaire). La premiĂšre technique a consistĂ© Ă porter cette prĂ©paration Ă haute tempĂ©rature, c'est-Ă -dire de 100 Ă 180 °C. Elle a Ă©tĂ© inventĂ©e par Nicolas Appert, Ă la fin du XVIIIe siĂšcle (appertisation) . Cet autodidacte a inventĂ© le procĂ©dĂ© Ă lâorigine des conserves et des plats cuisinĂ©s et crĂ©Ă© Ă Massy la premiĂšre conserverie. L'explication scientifique a Ă©tĂ© fournie, soixante ans aprĂšs, par Louis Pasteur au XIXe siĂšcle.
Dans les secteurs bio-médical et agro-alimentaire, la stérilisation des dispositifs médicaux et industriels est un procédé utilisé pour détruire les germes viables ou cultivables potentiellement infectieux. Dans le secteur medical, l'opération est faite par un agent de stérilisation.
Selon la norme NF EN 556[1], un dispositif mĂ©dical peut ĂȘtre considĂ©rĂ© stĂ©rile, si la probabilitĂ© thĂ©orique de prĂ©sence dâun micro-organisme viable est infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 10â6.
On distingue :
- les traitements thermiques : Ă la chaleur sĂšche, Ă la vapeur d'eau (autoclavage) ;
- les traitements dits « basse température » comme :
- le traitement chimique souvent avec l'oxyde d'Ă©thylĂšne
- le traitement par des rayonnements UV ou par rayonnements ionisants par exposition à un rayonnement gamma émis notamment par le cobalt-60 de synthÚse, ou à un faisceau d'électrons accélérés).
Il n'existe pas de technique de stérilisation universelle. Il faut choisir entre les différentes techniques en prenant en compte les propriétés des objets à stériliser. Les traitements « basse température » (de 25 à 50 °C) sont utilisés entre autres pour les objets ne supportant pas la chaleur. Ces procédés font l'objet d'importants travaux de normalisation, au niveau international, afin notamment de définir les rÚgles précises de leur maßtrise
Stérilisation à la chaleur
Stérilisation à la chaleur sÚche
Le processus de stĂ©rilisation Ă la chaleur sĂšche est accompli par conduction. En effet, la chaleur est absorbĂ©e par la surface extĂ©rieure du dispositif que l'on veut stĂ©riliser. Ensuite la chaleur diffuse dans la couche suivante. Finalement, la totalitĂ© de l'Ă©lĂ©ment atteint la bonne tempĂ©rature nĂ©cessaire pour obtenir la stĂ©rilisation. Le temps et la tempĂ©rature idĂ©aux pour la stĂ©rilisation Ă la chaleur sĂšche sont de 160 °C durant 2 heures ou 170 °C durant 1 heure[2]. Le dispositif doit ĂȘtre sec avant la stĂ©rilisation car l'eau pourrait interfĂ©rer avec le processus. La chaleur sĂšche dĂ©truit les micro-organismes en provoquant une coagulation des protĂ©ines. Ce mode de stĂ©rilisation aujourd'hui proscrit a Ă©tĂ© utilisĂ© en milieu hospitalier depuis la fin du XIXe siĂšcle. Il s'effectuait dans un four appelĂ© four Pasteur (Poupinel) et il s'agit d'une stĂ©rilisation physique qui rĂ©sulte de l'oxydation des protĂ©ines
On peut stériliser par :
- la chaleur sÚche : four Pasteur souvent dit « Poupinel ».
- la chaleur humide : autoclave ou tyndallisation.
La stĂ©rilisation par la chaleur humide donne de meilleur rĂ©sultats (en particulier câest la seule utilisable pour dĂ©truire les prions de façon fiable[3]). Ce procĂ©dĂ© est conseillĂ© et le seul lĂ©galement autorisĂ© pour stĂ©riliser les objets utilisĂ©s en thĂ©rapeutique (instruments chirurgicaux, pansements...).
LâefficacitĂ© de tous les procĂ©dĂ©s de stĂ©rilisation dĂ©pend de la propretĂ© initiale de lâobjet Ă stĂ©riliser, donc de sa prĂ©paration.
Stérilisation à la vapeur
Le dispositif contaminĂ© est mis Ă tremper dans une solution de dĂ©tergent dĂ©sinfectant puis rincĂ©. Ensuite, la stĂ©rilisation Ă la chaleur humide est effectuĂ©e au moyen de vapeur saturĂ©e et sous pression (pour atteindre la tempĂ©rature nĂ©cessaire). Comme dit prĂ©cĂ©demment, ce procĂ©dĂ© de stĂ©rilisation, le plus fiable et le plus facile Ă contrĂŽler, reprĂ©sente donc le premier choix pour le matĂ©riel qui rĂ©siste aux tempĂ©ratures de 120 Ă 134 °C et Ă lâhumiditĂ©.
Principe
Le matĂ©riel Ă stĂ©riliser est placĂ© sur des grilles ou dans des conteneurs permĂ©ables Ă la vapeur puis exposĂ© Ă lâaction de la vapeur dâeau saturĂ©e et sous pression avec des paramĂštres temps/tempĂ©rature dĂ©terminĂ©s.
Les températures à atteindre sont, en principe, de 121 °C pendant 20 minutes pour détruire les bactéries et de 134 °C pendant 18 minutes à une pression de 2,2 bars pour les prions.
Aucune bactérie végétative ne résiste à cette température. Seules quelques spores bactériennes pourront survivre à 116 °C mais elles sont exceptionnelles.
Stérilisation basse température
Stérilisation à l'oxyde d'éthylÚne[4]
UtilisĂ©e dans le domaine mĂ©dical ou vĂ©tĂ©rinaire pour traiter par exemple les ligatures qui ne supportent pas la vapeur. UtilisĂ©e aussi dans les cas oĂč une diffusion Ă travers l'objet est nĂ©cessaire (ouvrages littĂ©raires). Cette stĂ©rilisation est rĂ©alisĂ©e gĂ©nĂ©ralement dans des autoclaves dont le volume varie de 300 litres pour les plus petits Ă 10 m3 pour les plus grands. Deux techniques sont possibles :
- travail en dépression, avec de l'oxyde d'éthylÚne concentré (30 % dans du gaz carbonique) ;
- travail sous pression, avec une concentration plus faible en oxyde d'Ă©thylĂšne (12 % dans du gaz carbonique).
L'opération comprend l'introduction de piÚces dans l'appareil, la mise sous vide, l'introduction du gaz, la phase de diffusion/stérilisation, l'extraction du gaz et la désorption des objets. Cette derniÚre phase est plus longue en cas de travail en dépression (gaz plus concentré).
Compte tenu du caractĂšre inflammable et de la toxicitĂ© de l'oxyde d'Ă©thylĂšne[5], il convient d'ĂȘtre trĂšs exigeant sur la qualitĂ© des appareils utilisĂ©s et sur leur maintenance.
Stérilisation par des rayonnements ionisants
La stĂ©rilisation peut ĂȘtre effectuĂ©e par des rayonnements Ă©lectromagnĂ©tiques :
- Stérilisation plasma : le matériel à stériliser est soumis aux électrons, ions et photons issus d'un plasma[6].
- Stérilisation par faisceau d'électrons[7] ;
- StĂ©rilisation par irradiation gamma[4] : la radiostĂ©rilisation du matĂ©riel mĂ©dico-chirurgical par rayonnement gamma est rĂ©alisĂ©e avec une dose de l'ordre de 25 kGy et peut sâeffectuer sur un matĂ©riel dĂ©jĂ placĂ© dans son emballage dĂ©finitif[8].
Stérilisation par la pression
- voir Pascalisation, HPF
Normes internationales (ISO)
- ISO 17665-1 (vapeur, remplace ISO 11134)
- ISO 11135 (oxyde d'Ă©thylĂšne)
- ISO 11137 (irradiation)
- ISO 11139 (vocabulaire)
Normes européennes adoptées en France (AFNOR)
- EN 550 (oxyde d'Ă©thylĂšne)
- EN 552 (irradiation)
- EN 554 (vapeur)
Notes et références
- NF EN 556, sur asso.fr
- (en) E. M. DARMADY, K. E. A. HUGHES, J. D. JONES, D. PRINCE, AND WINIFRED TUKE, « Sterilization by dry heat », J. clin. Path,â , p. 7 (lire en ligne)
- Sakudo, « Fundamentals of prions and their inactivation (Review) », International Journal of Molecular Medicine, vol. 27, no 4,â (ISSN 1107-3756, DOI 10.3892/ijmm.2011.605, lire en ligne, consultĂ© le )
- L. Costa, M. P. Luda, L. Trossarelli et E. M. Brach del Prever, « Oxidation in orthopaedic UHMWPE sterilized by gamma-radiation and ethylene oxide », Biomaterials, vol. 19,â , p. 659-668 (DOI 10.1016/S0142-9612(97)00160-9, lire en ligne, consultĂ© le )
- Fiche toxicologique Oxyde d'Ă©thylĂšne - document INRS
- (en) S. Lerouge, M. R. Wertheimer et L'h Yahia, « Plasma Sterilization: A Review of Parameters, Mechanisms, and Limitations », Plasmas and Polymers, vol. 6,â , p. 175-188 (ISSN 1084-0184 et 1572-8978, DOI 10.1023/A:1013196629791, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en)Electron Beam Radiation, sur sterigenics.com, consulté le 18 janvier 2016
- « Biomep - Rubrique », sur www.biomep.fr (consulté le )