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Contraction des lanthanides

La contraction des lanthanides ou contraction lanthanidique dĂ©signe, en chimie, le fait que le rayon ionique des lanthanides dĂ©croĂźt significativement lorsque le numĂ©ro atomique augmente, pour les atomes non chargĂ©s ou des ions possĂ©dant la mĂȘme charge. Ce phĂ©nomĂšne, dĂ©couvert dans les annĂ©es 1920 par le chimiste norvĂ©gien Victor Goldschmidt, provient du fait que les lanthanides sont caractĂ©risĂ©s par le remplissage de la sous-couche 4f, et les orbitales f Ă©crantent le noyau atomique moins efficacement que les autres orbitales : par ordre d'efficacitĂ© d'Ă©crantage dĂ©croissant, les orbitales atomiques se rangent en s > p > d > f ; en raison de cet Ă©crantage imparfait, la charge nuclĂ©aire agit davantage sur les Ă©lectrons pĂ©riphĂ©riques lorsque le numĂ©ro atomique augmente, de sorte que le rayon des atomes et des ions de lanthanides diminue du lanthane jusqu'au lutĂ©cium :

ÉlĂ©ment chimiqueRayon ionique
du trication Ln3+
n° 58CeCĂ©rium 102 pm
n° 59PrPrasĂ©odyme 99 pm
n° 60NdNĂ©odyme 98,3 pm
n° 61PmPromĂ©thium 97 pm
n° 62SmSamarium 95,8 pm
n° 63EuEuropium 94,7 pm
n° 64GdGadolinium 93,8 pm
n° 65TbTerbium 92,3 pm
n° 66DyDysprosium 91,2 pm
n° 67HoHolmium 90,1 pm
n° 68ErErbium 89 pm
n° 69TmThulium 88 pm
n° 70YbYtterbium 86,8 pm
n° 71LuLutĂ©cium 86,1 pm

La chimie quantique relativiste rend également compte d'une partie du phénomÚne[1].

La contraction des lanthanides a plusieurs conséquences :

  • Lorsque leur numĂ©ro atomique croĂźt, les lanthanides voient Ă©galement croĂźtre leur densitĂ©, leur duretĂ© et leur tempĂ©rature de fusion, Ă  l'exception notable de l'ytterbium qui s'Ă©carte largement de ce paradigme.
  • À l'Ă©tat d'ions trivalents, la contraction des lanthanides module lĂ©gĂšrement les propriĂ©tĂ©s de leurs ions complexes. Les ions les plus petits forment habituellement les complexes les plus stables : l'interaction Ă©lectrostatique avec les ligands est d'autant plus fort que l'ion central est petit. Le nombre de coordination diminue Ă©galement le long de la sĂ©rie. Par exemple, pour les ions hydratĂ©s [Ln(H2O)n]3+ (Ln = lanthanide), il est habituellement de n = 9 au dĂ©but de la sĂ©rie et n = 8 Ă  la fin de celle-ci. Cette diffĂ©rence subtile entre les propriĂ©tĂ©s chimiques des lanthanides due Ă  la contraction lanthanidique, facilite leur sĂ©paration. En effet, les lanthanides sont habituellement trouvĂ©s Ă  l'Ă©tat de mĂ©lange dans les minerais [2].
  • Le hafnium, qui suit immĂ©diatement les lanthanides parmi les mĂ©taux de transition dans le groupe 4, a quasiment le mĂȘme rayon atomique (un peu moins de 160 pm) avec une masse atomique de 178,5 que le zirconium, qui est pourtant situĂ© une pĂ©riode au-dessus de lui avec une masse atomique de 91,2 (et 32 Ă©lectrons de moins) ; il s'ensuit une augmentation importante de la densitĂ© des mĂ©taux de transition entre les 5e et 6e pĂ©riodes : 6 511 kg/m3 pour le zirconium, mais 13 310 kg/m3 pour le hafnium.

Références

  1. (en) Pekka Pyykko, « Relativistic effects in structural chemistry », Chemical Reviews, vol. 88, no 3,‎ , p. 563-594(32) (DOI 10.1021/cr00085a006)
  2. (en) Simon Cotton, Lanthanide and Actinide Chemistry, John Wiley & sons, Chichester, 2007.
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