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Bismuth

Le bismuth est l'élément chimique de numéro atomique 83, de symbole Bi. C'est le cinquiÚme et dernier élément du groupe des pnictogÚnes (groupe no 15). Il est toxique mais moins que le plomb qu'il tend donc à remplacer pour certains usages, et ce n'est pas un oligo-élément : il n'a aucun rÎle physiologique connu. Réputé trÚs faiblement présent dans les organismes animaux, sa cinétique environnementale et dans les organismes a été peu étudiée (contrairement à celle d'autres métaux lourds proches).

Bismuth
Image illustrative de l’article Bismuth
Échantillon de bismuth.
Position dans le tableau périodique
Symbole Bi
Nom Bismuth
Numéro atomique 83
Groupe 15
Période 6e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Métal pauvre
Configuration Ă©lectronique [Xe] 4f14 5d10 6s2 6p3
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 32, 18, 5
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 208,980 40 ± 0,000 01 u
Rayon atomique (calc) 160 pm (143 pm)
Rayon de covalence 148 ± 4 pm[1]
Rayon de van der Waals 152 pm
État d’oxydation 3, 5
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 2,02
Oxyde Acide
Énergies d’ionisation[2]
1re : 7,285 5 eV 2e : 16,703 eV
3e : 25,56 eV 4e : 45,3 eV
5e : 56,0 eV 6e : 88,3 eV
Isotopes les plus stables[alpha 1]
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
207Bi{syn.}31,55 aÎČ+, Δ2,399207Pb
208Bi{syn.}368 000 aΔ2,880208Pb
209Bi100 %20,1×1018 aα3,137205Tl
210Bitraces5,012 jÎČ-
α
1,426
5,982
210Po
206Tl
210mBi{syn.}3,04×106 aTI
α
0,271
6,253
210Bi
206Tl
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Masse volumique 9,79 g·cm-3 (20 °C)[3]
SystÚme cristallin Rhomboédrique
Dureté (Mohs) 2,5 (Mohs)[4]
Couleur Argenté-irisé
Point de fusion 271,4 °C[3]
Point d’ébullition 1 564 °C[3]
Énergie de fusion 51 816 J·kg-1[4]
Énergie de vaporisation 151 kJ·mol-1 (1 atm, 1 564 °C)[3]
Volume molaire 21,31×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 1,013×10-4 kPa (400 °C)

1,013×10-1 kPa (600 °C)
1,013×102 kPa (880 °C)
1,013×105 kPa (1 420 °C)[4]

Vitesse du son 1 790 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 122 J·kg-1·K-1 (20 °C)[4]
ConductivitĂ© Ă©lectrique 0,867×106 S·m-1
Conductivité thermique 7,87 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-69-9[5]
No ECHA 100.028.343
No CE 231-177-4
Précautions
SGH[6]
État pulvĂ©rulent :
SGH02 : Inflammable
Attention
H228, P210 et P370+P378
SIMDUT[7]

Produit non contrÎlé
Transport[6]

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.
Masse cristallisée fortement colorée de bismuth oxydé en surface.
Cristaux oxydés de bismuth.

Il peut ĂȘtre thĂ©oriquement rapprochĂ© du phosphore P, de l'antimoine Sb et de l'arsenic As, appartenant au groupe 15, mais aussi de l'Ă©tain Sn et du plomb Pb appartenant au groupe 14. Les Ă©lĂ©ments successifs du groupe 15 (azote N, phosphore P, arsenic As, antimoine Sb et bismuth) montrent une tendance croissante Ă  former des sulfures stables plutĂŽt que des oxydes : le bismuth est nettement chalcophile.

Histoire

Cet Ă©lĂ©ment rare, dont le corps pur (bismuth natif) et les principaux composĂ©s Ă©taient relativement bien reconnus, surtout dans les principaux centres miniers europĂ©ens au moins depuis la fin du Moyen Âge, Ă©tait alors distinguĂ© de l'antimoine natif avec lequel il semblerait avoir Ă©tĂ© frĂ©quemment confondu au cours de l'AntiquitĂ©, au point de tirer son nom d'une adaptation de l'arabe bi' ’ithmid signifiant "proche de l'antimoine".

Il a été décrit avec précision et identifié en 1753 par le chimiste Claude Geoffroy le Jeune qui l'a séparé du plomb[8]. Le symbole chimique Bi a été proposé par le chimiste suédois Berzelius en 1814.

Il a été longtemps considéré par les physiciens comme le dernier élément stable de la classification[alpha 2].

Ses effets toxiques (du corps simple et de ses composés) semblent avoir été longtemps confondus avec ceux du plomb ou de l'étain[9].

Selon le CNRS, « le Bismuth (Bi) est restĂ© peu Ă©tudiĂ© dans l’environnement. Pourtant, des Ă©tudes rĂ©centes indiquent que les organismes vivants sont affectĂ©s par exposition au bismuth (rĂ©duction du mĂ©tabolisme des spermatozoĂŻdes chez l’homme, effets nocifs sur la reproduction du ver de terre et la croissance des plantes) »[10].

Sa prĂ©sence dans l’environnement a beaucoup augmentĂ© depuis la rĂ©volution industrielle, et plus prĂ©cisĂ©ment depuis que l'on brĂ»le du charbon et qu'on l'utilise comme additif mĂ©tallurgique, dans divers alliages, et dans les industries de la chimie et de la pharmacochimie notamment). RĂ©cemment (2023) le CNRS a mis en Ă©vidence dans des carottes de glace du Mont-blanc provenant du Col du DĂŽme, la trace d'un Ă©norme pic de pollution de l'atmosphĂšre europĂ©enne par le Bismuth pendant la Seconde Guerre mondiale[11]. Cette pollution, ainsi que sa corrĂ©lation avec l'Ă©poque du second conflit mondial semble pouvoir ĂȘtre expliquĂ©e par l'usage d'une grande quantitĂ© de bismuth comme additif de l’acier et de l’aluminium (l'ajout de bismuth rend leur usinage plus facile, ce mĂ©tal Ă©tait alors aussi trĂšs utilisĂ© comme alliages Ă  bas point de fusion pour le fusibles de sĂ©curitĂ© des circuits Ă©lectriques). La pollution par le bismuth diminue aprĂšs 1970 grĂące aux filtres installĂ©s dans les fonderies. Il en va de mĂȘme pour les annĂ©es 1920 durant lesquelles les Ă©missions par la mĂ©tallurgie dominent toujours celles dues Ă  la combustion du charbon[11].

Les carottages de glace montrent que la pollution a Ă©tĂ© maximale entre 1935 et 1945. Ceci pourrait ĂȘtre dĂ» aux usages « militaires » du bismuth durant la guerre d’Espagne et durant la 2Ăšme guerre mondiale, pour les besoins de l'industrie de l’aviation (aluminium, pour les fusibles de dĂ©compression de gaz pour les obus et pour les rĂ©servoirs de carburants d’engins militaires[11].

Généralités physicochimiques

Le corps simple bismuth est un métal pauvre blanc d'argent, à reflet rougeùtre brillant, dur et cassant, dont tous les sels et les vapeurs sont toxiques.

Sa structure Ă©lectronique atomique correspond Ă  [Xe] (4f)14 (5d)10 (6s)2 (6p)3. Un don ou un enlĂšvement d'Ă©lectrons de mĂȘme statut quantique, si on excepte le spin, justifie les degrĂ©s d'oxydation +3 et +5, le premier degrĂ© Ă©tant bien plus frĂ©quent dans ses composĂ©s car le second est contrĂ© par l'effet Ă  l'inertie du doublet s, alliĂ© Ă  sa remarquable symĂ©trie sphĂ©rique. Le rayon ionique de l'ion Bi3+ avoisine 1,2 Ă… et celui de l'ion Bi5+ se rĂ©duit Ă  0,74 Ă….

La phase liquide du bismuth est plus dense que sa phase solide, propriété rare qu'il partage avec l'eau et le Silicium. A ce titre il est souvent allié avec le Plomb, la dilatation de l'un et la contraction de l'autre se compensant.

Isotopes

Le bismuth possĂšde 35 isotopes connus, de masse atomique variant entre 184 et 218 u. Il n'a cependant qu'un seul isotope naturel rĂ©ellement prĂ©sent dans la nature, le bismuth 209, ce qui fait du bismuth un Ă©lĂ©ment mononuclĂ©idique. On a longtemps considĂ©rĂ© cet isotope comme stable, et donc considĂ©rĂ© qu'il Ă©tait le plus lourd des isotopes stables, et le produit final de la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration du neptunium 237 (ou du plutonium 241). En rĂ©alitĂ© il a Ă©tĂ© montrĂ© Ă  l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay en 2003[12] qu'il Ă©tait radioactif avec une demi-vie considĂ©rable, de 19 Ă— 1018 annĂ©es, soit plus d'un milliard de fois l'Ăąge de l'univers.

Sa nature instable avait Ă©tĂ© prĂ©vue thĂ©oriquement. Il se dĂ©sintĂšgre par transition α d'Ă©nergie 3,14 MeV pour donner du thallium 205, stable. Sa trĂšs grande demi-vie le fait encore considĂ©rer comme stable dans toutes ses applications mais cette dĂ©couverte est scientifiquement importante dans la mesure oĂč elle valide des prĂ©visions thĂ©oriques. L'Ă©lĂ©ment le plus lourd possĂ©dant au moins un isotope stable est donc le plomb.

Fabrication, production

Fabriqué semi-industriellement dÚs les années 1860 à partir de ses minerais sulfurés (bismuthinite essentiellement) ou à défaut avec ses minerais oxydés associés, il ne fait plus aujourd'hui l'objet d'une production spécifique ; depuis plus d'un siÚcle c'est un co-produit du raffinage du plomb, moindrement du cuivre, de l'étain, de l'argent, de l'or, et surtout du tungstÚne.

Dans les annĂ©es 1990, le minerai provenait principalement de trois pays (Bolivie, Mexique, PĂ©rou), mais le Japon et le Canada, et moindrement l'Espagne et l'Allemagne, sont des acteurs industriels pour sa production (environ 10 000 tonnes/an dans le monde. Les premiers pays ne disposaient pas tous des Ă©quipements en 1990 pour traiter les minerais de bismuth, d'abord l'enrichissement par flottation, puis le grillage des sulfures et leur rĂ©duction au carbone, pour finir par l'obtention du bismuth par fusion oxydante. Outre la voie thermique par fusion de zone, le bismuth mĂ©tal raffinĂ© et pur Ă  plus de 99 % en masse peut ĂȘtre obtenu par Ă©lectrolyse[alpha 3]. En 2010, la mine bolivienne de Tasna et le site chinois de Shizhuyuan (en) seraient les seuls centres d'extraction menant Ă  une exploitation du bismuth comme produit principal. La Chine, premier producteur mondial en 2010, le rĂ©cupĂšre essentiellement au cours de la flottation des minerais de wolframite.

  • Lingot de 5 grammes et 1,2 cm de diamĂštre, poinçonnĂ© 5
    Lingot de 5 grammes et 1,2 cm de diamĂštre, poinçonnĂ© 5
  • Boulettes et cylindres de Bi mĂ©tal
    Boulettes et cylindres de Bi métal
  • Gouttelettes de bismuth commercial Ă  99 %
    Gouttelettes de bismuth commercial Ă  99 %

Présence dans l'environnement

En tant que mĂ©tal rare (73e Ă©lĂ©ment de l'Ă©corce terrestre en termes d’abondance), il est naturellement trĂšs peu prĂ©sent dans l'environnement. Étant peu soluble il y est supposĂ© peu mobile, mais certaines formes du bismuth sont volatiles. Son cycle biogĂ©oĂ©chimique est trĂšs mal connu. Comme ce n'est pas un mĂ©tal recherchĂ© dans les analyses environnementales de routines pour l'eau, le sol, l'air, ou les aliments, sa cinĂ©tique environnementale reste mal connue.

Dans l'air

On l'y trouve Ă  moins d'1 Â”g/m3 dans l'air rural ; il y provient principalement des panaches et Ă©manations de volcans et (bien moindrement) de l'Ă©rosion des sols. S'y ajoutent depuis quelques dĂ©cennies des sources anthropiques croissantes (industrie, combustion...).

Dans les sols

PrĂ©sent en moyenne Ă  hauteur de 0,048ÎŒg/g dans la croĂ»te terrestre, il est retrouvĂ© en moyenne 0,2ÎŒg/g dans des sols naturels non-contaminĂ©s (selon Bowen, 1979)[13]. Des fongicides contenant du bismuth en sont une source supplĂ©mentaire[14], directement mise en contact avec des cultures alimentaires, de mĂȘme pour certains engrais en contenant naturellement un peu (engrais naturels ou de synthĂšse), mais selon Senesi & als en 1979 cette source Ă©tait encore nĂ©gligeable comparĂ©e aux apports du fond gĂ©ochimique[15]. * Dans l'eau : il est trĂšs peu prĂ©sent dans l'eau de boisson, qui en apporte nĂ©anmoins 5 Ă  20 ”g/jour).

Dans les plantes

Le bismuth (qui n'est pas un oligoĂ©lĂ©ment) n'y est prĂ©sent qu'en trĂšs faibles doses, souvent en limite de dĂ©tection (y compris mĂȘme parfois chez des plantes ayant poussĂ© sur des sols contaminĂ©s (< 0,06 ÎŒg/g[13] - [16]). La teneur des plantes en bismuth peut cependant significativement augmenter aux alentours de sites miniers (ex : de 0,01 Ă  0,18 ÎŒg/g selon Li et Thornton, 1993 qui ont montrĂ© que le bismuth est alors surtout prĂ©sent dans les feuilles, plus que dans les fruits ou les graines (en teneur), et que les facteurs de transfert racinaires sont trĂšs faibles (10−5 Ă  10−4).

Dans la nature, le taux de bismuth d'un sol est habituellement si bas qu'il atteint rarement le seuil de la phytotoxicitĂ© (qui serait compris entre 1 et 100 ppm en solution nutritive selon Senesi (1979)[15].

Chez les animaux

Dans la nature, les animaux terrestres et aquatiques sont a priori trĂšs rarement contaminĂ©s, mais la contamination de l'environnement par le bismuth augmente rapidement, et les grenailles de chasse pour certaines composĂ©es Ă  91 % de bismuth sont une nouvelle source de contamination des zones humides oĂč ces cartouches sont utilisĂ©es. Quand les industriels ont lancĂ© la production de ces cartouches, trĂšs peu d'information Ă©tait disponible sur les effets du bismuth sur les animaux et sur les Ă©cosystĂšmes. On ignorait mĂȘme le taux moyen de bismuth chez les oiseaux (la premiĂšre Ă©tude sur le niveau de fond chez l'oiseau date de 2004), tout comme on ignorait les seuils de toxicitĂ© des formes organiques de ce mĂ©talloĂŻde pour l'oiseau[17]. Ils ont depuis Ă©tĂ© un peu Ă©tudiĂ©s, montrant que les cartouches au plomb contenaient elles-mĂȘmes dĂ©jĂ  un peu de bismuth. Des analyses de foie et de muscle de canard contenant une grenaille de plomb ou une balle en plomb ont donnĂ© des taux moyens de bismuth dans les foies de 0,05 ÎŒg/g en poids sec chez la Sarcelle d'hiver et de 0,09 ÎŒg/g chez le Colvert[17]. Une corrĂ©lation positive significative a Ă©tĂ© trouvĂ©e entre les taux tissulaires de bismuth et de plomb dans le muscle, expliquĂ©e par le fait que le bismuth est un contaminant habituel du plomb[17].

Selon les donnĂ©es disponibles, ces effets semblent complexes : ainsi d'aprĂšs Martin-Bouyer (1980) qui avait dĂ©jĂ  conclu des donnĂ©es toxicologiques disponibles pour l'Homme, il s'avĂšre que les consĂ©quences toxiques du bismuth ne semblent pas pouvoir ĂȘtre dĂ©duites ni de la dose ni de la durĂ©e d’exposition, ce qui est assez inhabituel en toxicologie.

Or, le bismuth est de plus en plus utilisĂ© dans les munitions utilisĂ©es pour le gibier d'eau, en AmĂ©rique du nord depuis plusieurs dĂ©cennies, et les prĂ©dateurs (dont les chasseurs humains et autres consommateurs de gibier) mangent des animaux qui ont Ă©tĂ© blessĂ©s ou tuĂ©s Ă  la chasse avec ces grenailles, ou du gibier qui a directement ingĂ©rĂ© (comme les oiseaux le font couramment) des grenailles de bismuth comme grit. Une partie du gibier n'est Ă©galement que blessĂ© Ă  la chasse, et continue Ă  vivre avec des grenailles ou Ă©clats de munitions dans leur organisme (Pamphlett et al. (2000) ont dĂ©posĂ© cinq billes de bismuth (grenailles) dans la cavitĂ© pĂ©ritonĂ©ale de souris de laboratoire adultes[18]. Ils ont montrĂ© que dans l'organisme de la souris, ce bismuth n'est pas aussi insoluble qu'on le pensait[18] : au contraire, ces animaux ont rapidement manifestĂ© une Ă©lĂ©vation du taux de bismuth dans le cytoplasme de plusieurs types de cellules vitales (systĂšme nerveux moteur, cellules tubulaires des reins ; cellules dendritiques du foie et macrophages pulmonaires) avec des consĂ©quences non Ă©valuĂ©es pour des animaux Ă  durĂ©e de vie plus longue[18]. Il a Ă©tĂ© confirmĂ© Ă  cette occasion que le bismuth passe trĂšs facilement la barriĂšre hĂ©matoencĂ©phalique, que les contaminations des organes varie beaucoup selon l'individu et le moment, et les auteurs ont conclu que les gibiers blessĂ©s par des grenailles au bismuth pouvaient probablement se contaminer Ă  des taux atteignant en quelques semaines des doses a priori dangereuses pour l'animal[18]. D'autres Ă©tudes, s'appuyant notamment sur une technique rĂ©cente d'imagerie (automĂ©tallographie[19]), chez le rat de laboratoire expĂ©rimentalement contaminĂ© laisse penser que le testicule peut aussi ĂȘtre ciblĂ© par le bismuth, qui peut affecter les cellules de Leydig et les macrophages testiculaires, ce qui soulĂšve des questions concernant une Ă©ventuelle reprotoxicitĂ©[20] - [21]. Les milieux naturels commencent Ă  ĂȘtre enrichis par les millions de grains de grenailles de plomb perdue dans l'environnement Ă  chaque saison de chasse. Selon une Ă©tude rĂ©cente (2008) le bismuth reste disponible sous forme de grit, contamine le sol (surtout s'il est acide) mais semble non contaminant pour la vĂ©gĂ©tation locale, mĂȘme en milieu acide[22], et en 2006, il n'y a pas encore de preuve de l'innocuitĂ© environnementale et sanitaire de ces munitions [23].

Origines (dans l'environnement)

Sa raretĂ© en fait un bon traceur des Ă©missions volcaniques (oĂč il est liĂ© aux sulfures, lesquels sont aussi une donnĂ©e d'intĂ©rĂȘt pour la mĂ©tĂ©o et le climat mondial) ; on peut maintenant rĂ©trospectivement le retrouver et mesurer ses variations passĂ©es (en picogrammes) dans les carottages de glaces polaires ou de dĂ©pĂŽts neigeux plus rĂ©cents. Ses sources volcanique ont ainsi Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es Ă  1200–1700t/an de bismuth Ă©lĂ©mentaire, ce qui est considĂ©rable comparativement aux 40t/an de l'Ă©rosion Ă©olienne des continents additionnĂ©e des relarguages Ă  partir des sels marins selon Candelone (1995)[24] - [25] - [26].

Vers 1995, l'humanité était responsable d'une contamination supplémentaire de l'environnement à hauteur d'environ un peu moins de 15 t/ de bismuth (soit tous les deux ans un apport dépassant la totalité des apports dus à l'érosion et aux sels marins), mais ces émissions anthropiques sont indiscutablement en augmentation constante depuis plusieurs décennies, et le recyclage du bismuth ne s'est pas développé, et la dispersion de millions de grenailles de chasse en alliage de bismuth et en acier bismuthé (utilisé en remplacement du plomb) va contribuer à accélérer cette pollution émergente. L'utilisation encore croissante de charbon et d'autres combustible fossiles en contenant et le développement de l'activité miniÚre devrait encore accélérer cette contamination environnementale[24].

S'y ajoutent cependant des sources anthropiques de plus en plus nombreuses ; avec des teneurs localement anormalement élevées dans l'air, les sols, l'eau ou certains aliments. Ces contaminations sont principalement dues à :

  • la mĂ©tallurgie ;
  • Ă  certaines activitĂ©s miniĂšres ; en raison de ses affinitĂ©s gĂ©ochimiques, on le trouvera plutĂŽt autour des mines de plomb, d'argent, d'Ă©tain, mais aussi de cuivre, qui expliqueront une grande partie de sa redistribution anthropique dans les milieux naturels [27] (des teneurs plus Ă©levĂ©es en bismuth sont mesurĂ©es autour de certaines mines, par exemple jusqu'Ă  436 ÎŒg/g autour d'une mine de cuivre corĂ©enne[16]; et l'industrie et la combustion d'Ă©nergies fossiles (on a montrĂ© en 2001 qu'il peut avoir Ă©tĂ© concentrĂ© (jusqu'Ă  5 ÎŒg/g dans certains charbons et graphites (oĂč l'on trouve aussi du mercure, du plomb et d'autres mĂ©taux indĂ©sirables)[28] ;
  • certaines activitĂ© industrielles (soudure...) ;
  • un usage croissant dans les munitions, de chasse notamment, est une source Ă©mergente[18].

Occurrences minéralogique et géologique

Forme naturelle et rare du bismuth : Cristal natif (ici de cm, associé à la bismuthinite plus jaune et moins brillante, Huallatani, Mine du Potosí (Bolivie)

C'est un Ă©lĂ©ment chimique rare de l'Ă©corce terrestre et dont la concentration massique varie de 0,03 g/tonne Ă  0,2 g/t (car il est plus abondant dans la croĂ»te continentale que dans le manteau)[29].

Les aérosols volcaniques ou de geyser en contiennent souvent un peu plus que le sol car, bien que élément lourd, ses composés halogénés sont trÚs volatils et passent dans les airs pour environ un cinquiÚme en masse dans les zones volcaniques en activité. Le 210Bi, plus encore que le 210Po et le 210Pb, est d'ailleurs un excellent marqueur radioactif des aérosols volcaniques.

Plus encore que l'arsenic ou l'antimoine, l'élément Bi est chalcophile. Il se combine facilement au soufre et à ses voisins sélénium ou tellure, et accompagne fréquemment les autres métaux chalcophiles (plomb, zinc...). Ceci explique que depuis un siÚcle le débismuthage du plomb produit l'essentiel du bismuth mondial, ne laissant à la récupération des déchets des procédés électrochimiques de raffinage du cuivre qu'environ un dixiÚme en masse. Mentionnons à titre anecdotique au niveau mondial le sous-produit du raffinage de l'étain par scorification ou du traitement de la cassitérite par l'acide chlorhydrique par voie aqueuse à chaud.

GĂ©ologiquement parlant, le bismuth Ă©lĂ©mentaire est condensĂ© dans les veines hydrothermales et les failles hydrothermales de l'Ă©corce terrestre, notamment lors des collisions continentales. Hormis le rare bismuth natif, ses principaux minĂ©raux Ă  usage de minerai sont la bismuthinite Bi2S3, la bismite Bi2O3α, la bismutite ou bismuthite (BiO)2CO3 ainsi que ses variĂ©tĂ©s diversement hydratĂ©es par exemple du type (BiO)2CO3. 2 H2O, un court moment exploitĂ©e Ă  Meymac en CorrĂšze Ă  la Belle Époque. La tĂ©tradymite, l'eulytite ou eulytine Bi4(SiO4)3, la bismuthoferrite ou bismutoferrite FeIII2Bi(SiO4)2(OH), la bismuthotantalite Bi(Ta,Nb)O4, la bismoclite BiOCl en contiennent, sans ĂȘtre des minerais reconnus. Les minerais de bismuth, sous forme de sulfures et minoritairement d'oxydes et de carbonates, sont trĂšs similaires Ă  ceux de l'Ă©tain et du plomb. Le bismuth est prĂ©sent dans une variĂ©tĂ© de sulfures complexes de cuivre et de plomb, souvent intimement mais le plus communĂ©ment Ă  l'Ă©tat de traces sous forme de sulfo-antimoniures et de sulfo-arsĂ©niures de cuivre. Il s'est aussi formĂ© hors des veines hydrothermales, dans des roches porphyres aurifĂšres, oĂč l'Ă©lĂ©ment lourd est associĂ© au cuivre et au molybdĂšne.

Corps simples et composés chimiques

En dehors du bismuth à structure cristalline métallique, empilement atomique, il existe plusieurs bismuths moléculaires dénommés le bismuth atomique Bi, le dibismuth Bi2, le tribismuth Bi3, le tétrabismuth Bi4 et le pentabismuth Bi5.

S'y ajoutent de nombreux composés du bismuth à partir du degré d'oxydation 3 et 5, mais aussi 4 probablement justifié par des associations quantiques d'orbitales inédites. Il existe les sulfures, les oxydes, les oxydes complexes dont le ferrite de bismuth, les hydroxydes, les oxychlorures, les nitrates et sous-nitrates, les sous-carbonates, les albuminates, les citrates, les phosphates, les carboxylates et les rares hydrures instables, les chlorures et autres halogénures
 et un grand nombre de composés organométalliques de bismuth.

Les composés chimiques n'ont pas été connus à l'état relativement pur avant des périodes contemporaines récentes, à l'instar du bismuth métal pendant des siÚcles.

Leurs caractéristiques physico-chimiques fines sont ou seront en principe présentés dans chaque article spécifique, s'il existe, dans la rubrique chimie.

Caractéristiques physico-chimiques du corps simple métallique

Le corps simple Bi est un semi-mĂ©tal blanc argent, de rĂ©seau rhomboĂ©drique ou de systĂšme cristallin trigonal aux reflets lĂ©gĂšrement rosĂ©s, mauves ou rouges, Ă  clivages faciles. Il peut ĂȘtre aussi gris rougeĂątre. Il est fragile et cassant, de densitĂ© Ă©levĂ©e entre 9,78 et 9,81[alpha 4]. Du point de vue mĂ©canique, il s'agit bien d'un semi-mĂ©tal, car fragile et cassant, en particulier Ă  cassure lamellaire, il est facile Ă  rĂ©duire en poudre dense. Sa pulvĂ©risation fine engendre des vapeurs mĂ©talliques d'un bleu verdĂątre.

La plupart des chimistes le considĂšrent nĂ©anmoins comme un mĂ©tal lourd, de masse moyenne atomique avoisinant 208,980 uma, mais il faut signaler qu'il possĂšde la plus faible conductivitĂ© Ă©lectrique et thermique de tous les mĂ©taux solides[alpha 5]. Sa conductibilitĂ© thermique est environ cinquante fois plus faible que celle de l'argent.

Son point de fusion dĂ©passe 270 °C, il atteint prĂ©cisĂ©ment 271,4 °C et son point d'Ă©bullition se situe Ă  1 560 °C +/- 5 °C. Le volume du corps simple bismuth solide se contracte lors de la fusion et inversement le volume s'accroĂźt lors de la solidification ; c'est une caractĂ©ristique rare, partagĂ©e seulement par quelques corps simples comme l'antimoine Sb, le gallium Ga, le silicium Si et le germanium Ge, et quelques oxydes comme la glace H2O[alpha 6].

Il est aussi le plus diamagnétique des métaux, c'est un des rares solides fortement diamagnétiques[alpha 7]. Il présente l'effet Hall le plus élevé. Ce faible absorbeur de neutron est opaque aux rayons X.

Il est fortement thermoélectrique, surtout au contact de l'antimoine.

Le bismuth chauffĂ© fortement brĂ»le Ă  l’air avec une flamme bleue qui dĂ©gage des fumĂ©es jaunes d’oxyde de bismuth. Le bismuth se volatilise au rouge blanc. Il est inaltĂ©rable Ă  l'air froid.

Le bismuth mĂ©tal est insoluble dans l'eau, mais il est soluble dans l'eau rĂ©gale, dans l'acide sulfurique concentrĂ© Ă  chaud. Il est attaquĂ© par l'acide nitrique, mais ne l'est pas par l'acide chlorhydrique mĂȘme Ă  chaud. En fait, l'attaque de l'acide chlorhydrique et de l'acide sulfurique est trĂšs lente Ă  froid, alors que si la dissolution est rapide dans l'acide nitrique, la solution obtenue contient du nitrate de bismuth hydratĂ© qui cristallise en gros prismes obliques Ă  base parallĂ©logramme, incolore et dĂ©liquescent. Mais une dilution Ă  l'eau, puis Ă  l'eau bouillante permet d'obtenir les sous-nitrates de bismuth. ChauffĂ©s lĂ©gĂšrement Ă  sec, les sous-nitrates se transforment en nitrate. La calcination du (sous)nitrate de bismuth en prĂ©sence de charbon actif et de carbonate de sodium est un vieux moyen chimique ultime de purifier le bismuth prĂ©alablement raffinĂ© autrefois par fusion avec le nitre[alpha 8].

Ces propriĂ©tĂ©s de solvatation de l'ion Bi3+, en rĂ©alitĂ© sous formes hydrolysĂ©es d'ion bismuthyle BiO+ ou bismuthyle solvatĂ© Bi(OH)2+ en solution aqueuse modĂ©rĂ©ment acide, explique la possibilitĂ© de synthĂšse cristalline, si la prĂ©caution de conserver ou pĂ©renniser le bismuth mĂ©tal dĂšs son obtention au degrĂ© d'oxydation zĂ©ro par un revĂȘtement protecteur est prise[alpha 9]. En effet, la rĂ©duction par l'air du bismuth est connue depuis des siĂšcles, Ă  l'instar de celle du cuivre ou du plomb, Ă  moindre Ă©vidence du cadmium. Il suffit par exemple de provoquer l'interaction ou rĂ©action chimique entre ses dĂ©rivĂ©s sulfurĂ©s et oxydĂ©s pour obtenir du bismuth natif artificiel.

La solidification en beaux cristaux rhomboédriques, mis à nu en décantant la masse avant que la solidification soit complÚte, présente des points communs avec celle de cristaux de soufre. Sur les cristaux artificiels, une pellicule irisée d'oxyde de bismuth apporte un bel effet.

Cristaux de bismuth

Cristal artificiel de bismuth. L'irisation est due à une couche trÚs mince d'oxydation qui permet des effets d'interférences lumineuses.
Cristaux réticulés de bismuth en pépite.
Cristaux artificiels de bismuth.
Bismuth cristallisé artificiellement en barbe de plumes ou en dendrites, correspondant au Federwismut ou dentritischer Wismut des anciens mineurs saxons.

Caractéristiques physiques du corps simple métallique

Conductivité :

  • le bismuth est le second mĂ©tal plus mauvais conducteur de la chaleur aprĂšs le mercure[9] ;
  • sa rĂ©sistance Ă©lectrique (inversement corrĂ©lĂ©e Ă  la conduction thermique) est ainsi trĂšs Ă©levĂ©e (pour un mĂ©tal). De plus, elle augmente fortement avec un champ magnĂ©tique, il a le plus important effet Hall de tous les mĂ©taux. C'est aussi le mĂ©tal le plus diamagnĂ©tique[9] ;
  • en 2017 la supraconductivitĂ© de monocristaux de bismuth a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence en dessous de 0,53 mK Ă  pression ambiante, avec un champ magnĂ©tique critique estimĂ© Ă  5,2 mT Ă  0 K[30]. La supraconductivitĂ© du bismuth ne peut pas ĂȘtre expliquĂ©e par la thĂ©orie BCS parce que l'approximation adiabatique ne lui est pas applicable, et pose le problĂšme de la supraconductivitĂ© des matĂ©riaux Ă  faible densitĂ© de porteurs et structure de bandes particuliĂšre.

Le bismuth possĂšde la particularitĂ© (qu'il partage avec l'eau, le sodium, l'antimoine, le gallium, le germanium, l'argent et le plutonium) d'ĂȘtre plus dense Ă  l'Ă©tat liquide qu'Ă  l'Ă©tat solide :

  • densitĂ© Ă  l'Ă©tat liquide > 9,8 ;
  • densitĂ© Ă  l'Ă©tat solide = 9,780 (cf. tableau des propriĂ©tĂ©s, ci-contre) ;
  • l'alliage plomb-bismuth a ainsi une densitĂ© du solide quasiment Ă©gale Ă  celle du liquide Ă  la solidification (ou liquĂ©faction).

La capacitĂ© calorifique du bismuth solide s'Ă©crit : Cp = 0,1077 + 5,2055 × 10−5 T[3], avec :

  • T en K ;
  • Cp en kJ/(kg⋅K).
Quelques caractéristiques thermodynamiques du bismuth[3]
Température
(°C)
Masse
volumique

ρ
(kg/m3)
Viscosité
dynamique

Ό
(10−3 kg/(m⋅s))
Conductivité
thermique

λ
(W/(m⋅K))
Capacité
calorifique
Ă  pression
constante

Cp
(kJ/(kg⋅K))
Commentaire
−173,15 0,1088 solide
0 9 790 7,87
(8,22)
0,122
(0,1219)
solide
25 7,92
(8,4)
0,1232
(0,1255)
solide
100 7,22 0,1271 solide
285 1,61 0,1522 liquide
300 10 030 0,1522 liquide
304 1,662 8,22 0,1522 liquide
365 1,46 liquide
400 9 884 liquide
451 1,28 liquide
500 9 846,67 liquide
600 9 638 0,998 liquide
800 9 423,33 liquide
1 000 9 150 liquide
1 726,85 0,1506 liquide

Formes du bismuth métal commercialisé

Il existe une grande variĂ©tĂ© de mises en forme mĂ©tallique : plombs de chasse ou de pĂȘche, billes, billettes, boules, balles, globules, pastilles, nodules, perles, rondelles, cylindres, tubes, anneaux, lames, lingots, bĂątons, disques, disquettes, bandes, bobines, barres, barrettes, brides, plaques, plaquettes, galettes, tranches, rubans, feuilles, grains, flocons, fil, aiguilles, granulĂ©s, copeaux, jetons, piĂšces, piĂ©cettes, petits et gros morceaux, bloc, bobines, bosse, tĂŽle, matiĂšre concentrĂ©, micro-feuilles, microlames, poudre, poussiĂšre, etc. parmi d'autres piĂšces et Ă©chantillons de formes prĂ©cises.

Alliages

Les alliages à base de Bi, Pb, Sn et encore Cd sont réputés depuis plus d'un siÚcle et demi pour leur fusibilité et leur masse volumique variable en fonction de la température. Bi2Sn2Pb fond vers 94 °C, il se dilate de 0 °C à 35 °C, se contracte jusqu'à 55 °C à un volume plus faible qu'à 0 °C, avant de se dilater à nouveau de 55 °C jusqu'à la fusion.

Un alliage de Newton fondant aux alentours de 94,5 °C Ă©tait autrefois dĂ©fini par 8 parties massique de Bi, 5 de plomb Pb et 5 d'Ă©tain Sn. Un alliage de Darcet fondant vers 93 °C l'Ă©tait par 2 de Bi, une de Pb et une de Sn. Un alliage de Wood fondant vers 65 °C par 7 parties de Bi, 2 de Pb, 2 de Sn, et 2 de cadmium Cd.

L'élément est cité dans l'alliage par ordre d'importance massique.

  • AlBi
  • BiSb
  • BiCd
  • BiIn, BiInCd, BiInPbSn, BiInSn
  • BiPb, BiPbCd, BiPbCdIn, BiPbCdInSn, BiPbCdSn, BiPbIn, BiPbInSn, BiPbSn, BiPbSnInCd, BiPbSnIn, BiPbSnCd, BiPbSnAg
  • BiTe en particule ou en poudre
  • BiSn, BiSn Ă  l'eutectique (morceau), BiSnCd, BiSnInPb, BiSnAg
  • InBi (composĂ© fixe), InBi, InBiCd, InBiCdSn, InBiSn
  • PbBiSnCd
  • SnBiCuAg, SnBiZn
  • SnInAgBiCu
  • SnPbAgBi en particule ou en poudre
  • SnAgBiCu
  • MĂ©tal de Wood en bĂąton

Présentation des corps chimiques composés comprenant du bismuth

Poudre de sesquioxyde de bismuth.

Un des arguments chimiques pour le statut de métal du bismuth est la propriété basique de Bi2O3, ainsi que le caractÚre plus basique de Bi2S3 que le sulfure d'arsenic ou d'antimoine. Avec ces derniers, les composés les plus souvent mentionnés dans un cours de chimie sont la bismuthine BiH3 et le tellurure de bismuth Bi2Te3 semi-conducteur en chimie minérale, le sous-gallate C7H5BiO6 et le sous-salicylate de bismuth C7H5BiO4 pour la chimie organique.

La grande majoritĂ© des composĂ©s de bismuth possĂšde l’étrange particularitĂ© de ne jamais ĂȘtre solubles dans l’eau pure. Du fait de l'existence du composĂ© ionique BiO+ signalĂ©e plus haut en milieu aqueux, les diffĂ©rents nitrates, sulfates et chlorures de bismuth ne sont prĂ©cisĂ©ment solubles que dans de l’eau acidifiĂ©e. Mis simplement ou chauffĂ©s dans l’eau pure, ils se dĂ©composent et laissent un dĂ©pĂŽt blanc amorphe contenant de l’hydroxyde de bismuth Bi(OH)3, qui, en perdant une partie de son eau, donne de l'hydroxyde de bismuthyle BiO(OH). Ce dĂ©pĂŽt possĂšde un pouvoir couvrant remarquable, connu dĂšs les temps mĂ©diĂ©vaux d’oĂč son emploi en peinture sous l'appellation de « blanc d’Espagne » et en cosmĂ©tique sous le nom de « blanc de fard ». Selon la lĂ©gende chimiste, c'est ce dĂ©pĂŽt blanc qui serait Ă  l’origine de son nom, bismuth ou wismuth provenant de l'expression « weisse Masse » en allemand, soit « masse blanche »[31].

Les sels de bismuth sont en général incolores, la couleur éventuelle étant le fait de l'anion et d'autres ions associés. Ils sont décomposables par l'eau. Rappelons qu'avec l'acide sulfurique, il se forme un précipité noir, insoluble dans les sulfures alcalins, et qu'avec les alcalis, il se forme également un précipité blanc, qui devient insoluble en présence d'un excÚs d'alcalis.

Leur mise en contact de fer ou de zinc Ă  l'Ă©tat mĂ©tallique libĂšre le mĂ©tal bismuth par simple rĂ©action d'oxydorĂ©duction. La formation de bismuthine, corps gazeux instable, ne peut ĂȘtre obtenu qu'en trĂšs petite quantitĂ© ou Ă  l'Ă©tat de traces, encore faut-il procĂ©der avec un mĂ©lange de mĂ©tal magnĂ©sium (divisĂ©) et d'acide fort. Le dĂ©pĂŽt du test de Marsh est trĂšs dĂ©licat Ă  rĂ©aliser, voire impossible.

L'addition de phosphates solubles aux sels de bismuth donne un précipité insoluble dans l'acide nitrique étendu. Cela a permis au chimiste Chancel de proposer un dosage de l'acide phosphorique.

Le corps simple bismuth mĂ©tal peut ĂȘtre dosĂ© en le transformant prĂ©alablement Ă  l'Ă©tat de chromate et d'oxychlorure.

Le couple Bi(V)/Bi(III) se rĂ©vĂšle un oxydant trĂšs puissant, trĂšs supĂ©rieur au couple de l'oxygĂšne natif, O2/O2− ou gaz dioxygĂšne / oxyde formĂ©.

Les corps composés les plus connus sont :

sulfure de bismuth(III) Bi2S3 ou bismuthinite
sulfure double d'iridium et bismuth ou le minéral naturel changchengite
sulfosel (Ag,Cu)3 (Bi,Pb)7 S12 ou benjaminite
sulfotellurure de bismuth Bi2Te2S ou tétradymite
sulfoséléniure de bismuth Bi2(Se,S)3 ou paraguanajuatite
séléniure de bismuth Bi2Se3 connu avec le minéral naturel guanajuatite
séléniure de palladium et de bismuth PdBiSe ou padmaïte
tellurure de bismuth Bi2Te3 semi-conducteur
tellurure d'antimoine et de bismuth BiSbTe en granules, poudres ou morceaux, parfois Bi0.55Sb1.5Te3 en billes, semi-conducteur
tellurure double de platine et bismuth ou maslovite, minéral naturel
tellurure de palladium, platine et bismuth, ou michenerite
  • oxydes
sesquioxyde de bismuth(III) Bi2O3 et ses trois variĂ©tĂ©s allotropiques, oxydes basiques. Bi2O3α correspond en minĂ©ralogie Ă  la bismite monoclinique pseudo-orthorhombique, Bi2O3ÎČ Ă  la sphaĂ©robismoĂŻte ou bismuthosphĂ©rite tĂ©tragonale Ă  structure de fluorine.
penta-oxyde instable Bi2O5, et quasi inconnu sous cette forme, mais plutÎt de structure NaBiO3 ou Bi2O5.Na2O, solide brun trÚs fortement oxydant obtenu dans la soude, et insoluble dans l'eau, nommé bismuthate de sodium
  • oxydes complexes
ferrite de bismuth
germanate de bismuth
oxydes multiples Bi1.6Pb0.4Sr1.6Ca2.0Cu2.8O9.2+x ou Bi2Sr2CaCu2O8+x
  • peroxydes
peroxyde de bismuth(IV) Bi2O4
  • hydroxydes
Bi(OH)3 légÚrement amphotÚre, à hydrolyse facile
  • oxyhalogĂ©nures
BiOCl (en) insoluble ou blanc de perle,
BiOCl.H2O
oxybromure de bismuth BiOBr
oxyiodure BiOI
Iodure de bismuth.
Nitrate de bismuth pentahydraté.
  • fluorures, chlorures, bromures et iodures
BiF3 Ă  structure ionique
BiCl3 (acide de Lewis)
BiBr3
iodure de bismuth BiI3 semi-conducteur
BiF5
  • borates
borate de bismuth BiBO3
  • carbonates et sous-carbonates
carbonate de bismuth Bi2(CO3)3
sous-carbonate de bismuth Bi2(CO2)O2 ou (BiO)2CO3 correspondant au minéral naturel bismutite
Bi2O3(CO2). H2O
  • sulfates
Bi2(SO4)3
Vanadate de bismuth.
  • nitrates
Bi(NO3)3
Bi(NO3)3.3H2O
Bi(NO3)3.5H2O
  • sous-nitrates
oxynitrate de bismuth(III) BiONO3
BiONO3.H2O insoluble dans l'eau
sous-nitrate de bismuth(IV) Bi5O(OH)9(NO3)4
  • phosphates
BiPO4
monophosphate AxB12−2xBi4 + x(PO4)12 avec 0 â©œ x â©œ 6, A et B mĂ©tal alcalin, mĂ©tal alcalinoterreux

  • stannates
stannate de bismuth Bi2(SnO4)3
pentahydrate Bi2O3(SnO2)3. 5H2O
stannate anhydride Bi2O3(SnO2)3
Bi2O3· 2 SnO2
arséniate de bismuth BiAsO4
arsĂ©niate de bismuth et de cuivre, soit BiCu6(AsO4)3(OH)6‱3(H2O) mieux connu sous le nom minĂ©ral de mixite
aluminate de bismuth Bi(AlO2)3
  • chromates
  • niobates
orthoniobate de bismuth(III) BiNbO4
orthotantalate de bismuth BiTaO4
arséniure de palladium et de bismuth Pd2(As,Bi) (minéral Palladobismutharsenide en anglais)
  • antimoniures semi-conducteurs
antimoniure de bismuth BiSb
diantimoniure de dibismuth Bi2Sb2 semi-conducteur
  • bismuthures
bismuthure d'erbium BiEr
  • vanadates
vanadate de bismuth BiVO4 en trois variétés polymorphes, orthorhombique connue sous le nom minéral de pucherite ou puchérite, de dreyerite ou de clinobisvanite.
  • molybdates
molybdate de bismuth Bi2(MoO4)3
Bi2MoO6
Bi2Mo2O9
titanate de bismuth Bi4(TiO4)3
titanate de bismuth(III) Bi2Ti2O7
titanate de strontium dopé au bismuth, Bi-SrTiO3
  • zirconates
BiZrO3
  • tungstates
Bi2(WO4)3
  • carboxylates
formiate de bismuth Bi(CHO2)3
acétate de bismuth Bi(C2H3O2)3
hexafluoroacétylacétonate de bismuth Bi(F3CCOCHCOCF3)3
néodécanoate de bismuth Bi(C10H19O2)3
citrate de bismuth(III) BiC6H5O7
sous-citrate de bismuth (en association avec des antibactĂ©riens locaux, des antiulcĂ©reux antiacides en comprimĂ© pelliculĂ© ou en association avec d'autres antibiotiques antibactĂ©riens ou antibactĂ©riens systĂ©miques et d’autres antiulcĂ©reux antiacides en gĂ©lule).
citrate de bismuth et d'ammonium Bi(NH4)3 (C6H5O7)2
citrate de bismuth et de potassium
oxalate de bismuth Bi2(C2O4)3
gallate basique de bismuth (antihémorroïdaire en association avec l'oxyde de bismuth)
sous-gallate de bismuth C7H5BiO6
sous-gallates hydratĂ©s C7H5BiO6 ‱ x H2O
succinate de bismuth Bi2(C4H4O4)3 (avec d'autres antibactériens antiseptiques par voie locale en suppositoire)
sous-succinate de bismuth (BiO)2(C4H4O4) (en association avec d'autres fluidifiants de sécrétions bronchiques, expectorants, antibactériens systémiques, antiseptiques, le plus souvent en suppositoire).
gluconate de bismuth (avec le nitrate, en oligothérapie par des solutés buvables, en voie orale ou sublinguale)
  • salicylates et sous-salicylates
sous-salicylate de bismuth C7H5BiO4, agent actif du pepto-bismol
  • butylthiolaurate de bismuth C16H33BiO4S
butyl-thiolaurate de bismuthyle
  • iodobismuthite de quinine
  • naphtĂ©nates
bi(naphténate)2 ou dinaphténate de Bi
  • sulfonates
trifluorométhanesulfonate de bismuth Bi(OSO2CF3)3 ou C3BiF9O9S3
  • albuminates
  • hydrures
bismuthine BiH3 instable et trĂšs souvent obtenu Ă  l'Ă©tat de trace
tri(4-ethoxyphenyl)bismuthine ou C24H27BiO3
  • carbures
carbure de bismuth BiC
  • composĂ©s mĂ©talliques binaires
Mg3Bi2
  • composĂ©s organomĂ©talliques de bismuth
R3Bi alkyl-bismuthane
triméthyl-bismuth Bi(CH3)3 (toxique et génotoxique)
triphényl-bismuth Bi(C6H5)3
dichloritri(o-tolyl)bismuth C21H21BiCl2
bismuth tris(2,2,6,6-tetramethyl-3,5-heptanedionate) C33H57BiO6
dichloro-(4-methylphenyl)-diphenylbismuth C19H17BiCl2
dichlorotri(4-chlorophenyl)bismuth C18H12BiCl5
tris(1-methoxy-2-methyl-2-propoxy)bismuth Bi(C5H11O2)3
tris(2,2,6,6-tetramethylheptane-3,5-dionato)bismuth Bi(C11H19O2)3
Cristal d'oxyde de silicium et de bismuth Bi12SiO20.
  • composĂ©s siliconĂ©s
  • poudres nano
oxyde de bismuth, cobalt et zinc (Bi2O3)0.07(CoO)0.03(ZnO)0.90
  • Ă©lectrolytes solides
oxyde de bismuth stabilisé par l'oxyde d'yttrium (Bi2O3)0.75(Y2O3)0.25

Usages (dont en substitution au plomb)

Le bismuth est un semi-métal principalement obtenu comme sous-produit de traitements de divers minerais sulfurés. En 2010 prÚs de la moitié du bismuth produit sert comme simple additif d'alliages métalliques. Un quart serait utilisé par l'industrie chimique et pharmaceutique, la premiÚre incluant les spécialités verriÚres et céramiques[alpha 10]. Le dernier quart à un tiers de la production mondiale serait utilisé en électrochimie, notamment en galvanisation, pour confectionner des alliages fusibles à basses températures ou des pare-feux de sécurité, réaliser des soudures spéciales, ou fabriquer des munitions alternatives au plomb.
Il est le constituant majoritaire de nombreux alliages Ă  bas point de fusion tels que les alliages dits de Wood, de Rose ou de Field.
Il a aussi massivement été utilisé pour les alliages d'acier dÚs la fin du XIXe siÚcle.

Substitut au plomb

Le bismuth, Ă©lĂ©ment de poids atomique Ă©levĂ© et donc dense (9,78 g/cm3) est presque aussi lourd que le plomb Ă  volume identique (11,32 g/cm3). Ceci lui confĂšre presque les mĂȘmes qualitĂ©s balistiques et de pondĂ©ration ou d'absorption de certains rayonnements. Bien que neurotoxique, plus rare et plus coĂ»teux que le plomb, il est significativement moins toxique que ce dernier. Il a donc Ă©tĂ© proposĂ©, puis utilisĂ© par un nombre croissant d'industriels comme substitut au plomb qui commence Ă  ĂȘtre interdit par diverses lĂ©gislations dans le monde :

  • pour des agrĂšs (platines) de pĂȘche (alors moins toxiques quand ils sont avalĂ©s par des oiseaux ou perdus dans l'environnement) ;
  • pour des grenaille de chasse, le bismuth en alliage, bien moins toxique que le plomb (mais dont la biodisponibilitĂ© Ă  partir des grenailles incrustĂ©es dans la chair Ă©tait inconnue, et se fragmentant facilement Ă  l'impact, et source possible de contamination de la viande et du consommateur[18]) remplace le plomb dans certaines munitions de chasse antĂ©rieurement faites d'un alliage de plomb gĂ©nĂ©ralement durci Ă  8 % d'arsenic et antimoine. Les Pays-Bas, le Danemark, l'Angleterre, le pays de Galles, les États-Unis et de nombreux autres pays interdisent dĂ©sormais l'utilisation de la grenaille de plomb pour la chasse, sur tout le territoire ou au moins dans les zones humides, car de trĂšs nombreux animaux (oiseaux d'eau particuliĂšrement, et leurs prĂ©dateurs meurent ou sont chroniquement victimes de saturnisme animal. Ce saturnisme est acquis Ă  la suite de l'ingestion directe ou indirecte de grenaille de chasse ou de ball-trap dispersĂ©e dans l'environnement par milliers de tonnes chaque annĂ©e. Les oiseaux avalant du plomb en croyant ingĂ©rer du grit (petits cailloux arrondis ingĂ©rĂ©s pour broyer les aliments dans le gĂ©sier). La grenaille faite d'alliage de bismuth Ă  5 % d'Ă©tain a des performances balistiques similaires Ă  celles du plomb mais elle tend Ă  se fragmenter plus facilement Ă  l'impact, or les particules ou nanoparticules[32] de bismuth sont une source prĂ©occupante de contamination de l'animal ou du consommateur. (Une autre solution moins chĂšre, mais Ă©galement moins performante ou nĂ©cessitant une charge de poudre augmentĂ©e, est la grenaille faite d'acier, acier doux ou fer doux, dont les grains peuvent ĂȘtre « bismuthĂ©s » (couverts d'une couche de bismuth qui empĂȘche le fer de rouiller, tout en Ă©conomisant le bismuth dont les ressources gĂ©ologiques connues sont limitĂ©es
    Le manque de mallĂ©abilitĂ© du bismuth le rend toutefois impropre Ă  une utilisation pour les balles de chasse au grand gibier ; Ă  la suite d'un accident de chasse avec grenaille de bismuth, constatant qu'on ignorait encore le risque posĂ© par la prĂ©sence dans le muscle ou un organe de grenailles ou fragments de bismuth, une Ă©tude a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e (publiĂ©e en 2012)[33]. Elle a portĂ© sur les effets de l'inoculation de fragments de bismuth dans le muscles des membres d'un groupe de rats de laboratoire. Du bismuth molĂ©culaire a rapidement Ă©tĂ© retrouvĂ© dans l'urine et le sang de ces animaux[33]. La bio-imagerie a donnĂ© des informations sur la distribution du mĂ©tal diffusant dans le tissu, montrant une lĂ©gĂšre diffusion du bismuth dans la chair autour de l'implant, en un motif non symĂ©trique (mais il y est difficile de diffĂ©rencier la diffusion rĂ©elle, et un Ă©talement rĂ©sultant de la coupe du tissu pour l'imagerie[33]. Une accumulation de zinc a Ă©tĂ© constatĂ©e autour de l’implant ; elle a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme un marqueur de l’inflammation induite par l'implant[33].
  • pour d'autres types de munitions (dont balles dites vertes, non-lĂ©tales, anti-Ă©meutes ou « destinĂ© l'entraĂźnement, Ă  l'impact ponctuel ou Ă  la distraction suspecte »[34]) ;
  • pour fabriquer des Ă©crans de protection du corps humain contre les rayons X, en latex imprĂ©gnĂ© de bismuth. Ces Ă©crans sont utilisĂ©s lors des examens mĂ©dicaux, tels que les tomodensitomĂštres, principalement car le bismuth est moins toxique que le plomb[35] ;
  • pour la production de soudures Ă  bas point de fusion : la directive europĂ©enne sur la limitation de l'utilisation de substances dangereuses (RoHS), pour faciliter la rĂ©duction des usages du plomb, a Ă©largi l'utilisation du bismuth dans les composants Ă©lectroniques en tant que composant de soudures Ă  bas point de fusion, en remplacement des soudures traditionnelles au plomb-plomb[36]. Sa moindre toxicitĂ© le rend prĂ©fĂ©rable notamment pour les soudures d'Ă©quipements de traitement des aliments et de conduites d'eau en cuivre, bien qu'elle puisse Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©e dans d'autres applications, notamment dans l'industrie automobile, dans l'UE par exemple[37].
  • Le bismuth a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© comme solution de rechange au plomb dans les cuivres Ă  usinage libre utilisĂ©s en plomberie[38], bien qu'il ne soit pas Ă  la hauteur des performances des aciers au plomb[37].

Bismuth métal et moulage

Ce semi-métal dense et fondant assez facilement est apprécié pour fabriquer certains moules de moulage de précision sous pression (pour fabriquer des modÚles réduits, comme des « petites voitures de collection » à finition soignée, ou des éléments de maquettisme, par exemple).
Le bismuth sert aussi de matiÚre métal à mouler.

Alliages multi-fonctions

À l'eutectique des alliages Ă  bas point de fusion, soit Ă  48 % de bismuth en masse, on obtient essentiellement des alliages qui se contractent, et Ă  plus de 55 %, des alliages qui se dilatent. Un des premiers usages de ceux-ci est la soudure avec un matĂ©riel rĂ©duit au minimum. L'alliage au plomb type 44 % en masse de Pb et 56 % en Bi dont le point de fusion Ă©quivaut Ă  125 °C permet de rĂ©aliser des soudures Ă  froid. En Ă©lectronique, alliĂ© avec l'Ă©tain (Sn42Bi58), il est utilisĂ© comme soudure (brasure) sans plomb (RoHS) Ă  bas point de fusion.
L'alliage d'Arcet ou alliage de Darcet soit 49,2 % de Bi, 32,2 % Pb, 18,4 % de Sn fond avant 97 °C.
Un métal de Wood soit grossiÚrement 50 % de Bi, 25 % Pb, 12,5 % de Cd et de Sn fond dans l'eau chaude à environ 70 °C.
Les alliages de Wood, de Rose ou de Field font d'excellents fusibles en électricité : on utilise fréquemment comme fil fusible, un alliage de bismuth et d'étain (40 % / 60 %), à trÚs bas point de fusion.
L'alliage de Wood et celui de Newton servent Ă©galement Ă  la radioprotection.

Ce sont en conséquence des fusibles adaptés à la protection incendie ou à l'alarme thermique (thermo-alarmes) : ces alliages peuvent jouer le rÎle de coupe-circuits électriques, de vannes de sécurité anti-incendie, par exemple en déclenchant une chute de colonne d'eau en présence de fumées chaudes ou de vapeurs. Dans les installations d'extinction automatique à eau, souvent communément appelées « sprinkler », on utilise parfois comme obturateur un mélange quasi eutectique trÚs fusible qui fond à 47 °C. Il est trÚs proche d'un alliage utilisé comme joint verre-métal à base de bismuth (49,2 %), plomb (22 %), zinc Zn (18 %), étain Sn (8 %), calcium Ca (5 %), mercure Hg (4 %) et qui fond à 45 °C.
Ainsi les tĂȘtes arroseuses de sprinklers ou les prises de sĂ»retĂ© pour cylindres de gaz comprimĂ©s sont en alliages de bismuth.

Ces alliages avec Mn ont permis de mettre au point des aimants permanents, à champ coercitif élevé. Notez que l'on peut utiliser également l'oxyde de bismuth pour les aimants.

En plomberie, l'utilisation du bismuth, en substitution au plomb pour les assemblages techniques, est à l'étude. Ces alliages sont parfois utilisés en tuyautage et pour souder.

Le bismuth est prĂ©sent dans les Ă©lĂ©ments thermo-Ă©lectriques, sous forme de semi-conducteurs Ă  propriĂ©tĂ©s thermoĂ©lectriques tels que Bi2Te3 et avec l'antimoine, Bi1–xSbx. Il permet la conception de thermocouples.

Industrie verriÚre, céramique et chimique

Ces industries l'utilisent beaucoup, surtout sous forme d'oxydes :

  • le verre et la cĂ©ramique intĂšgrent de l'oxynitrate ou sous-nitrate de bismuth, BiONO3 comme pigment blanc, alors que L'orthovanadate de bismuth BiVO4 donne un pigment vert-jaune ;
  • l'Ă©maillage utilise le borosilicate de bismuth ;
  • les verres optiques (flint glass) utilisent le phosphate de bismuth ;
  • l'industrie des peintures utilise le carboxylate de bismuth comme siccatif moins toxique que le plomb , et surtout divers oxydes comme pigment : l'oxyde Bi2O3 (jaune, que l'on remarque sur les grues jaunes de chantier) ; L'oxychlorure BiOCl (blanc, notamment employĂ© pour fabriquer des perles artificielles) ;
  • la pyrotechnie utilise aussi du bismuth, dont sous forme de TPB (triphĂ©nyl-bismuth) (CAS 603-33-8) et de TEPB (tris (ethoxyphĂ©nyl) bismuth) (CAS 90591-48-3), classĂ©s dans divers pays comme matĂ©riel de guerre dont l'export est interdit ou soumis Ă  autorisation[39] ;
  • l'industrie chimique et des fibres artificielles, l'utilisent comme catalyseur pour produire des fibres acryliques et divers polymĂšres, le BiCl3 catalyse efficacement diverses rĂ©action chimique. Le bismuth intervient aussi comme ignifugeant et retardateur de flamme (de papiers peints ou polymĂšres) ;
  • l'industrie du caoutchouc utilise le sesquioxyde de bismuth Bi2O3 comme catalyseur de la vulcanisation ;
  • l'industrie nuclĂ©aire utilise l'hydroxyde de bismuth, Ă  l'instar du phosphate de bismuth, comme rĂ©actif de sĂ©paration du plutonium de l'uranium irradiĂ©.
  • l'industrie des semi conducteur utilise des hydrures de bismuth (bien qu'instables, volatils et rĂ©actifs) pour prĂ©parer des semi-conducteurs au germanium et au soufre.
  • l'industrie des pesticides utilise du bismuth dans la composition de certains fongicides[14] (le bismuth non biodĂ©gradable, devient alors un contaminant de l'environnement).

MĂ©decine, parapharmacie, soins du corps

Certains de ses dérivés (comme les sous-nitrates et les sous-carbonates) ont été employés durant plusieurs siÚcles par la pharmacopée traditionnelle (en pharmacie galénique, voire en parapharmacie). Ainsi le nitrate de bismuth basique, Bi(OH)2NO3, sous le nom de « magisterium bismuti » (magistÚre de bismuth), se présentant comme dépÎt insoluble à propriétés antiseptiques, était autrefois utilisé comme pansement gastrique. Il était prescrit sous des formes variées, notamment par voie orale, contre l'ulcÚre gastro-duodénal et dans diverses indications digestives : diarrhée, constipation, colites, entérites. On le considérait comme calmant ces troubles digestifs, et antiseptique pour les blessures et infections cutanées, voire comme utile contre la syphilis, ainsi que pour enduire les pansements pour brûlure, en dermatologie.

Le bismuth mĂ©dical devait ĂȘtre chimiquement pur, ce qui Ă©tait difficile alors que son minerai est gĂ©nĂ©ralement trĂšs contaminĂ© par l'arsenic, le tellure, l'argent ou le plomb (hautement toxiques).

Puis ses effets neurotoxiques secondaires ont été mis en évidence, et le bismuth sous forme soluble dans l'eau ou insoluble dans l'eau en posologie excessive a été interdit en France, aprÚs de nombreux problÚmes d'intoxication médicamenteuse grave, et notamment aprÚs le constat inquiétant de métabolisation du bismuth et de l'occurrence d'encéphalopathies graves induites par des prescriptions thérapeutiques[40].

Des dérivés bismuthiques issus de sa chimie organique font néanmoins toujours partie de la pharmacie médicamenteuse, mais à trÚs faibles doses et sous forme de produits purs et insolubles dans l'eau. Les sels insolubles (à absorption digestive limitée) constituent encore de remarquables pansements : parmi eux, les nitrates et carbonates basiques de bismuth, à fort pouvoir couvrant, montrent des propriétés antiacides et antiseptiques, réduisant drastiquement les fermentations. Ces couches salines en se divisant permettent une forte adsorption chalcophile, le bismuth fixant facilement les gaz soufrés en se minéralisant en sulfure de bismuth Bi2S3 qui colore alors les fÚces en noir. Remarque : le bismuth étant opaque aux rayons X, il faut suspendre ce type de pansement avant une exploration radiologique du tube digestif qui nécessite la progression de substances de contraste spécifiques.
Il est encore utilisé dans les traitements de la leucémie. Et certains oligothérapeutes le recommandent encore à dose faible pour combattre des infections virales répétées, perpétuant le plus souvent des réactions inflammatoires douloureuses, tels certains maux de gorge décrits en laryngite ou pharyngite[41].

Sa toxicité intrinsÚque en fait l'un des biocides naturels connus : il a été utilisé dans certains désinfectants (sous forme de sesquioxyde de bismuth), mais comme le mercure, en raison de ses effets secondaires et de son caractÚre non dégradable, il a été remplacé par des produits moins toxiques, moins écotoxiques et/ou plus dégradables. Son action biocide envers les micro-organismes intestinaux vecteurs de maladie ou les développements viraux justifie le (sous)succinate de bismuth en thérapeutique par voie rectale (suppositoire) contre les angines, ou par voie parentérale contre la syphilis. Certaines (inter)cures d'antibiothérapie font encore appel à des dérivés liposolubles (ex : butyl-thiolaurate de bismuthyle ou iodobismuthite de quinine ; par injections musculaires à dates programmées). Il a été récemment (2005) montré que le Bismuth subsalicylate (BSS, matiÚre active du médicament Pepto-Bismol) réputé insoluble devient soluble quand il interagit avec des jus de fruits, l'acide ascorbique, ou des substrats contenant des thiols ; et il présente alors une toxicité accrue contre Clostridium difficile ; on a cherché à doper cette efficacité contre le clostridium[42].

En cosmétique, les rouges à lÚvres ou des laques pour ongles contiennent une charge d'oxychlorure de bismuth (BiOCl) et/ou d'oxynitrate de bismuth (BiONO3) qui leur donnent une brillance nacrée. L'oxychlorure de bismuth donne aussi un aspect nacré à des « ombres à paupiÚres ».
Du citrate de bismuth (à 0,2 %) est utilisé dans une lotion de repigmentation des cheveux[43]. Les ions de bismuth réagissent en effet avec la fibroprotéine du cheveu (kératine) par l'intermédiaire du soufre également contenu dans cette lotion.
Certains pays n'appliquant pas le principe de précaution reconnu en 1974 en France, acceptent encore des dérivés de bismuth dans la composition de déodorants.

Recyclabilité

Son coût, sa rareté relative, son utilité comme catalyseur et sa toxicité justifient qu'il soit mieux recyclé, mais beaucoup de ses usages sont dispersifs (peintures, munitions, fibres, additifs, pesticide, ce qui rend trÚs difficile sa récupération).
Le recyclage du bismuth métal ne se conçoit aujourd'hui qu'avec des alliages à forte teneur connue dénommé en franglais scraps d'alliage[alpha 11].

Commerce

Le plus grand producteur mondial de bismuth est devenu la Chine (plus de 60 % du marchĂ© dans les annĂ©es 2010). ce pays serait Ă©galement propriĂ©taire d'environ trois-quarts des quelque 340 Ă  350 mille tonnes de rĂ©serves reconnues et exploitables facilement, estimĂ©e Ă  quarante annĂ©es d'usage Ă  un rythme de consommation stable de 9 000 tonnes/an.

La France est nette importatrice de bismuth (selon les douanes françaises, en 2014). Le prix moyen Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait de 17 000 €[44].

Avant les annĂ©es 2010, le prix de 100 g de bismuth trĂšs pur avoisinait 40 dollars US. AchetĂ© en masse et conditionnĂ© Ă  un degrĂ© moins pur, le kilogramme de bismuth pouvait se rĂ©duire entre 20 et 30 dollars US, atteignant parfois une dizaine de dollars US.

Toxicité environnementale

Son écotoxicité est au moins pour partie connue. Celle de ses isotopes l'est moins, mais l'IRSN a produit une fiche pédagogique sur le bismuth 210[45].

Le mĂ©tal Bi est rĂ©putĂ© ĂȘtre le moins toxique des mĂ©taux lourds, ou en tous cas, celui dont les effets sont chez l'Homme les plus rapidement rĂ©versibles, mais sa toxicitĂ© humaine, et plus encore environnementale a Ă©tĂ© peu Ă©tudiĂ©e, notamment pour ses formes organomĂ©talliques et/ou inhalables (volatiles, mĂ©thylbismuth notamment).

Von Recklinghausen et ses collĂšgues ont rĂ©cemment (2008) montrĂ© par des expĂ©riences in vitro que comme pour le mercure, le bismuth s'avĂšre beaucoup plus bioassimilable, et toxique pour au moins trois types importants de cellules humaines (Ă©rythrocytes, lymphocytes et hĂ©patocytes) quand il est prĂ©sent sous forme mĂ©thylĂ©e (trimĂ©thyl-bismuth Bi(CH3)3) [46] - [47] : sous cette forme aprĂšs 1h ou 24 h, ce sont les Ă©rythrocytes et les lymphocytes qui en absorbent largement le plus, et le bismuth montre alors aussi des effets toxiques, et notamment gĂ©notoxiques (absents quand le bismuth est uniquement prĂ©sent sous forme de citrate ou de glutathion[47]. Or, comme le mercure, le bismuth est facilement mĂ©thylĂ© dans les sĂ©diments peu oxygĂ©nĂ©s par des bactĂ©ries du groupe des methanobacteria/methanoarchaea. D'autres Ă©tudes antĂ©rieures avaient dĂ©jĂ  montrĂ© que le bismuth peut aussi ĂȘtre mĂ©thylĂ© par une partie de la flore intestinale du cĂŽlon humain[48] - [49] (la variĂ©tĂ© des microbiotes pourrait expliquer les variations individuelles d'intoxications antĂ©rieurement observĂ©es chez l'homme ou l'animal de laboratoire, sans avoir Ă©tĂ© expliquĂ©es). les auteurs ont conclu que « la biomĂ©thylation de l'ion bismuth par la flore intestinale du cĂŽlon humain peut entraĂźner une augmentation de la toxicitĂ© du sel de bismuth primaire[47]. MeBi (III) peut induire des lĂ©sions chromosomiques dans les cellules humaines, mais probablement pas via la formation de dĂ©rivĂ© rĂ©actif de l'oxygĂšne. L'inhibition de la rĂ©paration de l'ADN et/ou une interaction directe avec l'ADN semble ĂȘtre le mĂ©canisme expliquant cette toxicitĂ© »[47].

Toxicité pour l'homme

Son mode d'action physiopathologique a Ă©tĂ© peu Ă©tudiĂ©, et n'est pas encore compris. Mais en 1860, plus de 100 ans avant son interdiction presque totale en France comme mĂ©dicament (en 1974), Antoine BĂ©champ (contemporain de Pasteur, professeur Ă  Montpellier), dans sa thĂšse de mĂ©decine (PrĂ©paration et les caractĂšres du sous-nitrate de bismuth) en collaboration avec C. Saintpierre, mettait dĂ©jĂ  en garde quant Ă  la toxicitĂ© des sels de bismuth.

Des sels de bismuth dont le salicylate de bismuth ont Ă©tĂ© testĂ©s parentĂ©ralement aux humains contre la syphilis, avec des effets secondaires graves liĂ©s Ă  sa toxicitĂ© (gingivostomatite avec « ligne de bismuth » — taches noires sur les gencives, haleine fĂ©tide, salivation), dĂ©gĂąts sur le foie, le rein[50], et surtout effet neurotoxiques affectant l'ensemble du systĂšme nerveux central. Il a Ă©tĂ© rĂ©cemment montrĂ© (dont au microscopie Ă©lectronique) que dans le rein, les cellules Ă©pithĂ©liales tubulaires proximales intoxiquĂ©es par le bismuth meurent par nĂ©crose et non par apoptose[51]. La z-VAD-fmk (inhibiteur de la caspase-3) n'empĂȘche pas la mort cellulaire induite par le bismuth des cellules NRK-52E, alors qu'il empĂȘche l'apoptose causĂ©e par le cisplatine. Plusieurs Ă©tudes ont conclu que ni la dysfonction mitochondriale, ni l'induction de radicaux libres ne sont en cause dans cette forme de nĂ©phrotoxicitĂ© ; la prĂ©cocitĂ© de l'induction des dommages (in vitro et in vivo) ainsi que d'autres indices (ex dĂ©placement prĂ©coce de la N-cadhĂ©rine) laissent penser que le bismuth tue les cellules Ă©pithĂ©liales tubulaires proximales du rein en la mort cellulaire en attaquant les fonctions de leur membrane.
À la diffĂ©rence des autres mĂ©taux lourds, les effets toxiques du bismuth semblent disparaĂźtre aprĂšs quelques mois, mais ses effets sur l'embryon ou le fƓtus ne semblent pas avoir Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s, pas plus que ses impacts sur les ouvriers qui y ont Ă©tĂ© exposĂ©s. Des Ă©tudes de traçage histochimique du bismuth, tant sur le modĂšle animal qu'Ă  l'occasion d'autopsies de cerveaux d'humains morts intoxiquĂ©s par le bismuth ont montrĂ© que ce mĂ©talloĂŻde passe facilement la barriĂšre hĂ©matoencĂ©phalique pour ĂȘtre ensuite notamment retrouvĂ© dans plusieurs parties du cerveau, dont dans le sang, le cervelet et le thalamus[52] ; l'histochimie montre qu'il s'accumule dans les neurones et les cellules gliales du nĂ©ocortex, du cervelet, du thalamus et de l'hippocampe. Concernant les parois des vaisseaux sanguins, ceux du cervelet semblent en contenir le plus[52]. À Ă©chelle ultrastructurale, le bismuth est retrouvĂ© au sein des cellules, dans les lysosomes, et hors des cellules dans les membranes basales de certains vaisseaux[52]. Il peut passer d'un axone Ă  l'autre (Trois jours aprĂšs injection dans le triceps d'un rat, des amas de bismuth Ă©taient observĂ©s dans les motoneurones reliant ce muscle Ă  la moelle Ă©piniĂšre et dans les cellules ganglionnaires de la racine dorsale la plus proche du site d'injection[53]. En 2002 on a montrĂ©[54] que les macrophages prĂ©levĂ©s Ă  la base et aux marges d'ulcĂšres traitĂ©s par du citrate de bismuth avaient accumulĂ© le bismuth dans leurs lysosomes. Ces accumulations entraĂźnaient une rupture lysosomale, conduisant Ă  la mort cellulaire par apoptose. Une autre Ă©tude a ensuite montrĂ© que cette accumulation augmente avec le temps et la dose [55]. Dans la cellule, le bismuth est un puissant inducteur de la mĂ©tallothionĂ©ine (protĂ©ine bien connue pour se lier aux mĂ©taux, dans les mĂ©canismes de dĂ©toxication), ce qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© montrĂ© en 1996[56]. Il induit aussi la production de divers enzymes glycolytiques, suggĂ©rant qu'il est cause d'un stress de type « hypoxie » . La protĂ©ine 3 (Bnip3) interagissant avec 19 kDa de BCL2 / adĂ©novirus E1B a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e comme un rĂ©gulateur de la mort cellulaire induite par l'hypoxie, qui pourrait ĂȘtre l'une des causes de la mort cellulaire induite par le bismuth[55].

Inhalation : Ses vapeurs sont toxiques et se dégagent à une température relativement basse. Et le bismuth méthylé est volatile à température ambiante. Ces vapeurs exposent à une intoxication acquise par les voies respiratoires.

Ingestion : une partie du bismuth ingéré franchit la barriÚre gastro-intestinale, plus ou moins selon la forme du bismuth ingéré, mais aussi selon les individus.

Les chélateurs, la D-pénicillamine et son dérivé N-acétyl sont des antidotes qui se sont montrés efficaces sur la souris intoxiquée par du citrate de bismuth par voie intrapéritonéale[57].

Le bismuth ingéré n'est quasiment pas retrouvé dans le plasma (normalement inférieure à 1 ron 10), ce qui montre qu'il est partiellement absorbé par le tube digestif.

En dĂ©pit de mises en garde datant de plus d'un siĂšcle, le bismuth a Ă©tĂ© avant 1974 utilisĂ© Ă  posologie dangereuses, voire mortelles, sans pĂ©riode d'interruption et sans aucune limitation de durĂ©e. Des prĂ©cautions d'emploi Ă©dictĂ©es dĂšs avant 1910 demandaient pourtant qu'en raison de sa toxicitĂ©, il soit prescrit en cures discontinues, mais laboratoires et mĂ©decins ont ensuite encouragĂ© son usage thĂ©rapeutique, qui en 10 ans (de 1964 Ă  1974), avait doublĂ© atteignant 800 t/an en France.

L'épidémiologie des effets du bismuth a progressé en France dÚs 1974, grùce à une vaste étude lancée par le groupe « maladies transmissibles et accidents toxiques » de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale. Cette étude s'est basée sur 942 cas d'intoxication par du bismuth ingéré, toutes survenues en France et rapportées et décrites par la littérature médicale, et dont 72 se sont conclues par la mort du patient. Ce travail a montré que tous les sels de bismuth avaient été impliqués dans des empoisonnements graves, et que la toxicité du bismuth avait été sérieusement sous-estimée. Elle a permis d'attribuer de maniÚre certaine à l'ingestion de bismuth médicamenteux des encéphalopathies survenant généralement en deux phases : une phase prodromique (troubles non spécifiques de type asthénie, insomnie, céphalées, perte de mémoire) précédant une phase aiguë (avec des troubles neurologiques graves rappelant les symptÎmes induits par d'autres métaux lourds tels que le plomb ou le mercure ; dysarthrie, ataxie, troubles de la marche, myoclonies, tremblements, désorientation, agitation, troubles de la mémoire, état confusionnel, hallucinations, convulsions)[58].

Heureusement, l'interruption de la prise de Bismuth était suivie d'une amélioration clinique en quelques jours, avec toutefois une persistance durant quelques mois d'une partie des symptÎmes (asthénie, troubles de la mémoire, troubles du sommeil et/ou céphalées).

AprĂšs environ un millier de cas repĂ©rĂ©s en France et en Australie, le ministĂšre de la santĂ© français a finalement interdit le bismuth Ă  haute dose dans les mĂ©dicaments[59] - [60]. Il reste nĂ©anmoins utilisĂ©, avec succĂšs, dans les affections de la sphĂšre ORL Ă  trĂšs faibles doses (oligothĂ©rapie) et par exemple, dans certains pays, sous forme de « sous-citrate de bismuth-colloĂŻdal » (citrate (DENOL*) et complexe citrate de bismuth-ranitidine). Ces produits sont uniquement autorisĂ©s contre l'ulcĂšre gastroduodĂ©nal oĂč le bismuth semble assez toxique pour tuer la bactĂ©rie Helicobacter pylori, laquelle induit gĂ©nĂ©ralement ce type d’ulcĂšre et qui est particuliĂšrement rĂ©sistante. Les doses de bismuth dans ce mĂ©dicament sont toutefois bien plus faibles que celles qui Ă©taient prescrites avant 1974 et chaque phase de traitement ne peut aujourd'hui excĂ©der un mois maximum avec, entre deux traitements, un arrĂȘt minimal de deux mois.

Indicateurs d'exposition (chez l'Homme)

Les classiques analyses de sang et d'urine ne mettent en évidence avec certitude que des contaminations trÚs récentes, le bismuth sanguin est éliminé via les urines en quelques jours aprÚs fin de l'exposition, par contre comme pour le plomb, l'antimoine et l'arsenic, les cheveux en conservent des traces, tant qu'ils ne sont pas coupés[61].

Histoire chimique et Ă©tymologie

Un Ă©tymon double de l'allemand « weisse Masse » « masse blanche » ou mieux « weisse matte » « matte blanche » est souvent proposĂ© pour expliquer l'allemand das Wismuth. Dans un modeste livret destinĂ© Ă  l'apprenti maĂźtre-mineur intitulĂ© Ein nĂŒtzlich BergbĂŒchlin paru vers 1527 le nom de wismuth apparaĂźt sous la forme wißmad Ă€rcz c'est-Ă -dire de minerai de bismuth (wissmatt ou wissmad), pour signaler qu'il est frĂ©quemment associĂ© aux veines cobalto-argentifĂšres. Georgius Bauer dit Agricola le dĂ©crit avec prĂ©cision[62]. il le nomme sous l'influence alchimique aussi cinereum plumbum ou plomb cendrĂ© proposant d'emblĂ©e une association intime d'un mĂ©tal plus dense, qui serait le plomb, avec des cendres carbonĂ©es moins denses pour expliquer la curieuse rĂ©duction Ă  l'air ou la rĂ©duction ipso facto du mĂ©lange des mĂ©langes minĂ©raux (sulfures/oxydes) en bismuth natif, d'aspect mĂ©tallique.

Le mĂ©tal lourd ou le bismuth natif est connu sous l'appellation bisemutum en latin mĂ©diĂ©val et en langue alchimique, au plus tĂŽt dĂšs 1450 avec wismutum et au plus tard avec bisemutum vers 1530[63]. Il est attestĂ© par le moyen-allemand wesemut en 1390. Il est probablement une adaptation d'un terme d'origine lointaine, en rĂ©alitĂ© arabe et/ou grec, qui a pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par traduction du livre rĂ©fĂ©rence De materia medica de Dioscurides Ă  partir du IXe siĂšcle ou par rencontres postĂ©rieures de quelques spĂ©cialistes miniers. Les formes hypothĂ©tiques peuvent ĂȘtre :

  • b[i]sÄ«mĆ«tÄ«yĆ«n, qui serait une adaptation lettrĂ©e du vieux grec ψÎčΌύΞÎčÎżÎœ psimĂœthion, « blanc de plomb » ;
  • bi iáčŻ'mid ou bi' ’ithmid signifiant trivialement « semblable Ă  l'antimoine », en supposant connue la similaritĂ© et la diffĂ©rence Ă©vidente entre bismuth natif et antimoine natif sur le site minier.

Ces deux derniÚres hypothÚses sont les plus plausibles. Mais la tradition miniÚre propose encore deux derniÚres hypothÚses : la premiÚre est attachée à la dénomination du site minier Saint-Georges « in der Wiesen » à proximité du Schneeberg dans l'Erzgebirge saxon au XVe siÚcle pour la production de matte ou de masse de bismuth ou parfois simplement l'intense activité miniÚre, la seconde rappelle que l'étymon wis(se)mat n'est qu'une masse ou matte blanche[64]. Il ne faut nullement condamner ces étymologies populaires ou pseudo-savantes qui ont le mérite de rappeler une ancienne réalité miniÚre.

Fusion du bismuth pour la gravure.

Le bismuth est évoqué abondamment dans les écrits du pseudo-moine bénédictin Basilius Valentinus du milieu du XVe siÚcle, dont on suppose aujourd'hui qu'il est le pseudonyme et le faire-valoir de l'éditeur allemand Johann Thölde vivant au début du XVIIe siÚcle. Trop associée aux arcanes d'une alchimie symbolique, cette matiÚre rare n'est véritablement connue que des hommes de l'art minier ou familier des techniques métallurgiques. En témoigne la diversité de ces appellations synonymes plomb cendré ou « plumbum cinearum » en latin, antimoine blanc, étain de glace ou étain gris, glaure, weisse matte, vrai démorgon, nymphe.

Selon Henri Lammens, l'arabe peut offrir comme Ă©tymologie ŰŁÙŰ«Ù…ÙŰŻ (othmod) / Ű„ÙŰ«Ù…ÙŰŻ (ithmid) qui signifie proprement antimoine[65].

Ses véritables promoteurs dans la science du siÚcle des LumiÚres restent les chimistes Jean Hellot, Claude François Geoffroy, Johann Heinrich Pott, Carl Wilhelm Scheele et Torbern Olof Bergman[66].

Dans les milieux autres que miniers ou techniques, de potier d'Ă©tain ou d'(al)chimistes, le bismuth a pu ĂȘtre parfois confondu avec l'antimoine, le plomb, le zinc ou d'autres mĂ©taux lourds. Mais c'est une facilitĂ© que les classificateurs scientifiques du siĂšcle des LumiĂšres ont empruntĂ©e pour mieux glorifier leurs Ă©tudes sĂ©rieuses.

Rappelons que le tain est Ă  l'origine un alliage de plomb, d’étain et de bismuth rĂ©duit en feuille sur une surface miroir.

En 1830 la Saxe miniÚre initie la premiÚre production industrielle de bismuth. Vers 1901, le débismuthage de plomb doux dans l'industrie commence à livrer une grande quantité de bismuth en sous-produit. L'essor des alliages contenant du bismuth est nette dÚs l'entre-deux-guerres et se poursuit dans les années 1950.

En 1953, la consommation mĂ©dicamenteuse de bismuth en thĂ©rapeutique dĂ©passe 150 tonnes par an. Les constats sanitaires nĂ©fastes dĂ©terminent les mesures tardives du ministĂšre de la santĂ© en 1974, opĂ©rant nĂ©anmoins un efficace recul du bismuth en pharmacie, Ă  moins de 10 tonnes en 1979.

Mais, paradoxalement, l'emploi de composés du bismuth comme retardateur de flamme dans l'industrie plastique ou comme pigment dense dopent l'essor industriel du bismuth. La mise au point de munitions, en particulier de balles sophistiqués en bismuth, permet de réduire l'emploi du plomb trop polluant.

Notes et références

Notes

  1. La période radioactive du bismuth 209 est trop élevée pour que de réelles précautions soient nécessaires.
  2. Il le reste non en théorie mais en pratique (Cf. paragraphe sur ses isotopes ci-dessous).
  3. Pour les rares usages qui lui restent en pharmacie et en médecine dans les pays à organisations sanitaires correctes, la pureté est un véritable impératif.
  4. Une valeur fréquente dans la littérature est 9,807.
  5. Il est fait exception du mercure métal liquide pour la conductibilité thermique. D'une maniÚre générale, tous les corps simples des éléments lourds tendent vers un état plus ou moins métallique.
  6. Le bismuth fondu coulé dans un tube en verre en détermine la rupture au moment de son changement d'état à température constante appelé solidification.
  7. Cela signifie que le corps simple métal n'est pas facilement magnétisable, qu'il résiste à subir une magnétisation et qu'il est repoussé par un champ magnétique.
  8. Une simple dĂ©composition Ă  la chaleur du nitrate donne le sesquioxyde de bismuth, correspondant au minĂ©ral naturel bismite, qui attaque les creusets plus fortement que l'oxyde de plomb ou litharge. Par voie humide, une poudre blanche d'oxyde de bismuth hydratĂ© peut ĂȘtre obtenue par chauffage Ă  Ă©bullition prolongĂ©e d'un mĂ©lange aqueux de (sous-)nitrate de bismuth avec un excĂšs d'hydroxyde de potassium. Le trioxyde de bismuth, pivot de la purification pour Ă©liminer les traces de plomb, peut ĂȘtre rĂ©duit par le carbone. Notons que cette rĂ©action de transformation des sous-nitrates en oxydes est connue de maniĂšre sĂ©culaire car le mĂ©langes des deux sous-nitrates permettait de fabriquer le blanc de fard.
  9. Bi3+ existe en solution trÚs acide, par exemple en présence d'acide chlorhydrique HCl 1M à concentration molaire.
  10. . Cette répartition d'usage est toutefois contestée : le principal utilisateur, largement majoritaire, serait le champ ou continuum chimie industrielle - chimie des matériaux verriers ou céramiques élaborés - agrochimie - pharmacie - chimie de spécialités, laissant un peu plus d'un quart de bismuth purifié entrant dans la composition d'alliages et moins de 10 % comme additif métallurgique par exemple dans les aciers.
  11. Hors des unités de production, il ne semble pas organisé.

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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