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Basile Valentin

Sous le nom de Basile Valentin (en latin Basilius Valentinus), présenté comme un moine bénédictin du XVe siècle, parurent au début du XVIIe siècle un certain nombre de traités alchimiques qui connurent un grand succès.

Basile Valentin
Basilius Valentinus (1717)
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Doutes sur le personnage historique

L'existence historique de Basil Valentin n'est pas certaine. Supposé être un alchimiste du XVe siècle, peut-être chanoine du couvent bénédictin Saint-Pierre d'Erfurt, en Allemagne, c'est probablement un pseudonyme utilisé par un ou plusieurs auteurs allemands du XVIe siècle.

Selon John Maxson Stillman, qui a écrit sur l'histoire de la chimie, il n'y a aucune trace d'un tel nom dans les écrits en Allemagne ou à Rome et aucune mention de ce nom avant 1600[1]. Son histoire putative, comme son portrait imaginaire, semble être de création plus récente que les écrits eux-mêmes.

Au cours du XVIIIe siècle, il a été suggéré que l'auteur des ouvrages attribués à Basil Valentine était Johann Thölde, un producteur de sel en Allemagne qui a vécu environ de 1565 à 1624[1] - [2]. La recherche moderne suggère maintenant qu'un des auteurs était bien Thölde, mais que d'autres ont pu y participer. Thölde publia ses cinq premiers livres sous le nom de Valentine[3].

Johann Thölde

Johann Thölde (1565-1624) fit ses études à Erfurt et à Iéna de 1580 à 1583. La bibliothèque de l’université de Cassel possède le manuscrit d'un texte alchimique, daté du 18 mai 1594 (Kassel, Universitäts Bibliothek, Ms. chem. 97), dédié au prince Maurice de Hesse-Cassel. Ce texte est très proche du Triumphwagen des Antimonii (Le char triomphal de l'antimoine), publié par Thölde sous le nom de Basile Valentin en 1604. Une copie signée de Thölde en tant qu'auteur en a été trouvée par Karl Sudhoff, l'éditeur des textes de Paracelse. Thölde fut inspecteur des mines de Cronach, il était adepte de Paracelse.

Travaux scientifiques

Qui qu'il soit, Basil Valentine avait des connaissances chimiques considérables. Il a montré que l'ammoniac pouvait être obtenu par l'action des alcalis sur le chlorure d'ammonium, décrit la production d'acide chlorhydrique par acidification de saumure de sel ordinaire chlorure de sodium, et créé l'huile de vitriol acide sulfurique, entre autres travaux[4].

Ĺ’uvres du Pseudo-Basile Valentin

III. CLAVIS, le troisième clef (gravure de Matthäus Merian)
  • Les Douze Clefs de philosophie, de frère Basile Valentin. En 1600 paraĂ®t en allemand, dans le traitĂ© III de l' Aureum Vellus: Alter und Newer Ubriger Philosophischer Schrifften und BĂĽcher… von der warhafftigen Composition Lapidis Philosophorum geschrieben… Sonderlichen Fratris Basilij Valentini, sampt dessen 12. SchlĂĽsseln[5]. En latin Practica, una cum duodecim clavibus ex germanico dans le Tripus Aureus (1618) de Michael Maier. En vieux français dans le texte Les Douze clefs de philosophie de Frère Basile Valentin : traictant de la vraye medecine metalique, plus l’azoth ou le moyen de faire l’or cachĂ© des philosophes (1659-1660). L'auteur s'appuie sur l'art alchimique selon Paracelse et sa thĂ©orie des trois principes (soufre, mercure, sel). Michael Maier ajouta en 1618 des gravures aussi belles qu'Ă©nigmatiques[6] - [7].
  • Le Char triomphal de l'antimoine. En 1604 paraĂ®t Ă  Leipzig Triumph Wagen Antimonii[8]. L'auteur affirme, contre les partisans de Galien, les vertus thĂ©rapeutiques du trisulfure d'antimoine[9] - [10].
  • Azoth, ou le Moyen de faire l'or cachĂ© des philosophes, de frère Basile Valentin (1624). Le nom AZOTH figure dĂ©jĂ  chez Paracelse. Pernety, dans son Dictionnaire mytho-hermĂ©tique, dĂ©clare : "Azoth est le nom que les philosophes hermĂ©tiques ont donnĂ© plus communĂ©ment Ă  leur mercure... Le terme azoth contient la première et la dernière lettre des trois langues matrices : l'aleph et le thau des HĂ©breux, l'alpha et l'omĂ©ga des Grecs, l'A et le Z des Latins" [11].
  • Le Dernier Testament (1651). Dans cet ouvrage, Basile Valentin dĂ©crit, assez mystĂ©rieusement, le vitriol. "Le Vitriol est un notable et important minĂ©ral auquel nul autre, dans la nature, ne saurait ĂŞtre comparĂ©, et cela parce que le Vitriol se familiarise avec tous les mĂ©taux plus que toutes les autres choses ; il leur est très prochainement alliĂ©, puisque, de tous les mĂ©taux, l’on peut faire un vitriol ou cristal ; car le vitriol et le cristal ne sont reconnus que pour une seule et mĂŞme chose...…Car, bien que tous les mĂ©taux et minĂ©raux soient douĂ©s de grandes vertus, celui-ci nĂ©anmoins, savoir le Vitriol, est seul suffisant pour en tirer et faire la bĂ©nite pierre, ce que nul autre au monde ne pourrait accomplir seul Ă  son imitation"[12]. En 1581, GĂ©rard Dorn (Congeries Paracelsicae chemiae de transmutationibus metallorum, Francfort, 1581, p. 144) avait expliquĂ© le mot VITRIOL comme un acronyme, un sigle : VITRIOL = Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem ("Visite l'IntĂ©rieur de la Terre et en Rectifiant tu trouveras la pierre cachĂ©e"). VITRIOL n'est, probablement volontairement, pas Ă  confondre avec le "vitriol" qui est le nom commun de l’acide sulfurique : le vitriol blanc est le sulfate de zinc, le vitriol bleu le sulfate de cuivre, le vitriol vert le sulfate de fer.
  • RĂ©vĂ©lations des mystères des teintures des sept mĂ©taux (1646), ou RĂ©vĂ©lation et DĂ©claration concernant les plus curieux mystères des teintures essentielles des sept mĂ©taux et les vertus mĂ©dicales d'icelles[13]. Explication des Douze clefs de la philosophie.
  • TraitĂ© chymico-philosophique des choses naturelles et surnaturelles des mĂ©taux et minĂ©raux (1679)[14] - [15].

Bibliographie

Ĺ’uvres

  • Azoth, ou le Moyen de faire l'or cachĂ© des philosophes, de frère Basile Valentin (1624) Éditions maçonniques, 2008, 164 p.
  • Le Char triomphal de l'antimoine (1604), trad. F. Sauvin (1646), Retz, 1977, 254 p[16].
  • Le Dernier Testament (1626), trad., Paris, Retz, 1978, 320 p. ; Castelli, MontĂ©limar, 2008, 330 p[17] livre III[18].
  • Les Douze Clefs de la philosophie (1600), trad. Eugène Canseliet, Paris, Éditions de Minuit, 1956, 264 p.
  • RĂ©vĂ©lations des mystères des teintures des sept mĂ©taux (1646), Ă©d. par Pierre Savoret, Omnium littĂ©raire, 1976.

Études

  • H. G. Lenz, Johann Thölde, Paracelsist und Chymikus Und seine Beziehungen zu Landgraf Moritz von Hessen-Kassel, (1981) thèse de l'UniversitĂ© de Marbourg.
  • Claus Priesner, Johann Thoelde und die Schriften des Basilius Valentinus, in Die Alchemie in der europäischen Kultur- und Wissenschaftsgeschichte, hrsg. Christoph Meinel; WolfenbĂĽtteler Forschungen Band 32 ; 1986
  • S. Matton, introduction Ă  Le char triomphal de l'antimoine, Retz, 1977, p. 13-63.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. John Maxson Stillman, « Basil Valentine, a Seventeenth Century Hoax (Basil Valentin un canular du XVIIe siècle) », Popular Science Monthly,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Joseph William Mellor, A Comprehensive Treatise on Inorganic and Theoretical Chemistry, London, New York, Longmans, Green and Co., (lire en ligne), p. 53
  3. Lawrence M. Principe, The Secrets of Alchemy, Chicago and London, The University of Chicago Press, (lire en ligne)
  4. N. C. Datta, The Story of Chemistry, Hyderabad, Universities Press, (lire en ligne), p. 56
  5. (de) Aurum Vellus ..., Sächsische Landesbibliothek – Staats- und Universitätsbibliothek Dresden (SLUB)
  6. « "Les douze clefs de la philosophie" attribuées à Frère Basile Valentin »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  7. « Les douze clefs de philosophie de frère Basile Valentin,... traictant de la vraye médecine métalique ; Plus l'Azoth ou le moyen de faire l'or caché des philosophes / trad. françoise (par David Lagneau) » Accès libre, sur Gallica, 1659-1660 (consulté le ).
  8. Triumph Wagen Antimoniifratris Basilii Valentini ; allen, so den Grund suchen der uhralten Medicin, auch zu der hermetischen Philosophy beliebnis tragen, zu gut publiciret, und an Tag geben durch Johann Tholden, Hessum. ; mit einer Vorrede Doctoris Joachimi Tanckii Leipzig : In Verlegung Jacob Apels, 1604. Il contient plusieurs traités : "Folgende Tractatlein senn in diesem Buche begriffen: 1. Triumph Wagen Antimonii, Fratris Basilii Valentini. 2. Von der Tinctur oder Oleo Stibii, Rogeri Baconis Angli. 3. Von den Particular und Universal Tincturen. 4. Vom Stein der Weisen ; Theorica unnd Practica Georgii Phaedronis Rodocheri. 5. Der uhralter Ritterkrieg. 6. Opus Saturni Isaaci Hollandi. 7. Philosophisch Betrachtung, von der materia Lapidis und seiner Bereitung. 8. De occulta philosophia chemicorum."
  9. http://herve.delboy.perso.sfr.fr/char.htm
  10. « Le Char Triomphal de L'antimoine, Basile valentin », sur librairiedumerveilleux.org (consulté le ).
  11. http://bnam.fr/IMG/pdf/azoth.pdf
  12. « LE DERNIER TESTAMENT Basile Valentin », sur librairiedumerveilleux.org (consulté le ).
  13. http://bnam.fr/spip.php?article237
  14. http://herve.delboy.perso.sfr.fr/choses_nat_supernat.html
  15. http://bnam.fr/spip.php?article239
  16. Basile Valentin, Le char triomphal de l'Antimoine, , 159 p. (ISBN 978-2-910677-40-4, lire en ligne).
  17. « carbanzo.com/Alchemy/Biblio.ht… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  18. « carbanzo.com/Alchemy/textes/BV… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
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