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Niobium

Le niobium est l'élément chimique de numéro atomique 41, de symbole Nb. Le corps simple est un métal de transition gris, rare, relativement mou et ductile.

Niobium
Image illustrative de l’article Niobium
Niobium cristallisé et cube anodisé.
Position dans le tableau périodique
Symbole Nb
Nom Niobium
Numéro atomique 41
Groupe 5
Période 5e période
Bloc Bloc d
Famille d'éléments Métal de transition
Configuration Ă©lectronique [Kr] 4d4 5s1
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 12, 1
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 92,906 37 ± 0,000 02 u[1]
Rayon atomique (calc) 145 pm (198 pm)
Rayon de covalence 164 ± 6 pm[2]
État d’oxydation 5, 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,6
Oxyde Acide faible
Énergies d’ionisation[3]
1re : 6,758 85 eV 2e : 14,0 eV
3e : 25,04 eV 4e : 38,3 eV
5e : 50,55 eV 6e : 102,057 eV
7e : 125 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
91Nb{syn.}680 aΔ1,25391Zr
92Nb{syn.}34,7 MaÎČ-
—-—-
Δ
0,356
—-—-
2,006
92Mo
—-—-
92Zr
93Nb100 %stable avec 52 neutrons
94Nb{syn.}20 300 aÎČ-
Îł 702 et 871 keV
2,04594Mo
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 8,57 g·cm-3 (20 °C)[1]
SystÚme cristallin Cubique centré
Dureté (Mohs) 6
Couleur Gris métallique
Point de fusion 2 477 °C[1]
Point d’ébullition 4 744 °C[1]
Énergie de fusion 26,4 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 696,6 kJ·mol-1
Volume molaire 14,02×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 0,075 5 Pa Ă  2 467,85 °C
Vitesse du son 3 480 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 265 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 6,93×106 S·m-1
Conductivité thermique 53,7 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans HF + HNO3[4]
Divers
No CAS 7440-03-1
No ECHA 100.028.284
No CE 231-113-5
Précautions
SGH[5]
SGH02 : Inflammable
Danger
H250, P222, P231 et P422

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Généralités, découverte du corps simple et de l'élément

Le niobium, ce deuxiÚme élément du groupe 5 et cinquiÚme de la période 5 du bloc d appartient à la famille des métaux de transition. Sa configuration électronique est [Kr] 5s1 4d4 par ordre de niveau d'énergie croissant[6]. Il s'agit de l'élément monoisotopique 41, au sens qu'il n'existe qu'une seule variété isotopique naturelle stable. Son électronégativité avoisine 1,6.

Par son point de fusion et sa densité modérée, le métal Nb se rapproche du molybdÚne.

Le groupe V B, comporte respectivement le vanadium V23, le niobium Nb41 et le tantale Ta73. Les points de fusion et d'ébullition des corps simples de ce groupe sont élevées, les enthalpies de vaporisation importantes. Le vanadium diffÚre sensiblement du niobium et du tantale, le premier a un rayon atomique de l'ordre de 0,122 nm alors que les deux autres présentent un rayon atomique similaire, de l'ordre de 0,134 nm, du fait de la contraction des lanthanides. Ainsi les composés pentavalents Nb(V) et plus encore Ta(V) sont stables, comme les « terres acides » Nb2O5 ou Ta2O5, corps acido-basiques ou oxydes amphotÚres, alors les composés pentavalents de vanadium V(V) sont nettement oxydants. Le métal vanadium V0 est bien plus réactif que Nb0 et surtout Ta0, relativement inerte.

Le niobium appartient au groupe des cinq mĂ©taux rĂ©fractaires au sens oĂč leur point de fusion est supĂ©rieur Ă  celui du platine. Les quatre autres corps simples sont le tantale Ta, le tungstĂšne W, le molybdĂšne Mo et le rhĂ©nium Re.

Le niobium et le tantale se trouvent souvent ensemble dans la nature. Les deux corps simples sont difficiles à isoler et à séparer à l'état pur.

Une découverte à rebond au XIXe siÚcle

La premiĂšre esquisse de chimie du niobium a Ă©tĂ© dĂ©couverte et publiĂ©e en 1801 par le minĂ©ralogiste et chimiste anglais Charles Hatchett. Il rĂ©alise une mĂ©ticuleuse Ă©tude chimique d'un lot de minĂ©ral orthorhombique columbite ou pentoxyde de niobium, de formule Nb2O5, dont l'auteur de l'Ă©tude connaissait l'origine amĂ©ricaine illustrĂ©e par la mention « Columbia », dĂ©dicace au marin dĂ©couvreur de l'AmĂ©rique, et le nom indien difficilement localisable de ce dĂ©pĂŽt originaire de la Nouvelle-Angleterre en 1753 dans les collections d'histoire naturelle du musĂ©e britannique[7]. Les Ă©chantillons au beau lustre noirĂątre Ă©tudiĂ©s, en rĂ©alitĂ© Ă  base de ferro-columbite, provenaient de la collection personnelle du gouverneur du Connecticut, John Winthrop (1606-1676). Ils avaient Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s sur le lieu-dit « Nautneague », aujourd'hui Ă  Haddam, dans le Connecticut et gardĂ©s dans la collection minĂ©ralogique de la famille. Le petit-fils, Ă©galement nommĂ© John Winthrop (1681–1747) les confie Ă  Hans Sloane, naturaliste Ă©cossais et mĂ©cĂšne du British Museum de Londres[8].

Columbite de Madagascar.

Hatchett, qui travaille de façon précaire dans cette institution muséographique, caractérise la singularité de l'oxyde et baptise l'élément associé « columbium » en latin ou « colombium » en français.

La concurrence dans la chasse aux Ă©lĂ©ments fait rage. En 1802, Anders Gustaf Ekeberg Ă©tudie un minĂ©ral voisin, la tantalite, et obtient l'oxyde de tantale. Il postule aussi l'existence d'un nouvel Ă©lĂ©ment, le tantale. Un dĂ©bat houleux s'engage sur ces deux apports, et pousse le chimiste Hatchett Ă  montrer les diffĂ©rences entre oxyde de colombium et oxyde de tantale. L'apport perspicace de Hatchett, chercheur cependant isolĂ©, est jugĂ© trop rapidement par certains contradicteurs. Une Ă©tude prudente postule une confusion apparente avec le tantale caractĂ©risĂ© en 1802. Le dĂ©bat se poursuit entre les chimistes de la Royal Society, jusqu'Ă  ce que la qualitĂ© des oxydes soit vĂ©rifiĂ©e et Ă©tablie en 1809 par Wollaston. Cet ancien mĂ©decin, qui se consacre avec succĂšs Ă  la recherche depuis 1800, s'appuie fallacieusement sur une dĂ©marche de propriĂ©tĂ©s analogues des deux oxydes, et conclut Ă  l'identitĂ© des Ă©lĂ©ments sous-jacents. Il rejette alors les travaux d'Hatchett. De plus ce dernier est en proie aussi au doute et avoue avec sincĂ©ritĂ© qu'aprĂšs vĂ©rification, ses prĂ©parations initiales ne peuvent pas ĂȘtre parfaitement purifiĂ©es, du fait d'une vĂ©ritable difficultĂ© de sĂ©paration. Le prestige Ă  la fois de Wollaston et de la chimie suĂ©doise fait le reste, et assure en Europe une victoire fallacieuse.

Il faut signaler que les propriétés chimiques du niobium sont presque identiques à celles du tantale[9]. Berzélius aurait quelque temps noté Cb cet élément. Entretemps, Charles Hatchett a changé de métier. L'ancien chimiste avait rejoint l'industrie mécanique des transports, à la fois plus lucrative et valorisante, en travaillant dans l'entreprise de charronnerie et de carrosserie de son frÚre John Hatchett.

En 1844, le minéralogiste et chimiste allemand et prussien Heinrich Rose considÚre le jugement de Wollaston bien trop catégorique[10]. Il reprend les travaux et affirme en 1845 avoir isolé un métal inconnu de la tantalite, minéral extrait en BaviÚre, il le nomme « das Pelopium ». Mais les contestations et les difficultés s'accumulent sur ce premier résultat, reconnu pourtant assez vite dans l'Europe savante, et finalement, aprÚs avoir prouvé qu'il s'agit d'un mixte, il isole en 1846 et le tantale, das Tantalum déjà connu, et le vieux « columbium » tant décrié et en réalité presque partout oublié, qu'il décide de renommer « das Niobium », pour ne pas ressusciter une stérile polémique. Le nouveau nom choisi dérive de Niobé, l'orgueilleuse fille de Tantale qui devint la pùle inspiratrice païenne des mÚres pleureuses. Ce choix est dû au fait que le tantale était fréquemment en mélange avec le niobium[11].

Mais l'antagonisme Ta/Cb, pour nombre de chimistes europĂ©ens, avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ© par les analyses soi-disant pertinentes du chimiste anglais Wollaston. Ainsi, la seconde partie du travail de Heinrich Rose demeure nettement moins connue, car nombre de chimistes europĂ©ens ne contestent plus le prestige du chimiste anglais Wollaston. Ainsi, le chimiste français Henri Victor Regnault distingue encore, dans sa prĂ©sentation des mĂ©taux ayant une « affinitĂ© faible avec l'oxygĂšne Ă  tempĂ©rature ordinaire » de son ouvrage ÉlĂ©ments de Chimie, le tantale assimilĂ© au colombium - selon la tradition de Wollaston - et le pelopium.

Ainsi, entre l'année 1844 et 1846, l'élément Cb a été redécouvert et dénommé niobium, mais apparemment la prime découverte est le plus souvent passée sous silence et la précédente nomenclature oubliée[12].

Il faut une réponse de la chimie suédoise aux travaux de Rose. Une préparation réalisée en 1866 par Christian Wilhelm Blomstrand rappelle la difficulté de séparation. Le produit obtenu, l'oxyde de niobium, est jugé par son auteur relativement impur, mais il reconnaßt que l'opération de séparation est significative pour confirmer les derniers résultats de Rose, et disqualifier la position de Wollaston. Il poursuit ses études en mettant au point un procédé de réduction classique approprié au laboratoire, réduisant le chlorure de niobium en le chauffant dans une atmosphÚre balayée par le gaz hydrogÚne, pour obtenir le métal niobium[13].

L'édition du Larousse de 1868 mentionne les travaux de Rose, et accepte le « niobium » en français.

Il faut attendre 1907 pour que le niobium pur soit obtenu facilement et garanti de bonne pureté par le chimiste allemand Werner von Bolton (en). Mais dÚs 1905 ce métal avait trouvé un débouché pour les filaments d'ampoules électriques utilisés avant 1911[14]. Il sert aussi déjà d'« élément renforçateur », en particulier dans les aciers spéciaux. Toutefois, c'est surtout au cours de l'entre-deux guerres que la mutation technique se généralise, il remplace d'abord le tungstÚne dans les aciers à outils, puis il est utilisé comme additif anti-déchirure et anti-corrosion, notamment dans les aciers inoxydables.

Il faut attendre l'aprÚs-guerre en 1946 pour voir naßtre une métallurgie industrielle du niobium.

Les États-Unis, Ă  l'instar des pays anglo-saxons, ont longtemps utilisĂ© le nom « colombium » (symbole Cb), il est encore frĂ©quent dans les appellations industrielles. Bien que « niobium » soit le nom officiel, on trouve encore « colombium » dans diverses publications[alpha 1]. Rappelons qu'en 1950, l'Union internationale de chimie pure et appliquĂ©e tranche en adoptant la dĂ©nomination niobium Nb, proposant une parentĂ© chimique plus explicite entre Nb et Ta. Ce qui n'empĂȘche pas la plupart des techniciens, industriels et savants amĂ©ricains, conservateurs, de garder la dĂ©nomination de columbium.

Lexique

L'adjectif niobique caractérise certains composés du niobium, comme l'oxyde anhydre légÚrement acide, ou pentaoxyde de niobium, obtenu par action du gaz oxygÚne sur le niobium. Les ions correspondants sont les niobates.

Le mot niobite désigne aussi le minéral colombite, le plus souvent un niobotantalate de fer et de manganÚse.

MatiÚre minérale critique ?

L'intĂ©rĂȘt technique et industriel du niobium en ferait l'une des matiĂšres premiĂšres stratĂ©giques et en particulier parmi les huit considĂ©rĂ©es comme indispensables en temps de guerre comme en temps de paix[alpha 2].

Isotopes

Le niobium possĂšde 33 isotopes connus, de nombre de masse variant entre 81 et 113, et 24 isomĂšres nuclĂ©aires. Parmi ces isotopes, un seul est stable, 93Nb, et constitue l'intĂ©gralitĂ© du niobium naturellement prĂ©sent, faisant du niobium un Ă©lĂ©ment monoisotopique ainsi qu'un Ă©lĂ©ment mononuclĂ©idique. Sa masse atomique standard est donc la masse isotopique de 93Nb, soit 92,906 38(2) u.

Occurrences de l'élément, extraction miniÚre et purification

Niobophyllite, un inosilicate à teneur non négligeable en oxyde ou oxyfluorure de Nb[17]

Le clarke s'élÚve entre 18 g et 24 g par tonne selon les estimations[18]. Il s'agit d'un élément assez moyennement abondant ou relativement rare, si on prend en compte que les gisements sont souvent, comme ceux du tantale, à concentration faible.

La Loparite-(Ce) est un minéral des pegmatites et syénites, ou autres roches à néphéline. Signalons la lueshite.

Il ne se trouve plus qu'à l'état de traces dans la pérovskite.

OctaĂšdres bruns de pyrochlore de l'Oural

Mais ce niobium est communément associé au tantale Ta, par exemple dans la samarskite, la fergusonite, la tantalite, l'yttrio-tantalite. Mais les minerais de Nb sont surtout ces minéraux oxydes typiques des pegmatites granitiques, dits colombites (Fe,Mn)O. Nb2O5, en réalité variétés de niobates de fer et de manganÚse (Fe,Mn). [NbO3]2 ou les colombo-tantalites (Fe,Mn).(Nb,Ta)2O6 ou encore des niobates de calcium à structure complexe, comme les pyrochlores (Na,Ca)O.(Nb,Ta)2O5(F,OH) ou encore euxénites, de formule générique (Y,Ca,Ce,U,Th). [(Nb,Ta,Ti)O3]2[19]. L'altération des pegmatites libÚrent ces composés qui peuvent se concentrer dans des alluvions, des latérites ou des bauxites.

Parmi ces minerais, les plus exploitĂ©s sont aujourd'hui ceux Ă  base de pyrochlore (Ca,Na)Nb2O6(OH,F), ils fournissent Ă  l'industrie la majeure partie du niobium produit, car le coltan Ă  base de colombite-tantalite convient Ă  l'extraction du tantale, laissant tout de mĂȘme comme sous-produit le niobium. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la filiĂšre tantalite et columbite Ă©tait encore la plus importante, laissant une production annuelle de l'ordre de 3,5 millions de tonnes.

Le principal pays producteur de niobium est le Brésil, à 80 % de la production mondiale, tandis qu'une seule mine située à Saint-Honoré, au Québec, Canada, compte pour 15 % de la production mondiale. Mais il reste le bouclier orogÚne du Nouveau-Québec.

On trouve aussi du niobium dans le Nord-Kivu en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo[20], mais aussi au Gabon, en Chine dans le Jiangxi et en Russie, par exemple dans l'oblast d'Irkoutsk ou de Mourmansk, en pĂ©ninsule de Kola dans le massif du Lovozero. Le niobium est produit aussi en Australie et au Nigeria, en Inde et en Afrique du Sud. Il est extrait aussi au Malawi et au Gabon. On peut aussi l'extraire des scories des mines d’étain de Malaisie, oĂč il est Ă  l'Ă©tat d'impuretĂ©s.

Madagascar devient producteur en 2008. Par ailleurs, il existe de grandes quantités de niobium en Afghanistan mais la faiblesse des infrastructures dans ce pays rend son exploitation trÚs difficile[21].

Propriétés physiques et chimiques du corps simple métal, préparations

Le niobium est un mĂ©tal gris brillant, gris acier Ă  gris blanc, avec un rĂ©seau cristallin de maille cubique centrĂ© de paramĂštre a = 3,298 6 Ă… et de groupe d'espace isomĂ©trique Im3m. Sa densitĂ© avoisine 8,57. Il prend une couleur lĂ©gĂšrement bleutĂ©e ou mieux un Ă©clat bleutĂ©, parfois verte ou jaune, lorsqu'il est exposĂ© Ă  l'air Ă  tempĂ©rature ambiante pendant une longue pĂ©riode. En rĂ©alitĂ©, il se couvre d'une couche protectrice anti-corrosion Ă  la fois fine et dense, Ă  base d'oxyde de niobium. Cette couche peut ĂȘtre tenace et rĂ©fractaire, rĂ©sistante aux produits chimiques. Ce mĂ©tal assez mallĂ©able est relativement dur, soit 6 sur l'Ă©chelle de Mohs[22]. Sa duretĂ© Vickers avoisine 870–1 320 MPa suivant les qualitĂ©s (prĂ©sences d'impuretĂ©s). Il peut se forger.

Le mĂ©tal est tendre et ductile. L'allongement Ă  la rupture dĂ©passe 20 % Ă  tempĂ©rature ambiante. Il n'est pas facilement dĂ©formable Ă  chaud, le fluage est trĂšs faible sous l'effet de la chaleur. Cette propriĂ©tĂ© s'explique par la nature des joints de grains, elle contribue Ă  son emploi dans les alliages. Sa chaleur spĂ©cifique est de l'ordre de 0,265 J g−1 K−1).

Niobium

La conductivitĂ© Ă©lectrique est 10 % IACS, c'est-Ă -dire le dixiĂšme de celle du cuivre pur. Ce mĂ©tal paramagnĂ©tique est supraconducteur Ă  des tempĂ©ratures infĂ©rieures Ă  −253,15 °C avec des dopants, mais pur seulement Ă  des tempĂ©ratures infĂ©rieures Ă  −263,95 °C. La conductivitĂ© thermique de l'ordre de 52 W m−1 K−1) est similaire Ă  celle du tantale, mais plus basse que celle du tungstĂšne.

Le métal en masse est passif. Il n'est véritablement réactif qu'à l'état finement divisé. En poudre fine et fraßche, le niobium peut s'enflammer spontanément. Il brûle à l'air en donnant l'anhydride niobique Nb2O5.

Le mĂ©tal en masse peut ĂȘtre rĂ©actif au-dessus d'une tempĂ©rature de 200 °C, c'est-Ă -dire par exemple il s'oxyde rapidement Ă  l'air car la couche d'oxyde n'est plus protectrice. Ainsi, hors atmosphĂšre inerte, le mĂ©tal travaillĂ© avec des machines-outils, peut prendre feu. La mĂ©tallurgie du niobium est trĂšs complexe, Ă  l'instar de celle du tantale.

Mais ce mĂ©tal a une faible pression de vapeur, il a un module d'Ă©lasticitĂ© Ă©levĂ©, de 104 GPa Ă  20 °C jusqu'Ă  50 GPa Ă  1 800 °C, il a une grande stabilitĂ© thermique du fait de son faible coefficient de dilatation thermique, par exemple de l'ordre de 7,1 Ă— 10−6 K−1 Ă  20 °C. Ce sont des propriĂ©tĂ©s typiquement de corps rĂ©fractaires, confirmĂ©es par sa tempĂ©rature de fusion en milieu protĂ©gĂ© qui s'Ă©lĂšve Ă  2 477 °C[23].

Cylindre plein de niobium

Le thermocouple W-Nb permet pratiquement des mesures de tempĂ©ratures jusqu'Ă  2 000 °C.

Le mĂ©tal peut ĂȘtre trĂšs rĂ©sistant Ă  la corrosion par les mĂ©taux alcalins Ă  tempĂ©ratures Ă©levĂ©es.

La plage liquide est importante. Le mĂ©tal pur bout Ă  4 744 °C.

D'un point de vue chimique, le niobium a une grande capacitĂ© Ă  fixer le gaz dihydrogĂšne. À tempĂ©rature ambiante, le niobium de bonne surface spĂ©cifique peut fixer 100 ml/g. Vers 900 °C, la rĂ©tention reste encore importante, de l'ordre de ml/g. Il forme des hydrures de niobium non-stƓchiomĂ©triques, analogue Ă  des alliages fragiles, du type NbH0,86. La quantitĂ© d'hydrogĂšne absorbĂ©e, c'est-Ă -dire piĂ©gĂ© dans le rĂ©seau mĂ©tallique dilatĂ©, est fonction des paramĂštres tempĂ©rature et pression[24].

Pour éliminer les traces d'hydrogÚne du métal niobium, il faut chauffer au moins à 800 °C sous vide.

Il forme aussi des solutions solides avec le carbone, l'oxygĂšne et l'azote Ă  diffĂ©rentes tempĂ©ratures. À hautes tempĂ©ratures, l'opĂ©rateur obtient des nitrures interstitiels NbN. Les composĂ©s carbonĂ©s du type NbC sont aussi des corps Ă  structure interstitielle, trĂšs durs et rĂ©fractaires, utilisĂ© comme outil de coupe, alors que les corps composĂ©s NbC2 possĂšdent un caractĂšre ionique, rĂ©agissant avec l'eau pour libĂ©rer de l'acĂ©tylĂšne C2H2.

Le mĂ©tal est insoluble dans l'eau chaude. Il est insoluble dans les bases faibles et les solutions d'ammoniaque. Il est rongĂ© par la soude caustique et la potasse caustique, mĂȘme diluĂ©es.

Il est insoluble à température ambiante dans les acides forts, comme l'acide chlorhydrique, l'acide nitrique et l'eau régale à froid. Il est attaqué par l'acide sulfurique concentré, l'acide oxalique, l'acide fluorhydrique HF et le difluor F2. Le niobium forme des complexes avec les ions fluorures[25]. Il est aussi attaqué par les acides forts concentrés, à chaud ou à ébullition, d'autant plus rapidement que ceux-ci sont oxydants.

Bille de niobium, revĂȘtue d'une couche d'oxyde de niobium

Il est soluble dans les corps alcalins fondus à chaud, comme la soude caustique ou la potasse fondues, laissant des ions niobates. Il résiste aussi aux métaux en fusion, tels que les corps simples argent Ag, bismuth Bi, cadmium Cd, césium Cs, cuivre Cu, gallium Ga, mercure Hg, potassium K, lithium Li, magnésium Mg, sodium Na et plomb Pb. Mais sa structure cristalline est affectée par les liquides métallique à base d'aluminium Al, de cobalt Co, d'étain Sn, de nickel Ni, de zinc Zn et de béryllium Be.

S'il réagit facilement avec le gaz fluor à température ambiante, il réagit au-delà de 150 °C avec les corps simples halogÚnes chlore, brome, iode, comme avec le soufre et le phosphore, et avec les corps composés, comme la vapeur d'eau.

Le niobium est un matériau réfractaire sensible chimiquement, notamment à l'oxydation et à l'oxygÚne. Aux hautes températures de fonctionnement, il peut réagir avec les oxydes et graphites réfractaires des fours, ou à moins diminuer leurs résistances en dépit de gaz protecteur ou raréfié. Il réagit aussi avec les composants à base de nitrure de bore hexagonal et de nitrure de silicium.

Préparations

L'hydrure de calcium peut ĂȘtre employĂ© comme rĂ©ducteur :

NbO2 oxyde de Nb(IV) + 2 CaH2 Hydrure de calcium → Nbpoudre mĂ©tallique + 2 CaOchaux vive + 2 H2 gaz hydrogĂšne

Dans l'industrie de la filiÚre columbite, les minerais sont concentrés jusqu'à 70 % en pentaoxydes de niobium et de tantale, ces concentrés sont dissous dans différents solvants, comme l'acide fluorhydrique et l'acide sulfurique, ce qui permet de séparer ensuite les fluorures de tantale et de niobium. Le fluorure de niobium est ensuite oxydé en pentaoxyde de niobium.

Les concentrés en niobium sont ensuite traités en deux étapes, la seconde utilisant la grande affinité du Nb pour l'oxygÚne requérant la maßtrise des techniques du vide :

Nb2O5 oxyde de Nb(V) + 7 Ccharbon actif, chauffage au-dessus de 800 °C→ 2 NbCmatĂ©riau trĂšs dur + 5 COgaz monoxyde de carbone
5 NbCcarbure de niobium + 2 Nb2O5 oxyde de Nb(IV), chauffage Ă  2 000 °C sous vide→ 7 Nb0poudre mĂ©tallique + 5 COgaz monoxyde de carbone

Le procédé de réduction peut aussi prendre comme agent réducteur l'hydrogÚne conjointement ou séparément au carbone.

La poudre mĂ©tallique de niobium est frittĂ©e, et transformĂ©e en barre ou lingot de centaines de kg. Le traitement thermique, par exemple un recuit Ă  1 700 °C, doit ĂȘtre effectuĂ© en vide poussĂ©, sans traces d'hydrogĂšne ou d'oxygĂšne, d'azote ou de carbone, pour Ă©ventuellement Ă©liminer les derniers Ă©lĂ©ments interstitiels ou de surface l'oxygĂšne et l'azote. La prĂ©sence de ces Ă©lĂ©ments traces a des effets catastrophiques sur ces propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques et techniques.

D'autres procĂ©dĂ©s existent, le ferroniobium commun, obtenu massivement par traitement du pyrochlore via aluminothermie ou un procĂ©dĂ© Ă  l'arc Ă©lectrique, peut ĂȘtre chlorurĂ© et nitrurĂ©, hydrurĂ© puis nitrurĂ©, puis le nitrure est oxydĂ©. Le concentrĂ© de pyrochlore peut ĂȘtre attaquĂ© directement et chimiquement. On obtient dans tous les cas le pentaoxyde de niobium relativement purifiĂ© qui peut ĂȘtre transformĂ© plus rapidement par rĂ©duction Ă  l'aide de mĂ©taux spĂ©cifiques, par des procĂ©dĂ©s d'aluminothermie, de magnĂ©siothermie ou de calciothermie. Le niobium mĂ©tallique est soit poudreux, soit en aiguilles, soit en Ă©ponges. Pour le purifier, il faut travailler sous vide, le plus souvent avec un four Ă  bombardement Ă©lectronique. Il faut Ă©liminer l'aluminium ou mĂ©taux alcalino-terreux Ă©ventuels, les Ă©lĂ©ments interstitiels indĂ©sirable sous forme de gaz. Plusieurs Ă©tapes de fusion de zone sont nĂ©cessaires pour garantir des niveaux d'impuretĂ©s acceptables.

Le niobium peut ĂȘtre raffinĂ© par Ă©lectrolyse ou obtenu -trĂšs rarement- par Ă©lectrolyse du pentachlorure. Du niobium ultra-pur peut ĂȘtre obtenu par fusion de zone par faisceau d'Ă©lectron.

Fils et petits tubes en niobium

Le matĂ©riau Nb est mis en forme facilement. Il est vendu en feuilles, fils, rubans ou barres. Il est prĂ©fĂ©rable de le mettre en forme par pliage, estampage, pressage ou emboutissage, en Ă©vitant le soudage Ă  froid ou des procĂ©dĂ©s de dĂ©coupe, dĂ©licat Ă  mettre en Ɠuvre.

Les nanoparticules de niobium mĂ©tal peuvent ĂȘtre synthĂ©tisĂ©es par sodiothermie ou natriothermie, c'est-Ă -dire une rĂ©duction par le mĂ©tal sodium du pentoxyde de niobium Nb2O5, avec l'emploi Ă  650 °C de sels fondus ou chlorures diluants comme CaCl2, KCl, NaCl et LiCl. Divers procĂ©dĂ©s d'une durĂ©e moyenne de six heures emploient environ un cinquiĂšme de sodium excĂ©dentaire, et garantissent une haute puretĂ© du Nb nanomĂ©trique obtenu.

Alliages

Dans les alliages oĂč il est prĂ©sent, une faible quantitĂ© de niobium permet d'accroĂźtre significativement la cohĂ©sion intergranulaire, renforçant les joints de grains. Ses alliages par exemple avec le chrome et le nickel, sont trĂšs solides et rĂ©sistants Ă  haute tempĂ©ratures. Le point faible de ce mĂ©tal rĂ©fractaire reste l'oxydation[26].

L'addition de niobium, mĂȘme en quantitĂ©s insignifiantes, aux aciers nickel-chrome augmente leur rĂ©sistance mĂ©canique Ă  tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, et leur rĂ©sistance Ă  la corrosion. Le plus spectaculaire est l'accroissement de la rĂ©sistance Ă  la dĂ©chirure. À plus fortes teneurs, il donne des aciers lĂ©gers Ă  fortes rĂ©sistances.

Ainsi il est souvent présent à faible dose dans les aciers micro-alliés, l'acier inox, l'acier maraging, le wootz, mais à plus fortes proportions dans les superalliages de Cr et Ni, les alliages NbHf utilisés dans le module lunaire Apollo ou les tuyÚres de fusées, les alliages mÚres de niobium et de nickel, les alliages NbSn, NbGe, le superalliage de niobium et de titane NbTi..., le zircaloy...

Allié à l'étain, à l'aluminium, au zirconium ou au titane, le niobium garde ses propriétés de supraconductivité à basses températures. Ainsi les alliages NbSn et NbTi sont produits sous forme de fils et surtout de bobines électriques, pour fabriquer des aimants puissants, car ces matériaux sont supraconducteurs à trÚs basses températures.

Les poudres millimétriques de Ti et Nb, voire leurs bandes ou tournures, sont mélangées, compactées et fondues dans un four à bombardement électronique sous vide. Plusieurs passage au four sont nécessaires pour obtenir des superalliages Nb0,515 à 0,54Ti0,46 à 0,485 de qualité.

Chimie du Nb, corps composés

Le nombre d'oxydation le plus connu et parmi les plus communs est V. Mais le degré III est aussi fréquent. Il existe aussi de plus en plus rare les degrés d'oxydation IV, II, I et -I, -III. Les composés de niobium de degré d'oxydation élevé sont le plus souvent incolores. Les composés de degrés d'oxydation plus faible ou négatif sont trÚs colorés[27].

Le groupe V B ou la famille du vanadium comportent des métaux assez réducteurs à basses températures, mais protégés par des couches d'oxydes protecteurs, ce qui rend difficiles ou trÚs lentes les réactions d'oxydation à froid. Les réactions avec les gaz halogÚnes, comme le chlore, avec l'oxygÚne ou avec le soufre nécessite un chauffage. Les réactions avec le carbone et l'azote nécessite par contre des températures élevées. Notons qu'il n'existe pas de « réduction conventionnelle par le carbone » proprement dite du métal à haute température, car on obtient généralement des carbures.

Le Nb est un métal assez avide d'oxygÚne, c'est-à-dire oxophile. L'oxyde pentavalent Nb2O5 est le plus commun, et c'est néanmoins la matiÚre premiÚre industrielle pour fabriquer le carbure de niobium NbC et le niobium Nb corps simple métal.

Le niobium Nb(V) est moins stable que le Ta, un simple mélange de métal zinc Zn0 en milieu acide, permet la réduction de Nb5 plus en Nb3 plus. Les halogénures de vanadium et de niobium penta-valents sont hydrolysés assez facilement en oxy-halogénures, puis plus lentement en oxydes trivalents hydratés. C'est une séparation cruciale entre la chimie du tantale et du niobium, car les halogénures de Ta s'hydrolysent trÚs difficilement.

Le niobium forme facilement des complexes avec les ion fluorures. Ainsi

NbF5 aq fluorure de Nb(V) + 2 KF aq fluorure de potassium → K2NbF7 complexe potassique d'ion heptafluorure de niobium

Le niobium oxophile forme aussi des complexes avec l'eau oxygénée, l'acétyl-cétone, l'acide oxalique...

Parmi les principaux composés, citons :

  • Oxydes de Nb
oxyde de niobium(II) NbO cubique noir
dioxyde de niobium NbO2 noir
pentoxyde de niobium (V) Nb2O5 amphotĂšre blanc
ferrocolumbite
manganocolumbite
Qitianlingite (oxyde de tungstĂšne, niobium et fer)
  • OxyhalogĂšnures de niobium
Oxychlorure de niobium NbOCl3
  • Niobates alcalins
Niobate de lithium
  • Fluorures de niobium
  • Chlorures de Nb
Pentachlorure de niobium
NbCl2
NbCl3
NbCl4
Chlorure de niobium(V) ou pentachlorure de Nb jaune blanc
  • Bromures de Nb
Bromure de niobium(V)
  • Iodures de niobium
  • Hydrures de niobium
hydrures non stƓchiomĂ©triques
NbC

Il s'agit d'un composé intermédiaire trÚs commun de l'industrie métallurgique, avec les autres « ferroalliages ». 90 % de la production de niobium, dans les années 1990, passe par le ferroniobium (comportant le plus souvent entre 50 et 70 % de Nb) utilisé dans les aciers et alliages avec le chrome, le nickel et le cobalt.

DĂ©tections

Le niobium est facilement détecté par spectroscopie d'émission X, à des doses de l'ordre de 0,01 % en masse dans un mélange.

Toxicologie, Ă©cotoxicologie

La plupart des composĂ©s niobĂ©s Ă  structures ioniques, comme le chlorure de niobium ou les niobates, sont hautement toxiques et doivent ĂȘtre traitĂ©s avec attention, en particulier aussi quand ils sont prĂ©sents dans les dĂ©chets. La poussiĂšre mĂ©tallique de niobium provoque une irritation oculaire et dermique. Elle accroĂźt aussi les risques d'incendie Ă  l'Ă©tat finement divisĂ©.

À l'inverse, le niobium Ă©lĂ©mentaire ou corps simple Nb est inerte et souvent utilisĂ© en bijouterie pour Ă©viter certaines allergies. Le niobium n'a pas de rĂŽle biologique connu. Ses composĂ©s semblent rares dans la nature, mais beaucoup sont hautement toxiques ou Ă©cotoxiques.

Chez les mammifÚres, le niobium inhalé se retrouve maintenu dans les poumons et finalement piégé secondairement dans les os. Il peut interférer avec le calcium dans la fonction d'activateurs d'enzymes. DÚs le seuil de 40 mg/m³, l'inhalation des poussiÚres de nitrure de niobium ou de pentoxyde de niobium marque irréversiblement les poumons des animaux de laboratoire[28].

Sa cinétique environnementale et son métabolisme sont mal connus, et les données radioécologiques relatives au niobium sont rares, « voire absentes » selon l'IRSN[29]. Le niobium n'est généralement ni présent ni utile au sein des organismes vivants. Les mousses et lichens peuvent accumuler des traces de Nb de l'ordre de 0,45 ppm, et les plantes vivantes à proximité des installations industrielles ont des teneurs de l'ordre de 1 ppm.

Son isotope radioactif Niobium 95 (95Nb) coexiste habituellement avec le zirconium 95 (95Zr) (quand il n'est pas confondu avec lui) dans l’équilibre radioactif 95Zr/95Nb[29]. Ces deux isotopes ne sont pas chimiquement comparables mais sont rĂ©putĂ©s avoir des comportements proches dans les sols et vĂ©gĂ©taux. Peu de travaux les ont dĂ©crits, mais ils sont considĂ©rĂ©s comme « particuliĂšrement peu rĂ©actifs et donc probablement peu mobiles dans l’environnement » par l'IRSN, en raison d'une forte affinitĂ© du niobium pour les particules du sol et un transfert racinaire probablement nul (adsorption sur les racines, mais sans passage et translocation dans la plante)[29]. On ne comprend pas pourquoi il est aussi peu mobile dans le sol[29] et il semble qu'on ignore quels peuvent ĂȘtre ses impacts dans les organismes ou le rĂ©seau trophique quand il est ingĂ©rĂ© par les animaux « mangeurs de terre » (exemple : vers de terre) ou quand des animaux consommant les racines vivantes ou des dĂ©composeurs (animaux, champignons, bactĂ©ries) consomment la matiĂšre organique sur laquelle il a Ă©tĂ© adsorbĂ©.

Utilisations

TuyÚre de fusée en alliage de niobium (moteur Merlin).

Environ 89 % de la consommation mondiale du niobium se retrouve en 2008 dans la fabrication de l'acier tandis que 9 % va à la production de superalliages et 2 % aux applications de supraconductivité et aux applications médicales[30] - [31].

Les alliages contenant du niobium se retrouvent dans les installations devant résister à la corrosion, dans les chaudiÚres résistants aux pressions élevées, les gicleurs en superalliage, les tuyauteries ou pipe-lines de haute résistance, ainsi que dans les alliages de scellement et parmi les matériaux de construction des capsules spatiales[32] - [33]. Des alliages contenant du Nb se retrouvent communément dans les avions à réaction et les tuyÚres de fusées spatiales, les turbines à gaz et les moteurs des avions à réaction.

Présence dans les aciers

Concernant le viaduc de Millau, le cahier des charges a préconisé un acier contenant 0,0025 % de niobium afin de réduire l'épaisseur des structures de 4,6 à 4,2 m (sur 2500 mÚtres de long). Un matériau mécaniquement plus performant explique des volumes et des masses engagées moindres, donc une moindre prise au vent.

Pour les aciers à hautes caractéristiques, l'adjonction bien précise de niobium, de titane[30] et d'aluminium génÚre un caractÚre qualifié de dispersoïde. Un tel acier à dispersoïdes a une résistance améliorée (limite d'élasticité et limite de rupture, allongement, striction, résiliences) car la combinaison Ti - Al - Nb favorise l'affinement des grains. L'addition d'élément dispersoïde est trÚs faible mais nécessite une grande précision de dosage, on parle aussi d'aciers micro-alliés.

Cette résistance justifie l'utilisation d'acier au niobium dans les applications :

  • les pipelines (oĂč le niobium est parfois associĂ© au zirconium) ;
  • les fusĂ©es et les satellites envoyĂ©s dans l'espace (Apollo 11 Ă©tait fait Ă  60 % en acier au niobium) ;
  • la construction automobile ou la carrosserie ;
  • dans les barres anti-intrusion ou anti-effraction des habitations ou des automobiles.

Accélérateurs et aimants supraconducteurs

Le niobium pur est utilisé pour la fabrication de cavités résonnantes radiofréquences supraconductrices, par exemple dans les accélérateurs de particules.

Les alliages de niobium-zirconium, de niobium-Ă©tain et de niobium-titane sont utilisĂ©s dans des Ă©lectroaimants supraconducteurs pour les accĂ©lĂ©rateurs, la fusion nuclĂ©aire et l'imagerie mĂ©dicale (IRM). L'alliage supraconducteur conventionnel Ă  plus haute tempĂ©rature critique est le Nb3Ge dont la tempĂ©rature critique est 23 K (−250 °C). Malheureusement il est Ă©galement difficile Ă  fabriquer et est peu utilisĂ©.

MĂ©tal d'apport pour le soudage Ă  l'arc

Les tiges de métal d'apport pour soudure à l'arc sont des alliages de niobium, avec le zirconium, le molybdÚne, le vanadium, le chrome ou le tungstÚne, elles permettent de souder certains aciers inoxydables.

Orthopédie

Les prothĂšses d'os, que le corps supporte bien, peuvent ĂȘtre un alliage de niobium et de titane. Le corps mĂ©dical les utilise pour des implants ou encore dans les broches et plaques de rĂ©duction des fractures.

Réacteurs nucléaires

Le niobium présente une faible section de capture efficace des neutrons thermiques, il est utilisé dans les réacteurs nucléaires comme « dégazeur », notamment en alliage avec le zirconium pour les gaines de combustible du fait de sa faible section de capture des neutrons.

Dans les réacteurs CANDU 600, un alliage Zr-Nb 2,5 % est utilisé pour fabriquer les tubes de pression.

Métallurgie des poudres et matériaux spécifiques

Le carbure de niobium, ainsi que le nitrure de niobium, permettent, via la métallurgie des poudres, d'obtenir des outils de coupe de grande dureté en céramique. Ces combinaisons du niobium sont aussi présentes dans divers objets réfractaires moulés.

Le métal Nb se retrouve dans les fabrications de bobines électriques et de thermocouples, mais aussi en aéronautique.

Optique

L'oxyde de niobium pentavalent permet d'obtenir des verres trÚs réfringents.

Les filtres Ă  onde de surface sont Ă  base de niobate de lithium.

Joaillerie et métal monétaire

PiÚce autrichienne de 25 Euros, en argent et niobium anodisé commémorant l'exploration spatiale et la face cachée de la Lune.

Sa coloration par anodisation est similaire Ă  celle des autres mĂ©taux rĂ©fractaires tels que le titane[34]. Les procĂ©dĂ©s d'anodisation sur une Ăąme de niobium laissant des oxydes en couches plus ou moins fines permettent d'obtenir par effet d'interfĂ©rences toutes les couleurs du spectre lumineux visible, du rouge au bleu ou violet. Lors de l’électrolyse de l’eau avec une anode en niobium, le niobium s’oxyde facilement en surface en formant une couche couvrante de pentoxyde de niobium plus ou moins Ă©paisse. Or cette fine couche oxydĂ©e Ă  la fois transparente et trĂšs rĂ©fringente, une fois Ă©clairĂ©e, produit des interfĂ©rences avec la lumiĂšre d'Ă©clairage. Selon l’épaisseur de la couche, tout se passe comme si la surface mĂ©tallique diversement oxydĂ©e reproduisait les couleurs vives de l'arc-en-ciel.

Gamme de niobium anodisée.

Il sert à fabriquer des creusets réfractaires pour fabriquer des diamants synthétiques polycristallins.

Des piÚces de monnaie et des médailles commémoratives sont fabriquées avec du niobium. La médaille Charles Hatchett récompense les scientifiques contribuant au développement de la métallurgie du niobium.

Chimie

L'oxyde de niobium pentavalent est un catalyseur, par exemple pour la synthĂšse du caoutchouc. Le niobium est un composant important des catalyseurs de haute performance pour la production d'acide acrylique[35] - [36] - [37] - [38].

Les nanoparticules de niobium à grandes surfaces spécifiques sont employées comme catalyseurs et électro-catalyseurs. Elles permettent de réaliser des matériaux supraconducteurs de grande qualité. Elles sont utilisées pour les piles à combustibles.

Nanoparticules de Nb d'environ 50 nm.

Économie

Le coĂ»t du niobium est estimĂ© depuis 2010 Ă  40 dollars US le kilogramme alors qu'il Ă©tait 6,6 dollars en 1999[39]. Il est crucial pour l'industrie de l'acier, et, Ă  ce titre, intĂ©resse les États grands producteurs de ce matĂ©riau[40].

Purifié et conditionné pour la joaillerie, il pouvait dépasser en 2015 18 dollars US par cent gramme.

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la production mondiale s'Ă©lĂšve Ă  20 000 tonnes par an. Le BrĂ©sil produisait en 1990 90 % de cette production mondiale. En 2015, Companhia Brasileira de Metalurgia e Mineração (en) au BrĂ©sil contrĂŽle plus de 80 % de la production mondiale[41] -, suivi par le Canada et le Nigeria. Un gisement en Tanzanie entre en exploitation en 2018[42].

Notes et références

Notes

  1. Les Américains ont accepté de l'appeler « niobium » si les Européens acceptaient d'appeler l'élément 74 « tungstÚne » plutÎt que d'utiliser le nom allemand Wolfram[15].
  2. Avec le germanium (Ă©lectronique avancĂ©e), le titane (sous-marins de chasse, alliage extrĂȘmement rĂ©sistant), le magnĂ©sium (explosifs), le platine (contacts aussi conducteurs que l'or pour l'aviation, circuits avec contacts rapides), le mercure (chimie nuclĂ©aire, instruments de mesure), le molybdĂšne (acier) et le cobalt (chimie nuclĂ©aire)[16].

Références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, TF-CRC, , 87e Ă©d. (ISBN 0849304873), p. 10-202
  4. (en) Metals handbook, vol. 10 : Materials characterization, ASM International, , 1310 p. (ISBN 0-87170-007-7), p. 344
  5. SIGMA-ALDRICH
  6. selon le tableau périodique du site du Los Alamos National Laboratory. On trouve aussi [Kr] 4d3 5s2 ou le plus souvent [Kr] 4d4 5s1 selon les auteurs.
  7. C. Hatchett , Philosophical Transactions, Royal Society of London, 1802 (Ă©tude du minerai de Columbium). Pour d'autres historiens des sciences, le nom du minĂ©ral « columbite » proviendrait encore plus prosaĂŻquement du lieu d'emballage des Ă©chantillons qui serait Columbia, Connecticut. Charles Hatchett avait connaissance du lieu de collecte amĂ©rindien sur la fiche descriptive pĂ©niblement dĂ©chiffrĂ©e, mais ces informateurs amĂ©ricains, mĂ©prisant les traditions paysannes pourtant conservatrices mais jugĂ©es vulgaires et inaptes Ă  une enquĂȘte approfondie, rappelaient la perte gĂ©nĂ©ralisĂ©e et souvent irrĂ©mĂ©diable de la toponymie amĂ©rindienne au cours du SiĂšcle des LumiĂšres, les autoritĂ©s ayant imposĂ© des calques anglo-saxons plus convenables.
  8. Fiche Ferro-columbite sur Mindat
  9. D'un point de vue minéralogique, la columbite ou niobite forme une série chimique continue avec la tantalite.
  10. Avec un jugement sûr de bon minéralogiste, il estime que la maniÚre d'annoter les analogies n'est pas une démarche scientifique, mais d'essence philosophique et aristotélicienne. Cette démarche de pensée pousse à pourchasser toute tentative nominaliste et concrÚte, jugée vulgaire, en éliminant la prise de conscience de la diversité. Elle aboutit à des identifications de plus en plus abstraites.
  11. La mythologie et la découverte de la chimie du niobium par Enrico Samarelli, issu de l'article Niobé et le Niobium (Mythologie et chimie), Revue d'histoire de la pharmacie, Numéro 157, Volume 46, Année 1958, pages 287-290
  12. Il reviendra à la génération de Friedrich Konrad Beilstein de mettre de l'ordre dans la pléthore d'articles accumulés et dans le fatras de l'enseignement et des traditions de l'art chimique en relation avec la minéralogie, les techniques pratiques
 en privilégiant une nomenclature atomique et des fiches précises et potentiellement renouvelables de connaissances des corps définis.
  13. Christian Wilhelm Blomstrand, Journal fĂŒr praktische Chemie, tome 97, 1866, p. 37
  14. Le tantale le remplacera dans les filaments d'ampoules en 1911.
  15. « Niobium », dans la série Periodic Table of Videos de l'université de Nottingham : http://www.periodicvideos.com/videos/067.htm.
  16. Christine Ockrent, comte de Marenches, Dans le secret des princes, Ă©d. Stock, 1986, p; 193.
  17. Présentation du minéral sur Mindat
  18. Alain Foucault, opus cité.
  19. Le niobium peut aussi se trouver dans les tantalites ou tantalates de fer et de manganĂšse.
  20. (en) « Lepotentiel.com », sur lepotentiel.com (consulté le ).
  21. « actu.orange.fr/a-la-une/l-afgh
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  22. Ce métal est d'autant plus mou qu'il est pur.
  23. Le niobium lĂ©gĂšrement impur fond vers 2 468 °C
  24. Le gaz hydrogÚne est en position interstitielle car la densité de l'hydrure est plus faible que le métal.
  25. lire infra
  26. Jean Steinmetz, Michel Vilasi, Bernard Roques, Oxydation et protection des alliages base niobium, article cité
  27. Ce raisonnement simpliste ne tient pas compte des défauts de structure cristalline. Par exemple, le V2O5 analogue chimique de l'oxyde de Nb(V) incolore ou blanc, est rouge orange à l'état solide.
  28. Fiche toxicologie Lenntech
  29. J. Réal, P. Santucci Fiche Radionucléide Niobium et environnement, IRSN, PDF, 11 pages, 2002
  30. (en) « Présentation du Niobium sur le site de Niocan Inc. », NIOCAN inc (consulté le )
  31. (fr) Utilisation Nb sur Niobay Metals
  32. Adilson Rangel Alves, Aparecido dos Reis Coutinho, Adilson Rangel Alves et Aparecido dos Reis Coutinho, « The Evolution of the Niobium Production in Brazil », Materials Research, vol. 18, no 1,‎ , p. 106–112 (ISSN 1516-1439, DOI 10.1590/1516-1439.276414, lire en ligne, consultĂ© le )
  33. AndrĂ© Itman Filho, Wandercleiton da Silva Cardoso, Leonardo Cabral Gontijo et Rosana Vilarim da Silva, « Austenitic-ferritic stainless steel containing niobium », Rem: Revista Escola de Minas, vol. 66, no 4,‎ , p. 467–471 (ISSN 0370-4467, DOI 10.1590/S0370-44672013000400010, lire en ligne, consultĂ© le )
  34. Pour plus de détails, voir http://www.archaeometry.org/interaction.htm
  35. « Multifunctionality of Crystalline MoV(TeNb) M1 Oxide Catalysts in Selective Oxidation of Propane and Benzyl Alcohol », ACS Catalysis, vol. 3, no 6,‎ , p. 1103-1113 (DOI 10.1021/cs400010q, lire en ligne)
  36. Kinetic studies of propane oxidation on Mo and V based mixed oxide catalysts (Tese de doctorat), (lire en ligne)
  37. « Surface chemistry of phase-pure M1 MoVTeNb oxide during operation in selective oxidation of propane to acrylic acid », Journal of Catalysis,‎ , p. 48-60 (DOI 10.1016/j.jcat.2011.09.012, lire en ligne)
  38. « The reaction network in propane oxidation over phase-pure MoVTeNb M1 oxide catalysts », Journal of Catalysis,‎ , p. 369-385 (DOI 10.1016/j.jcat.2013.12.008, lire en ligne)
  39. (en) « Niobium Price », sur https://www.metalary.com/ (consulté le ).
  40. « Le niobium, ce métal méconnu et rarissime dont ne pourra pas se passer l'industrie du futur », (consulté le ).
  41. (pt) Darlan Alvarenga, « 'MonopĂłlio' brasileiro do niĂłbio gera cobiça mundial, controvĂ©rsia e mitos », G1, SĂŁo Paulo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  42. « Industrie miniÚre : le charbon, fer et cuivre, bientÎt « has-been » ? », sur La Tribune, (consulté le ).

Bibliographie

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  • Anatoly Agulyansky, Chemistry of Tantalum and Niobium Fluoride Compounds, Elsevier, 2004, 408 pages. (ISBN 9780080529028)
  • article historique Columbium ou niobium, Encyclopedia Britannica, volume 6, 1911, page 741.
  • C. K. Gupta, A. K. Suri, Extractive Metallurgy of Niobium, CRC Press, 1993, 272 pages. (ISBN 9780849360718)
  • Paul Pascal, Nouveau traitĂ© de chimie minĂ©rale, Paris, Masson, (rĂ©impr. 1966), 32 vol.

« 12. Vanadium, niobium, tantale, protactinium ; 20.1. Alliages métalliques ; 20.2. Alliages métalliques (suite) ; 20.3 Alliages métalliques (suite) »

  • Louis Perron, Le Niobium, Ressources naturelles Canada
  • Christian Polak, MĂ©tallurgie et recyclage du tantale et du niobium, MS 2 365v2, Edition Techniques de l'IngĂ©nieur
  • Jean Steinmetz, Michel Vilasi, Bernard Roques, Oxydation et protection des alliages base niobium, in supplĂ©ment au Journal de Physique III colloque C9, 1993, Volume 3 (C9), , pp 487-498 Archives ouvertes
  • Robert Syre, article « Tantale et niobium », EncyclopĂŠdia Universalis

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes



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