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Pentoxyde de niobium

Le pentoxyde de niobium est le composé minéral oxyde de niobium de formule Nb2O5.

Pentoxyde de niobium
Image illustrative de l’article Pentoxyde de niobium
Couche blanche fracturée en paillette de pentoxyde de niobium se détachant d'un fil métallique de niobium
Identification
Nom UICPA Oxyde de niobium (V)
Synonymes

Pentoxyde de niobium
Pentoxyde de diniobium
Anhydride niobique

No CAS 1313-96-8
No ECHA 100.013.831
PubChem 123105
SMILES
Apparence poudre cristalline, solide blanc
Propriétés chimiques
Formule Nb2O5 [IsomĂšres]Nb2O5
Masse molaire[1] 265,809 8 ± 0,001 5 g/mol
Nb 69,9 %, O 30,1 %,
Propriétés physiques
T° fusion 1 512 °C
Solubilité insoluble dans l'eau, soluble dans l'acide fluohydrique HF, les alcalis fondus
Masse volumique 4,6 g·cm-3 ou 4,47 g·cm-3
Précautions
SGH[2]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H302, H332, H335, H341, H361d, H372 et H411
Transport
-
Classification du CIRC
Groupe 2B : Peut-ĂȘtre cancĂ©rogĂšne pour l'homme[3]
Composés apparentés
Autres composés

Ta2O5


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Propriétés physiques et chimiques

Ce corps Nb2O5 en principe de structure macromoléculaire est un solide incolore et inodore blanc, insoluble dans l'eau et ininflammable, trÚs peu réactif, souvent sous forme de poudre. Rappelons que cet oxyde amphotÚre stable, légÚrement acide, constitue la fine couche d'oxydation du corps simple niobium, ce métal étant lentement oxydé dans l'air :

2 Nb solide + 5/2 O2 gaz → Nb2O5 solide couvrant avec

Il s'agit du principal composé de la chimie du niobium, au carrefour d'un grand nombre de produit, en particulier dans le champ des alliages et d'autres matériaux spécifiques englobant des condensateurs, le niobate de lithium, et les verres optiques[4].

Structures cristallines

Structure cristalline monoclinique de B-Nb2O5 (niobium en gris, oxygĂšne en rouge)

Il présente divers polymorphismes, dont la géométrie est fondée en grande partie sur la coordination octaédrique des atomes de niobium[5] - [6]. Les variétés polymorphes sont identifiées avec des préfixes spécifiques.

La variété la plus fréquente est monoclinique[7] :

  • En dessous de 750 °C, elle se nomme B-Nb2O5. L'ajustement des polyĂšdres de coordination correspond Ă  une structure rutile de groupe d'espace B2/b avec, comme paramĂštres de maille, a = 1273 pm, b = 556 pm, c = 488 pm, Îł = 105°05'. La structure est celle du pentoxyde d'antimoine, avec une couche Ă©cran d'oxygĂšne Ă  agencement presque hexagonale. L'indice de rĂ©fraction avoisine 2,3 pour des longueurs d'onde lumineuses de 500 nm[8]. Le corps qui cristallise en petites tablettes, feuillets ou paillettes est transparent entre 350 et 7000 nm[9].
  • Au-dessus de 750 °C, la forme la plus stable est H-Nb2O5[10]. Le groupe de symĂ©trie est P2 (no 3) avec, comme paramĂštres de maille, a = 2116 pm, b = 382,2 pm, c = 1935 pm, ÎČ = 119° 50' et Z (nombre d'unitĂ© par maille) = 14[11]. Cette structure est complexe, avec une maille cristalline unitaire contenant donc 28 atomes de niobium et 70 oxygĂšne, avec 27 atomes de niobium en position octaĂ©drique et un dernier en position tĂ©traĂ©drique[11].

Il est possible de préparer par hydrolyse, soit à partir d'une solution de pentachlorure de niobium, soit de Nb2O5 dissous dans HF, divers corps hydratés solides, Nb2O5. n H2O, non caractérisés d'un point de vue de la structure, qui se nomme l'acide niobique (autrefois appelé acide columbique par Charles Hatchett)[12].

Préparation et production

Nb2O5 est préparé par hydrolyse de niobates de métaux alcalins, mais aussi par l'action de corps basiques ou bases sur divers "alkoxides" et de fluorures de niobium. Ces procédés permettent d'obtenir facilement des oxydes hydratés, qui, aprÚs calcination, donne l'oxyde recherché.

D'autres voies de préparation

Étant donnĂ© que Nb2O5 est le composĂ© et pivot fondamental de la chimie du niobium, il existe de multiples mĂ©thodes d'obtention, tantĂŽt simple et pratique, tantĂŽt sophistiquĂ©e ou complexes. L'oxydation du dioxyde de niobium NbO2 dans l'air explique la variĂ©tĂ© polymorphe  L-Nb2O5[13]. Du Nb2O5 pratiquement pur, si on ĂŽte l'oxychlorure rĂ©siduel, peut ĂȘtre prĂ©parĂ© par hydrolyse de NbCl5[14]:

2 NbCl5 poudre solide + 5 H2O eau en excĂšs → Nb2O5 prĂ©cipitĂ© solide + 10 HCl aqueux
Une représentation de l'éthoxyde de niobium (V)

Une méthode originale de synthÚse par voie sol-gel passe par l'hydrolyse déjà mentionnée de divers corps alkoxides de niobium, par exemple le pentaéthoxyde de niobium, en présence d'acide acétique, elle est suivie par la calcination des gels pour produire la forme polymorphe, T-Nb2O5[15].

Des particules nanométriques de pentoxyde de niobium ont été synthétisées par réduction par LiH du pentachlorure de niobium NbCl5, suivie d'une nécessaire oxydation par voie aérienne pour obtenir des microstructures de niobates.

RĂ©actions

Nb2O5 est attaqué par HF, il est facilement soluble dans ce solvant. Il se dissout aussi à chaud dans les hydroxydes alcalins fondus[16].

Réduction en corps simple métal Nb

La rĂ©duction du pentoxyde Nb2O5 est un passage obligĂ© de la production industrielle de niobium mĂ©tal. Dans les annĂ©es 1980, environ 15 000 tonnes de Nb2O5 ont Ă©tĂ© employĂ©es annuellement pour l'obtention du mĂ©tal[17]. La mĂ©thode principale est la rĂ©duction par aluminothermie de cet oxyde, soit une rĂ©action exothermique avec le corps simple aluminium:

3 Nb2O5 + 10 Al → 6 Nb + 5 Al2O3

Une autre voie connue, mais de moins en moins empruntée, passe par la réduction par le charbon, elle constitue la premiÚre de deux étapes du vieux procédé Balke[18] - [19] :

Nb2O5 solide chauffĂ© entre 800 et 900 °C + 7 C solide pulvĂ©rulent → 2 NbC solide + 5 CO gaz
5 NbC solide dur + Nb2O5 → 7 Nb mĂ©tal + 5 CO gaz (chauffĂ© sous vide Ă  1800 °C)

Préparation d'halogénures de Nb

De multiples méthodes sont connues pour transformer Nb2O5 en halogénures. Mais il s'agit de réactions incomplÚtes qui laissent des oxyhalogénures.

Au laboratoire, la rĂ©action peut ĂȘtre effectuĂ©e avec le chlorure de thionyle[20]:

Nb2O5 poudre solide blanche + 5 SOCl2 liquide → 2 NbCl5 poudre solide jaune + 5 SO2 gaz

Nb2O5 réagit avec CCl4 pour donner l'oxychlorure de niobium NbOCl3.

Formation de niobates

Le traitement de Nb2O5 avec de la soude caustique NaOH initialement aqueuse chauffĂ©e Ă  200 °C laisse le corps cristallin niobate de sodium, alors que la rĂ©action avec KOH peut donner les ions hexaniobates solubles en milieu aqueux Ă©crits selon la terminologie de Lindqvist, Nb6O198-[21]. Les niobates de lithium comme LiNbO3 et Li3NbO4 peut ĂȘtre prĂ©parĂ© par rĂ©action du carbonate de lithium avec notre oxyde Nb2O5[22].

Obtention d'oxydes de niobium à degrés d'oxydations plus faibles

À haute tempĂ©rature la rĂ©duction du pentoxyde de Nb par le gaz hydrogĂšne H2 donne le corps noir NbO2:

Nb2O5 + H2 → 2 NbO2 + H2O

Le mono-oxide de Nb s'obtient Ă  partir d'une rĂ©action stƓchiomĂ©trique Ă  l'aide d'un four Ă  arc[23]:

Nb2O5 + 3Nb → 5 NbO

De couleur bordeaux ou brun marron, l'oxyde de niobium(III), l'un des premiers oxydes supraconducteurs connus, peut ĂȘtre prĂ©parĂ© de nouveau par respect des mĂȘmes proportions ou "comproportionation"[24] :

Li3NbO4 + 2 NbO → 3 Li NbO2

Utilisations

Le pentoxyde de niobium est utilisé massivement pour la production de niobium métal ou d'alliages, mais des applications spécialisées existent pour le niobate de lithium et pour des composés niobés destinés à fabriquer verres réfringents et filtres optiques.

Liens externes

  • Base d'information sur le niobium et  donnĂ©es de recherche
  • Des films minces de Nb2O5 forment les couches diĂ©lectriques dans les condensateurs Ă  Ă©lectrolyte solide et ces couches spĂ©cifiques peuvent ĂȘtre dĂ©posĂ©es par Ă©lectrolyse sur des corps Ă  base de monoxyde de niobium frittĂ©s .Katsuhiro Yoshida, Noriko Kuge (NEC Corporation), Sintered bodies based on niobium suboxide, brevet US 6215652, 2001.

Références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Numéro index 023-001-00-8 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  3. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la CancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l'Homme, Groupe 2B : Peut-ĂȘtre cancĂ©rogĂšnes pour l'homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consultĂ© le )
  4. Francois Cardarelli (2008) Materials Handbook Springer London (ISBN 978-1-84628-668-1)
  5. C. Nico, « Sintered NbO powders for electronic device applications », The Journal of Physical Chemistry C, vol. 115, no 11,‎ , p. 4879–4886 (DOI 10.1021/jp110672u)
  6. Wells A.F. (1984) Structural Inorganic Chemistry 5th edition Oxford Science Publications. (ISBN 0-19-855370-6)
  7. Von Roger Blachnik, Jean D'Ans, Ellen Lax, Claudia Synowietz, Taschenbuch fĂŒr Chemiker und Physiker, Band 3 : Elemente, anorganische Verbindungen und Materialien, Minerale; Springer Verlag, 1998; (ISBN 3-540-60035-3).
  8. « Evaporation Materials »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  9. Catalogue Merck, fiche produit 106868.
  10. Georg Brauer, Handbuch der prÀparativen anorganischen, Chemie. 3., umgearb. Auflage. Band III. Enke, Stuttgart 1981, (ISBN 3-432-87823-0), en particulier page 1465
  11. B. M. Gatehouse and A. D. Wadsley, The crystal structure of the high temperature form of niobium pentoxide, Acta Crystallogr., 1964, vol. 17, pp. 1545-1554.DOI 10.1107/S0365110X6400384X.
  12. D.A. Bayot and M.M. Devillers, Precursors routes for the preparation of Nb based multimetallic oxides in Progress in Solid State Chemistry Research, Arte M. Newman, Ronald W. Buckley, (2007), Nova Publishers, (ISBN 1-60021-313-8)
  13. Electrical properties of NbO2 and Nb2O5 at elevated temperature in air and flowing argon, G. C. Vezzoli Phys.
  14. Process for the manufacture of niobium pentoxide or tantalum pentoxide, Kern, Therwil, Jacob, Hooper (CIBA Switzerland), US Patent number: 3133788, (1964)
  15. Sol-gel route to niobium pentoxide, P Griesmar, G Papin, C Sanchez, J Livage - Chem.
  16. (en) Norman N. Greenwood et Alan Earnshaw, Chemistry of the Elements, Butterworth-Heinemann, (ISBN 0080379419)
  17. Joachim Eckert, Hermann C. Starck "Niobium and Niobium Compounds" Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry, 2005, Wiley-VCH, Weinheim. DOI 10.1002/14356007.a17_251
  18. Alan E. Comyns (1999) Encyclopedic Dictionary of Named Processes in Chemical Technology CRC Press, (ISBN 0-8493-1205-1)
  19. U.S. Environmental Protection Agency, Development Document for Effluent Limitations, Guidelines and Standards for the Nonferrous Metals Manufacturing Point Source Category, Volume VIII, Office of Water Regulations and Standards, May 1989
  20. D. Brown "Niobium(V) Chloride and Hexachloroniobates(V)" Inorganic Syntheses, 1957 Volume 9, pp. 88–92.DOI 10.1002/9780470132401.ch24
  21. Studies on the hydrothermal synthesis of niobium oxides, I.C. M. S. Santos, L. H. Loureiro, M. F. P. Silva and Ana M. V. Cavaleiro, Polyhedron, 21, 20, (2002), 2009-2015, DOI 10.1016/S0277-5387(02)01136-1
  22. US Patent 5482001 - Process for producing lithium niobate single crystal, 1996, Katoono T., Tominaga H.
  23. T. B. Reed, E. R. Pollard "Niobium Monoxide" Inorganic Syntheses, 1995 Volume 30, pp. 108–110, 2007. DOI 10.1002/9780470132616.ch22
  24. Margret J. Geselbracht, Angelica M. Stacy, "Lithium Niobium Oxide: LiNbo2 and Superconducting LiXNbO2" Inorganic Syntheses 1995, Volume 30, Pages: 222–226.DOI 10.1002/9780470132616.ch42
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