Oxyde
Un oxyde[1] - [2] est un composĂ© de l'oxygĂšne avec un Ă©lĂ©ment moins Ă©lectronĂ©gatif que lui, c'est-Ă -dire tous sauf le fluor[alpha 1] et lui-mĂȘme. Le terme « oxyde » dĂ©signe Ă©galement l'ion oxyde O2â.
Un oxyde contenant une proportion d'oxygÚne moins élevée ou plus élevée qu'un oxyde normal est appelé respectivement sous-oxyde[3] ou peroxyde[4] - [5] - [6].
Description
De maniÚre générale, on définit un oxyde comme un composé chimique constitué d'oxygÚne avec un autre élément chimique moins électronégatif que lui.
Par exemple, la rouille est de l'oxyde de fer et le corindon est de l'oxyde d'aluminium. La plupart des minéraux connus sur Terre sont en fait des oxydes et ils sont trÚs répandus dans l'univers. Beaucoup d'oxydes ont une grande importance : le plus important d'entre eux est le monoxyde de dihydrogÚne, H2O, qui n'est autre que l'eau.
Selon le composé associé à l'oxygÚne et son degré d'oxydation, l'oxyde est moléculaire (eau, dioxyde de carbone) ou cristallin avec une structure qui varie d'une forte ionicité (Na2O, CaO) à des solides semi-conducteurs (FeO).
Les oxydes ont une structure, en général, cristalline, bien que certains soient amorphes (comme le verre, forme amorphe du dioxyde de silicium). Dans les oxydes cristallisés, les liaisons entre les atomes sont partiellement ioniques, partiellement covalentes et partiellement métalliques (surtout pour les degrés d'oxydation faibles des métaux de transition). Par simplification, on considÚre souvent des liaisons purement ioniques.
Une propriĂ©tĂ© importante des oxydes est leur comportement vis-Ă -vis de l'eau. Beaucoup rĂ©agissent avec l'eau pour donner des acides (d'autant plus forts que l'Ă©lĂ©ment associĂ© Ă l'oxygĂšne est Ă©lectronĂ©gatif ou fortement oxydĂ©, le cas extrĂȘme Ă©tant reprĂ©sentĂ© par l'acide perchlorique HClO4 mais on trouve aussi l'acide sulfurique H2SO4), de l'autre cĂŽtĂ© on trouve des oxydes basiques avec en tĂȘte les oxydes alcalins, en particulier Na2O qui rĂ©agit avec l'eau pour donner NaOH : la soude caustique fortement basique (ne pas confondre avec la soude Na2CO3) et, entre les deux, on trouve les oxydes amphotĂšres comme CuO ou Al2O3 qui selon le contexte se comportent comme les oxydes acides ou comme les oxydes basiques.
En métallurgie, les oxydes (plus généralement des composés d'acide à base d'oxygÚne comme les carbonates, sulfates et autres) sont le point de départ de la production de métal par réduction pour la plupart des métaux à l'exception notable du sodium préparé à partir de son chlorure. Voir électrochimie pour plus de détails.
Presque tous les métaux forment des oxydes au contact du dioxygÚne[alpha 2]. Du fait de son agressivité, le dioxygÚne les recouvre d'une fine couche d'oxyde. Cette couverture peut avoir pour effet de protéger le métal sous-jacent et on parle alors de passivation, ou au contraire représenter une vulnérabilité comme dans le cas du fer.
Enfin les oxydes font partie plus gĂ©nĂ©ralement de la famille des composĂ©s de l'oxygĂšne au mĂȘme titre que les peroxydes, les superoxydes et les ozonures.
Lien avec la notion d'oxydation
L'origine de la notion d'oxydation est due à l'électronégativité élevée de l'oxygÚne (dépassée uniquement par le fluor) et de sa situation d'élément le plus abondant sur la croûte terrestre. On considÚre formellement que dans les composés de l'oxygÚne avec l'élément il y a un transfert total d'électrons entre cet élément et l'oxygÚne de telle sorte que celui-ci ait la charge -2e. Le nombre d'oxydation de l'élément est alors la charge du cation obtenu pour réaliser cette condition.
Nomenclature
Quand il existe diffĂ©rents oxydes d'un mĂȘme Ă©lĂ©ment E, on ajoute un prĂ©fixe au mot oxyde. Ce prĂ©fixe caractĂ©rise le rapport nO / nE des nombres d'atomes d'oxygĂšne et de l'Ă©lĂ©ment E (de formule chimique EnEOnO) :
nO / nE | Préfixe |
---|---|
1/2 | hémi |
1 | mon |
3/2 | sesqui[7] (ou hémitri) |
2 | di |
5/2 | hémipent (ou hémipenta) |
3 | tri |
7/2 | hémihept (ou hémihepta) |
4 | tétr (ou tétra) |
5 | pent (ou penta) |
Exemples
- Na2O : oxyde de sodium (seul oxyde possible) ;
- MgO : oxyde de magnésium (seul oxyde possible) ;
- Cr2O3 : sesquioxyde de chrome (nO / nCr = 3/2) ;
- CrO3 : trioxyde de chrome (nO / nCr = 3).
Oxydes non-métalliques :
- Cl2O : monoxyde de dichlore ou hémioxyde de chlore (nO / nCl = 1/2) ;
- B2O3 : sesquioxyde de bore (nO / nB = 3/2) ;
- P2O3 : sesquioxyde de phosphore (nO / nP = 3/2) ;
- P2O5 : hémipentoxyde de phosphore (nO / nP = 5/2) ;
- (CH3)3NO : oxyde de triméthylamine (seul oxyde possible) ;
- SiO2 : dioxyde de silicium (silice) (nO / nSi = 2) ;
- SiO : monoxyde de silicium[8] (nO / nSi = 1).
Préparation
Ă partir de l'Ă©tat naturel, il est souvent inutile de faire rĂ©agir chimiquement un oxyde et un simple traitement physique sert Ă isoler l'oxyde. Les traitements chimiques servent plus souvent Ă sĂ©parer les mĂ©taux dans les oxydes multiples qu'Ă obtenir l'oxyde Ă partir d'un composĂ©, mĂȘme si cette opĂ©ration est souvent rĂ©alisĂ©e avec les sulfures mĂ©talliques de fer et de cuivre en particulier.
En laboratoire, on peut précipiter l'oxyde du métal directement (rarement) ou en deux étapes l'hydroxyde ou le carbonate du métal et récupérer l'oxyde par grillage et élimination d'eau ou de CO2.
Utilisations
En tant que matériaux
Beaucoup d'oxydes ont des propriétés intéressantes comme :
- semi-conducteurs : oxyde de fer(II) (FeO) ;
- supraconducteurs : oxydes mixte de baryum, de cuivre et d'yttrium (YBa2Cu3O7-ÎŽ) ;
- réfractaires : oxyde de cérium(IV) (CeO2 ; point de fusion de 2 400 °C), alumine (Al2O3), oxyde de magnésium (MgO) ;
- colorants : dioxyde de titane (TiO2), blanc pour la peinture, divers oxydes de chrome entre autres pour le verre ;
- catalyseurs : alumine, zéolithes à base de silice SiO2, oxydes de platine (catalyseur d'Adams, etc.) ;
- matériaux composites, céramique, ciments et verres : surtout la silice dans les verres, le calcaire ou la calcite (CaCO3) dans les ciments ;
- combustibles dans les centrales nucléaires (sous forme d'oxydes parce qu'ils sont plus maniables sous cette forme, l'uranium réagissant spontanément avec l'air au-delà d'une certaine température).
Dans des réactions chimiques
- Préparation de métaux :
- fer à partir de Fe2O3 et Fe3O4 (voir sidérurgie);Oxyde ferrique.
- aluminium Ă partir dâalumine (Voir rĂ©duction Ă©lectrolytique de l'aluminium) ;
- hydrogĂšne Ă partir de lâeau ;
- et beaucoup dâautres mĂ©taux parmi lesquels lâuranium, le tungstĂšne, le molybdĂšne, lâĂ©tain, le titane (en passant par TiCl4), le silicium.
- fer à partir de Fe2O3 et Fe3O4 (voir sidérurgie)
- RĂ©actions en chimie organique :
- rĂ©actions dâaddition dâorganomĂ©talliques sur CO2 ou des cĂ©tones ;
- réaction avec SO3 pour produire des sulfones ;
- rĂ©action dâoxydation par MnO4â, CrO3 ;
- déshydratation par P2O5 ;
- catalyse, en particulier lâalumine et les zĂ©olithes.
- En chimie minérale :
- avec lâeau pour produire des oxoacides comme SO3 + H2O â H2SO4 ;
- production de bases fortes Na2O ;
- agents oxydants/transporteurs dâoxygĂšne : oxydes dâazote, acide nitrique, permanganate, perchlorates (voir explosifs) ;
- agents colorants des feux dâartifice (oxydes mĂ©talliques).
- En biologie :
- lâacide phosphorique Ă base dâoxyde de phosphore joue un rĂŽle dâextrĂȘme importance en tant quâĂ©lĂ©ment de la structure de la molĂ©cule dâADN et des transporteurs dâĂ©nergie comme lâADP ;
- on a constatĂ© que les cellules tueuses de notre systĂšme immunitaire sĂ©crĂ©taient du monoxyde dâazote pour tuer leur victime.
Aspect environnemental
Du fait de leur pouvoir oxydant, de leur réaction avec l'eau ou de leur structure, certains oxydes peuvent poser des problÚmes environnementaux, dont :
- l'effet de serre : dioxyde de carbone et eau ;
- la pollution atmosphérique nocive : oxydes d'azote, oxydes de soufre ;
- la pollution des eaux (rejets miniers acides, contamination par des nitrates).
Notes et références
Notes
- Les composés de l'oxygÚne et du fluor sont appelés fluorures d'oxygÚne .
- Techniquement mĂȘme l'or peut former des oxydes, mais dans des conditions extrĂȘmes, pas « seulement » au contact de l'oxygĂšne atmosphĂ©rique. Voir oxyde d'or Ă ce sujet.
Références
- « Oxyde », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 mai 2016).
- Informations lexicographiques et étymologiques de « oxyde » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 mai 2016).
- Entrée « sous-oxyde » [html], sur Dictionnaires de français (en ligne), Larousse (consulté le ).
- « Peroxyde », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 mai 2016).
- Informations lexicographiques et étymologiques de « peroxyde » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 mai 2016).
- Entrée « peroxyde » [html], sur Dictionnaires de français (en ligne), Larousse (consulté le ).
- Oxydes métalliques trivalents de formule générale E2O3
- Voir Liste de composés inorganiques S, et par exemple : CNRS Presse
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Propriété des oxydes, sur sbeccompany.fr
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :