Helicobacter pylori
Helicobacter pylori est une bactĂ©rie qui infecte la muqueuse gastrique. Sa structure externe est hĂ©licoĂŻdale (d'oĂč son nom « Helicobacter »). Elle est munie de flagelles.
RĂšgne | Bacteria |
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Division | Pseudomonadota |
Classe | Epsilonproteobacteria |
Ordre | Campylobacterales |
Famille | Helicobacteraceae |
Genre | Helicobacter |
80 % des ulcĂšres gastro-duodĂ©naux sont causĂ©s par des infections de Helicobacter pylori[1], mĂȘme si, chez beaucoup d'humains infectĂ©s, la maladie reste asymptomatique. Elle favorise de multiples maladies si elle reste dans l'estomac trop d'annĂ©es.
Helicobacter pylori est une bactérie trÚs commune (trouvée chez 50 % des humains)[2]. Elle vit exclusivement dans l'estomac humain et est la seule bactérie connue pouvant survivre dans un environnement aussi acide. Son enveloppe hélicoïdale pourrait l'aider à se visser dans le mucus de la paroi stomacale afin de la coloniser et d'y persister.
Cette bactérie est à l'origine notamment des ulcÚres gastro-duodénaux ou des gastrites chroniques atrophiques.
Histoire
En 1875, des scientifiques allemands dĂ©couvrent une bactĂ©rie hĂ©licoĂŻdale dans des estomacs humains. Celle-ci ne pouvant ĂȘtre cultivĂ©e, les recherches la concernant furent finalement abandonnĂ©es.
Une découverte accidentelle
Cette bactérie est redécouverte accidentellement en 1982 par deux chercheurs australiens, J. Robin Warren (pathologiste) et Barry J. Marshall (gastroentérologue), qui isolaient et cultivaient des organismes à partir d'estomacs humains. Dans leur publication originelle, Warren et Marshall soutiennent que la plupart des ulcÚres stomacaux et gastriques sont causés par une infection de cette bactérie, et non par le stress ou la nourriture épicée, comme on le pensait auparavant. Cette découverte leur vaut le prix Nobel de physiologie ou médecine 2005.
La communauté médicale met du temps avant de reconnaßtre le rÎle de cette bactérie dans les ulcÚres gastriques, pensant qu'aucune bactérie ne pouvait survivre bien longtemps dans l'environnement acide de l'estomac. AprÚs que des études complémentaires ont été réalisées, dont celle durant laquelle Marshall ingurgita un tube à essai de H. pylori, contracta une gastrite (il n'eut pas la patience d'attendre le développement d'un ulcÚre) et se soigna avec des antibiotiques (satisfaisant de ce fait trois des quatre postulats de Robert Koch), la communauté médicale commence à changer d'avis. En 1994, les National Institutes of Health publient un texte soutenant que la plupart des ulcÚres gastriques récurrents étaient causés par H. pylori, et recommandaient que des antibiotiques soient inclus dans le traitement.
Avant que soit reconnu le rÎle de cette bactérie, les ulcÚres stomacaux étaient habituellement soignés par des médicaments qui neutralisaient l'acidité stomacale, ou diminuaient sa production. Bien que cette technique donnùt de bons résultats, les ulcÚres réapparaissaient trÚs souvent. Un médicament classiquement utilisé était le subsalicylate de bismuth. Il fonctionnait assez bien, mais fut finalement abandonné, son mécanisme d'action étant inconnu et le bismuth étant un métal toxique. Il semble maintenant plausible que le sel de bismuth fonctionne comme un toxique tuant les bactéries (antibiotique). La plupart des ulcÚres sont maintenant efficacement traités par des antibiotiques ciblant H. pylori.
Cette bactérie fut initialement appelée Campylobacter pyloridis, puis C. pylori (aprÚs correction grammaticale latine). Finalement, aprÚs que le séquençage de son ADN eut montré que la bactérie n'appartenait pas au genre Campylobacter, elle fut placée dans un nouveau genre : Helicobacter. Le nom pylori tire son origine du latin « pylorus », qui signifie « gardien de l'ouverture », et qui fait référence à l'ouverture circulaire (pylore) menant de l'estomac au duodénum.
Alors que H. pylori reste la seule espÚce connue capable de coloniser l'estomac humain, d'autres espÚces de Helicobacter ont été identifiées chez d'autres mammifÚres, ainsi que chez certains oiseaux.
Une autre Ă©quipe de chercheurs a montrĂ© qu'Helicobacter pylori Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sente dans l'estomac d'environ la moitiĂ© des Homo sapiens il y a 58 000 ans dans la souche africaine, avant les grandes migrations des ĂȘtres humains vers l'Asie et l'Europe. Ces chercheurs ont en effet observĂ© que la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique de H. pylori diminue lorsque l'on s'Ă©loigne de l'Afrique de l'est, de la mĂȘme façon que dans la lignĂ©e humaine, et que la bactĂ©rie semble avoir migrĂ© en dehors de l'Afrique vers -58 000[3].
Selon cette mĂȘme Ă©tude, publiĂ©e dans le journal Nature en 2007, les chercheurs ont utilisĂ© une technique appelĂ©e multilocus sequence typing afin dâamplifier puis de sĂ©quencer 7 gĂšnes de mĂ©nage de la bactĂ©rie. Ils utilisĂšrent 769 souches isolĂ©es issues de 51 groupes gĂ©ographiques, ethniques et linguistiques diffĂ©rents. Ils mirent en Ă©vidence que les populations gĂ©nĂ©tiques de H.pylori sont assez spĂ©cifiques de continents. Ce phĂ©nomĂšne permet de retracer lâhistoire des migrations humaines. Par exemple, la souche amĂ©rindienne est proche des souches asiatiques, ce qui sâexplique par une ascendance asiatique des premiers amĂ©rindiens, qui arrivĂšrent en AmĂ©rique il y a 12 000 ans en passant par le dĂ©troit de BĂ©ring, en Alaska. Lâhomme et H.pylori ont Ă©voluĂ© ensemble depuis 150 000 ans[3].
Taxonomie
Ătymologie
L'étymologie de cette espÚce Helicobacter pylori est la suivante : N.L. masc. n.pylorus, orifice inférieur de l'estomac, le pylore; du grec masc./fem. n. pylÎros, gardien de l'ouverture, du pylore[4].
Structure de la bactérie
H. pylori est une bactérie Gram négatif de forme hélicoïdale, d'environ trois micromÚtres de long et d'environ 0,5 micromÚtre de diamÚtre. Elle porte quatre à six flagelles[5]. Elle est dite microaérophile, c'est-à -dire qu'elle nécessite un apport d'oxygÚne, mais dans des proportions inférieures à celles trouvées dans l'atmosphÚre. Enfin, elle peut produire son énergie par méthanogenÚse à partir d'hydrogÚne.
Grùce à sa forme hélicoïdale et à ses flagelles, la bactérie se glisse à travers le mucus et parfois les muqueuses de l'estomac en s'ancrant aux cellules épithéliales grùce à des adhésines (protéines fixatrices). Elle sécrÚte alors une enzyme appelée « uréase » qui transforme l'urée en ammoniaque et en dioxyde de carbone. Cette ammoniaque va partiellement neutraliser l'acidité gastrique (qui sert à prédigérer les aliments, tout en tuant la plupart des bactéries). L'ammoniac est toxique pour les cellules épithéliales, et va, de concert avec d'autres produits sécrétés par H. pylori (protéases, catalases, phospholipases, etc.) endommager la surface des cellules épithéliales, enclenchant de ce fait le processus de formation d'ulcÚres.
Des études récentes montrent que certaines souches de cette bactérie posséderaient un mécanisme particulier d'injection d'agents inflammatoires dans les cellules stomacales. Pour s'accrocher sur la paroi stomacale, elles perturbent aussi le cycle naturel du fer dans l'épithélium[6].
Génétique
Le génome de H. pylori est séquencé depuis 1997. La position et le nombre des gÚnes régulateurs, qui régulent la synthÚse des produits d'autres gÚnes, restent mal connus. Une soixantaine de petites molécules d'ARN dites « small RNAs » (sRNAs) jouent également un rÎle régulateur-inhibiteur, en se fixant à des séquences de gÚnes, ce qui a pour effet de bloquer la traduction des protéines codées par ces gÚnes. Elles ont été identifiées en 2009/2010[7], par séquençage à haut débit. Ceci a surpris les chercheurs car on pensait antérieurement que H pylori était dépourvue de sRNAs. Or, H pylori présente autant voire plus de sRNAs que des bactéries intestinales telles qu'Escherichia coli et les salmonelles. Cependant, une protéine réputée indispensable à la régulation des sRNAs est absente chez H pylori, ce qui laisse penser qu'elle dispose de systÚmes de signaux internes aujourd'hui inconnus.
Des nouveaux vaccins contre H pylori pourraient Ă©ventuellement ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s sur ces bases.
ĂpidĂ©miologie
Environ deux tiers de la population mondiale est infectĂ©e par cette bactĂ©rie. Le taux d'infection varie d'un pays Ă l'autre : environ 25 % dans les pays occidentaux avec d'importantes disparitĂ©s. Aux Ătats-Unis, les personnes atteintes sont essentiellement des personnes ĂągĂ©es (plus de 50 % de personnes contaminĂ©es au-delĂ de 60 ans, contre environ 20 % chez les moins de 40 ans), ainsi que les personnes les plus dĂ©munies. Le taux est plus Ă©levĂ© dans les pays du Tiers monde. Dans ces derniers, il est courant de rencontrer des enfants infectĂ©s, probablement Ă cause des mauvaises conditions sanitaires.
Une mutation sur le gĂšne TLR1 codant un rĂ©cepteur de type Toll pourrait ĂȘtre un facteur favorisant l'infection[8].
Le taux d'infection est essentiellement fonction des conditions d'hygiÚne, ainsi que du degré d'utilisation des antibiotiques. Néanmoins, des résistances contre certains antibiotiques sont apparues chez certaines souches de H. pylori. Par exemple, on peut trouver en Grande-Bretagne certaines souches résistantes au métronidazole.
Infection
Transmission
Cette bactérie a été isolée dans des selles, de la salive et sur des plaques dentaires, ce qui laisse supposer qu'une transmission est possible par ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par les selles ou par voie gastro-orale.
Si elle n'est pas soignée par une prise d'antibiotiques, il semblerait qu'une infection par H. pylori puisse persister durant toute la vie d'un individu. Le systÚme immunitaire humain ne serait donc pas capable d'éradiquer cette bactérie, en raison des mécanismes dont elle dispose pour déjouer les défenses immunitaires.
L'infection peut alors conduire Ă plusieurs maladies graves : reflux gastro-Ćsophagien, ulcĂšre gastro-duodĂ©nal ou duodĂ©nal ou gastrique, ou encore cancer de l'Ćsophage et cancer de l'estomac.
SymptĂŽmes
L'infection peut ĂȘtre symptomatique ou asymptomatique (c'est-Ă -dire avec ou sans effets visibles).
Divers symptÎmes sont associés à H. pylori, mais plutÎt vagues et pouvant varier dans le temps. Ils sont non spécifiques ou induits par une autre pathologie associée.
On estime que 70 % Ă 80 % des infections sont asymptomatiques[9].
L'inflammation ou des dommages plus profonds à la paroi stomacale (gastrite) dus à H. pylori peuvent causer des réactions légÚres ou graves, avec :
- douleurs stomacales ou abdominales ;
- reflux acide ;
- régurgitation ;
- vomissements ;
- Ă©ructations ;
- flatulences ;
- nausées.
- PĂąleur.
- DĂ©pression .
- Courbatures à répétitions.
- Somnolence.
- Constipation.
- Rosacé.
- Oppression thoracique.
Diagnostic
Il est possible de détecter la présence de H. pylori par différentes méthodes :
- Par ingestion d'urĂ©e marquĂ©e au carbone 13 (si le patient est infectĂ©, cette urĂ©e est mĂ©tabolisĂ©e par H. pylori, produisant ainsi du CO2 marquĂ©, qui est ensuite expulsĂ© hors du corps via les poumons, et peut donc ĂȘtre dĂ©tectĂ© par analyse du gaz expirĂ©)[10]. Ce test est non invasif, a une trĂšs bonne fiabilitĂ©, est remboursĂ© Ă 65 % par la SĂ©curitĂ© sociale en France[11] et est commercialisĂ© sous l'appellation de Helikit en France[12].
- Détection dans les selles par dosage immunochromatograhique ou immunoassay. Cette méthode a été démontrée comme fiable pour le primo-diagnostic ainsi que pour vérifier le succÚs d'un traitement[13].
Les biopsies rĂ©alisĂ©es lors de la gastroscopie permettent aussi de constater d'Ă©ventuelles lĂ©sions atrophiques sur l'antre et le fundus. Un test Ă l'urĂ©ase peut ĂȘtre fait directement : cette derniĂšre convertit l'urĂ©e en ammoniac, dĂ©tectĂ©e par colorimĂ©trie pH, permettant un dĂ©pistage quasi immĂ©diat de l'hĂ©licobacter[14].
- le dosage d'anticorps spécifiques, le test sérologique étant fiable pour détecter une infection, sans pouvoir la dater. Il ne l'est pas pour vérifier le succÚs d'un traitement anti-helicobacter car les anticorps subsistent plusieurs mois aprÚs une éventuelle éradication. Il existe des kits de dépistage sérologique permettant un dépistage quasi immédiat, de fiabilité moindre toutefois qu'une sérologie traditionnelle[15]. La sérologie n'est plus guÚre recommandée actuellement[16].
La plupart de ces tests (Ă part le test au carbone 13) perdent en sensibilitĂ© en cas d'hĂ©morragie digestive d'origine gastrique ou duodĂ©nale[17]. De mĂȘme, le test au carbone 13 peut ĂȘtre faussĂ© en cas de prise d'inhibiteurs de la pompe Ă protons qui doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s idĂ©alement deux semaines avant le test[18].
Maladies liées à cette infection
Helicobacter pylori cause plusieurs maladies plus ou moins graves suivant les individus. Ce germe cause :
- une dyspepsie non ulcéreuse ;
- des ulcÚres gastriques et/ou duodénaux ;
- des gastrites chroniques le plus souvent localisées sur l'antre mais qui s'étendent parfois sur le fundus. On parle alors dans ce cas de pangastrite ;
- une malabsorption de la vitamine B12 ;
- des gastrites atrophiques entraĂźnant une hypochlorydrie voire une achlorhydrie ;
- des métaplasies intestinales qui traduisent un stade précancéreux ;
- des cancers (le cancer de l'estomac - adénocarcinome - et le lymphome du MALT gastrique) : l'helicobacter serait l'un des facteurs de risque principal du cancer gastrique[19]. L'éradication de ce germe permet de diminuer notablement la fréquence de ce type de cancer[20] - [21].
H. pylori pourrait contribuer à la survenue de la maladie de Parkinson[22] ; l'éradication d'Helicobacter pylori améliorerait les résultats du traitement par lévodopa[23].
Avantages
La prĂ©sence de l'helicobacter serait protectrice contre le cancer de l'Ćsophage[24]. Ce type de cancer est cependant beaucoup plus rare que celui de l'estomac que la bactĂ©rie contribue Ă provoquer.
Des découvertes récentes ont montré que la bactérie n'est pas nécessairement pathogÚne, et qu'elle peut avoir des effets protecteurs contre l'obésité et le diabÚte de type 2[25]. Le caractÚre pathogÚne résulterait en réalité de l'interaction du patrimoine génétique de la bactérie avec le systÚme immunitaire.
Traitement de l'infection
Il existe plusieurs recommandations internationales sur la prise en charge de l'helicobacter. Les recommandations européennes sont connues sous le nom de Conférence de consensus Maastricht V et ont été publiées en 2015[26]. Des recommandations américaines ont été publiées en 2007[27].
Le traitement diminue sensiblement le risque de récidive d'un ulcÚre gastrique et en améliore la cicatrisation[28].
En cas de dyspepsie non compliquée, il en améliore les symptÎmes[29].
Il pourrait par ailleurs diminuer le risque de survenue d'un cancer de l'estomac en cas de lésion précancéreuse[30].
L'efficacité du traitement est vérifiée le plus souvent par la négativation du test respiratoire à l'uréase.
Traitement antibiotique
Le traitement recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS) repose sur un algorithme intégrant deux grands types de traitement : la quadrithérapie bismuthée et la trithérapie concomitante[31].
La trithérapie dite « concomitante » constitue le « traitement guidé », c'est-à -dire guidée par le résultat d'analyse de l'antibiorésistance d'Helicobacter pylori. Elle consiste, pendant 10 jours, en :
- Amoxicilline 1g matin et soir
- IPP pleine dose (à dose curative) matin et soir, la quantité dépendant du médicament en question
- Clarithromycine 500mg matin et soir si la bactérie est sensible à la molécule, sinon Lévofloxacine 500mg matin et soir
La quadrithérapie dite « bismuthée » constitue le « traitement probabiliste », c'est-à -dire non guidée par les résistances de la bactérie. Cette thérapie est aussi utilisée si la bactérie s'avÚre résistante à la clarithromycine et à la lévofloxacine. Elle consiste, pendant 10 jours, en :
- 3 gélules de Pylera 4 fois par jour contenant comme substance active : Métronidazole 125mg, Tétracycline chlorhydrate 125mg, Sous-citrate de bismuth potassique 140mg[32]
- IPP pleine dose (à dose curative) matin et soir, la quantité dépendant du médicament en question
Il existe aussi comme alternative à la quadrithérapie bismuthée la quadrithérapie dite « concomitante » qui repose sur une association pendant 14 jours d'Amoxicilline, de Clarithromycine, de Métronidazole et d'IPP.
Ce traitement d'Ă©radication de dix jours peut ĂȘtre suivi, selon les cas, d'un traitement par IPP simple dose pour quatre Ă six semaines.
Auparavant, il était recommandé une trithérapie associant deux antibiotiques (à choisir parmi amoxicilline, clarithromycine et métronidazole) à un IPP. La durée habituelle de traitement était alors entre une et deux semaines[33].
Le traitement antibiotique pour l'Ă©radication de l'infection Ă H. pylori peut entraĂźner une augmentation significative de l'incidence de la dĂ©pression clinique dans un court laps de temps (moins de 30 jours), qui peut ĂȘtre nĂ©gligĂ©e par les gastro-entĂ©rologues et les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes[34].
Sels de bismuth
Des sels de bismuth (un mĂ©tal lourd) peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s en association avec une trithĂ©rapie. Cependant le bismuth est interdit en France depuis les annĂ©es 1970 Ă la suite de cas d'intoxication et de troubles rĂ©naux, ainsi que des encĂ©phalopathies rĂ©pertoriĂ©es, principalement dans des cas de surdose. Le bismuth continue d'ĂȘtre prescrit avec succĂšs dans de nombreux autres pays. Celui-ci a mĂȘme fait un retour en France en association avec de la tĂ©tracycline et du mĂ©tronidazole sous le nom de PYLERA. Ă ce jour, aucun cas d'encĂ©phalopathie n'a Ă©tĂ© rapportĂ© avec l'utilisation de PYLERA[35]. Compte tenu d'une baisse d'efficacitĂ© de la trithĂ©rapie classique due essentiellement aux rĂ©sistances Ă la clarithromycine (Ă©valuĂ©e Ă 20 %), et Ă la suite des rĂ©sultats d'une Ă©tude montrant l'intĂ©rĂȘt du bismuth dans cette situation, une demande d'AMM europĂ©enne d'une association fixe de citrate de bismuth, mĂ©tronidazole et tĂ©tracycline, avec prise concomitante d'omĂ©prazole, est dĂ©posĂ©e en 2011[36].
Suivi de l'Ă©radication
En raison du risque dâĂ©chec du traitement, il faut vĂ©rifier systĂ©matiquement que Helicobacter pylori a bien Ă©tĂ© Ă©liminĂ© de lâestomac.
Cette vĂ©rification est obligatoire effectuĂ©e par un test respiratoire, qui est lâexamen de rĂ©fĂ©rence.
Ce test respiratoire n'a toutefois de valeur que s'il est pratiquĂ© au moins 4 semaines aprĂšs l'arrĂȘt des antibiotiques et au moins deux semaines aprĂšs l'arrĂȘt d'un traitement par inhibiteur de la pompe Ă protons (IPP).
Autres traitements
D'aprÚs certains auteurs, le traitement par antibiotique a une efficacité limitée à 70 % des cas, moindre que dans d'autres études[37] à cause de la présence de biofilms[38]. Une vision plus récente de la microbiologie constate que la bactérie est hébergée par au moins la moitié de la population[39], ce qui en fait plutÎt une bactérie du microbiote qui dans 80 % à 90 %[40] des cas ne donnera ni ulcÚre ni cancer. De plus la bactérie a une action contre l'obésité et le diabÚte[41]. L'action de la bactérie serait plutÎt liée à sa capacité[42] à former un biofilm qui, en attaquant la muqueuse, crée un ulcÚre ou une tumeur[43] - [44] - [45] - [46]. L'acétylcystéine serait un inhibiteur de son biofilm[47] - [48] - [49].
Au lieu de vouloir éliminer la bactérie (qui finit souvent par réinfecter les sujets traités par des antibactériens), il serait plus judicieux de la contrÎler en diminuant sa concentration gastrique. Les probiotiques contribuent à diminuer la puissance de la bactérie[50]. La souche Lactobacillus reuteri DSMZ 17648[51] fait preuve d'un effet inhibiteur encourageant, dont plusieurs études démontrant une réduction significative du taux de H. pylori. Les patients ayant recours à ce traitement voient leur symptÎmes régresser jusqu'à disparaßtre en quelques semaines.
En 2002, un essai vaccinal avait été tenté mais celui-ci a été abandonné parce que les effets secondaires étaient trop importants. Ces effets étaient liés à l'adjuvant utilisé (toxine cholérique). De plus, l'immunisation n'était pas suffisamment efficace. Seule une réduction de la concentration bactérienne a été observée. Les chercheurs tentent de mettre au point des adjuvants non toxiques permettant de stimuler efficacement la réponse immunitaire. L'immunisation des muqueuses est trÚs complexe. Le vaccin est toujours en cours d'étude et pourrait voir le jour dans quelques années. Celui-ci devrait permettre de traiter l'infection ainsi que la prévenir. Au cours de l'année 2007 les chercheurs ont élucidé les mécanismes permettant à la bactérie d'échapper au systÚme immunitaire[52].
Traitements alternatifs
Il existe des approches préventives ou des thérapeutiques dites naturelles[53]. Associés au traitement classique, certains polyphénols semblent améliorer trÚs légÚrement son efficacité[54].
Les huiles essentielles anti-infectieuses sont surtout les huiles essentielles à phénol comme Origanum compactum, Thymus vulgaris à thymol, Melaleuca alternifolia, Cinnamomum zeylanicum feuilles. La girofle (Eugenia caryophyllata) inhibe la croissance d'Helicobacter pylori in vitro[55]. Une publication italienne de 2017 fait l'inventaire des extraits d'agrumes reconnus pour leur activité anti-Helicobacter pylori in vitro seuls ou en association[56]. Plusieurs huiles essentielles comme Mentha piperita et Lemongrass ont montré in vitro une inhibition nette de la prolifération du HP[57] - [58]. Leurs efficacités en conditions réelles est inconnue.
L'efficacité de la mastication de résine de Pistacia lentiscus (lentisque pistachier), arbre méditerranéen exploité surtout dans l'ßle grecque de Chio, un temps alléguée[59] est débattue[60] - [61].
Il est aussi possible de rĂ©duire l'infection (dans les cas oĂč les diffĂ©rents traitements ont Ă©chouĂ©), sans pour autant l'Ă©liminer, en buvant du jus de canneberge. Certaines molĂ©cules (proanthocyanidines Ă haut poids molĂ©culaire) prĂ©sentes dans la canneberge seraient efficaces pour empĂȘcher l'adhĂ©sion de la bactĂ©rie aux cellules gastriques. Les bactĂ©ries sont alors Ă©liminĂ©es naturellement lorsque l'estomac se vide[62].
La capsaĂŻcine (extraite du piment) inhibe la croissance d'Helicobacter pylori[63]. Une faible consommation protĂšge du cancer de l'estomac tandis qu'une consommation moyenne ou haute augmente le risque[64].
Les Indiens Kunas d'Amérique centrale sont habitués à traiter les maux d'estomac avec du Piper multiplinervium, herbe contenant des substances efficaces contre le germe[65] - [66].
Lors d'une expĂ©rience en 2004, l'ingestion (aprĂšs mastication) de 14, 28, ou 56 g de pousses de brocoli, deux fois par jour pendant 7 jours a diminuĂ© ou supprimĂ© la prĂ©sence de la bactĂ©rie, et amĂ©liorĂ© les symptĂŽmes chez un nombre significatif de patients[67]. En revanche, la bactĂ©rie rĂ©apparaĂźt aprĂšs quelques mois. Le brocoli et d'autres choux peuvent ainsi ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre prĂ©ventive (l'expĂ©rience a Ă©tĂ© menĂ©e au Japon sur environ 50 patients dont la moitiĂ© consommait des germes de luzerne et l'autre moitiĂ© du brocoli)[68]. Le sulforaphane a Ă©tĂ© testĂ© en association mais l'essai Ă©tait de trop petite taille pour conclure quoi que ce soit[69]. UtilisĂ© seul, un extrait de graine de brocoli n'a pas prouvĂ© son efficacitĂ©[70]. Cependant, 6 g/j de poudre de pousses de brocoli pendant 28 jours, Ă©radique H.Pylori chez environ 45 % des personnes contre 85 % avec une trithĂ©rapie[71].
L'huile de nigelle est efficace contre la dyspepsie et H.Pylori[72]. 8âsemaines de supplĂ©mentation avec 2âg/jour de poudre de N. sativa en association avec une quadruple thĂ©rapie pourraient augmenter de maniĂšre significative l'Ă©radication de H. pylori (88 % contre 55 %)[73]
Lactobacillus acidophilus, L. casei, L. gasseri, and Bifidobacterium infantis sont efficaces en complément quand l'efficacité du traitement médicale est inférieur à 80 %[74].
La consommation au moins une fois par semaine de miel ou de thé semblerait efficace pour prévenir en partie l'infection[75].
La mélatonine (10 mg/d) ou le tryptophane (500 mg/d) ajoutés à l'oméprazole pourraient considérablement accélérer le taux de guérison des ulcÚres peptiques chroniques infectés par H. pylori par rapport à la seule administration d'oméprazole[76].
Un régime sans nickel améliore le taux d'éradication d'Helicobacter pylori[77].
Une revue systématique publié en 2021 conclue que « des études cliniques ont montré que les extraits végétaux et les micronutriments ne sont pas efficaces en tant qu'agents uniques dans l'éradication des infections à H. pylori, mais ils peuvent agir en synergie avec les thérapies pharmacologiques conventionnelles pour une efficacité améliorée lorsqu'ils sont utilisés en combinaison. Les germes de brocoli, la curcumine, le complexe de bardane et les vitamines (C et E) se sont avérés efficaces lorsqu'ils sont utilisés en association avec des trithérapies standard pour H. pylori. Nigella sativa L. en association avec l'oméprazole a montré des résultats similaires à la trithérapie standard composée d'antibiotiques et d'oméprazole. à l'inverse, GutGard s'est avéré significativement efficace en tant qu'agent unique par rapport au contrÎle placebo dans deux essais cliniques. Polaprezinc a montré une bonne efficacité en association avec un traitement standard, mais le zinc n'a montré aucun avantage synergique »[78].
Notes et références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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