Accueil🇫🇷Chercher

Glaçure

La glaçure[1], appelée aussi émail, est un enduit vitrifiable posé à la surface d'une céramique afin de la durcir, de la rendre imperméable ou de la décorer.

Glaçure d'un grès Odetta, Quimper 1930.

Historique

C'est probablement à l'Égypte ancienne que l'on doit les premières glaçures céramiques. Ces glaçures alcalines (à base de sel) s'obtenaient alors en mélangeant du sel ou de l'eau salée à l'argile des poteries. En séchant, les sels remontaient naturellement à la surface de l'objet et se vitrifiaient à la cuisson.

Les températures de cuisson étaient cependant trop basses pour produire un émail durable. Il faudra attendre les grès d'Europe du Nord, vers le XIVe siècle, pour que la glaçure au sel, vitrifiée à haute température, devienne une technique de production maîtrisée.

Parmi les premiers émaux qui aient existé, les émaux naturels de cendres se forment naturellement lors de la combustion des matières végétales, en restituant les minéraux accumulés par les plantes. À haute température, les oxydes minéraux contenus dans la cendre se combinent avec l'argile qui constitue la céramique et forment une glaçure appelée émail de cendre.

Ce n'est que plus tard, dans l'ancienne Syrie, que l'on utilisa les glaçures au plomb pour corriger certains défauts inhérents aux glaçures alcalines (écaillage, mauvaise tenue après cuisson, partiellement solubles notamment pour les récipients de cuisine). Cette technique au plomb toxique et les glaçures alcalines perdureront jusqu'au milieu du XXe siècle.

Principes techniques

Émaillage d'une assiette par trempage à la manufacture nationale de Sèvres.
Émaillage d'un vase par insufflation à la manufacture nationale de Sèvres.

Le procédé de glaçurage d'une pièce de céramique nécessite une cuisson dans un four à haute température.

  • La glaçure peut ĂŞtre appliquĂ©e Ă  sec, par la projection de sel dans les flammes d'un four Ă  bois ou par l'adjonction de vĂ©gĂ©taux Ă  l'intĂ©rieur du four.
  • Lorsqu'elle est appliquĂ©e sous forme liquide, la glaçure se prĂ©sente comme une poudre fine, composĂ©e de minĂ©raux ou d'oxydes, qui doit ĂŞtre mĂ©langĂ©e Ă  de l'eau et Ă  d'Ă©ventuels additifs. Le mĂ©lange doit ĂŞtre homogène et stable dans le temps pour assurer une bonne conservation. Il doit permettre de bonnes conditions d'Ă©maillage, de sĂ©chage et de tenue jusqu'Ă  l'enfournement.
Le mélange liquide est appliqué par pulvérisation ou trempage. Une zone non revêtue est réservée sur la pièce pour éviter que celle-ci n'adhère au support durant la cuisson. Lorsque la pièce doit être totalement émaillée, des pernettes sont utilisées lors de l'enfournement. Selon sa composition, la glaçure pourra être transparente ou opaque, mate ou brillante.

La cohésion de la glaçure et de son support en céramique dépend de la qualité de la terre employée et de la température de cuisson. Les terres cuites vernissées sont les plus fragiles alors que les porcelaines sont les plus résistantes. Dans une porcelaine, comme dans un grès émaillé, la couche de glaçure est totalement liée au support céramique.

On distingue deux grands types d'émaux utilisés pour le glaçurage des céramiques :

  • l'Ă©mail de basse tempĂ©rature (de 900 Ă  1 100 °C)
  • l'Ă©mail de haute tempĂ©rature (de 1 200 Ă  1 350 °C)

Ils se distinguent par la tempĂ©rature de fusion de leurs composants. Peu de matières premières utilisables pour les glaçures fondent aux alentours de 1 000 °C (borax, plomb) alors que beaucoup fondent Ă  haute tempĂ©rature, aux alentours de 1 200 °C (feldspath, composĂ©s incluant de la silice).

Des calculs précis permettent de composer des glaçures à partir des matières premières dont dispose le céramiste. Bien que ces mélanges soient connus depuis l'antiquité (terre sigillée, émail à base de minium (oxyde de plomb), émaux de laitier, etc.), les techniques et logiciels informatiques aident particulièrement dans cette tâche.

Toxicité, écotoxicité, certification

Si les glaçures (au sens de toute « substance appliquée sur la surface des carreaux entre le façonnage et le stade final de la cuisson du carreau ») contiennent du plomb, du cadmium ou de l'antimoine (ou un de leurs composés), pour obtenir l'écolabel européen, les glaçures ne doivent pas contenir plus de :

Types de glaçures

On distingue plusieurs types de glaçures selon les fondants utilisés :

  • glaçures alcalines - aux sels de sodium, de potassium ou de lithium ;
  • glaçures au bore - Ă  l'acide borique (tempĂ©rature de fusion 600 °C) ;
  • glaçures au plomb[3] - [4]— Ă  l'oxyde de plomb. L'alquifoux, glaçure au sulfure de plomb utilisĂ© dans le sud de la France jusqu'Ă  son interdiction partielle dans les annĂ©es 1950, donnait des coloris vernissĂ©s verts ou jaunes typiques des productions provençales. Les glaçures au plomb ne sont presque plus employĂ©es du fait de leur toxicitĂ© ;
  • glaçures « Bristol » — Ă  l'oxyde de zinc. Moins toxiques que les prĂ©cĂ©dentes, elles les ont progressivement remplacĂ©es.

De nombreuses recettes de glaçures sont disponibles pour obtenir différentes textures (mate, brillante, rugueuse), ou une couverte plus ou moins dense (opaque, translucide).

Le céladon

Ensemble de grès à couverte céladon. Chine du Sud, Zhejiang, Longquan, Dynastie des Song du Sud, XIIIe siècle. Musée Guimet, Paris.

Le céladon désigne à la fois un coloris et un type de céramique propre à la Chine (en chinois : qingci 青瓷, littéralement « porcelaine verte ») et à l'Extrême-Orient. Cet émail possède une teinte bleutée à vert olive et est caractéristique d'une production de céramique chinoise antique particulièrement recherchée.

Un exemple de cet émail de haute température est obtenu, en réduction, avec ce type de recette :

  • Feldspath : 40 %
  • Silice : 30 %
  • Craie (Carbonate de calcium) : 20 %
  • Kaolin : 10 %

Éventuellement on peut rajouter 5 % (en plus) de talc et 1 % d'ocre ou d'oxyde de fer.

Le tenmoku

Rouge de fer sur tenmoku.

Émail japonais noir tacheté de brun dit « peau de chamois », cet émail est obtenu avec la recette suivante :

  • Feldspath : 45 %
  • Craie : 12 %
  • Ball Clay : 5 %
  • Silice : 36 %
  • Bentonite : 2 %
  • Oxyde de fer rouge (hĂ©matite) : + 8 %

Le shino

Il existe beaucoup de shino différents. Ils ressemblent en général à un verre épais, opaque, mat, variant de blanc à orange ou brun. Deux recettes de Shino :

  • 1
    • NĂ©phĂ©line syĂ©nite : 70 %
    • Kaolin : 30 %
    • Sel : +3 %
  • 2
    • NĂ©phĂ©line SyĂ©nite : 80 %
    • Kaolin : 20 %
    • Sel : +3 %

Émaux de cendre

  • Émail de cendre « crème » :
    • Feldspath : 38 %
    • Cendres de bois : 31 %
    • Craie : 23 %
    • Silice : 8 %
  • Émail vert de cendre :
    • Feldspath : 18 %
    • Cendres de bois : 46 %
    • Ball clay : 27 %
    • Kaolin : 9 %
    • Carbonate de cuivre : +3 %
  • Émail bleu de cendre :
    • Feldspath : 38 %
    • Cendres de bois : 31 %
    • Craie : 25 %
    • Silice : 6 %
    • Oxyde de Cobalt : +1 %

Les coloris

DĂ©cor au tampon bleu de cobalt sous Ă©mail. (CĂ©ramique de Saint-Uze).

Ce sont les oxydes métalliques qui donnent leurs couleurs aux glaçures. L'oxyde de fer produit les tons vert, rouge, jaune, noir ou marron ; l'oxyde de cobalt les bleus ; l'oxyde de chrome les verts ; l'oxyde de manganèse des violets et des bruns.

Certains oxydes comme le cobalt furent longtemps réservés aux productions de luxe. En effet le cobalt le plus pur venait à grand frais du Moyen-Orient via l’Espagne. Celui d’Europe centrale donnait des bleus moins profonds et plus gris[5].

  • Bleu : cobalt + titane (rutile)
  • Brun : fer + manganèse
  • Gris bleutĂ© : fer + cobalt
  • Jaune : cobalt + vanadium
  • Noir : cuivre + manganèse
  • Ocre : fer + vanadium
  • Vert : cuivre + fer ou cuivre + chrome

Les couleurs et textures des émaux céramiques dépendent également de l'atmosphère de la cuisson dans laquelle ils se sont formés :

  • Oxydante (suffisamment d'oxygène pour que tout le carburant se consume)
  • RĂ©ductrice (il n'y a pas suffisamment d'oxygène pendant la cuisson pour que tout le carburant se consume et la flamme va chercher cet oxygène dans la matière mĂŞme de l'Ă©mail, changeant ainsi ses propriĂ©tĂ©s chimiques et donc son aspect).

Notes et références

  1. Nicole France et Antoinette Faÿ-Hallé, Céramique: vocabulaire technique, Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, coll. « Principes d'analyse scientifique », (ISBN 978-2-7577-0399-1)
  2. L 208/28 FR Journal officiel de l’Union européenne, .
  3. Virginie Armellin, Histoire de la céramique : les grandes civilisations, Paris, Editions Vial, dl 2019, 303 p. (ISBN 978-2-85101-229-6), p.199
  4. Anne Hochuli-Gysel, « La céramique à glaçure plombifère d'Asie mineure et du bassin méditerranéen oriental (du 1er s. av.t J-C au 1er s. ap. J-C) », Céramiques hellénistiques et romaines, TMO 35, MOM Editions,‎ , p. 303-319 (lire en ligne)
  5. Source : musée Adrien Dubouché.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.