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Eau agricole

L'eau agricole désigne l'eau utilisée dans l'agriculture, par opposition à l'eau domestique et à l'eau industrielle.

Selon la FAO, l’agriculture occupe aujourd’hui 11 % de la surface des terres Ă©mergĂ©es de la Terre aux fins des productions vĂ©gĂ©tale et animale et utilise 70 % de toute l’eau tirĂ©e des aquifĂšres, des cours d’eau et des lacs[1]. C'est une ressource naturelle essentielle et qui peut ĂȘtre menacĂ©e ou perturbĂ©e par le rĂ©chauffement climatique[2].

Description

Les utilisations de l'eau sont traditionnellement rĂ©parties entre secteurs domestique – l'eau domestique-, industriel – l'eau industrielle – et agricole – l'eau agricole. Le secteur agricole comprend l'eau pour l'irrigation et l'Ă©levage[3] (abreuvement et nettoyage) (et la pĂȘcherie - FAO[4])

Cette répartition en secteur met surtout en évidence la pression exercée par l'irrigation sur les ressources en eau renouvelable au niveau mondial (69-70 % des prélÚvement total d'eau douce selon la FAO).

La proportion d'eau utilisée pour le secteur agricole peut varier fortement selon les pays. En particulier, certains pays favorisés par leur climat et n'ayant pas recours à l'irrigation (agriculture pluviale) ont des taux de prélÚvement en eau à destination de l'agriculture qui avoisinent zéro. Deux tiers des pays dédiant moins de 10 % de leurs prélÚvements à l'agriculture (au nombre de 36) sont des pays industrialisés, avec un climat tempéré, en Europe[4]. Dix-sept pays ont des prélÚvements d'eau douce à destination de l'agriculture supérieurs à 90 %[4].

Disponibilité de l'eau

Répartition mensuelle des précipitations.

Sur la totalitĂ© de l'eau prĂ©sente sur terre (hydrosphĂšre), 97 % se trouve dans les ocĂ©ans. Cette eau est salĂ©e et difficilement exploitable pour l'agriculture. Seulement 0,3 % de l'eau douce est sous forme liquide Ă  la surface de la Terre. La Terre fonctionne heureusement comme une immense machine Ă  distiller oĂč l'eau s'Ă©vapore continuellement mais se condense en pluie et retourne plus ou moins rapidement aux ocĂ©ans[5]. L'eau dans l’atmosphĂšre est renouvelĂ©e tous les neuf jours, au cours de ce cycle hydrologique - Ă©vaporation - condensation - pluie - ruissellement - et retour Ă  l'ocĂ©an. En moyenne il tombe un mĂštre cube d'eau par mĂštre carrĂ©, soit[6] 814 mm, sur lesquels 56 % sont Ă©vaporĂ©s par les forĂȘts et les paysages naturels. C'est dans les 44 % restants que l'humanitĂ© va puiser pour ses besoins, on parle d'eau agricole (dont 5 % par l'agriculture pluviale), d'eau industrielle et d'eau domestique.

Toutefois les prĂ©cipitations se rĂ©partissent de maniĂšre disparate: 10 m3 Ă  certains endroits, rien pendant des annĂ©es Ă  d'autres endroits. Lorsqu'un Islandais disposerait virtuellement de 1 400 000 litres par jour, un KoweĂŻtien ne disposerait que de 16 litres. Le globe terrestre comporte donc des contextes gĂ©ographiques et climatiques variĂ©s et des situations Ă©conomiques et dĂ©mographiques bien distinctes, les prĂ©lĂšvements d’eau par usage sont par consĂ©quent variables d’un État Ă  l’autre. En Espagne, les usages agricoles prĂ©dominent alors qu’en Allemagne, l’essentiel des prĂ©lĂšvements est Ă  destination des usages industriels[7].

Eau et sol

La plante, une pompe puissante

Schéma classique d'explications visuelles du complexe hydrique.

La plante est le siĂšge de transferts de nutrition carbonĂ©e et azotĂ©e qui passent par la sĂšve, basĂ©e sur l'eau. L'eau compte pour 70 % Ă  90 % dans la composition de la plante et durant le mĂ©tabolisme la plante contient plus de 50% d'eau en mouvement: la sĂšve brute, contenant les Ă©lĂ©ments nutritifs, et la sĂšve Ă©laborĂ©e, en quantitĂ© infime par rapport Ă  la premiĂšre. Le flux de sĂšve brute dans le xylĂšme est continu et ascendant: l'arbre se comporte comme une pompe, dont la puissant moteur se situe dans sa partie verte, et qui dissipe dans l'atmosphĂšre de grandes quantitĂ©s d'eau, par dĂ©composition chimique, guttation et surtout Ă©vapotranspiration (aussi par capillaritĂ©)[8]. L'Ă©vapotranspiration, le processus continu chez les plantes causĂ© par l'Ă©vaporation d'eau par les feuilles et la reprise qui y correspond Ă  partir des racines dans le sol, engendre une dĂ©pression Ă  ce point forte dans l'arbre, pouvant aller jusqu'Ă  −200 bars, que l'eau peut y ĂȘtre dans un Ă©tat mĂ©tastable et caviter, avec l'apparition brutale de bulles, provoquant une embolie dans la circulation de la sĂšve[9].

La transpiration vĂ©gĂ©tale se fait par les stomates s'ils sont ouverts, Ă  travers la barriĂšre continue constituĂ©e par le cuticule, ce qui crĂ©e des tensions dans la colonne d'eau de la plante et la fait s'Ă©lever. Le rĂŽle du cuticule, mince couche cireuse et impermĂ©able qui recouvre la surface de l'Ă©piderme de la plante[10] est d'empĂȘcher l'Ă©vaporation d'eau directement par la surface externe des Ă©piderme foliaires et de protĂ©ger les cellules sous-jacentes d'une dessication qui pourrait ĂȘtre lĂ©tale.

La transpiration vĂ©gĂ©tale est un phĂ©nomĂšne d'une importance considĂ©rable. Un simple pied de maĂŻs peut durant sa vie rejeter jusqu'Ă  200 litres d'eau. ExtrapolĂ© Ă  l'Ă©chelle du champ de maĂŻs, la quantitĂ© d'eau Ă©vaporĂ©e par les plants pourrait atteindre 38 cm, rĂ©partie sur le temps de la culture. Un seul Ă©rable argentĂ© adulte de 14,50 m, peut perdre jusqu'Ă  225 l/h d'eau[11], un chĂȘne adulte remonte plus de 200 litres d'eau par jour et ceci Ă  une hauteur de 30 Ă  40 mĂštres[12]. Dans une forĂȘt d'arbres Ă  feuilles caduques, de celles qu'on trouve dans les Appalaches, un tiers des prĂ©cipitations annuelles ne sera absorbĂ© par les plantes que pour ĂȘtre restituĂ© Ă  l’atmosphĂšre[11]. Sur une majoritĂ© de bassins, les pertes d'eau par Ă©vapotranspiration reprĂ©sente la partie la plus importante du bilan d'eau, et contribuent grandement au cycle de l'eau.

Pour que la « pompe » fonctionne, suffisamment d'eau Ă©videmment doit ĂȘtre Ă  disposition (fonction des prĂ©cipitations, mais aussi d'un bon sol hors-gel et pourvu en eau); mais la chaleur a aussi de l'importance, car l'arbre, par l'eau, rĂ©gule sa tempĂ©rature[8].

Les forestiers se fondaient sur la tempĂ©rature pour dĂ©terminer la fin et le dĂ©but de la pĂ©riode vĂ©gĂ©tative: il existe un seuil, en deçà duquel l'eau n'est pas utilisable par l'arbre, oĂč la pompe se dĂ©samorce, ou ne dĂ©marre pas : dans les rĂ©gions tempĂ©rĂ©es entre 6 et 8 °C[8]. L'arbre en hiver entre en dormance, ce qui n'empĂȘche pas la circulation de la sĂšve: « la circulation de la sĂšve est ralentie »; la teneur en eau des fibres de l'arbre est minimale, ce qui permet Ă  l'arbre d'Ă©viter les risques de gel de ses vaisseaux ligneux[13].

La présence d'eau et la photosynthÚse sont un élément et un mécanisme essentiels de la biosphÚre. Cette image composite rend visible en fausses couleurs (en vert) les zones terrestres les plus végétalisées et les zones de concentration en plancton (AVHRR, Advanced Very High Resolution Radiometer instrument).

Un autre moteur de l'élévation de la sÚve est la photosynthÚse. La photosynthÚse oxygénique qui consomme de l'eau s'exprime selon la formule:

2n CO2 + 2n H2O + photons → 2(CH2O)n + 2n O2.

Parmi les moteurs de la croissance végétale l'eau est responsable du phénomÚne de turgescence, qui permet aux plantes de s'élever vers la lumiÚre.

Eau de ruissellement sur l'arbre

La forĂȘt joue un rĂŽle important dans la rĂ©gulation du ruissellement. La pluie est retenue par les feuilles et les branches et s'Ă©goutte peu Ă  peu, ou glisse des branches sur le tronc. Cette retenue partielle de l'eau amortit et rĂ©gule l'arrivĂ©e au sol de l'eau[12].

Zone vadose

L'Ă©vapotranspiration potentielle est la quantitĂ© maximale d'eau susceptible d'ĂȘtre Ă©vaporĂ©e sous un climat donnĂ© par un couvert vĂ©gĂ©tal continu bien alimentĂ© en eau. Il dĂ©coule de cette dĂ©finition qu'une zone sĂšche est un endroit oĂč le potentiel annuel d'Ă©vaporation excĂšde les prĂ©cipitations annuelles.

Le « stress hydrique » qualifie de maniĂšre gĂ©nĂ©rale une situation oĂč la demande en eau est plus Ă©levĂ©e que la quantitĂ© disponible. Plus spĂ©cifiquement il dĂ©crit pour la plante l'Ă©tat physiologique, la situation de souffrance rĂ©sultant d'un dĂ©ficit en eau; caractĂ©risĂ©e par une croissance plus lente, une rĂ©sistance moindre aux maladies[14] et se traduisant si elle est prolongĂ©e par le flĂ©trissement, la fanaison[15] puis la mort de la plante[16]. La rĂ©serve utile en eau d'un sol est la quantitĂ© d’eau que le sol peut absorber et restituer Ă  la plante. La vĂ©gĂ©tation puise dans cette rĂ©serve jusqu'Ă  une tension de -1500hPa (15 bars); au-delĂ , la force de rĂ©tention capillaire du sol (son potentiel hydrique?) excĂšde la force de succion des racines, la plante flĂ©trit et meurt. La valeur de tension de -1500hPa est nommĂ©e W1500 ou point de flĂ©trissement permanent.

La porositĂ© du sol de l'ordre de 20 Ă  30 % en gĂ©nĂ©ral peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la capacitĂ© de stockage de l'humiditĂ© d'un sol. Le sol est dit saturĂ© lorsque sa porositĂ© est presque totalement occupĂ©e par l'eau, ce qui se produit dans les aquifĂšre et les nappes phrĂ©atiques. Au-dessus des aquifĂšres, la zone vadose qualifie une zone non saturĂ©e en eau[17] . L'eau dans un sol non saturĂ© est retenue par des forces capillaires (de succion). L'eau excĂ©dentaire, dite gravitaire parce que sollicitĂ©e par la pesanteur, descend vers la nappe phrĂ©atique. Le sol se draine jusqu'Ă  atteindre la capacitĂ© au champ qui est la capacitĂ© de rĂ©tention maximale en eau du sol, soit la quantitĂ© d'eau retenue dans un sol aprĂšs que l'eau gravitaire s'est Ă©coulĂ©e[18] (La circulation de l'eau filtrant Ă  travers le sol est soumise Ă  la loi de Darcy et fonction de la conductivitĂ© hydraulique). La capacitĂ© au champ de mĂȘme que la rĂ©serve utile en eau d'un sol, sont principalement tributaire de la texture du sol, de la taille des pores et de sa profondeur. On peut distinguer texture sableuse, limoneuse, argileuse, l'optimum Ă©tant atteint dans la texture Ă©quilibrĂ©e qui prĂ©sente la plupart des qualitĂ©s des trois, sans en avoir les dĂ©fauts. La rĂ©serve utile en eau d'un sol est la diffĂ©rence entre l'eau contenue dans le sol Ă  la capacitĂ© au champ, et l'eau contenue dans le sol au point de flĂ©trissement. Elle correspond Ă  une lame d'eau contenue dans une Ă©paisseur unitaire de sol et est exprimĂ©e gĂ©nĂ©ralement en mm/m. La rĂ©serve utile totale est proportionnelle Ă  l'Ă©paisseur sol.

Tolérance et évitement des végétaux

Les plantes hygrophiles sont trÚs exigeantes en eau et vivent sur un sol saturé en eau.

Les plantes mésophiles sont adaptées à des milieux tempérés.

Les plantes xérophiles sont adaptées aux sols secs. Les végétaux qui poussent sur des sols ayant peu de réserve en eau utilisent deux stratégies : la tolérance et l'évitement. Dans le cas de l'évitement, la réduction de la transpiration permet le maintien d'un potentiel hydrique élevé. Elle se réalise chez les sclérophytes, malacophytes, éphémérophytes et psammophores, etc. par un épaississement du cuticule, un enfoncement des stomates, etc. Les sclérophytes, végétaux persistants aux feuilles relativement petites, coriaces, cireuses et assez épaisses, protÚgent le peu d'eau qu'elles peuvent absorber en limitant la transpiration. Les éphémérophytes réalisent leur cycle de reproduction en dehors de la sécheresse sur un temps trÚs court; les poïkylohydres interrompent leur cycle de reproduction, et tolÚrent un abaissement de leur contenu hydrique de 50%, stratégie fréquente chez les champignons, lichens, mousses, algues, mais rare chez les angiospermes (présente chez la ramondie des Pyrénées par exemple)[19].

Carte de la production mondiale de mil, 2008.

En zone soudano-sahĂ©lienne, le mil est recommandĂ© comme culture primaire sur les plus vastes Ă©tendues de terre, car il demande peu d’eau. Plus exigeant, le sorgho l’emporte en Afrique australe sub-humide et semi-aride. La culture du maĂŻs convient mieux aux vastes superficies de l’Afrique occidentale humide et sub-humide et de l’Afrique orientale montagneuse. En Afrique centrale humide, le manioc est le meilleur choix sur la plus grande partie des terres. La culture du maĂŻs est souvent forcĂ©e sur des sols inappropriĂ©s pour des raisons de rendement potentiel plus Ă©levĂ© entre-autres au risque d'une faillite complĂšte des cultures comme lors de sĂ©cheresse d’Afrique australe en 1992/93. Le blĂ©, le riz ou l’orge, poussent mal sur la plus grande partie de l’Afrique si ce n'est par un supplĂ©ment d'arrosage apportĂ© par l'irrigation[20].

Un fermier inspecte des plants de riz d'eau profonde.

Le riz est la seule céréale qui peut résister la submersion, ce qui contribue à expliquer les relations complexes et diversifiées existant entre le riz et l'eau. Pendant des centaines des années, les pressions de sélection naturelles telles que la sécheresse, la submersion, les inondations, les stress de nutriments et biotiques ont conduit à une grande diversité l'allongement des tiges pour échapper à un manque d'oxygÚne lorsque le niveau d'eau augmente, et la résistance à des périodes de sécheresse sévÚre. Les écologistes ont distingué cinq catégories de rapport à l'eau: pluvial de plaine (bas-fond pluvial), eau profonde, zones humides de marée (lagunaire), pluvial de montagne (pluvial strict) et le riz irrigué. La culture de riz a besoin d'eau pour l'évapotranspiration, l'infiltration et la percolation, ainsi que pour des opérations culturales telles que la préparation du sol et le drainage. Le riz paddy consomme plus d'eau que toute autre culture, mais une grande partie de cette eau est recyclée pour d'autres usages[21].

Eau et formation des sols

La pluviométrie, l'évapotranspiration et la température sont parmi les facteurs ayant contribué à la formation des sols. Les altérations chimiques présentes dans le sol sont liées à l'eau de maniÚre absolue, et d'autre-part liées à la température. Les réactions chimiques doublent de vitesse lorsque la température augmente de 10 °C.

On appelle drainage climatique (P-ETP), la différence entre précipitations (P) et évapotranspiration potentielle (ETP).

En premiÚre approximation cette équation donne naissance à trois types de situations: des climats dans lesquels les sols ont tendance à s'appauvrir car ils sont traversés par d'importantes quantités de pluie (le drainage climatique est positif, les sels de calcium et de sodium, etc. sont évacués, le sol a tendance à s'acidifier et à s'appauvrir); sous certains climats l'eau n'est pas en quantité suffisante pour lessiver les ions qui sont libérés par l'altération si bien que ces ions s'accumulent au sein du sol et augmentent le risque de salinisation, si le sodium (Na) est abondant dans l'environnement (dans ce cas le drainage climatique est négatif). Certains sols enfin sont en équilibre avec le climat et se révÚlent les meilleurs pour la pousse des plantes car ils ne sont ni trop pauvres ni trop riches en Na, Ca, etc.[22].

En effet, la salinisation est un problĂšme qui pose beaucoup de difficultĂ©s aux irrigants Ă  cause de la teneur en sels dissous. La pression osmotique de la solution du sol augmente proportionnellement Ă  la salinitĂ©, ce qui entraine une rĂ©duction de la qualitĂ© d’eau utilisable par les plantes[23] .

Un bilan hydrique complet tiendra compte des apports d'eau, des transferts au sein du sol, des pertes par évaporation, par absorption racinaire et par drainage profond. On raisonne en hauteur d'eau exprimée en cm mais on tient compte des pertes latérales par ruissellement. La topographie, concentre ou disperse les eaux, elle est un facteur déterminant dans la constitution des sols.

Comme la tempĂ©rature est dĂ©terminante, les sols de maniĂšre gĂ©nĂ©rale se rĂ©partissent sur terre par longues bandes horizontales suivant la latitude ou l'altitude, dĂšs lors qu'on perd environ 1 °C par 100 km remontĂ© vers le nord (dans l'hĂ©misphĂšre Nord) ou par 180 mĂštres gagnĂ©s en altitude. La zonalitĂ© liĂ©e Ă  la latitude est nuancĂ©e par l'altitude, comme dĂ©couvert par Vassili DokoutchaĂŻev[22].

Eau et altération des sols

Le ruissellement sur les cultures peut ĂȘtre cause d'Ă©rosion, de rĂ©gression et dĂ©gradation des sols. Le ruissellement des sĂ©diments peut ĂȘtre contrĂ© par la culture en courbes de niveau, le paillis, la rotation culturale, la plantation de cultures vivaces, l'installation de zones ripariennes tampon.

La culture en courbes de niveau, (en anglais, contour plowing ou contour farming ou contour ploughing) est la pratique agricole consistant Ă  labourer et/ou Ă  planter sur une pente selon ses courbes de niveau d’élĂ©vation. Ces courbes de niveau crĂ©ent une rupture de pente qui rĂ©duit la formation de ravines et rigoles lors d'un ruissellement important; qui est une cause majeure de l'Ă©rosion du sol.

La battance est en édaphologie, pédologie et écologie du paysage, le caractÚre d'un sol tendant à se désagréger et à former une croûte en surface sous l'action de la pluie. C'est une des expressions de la régression et dégradation des sols.

Une irrigation mal menée conduit à une salinisation des sols.

RĂ©gime hydrique des sols

RĂ©gime hydrique des sols. Les rĂ©gimes d'humiditĂ© des sol sont utilisĂ©s comme critĂšre de classification des sols, car ils affectent la pĂ©dogĂ©nĂšse, l'utilisation et la gestion des sols, et ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour regrouper les sols de propriĂ©tĂ©s et de morphologie similaires (USDA).

Le régime hydrique des sols (Comprendre le régime d'humidité du sol) est dans la Taxonomie des sols de l'USDA, défini en fonction du niveau piézométrique et la présence ou l'absence d'eau disponible pour les plantes (La réserve utile en eau du sol). Tous les régimes d'humidité, sauf aquic, sont basés sur le climat régional. Les régimes d'humidité aquic sont basés sur la durée de la période pendant laquelle le sol est saturé. Les classes de régime d'humidité du sol comprennent[24]:

  • Aquic (ou Perudic): SaturĂ© d'eau assez longtemps pour provoquer un appauvrissement en oxygĂšne. Les sols avec un a rĂ©gime d'humiditĂ© Aquic (perudic) ont besoin drainage artificiel pour la plupart des pratiques culturales.
  • Udic: Climat humide ou subhumide. Les sols avec un rĂ©gime d'humiditĂ© Udic ont suffisamment d'humiditĂ© pour les cultures. Les cultures peuvent ĂȘtre cultivĂ©es dans le rĂ©gime d'humiditĂ© Udic sans irrigation.
  • Ustic: climat semi-aride. Les sols avec un rĂ©gime d'humiditĂ© Ustic peuvent produire des cultures pluviales, mais l'humiditĂ© sera limitĂ©e pendant une partie de la saison de croissance.
  • Aridic (ou Torric): climat aride. Les sols avec un rĂ©gime d'humiditĂ© Aridic nĂ©cessitent l'irrigation pour ĂȘtre utilisĂ© pour les cultures.
  • Xeric: climat mĂ©diterranĂ©en (hivers froids et humides et Ă©tĂ©s chauds et secs)

La gestion de ces sol varie en fonction des différents régimes d'humidité.

Bioclimats

La pluviositĂ© et la tempĂ©rature sont donc les deux facteurs qui rentrent dans l'Ă©laboration d'une classification des climats. Le caractĂšre essentiel des zones sĂšches du globe - qui se diffĂ©rencient par de nombreux caractĂšres particuliers au milieu et parmi ceux-ci une agriculture tributaire de l'irrigation - est la faiblesse des prĂ©cipitations. Toutefois la simple classification selon les prĂ©cipitations n'est pas suffisante pour ranger un climat dans la catĂ©gorie « dĂ©sert » ou « steppe ». le fait d'adopter une ligne isohyĂšte, par exemple celle de 300 mm comme ligne extrĂȘme de la zone aride, et celle de 750 mm comme limite extrĂȘme de la zone semi-aride ne donne pas des rĂ©gions climatiques une idĂ©e correspondant Ă  la rĂ©alitĂ©. Une mĂȘme quantitĂ© de pluie qui s'Ă©vapore rapidement aprĂšs ĂȘtre tombĂ©e est moins utile aux plantes qu'une quantitĂ© Ă©gale qui s'Ă©vapore plus lentement et demeure ainsi plus longtemps Ă  disposition des vĂ©gĂ©taux[25]. Dans la Taxonomie des sols de l'USDA par exemple le rĂ©gime de tempĂ©rature des sols vient donc complĂ©ter le rĂ©gimes d'humiditĂ© des sols. La classification de Köppen est d'autre part une classification rĂ©putĂ©e des climats fondĂ©e sur les prĂ©cipitations et les tempĂ©ratures. C'est une combinaison carte mondiale de la vĂ©gĂ©tation de Griesbach et la division du climat en cinq zones par Candolle.

Carte des climats de Köppen-Geiger, fondée sur les précipitations et les températures. Cette carte reste aujourd'hui une référence dans les domaines de l'hydrologie, de la géographie, de l'agriculture, de la biologie et de la climatologie, à travers ses recherches sur l'évolution des climats.

Les grandes formations végétales naturelles, appelées biomes, tendent à se disposer parallÚlement aux grandes zones climatiques[26].

Les vĂ©gĂ©taux plus que les animaux se soustraient difficilement aux pĂ©riodes de climat dĂ©favorables et de larges rĂ©gions du globe ont dĂšs lors une capacitĂ© de production agricole limitĂ©e qui peut ĂȘtre Ă©ventuellement soutenue par l'irrigation.

Zones peu propices Ă  l'agriculture

L'inlandsis de l'Antarctique, continent le plus froid mais aussi le plus sec et le plus venteux - n'est pas propice Ă  l'implantation de plantes vasculaires et est inhabitĂ©, tout comme l'inlandsis du Groenland. Dans une zone correspondant aux climats polaires et de toundra (EF et ET) et d'autre part le climat subarctique (Dfc, Dfd, Dwc, Dwd, Dsc, Dsd), constituĂ©e principalement par un ocĂ©an gelĂ©, des terres trĂšs froides de toundra et plus bas, par la trĂšs large continuitĂ© boisĂ©e (10 % des terres Ă©mergĂ©es) de la forĂȘt borĂ©ale, la survie des populations humaines est largement tributaire de la pĂȘche, de la chasse et dans le Nord de l'Europe associĂ©e Ă  un pastoralisme nomade basĂ©e sur le renne. Ce sont des sols partiellement gelĂ©s toute l'annĂ©e (pergĂ©lisol) et pour lesquels toute activitĂ© biologique se trouve confinĂ©e dans la fine couche superficielle qui dĂ©gĂšle chaque Ă©tĂ©. Elle est le support d'une vĂ©gĂ©tation suffisante pour offrir un pĂąturage Ă  des animaux, comme le caribou, le renne et le bƓuf musquĂ©. Le surpĂąturage conduit rapidement Ă  l'Ă©rosion de ces sols fragiles[27].

Les déserts et terres arbustives xériques (écorégion terrestre du WWF), correspondant aux climats désertiques (BWh et BWk), voire semi-arides (BSh et BSk) sont des écorégions dans lesquelles, l'évaporation dépassant les précipitations, il est difficile voire impossible de maintenir des cultures. De nombreux déserts, comme le Sahara, sont chauds toute l'année, mais d'autres, comme le désert de Gobi en Asie, sont devenus tout à fait froids en hiver. La végétation y est rare, basse et atrophiée. Elle a évolué pour minimiser la perte d'eau (xérophyte). La biodiversité animale y est tout aussi bien adaptée et diversifiée. Ces régions autorisent un pastoralisme nomade[28]. Ce sont des écorégions trÚs sensibles au pùturage ou au surpùturage, à la perturbation du sol, à la combustion, au labour, et autres modifications de la couverture. Certaines tentatives de conversion des terres à l'agriculture pluviale ou non y ont été catastrophiques.

Bassins endoréiques majeurs : bassin du Tchad au centre de l'Afrique, bassin du Kalahari, bassin de la mer Caspienne et de la mer d'Aral, bassin du Tarim.

Les rĂ©gions arides sont aussi souvent des bassins endorĂ©iques (parmi lesquels bassin du Tchad) d'oĂč l'eau ne peut s’échapper que par Ă©vaporation ou par infiltration. Les minĂ©raux qui sont abandonnĂ©s aux prĂ©cipitations sous forme de sels contribuent par Ă©vaporation Ă  saliniser les eaux et les sols formant Ă  leurs points les plus dĂ©primĂ©s des plaines inondĂ©es et salĂ©es, des mares et des lacs salĂ©s tous peu propices Ă  la vie vĂ©gĂ©tale, halophiles et gypsophiles exceptĂ©s, dans des cas extrĂȘmes des dĂ©serts de sels (voir aussi chott, sebkha, playas, kevirs, bolsĂłnes, garras, dayas, gueltas, salars, lagunas, solonchaks, solonetz, kĂ©virs iranien, harhas syrien, pans en Afrique australe, sais Gobi, laagtes Kalahari[29]). Les oasis (ouadis) du Kanem, zone dĂ©sertique parsemĂ©e d'Ă©pineux au Nord du lac Tchad ont la particularitĂ© d'avoir en leur centre une nappe d'eau saumĂątre, riche en carbonate de sodium, dans laquelle se dĂ©veloppe naturellement la spiruline, variĂ©tĂ© d'algue bleu-vert, connue sous le nom local de DihĂ©, extrĂȘmement riche en protĂ©ines, en fer et en bĂȘtacarotĂšne employĂ©e localement en sauce, mais aussi sĂ©chĂ©e au soleil en galettes, alors consommĂ©es, vendues sur le marchĂ© ou exportĂ©es vers les pays voisins (Nigeria, Niger..)[30]

Latérite à Tanah Merah (Indonésie).

Le climat tropical et le climat Ă©quatorial produisent des sols latĂ©ritiques de couleur rouge, des sols pauvres sur lesquels la vĂ©gĂ©tation naturelle est la forĂȘt dense (ou jungle). Les sols latĂ©ritiques obtenus par une hydrolyse alcaline des sols, dans des zones Ă  forte humiditĂ© et tempĂ©rature, sont caractĂ©risĂ©s de bas en haut par un horizon de dĂ©part, poreux, c'est-Ă -dire la zone d'attaque de la roche, puis un horizon tachetĂ© correspondant Ă  un premier degrĂ© d'accumulation, puis un horizon rouge reprĂ©sentant un stade plus avancĂ©, enfin un horizon supĂ©rieur « podzolĂ© », c'est-Ă -dire appauvri sous l'effet d'un lessivage. Sous forĂȘt les hydroxydes floculent vers la base du sol, alcaline; des argiles plus ou moins enrichies en hydroxydes, se forment au-dessus, en milieu plus acide; lorsque ce matĂ©riel passe en conditions de savane, l'Ă©vaporation entraĂźne des remontĂ©es, les hydroxydes prĂ©cipitent alors, se dĂ©shydratent, cristallisent, et l'on aboutit Ă  une cuirasse latĂ©ritique[31]. Le dĂ©frichage des zones forestiĂšres tropicales en vue de l'agriculture entraĂźne rapidement la formation de cette cuirasse stĂ©rile et s'avĂšre, pour cette raison entre autres, catastrophique dans la plupart des cas[32].

Terres propices Ă  l'agriculture

Les rĂ©gime hydrique des sols Udic, Ustic et Xeric de la Taxonomie des sols de l'USDA renseignent sur des sol favorables Ă  la croissance des plante. Pour Udic la disponibilitĂ© en eau est suffisamment Ă©levĂ©e toute l'annĂ©e d'une part, pour Ustic, commun dans les rĂ©gions semi-arides, de graves pĂ©riodes de sĂ©cheresse peuvent se produire. Grosso modo on retrouve ces rĂ©gimes, au centre et Ă  l'est des États-Unis, sur l'ensemble de l'AmĂ©rique du Sud, sur le centre de l'Afrique jusqu'au Sahel, sur l'Europe, le sud de la Russie, l'Asie du sud, du sud-est et de l'est, le pourtour de la mer MĂ©diterranĂ©e. Toutefois la qualitĂ© des sols ; la maniĂšre dont les prĂ©cipitations se produisent, va conditionner diffĂ©rents types de cultures.

Répartition potentielle de l'olivier dans le bassin méditerranéen[33]. L'olivier est un arbre exigeant en lumiÚre, qui craint l'humidité excessive et qui supporte des sécheresses exceptionnelles. C'est un indicateur biologique du bassin Méditerranéen.

À la suite de Louis Emberger, les types de climat mĂ©diterranĂ©ens (Xeric) rapportĂ©s Ă  la vĂ©gĂ©tation sont principalement caractĂ©risĂ©s par une sĂ©cheresse estivale prĂ©sente ou prĂ©pondĂ©rante, indĂ©pendamment des valeurs thermiques hivernales. À cette condition, ils se superposent exactement Ă  la vĂ©gĂ©tation mĂ©diterranĂ©enne. Ce biome se situe dans d'autre rĂ©gions de climat mĂ©diterranĂ©en telles la Californie, le Chili, l’Afrique du Sud ainsi que le Sud de l'Australie[34]. L'olivier est un indicateur biologique du bassin MĂ©diterranĂ©en.

Production mondiale de blĂ© : l'Europe est le premier producteur devant la Chine, l'Inde, les États-Unis et la Russie.

La majorité des terres cultivées, entre autres cultures du riz, du blé, des légumineuses et du maïs est répartie dans l'hémisphÚre nord, dans la zone tempérée, et en Asie du Sud, du Sud-Est et de l'Est.

Distribution mondiale des sols de type tchernoziom (en rouge).

Les grandes cultures cĂ©rĂ©aliĂšres, surtout celle du blĂ©, remplacent les Ă©tendues de prairies, savanes et terres arbustives tempĂ©rĂ©es que l'on retrouve dans les Grandes Plaines des États-Unis, les prairies canadiennes, la steppe pontique eurasienne. L'essentiel de la production agricole de l'Argentine provient de la rĂ©gion de la Pampa, toutefois le secteur agricole argentin est essentiellement orientĂ© vers l'Ă©levage extensif. Le Cerrado brĂ©silien dĂ©diĂ©es Ă  l’élevage bovin, au maĂŻs, Ă  la canne Ă  sucre et surtout au soja forme un autre pĂŽle de cĂ©rĂ©aliculture commerciale extensive[35]. Le sol typique de la prairie, le Tchernoziom (la terre noire), caractĂ©risĂ© par un fort taux d'humus et d'argile qui lui confĂšre une rĂ©serve d'eau utile importante est souvent considĂ©rĂ©e comme le meilleur sol au monde pour l'agriculture. Le Tchernoziom fait le succĂšs de la Russie, de l'Ukraine et du Kazakhstan, qui comptabilisent 25 % des exportations mondiales de blĂ©[36]. Le croissant fertile forme un autre milieu steppique, coincĂ© entre le dĂ©sert de Syrie et les chaĂźnes montagneuses du Taurus et du Zagros, sur lequel sera domestiquĂ© le blĂ©, et dĂ©butera la sĂ©dentarisation de l'homme, il y a 10 000 ans. La qualitĂ© de ces sols est contrebalancĂ©e par un Climat semi-aride dans lequel les sĂ©cheresses peuvent s'avĂ©rer catastrophiques (Le Dust Bowl, par exemple, qui a touchĂ© la rĂ©gion des Grandes Plaines aux États-Unis et au Canada dans les annĂ©es 1930 a marquĂ© tous les esprits).

Une agriculture productiviste commerciale s'est dĂ©veloppĂ©e dans des rĂ©gions au sol et au climat particuliĂšrement favorable, permettant une agriculture pluviale: L'Europe de l'Ouest, l'est du cerrado, la cĂŽte sud-est de l'Australie et le Japon. Elle permet Ă  des pays de la taille de la France ou de l'Allemagne de se maintenir dans le top 10 des producteurs de blĂ©s. Le record de production de cĂ©rĂ©ales Ă  l'hectare est dĂ©tenu par la Belgique avec plus de 9 000 kg/ha[37] soit quatre fois plus que la Russie. La production peut-ĂȘtre qualifiĂ©e d'intensive et productiviste, profite d'un climat tempĂ©rĂ© (Climat ocĂ©anique, hivers doux et pluvieux et des Ă©tĂ©s frais et relativement humide, Climat continental humide, Climat subtropical humide, Ă©tĂ©s chauds et humides et hivers courts) et fait usage d'engins agricoles et d'intrants. L'Empresa Brasileira de Pesquisa AgropecuĂĄria a adaptĂ© les variĂ©tĂ©s les plus courantes de cĂ©rĂ©ales aux spĂ©cificitĂ©s du climat du cerrado, faisant du BrĂ©sil une puissance agricole. Certains pays comme le Japon peuvent grĂące au climat tropical, rĂ©aliser deux rĂ©coltes sur l'annĂ©e.

Culture du riz.

La culture du riz est associĂ©e Ă  l'Asie et au climat de mousson pour lequel il y a lieu de distinguer mousson d'Ă©tĂ© (humide) et mousson d'hiver (sĂšche). Kharif dĂ©signe les cultures et rĂ©coltes au cours de la saison des pluies (mousson pluvieuse) dans la rĂ©gion d'Asie du Sud, qui dure entre avril et octobre en fonction de la zone envisagĂ©e. Les cultures kharif principales sont le mil et le riz. Kharif contrastent avec rabi, les cultures irriguĂ©es de la saison sĂšche. Les deux mots sont venus avec l'arrivĂ©e des Moghols dans le sous-continent indien et sont largement utilisĂ©s depuis lors. Les cultures rabi sont semĂ©es Ă  la mi-novembre, aprĂšs que les pluies de mousson sont terminĂ©es, et la rĂ©colte commence en avril/mai. Les cultures sont cultivĂ©es soit avec l'eau de pluie qui a percolĂ© Ă  travers le sol, ou soutenues par l'irrigation. Une bonne pluie en hiver gĂąte les cultures rabi mais est bon pour les cultures kharif. La rĂ©colte rabi majeure en Inde est le blĂ©, suivi par l'orge, la moutarde, le sĂ©same et les pois. Les pois sont rĂ©coltĂ©s tĂŽt, car ils sont prĂȘts tĂŽt: les marchĂ©s indiens sont inondĂ©s avec des pois verts de janvier Ă  mars, avec un pic en fĂ©vrier. Les cultures kharif sont gĂ©nĂ©ralement semĂ©es avec le dĂ©but des premiĂšres pluies vers la fin mai dans le sud du Kerala au cours de l'avĂšnement de la saison de mousson du sud-ouest. Comme les pluies de la mousson avancent vers le nord de l'Inde, les dates de semis varient en consĂ©quence et atteignent juillet dans le nord de l'Inde.

Eau et production animale

Les zones de bétail sont dominantes en Afrique, Amérique du Sud et en Australie.

L'eau reprĂ©sente 80 % du volume du sang des animaux. Elle est essentielle aux fonctions de l'organisme telles que le maintien de la tempĂ©rature interne, la digestion, l'Ă©limination des dĂ©chets et l'absorption des nutriments. Le lait contient environ 87 % d'une eau qui doit immanquablement ĂȘtre renouvelĂ©e quotidiennement pour les bĂȘtes allaitantes ou dĂ©diĂ©es Ă  la production laitiĂšre. Une vache en lactation (Une Holstein en Ontario) par exemple peut consommer plus de 100 litre d'eau par jour pour une production de lait approximative de 30 kg/jour. La qualitĂ© de l'eau, notamment en ce qui a trait Ă  la tempĂ©rature, Ă  la salinitĂ© et Ă  la prĂ©sence d'impuretĂ©s qui en affectent le goĂ»t et l'odeur, influe sur les taux de consommation. La quantitĂ© d'eau dont un animal a besoin diminue lorsque la teneur en eau de ses aliments est relativement Ă©levĂ©e. Un bovin d'engraissement peut consommer entre 15 et 75 litre/jour, un porc Ă  l'engrais entre 3 et dix litres par jour. Les moutons au pĂąturage, surtout durant les saisons fraĂźches, n'ont pas besoin de beaucoup plus d'eau que ce qui leur est fourni par les fourrages. Ils boivent davantage par temps chaud et sec. Un agneau Ă  l'engraissement consomme 4 litres d'eau/jour par exemple[38].

La consommation importante en eau de certaines espĂšces domestiques les a exclues des rĂ©gions arides. Pour ces mĂȘmes rĂ©gions, l'Ă©levage est souvent la seule source de subsistance (production pastorale pure), le dromadaire, souvent des ovins et des caprins dans les zones semi-arides.

Empreinte eau

Les produits d'origine animale ont par tonne de produit, gĂ©nĂ©ralement une empreinte eau plus importante que les produits vĂ©gĂ©taux. La mĂȘme chose est vraie au regard de l'empreinte eau par calorie. L'empreinte eau moyenne par calorie pour la viande bovine est vingt fois plus grande que pour les cĂ©rĂ©ales et les fĂ©culents. Il a Ă©tĂ© constatĂ© que l'empreinte eau par gramme de protĂ©ines pour le lait, les Ɠufs et la viande de poulet est environ 1,5 fois plus grand que pour les lĂ©gumineuses. Pour la viande bovine, l'empreinte eau par gramme de protĂ©ine est 6 fois plus grande que pour les lĂ©gumineuses. Dans le cas de matiĂšres grasses, le beurre a une empreinte eau relativement faible par gramme de matiĂšre grasse, mĂȘme plus faible que celle des cultures olĂ©agineuses. Tous les autres produits d'origine animale, cependant, ont de plus grandes empreintes eau par gramme de matiĂšre grasse que celle des cultures olĂ©agineuses. À propos des ressources en eau douce, il est plus efficace de chercher des calories, des protĂ©ines et des graisses dans les produits vĂ©gĂ©taux que dans les produits d'origine animale[39].

En terme d'eau virtuelle, la production animale mondiale nĂ©cessite environ (2 422 Gm3 d'eau par an. Un tiers de ce volume est pour le secteur bovin de boucherie; un autre 19 % pour le secteur bovin laitier. La majeure partie du volume total d'eau (98 %) est constituĂ© par l'empreinte eau du fourrage. L'eau potable pour les animaux, l'eau de service et l'eau de mĂ©lange pour la nourriture comptent respectivement pour seulement pour 1,1 %, 0,8 % et 0,03 % du total[39].

L'empreinte eau de la viande provenant de bovins de boucherie (15 400 m3/tonne en moyenne mondiale) est beaucoup plus grande que celle de la viande de mouton (10 400 m3/tonne), de porc (6 000 m3/tonne), de chĂšvre (5 500 m3/tonne) ou de poulet (m 4 300 3/tonne). L'empreinte hydrique moyenne mondiale des Ɠufs de poulet est de 3 300 m3/tonne, tandis que l'empreinte eau du lait de vache Ă  1 000 m3/tonne[39].

Eaux agricoles

L'eau tombe du ciel en hydromĂ©tĂ©ores, en pluies rĂ©guliĂšres ou brutalement en mousson ou en pluies torrentielle sous orage. LĂ  elle ruisselle Ă  la surface de la terre, parcourt une certaine Ă©tendue de terrain, devient eau courante et se charge de sĂ©diments. LĂ  les eaux sont stagnantes, Ă  la surface du sol ou Ă  faible profondeur par suite du dĂ©faut de pente d'un champ ou d'un prĂ© et de l'impermĂ©abilitĂ© du sol ou du sous-sol, ou retenues par la nature spongieuse ou tourbeuse du terrain. LĂ  elle se rĂ©unit en flaque, en marre ou en Ă©tang et devient eau dormante. LĂ  sur un terrain en pente, les eaux prennent de la vitesse, elle se condensent en riviĂšres, les irrĂ©gularitĂ©s du courant attaquent et corrodent les rives et par dĂ©faut de profondeur du lit, elles submergent et inondent les vallĂ©es et les plaines qu'elles traversent. LĂ  elle pĂ©nĂštre par infiltration elle atteint et se stocke dans la zone racinaire des plantes, c'est la partie des prĂ©cipitation dite « efficace [40] » qui va contribuer Ă  la croissance vĂ©gĂ©tale; une autre partie va enfin percoler au-delĂ  et atteindre la nappe phrĂ©atique et les aquifĂšres oĂč elle est dĂ©sormais disponible par un puits, par forage.

Pour mieux profiter des effets bénéfiques et nécessaires de l'eau, l'homme cherche à remédier à ses pénuries et à ses effets néfastes[41], il endigue, draine ou crée des réservoirs, canalise et irrigue.

Eau des précipitations et agriculture pluviale

L'agriculture pluviale est un type d'agriculture qui dĂ©pend entiĂšrement des prĂ©cipitations pour son approvisionnement en eau. Elle fournit encore quelque 60 % des aliments produits Ă  l'Ă©chelle de la planĂšte[42]. L'agriculture pluviale n’est possible que dans les rĂ©gions oĂč la rĂ©partition des pluies permet au sol de garder suffisamment d’humiditĂ© pendant les pĂ©riodes critiques de la croissance des plantes cultivĂ©es. Elle est quasi-gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans les pays septentrionaux, au BrĂ©sil, en Argentine et dans le centre de l'Afrique. Elle forme une partie de la production de beaucoup d'autres pays, etc. L’agriculture non irriguĂ©e reprĂ©sente environ 60% de la production des pays en dĂ©veloppement[43].

Eau des inondations

ConsĂ©quence de la pluviomĂ©trie ou de la fonte des neiges, le fleuve rentre en crue. De grand fleuves comme le Tigre, le Brahmapoutre ou l'Euphrate, concentrent plus de la moitiĂ© de leur flux annuel en deux ou trois mois de crues. La variation du Nil Bleu est de 1 Ă  40 entre avril et septembre et le fleuve SĂ©nĂ©gal de 1 Ă  368 Ă  Bakel, entre avril et septembre[44]. La violence des crues de certains fleuves a rendu nĂ©cessaire la construction de barrages qui distribuent les surplus d'eau vers des dĂ©pressions, des rĂ©servoirs artificiels, des canaux, afin de mettre villes et campagnes Ă  l'abri des inondations. Ces rĂ©seaux d'autre-part fournissent en eau les terres cultivĂ©es. Au Bangladesh par exemple l'eau des crues annuelles charrie 2 millions de tonnes de limons venus de l'Himalaya, indispensable Ă  la fertilisation des terres agricoles. Qu'il s'agisse des de mousson, de la fonte des neiges de l'Himalaya ou de cyclones tropicaux, le Bangladesh est le siĂšge d’inondations dramatiques comme celle de 1998, rĂ©sultat des moussons particuliĂšrement intenses et d'un dĂ©gel particuliĂšrement abondant, oĂč 66 % du pays Ă©tait sous l'eau.

Le tassement des sols par les machines agricoles, le choix de monoculture (celle du mais ne retient pas l'eau), le drainage des zones humides, en plus du bétonnages des sols a fait que l'eau ruisselle beaucoup plus rapidement et vient grossir les fleuves de maniÚre artificielle.

Eau des montagnes

Les montagnes sont les chĂąteaux d’eau du monde. Dans les rĂ©gions semi-arides et arides, 70 Ă  90 % de l’eau des fleuves vient des montagnes et dans les zones tempĂ©rĂ©es, 30 Ă  60 % de l’eau douce provient des bassins versants d’altitude. Les montagnes interceptent l’air circulant autour du globe et le poussent vers le haut oĂč il se condense en nuages de pluie et de neige. Les montagnes stockent l’eau sous forme de neige et de glace, qui fond durant les pĂ©riodes plus chaudes, souvent celles ayant les plus faibles prĂ©cipitations[45]

Le rĂŽle de stockage de l'eau est aussi assurĂ© par les sols de montagne. Le paramo et la puna jouent ce rĂŽle dans la cordillĂšre des Andes. Le systĂšme de terrasses dans les zones montagneuses, typique des techniques de submersion d’eau des riziĂšres, permet la culture sur des pentes mĂȘme trĂšs raides, et prĂ©sente des avantages en matiĂšre de contrĂŽle des inondations, d’infiltration et de recharge des nappes. Il empĂȘche Ă©galement l'Ă©rosion du sol et les glissements de terrain[21]. Les riziĂšres en terrasses sont le patrimoine des Philippines (RiziĂšres en terrasses des cordillĂšres des Philippines), de la Chine (RiziĂšres en terrasse des Hani de Honghe, etc.)

En montagne, les taux d'érosion sont plus élevés et la perte de fertilité par le lessivage des éléments nutritifs plus accentuée qu'ailleurs. En raison des basses températures qui prévalent à des altitudes plus élevées, la croissance des plantes et la formation du sol sont plus lents, et le couvert végétal est plus rare que dans les zones de plaine. Les aménagements des bassins versants parmi lesquels la déforestation ont un impact massif en aval. Les prévisions montrent que dans certaines régions de montagne, le réchauffement climatique va apporter des avantages régionaux et locaux. Des températures plus élevées vont permettre aux agriculteurs de cultiver des plantes à des altitudes plus élevées et permettent aux plantes de produire des rendements plus élevés. Une saison de croissance prolongée et la décomposition accélérée des sols vont conduire à une amélioration de l'absorption des nutriments par les arbres et autres plantes, ce qui peut à son tour augmenter la croissance et la productivité. Cependant, pour de nombreuses zones de montagne dans le Sud, les modÚles prédisent que la disponibilité de l'eau diminuera et précipitations deviendront plus erratique. Le changement climatique va aggraver les conditions de vie de la plupart des habitants de la montagne et aura également des répercussions lourdes sur la vie des personnes vivant en aval[46] Parmi les montagnes dont dépend le plus l'approvisionnement des terres basses arides on trouve au Mexique la Sierra Madre occidentale plus largement les chaßnes cÎtiÚres du Pacifique, en Amérique du Sud la cordillÚre des Andes, en Europe-Asie, les chaßnes de montagnes du systÚme alpino-himalayen, l'Atlas, les cordillÚres Bétiques, les Pyrénées, les Apennins, les Alpes, les Balkans et les Carpates, l'Anatolie, le Caucase, le plateau Iranien et l'Himalaya, en Afrique, le grand rift est-africain, les hauts plateaux de la Zambie et de l'Angola[47].

Le ravinement des flancs de montagne provoqué par les torrents débouche sur un badland, terre inculte la plupart du temps.

Eaux souterraines

Le succĂšs de l’expansion de l’irrigation, est dĂ» en grande partie Ă  l’exploitation des eaux souterraines Ă  l’aide de puits artĂ©siens, mĂ©thode qui Ă  l'avantage sur les grands projets d’irrigation par gravitĂ© et retenues d’eau de prĂ©server les terres agricoles et l’habitat. Le dĂ©veloppement agricole fondĂ© sur les nappes phrĂ©atiques n’est pas viable s’il utilise de l’eau fossile ou si les taux d’extraction dĂ©passent les taux de renouvellement. La surexploitation des aquifĂšres conjuguĂ©e Ă  une rĂ©gression et dĂ©gradation des sols (dues principalement aux activitĂ©s de l'homme) favorisant le ruissellement de l'eau plutĂŽt que son infiltration, a conduit Ă  une baisse des du niveau des nappes.

La dĂ©gradation des ressources hydriques qu’entraĂźne une exploitation excessive de la nappe phrĂ©atique par le creusement de puits artĂ©siens est dĂ©sormais reconnue comme cause de dĂ©sertification dans plusieurs pays, notamment l’Inde.

Eaux de surface

Les cours d'eau sont détournés pour les besoins de l'irrigation.

Des rĂ©servoirs d'eau naturels tels les lacs ou artificiels sont mis Ă  profit pour l'irrigation. Les États crĂ©ent des ouvrages importants (barrages et canaux) visant Ă  irriguer des terres fertiles mais privĂ©es de ressources abondantes en eau. Les grands ouvrages d'eau Ă  destination de l'agriculture font partie de l'histoire de l'agriculture et de la civilisation.

La « collecte de l'eau de ruissellement » (en anglais « Water harvesting » - WH) consiste en la collecte des eaux de ruissellement Ă  des fins productives. L'eau de ruissellement prĂ©levĂ©e sur une terre non cultivĂ©e, est dirigĂ©e vers une zone cultivĂ©e. La collecte de l'eau de ruissellement (WH) peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une forme rudimentaire d'irrigation (dans certaines zones, on parle de culture de ruissellement - runoff farming). La diffĂ©rence est qu'avec WH, l'agriculteur (ou plus gĂ©nĂ©ralement l'agro-Ă©leveur) n'a aucun contrĂŽle sur le calendrier. Les eaux de ruissellement ne peuvent ĂȘtre rĂ©coltĂ©es qu'en cas de pluie[48].

Mécanismes propres à l'élévation des eaux

Irrigation en Malaisie (?)

Lorsque le terrain que l'on veut arroser est trop élevé pour que l'on puisse y amener par une simple dérivation, les eaux d'un cours d'eau voisin et quand on ne peut pas établir un canal partant d'un point assez éloigné de ce courant pour obtenir la pente nécessaire, il n y a d'autre moyen que d'établir un barrage en travers de son lit pour faire remonter les eaux et les dériver. Certains de ces barrages sont faciles à réaliser sur des petites riviÚres, par exemple en pierre sÚche, mais d'autres devront faire appel à la connaissance de l'ingénieur. Le cas échéant une chute d'eau est utilisée comme force motrice pour porter l'eau à la hauteur requise par le systÚme d'irrigation.

À la rĂ©volution industrielle on profite souvent des roues hydrauliques des moulins et usines Ă  proximitĂ© en attachant aux aubes des godets fixes ou mobiles disposĂ©s de maniĂšre qu'ils se remplissent quand ils sont en position basse et qu'ils se dĂ©versent latĂ©ralement dans une auge en position haute. Lorsqu'on n'a pas cette ressource, la force motrice peut ĂȘtre donnĂ©e par un petit moulin Ă  vent. Pour de petites hauteur on utilise la vis d'ArchimĂšde. Pour de plus grande Ă©lĂ©vations, on emploie des chapelets Ă  godets ou des norias. Des pompes Ă  bras rustiques en bois sont aussi employĂ©es.

Irrigation

Les avantages de l’irrigation sont nombreux: elle permet d’augmenter la superficie des surfaces cultivĂ©es, d’amĂ©liorer les rendements, d’assurer parfois plusieurs rĂ©coltes et, de façon gĂ©nĂ©rale, en se libĂ©rant des variations climatiques, d’intensifier et de stabiliser la production[49].

En tant qu'apport artificiel d'eau, l'irrigation intĂ©resse avant tout les rĂ©gions sĂšches du globe. Grosso modo, l'irrigation est utile ou nĂ©cessaire pour corriger le climat sur prĂšs du tiers des terres Ă©mergĂ©es. Elle conditionne Ă  des degrĂ©s divers la vie sĂ©dentaire dans toutes les rĂ©gions oĂč la pluie manque. Le climat dĂ©sertique rĂšgne sur un cinquiĂšme des terres Ă©mergĂ©es et, sur le pourtour de ces zones arides, le rĂ©gime pluvial de transition rend alĂ©atoire le succĂšs rĂ©gulier des cultures. L'eau pĂ©nĂštre dans ces contrĂ©es par des riviĂšres, les traverse en des fleuves puissants tels que le Nil, l'Euphrate ou l'Indus, ou encore s'accumule en nappes souterraines, Ă  des profondeurs variables. Toutefois ces cours d'eau sont capricieux, le dĂ©bit irrĂ©gulier, les ruissellements de surface difficile d'exploitation. Les hommes ne peuvent disposer de cette eau qu'en rĂ©gularisant le cours et le dĂ©bit des riviĂšres, en stockant les eaux dans des rĂ©servoirs, en les dirigeant par des canalisations vers les terres Ă  arroser, en les Ă©levant enfin jusqu'aux terres situĂ©es bien au-dessus des chenaux d'Ă©coulement naturel. Ailleurs, il faut amener Ă  la surface par des puits (puits artĂ©sien) ou des galeries souterraines (Les qanats) l'eau des niveaux enfouis dans le sol. Le coĂ»t Ă©conomique de ces installations est un facteur limitant de leur propagation.

L'irrigation doit éviter autant une sous-alimentation qu'une suralimentation en eau des plantes. Il faut connaßtre, pour chaque espÚce particuliÚre, ses besoins en eau, l'époque la plus favorable de son irrigation, le nombre optimum des arrosages, leur durée, l'épaisseur de la nappe d'eau, à appliquer à telle surface et finalement la profondeur à laquelle l'eau doit pénétrer. Dans cette estimation interviennent non seulement les facteurs climatiques, la quantité et la répartition des pluies tombées, mais aussi les conditions pédologiques, à savoir la topographie des sols et leurs qualités physicochimiques : nous ne citons ici que leur vitesse d'infiltration, leur capacité en eau, leur perméabilité et leur cohésion, etc. Un autre facteur tient à la nature de la plante : elle conditionne, à son tour, un mode d'irrigation, fonciÚrement différent d'espÚce en espÚce[50].

Il y a lieu de distinguer en outre irrigation par immersion, par aspersion et au goute à goute (Appelée aussi Micro-irrigation). L'irrigation par immersion est la principale utilisée en Chine[51].

En 1920, l'irrigation s'Ă©tendait sur 7 % des terres cultivĂ©es du globe[52], en 2012, la part irriguĂ©e sur les surfaces cultivĂ©e est de 21 %, soit 324 millions d'hectares. 70 % de cette superficie se trouve en Asie[53]. Le volume total d'eau prĂ©levĂ© pour l'irrigation est de 2 700 km3[54].

L'AmĂ©rique totalise plus de 50 000 000 km2, l'Asie plus de 200 000 000 km2, l'Europe plus de 20 000 000 km2 et l'OcĂ©anie plus de 4 000 000 km2. Il y a lieu de distinguer l'irrigation Ă  partir d'eau de surface, d'eau souterraine. L'Afrique par exemple a plus de 13 000 000 km2 de surface Ă©quipĂ© pour l'irrigation, approximativement 2 500 000 km2 emploient les eaux souterraines, 11 000 000 km2 les eaux de surface. De maniĂšre marginale les eaux non conventionnelle sont employĂ©es. En Afrique on compte 14 963 km2 employant les eaux non conventionnelles[55].

Selon la FAO, il y a de l'irrigation dans 174 sur les 225 pays. Le pays le plus irriguĂ©s est l'Inde avec plus de 500 000 km2. Le sous-continent indien est aussi le plus densĂ©ment Ă©quipĂ©s pour l'irrigation, surtout au pied de l'Himalaya. La Chine avec plus de 450 000 km2 vient en second, elle est irriguĂ©e dans sa partie Est, intensĂ©ment irriguĂ©e dans les riches provinces du Jiangsu. L’Afrique dispose d’un vaste potentiel physique pour l’agriculture irriguĂ©e: les superficies irrigables sont importantes, d’énormes rĂ©serves d’eau peuvent servir Ă  l’irrigation. En moyenne, 27 % de ce potentiel sont exploitĂ©s en Afrique continentale, avec de larges disparitĂ©s selon les rĂ©gions. L’Afrique du Nord exploite dĂ©jĂ  79 % de son potentiel, mais dans les pays d’Afrique centrale qui disposent de ressources hydriques assez abondantes, une grande proportion de ce potentiel reste encore Ă  exploiter. L’Afrique subsaharienne, qui compte Ă  peine 4 % de terre arable irriguĂ©e, est encore loin de rejoindre la moyenne mondiale de 18,5 %[20].

Irrigation déficitaire

Diverses pratiques peuvent ĂȘtre mises en Ɠuvre pour que l'agriculture utilise l'eau plus efficacement. Il s’agit notamment de modifier le calendrier d’irrigation pour suivre de prĂšs les besoins en eau des cultures, en adoptant des techniques plus efficaces, telles que l’utilisation de systĂšmes d’irrigation par aspersion et goutte Ă  goutte, et en mettant en Ɠuvre la pratique de l’irrigation dĂ©ficitaire (Deficit irrigation (en)). De plus, le changement de type de culture peut rĂ©duire la demande en eau ou dĂ©placer la demande de pointe au plus fort de l'Ă©tĂ© lorsque la disponibilitĂ© en eau est minimale[56].

Drainage agricole

En pĂ©riode de prĂ©cipitations ou du fait de l'irrigation, les champs deviennent humides. L'eau s'infiltre dans le sol et est stockĂ©e dans ses pores. Lorsque la capacitĂ© de stockage du sol est dĂ©passĂ©e – on dit que le sol est saturĂ© – et que plus aucune eau ne peut ĂȘtre absorbĂ©e, des flaques peuvent se former Ă  la surface du sol, l'eau percole alors Ă  travers le sol depuis ces flaques pour atteindre les eaux souterraines. Le niveau piĂ©zomĂ©trique des eaux souterraine peut remonter trĂšs haut par rapport Ă  la zone racinaire. La saturation du sol en eau peut durer trop longtemps pour la santĂ© des plantes. Les racines des plantes nĂ©cessitent de l'air et de l'eau et la plupart des plantes ne peuvent pas rĂ©sister Ă  des sols saturĂ©s pendant de longues pĂ©riodes (le riz faisant exception). Des mesures de drainages sont mises en place, qui consistent essentiellement en un drainage de surface et drainage profond. Pour le drainage de surface, des fossĂ©s peu profonds, Ă©galement appelĂ©s drains ouverts se dĂ©versent dans des drains collecteurs plus grands et plus souterrain . Afin de faciliter l'Ă©coulement de l'eau en excĂšs vers les drains, le terrain se voit attribuer une pente artificielle au moyen d'un nivellement. Le drainage souterrain est l'Ă©limination de l'eau de la zone racinaire. Elle est accomplie par des tranchĂ©es ouvertes profondes ou des canalisations enterrĂ©es (drain) qui abaissent le niveau piĂ©zomĂ©trique[57].

Aridoculture

L'aridoculture désigne l'ensemble des techniques qui permettent la culture non irriguée en sol aride.

Sources non conventionnelles en eau

Les sources d’eaux non-conventionnelles augmentent l’eau disponible Ă  l’utilisation: On parle d'eau dessalĂ©e, eaux usĂ©es traitĂ©es, eau de drainage agricole.

L'eau dessalĂ©e est trop chĂšre pour la plupart des cultures; elle n'est peut-ĂȘtre abordable que pour les cultures Ă  fort rapport Ă©conomique, en particulier lorsque les investissements sont subventionnĂ©s. La principale application du dessalement de l'eau consiste en la fourniture d'eau potable. Les techniques de dessalement les plus courantes sont la distillation thermique – pour le traitement de grands volumes d'eau (55 000 m3/jour) – et la technologie des membranes, l'Ă©lectrodialyse inverse et l'osmose inverse[58].

L’eau salĂ©e est la pire ennemie de l’agriculture[59]. Mais des expĂ©riences sont menĂ©es sur des cultures Ă  l'eau saumĂątre en milieu dĂ©sertique[60].

Eaux usées agricoles et pollution agricole des eaux

L'agriculture est une source de pollutions diverses, majeure dans le cas de la pollution des eaux. On parle de sédiments, de nutriments (engrais), de produits phytosanitaires (et Pesticides, Biocides.), mais aussi des sels et métaux lourds. L'élevage génÚre des déjections animales riches en azote et phosphore. Certains peuvent selon les cas conduire à une eutrophisation ou une anoxie des milieux, la prolifération d'espÚces nitrophile.

L'eutrophisation peut se dĂ©composer en plusieurs Ă©tapes : Des nutriments phosphorĂ©s et azotĂ©s, notamment des orthophosphates et nitrate, sont dĂ©versĂ©s en grande quantitĂ© dans le milieu aquatique; les eaux ainsi enrichies permettent la multiplication rapide d'espĂšces aquatiques (efflorescence algale, ou bloom), en particulier la prolifĂ©ration d'algue ou de CyanobactĂ©ries; Ces espĂšces sont difficilement Ă©liminĂ©es par les organismes prĂ©sent dans l'Ă©cosystĂšme, vont donc se minĂ©raliser et tomber au fond du milieu aquatique; la dĂ©composition de la matiĂšre organique morte favorise la croissance des bactĂ©ries hĂ©tĂ©rotrophes qui consomment de l'oxygĂšne dissout. Le dioxygĂšne Ă©tant trĂšs limitĂ© dans l'eau, celui-ci est rapidement Ă©puisĂ©. Le dĂ©veloppement Ă©ventuel de plantes flottantes — telles les lentilles d'eau, empĂȘche le passage de la lumiĂšre et donc l'effet naturellement dĂ©sinfectant des UV solaires, ainsi que la production photosynthĂ©tique d'oxygĂšne dans les couches d'eau infĂ©rieures, tout en gĂȘnant les Ă©changes gazeux avec l'atmosphĂšre. La consommation d’oxygĂšne devient supĂ©rieure Ă  la production d’oxygĂšne; le milieu devient alors facilement hypoxique puis anoxique, favorable Ă  l'apparition de composĂ©s rĂ©ducteurs et de gaz dĂ©lĂ©tĂšres (thiols, mĂ©thane); Il peut en rĂ©sulter des processus listĂ©s ci-dessus la mort d'organismes aquatiques aĂ©robies — insectes, crustacĂ©s, poissons, mais aussi vĂ©gĂ©taux —, dont la dĂ©composition, consommatrice d'oxygĂšne, amplifie alors le dĂ©sĂ©quilibre et entretient un cercle vicieux (Zone morte).

Les marĂ©es vertes sont de la mĂȘme maniĂšre constituĂ©es par l'Ă©chouage de quantitĂ©s importantes d'algues libres sur les rivages, consĂ©cutifs notamment Ă  un apport en nitrates, issus des engrais provenant principalement de l'agriculture (Ă©levage industriel & engrais).

L'agriculture peut en outre conduire à la pollution des nappes phréatiques.

Les effluents d'Ă©levage consistent en:

Jus d'Ă©coulement

Le « jus » ou « jus d'Ă©coulement » ou « Ă©coulement » est un liquide provenant de source agricole, Ă  l'exception du purin et du lisier, s'Ă©chappant par ruissellement de l'aire ou du rĂ©servoir oĂč il est produit ou stockĂ©; les eaux pluviales ne sont pas considĂ©rĂ©es comme des jus d'Ă©coulement;

Eaux de cour

Les eaux de cour sont les eaux issues des aires en dur, souillĂ©es occasionnellement par les animaux lors de leurs passages et par les engins agricoles lors de leurs manƓuvres, Ă  l'exclusion de toute aire de stockage proprement dite.

Eaux blanches

Les eaux blanches de laiterie sont les eaux issues du nettoyage du matériel de traite et de stockage du lait;

Eaux brunes

Les eaux brunes sont les eaux issues des aires non couvertes de parcours ou d'attente des animaux, souillées réguliÚrement par ces animaux;

Eaux vertes

Les eaux verte sont les eaux issues du nettoyage des quais de traite. Elles sont produites dans des zones réguliÚrement fréquentées par les animaux. Leur gestion relÚve des effluents d'élevage;

Pluie acide
Pesticides

On estime que chaque annĂ©e, environ 4 millions de tonnes de pesticides sont appliquĂ©s dans l'agriculture dans le monde entier. Cela correspond Ă  une moyenne de 0,27 kg par hectare de la surface terrestre de la terre. Dans de nombreux pays en dĂ©veloppement, l'utilisation des insecticides est associĂ© au passage d'une agriculture traditionnelle Ă  une agriculture intensive[61].

Une zone riparienne tampon est une zone de végétation (une zone tampon) située prÚs d'un cours d'eau, généralement boisé, qui contribue à l'ombrage et protÚge partiellement le cours d'eau des impacts des utilisations des terres adjacentes.

Consommation d'eau agricole par type de culture

La quantité d'eau nécessaire à l'agriculture est trÚs variable selon les produits.

QuantitĂ© moyenne d’eau, exprimĂ©e en litres, nĂ©cessaire Ă  la production d’un kilogramme de produit agricole[62] :

Type de culture Quantité moyenne d'eau (litre / kg)
MaĂŻs ensilage (*) 238
Banane 346
MaĂŻs grain couleur (*) 454
Orge (*) 524
Pomme de terre (*) 590
Blé (*) 590
Soja 900
Riz pluvial 1 600
Riz inondĂ© 5 000
Coton 5 263

(*) en zones tempérées

Dans le monde

Dans l'Union européenne

En 2021, la Cour des comptes europĂ©enne a considĂ©rĂ© que dans l'Union europĂ©enne oĂč un quart du volume de l'eau captĂ©e est destinĂ© Ă  l'agriculture (pour l'irrigation essentiellement), la directive cadre sur l'eau (DCE) et la politique agricole commune (PAC) n'ont pas suffi Ă  imposer Ă  une utilisation durable de l'eau en agriculture[63]. La cour estime en 2021 que les politiques agricoles ne sont « pas toujours alignĂ©es sur la politique de l'Union dans le domaine de l'eau », et recommande aux États membres « de mieux justifier les dĂ©rogations Ă  la mise en Ɠuvre de la directive-cadre sur l'eau dans l'agriculture, et Ă  la Commission de lier les paiements relevant de la PAC au respect des normes environnementales en matiĂšre d'utilisation durable de l'eau »[63].
De son cÎté, la Commission européenne estime que le futur cadre européen devrait le permettre[63] - [64].

En France

En France, en 2013, l'eau douce Ă  destination de l'irrigation a Ă©tĂ© prĂ©levĂ©e dans les eaux souterraines (1,7 milliard de m3/an) et dans les eaux de surface (1,7 milliard de m3/an). Le total, (3,4 milliards de m3/an), constitue 10 % des volumes d'eau douce prĂ©levĂ©s (33 milliards de m3/an) et 2 % des ressources en eau douce internes de la France[65] - [66]. L'agriculture est le plus gros consommateur d'eau et compte pour la moitiĂ© des volumes consommĂ©s[67].

Aux États-Unis

Aux États-Unis, en 2005, les prĂ©lĂšvements pour l'irrigation en 2005 Ă©taient de 128 Bgal/d (Plus de 176 milliards de m3/an), soit environ 8 % de moins qu'en 2000 et approximativement Ă  Ă©galitĂ© avec les estimations d'utilisation de l'eau d'irrigation en 1970. En 2005, les prĂ©lĂšvements pour l'irrigation reprĂ©sentaient 37% de tous les prĂ©lĂšvement d'eau douce et 62 % des prĂ©lĂšvement d'eau douce Ă  l'exclusion des retraits thermoĂ©lectriques. La superficie irriguĂ©e est passĂ©e de 25 millions d'acres en 1950 Ă  58 millions d'acres en 1980, puis est restĂ©e relativement constante avant d'augmenter en 2000 et 2005 pour atteindre plus de 60 millions d'acres. Le nombre d'acres irriguĂ©s Ă  l'aide de systĂšmes d'arrosage et de micro-irrigation a continuĂ© d'augmenter et en 2005 reprĂ©sentait 56 % de la superficie totale irriguĂ©e[68].

Eau, agriculture et civilisation

Les parties du globe oĂč la pluie suffit Ă  alimenter le sol en eau sont rares. L'homme l'a compris et s'est trĂšs tĂŽt donnĂ© les outils pour contrecarrer les sautes du climat - phĂ©nomĂšnes de sĂ©cheresse permanents ou intermittents, crues - nuisibles Ă  son entreprise. La sĂ©dentarisation progressive apparue au nĂ©olithique en MĂ©sopotamie a associĂ© dĂ©veloppement de l'Ă©levage et de l'agriculture, et conduit Ă  la maĂźtrise des techniques hydrauliques - irrigation, terrassement, calcul de pente, gestion des crues, transports fluviaux et canalisation - et la constitution de formes d'habitat stable. On a avancĂ©, qu'autour et en fonction des problĂšmes hydraulique, une stratification sociale a Ă©mergĂ©, une hiĂ©rarchie politique, un État. Le souverain tend Ă  cumuler les fonctions de dĂ©fense, et de gestion de l'espace sur une Ă©chelle qui englobe aussi bien le canal, la parcelle, le fleuve et le Royaume. Cette corrĂ©lation a pu ĂȘtre suivie, en MĂ©sopotamie, dans la vallĂ©e de l'Indus et du Gange, en Égypte, Chine, PĂ©rou et AmĂ©rique centrale, toutes aires qui relĂšvent des catĂ©gories dĂ©finies par Karl August Wittfogel. Les SociĂ©tĂ©s hydrauliques mĂ©sopotamienne qui ont pu Ă  partir d'une assise agricole entretenir une administration et une armĂ©e, les citĂ©s-États de Lagash et Umma entrent en conflit dĂšs le troisiĂšme millĂ©naire av. J.-C..

La derniĂšre pĂ©riode glaciaire se termine vers -10000. Le MĂ©solithique s'achĂšve avec la mise en place progressive des espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales domestiques lors du NĂ©olithique europĂ©en, mĂȘme si l'Ă©conomie mĂ©solithique perdure localement jusqu'Ă  environ 2 300 av. J.-C. en Europe septentrionale[69].

Oasis du Khwarezm

La rĂ©gion s’inscrit au sein de la grande diagonale aride, Ă  la transition entre les dĂ©serts froids de Mongolie et les dĂ©serts chauds du Moyen-Orient et du Sahara. En dehors des hauts reliefs montagneux qui la bordent au sud, la vaste DĂ©pression Aralo-Caspienne reçoit moins de 250 mm par an avec en son centre des moyennes infĂ©rieures Ă  50 mm. La continentalitĂ© induit Ă©galement un rĂ©gime thermique trĂšs contrastĂ©, caractĂ©risĂ© en hiver, par l’emprise de l’anticyclone sibĂ©rien qui s’avance vers le sud, les tempĂ©ratures sont gĂ©nĂ©ralement trĂšs froides avec des maxima absolus pouvant dĂ©passer les −30 °C. La rĂ©gion est Ă©tonnement apparue de bonne heure comme un des principaux berceaux de l’agriculture irriguĂ©e, sauvĂ©e par le chĂąteau d'eau constituĂ© par les glaciers des Monts Tian et du Pamir. Fait capital pour l’épanouissement de l’agriculture irriguĂ©e, le rĂ©gime nivo-glaciaire des fleuves est en adĂ©quation parfaite avec la sĂ©cheresse estivale. De surcroĂźt, les eaux se trouvent ĂȘtre fĂ©condes en raison de leur haute teneur en limon. Ainsi, au niveau de son delta, l’Amou Darya charrie encore une quantitĂ© trĂšs importante de particules[70].

DĂšs la plus haute antiquitĂ© et bien avant l’Occident, l’agriculture centrasiatique a acquis un haut degrĂ© de perfectionnement technique et une forte intensitĂ© grĂące Ă  l’irrigation ainsi qu’à l’usage de techniques et de plantes cultivĂ©es venues de tous les horizons. L'Oasis du Khwarezm s'apparente Ă  l'Égypte en raison de la similitude du rĂ©gime hydrologique et des plantes cultivĂ©es. Comme pour les Sogdiens, Khwarezm Ă©tait une expansion de la culture du Complexe archĂ©ologique bactro-margien pendant l'Âge de bronze qui a fusionnĂ© plus tard avec les Indo-Iraniens pendant leurs migrations vers 1000 av. J.-C.

L'OuzbĂ©kistan est connue au XXe siĂšcle de par l'ampleur de la catastrophe Ă©cologique de la disparition du quatriĂšme lac du monde par la superficie, la mer d'Aral. L'usage dĂ©mesurĂ© d'engrais chimiques et d'exfoliants a empoisonnĂ© les sols et les eaux, tandis que le drainage accĂ©lĂ©rĂ© des ressources des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria pour l'irrigation a abouti Ă  l'assĂšchement de la mer d'Aral, sa surface a diminuĂ© de moitiĂ© en 40 ans. Les bouleversements gĂ©ographiques imposĂ©s par la politique agricole «scientifique», technicienne et jusqu’au-boutiste de l’Union soviĂ©tique ont Ă©tĂ© considĂ©rables. Des millions d’hectares de terres ont Ă©tĂ© gagnĂ©s sur le dĂ©sert si bien que cette rĂ©gion figure parmi les plus grandes zones irriguĂ©es du monde. Tout l’espace a Ă©tĂ© refondĂ© et collectivisĂ© dans le but de faire du pays une pĂ©riphĂ©rie agricole de l’Union soviĂ©tique spĂ©cialisĂ©e dans la culture industrielle du coton. En Ă©branlant l’ordre Ă©cologique et Ă©conomique des sociĂ©tĂ©s rurales traditionnelles de la rĂ©gion, les SoviĂ©tiques ont saccagĂ© le vieux jardin oasien qui avait su jusqu’à prĂ©sent rĂ©sister Ă  l’épreuve du temps et des hommes. Plus d’une dĂ©cennie aprĂšs la chute de l’URSS, le pays cultive le paradoxe d’avoir maintenu presque intacte une organisation rurale et agricole conforme aux principes de la collectivisation Ă©dictĂ©e du temps de l’URSS[70]!

Le canal du Karakoum est avec sa longueur de 1 375 km le plus grand canal d'irrigation au monde; il se trouve au TurkmĂ©nistan.

Croissant fertile

La rĂ©volution nĂ©olithique, premiĂšre rĂ©volution agricole voit la transition de tribus et communautĂ©s de chasseurs-cueilleurs vers l'agriculture et la sĂ©dentarisation. La forme sauvage ancestrale du blĂ© Triticum monococcum, une espĂšce diploĂŻde nommĂ©e Triticum boeoticum, est domestiquĂ©e dans la rĂ©gion du Karaca Dağ en Turquie il y a 10 000 ans[71]

Le bassin transfrontalier de l'Euphrate et du Tigre avec une superficie totale de 879 790 km2 se rĂ©partis principalement entre l'Irak (46 %), la Turquie (22 %), l'Iran (riveraine du Tigre uniquement, 19 %) et la Syrie (11 %). Les deux fleuves prennent leurs sources dans les hauts plateaux de l'Anatolie orientale, irriguent l'Anatolie sud-orientale (qui correspond en grande partie Ă  la Turquie kurdophone et arabophone actuelle), baignent les vallĂ©es des plateaux syriens et irakiens, traversent pour le tiers restant de leurs cours[72] la plaine aride de la MĂ©sopotamie et se rĂ©unissent dans un delta marĂ©cageux prolongĂ©e par le Chatt-el-Arabet le Golfe Persique[73]. Malheureusement, comme cela est habituellement le cas, la rĂ©partition saisonniĂšre de la disponibilitĂ© de l'eau ne coĂŻncide pas avec les besoins d'irrigation du bassin.

L'Euphrate et le Tigre ont Ă©tĂ© le berceau de civilisations anciennes oĂč l'eau a jouĂ© un rĂŽle important. Le Croissant fertile, abstraction gĂ©ographique forgĂ©e au XXe siĂšcle par l'archĂ©ologue amĂ©ricain James Henry Breasted, dĂ©crit les terres steppiques coincĂ©e entre le dĂ©sert de Syrie, les chaĂźnes montagneuses du Taurus et les forĂȘts du Zagros. Plus qu'une entitĂ© agro-gĂ©ographique, Breasted a voulu faire du croissant le lieu d'Ă©change avec le dĂ©sert syrien, ce « golfe dĂ©sertique » comme il l'appelle, lieu originel d'oĂč rĂ©guliĂšrement une nouvelle vague de population sĂ©mitique serait venu conquĂ©rir le Croissant fertile. UnitĂ© naturelle donc mais aussi culturelle, assurĂ©e par des constructions impĂ©riales dont le centre se trouvait en MĂ©sopotamie, ou en Babylonie. C'est de lĂ  que trois fois les SĂ©mites auraient conquis et unifiĂ© le Croissant fertile: Empire babylonien, Empire assyrien, Empire chaldĂ©en, selon un schĂ©ma ternaire calquĂ© sur l'histoire de l'Égypte[74].

La limite infĂ©rieure du croissant fertile est traditionnellement donnĂ©e par l'isohyĂšte des 250 mm considĂ©rĂ© gĂ©nĂ©ralement comme la limite en deçà ou au-delĂ  de laquelle l'agriculture sĂšche n'est plus possible. C'est donc une configuration spatiale oĂč se mĂȘlent milieux mĂ©diterranĂ©ens et milieux steppiques, voire dĂ©sertiques, agriculture sĂšche et agriculture irriguĂ©e. RĂ©sumĂ© par Samir Amin, « le Croissant fertile n'est fertile que par comparaison avec le dĂ©sert de la pĂ©ninsule arabique qui s'Ă©tend sur son flanc sud. Car il s'agit bien d'une rĂ©gion semi-aride dans l'ensemble; et seule la mince frange mĂ©diterranĂ©enne des montagnes du Liban et des Alaouites bĂ©nĂ©ficie d'une pluviomĂ©trie suffisante chaque annĂ©e. Mais, dans sa partie infĂ©rieure, Jourdain, Oronte et surtout Tigre et Euphrate offrent des possibilitĂ©s d'irrigation considĂ©rables. La prospĂ©ritĂ© agricole dĂ©pend donc ici largement de la capacitĂ© de l'État de garantir la pĂ©rennitĂ© des ouvrages et la protection des paysans contre les envahisseurs descendus des montagnes qui bordent la rĂ©gion Ă  l'est et au nord ou remontĂ©s des dĂ©serts du sud »[74].

ReprĂ©sentation des jardins royaux de Ninive, d'aprĂšs un bas-relief du palais de SennachĂ©rib, avec peut-ĂȘtre une forme de jardins suspendus sur des arches en pierre, en haut Ă  droite (British Museum, rĂ©fĂ©rence ME 124939A).

Un ouvrage remarquable de l'ingĂ©nierie hydraulique assyrienne vers -700 est le canal construit par SennachĂ©rib, de Khinis dans les monts Zagros Ă  Ninive (Irak), 100 mĂštres de large, 20 mĂštres de profondeur, 95 km de long, le canal passe par un aqueduc Ă  Jerwan (500 ans avant les premiers aqueducs romains), pour lequel deux millions de blocs de pierre sont employĂ©s. Pour l'assyriologue Stephanie Dalley, il a servi Ă  alimenter en eau les jardins de SĂ©miramis, qu'elle situe Ă  Ninive[75].

La Ghouta, désigne les terres cultivées qui entourent Damas, irriguée depuis l'antiquité par le Barda et qui constituent une oasis dans le désert de Syrie.

L’agriculture subit des dĂ©gĂąts irrĂ©parables durant la pĂ©riode mongole, les systĂšmes d'irrigation sont dĂ©truits. En Syrie, la pĂ©riode ottomane est caractĂ©risĂ©e par un repli face aux tribus nomades du dĂ©sert et le front agricole ne s'est mis Ă  progresser qu'Ă  partir des annĂ©es 1850-1860, notamment dans le Hauran. À la fin du XIXe siĂšcle, les Turcs, aidĂ©s d'ingĂ©nieurs britanniques sous la direction de William Willcocks, entreprennent des travaux d'amĂ©nagement visant, d'une part, Ă  contenir les crues dĂ©vastatrices du Tigre et de l'Euphrate par des barrages et, d'autre part, Ă  dĂ©tourner une partie de ces eaux vers des lacs rĂ©servoirs utilisables dans un second temps pour l'irrigation. Tout le systĂšme des canaux d'irrigation et de drainage que les Mongols avaient achevĂ© de dĂ©truire aux XIIIe et XIVe siĂšcles est encore Ă  l'abandon. AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale et les premiers efforts britanniques de mise en valeur du territoire, la surface cultivĂ©e s'Ă©tend en Syrie sur environ un demi-million d'hectares[74]. L'histoire du partage des eaux du bassin Tigre-Euphrate depuis 1916 se dispute entre les entitĂ©s dĂ©finies par les accords secrets de Sykes-Picot qui dĂ©pĂšcent l'Empire Ottoman et crĂ©ent les zones qui prĂ©figurent les frontiĂšres turques, syriennes et irakiennes. L'Irak est le premier pays riverain Ă  dĂ©velopper des projets d'ingĂ©nierie dans le bassin. Les barrages Al Hindiya et Ramadi-Habbaniya sur l'Euphrate sont construits en 1914 et en 1951, respectivement, Ă  la fois pour le contrĂŽle des inondations et de l'irrigation. Au milieu des annĂ©es 1960, le dĂ©veloppement de l'agriculture irriguĂ©e en Irak dĂ©passe de loin le dĂ©veloppement de la Syrie ou de la Turquie. La Syrie dĂ©veloppe des projets d'irrigation dĂ©but 1960 et la Turquie milieu annĂ©es 1960. Le Projet d'Anatolie du Sud-Est, lancĂ© vers la fin des annĂ©es 1970 par le gouvernement turc, vise Ă  irriguer 1,8 million d'hectares de terres arides Ă  partir de 22 barrages principaux construits sur les bassins versants du Tigre et de l'Euphrate. La superficie totale Ă©quipĂ©e pour l'irrigation dans le bassin de l'Euphrate et du Tigre est estimĂ© Ă  plus Ă  plus 6.500.000 hectares, 53 % en Irak, 18 % en Iran, 15 % en Turquie et 14 % en Syrie. Le volume d'eau agricole est d'environ 68 km3.

Le Traité de Lausanne (1923) mentionnait déjà l'obligation de créer une commission mixte entre les trois pays pour traiter les problÚmes rencontrés dans le partage des eaux. Jusqu'en 1973, aucun de ces pays n'a encore la capacité d'influencer le débit du fleuve. Avec les barrages, aussi hydro-électriques, la Turquie notamment a désormais la capacité de couper l'eau à ses voisins. Elle est d'ailleurs mise en pratique lors de la Guerre du Golfe. Le dernier protocole d'accord entre la Turquie, la Syrie et l'Irak en avril 2008, crée un institut de l'eau, prévoyant de développer des projets pour l'utilisation équitable et efficace des ressources en eau transfrontaliÚres.

Une autre civilisation multi-millénaire s'est développée sur les marais salés alluviaux du Tigre et de l'Euphrate, principalement dans le sud de l'Irak et une partie du sud-ouest de l'Iran, dont les Arabes des marais sont les dépositaires.

Égypte

Bas-relief d'HĂąpy, Dieu du Nil, sur une pierre dans la deuxiĂšme cour du temple mortuaire de RamsĂšs III (MĂ©dinet Habou, nĂ©cropole thĂ©baine, Égypte).

Une dĂ©sertification qui s'est opĂ©rĂ©e au nĂ©olithique, a poussĂ© la population Ă  se regrouper auprĂšs des points d’eau, sur les bords du Nil, et Ă  s’y sĂ©dentariser, ce qui a permis l’éclosion de la civilisation pharaonique[76]

Une heureuse concordance de temps entre la dĂ©crue du Nil en novembre et les semailles du blĂ©, alors que les moissons ne sont jamais menacĂ©es par l'imminence d'une crue qui ne survient qu'en aoĂ»t, a toujours fait de la vallĂ©e du Nil un biotope favorable aux graminĂ©es, de sorte que la cueillette des cĂ©rĂ©ales y semble de pratique courante dĂšs le XIIe millĂ©naire av. J.-C.. Le Nil n'a toutefois jamais Ă©tĂ© l'instrument docile d'une agriculture facile. Le caractĂšre achevĂ© des premiers rĂšglements connus (Ille millĂ©naire), joint Ă  ces caractĂ©ristiques permet de supposer au contraire que des travaux hydrauliques ont Ă©tĂ© entrepris trĂšs tĂŽt, peut-ĂȘtre dĂšs l'Ă©poque prĂ©dynastique. Les premiĂšres traditions hydrauliques sujettes Ă  caution connues sont celle de l'assainissement de Memphis par MenĂ©s au IIIe millĂ©naire av. J.-C.. TĂ©moins relativement anciens du niveau de maĂźtrise des Égyptiens, la remise en eau du Bahr Youssouf et l'amĂ©nagement du Fayum vers 2200 av. J.C. comptent encore parmi les travaux d'ingĂ©nieurs les plus remarquables de tous les temps[77].

Avant la construction du Haut barrage d'Assouan, le Nil charriait 134 millions de tonnes de sĂ©diments depuis les monts volcaniques d’Éthiopie qui contribuaient Ă  la formation alluviale de la vallĂ©e du Delta[78]. Avec la crĂ©ation du barrage d’Assouan dans les annĂ©es 1960, le delta, privĂ© d’apport du limon, s’est «salinisé», obligeant les paysans Ă  surcharger la terre en engrais, alors que les cĂŽtes n’ont cessĂ© de reculer de plusieurs kilomĂštres, en moins d’une quarantaine d’annĂ©es[76].

Lac Tchad

À cheval sur les frontiĂšres du Tchad, du Niger et du Cameroun, le lac Tchad a Ă©tĂ© une source d'eau douce pour des projets d’irrigation dans tous ces pays. En 1964 date de crĂ©ation de la Commission du bassin du lac Tchad, le Lac Tchad avec ses 25 000 km2 Ă©tait considĂ©rĂ© comme le 4Ăšme grand lac d’Afrique[79]. Depuis 1963, le lac a perdu presque vingt fois sa taille initiale, Ă  la fois en raison des changements climatiques et des exigences Ă©levĂ©es en eau agricole. Depuis 1963, la superficie du lac Tchad a diminuĂ© d’environ 25 000 km2 Ă  1 350 km2. Entre juin 1966 et janvier 1973, la superficie du lac Tchad a diminuĂ© de 22 772 km2 Ă  15 400 km2. En 1982, la superficie du lac Ă©tait estimĂ©e Ă  environ 2 276 km2. En fĂ©vrier 1994, les images de Meteosat Ă©taient utilisĂ©es pour mesurer seulement 1 756 km2. Entre 1953 et 1979, l’irrigation n’a eu qu’un impact modeste sur l’écosystĂšme du lac Tchad. Entre 1983 et 1994, cependant, l’utilisation de l’eau d’irrigation a quadruplĂ©. Environ 50% de la diminution de la taille du lac depuis 1966 est attribuĂ©e Ă  l’utilisation de l’eau par l’homme, le reste Ă©tant attribuable au Changement climatique[80]. Les espĂšces vĂ©gĂ©tales envahissantes couvrent actuellement environ 50% de la surface restante du Lac. Des recherches menĂ©es sur 40 ans indiquent que les principaux facteurs de la rĂ©duction du lac ont Ă©tĂ© le surpĂąturage majeur dans la rĂ©gion [81], entraĂźnant une perte de vĂ©gĂ©tation et une grave dĂ©forestation, contribuant Ă  un climat plus sec, de grands projets d’irrigation construits par le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, qui ont dĂ©tournĂ© l’eau du lac et des riviĂšres Chari et Logone.

Chine

Yu le Grand est crédité de l'invention de l'irrigation vers 2200 av. J.C. et il est divinisé dans ce sens.

Le SystĂšme d'irrigation de Dujiangyan, situĂ© dans la partie occidentale des plaines de Chengdu, Ă  la jonction entre le bassin du Sichuan et le plateau du Qinghai -Tibet, est un exploit d'ingĂ©nierie Ă©cologique construit vers 256 av.J.-C. ModifiĂ© et agrandi au cours des dynasties Tang, Song, Yuan et Ming, il utilise les caractĂ©ristiques topographiques et hydrologiques naturelles pour rĂ©soudre les problĂšmes de dĂ©tournement d'eau pour l'irrigation, le drainage des sĂ©diments, le contrĂŽle des crues et le contrĂŽle des Ă©coulements, sans l'utilisation de barrages. CommencĂ© il y a plus de 2 250 ans, il irrigue maintenant 668 700 hectares de terres agricoles[82]. Des gabions en bambou remplis de pierres Ă©taient utilisĂ©s pour retenir l'eau lors de la construction des digues[83].

Philippines

Les RiziĂšres en terrasses des cordillĂšres des Philippines auraient 2000 ans.

Empire khmer

Carte d'Angkor Thom, montrant la disposition des barays.
Baray Srah Srang (Angkor, Cambodge, 2013).

De climat tropical (Aw), les prĂ©cipitations annuelles moyennes dans l'actuel Cambodge tournent autour de 1 400 mm, avec une saison sĂšche de septembre Ă  fin mai. La vaste plaine couverte par la forĂȘt tropicale, au nord du lac de TonlĂ© Sap a abritĂ© du IXe au XIIIe siĂšcle une population estimĂ©e Ă  700 000 personnes, dont 200 000 dans la capitale, Angkor Thom. Les conditions naturelles - forĂȘt tropicale et marĂ©cages - ne semblaient pas favorables Ă  l'Ă©closion de l'une des civilisations les plus brillantes et les plus raffinĂ©es que le monde ait connues: la civilisation khmĂšre. Les besoins d'irrigation toute l'annĂ©e amĂšnent la construction d'immenses rĂ©servoirs artificiels nommĂ©s « barays ». Ces installations ne sont pas creusĂ©es dans le sol, mais bĂąties Ă  l'aide de digues qui retiennent l'eau au-dessus de la plaine environnante. L'eau est stockĂ©e en pĂ©riode de mousson et peut ĂȘtre rĂ©partie sans l'aide de norias. La vie agricole ne connaĂźt pas de pĂ©riode creuse : la premiĂšre rĂ©colte est programmĂ©e fin octobre, la deuxiĂšme fin janvier et la troisiĂšme en mai, juste avant la mousson. Une premiĂšre rĂ©alisation gigantesque (3 800 m sur 800 m) est l’Ɠuvre du roi Indravarman Ier (877-889) Ă  Roluos, Ă  l'est d'Angkor. Son successeur Yasovarman Ier crĂ©e le « Baray oriental », proche du site actuel d'Angkor Thom. Ce vĂ©ritable lac artificiel mesure (7 000 m sur 1 800 m) et sa contenance peut ĂȘtre estimĂ©e Ă  30 millions de m3 d'eau. Cet Ă©norme amĂ©nagement qui permet dĂ©jĂ  de mettre en culture des milliers d'hectares de riziĂšres est complĂ©tĂ© en 1050 par le « Baray occidental » de (8 000 m sur 2 200 m) construit par le roi Udayādityavarman II. Ces trois ouvrages permettaient d'irriguer une surface de plus de 1 000 km2. De plus, la population trouvait dans les barays une abondance exceptionnelle de poissons obtenus par la pisciculture d'une part, et d'autre part par un phĂ©nomĂšne naturel particulier: Par un apport d'eau de montagne en pĂ©riode de mousson, provenant de l'Himalaya, le MĂ©kong, Ă  200 km au sud d'Angkor voit son dĂ©bit doubler et dĂ©but juin le lac de TonlĂ©, son cour s'inverserr. Les eaux du MĂ©kong envahissent une vaste forĂȘt appelĂ©e forĂȘt inondĂ©e dont les eaux montent alors de 10 m Ă  15 m. La surface du TonlĂ© Sap qui ne couvre guĂšre que 2 300 km2 aux basses eaux s'Ă©tend alors sur 10 000 km2. Le phĂ©nomĂšne dure jusqu'en octobre. Durant cette pĂ©riode d'inversion du courant, d'immenses bancs de poissons viennent du delta du MĂ©kong, voire de la mer, pour frayer dans cette forĂȘt lacustre. À l'Ă©poque d'Angkor, tout comme maintenant, chaque annĂ©e, lors des migrations des poissons du Grand lac vers le fleuve, de longues palissades en claies de bambou les guidaient vers des chambres de capture oĂč ils Ă©taient alors aisĂ©ment capturĂ©s[84].

RĂ©volution verte

La rĂ©volution verte dĂ©bute en 1944 Ă  Mexico et s'Ă©tend dans les annĂ©es 1960 au Pakistan et en Inde (RĂ©volution verte en Inde), en Turquie, au Maroc, en Tunisie et en 1969 en AlgĂ©rie[85]. Elle fait usage de riz, de blĂ© et de maĂŻs hybrides Ă  haut rendement conjuguĂ© Ă  des intrants, des produits phytosanitaires, mais aussi de l'irrigation. C’était la rĂ©ponse adaptĂ©e au spectre de la crise alimentaire qui planait sur le monde moitiĂ© XXe siĂšcle. Pendant la pĂ©riode 1963-1983 (les annĂ©es clĂ©s de la rĂ©volution verte), la production totale de riz, de blĂ© et de maĂŻs des pays en dĂ©veloppement a progressĂ© respectivement de 3,1, 5,1 et 3,8 % par an[86].

Le maĂŻs, le riz et le blĂ© sont devenus les piliers de la sĂ©curitĂ© alimentaire mondiale. La majoritĂ© des cĂ©rĂ©ales est produite dans les quelques grandes zones de cĂ©rĂ©aliculture oĂč les agriculteurs paient le prix de dĂ©cennies de monoculture intensive: dĂ©gradation du sol, Ă©puisement des eaux souterraines, et ralentissement marquĂ© de la progression des rendements. Dans rĂ©gions du monde en dĂ©veloppement, les exploitants agricoles obtiennent des rendements trĂšs infĂ©rieurs aux rendements potentiels: Les causes: Ressources naturelles limitĂ©es, accĂšs connaissances et technologies limitĂ©s, etc. Le changement climatique va induire une hausse des tempĂ©ratures, une recrudescence des ravageurs, des maladies, des sĂ©cheresses et des inondations auxquelles l’agriculture devra trouver de nouvelles solutions[87].

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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