PĂȘcherie
Une pĂȘcherie est un espace circonscrit dans une Ă©tendue d'eau, gĂ©nĂ©ralement Ă proximitĂ© immĂ©diate du littoral, qui a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© afin d'y faciliter la pratique de la pĂȘche[1]. Par extension, le mot dĂ©signe Ă©galement les amĂ©nagements spĂ©cifiques qui y sont installĂ©s.
L'utilisation de pĂȘcheries est une activitĂ© trĂšs ancienne ; il existe des traces de nombreuses pĂȘcheries qui datent de l'Ă©poque prĂ©historique.
Des lois sur les pĂȘcheries (en) varient d'une juridiction d'un Ătat cĂŽtier Ă une autre.
PĂȘcherie de pierre et de bois
Les pĂȘcheries les plus simples sont des piĂšges Ă poissons qui se prĂ©sentent sous deux formes : des parcs en pierre (Ă©cluses constituĂ©es de bas murets en pierre sĂšche) et en bois (formĂ©es Ă partir de lignes de pieux de bois entre lesquels sont entrelacĂ©s des clayonnages de branches ou de matiĂšres vĂ©gĂ©tales). Elles sont amĂ©nagĂ©es sur des sites dont la configuration naturelle en forme de cuvette peu profonde et ouverte vers la cĂŽte (zones rocheuses ou sĂ©dimentaires), en des endroits oĂč le flux des marĂ©es ou les courants riverains sont mis Ă profit, permet de piĂ©ger les poissons et crustacĂ©s lorsque la marĂ©e redescend. Ces deux installations forment en arriĂšre du barrage, un bassin de piĂ©geage appelĂ© « biez ». La rĂ©cupĂ©ration des prises s'effectue une fois le biez vidĂ© lors du reflux[2].
Dans les pĂȘcheries qui comportent une ouverture, dĂ©nommĂ©e pertuis, sur laquelle est fixĂ©e une grille, une nasse ou un filet, les prises se font au niveau de ces instruments. Dans le cas des pĂȘcheries dĂ©pourvues d'ouverture, les prises s'effectuent dans le biez au moyen de filets de type haveneau.
Ce type de pĂȘcherie est utilisĂ© depuis les temps prĂ©historiques. Il est encore utilisĂ© actuellement en France sur les Ăźles de RĂ© et d'OlĂ©ron ainsi que dans certaines rĂ©gions du monde, par exemple en Afrique.
PĂȘcherie sur pilotis
Les pĂȘcheries sur pilotis sont des esplanades en bois, souvent agrĂ©mentĂ©es d'une cabane, permettant la pĂȘche au carrelet. Elles sont accessibles par un ponton ou bien par une Ă©chelle. Une perche amarrĂ©e Ă un cĂąble soutient deux cerceaux oĂč se fixe le carrelet, filet qui nĂ©cessite un treuil pour ĂȘtre relevĂ©. La plupart des pĂȘcheurs appĂątent en vers de terre le fond de leurs mailles, lestĂ© par quelques plombs.
En France, les pĂȘcheries appartiennent Ă des personnes privĂ©es ou Ă des associations, mais occupent le domaine public maritime. Ă ce titre, elles font l'objet d'une autorisation d'occupation temporaire, prĂ©caire et rĂ©vocable. S'agissant du domaine public naturel, les dispositions lĂ©gislatives en vigueur (article 2124 du Code gĂ©nĂ©ral de la propriĂ©tĂ© des personnes publiques) imposent que les activitĂ©s pratiquĂ©es tiennent compte de la vocation des espaces concernĂ©s, incluant notamment la pĂȘche maritime, mais excluant l'hĂ©bergement (location de nuitĂ©es comme chambre d'hĂŽte par exemple). La pĂȘche au carrelet est essentiellement une activitĂ© non professionnelle, un loisir qui se pratique au printemps et Ă l'automne. Les prises (mulets, athĂ©rines appelĂ©es Ă©perlans, anguilles ou bars) restent dĂ©pendantes des secteurs, des saisons, voire des jours.
Souvent Ă©quipĂ©es de façon rudimentaire, trĂšs rĂ©guliĂšrement dĂ©pourvues d'eau courante et d'Ă©lectricitĂ©, les pĂȘcheries peuvent ĂȘtre louĂ©es pour une partie de pĂȘche le temps d'une marĂ©e, sans hĂ©bergement, sous rĂ©serve du respect de prescriptions techniques relatives aux Ă©tablissements accueillant du public et dans des conditions qui ne soient pas assimilables Ă une exploitation commerciale[3].
Le bassin d'Arcachon accueille des cabanes tchanquĂ©es, accessibles par bateau ou Ă marĂ©e basse. Plus au nord, les pĂȘcheries occupent l'estuaire de la Gironde et de la Charente, le littoral de la Charente-Maritime, de la VendĂ©e et de la Loire-Atlantique, ainsi que l'estuaire de la Loire. Une quarantaine de pĂȘcheries sont construites le long de la rive sud de cet estuaire, de Saint-Brevin-les-Pins Ă Corsept. Elles sont accessibles par des passerelles horizontales dont les plus longues font jusqu'Ă 120 mĂštres. Essentiellement constituĂ©es de perches en bois de chĂątaignier, les ossatures sont enfoncĂ©es dans la vase Ă plus d'un mĂštre par endroits. Des ancrages au sol sont nĂ©cessaires pour supporter la cabane, souvent constituĂ©s de bidons enfoncĂ©s dans la vase Ă marĂ©e basse et Ă©vidĂ©s avant d'ĂȘtre remplis de gravats ou de bĂ©ton[4].
- Ăpuisette servant Ă ramener le poisson pris dans le carrelet
- Manivelle permettant de lever et baisser le carrelet
- PĂȘcherie en construction Ă l'emplacement d'une ancienne pĂȘcherie
Sur le littoral de la Manche enfin, les pĂȘcheries fixes, en pierre ou en bois, sont inscrites Ă l'inventaire du patrimoine culturel immatĂ©riel en France.
Des structures similaires sont également présentes en Italie, connues comme "trabucco".
Littérature
Le terme de pĂȘcherie est employĂ© Ă la derniĂšre page de l'Ăducation sentimentale de Gustave Flaubert.
Notes et références
- La Grande ordonnance de la marine rĂ©digĂ©e par Colbert en 1681 donne la dĂ©finition suivante : Sous le nom de parcs et pĂȘcheries maritimes, on entend tout espace circonscrit sur les grĂšves, dont quelqu'un s'est mis en possession, Ă dessein de s'y attribuer un droit de pĂȘche exclusif, soit pour le temps actuel de la pĂȘche, soit en vue d'un Ă©tablissement perpĂ©tuel. (Rappel de cette dĂ©finition dans les dossiers Ă©lectroniques du service de l'inventaire gĂ©nĂ©ral du patrimoine culturel de Bretagne)
- Catherine Bizien-Jaglin, LoĂŻc LangouĂ«t, Marie-Yvane Daire, Les pĂȘcheries de Bretagne. ArchĂ©ologie et histoire des pĂȘcheries d'estran, Centre rĂ©gional d'archĂ©ologie d'Alet, , p. 38-40.
- Louer une pĂȘcherie sur la CĂŽte de Jade - Ouest France du 14 aoĂ»t 2014
- Catherine Strivay, Les pĂȘcheries de l'estuaire de la Loire, Rennes, Marines Ă©ditions, , 96 p. (ISBN 978-2-35743-052-5), p. 74
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Didier Paugy, Christian LevĂȘque et Isabelle Mouas, « Les pĂȘcheries traditionnelles en Afrique de lâOuest », sur books.openedition.org, (consultĂ© le )