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PĂȘcherie fixe du littoral de la Manche

Une pĂȘcherie est une installation et une technique de pĂȘche qui consiste Ă  faciliter la prise des poissons en les piĂ©geant. Celles du littoral de la Manche sont fixes et trĂšs importantes par leur envergure. Certaines peuvent atteindre 350 mĂštres de cĂŽtĂ©. Les pĂȘcheries sont en forme de V, en bois ou en pierre, ce qui induit des techniques de pĂȘche diffĂ©rentes. Mais dans les deux cas, les poissons sont pris au piĂšge par le systĂšme des marĂ©es.

Les pĂȘcheries fixes du littoral de la Manche, et en particulier celles d'Agon-Coutainville, de Hauteville-sur-Mer, Granville, Saint-Pair-sur-Mer et Jullouville sont inscrites Ă  l’Inventaire du patrimoine culturel immatĂ©riel en France[1].

Historique

Il est Ă©tabli que les pĂȘcheries apparurent dĂšs le nĂ©olithique. C’est un systĂšme de pĂȘche trĂšs ancien.

« D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pĂȘcheries font leur premiĂšre apparition dans les sociĂ©tĂ©s antĂ©rieures Ă  l’introduction de l’agriculture de l’AmĂ©rique du Nord et de l’Australie. Elles sont Ă©galement bien attestĂ©es en Europe, en particulier par le corpus des sites mĂ©solithiques submergĂ©s danois et irlandais, dont les plus anciens datent de 6000 ans av. J.-C.
Les pĂȘcheries prĂ©historiques de Saint-Jean-le-Thomas (situĂ© dans le nord de la baie du Mont- Saint-Michel) forment un ensemble complexe de plusieurs installations parmi les plus anciennes de ce type en Europe. Elles sont vieilles de prĂšs de 4000 ans. Les hommes ont construit en plusieurs Ă©tapes une vaste installation en bois (prĂšs de 2000 pieux), couvrant plus de trois hectares et destinĂ©s Ă  piĂ©ger les poissons. À cette Ă©poque, les hommes sont depuis longtemps sĂ©dentaires, maitrisent parfaitement l’agriculture et l’élevage. »

— Cyrille Billard, Terre de pĂȘcheries. 4000 ans d’archĂ©ologie et d’histoire sur le littoral de la Manche[2].

Les pĂȘcheries

Il existe plusieurs types de pĂȘcheries : les pĂȘcheries en bois, les pĂȘcheries en pierre et les pĂȘcheries mobiles, que l’on trouve plutĂŽt dans la baie du mont Saint-Michel.

PĂȘcheries en bois

Les pĂȘcheries en bois sont aujourd’hui toutes situĂ©es dans la rĂ©gion de Granville. Une pĂȘcherie se compose d’environ 1500 pieux en bois exotiques, rachetĂ©s aux mouliĂšres qui s’en sĂ©parent au bout d’une quinzaine d’annĂ©es. Des branches de saule d’environ 4 ans sont tressĂ©es entre les pieux. De l’osier peut Ă©galement ĂȘtre ajoutĂ©.

À la pointe du V se trouve le benĂątre, un cercle qui retient prisonniers les poissons. Aujourd’hui, ses parois sont en plastique tressĂ©. C’est souvent une rĂ©cupĂ©ration des rouleaux de grillage formant les poches Ă  huitres. Les pĂȘcheries sont souvent faites de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration.

PĂȘcheries en pierre

Les pĂȘcheries en pierre sont situĂ©es plus au sud, entre le havre de la VanlĂ©e et le havre de Carteret. Les deux branches de V sont ici des murs en pierres sĂšches. A la pointe se trouve une porte aujourd’hui en plastique dans la plupart des cas, avant en bois. À cette porte est accrochĂ© un filet qui piĂšge les poissons.

Aujourd’hui, de tels types de pĂȘcheries ne sont plus construits. On se contente de les entretenir en effectuant une surveillance constante. Les pĂȘcheries en pierre demandent moins d’interventions mais celles-ci sont plus lourdes que pour les pĂȘcheries en bois. Il faut par exemple relever les pierres tombĂ©es, mais avec un savoir-faire particulier qui a tendance Ă  disparaitre et qui entraine le fait qu’aujourd’hui, les murs ne sont remontĂ©s qu’approximativement. Cela amĂšne de nombreux risques puisque les pĂȘcheurs marchent sur ces murs, de plus en plus instables.

PĂȘcheries mobiles ou tĂ©sures

La baie du mont Saint-Michel accueille les derniĂšres pĂȘcheries mobiles. Elles peuvent ĂȘtre dĂ©placĂ©es voire complĂštement disparaitre pendant certaines pĂ©riodes de l’annĂ©e. Il existe plusieurs styles de pĂȘcherie mobiles, mais les plus abouties et les plus utilisĂ©es sont les tĂ©sures.

« ConstituĂ©e de quatre nappes de filets formant un entonnoir et prolongĂ© par une cage servant de piĂšge, la tĂ©sure est tendue par l’intermĂ©diaire de cordages Ă  des pieux nommĂ©s palets. Le sommet de chaque palet dispose d’une marque permettant l’identification du pĂȘcheur. OrientĂ©es pour pĂȘcher Ă  marĂ©e descendante, les tĂ©sures sont disposĂ©es en batterie, perpendiculairement au courant, soit directement dans les bras des fleuves divaguant Ă  marĂ©e basse ou dans des filandres, chenaux assĂ©chĂ©s Ă  marĂ©e basse. Apparues plus rĂ©cemment dans les annĂ©es 1930, les grandes tĂ©sures ou benĂątres correspondent Ă  une adaptation dans les secteurs Ă  plus faibles courants de marĂ©e (
) Le choix de l’implantation est en grande partie dictĂ© par l’évolution des fonds. (
) Les pĂȘcheurs Ă  pied de cette partie de la baie ont donc acquis une vĂ©ritable lecture sensible de l’estran leur permettant de prĂ©dire les Ă©volutions futures (
) »

— Jean-Yves Cocaign, in, Terre de pĂȘcheries. 4000 ans d’archĂ©ologie et d’histoire sur le littoral de la Manche[3].

Références

  1. Fiche d’inventaire des « PĂȘcheries fixes du littoral de la Manche » au patrimoine culturel immatĂ©riel français, sur culturecommunication.gouv.fr (consultĂ©e le 4 novembre 2015)
  2. Collectif, direction de la publication : Cyrille Billard. Terre de pĂȘcheries. 4000 ans d’archĂ©ologie et d’histoire sur le littoral de la Manche, CoĂ©ditions Orep/CrĂ©cet, 2012.
  3. Extrait d’un article de Jean-Yves Cocaign, in "Terre de pĂȘcheries. 4000 ans d’archĂ©ologie et d’histoire sur le littoral de la Manche" Collectif, direction de la publication : Cyrille Billard. CoĂ©ditions Orep/CrĂ©cet, 2012. P 96 – 99

Voir aussi

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