Accueil🇫🇷Chercher

Sève brute

La sève brute est la sève provenant des racines, qui est formée initialement d'eau et de sels minéraux, à l'opposé de la sève élaborée (par les feuilles), constituée d'eau et de matières organiques donc de lipides, protides et glucides[1]. La sève brute n’ayant pas un pourcentage déterminé en matière organique est plus riche en eau que la sève élaborée. La sève brute est acheminée des racines aux feuilles, chez les gymnospermes, par les trachéides, et chez les angiospermes par les vaisseaux conducteurs du xylème[2].

Composition

La sève brute est une solution plutôt diluée, composée en grande partie d'ions inorganiques et d'acides aminés[3]. Induits par la transpiration végétale, la théorie de la cohésion de Henry Horatio Dixon considère que l'eau est tirée exclusivement par des gradients de pression négative de plusieurs mégapascals à travers des colonnes d'eau continues contenues dans le xylème, depuis les racines jusqu'au feuillage[4]. La sève brute a pu être échantillonnée par plusieurs méthodes :

  • par exsudation, processus qui est entraĂ®nĂ© par la pression racinaire des Ă©chantillons prĂ©levĂ©s sur les souches racinaires. Les dĂ©terminations du dĂ©bit d'eau Ă  partir des exsudats de pression racinaire surestiment gĂ©nĂ©ralement la concentration en ions dans le flux de transpiration; des changements significatifs de leurs concentrations relatives se produisent en particulier lorsque l'Ă©chantillonnage a lieu sur une longue pĂ©riode[3] ;
  • la technique de la chambre de pression radiculaire (root pressure chamber), seule mĂ©thode actuellement disponible pour collecter la sève de xylème reprĂ©sentative d'une plante intacte et transpirante[3]. Le dĂ©bit d'eau dans les plantes qui transpirent activement est beaucoup plus Ă©levĂ© que le dĂ©bit d'eau des plantes dĂ©truites[3].

La mesure de la transpiration constitue un élément essentiel de la compréhension de la physiologie de l’arbre et de la dynamique des transferts d’eau dans les peuplements forestiers[5].

Les concentrations de nutriments dans la sève brute sont généralement élevées pendant la nuit associées à un faible débit ; pendant la journée, de faibles concentrations coïncident avec des débits d'eau élevés montrant un pic à midi[3]. Malgré une transpiration constante, les concentrations et le débit de nutriments du xylème varient également au cours de la journée, ce qui indique que des processus supplémentaires inconnus sont impliqués dans la translocation des nutriments[3].

Description

La sève brute circule dans l'organisme végétal grâce à un tissu conducteur, le xylème, uniquement dans le sens ascendant, c'est-à-dire de la racine à la feuille.

Pour expliquer le déplacement de la sève brute dans la plante, plusieurs explications sont avancées :

  • la pression atmosphĂ©rique : elle permet de faire monter la sève jusqu'Ă  une hauteur d'environ 10 mètres, Ă©tant donnĂ© qu'un tube de xylème peut ĂŞtre assimilĂ© Ă  un tube de Torricelli, vide d'air ;
  • la pression racinaire ;
  • la thĂ©orie de la cohĂ©sion-tension (cohĂ©sion-adhĂ©rence-tension ou capillaritĂ©) ;
  • un Ă©change inter membranaire des cellules composant le xylème. Voir transporteur membranaire et osmose ;
  • une combinaison des 4 points qui prĂ©cèdent.

Théorie de la tension-cohésion

Assimiler les tubes de xylème Ă  un tube de Torricelli n'explique pas que la sève atteigne des feuilles Ă  plus de dix mètres au-dessus des racines. Lorsqu'on tente d'Ă©lever de l'eau par une pompe aspirante Ă  plus de dix mètres au-dessus du niveau de base, on ne peut excĂ©der une hauteur de dix mètres environ, parce que des bulles d'air apparaissent dans le liquide, qui permettent la crĂ©ation du « vide d'air » au-dessus de la colonne d'eau. Mais la mĂŞme expĂ©rience faite avec de l'eau bouillie, sans gaz dissous, permet d'aspirer l'eau au-delĂ  de dix mètres : l'eau dĂ©gazĂ©e peut ĂŞtre mise sous tension sans apparition de bulle de vapeur (ou plutĂ´t de « vide », la pression de vapeur saturante Ă©tant très faible), Ă  des valeurs au-delĂ  de 12 000 hPa (ou 12 kg/cm2).

L'environnement cellulaire des tubes de xylème, et leur structure microscopique et sub-microscopique, fait que les molĂ©cules d'eau (au niveau des feuilles) ou de l'eau du sol (au niveau des racines) entrent ou sortent sans qu'il y ait passage de gaz. Le liquide qui constitue la sève brute est donc dĂ©gazĂ©, et peut ĂŞtre mis sous tension ; une tension suffisante qui permet Ă  la sève d'atteindre les feuilles sommitales des plus grands arbres (environ 120 m de hauteur au-dessus du sol). C'est pourquoi les vaisseaux de xylème sont fins : ceci leur permet de rĂ©sister mĂ©caniquement Ă  la tension de le sève. Quand l'eau se vaporise dans l'air contenu dans les lacunes du mĂ©sophylle foliaire, ceci crĂ©e un appel d'eau. De cette manière, la transpiration permet la montĂ©e de l'eau depuis les racines jusqu'Ă  la cime des arbres, mĂŞme des plus hauts. Lors d'une blessure des tissus, mĂŞme microscopique, une telle force de tension crĂ©e un appel d'air, qui forme des bulles d'air dans la colonne d'eau. Dans les tubes atteints, la montĂ©s de la sève brute ne se rĂ©alise plus.

Cette thĂ©orie de H. H. Dixon (1914) bien que gĂ©nĂ©ralement admise est fortement douteuse. En effet, en acceptant que la colonne d'eau ne se brise pas (cohĂ©sion de l'eau) le poids de la colonne d'eau est entièrement portĂ©e par les cellules faisant interface entre l'air et la sève. Pour un arbre de 120 m ces cellules devraient donc supporter une diffĂ©rence de pression de 12 atmosphères or aucune structure de la feuille ne pourrait rĂ©sister Ă  un tel Ă©crasement (12 kgf/cm2)[6].

Une théorie récente (Ascent of sap, 2012) rend compte qu’aux parois les forces intermoléculaires créent des gradients de densité rendant les liquides inhomogènes dans les nanocouches. Le mouvement de la sève brute en nanocouche prend alors en compte la pression de disjonction et les débits liquides sont d’une importance comparable à ceux considérés dans des microcanaux. Son application aux microcanaux de xylème élimine le problème de cavitation et permet de comprendre pourquoi la sève peut s’élever aux faîtes d’arbres gigantesques.

Notes et références

  1. « sève élaborée », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  2. « sève brute », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  3. (en) Konrad Mengel et Ernest A. Kirkby, Principles of Plant Nutrition, Springer Science & Business Media, , 849 p. (ISBN 978-94-010-1009-2, lire en ligne)
  4. (en) Ulrich Zimmermann, Heike Schneider, Lars H. Wegner et Axel Haase, « Water ascent in tall trees: does evolution of land plants rely on a highly metastable state? », New Phytologist, vol. 162, no 3,‎ , p. 575–615 (ISSN 1469-8137, DOI 10.1111/j.1469-8137.2004.01083.x, lire en ligne, consulté le )
  5. A. GRANIER, « Une nouvelle méthode pour la mesure du flux de sève brute dans le tronc des arbres », Annales des Sciences Forestières, vol. 42, no 2,‎ , p. 193–200 (ISSN 0003-4312, DOI 10.1051/forest:19850204, lire en ligne, consulté le )
  6. Voir M. T. Tyree, The cohesion-tension theory of sap ascent: current controversies, Journal of Experimental Botany no 48, 1997, p. 1753-1765 et W. Koch, S. C. Sillett, G. M. Jennings, S. D. Davis, The limit to tree height, Nature no 428, 2004, p. 851-854.

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.