Puits artésien
Un puits artésien (du nom de Lillers-en-Artois[1]) est une exsurgence captant l'eau d'une nappe captive et qui forme un puits où l'eau jaillit spontanément ou non. Il se distingue de la source artésienne, source jaillissant sous pression à travers une fissure, alimentée par l'eau de cette nappe quand le point d'émergence se trouve à une altitude inférieure à celle du niveau hydrostatique de la nappe.
- Aquifère artésien
- Couche imperméable
- Aire d'infiltration
- Puits artésien
- Niveau de saturation level
- Puits sous-artésien
- Source artésienne
Le puits peut Ă©galement ĂŞtre artificiel (forage).
L’artésianisme est le phénomène de captage de cette eau souterraine à la surface du sol en vertu du principe des vases communicants, sans qu'il soit nécessaire de la pomper.
Éléments historiques
De tels puits sont connus depuis le début de l'Antiquité en Perse, en Égypte et sans doute aussi en Syrie. Le développement urbain et le choix de sites d'implantation nécessitant des sources d'eau sûres (monastères, moulins), induit l'essor de l'hydraulique médiévale dans l'occident qui a été influencée par l'hydraulique orientale[2].
Les historiens sont moins informés sur la datation des sources sur les plateaux de Picardie que sur les sources dans les vallées, d'où l'hypothèse traditionnelle mais probablement fausse selon laquelle le premier puits artésien serait attesté en 1126 dans une abbaye de Lillers-en-Artois, dans une région d'où provenait un grand nombre de participants à la première croisade[3].
Description
L'« artésianisme » résulte d'une configuration géologique et topographique particulière provoquant la mise en pression d'un aquifère ; l'inclinaison de la couche géologique imperméable surmontant cet aquifère le contraignant sous le niveau piézométrique. Si cette couche est forée, l'eau remonte en jaillissant, selon le principe des vases communicants.
Ces eaux souterraines profondes pouvant être chaudes, les puits artésiens sont aussi utilisés dans des systèmes de chauffage géothermique, utilisant le principe des vases communicants et le phénomène du thermosiphon.
On désigne parfois à tort par « puits artésien » un puits foré dans une nappe sous pression, qui n'est pas jaillissante mais simplement « captive ».
Dans ce cas, on devrait parler de « puits subartésien ».
Origine des puits artésiens
Dès les premiers siècles de notre ère, les peuples de l’Orient connaissaient l’art d’aller chercher dans les profondeurs de la terre l’eau des nappes invisibles, et de la faire monter à la surface du sol, où on l’employait pour tous les usages domestiques et pour les besoins de l’agriculture.
Les oasis qui parsèment les déserts de la Syrie, de l’Arabie et de l’Égypte, doivent leur fertilité aux sources d’eaux jaillissantes pratiquées par la main de l’homme[4].
Exemples de puits et de sources
En France
Tours (Indre-et-Loire) fut, avant Paris, l'une des villes pionnières en Europe en ce qui concerne le forage de puits artésiens. La campagne tourangelle de forages se déroula pendant les années 1830. Ces forages étaient nettement moins profonds qu'en Île-de-France : 150 m en moyenne contre plus de 500 m.
La plupart des puits ont été réalisés par Joseph Degousée (1795-1862) qui s'associera plus tard avec son gendre Charles-Auguste Laurent (1821-1870). Les premiers alimentaient des fontaines de quartier, puis ils furent forés pour des casernes, une filature de soie, des brasseries, des moulins à céréales, des jardins, des cultures et un abattoir[5].
En Dordogne, le Blâme naît au puits de Bontemps d'une source artésienne, vers 143 mètres d'altitude, sur la commune de Brouchaud[6].
- Source artésienne du puits de Bontemps…
- …après plusieurs journées de fortes pluies.
- Le ruisseau le Blâme…
- …à Brouchaud, en Dordogne.
- Le même puits en période normale.
Dans le parc du château de Beaulon, en Charente-Maritime, des exsurgences artésiennes appelées Fontaines bleues doivent leur couleur bleu turquoise à la présence d'algues microscopiques[7].
- La Fontaine aux fées, château de Beaulon.
En Espagne
La Fuente de Cella (es) est située dans la ville de Cella, dans la communauté autonome d'Aragon. Construit au XIIe siècle, ce grand puits artésien est considéré comme un des plus grands, des plus larges et des plus profonds d'Europe[8].
- Fuente de Cella.
Notes et références
- Selon une lecture probablement erronée du millésime (1726 et non 1126) que portait la margelle du puits de l'ancien vicariat des Dominicains de cette commune.
- Anne Tihon, Baudouin van den Abeele, Isabelle Draelants (dir.), Occident et Proche-Orient : contacts scientifiques au temps des Croisades. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 24 et 25 mars 1997, Brepols, , p. 125
- « Serait-ce l'explication d'un transfert technique en Occident ? Nullement, car la date de 1126 qui se serait trouvée sur la margelle du puits (disparu depuis) est très probablement due à la mauvaise lecture du millésime 1726. Pendant plusieurs siècles (après 1126), on ne connaît aucun puits de ce type en Artois. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle qu'apparaît le terme technique « puits artésien », dans un mémoire, couronné par l'Académie des Sciences de Paris, de l'ingénieur des mines Garnier à Arras. Cette notion put ensuite se répandre rapidement dans toute l'Europe, et jusqu'au Canada et aux États-Unis ». Cf Anne Tihon, Baudouin van den Abeele, Isabelle Draelants (dir.), Occident et Proche-Orient : contacts scientifiques au temps des Croisades. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 24 et 25 mars 1997, Brepols, , p. 126.
- Louis Figuier, « Les Puits artésiens », dans Les Merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, Furne, Jouvet et Cie, (lire en ligne), p. 529–615
- « Puits artésiens », sur keblo1515.free.fr (consulté le )
- Le puits de Bontemps, merveille du Périgord, panneau situé à côté du puits de Bontemps, vu le 14 février 2016.
- Pierre Tillinac, Un bleu comme on n'en voit jamais, Sud Ouest du 18 juillet 2011.
- « Ayuntamiento de Cella »
Voir aussi
Bibliographie
- Sabine Barles et André Guillerme (1993) « Les puits artésiens d'absorption », in : Histoire de l’environnement et des phénomènes naturels, Paris, Presses du CNRS, p. 119-122.