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Préfabrication

La préfabrication est une technique de construction qui consiste à fabriquer à l'écart de l'ouvrage les éléments constitutifs, puis à les assembler sur le site de l'ouvrage pour le former. Ceci s'applique généralement à des éléments répétitifs et/ou complexes, comme des maisons ou des immeubles (HLM notamment).

La prĂ©fabrication « ouverte Â» est la fabrication d'Ă©lĂ©ments standards devant s'assembler Ă  d'autres. La prĂ©fabrication « fermĂ©e Â» est la fabrication des sous-ensembles les uns en fonction des autres pour faire le bâtiment dans sa totalitĂ©. Cette prĂ©fabrication peut avoir lieu en usine ou dans un chantier externe, ou mĂŞme Ă  cĂ´tĂ© de l'emplacement d'assemblage final, sur le site mĂŞme de la construction.

Ce terme s'applique généralement au domaine de la construction ; on parle alors d'« élément préfabriqué » et, lorsque ce sont des composantes de machine qui sont préfabriquées, on parle souvent de « sous-assemblages ».

Historique

MĂŞme si l'on trouve l'idĂ©e de prĂ©fabrication dans l'AntiquitĂ© grecque avec les frontons Ă  colonnes, « prĂ©fabriquĂ©s Â» coĂ»teusement par du personnel très qualifiĂ© dans les carrières, on peut dire qu'elle a pris sa rĂ©alitĂ© Ă©conomique moderne et son essor en mĂŞme temps que l'industrialisation, par la prise de conscience du potentiel de gain Ă©conomique se trouvant dans l'organisation des chantiers, la modĂ©lisation de l'habitat et des bâtiments publics[alpha 1] et de la vitesse de croissance des villes pour l'Europe. Cela succède Ă  la première industrialisation de la construction d'un bâtiment par Joseph Paxton pour le Crystal palace Ă  Londres en 1851.

La construction urbaine moderne suivant un plan de dĂ©veloppement Ă  quadrillage grande Ă©chelle — dĂ©jĂ  connu avec l'Urbs de Rome — a eu lieu Ă  Lisbonne au Portugal, Ă  la suite du tremblement de terre du qui a presque totalement dĂ©truit la ville[1] et des procĂ©dĂ©s mĂ©caniques de fabrication plus rapide d'Ă©lĂ©ments ont fait partie de l'« industrialisation Â» ingĂ©nieuse[alpha 2] - [alpha 3], prĂ©figurant la prĂ©fabrication.

Dans l'ensemble des pays développés, à partir de la brique standardisée déjà utilisée appareillée traditionnellement, la préfabrication ouverte est mise en place au tournant des XIXe – XXe siècle. Elle utilise la brique alvéolaire et la structure béton coulé en place. Les poutrelles à profil standard préfabriquées aussi bien en béton armé qu'en métal sont largement utilisées.

Parmi les diffĂ©rents aspects d'industrialisation, –qui vont de la mĂ©canisation Ă  l’organisation rationnelle du chantier–, la prĂ©fabrication en bĂ©ton se dĂ©veloppe avec la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est plus seulement un moyen de construire plus efficacement, mais c'est un des principes gĂ©nĂ©rateurs prĂ©conçu avant-guerre du projet d’architecture occidental[alpha 1] lequel est « adoptĂ© Â» dans des pays en dĂ©veloppement. Conçus et rĂ©alisĂ©s pour ĂŞtre assemblĂ©s avec un maximum de rendement sur le chantier par une main-d’œuvre moins qualifiĂ©e et peu nombreuse, la plupart de ces procĂ©dĂ©s obĂ©issent Ă  des règles strictes de mise en Ĺ“uvre. Le chantier se rĂ©duit exclusivement Ă  un lieu de montage.

En France, la prĂ©fabrication va tout d'abord se dĂ©velopper dans le contexte de pĂ©nurie gĂ©nĂ©rale de la LibĂ©ration. Dans un second temps, l'opĂ©ration des « 4 000 logements de la rĂ©gion parisienne » en 1953 inaugure la gĂ©nĂ©ralisation de la prĂ©fabrication pour la construction des grands ensembles de logements en France.

Choix de la préfabrication

En organisant un transfert de production du chantier à l’atelier ou à l’usine, elle garantit ainsi l’efficience qualitative (qualités physiques et d’aspect) et économique (économie de temps, de main-d’œuvre, de matériaux et d’énergie) de l’objet préfabriqué qui, bien que parfois réalisé avec des moyens modestes (banches etc.), est généralement plus élaboré et performant.

Une solution passe par la production en usine dans des conditions optimales de « grands éléments complexes », c’est-à-dire réunissant dès l'amont du processus de fabrication l’ensemble des corps d’état principaux et secondaires intervenant habituellement sur le chantier.

Le choix de l'emploi de la préfabrication est guidé par une comparaison essentiellement économique avec la construction sur place. Une analyse comparative doit être faite pour engager ce choix en intégrant au moins les éléments suivant :

  • CoĂ»t :
    • Amortissement de l'outil de production ;
    • CoĂ»t de l'acheminement des matières premières ;
    • Rendement de la main d'Ĺ“uvre de fabrication et d'assemblage ;
    • CoĂ»t des Ă©lĂ©ments ou pièces d'assemblage ;
    • CoĂ»t du transport des Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s;
    • Surface ou hangar de prĂ©fabrication et zone de stockage ainsi que le conditionnement.
  • DĂ©lai :
    • Gain liĂ© Ă  la possibilitĂ© de prĂ©parer les Ă©lĂ©ments en amont et de les assembler par la suite ;
    • Temps d'assemblage des Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s ;
    • PossibilitĂ© de s'affranchir des alĂ©as climatiques (prĂ©fabrication en hangars).
  • QualitĂ© :
    • PrĂ©cision dans la construction des Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s (qualitĂ© gĂ©omĂ©trique) ;
    • PĂ©rennitĂ© de l'Ă©lĂ©ment prĂ©fabriquĂ© (qualitĂ© de fabrication) ;
    • QualitĂ© de l'Ă©lĂ©ment d'assemblage.
  • SĂ©curitĂ© :
    • RĂ©duction du temps d'exposition des ouvriers aux conditions dangereuses ;
    • FaisabilitĂ© de l'assemblage (parfois trop acrobatique).
  • Environnement :
    • Consommation de carburants ;
    • Pertes, chutes de matières premières.

Le critère « dĂ©lai » est par exemple mis en avant par le groupe Eiffage lorsque celui-ci montre la construction d'un bâtiment « clĂ© en main » de trois niveaux en seulement 24 heures, en [2].

Perspectives futures

D'une manière gĂ©nĂ©rale, la prĂ©fabrication conceptualisĂ©e par l'« architecture progressiste Â» des XIXe et XXe siècles tend vers la construction modulaire, Ă  l'opposĂ© de l'« architecture culturaliste Â»[3].

Notes et références

Notes

  1. Modélisation de l'habitat et des bâtiments publics par Tony Garnier pour la France, le Bauhaus pour l'Allemagne, le style « mussolinien » (Gruppo 7) pour l'Italie, le style constructiviste pour l'URSS, etc
  2. Le roi du Portugal Joseph Ier donna la mission de la reconstruction rapide de la ville de Lisbonne Ă  SebastiĂŁo JosĂ© de Carvalho e Melo. Celui qui devint le marquis de Pombal a chargĂ© un groupe d'ingĂ©nieurs portugais et Ă©trangers de tracer le nouveau profil moderne de la ville. PlutĂ´t que de reconstruire la ville en utilisant les vieilles rues comme rĂ©fĂ©rence, les nouvelles rues, les larges avenues ainsi que les larges places ont Ă©tĂ© dessinĂ©es, sur des quadrillages (quartier central de la Baixa) pour permettre l'Ă©vacuation rapide de la population, en cas de nouveaux sĂ©ismes. Les nouveaux bâtiments ont Ă©tĂ© construits par duplication. Ils comportent de nombreuses innovations : dans les fondations, les murs dans lesquels se trouvent des structures en bois, prĂ©curseurs des constructions anti-sismiques. Les techniques mĂ©caniques ont Ă©tĂ© aussi particulièrement dĂ©veloppĂ©es pour la rĂ©alisation rapide des ouvrants — Source : Jean-Marc Rohrbasser, « Le tremblement de terre de Lisbonne : un mal pour un bien ? Â», Annales de dĂ©mographie historique 2010/2 (no 120), pages 199 Ă  216, sur cairn.info (consultĂ© le 26 janvier 2020).
  3. Accompagnant le style architectural de construction défini par Carvalho, un procédé standardisé de décoration a été appliqué, à l'intérieur comme à l'extérieur des bâtiments (calçada portuguesa ou trottoir portugais), réduisant considérablement le recours aux azulejos.

Références

  1. (pt) « A reconstrução de Lisboa (La reconstruction de Lisbonne) », sur ensina.rtp.pt (consulté le ).
  2. C. Patrigeon, « Eiffage construit un bâtiment clés en main en… 24h », sur www.constructioncayola.com, Groupe Cayola, (consulté le )
  3. Françoise Choay in L'Urbanisme, utopies et réalités.

Voir aussi

Article connexe

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