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Appareil (architecture)

En architecture, un appareil (ou opus en archéologie) est la façon dont les moellons, les pierres de taille, les dalles, les pavés ou les briques sont assemblés dans la maçonnerie.

La pierre inca aux 12 angles, Cuzco (PĂ©rou).
Mur sud de la Grande Mosquée de Kairouan fait d'assises en grand et petit appareil, à Kairouan (Tunisie).
Porte de la ville d'Hastingues en moyen appareil soigné à la base, moins soigné au niveau des archères, en moellons au niveau supérieur.

L'appareilleur est le principal ouvrier chargé de l'appareil des pierres d'un bâtiment. C'est lui qui trace les épures par panneaux ou par équarrissement, qui préside à la pose au raccordement, etc.[1].

L’appareillage est l'action d'appareiller un mur ou un sol mais peut aussi désigner l'appareil, c'est-à-dire la disposition des matériaux dans un mur[2].

DĂ©finition

On appelle « appareil » en architecture le dessin, la taille et la pose des pierres d'un édifice. On dit d'une muraille qu'elle est d'un bel appareil lorsque les pierres taillées avec précision, toutes de même épaisseur et quelquefois de même longueur, sont placées de manière que les joints de maçonnerie soient égaux et disposés convenablement « pour la solidité de l'ouvrage et l'agrément de la vue ». Les matériaux bien choisis et bien ajustés indiquent toujours un art très avancé[3].

Bien qu'il existe une multitude d'appareils, on peut toujours les rapporter à des types principaux qui ont été désignés selon des noms grecs ou latins. L’usage s’est imposé dans la littérature archéologique de donner le nom d’opus aussi bien à la structure considérée dans son ensemble (opus caementicium) qu’à ses faces parementées (opus incertum ou opus reticulatum), ce qui prête inévitablement à confusion dans la dénomination définitive des appareils[4]. L'appareil est pour l'archéologue un élément de datation d'un mur.

Classement

Dans les constructions romaines et dans celles des premiers siècles du Moyen Âge jusques et y compris le XIe siècle qui n'ont guère été que des modifications plus ou moins altérées des premières, on trouve fréquemment le mélange de pierre et de brique ou celui de pierres de diverses couleurs, etc. Ces mélanges ainsi que la forme de divers appareils ont été souvent mis à profit par les anciens pour animer la surface des murs[3].

Appareils rectangulaires (Ă  joint vif)

L'appareil antique grec est constitué de pierres rectangulaires, de taille précisément ajustée, souvent reliées entre elles par des agrafes de bronze ou de plomb coulés. Les éléments sont disposés en assises alternées.

Dans l'architecture romaine, cet assemblage de pierres rectangulaires taillées à joint vif est appelé opus quadratum.

Les trois appareils rectangulaires qui se montrent ordinairement soit dans les constructions romaines soit dans celles des premiers siècles du Moyen Ă‚ge sont le grand appareil, le moyen appareil et le petit appareil. Le grand appareil en pierres de 61 cm Ă  1,60 m posĂ©es horizontalement par assises rĂ©gulières jointes intĂ©rieurement, par des crampons de fer ou de bronze ou de simples clĂ©s Ă  queues d'aronde ou d'hironde en bois ou en mĂ©tal auxquels on substitue quelquefois des os de bĹ“uf ou de mouton. Le moyen appareil est formĂ© de pierres ordinaires assemblĂ©es comme celles du grand appareil par des queues d'arondes ou liĂ©es par le ciment. Le petit appareil est formĂ© de petit moellons cubiques de 8 Ă  10 cm ou de 10 Ă  13 cm posĂ©s par assises sur une Ă©paisse couche de mortier et Ă  joints verticaux Ă©galement larges, tantĂ´t par files longitudinales, tantĂ´t par recouvrement. Quelquefois, vers l'Ă©poque romano-byzantine, le moellon au lieu d'ĂŞtre cubique devient cunĂ©iforme et s'engage par sa pointe dans la maçonnerie[3].

D'autres sources rapportent les dimensions suivantes :

  • petit appareil : appareil constituĂ© de moellons, pierres ou briques d'une dimension (hauteur d'une assise) infĂ©rieure Ă  20 cm ;
  • appareil moyen : appareil constituĂ© d'Ă©lĂ©ments ayant une dimension entre 20 cm et 30 cm ;
  • grand appareil : appareil constituĂ© d'Ă©lĂ©ments de plus de 30 cm ;
  • appareil cyclopĂ©en : appareil constituĂ© de pierres Ă©normes comme les murs de Mycènes (mur cyclopĂ©en).

Opus caementicium romain

Détail de la porte Saint-André de l'enceinte gallo-romaine d'Autun. La partie de gauche est en grand appareil régulier, celle du centre en petit appareil régulier. Ce parement forme coffrage pour le blocage de droite (pierres noyées dans du ciment).

L'opus caementicium constitue le massif, le noyau, la partie structurelle de la maçonnerie romaine qui succède à l'opus quadratum. Les parements appareillés de différentes façons sont désignés séparément. Ce massif de remplissage est constitué d'un mortier de chaux mêlé de caementa, qui désignent des pierres, des moellons tout venant. Les parements servent de coffrage perdu. Selon le parement, on distingue, par ordre chronologique d'apparition :

Dans l'architecture de la Rome antique
  • l'opus incertum, il n'y a pas de rĂ©gularitĂ© ;
  • l'opus quasi reticulatum, les pierres sont disposĂ©es en damier diagonal irrĂ©gulier ;
  • l'opus reticulatum, les pierres sont carrĂ©es et de mĂŞme taille, elles constituent un damier parfait en lignes diagonales ;
  • l'opus mixtum, un chaĂ®nage de briques alterne avec un appareil de pierres rĂ©gulier ;
  • l'opus latericium, aussi appelĂ© opus testaceum ;
  • l'opus vittatum ;
  • l'opus sectile, qui se rapproche de la mosaĂŻque.
Dans l'architecture préromane

Dans l'architecture préromane s'ajoute l'opus spicatum (« appareil en épi de blé »), constitué d'éléments posés sur leur champ, en lignes inclinées alternativement à droite et à gauche, figurant un motif en épi de blé ou en branche de fougère ou encore en arêtes de poisson. C'est un appareil de brique utilisé pour les sols. On le trouve également dans les murs carolingiens ;

  • l'appareil en arĂŞte-de-poisson, constituĂ© de pierres plates inclinĂ©es Ă  environ 45°, en changeant de sens Ă  chaque strate successive, de manière Ă  donner un aspect d'« arĂŞte de poisson ».
Dans l'architecture romane
  • L'opus monspelliensis est rĂ©alisĂ© en alternant assises de « boutisses » (pierres dont la plus petite face forme parement) et assises de « carreaux » (pierres dont la plus grande face forme parement).
Dans l'architecture byzantine

Classement en fonction de la régularité des pierres

Le vocabulaire de l'architecture distingue différents appareils en fonction de la régularité des pierres[5] :

  • appareil rĂ©gulier : lorsque toutes les pierres sont Ă©gales, formant des assises rĂ©gulières ;
  • appareil irrĂ©gulier : lorsque les pierres sont hĂ©tĂ©romĂ©triques (aux dimensions variables). Il peut ĂŞtre disposĂ© en :
    • appareil assisĂ©, constituĂ© de pierres de grosseurs variables, disposĂ©es en assises, c’est-Ă -dire qu’elles sont Ă©bauchĂ©es ou Ă©quarries et placĂ©es d’aplomb librement sans arrangement, sans ordre particulier, ce qui donne des joints de lit[6] non rectilignes ;
    • appareil plein sur joint : appareil rĂ©glĂ© dans lequel les joints montants d'une assise sont au milieu des Ă©lĂ©ments des assises infĂ©rieures et supĂ©rieures ;
    • appareil Ă  assises rĂ©gulières, constituĂ© de pierres de longueur variable mais dont les assises sont apparemment de mĂŞme hauteur (exemple : grand appareil rĂ©gulièrement assisĂ©) ;
    • appareil Ă  alternance d'assises rĂ©gulières, constituĂ© de pierres de longueur variable mais dont la hauteur des assises varie en alternance.

Position des éléments dans l'appareil

On distingue cinq types d'élément de maçonnerie taillé ou moulé (pierres de taille, moellon, brique, etc.) en fonction de leur position dans l'appareil :

  • panneresse : Ă©lĂ©ment de maçonnerie dont la face intermĂ©diaire entre la plus grande et la plus petite forme parement, par opposition au carreau dont la plus grande face est en parement, et Ă  la boutisse dont la plus petite face est vue ;
  • carreau : Ă©lĂ©ment de maçonnerie dont les dimensions de parement sont importantes par rapport aux faces de joint ou de queue (partie d'un moellon noyĂ©e dans la maçonnerie, dont la longueur se mesure depuis le parement). Le carreau de plâtre ou de bĂ©ton cellulaire est destinĂ© Ă  la construction des cloisons ou de doublages, ces Ă©lĂ©ments normalisĂ©s mesurent 666 Ă— 500 mm, pour des Ă©paisseurs de 4 Ă  10 cm ;
  • boutisse : Ă©lĂ©ment de maçonnerie dont la plus petite face forme parement. Si elle traverse le mur, on parle de « boutisse parpaigne », « traversante » ou « traversière » ;
  • parpaing : Ă©lĂ©ment de maçonnerie qui prĂ©sente un parement sur chacune des deux faces opposĂ©es d'un mur. Le parpaing assure la fonction de chaĂ®nage (cohĂ©sion d'ensemble) de la maçonnerie, il est important d'en mettre suffisamment (pour un mur en moellon, en prĂ©voir un par m²). Par mĂ©tonymie, on appelle souvent « parpaing » les blocs de bĂ©ton, qui s'appareillent effectivement en parpaing ;
  • blocaille, bloquaille ou blocaux : pierres sans forme prĂ©cise de format moyen, trop petites pour ĂŞtre assisĂ©es en parement mais utilisĂ©es en blocage (noyĂ©es dans un bain de mortier entre deux parois appareillĂ©es).

Maçonnerie de brique

Appareil courant

L'arrangement des briques pour obtenir de bonnes liaisons varie suivant l'Ă©paisseur des murs.

Dans les murs composés dans le sens de leur épaisseur d'une seule brique posée de champ ou à plat, les briques s'arrangent par lits horizontaux les joints verticaux d'un lit portant toujours sur le milieu ou le tiers des briques du lit inférieur.

L'appareil courant tout panneresse (à mi-brique, demi-brique ou à la grecque) présente des briques à plat où les joints verticaux alternent avec la moitié de la longueur de la brique[7].

  • Appareil courant ou en panneresse : briques posĂ©es longitudinalement en parpaings.
    Appareil courant ou en panneresse : briques posées longitudinalement en parpaings.
  • Appareil courant ou en panneresse : briques posĂ©es longitudinalement en parpaings.
    Appareil courant ou en panneresse : briques posées longitudinalement en parpaings.

L'appareil courant ou en boutisse :

  • Appareil courant ou en boutisse : briques posĂ©es transversalement en parpaings.
    Appareil courant ou en boutisse : briques posées transversalement en parpaings.
  • Appareil courant ou en boutisse : briques posĂ©es transversalement en parpaings.
    Appareil courant ou en boutisse : briques posées transversalement en parpaings.

Appareils composés

Dans les murs d'une brique boutisse d'épaisseur, les briques peuvent être déjà combinées d'un grand nombre de manières[7]. Il faudrait aussi citer les maçonneries en relief. Nom de différents appareils :

  • appareil anglais,
  • appareil Ă  mi-brique (demi-brique, tout panneresses ou Ă  la grecque),
  • appareil en carrelage,
  • appareil en chaĂ®ne,
  • appareil en croix ou croisĂ©,
  • appareil debout,
  • appareil flamand,
  • appareil français,
  • appareil hollandais,
  • appareil en quart de brique,
  • appareil sauvage,
  • maçonneries en relief, etc.
  • Appareil sur chant.
    Appareil sur chant.
  • Appareil Ă  claire-voie.
    Appareil Ă  claire-voie.
  • Appareil français.
    Appareil français.
  • Appareil français.
    Appareil français.
  • Appareil anglais (ou en croix).
    Appareil anglais (ou en croix).
  • Appareil hollandais.
    Appareil hollandais.
  • Appareil flamand.
    Appareil flamand.
  • Appareil flamand.
    Appareil flamand.
  • Appareil amĂ©ricain.
    Appareil américain.
  • Appareil amĂ©ricain, 5th Av., Harlem (New York).
    Appareil américain, 5th Av., Harlem (New York).
  • Appareil gothique.
    Appareil gothique.

Appareils de décoration

Opus spicatum, dallage de sol dans les marchés de Trajan.

Appareils moins courants en parement, plus employé comme dessous de voute ou en revêtement de sol :

Notes et références

  1. J.-M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment, Carilian, (lire en ligne).
  2. Hervé Fillipetti, Maisons paysannes de l'ancienne France, Serg/Berger-Levrault, , p. 284.
  3. Jean Jacques Bourassé, Dictionnaire d'archéologie sacrée, J.-P. Migne, (lire en ligne).
  4. Pierre Gros (généré le 1er avril 2016, nouvelle édition (en ligne)), Vitruve et la tradition des traités d’architecture. Fabrica et ratiocinatio, Rome, Publications de l’École française de Rome, , 491 p. (ISBN 978-2-7283-1028-9, lire en ligne).
  5. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture. Méthode et vocabulaire, Éditions du patrimoine, , p. 108.
  6. Le joint de lit sépare deux assises.
  7. Émile Lejeune, Guide du briquetier du fabricant de tuiles, carreaux, tuyaux, suivi du Guide du chaufournier et du plâtrier, Librairie du Dictionnaire des arts et manufactures, 1870.

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

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