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Pavé

Un pavé est un bloc généralement en pierre, en bois ou en béton utilisé pour le revêtement de la chaussée - le pavage. De nos jours, il est utilisé essentiellement pour des voies piétonnières ou rarement empruntées, dans des secteurs historiques ou pour de courts segments de routes.

Oppidum romain d'Ambrussum voies pavées
Pavés anciens du nord de la France, à Lesquin (près de Lille)
Route pavée moderne entre Cobenzl et Kahlenberg, près de Vienne

Histoire

Les voies romaines étaient pavées. Au Moyen Âge, les premières mentions de chaussées pavées remplaçant les rues en terre battue dans les villes coïncident avec l'essor urbain du XIIe siècle et le développement du trafic commercial qui dégrade les voies mal protégées, mais tout le monde continue à y jeter ses ordures[note 1] et ses eaux sales évacuées par le caniveau central, d'où le dégagement d'une odeur pestilentielle, source d'innombrables conflits et procès[1].

Un « pavé à fendre », aussi appelés « pierre à bois », est un pavé qui sert d'assise pour placer un billot permettant de fendre les bûches de chauffage dans les cours d'immeuble. Il est en général carré et plus large que les autres pavés. A Paris, il était interdit de fendre du bois sur les pavés de grès de l’espace public afin de ne pas les abîmer[2].

Les revêtements de chaussée en pavés ont connu un regain en Europe au cours des dernières décennies avec le développement des voies piétonnes dans les centres-villes. Ils en avaient été souvent chassés et remplacés par du macadam (le terme macadam est impropre car ce type de revêtement de sol ne contient ni bitume ni goudron. Il faut plutôt parler d'enrobé ou de béton bitumineux), notamment en France, pour trois raisons principales :

  • le bruit de roulement ;
  • l'inconfort pour les piĂ©tons, cyclistes et vĂ©hicules ;
  • parce que les pavĂ©s ont souvent servi, en particulier Ă  Paris, pour construire des barricades pendant les pĂ©riodes troublĂ©es.

Le pavage non maçonné présente l'avantage (lorsque le risque de pollution est limité) de rendre la route plus perméable à l'eau, les pluies engorgeant moins les réseaux d'égout et contribuant moins aux inondations (et donc aux sécheresses, car alimentant la nappe superficielle).

Des tronçons de routes pavées ont été conservés pour la course cycliste Paris-Roubaix dont ils sont le symbole et l'une des difficultés principales.

  • PavĂ©s en bois du passage Saint-Maur Ă  Paris
    Pavés en bois du passage Saint-Maur à Paris
  • Voie piĂ©tonne pavĂ©e, Ă  Aix-en-Provence.
    Voie piétonne pavée, à Aix-en-Provence.
  • PavĂ© de grès
    Pavé de grès
  • DĂ©coupage d'un pavĂ© en forme de triangle concave.
    Découpage d'un pavé en forme de triangle concave.
  • PavĂ© sur un secteur pavĂ© du Tour de France Ă  Fressain le 6 juillet 2022.
    Pavé sur un secteur pavé du Tour de France à Fressain le 6 juillet 2022.

Types de pavés

Selon le matériau

  • Les pavĂ©s en pierre naturelle ou reconstituĂ©e. Ces pavĂ©s de pierre sont posĂ©s depuis l'AntiquitĂ© dans les villes. Ils sont de tailles diverses suivant les chaussĂ©es et les traditions locales et la nature des roches environnant les villes oĂą on les pose. En France, les pavĂ©s sont souvent de granite, grès, ou porphyre (originaire le plus souvent d'Italie). Mais d'autres roches sont aussi utilisĂ©es, comme certains calcaires, du marbre, de la roche volcanique, etc., en accord avec les matĂ©riaux utilisĂ©s traditionnellement dans les rĂ©gions.
Pavé en bois debout Nicolson au bloc 200 de South Camac Street à Philadelphie.
  • Les pavĂ©s en bois debout[3]. Ă€ Paris, en 1882, les Champs-ÉlysĂ©es furent pavĂ©s en bois[4] et beaucoup de voies de la capitale suivirent. S'ils furent progressivement remplacĂ©s par des pavĂ©s en pierre moins glissant et moins couteux Ă  partir de 1905[4], ils perdurèrent nĂ©anmoins car ils Ă©vitaient aussi les inconvĂ©nients de la pierre — les bruits de roulement — et ceux de l'asphalte — le ramollissement lors des saisons chaudes et les nids-de-poule après les gelĂ©es (rĂ©fĂ©rence : La Science et la Vie no 2 de ). Ainsi en 1913, environ 25 % des rues de Paris Ă©taient recouvertes de pavĂ©s de bois de pin des Landes et plus rarement de mĂ©lèze des Alpes ; ils seront dĂ©finitivement abandonnĂ©s Ă  partir de 1930[4]. Il existe un passage revĂŞtu de pavĂ©s de bois au château de Versailles, entre la Cour royale et les jardins. Quelques rares voies de Paris en possèdent encore comme une petite partie du passage Saint-Maur ainsi que dans de rares ateliers parisiens[4].
  • Les pavĂ©s mĂ©caniques en bĂ©ton. MoulĂ©s et de forme rĂ©gulière, ils se posent gĂ©nĂ©ralement sur du sable, mais aussi sur de la criblure de pierre couramment appelĂ©e poussière de pierre.
    Le fait qu'ils s'encastrent parfaitement les uns dans les autres rend inutile le jointoiement au mortier. Il est en revanche nécessaire de préparer avec soin le terrain où l'on va les poser. Le terrain doit être décaissé, c'est-à-dire qu'on doit enlever l'épaisseur nécessaire pour les pavés eux-mêmes, le matériau permettant un nivelage adéquat du pavé(sable ou criblure) ainsi que la fondation pour les régions où les risques de gel viendrait surélever les pavés par un manque de drainage et ainsi mettre en cause la qualité des travaux finis.
    En fonction de la nature du terrain, il peut s'avérer utile de poser au préalable un géotextile (film).
  • Les pavĂ©s auto-bloquants. Souvent agglomĂ©rĂ©s de bĂ©ton et teintĂ©s, ils remplissent le pavage avec l'avantage de non-glissement des Ă©lĂ©ments et qui permettent des pentes et des surfaces courbes (garnissage des remblais et contreforts des piles de pont d'autoroute).
  • Les pavĂ©s en plastique. Afin de rĂ©soudre le problème des dĂ©chets en plastique, des initiatives de recyclage de cette matière pour paver des voies ont Ă©tĂ© lancĂ©es dans plusieurs pays, comme au Maroc[5], aux Pays-Bas[6] ou au Cameroun[7].

Selon les finitions

Les pavés, comme les dalles, peuvent avoir différentes finitions (traitements de surface)[8] :

Selon le format

Outre les pavés de dimension variable selon la demande de l'acheteur, il existe des pavés de format normalisé ou non[9] :

  • pavĂ©s mosaĂŻques : parallĂ©lĂ©pipèdes ou cubes de 7 Ă  10 cm de largeur, 7 Ă  10 cm de longueur, de 8 Ă  10 cm de hauteur (format non normalisĂ©).
  • pavĂ©s d'Ă©chantillon : parallĂ©lĂ©pipèdes 14 cm de largeur x 20 cm de longueur x 14 cm de hauteur (format normalisĂ©).
  • boutisses : parallĂ©lĂ©pipèdes 14 cm x 30 cm x 14 cm (format normalisĂ©).
  • pavĂ©s de trottoir : parallĂ©lĂ©pipèdes 16 cm x 16 cm x 8 cm de hauteur (format non normalisĂ©).
  • pavĂ©s-dalles : 14 cm x 20 cm x 7 cm ou 14 cm x 14 cm x 7 cm (format non normalisĂ©).

Techniques de pose

  • Paveur au XVe siècle.
    Paveur au XVe siècle.
  • PavĂ©s du passage P/12, Paris XIIe en 2015.
    Pavés du passage P/12, Paris XIIe en 2015.
  • Au-delĂ  d'une certaine taille, on ne parle plus de pavĂ©s, mais de dalles ou dallages
    Au-delà d'une certaine taille, on ne parle plus de pavés, mais de dalles ou dallages
  • Pose de pavĂ©s en pierre
    Pose de pavés en pierre
  • Exemple de pavage dĂ©coratif (Diano Castello, en Ligurie, Italie)
    Exemple de pavage décoratif (Diano Castello, en Ligurie, Italie)

Plusieurs techniques de pose existent suivant les contraintes imposées par la circulation (rue piétonne ou fréquentée par les automobiles), la taille des pavés (6 × 8, 8 × 10, 10 × 10, 10 × 12, etc.).

Aujourd'hui on privilégie une pose « définitive » des pavés : on les pose sur du mortier maigre et on les jointoie avec une chape de mortier très riche, ce qui exclut un entretien du pavement.

Cependant, au QuĂ©bec par exemple, on utilise une technique davantage adaptĂ©e aux conditions climatiques, en l'occurrence, le froid et plus particulièrement le gel. On devra ainsi, tel que brièvement expliquĂ©, effectuer l'excavation du sol prĂ©sent Ă©galant la profondeur de la fondation, du lit de pose ainsi que du pavĂ© lui-mĂŞme. La profondeur variera en fonction de l'utilitĂ© de la surface pavĂ©, pour un stationnement ou pour un passage piĂ©ton, la fondation ne sera pas Ă©gale. Une fois terminĂ©, le fond sera nivelĂ© et compactĂ©, et pour tout ce qui a trait au compactage, il devra ĂŞtre effectuĂ© deux fois, et ce, dans les deux sens. On y dĂ©posera un gĂ©otextile non tissĂ© qui permettra Ă  l'eau de s'Ă©couler, mais empĂŞchera la contamination de la fondation par le sol en place. Des couches successives de 10 cm (4 po) de matĂ©riau granulaire remplissant la fonction de fondation, comme du gravier communĂ©ment appelĂ© 0-3/4 po, seront dĂ©posĂ©es, nivelĂ©es, lĂ©gèrement mouillĂ©es et ensuite compactĂ©es Ă  l'aide d'une plaque vibrante ou tout autre outil remplissant les mĂŞmes tâches. Pour des couches de 4 po (10 cm), il faudra cependant une plaque d'un poids minimum de 500 kg (1 000 lbs) afin que le matĂ©riau granulaire en question soit suffisamment compactĂ©. Les Ă©tapes sont les mĂŞmes jusqu'Ă  l'atteinte de la hauteur dĂ©sirĂ©e soit le niveau final moins l'Ă©paisseur du pavĂ© et du lit de pose. Le lit de pose est dĂ©posĂ© directement sur la fondation nivelĂ©e et devrait ĂŞtre d'une Ă©paisseur d'environ 2,5 cm (1 po) et ne doit en aucun cas ĂŞtre compactĂ©. Une fois le lit de pose terminĂ©, on peut commencer Ă  placer les pavĂ©s selon les techniques de pose de chaque type de pavĂ©. Des bordures de plastique, flexible ou pas et clouĂ©es dans le sol avec des clous de 25 cm (10 po), viendront retenir les pavĂ©s lors des compactages finaux. Finalement, une fois tous les pavĂ©s en place et les erreurs corrigĂ©es (alignement, baissières bosses, etc), on Ă©tend un matĂ©riau qui viendra combler les joints peu importe leur importance. On optera pour deux types de sable, l'un Ă©tant plutĂ´t commun et sans caractĂ©ristiques particulières ou l'autre contenant un agent liant (stabilisant) qui viendra impermĂ©abiliser et stabiliser la surface, ce dernier Ă©tant davantage utilisĂ© pour les descentes de stationnement ou autre types de pente. Le sable sera Ă©tendu dans tous les interstices jusqu'au total comblement des interstices. La plaque devra, encore une fois, ĂŞtre passĂ©e deux fois dans les deux sens. Le sable et les pavĂ©s Ă©tant ainsi compactĂ©s, des vides se reformeront et devront ĂŞtre Ă  nouveau comblĂ©s. Pour le sable stabilisant, on devra lĂ©gèrement le mouiller une première fois jusqu'Ă  un dĂ©but d'accumulation pour ensuite le remouiller 5 jours plus tard jusqu'Ă  une autre accumulation. Le temps de sĂ©chage varie entre 8 et 12 heures et devra ĂŞtre exempt de pluie et/ou de gel.

Expressions

  • Tenir le haut du pavĂ© : signifie avoir une bonne place dans la sociĂ©tĂ©. Cette expression vient du Moyen Ă‚ge oĂą la chaussĂ©e des rues Ă©tait en forme de V de façon que les eaux pluviales et usĂ©es ainsi que les ordures s'Ă©coulent au centre. Les personnes les plus pauvres devaient faire place aux personnes de la noblesse de façon qu'elle se trouvent sur le bord, la partie la plus haute donc la plus sèche et la plus Ă©loignĂ©e des odeurs.
  • Jeter un pavĂ© dans la mare : crĂ©er une situation conflictuelle.
  • Par mĂ©taphore, le mot pavĂ© peut designer un gros livre et par extension un texte très long souvent peu aĂ©rĂ© (sans paragraphe).

Connotation

En France, les pavés sont associés, en raison des événements de mai 68 et du fameux slogan « sous les pavés, la plage ! » dans l'imaginaire collectif aux importantes mobilisations en particulier étudiantes, bien que le lancer de pavé ait quasiment disparu. Pour expliquer cette disparition plusieurs pistes peuvent être envisagées, telles que le caractère plus pacifique des manifestations (le lancer d'œuf l'a souvent remplacé comme signe de désapprobation des activités policières), le remplacement ou le recouvrement des pavés par des revêtements goudronnés dans de très nombreuses villes.

Notes et références

Notes

  1. Cette pratique résulte d'un problème d'éducation du riverain, d'habitudes encore rurales (élevage des animaux sur la chaussée), d'autorités urbaines qui ne mettent pas suffisamment en place de latrines, d'égouts et de dépotoirs ou qui ne forcent pas les métiers nuisibles à la salubrité publique (ciergiers qui fondent le suif, tanneurs, bouchers, parcheminiers, teinturiers et foulons, maréchaux-ferrants, les barbiers-chirurgiens) à s'éloigner des centres urbains. Source : Jean-Pierre Leguay, La rue au Moyen Âge, Ouest France, , p. 58.
  2. « Le clivage manuel se réalise à la chasse… Il permet soit de fendre une pierre pour lui donner un aspect rustique, brut et antidérapant, soit de trancher dans l’épaisseur pour en faire un pavé à chants dits clivés ou éclatés. Le clivage mécanique réalisé en usine se fait à partir de grosses éclateuses hydrauliques de très forte puissance dont la largeur des couteaux peut dépasser les deux mètres. ». Cf « Clivage ou fendage », sur mochalgranits.com (consulté le ).

Références

  1. Jean-Pierre Leguay, La rue au Moyen Ă‚ge, Ouest France, , p. 66-71.
  2. Nicolas Jacquet, Le Marais secret et insolite, Parigramme, , 180 p. (ISBN 978-2840967521)
  3. Pavage extérieur en Robinier
  4. « Des rues de Paris en bois », sur www.onf.f (consulté le )
  5. « Environnement : il invente des pavés en plastique recyclé, de grosses entreprises déjà emballées », LCI, 30 juin 2018, Lire en ligne
  6. « Quand le plastique pave la route », Living Circular , 29 octobre 2015, Lire en ligne
  7. « L'ancien footballeur Roger Milla fabrique du ciment durable », Science et Avenir, 2016, Lire en ligne
  8. « Guide. Les pavés et les dalles », sur intragatine.org, .
  9. L'aménagement des espaces verts. Conception, technique et réalisation, éditions du Moniteur, , p. 176

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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