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Dragage

On appelle dragage l'opération qui consiste à extraire les matériaux situés sur le fond d'un plan d'eau. L'objectif peut être de réaliser des travaux de génie portuaire (creusement de bassins ou de chenaux), d'entretenir les chenaux fluviaux ou maritimes empruntés par les navires lorsqu'ils ont été comblés par les sédiments, d'effectuer des opérations de remblaiement pour reconstituer les plages ou gagner des terres sur la mer ou d'extraire des granulats marins pour répondre aux besoins du secteur de la construction.

La drague Fort-Boyard (Charente-Maritime)
Dragage du Bassin d'Échouage du Vieux-Port de La Rochelle en 2000.
La drague Daniel Laval au travail Ă  l'estuaire de la Seine

Les travaux de dragage sont réalisés par des navires et engins spécialisés dont les caractéristiques dépendent de la nature des travaux et de l'environnement dans lequel ils doivent être effectués : dragues hydrauliques ou dragues mécaniques, navires capables de manœuvrer ou simples pontons. Les matériaux extraits sont stockés à bord pour être transportés plus loin, placés dans des barges attenantes ou évacués par des canalisations. Selon ses caractéristiques la drague effectue son travail en étant statique ou en mouvement.

Les produits du dragage sont le plus souvent soit stockés à terre sur des terrains aménagés soit rejetés en mer (clapage), généralement à l'intérieur de périmètres définis. Les sédiments, lorsqu'ils sont extraits de zones concentrant des activités industrielles ou portuaires, peuvent être fortement pollués notamment par les métaux lourds. Pour ces raisons, ainsi que pour contrôler l'incidence du dragage sur l'environnement au sens large, l'activité de dragage est généralement contrôlée. En France, où environ 50 millions de m³ de sédiments sont extraits chaque année, une opération de dragage donne lieu le cas échéant à une enquête publique et étude d'impact.

Les différentes activités de dragage

Dragage sur la Seine Ă  Paris, Ă  l'aide d'un ponton flottant et d'une pelle hydraulique.

Le dragage consiste en l'excavation de sols ou d'alluvions sous l'eau (lacs, fleuves, rivières, watringues, canaux, estuaires, chenaux marins, etc.) Il peut être réalisé à partir de la berge, avec des engins de travaux classiques ou depuis un navire ou une barge spécialisée.

Approfondissement ou agrandissement portuaire

Drague en action dans le port de Port-la-Nouvelle

La croissance des échanges commerciaux et leur concentration dans quelques ports nécessitent un agrandissement constant de ces ports pour permettre d'accueillir des volumes de marchandises. Par ailleurs, la recherche d'économies d'échelle se traduit par l'augmentation de la taille moyenne des navires, ce qui nécessite en retour l’approfondissement et l'élargissement des chenaux d'accès.

Opérations d'entretien

Les installations portuaires sont frĂ©quemment situĂ©s dans des estuaires de rivière (port du Havre, port de Nantes-Saint-Nazaire) ou parfois très en amont de celle-ci comme le port de Rouen situĂ© Ă  120 km de la mer. La marĂ©e et l'Ă©coulement des eaux fluviales charrie des sĂ©diments qui se dĂ©posent Ă  des rythmes variables (le port traditionnel de Honfleur prĂ©sente un cas extrĂŞme avec un dĂ©pĂ´t de cm d'Ă©paisseur par jour). Des dragues doivent effectuer un travail permanent pour maintenir la profondeur des chenaux et bassins. Les volumes draguĂ©s reprĂ©sentaient ainsi en moyenne 4,5 millions de mÂł pour le port de Rouen et 1,5 million de mÂł pour le port du Havre. Les ports ouverts Ă  la mer sont gĂ©nĂ©ralement moins touchĂ©s par le phĂ©nomène d'envasement mais nĂ©cessitent tout de mĂŞme des opĂ©rations de dragage rĂ©guliers.

Remblayage

Le remblayage consiste à extraire du sable pour constituer de nouvelles terres gagnées sur la mer. L'agrandissement des installations situées en bord de mer se font de plus en plus fréquemment en gagnant sur la mer. Dans ce domaine les opérations les plus spectaculaires de ces dernières années ont été la création du nouvel aéroport international de Hong Kong qui a nécessité le dragage de 237 millions de m³ et la création des Palm Islands à Dubaï qui ont nécessité pour les deux premiers archipels le dragage de 800 millions de m³. On rattache également à cette catégorie de travaux les opérations de reconstitution des plages dégarnies par les tempêtes qui peuvent nécessiter le déplacement de volumes considérables (2,8 millions de m³ pour reconstituer les plages de Cancún au Mexique après la tempête Wilma).

Extraction de granulats et de calcaires

Une quantité croissante d'agrégats marins (sables et graviers) sont utilisés pour fabriquer le béton. Ceux-ci sont extraits à des profondeurs assez grandes (plusieurs dizaines de mètres). Les matériaux prélevés sont généralement des sables et graviers. L'extraction de sable représente par exemple 5 millions de tonnes sur la façade atlantique de la France.

Par ailleurs, on extrait Ă©galement des matĂ©riaux calcaires, comme le maĂ«rl breton, qui sont utilisĂ©s pour amender les terres agricoles (500 000 tonnes au large de la Bretagne).

Matériel utilisé

Drague Ă  godets dans le port de Hambourg

Les travaux de dragage sont réalisés par des navires et engins spécialisés dont les caractéristiques dépendent de la nature des travaux et de l'environnement dans lequel ils doivent être effectués : drags hydrauliques ou dragues mécaniques, navires capables de manœuvrer ou simples pontons. Les matériaux extraits sont stockés à bord pour être transportés plus loin, placés dans des barges attenantes ou évacués par des canalisations. Selon ses caractéristiques, la drague effectue son travail en étant statique ou en mouvement.

Les dragues hydrauliques sont généralement équipés d'une élinde, sorte d'aspirateur situé au bout d'un long tube, qui remonte les sédiments stockés à bord.

  • La drague Ă  Ă©linde traĂ®nante, principalement utilisĂ©e pour les dragages portuaires d'entretien l'extraction de granulats et le dĂ©placement de grosses quantitĂ©s de matĂ©riaux (crĂ©ation d'Ă®les, de quai, de digues, et qui procède par aspiration
  • La drague Ă  disque dĂ©sagrĂ©gateur (ou « drague Ă  cutter »), principalement utilisĂ©e pour les dragages dans des matĂ©riaux rĂ©sistants (argiles, roches, graviers consolidĂ©s)

Les dragues mécaniques sont utilisées pour obtenir un dragage précis ou sont utilisés sur des bassins de dimension réduite. Ce sont principalement :

Risques pour l'environnement

La drague Atlantico Due au travail en rade de Lorient

Dans le cas de dragages de chenaux, de canaux ou de ports, les sédiments (ou boues) peuvent être polluées (métaux lourds, pesticides..). Ainsi parfois l'opération de dragage ou curage est plus polluante pour l'environnement que de laisser les sédiments en place. De subtiles variations du pH, du taux d'oxygène, de la bioturbation, une crue, ou la mobilisation volontaire ou involontaire des sédiments respectivement lors de dragages ou d’aménagement ou lors du passage d'un navire inhabituellement lourd, etc. peuvent remobiliser les toxiques qui étaient antérieurement au moins provisoirement piégés dans le « compartiment sédimentaire ». Ils peuvent alors être transférés en aval ou dans d’autres portions du réseau hydrographique ou compartiment des écosystèmes.

Les impacts sont locaux, mais surtout diffĂ©rĂ©s dans l'espace et le temps, sur un site de rejet qui peut ĂŞtre Ă©loignĂ© du point de dragage, et Ă  son aval selon les courants. Les quantitĂ©s peuvent ĂŞtre importantes. Par exemple, un projet consiste Ă  Ă©liminer par rejet en mer Ă  15 km au large du Calvados 4,5 millions de m3/an de boues de dragage de l'estuaire du port de Rouen jusqu'en 2050. Ce projet avait, fin 2010, reçu un avis favorable du commissaire-enquĂŞteur, mais — Ă  la suite des dĂ©sapprobations de certaines collectivitĂ©s — le prĂ©fet de Basse-Normandie l'a retirĂ© et a demandĂ© une nouvelle enquĂŞte publique[1].

Il peut arriver que le dragage ne « décape » que la couche superficielle, c'est-à-dire les sédiments les plus récents (souvent moins contaminés dans les pays qui ont une politique environnementales forte). Remettre l'eau et les organismes aquatiques en contact avec des sédiments anciens plus contaminés est un risque qu'une étude d'impact peut évaluer.

Depuis les années 1980, les scientifiques cherchent à développer des modèles prédictifs et des outils d’aide à la décision. Pour cela, ils doivent mieux comprendre le comportement des polluants, éventuellement synergiques dans les sédiments ou lors des opérations de dragage (panache de diffusion, modifications chimiques, etc.).

Dans le cas d'extraction de granulats (cailloux et sables) lors de la construction d'un port par exemple, l'impact direct pour l'environnement est parfois relativement limité compte tenu du fait que ces opérations se font, par définition, dans des secteurs où la présence de vie organique est faible ou quasiment nulle (mais qui peuvent être des zones de frayères). La turbidité de l'eau peut être affectée localement par le passage de l'élinde. Le sillon créé par le passage de l'élinde est rapidement comblé par le mouvement de l'eau. Ce comblement mobilise les granulats voisins de la zone d'extraction et finit par affecter de proche en proche les plages et dunes littorales.

Traitement des matériaux dragués

L'avenir des matériaux dragués dépend de leur nature (vases, sables, graviers…) et de leur concentration en polluants : dans les ports, les polluants se concentrent en effet dans les sédiments (hydrocarbures, tributylétain, métaux lourds, épaves, munitions non explosées, etc.). En France, en 1990, un Groupe d’études et d’observation sur le dragage et l’environnement (GEODE) a été mis en place pour produire un guide technique de bonnes pratiques en matière de dragage portuaire. Ce groupe a défini des seuils de teneur en différents composés (repris dans la réglementation : métaux lourds, PCB, TBT) qui permettent de statuer sur le devenir des sédiments (rejet en mer, utilisation en remblai, stockage à terre, traitement…).

Coût du dragage

Les coĂ»ts de dragage et dĂ©pĂ´t varient, mais peuvent atteindre en Europe de 100 â‚¬/m3[2] notamment dans le cas de sĂ©diments traitĂ©s Ă  terre (quelques € dans le cas de dragage de grandes masses clapĂ©s en mer), ce qui implique des coĂ»ts très Ă©levĂ©s pour les grandes opĂ©rations. Dans la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s, les sĂ©diments polluĂ©s doivent ĂŞtre dĂ©polluĂ©s ou stockĂ©s Ă  terre. Aujourd'hui, ils sont stockĂ©s dans des sites de dĂ©pĂ´ts et confinement rĂ©pondant aux normes en vigueur (et Ă  trouver idĂ©alement Ă  proximitĂ© du lieu de chantier).

Notes et références

  1. Brève intitulée ; Rouen : boues et remous datée du 7 février 2011 sur le site du Territorial, consulté le 9 février 2011
  2. Source Ministère français chargé de l'Environnement

Voir aussi

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