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Théorie VSEPR

La théorie VSEPR (sigle de l'anglais Valence Shell Electron Pair Repulsion, en français RPECV : « répulsion des paires électroniques de la couche de valence ») est une méthode destinée à prédire la géométrie des molécules en s'appuyant sur la théorie de la répulsion des électrons de la couche de valence. Elle est aussi connue sous le nom de « théorie de Gillespie » (ou théorie de Nyholm-Gillespie).

Origines

Ce sont les Britanniques Nevil Sidgwick et Herbert Powell de l'Université d'Oxford qui ont proposé en 1940 une corrélation entre la géométrie moléculaire et le nombre des électrons de valence. En 1957 à University College de Londres, Ronald Gillespie et Ronald Sydney Nyholm se sont appuyés sur cette idée pour proposer une théorie plus détaillée. En 1958 Gillespie déménage à Université McMaster en Ontario et continue à développer et raffiner la théorie, de sorte qu'il est considéré comme le véritable instaurateur de cette théorie. La méthode VSEPR s'inscrit dans la poursuite des idées sur les liaisons chimiques de G.N. Lewis (1916).

Prérequis et supposition

La méthode VSEPR est fondée sur un certain nombre de suppositions, notamment concernant la nature des liaisons entre atomes :

  • les atomes dans une molĂ©cule sont liĂ©s par des paires d'Ă©lectrons ;
  • deux atomes peuvent ĂȘtre liĂ©s par plus d'une paire d'Ă©lectrons. On parle alors de liaisons multiples ;
  • certains atomes peuvent aussi possĂ©der des paires d'Ă©lectrons qui ne sont pas impliquĂ©s dans une liaison. On parle de doublets non liants ;
  • les Ă©lectrons composant ces doublets liants ou non liants exercent les uns sur les autres des forces Ă©lectriques rĂ©pulsives. Les doublets sont donc disposĂ©s autour de chaque atome de façon Ă  minimiser les valeurs de ces forces ;
  • les doublets non liants occupent plus de place que les doublets liants ;
  • les liaisons multiples prennent plus de place que les liaisons simples.

Notations AXE

Dans la suite de cet article, et suivant les usages de la méthode VSEPR, on notera l'atome central de la molécule étudiée A.

Les atomes liés à l'atome central A seront notés X. Le nombre de ces atomes sera noté n, qu'ils soient liés par des liaisons simples ou bien par des liaisons multiples.

Les doublets non-liants, c'est-à-dire les paires d'électrons appartenant à l'atome central A et n'étant pas impliqués dans les liaisons seront notés E et m leur nombre.

Les atomes aux molécules simples, dont la géométrie est facilement définissable grùce à la méthode VSEPR sont donc de la forme : AXnEm

À titre d'exemples, chaque atome de carbone en Ă©thylĂšne (H2C=CH2) est liĂ© Ă  trois autres atomes et ne possĂšde aucun doublet libre, alors il est dĂ©signĂ© AX3 (ou AX3E0). Et l'atome de soufre en chlorure de thionyle (SOCl2) est liĂ© Ă  un atome d'oxygĂšne (par une liaison double) et deux atomes de chlore, et possĂšde en plus un doublet libre de sorte qu'il est dĂ©signĂ© AX3E.

Figures de répulsion

MĂ©thode AXE

La mĂ©thode AXE permet de dĂ©finir les figures suivantes. Les gĂ©omĂ©tries molĂ©culaires sont nommĂ©es selon les positions atomiques seulement et non la disposition des Ă©lectrons. Par exemple, la description de AX2E2 comme molĂ©cule coudĂ©e signifie que les trois atomes AX2 ne sont pas dans une ligne droite, mĂȘme si les doublets libres aident Ă  dĂ©terminer la gĂ©omĂ©trie.

Type Géométrie Exemples
AX1E0 (AX1) Linéaire HF
AX1E1 LinĂ©aire CN−
AX1E2 Linéaire O2
AX1E3 Linéaire HCl
AX2E0 (AX2) Linéaire BeCl2, CO2
AX2E1 Coudée SO2, O3
AX2E2 Coudée H2O
AX2E3 Linéaire KrF2, XeF2
AX3E0 (AX3) Trigonale plan BF3, AlCl3
AX3E1 Pyramide trigonale NH3
AX3E2 Forme en T ClF3, BrF3
AX4E0 (AX4) TĂ©traĂšdre CH4
AX4E1 Balançoire à bascule SF4
AX4E2 Carré (plan) XeF4
AX5E0 (AX5) Bipyramide trigonale PCl5
AX5E1 Pyramide à base carrée BrF5
AX6E0 (AX6) OctaĂšdre SF6
AX6E1 Pyramide pentagonale XeOF5−
AX7E0 (AX7) Bipyramide pentagonale IF7
AX5E2 Pentagone (plan) XeF5−
AX8E0 (AX8) Antiprismatique carrĂ©e [XeF8]2−

Molécules bidimensionnelles

Nombre stérique
m+n
Géométrie de base
0 doublet non-liant
m=0
1 doublet
non-liant
m=1
2 doublets
non-liants
m=2
3 doublets
non-liants
m=3
1
linéaire
2
linéaire

linéaire
3
triangle (plan)

coudée

linéaire
4
tétraÚdre

pyramide trigonale

coudée

linéaire
5
bipyramide trigonale

balançoire (seesaw)

forme en T

linéaire
6
octaĂšdre

pyramide Ă 
base carrée

carré (plan)
7
bipyramide pentagonale

pyramide pentagonale
pentagone (plan)
8
antiprismatique carrée

Molécules tridimensionnelles

Nombre de
doublets
m+n
Géométrie de base
0 doublet non-liant
m=0
1 doublet
non-liant
m=1
2 doublets
non-liants
m=2
3 doublets
non-liants
m=3
1
linéaire
2
linéaire

linéaire
3
triangle (plan)

coudée

linéaire
4
tétraÚdre

pyramide trigonale

coudée

linéaire
5
bipyramide trigonale

balançoire

forme en T

linéaire
6
octaĂšdre

pyramide Ă 
base carrée

carré (plan)
7
bipyramide pentagonale

pyramide pentagonale

pentagone (plan)
8
antiprisme carré
9
prisme trigonal tricappé

Améliorations du modÚle

Longueur des liaisons

Jusqu'ici, nous avons considĂ©rĂ© que les liaisons entre atomes Ă©taient toutes de la mĂȘme longueur, approximation grossiĂšre et bien Ă©loignĂ©e de la rĂ©alitĂ©. En effet, les longueurs des liaisons varient en fonction des atomes impliquĂ©s et de la typologie de la liaison (liaison simple, liaison double, liaison triple, liaison aromatique
)

Il est possible de déterminer la distance séparant deux atomes de façon expérimentale, bien que celle-ci ne soit pas constante et dépende du milieu. On peut cependant définir une valeur moyenne.

MĂ©thode avec les rayons de covalence

En premiÚre approximation, on pourra assimiler les atomes à des sphÚres dont le rayon est égal au rayon de covalence. La longueur d'une liaison sera alors donnée par la somme des rayons de covalence des atomes impliqués :

avec le rayon de covalence du premier atome et le rayon de covalence du second atome impliqué.

Méthode tenant compte de la différence d'électronégativité

Les atomes ayant chacun une électronégativité différente, cela influe aussi sur la longueur des liaisons ; plus particuliÚrement, une forte différence d'électronégativité implique un raccourcissement important de la liaison. On peut donc établir la formule (empirique) suivante :

avec le rayon de covalence du premier atome (en picomÚtres) et le rayon de covalence du second atome impliqué (en picomÚtres), étant la différence d'électronégativité entre les deux atomes (suivant l'échelle de Pauling).

Influence des liaisons multiples

Les formules ci-dessus permettent de calculer avec un taux d'erreur relativement faible les longueurs des liaisons simples. À partir de ces mesures, on peut facilement obtenir celles des liaisons multiples.

Une liaison double fait en moyenne, 86 % de la longueur d'une liaison simple. Une liaison triple fait en moyenne, 78 % de la longueur d'une liaison simple.

Les liaisons aromatiques telles que celles présentes dans la molécule de benzÚne, par exemple, sont intermédiaires entre des liaisons simples et des liaisons doubles :

  • rayon de covalence du carbone : 77 pm[1];
  • longueur d'une liaison carbone-carbone simple (calculĂ©e) : 154 pm ;
  • longueur d'une liaison carbone-carbone double (calculĂ©e) : 133 pm ;
  • longueur des liaisons carbone-carbone dans la molĂ©cule de benzĂšne (expĂ©rimentales) : 140 pm [2].

Limites du modĂšle

MĂȘme si la mĂ©thode VSEPR permet de prĂ©voir de façon satisfaisante la gĂ©omĂ©trie de molĂ©cules simples pour lesquelles le choix d'un atome central est aisĂ©, elle reste plus difficile Ă  appliquer et insuffisante lorsqu'il s'agit de prĂ©voir la gĂ©omĂ©trie de molĂ©cules plus complexes. Par exemple, tous les atomes de la molĂ©cule d'Ă©thylĂšne (CH2=CH2) sont situĂ©s dans un mĂȘme plan, ce qu'il n'est pas possible de prĂ©voir avec le modĂšle. Des modĂšles plus avancĂ©s permettent de pallier ces lacunes comme la thĂ©orie des orbitales molĂ©culaires.

De plus, les molécules, les atomes, les électrons, les nucléons ne sont pas des structures fixes dans le temps et dans l'espace. Leurs positions relatives varient au cours du temps et suivant le milieu (voir spectroscopie infrarouge - électron). Il faut comprendre que cette théorie est simpliste par rapport à la chimie quantique et la chimie numérique.

Notes et références

  1. Sargent-Welch Scientifique Canada Limitée, Tableau périodique des éléments, London, Ontario,
  2. Bernard Valeur, Structures moléculaires, Paris, Techniques Ingénieur,

Liens externes

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