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Trapps du Deccan

Les trapps du Deccan, Ă©galement orthographiĂ© trapps du Dekkan, sont une province magmatique de l'ouest de l'Inde, d'origine volcanique et constituĂ©s d'un empilement de coulĂ©es de lave sur plus de 2 400 m d'Ă©paisseur en formant des trapps. Ils se prĂ©sentent sous la forme d'un plateau inclinĂ© vers l'est et dont le rebord occidental fait face Ă  l'ocĂ©an Indien sous la forme des Ghats occidentaux. Leur formation remonte Ă  la fin du MĂ©sozoĂŻque et ils pourraient ĂŞtre impliquĂ©s dans la crise CrĂ©tacĂ©-Tertiaire qui a notamment vu disparaĂ®tre les dinosaures non aviens.

Carte géologique simplifiée de l'Inde avec les trapps du Deccan en violet.
Carte montrant les grandes provinces magmatiques du globe.

GĂ©ographie

Les trapps du Deccan se trouvent dans l'ouest de l'Inde, Ă  cheval sur les États du Gujarat, du Madhya Pradesh et du Maharashtra, ainsi que dans le sud du Rajasthan. La majeure partie des 500 000 km2 de cette grande province ignĂ©e forme un plateau relevĂ© Ă  l'ouest oĂą se trouvent l'escarpement des Ghats occidentaux. Dans la partie septentrionale et dans la pĂ©ninsule de Kâthiâwar, les trapps forment des plaines entrecoupĂ©es de montagnes.

Chaque coulĂ©e de lave peut mesurer de 10 Ă  50 m d'Ă©paisseur, jusqu'Ă  150 m pour les plus Ă©paisses, la hauteur totale de l'empilement atteignant 2 400 m dans la partie occidentale[1].

Formation

Vue de l'empilement des coulées de lave non loin de Pune.

Les trapps du Deccan se sont formĂ©s entre la fin du MĂ©sozoĂŻque et le dĂ©but du CĂ©nozoĂŻque, il y a 60 Ă  68 millions d'annĂ©es[2] - [3]. L'empilement de coulĂ©es de lave basaltique[4] recouvrait Ă  l'origine une superficie de 1,5[2] Ă  2[1] millions de kilomètres carrĂ©s, pour un volume Ă©mis de deux[1] Ă  trois[4] millions de kilomètres cubes ; l'Ă©rosion due Ă  l'altĂ©ration du basalte et la tectonique des plaques ont ensuite rĂ©duit la superficie Ă  500 000 km2 actuellement et le volume directement observable Ă  512 000 km3[2]. Ils reposent sur des terrains granitiques et gneissiques constituant un bouclier datant du PrĂ©cambrien[4]. Les causes et le mode de formation de ces trapps sont encore mal connus, mais les scientifiques sont d'accord pour dire que le dĂ©bit de lave a Ă©tĂ© très important[2]. Les Ă©pisodes Ă©ruptifs les plus longs ont pu durer plusieurs annĂ©es[2], et se sont succĂ©dĂ© de manière rĂ©pĂ©tĂ©e pendant une pĂ©riode d'une durĂ©e estimĂ©e entre 30 000 ans[5] et un million d'annĂ©es pour former les trapps[4] - [1]. Le point chaud de La RĂ©union, actuellement situĂ© dans le sud-ouest de l'ocĂ©an Indien sous l'Ă®le du mĂŞme nom et qui a aussi formĂ© les Maldives, l'archipel des Chagos et les Mascareignes, serait responsable de ces coulĂ©es de lave[2] - [1] ; le sous-continent indien suivant le mouvement vers le nord de la plaque indienne, la formation des trapps aurait cessĂ© une fois qu'ils n'Ă©taient plus situĂ©s Ă  l'aplomb du point chaud[6].

Une autre théorie pour la formation de ces coulées de lave fait intervenir un grand cratère au large des côtes dans la mer d'Arabie et baptisé Shiva[7] - [8]. Ce cratère, dont l'origine n'est pas déterminée mais qui pourrait être météoritique[8], date d'il y a 65 millions d'années, donc contemporain des trapps[7] - [9]. Le choc de la météorite supposée pourrait avoir fragilisé la lithosphère au point de favoriser ces épanchements massifs de lave. La relation de cause à effet n'est cependant pas formellement démontrée.

Par les gaz, notamment le dioxyde de carbone, et les cendres rejetĂ©s dans l'atmosphère lors de leur formation, les trapps du Deccan ont pu jouer un rĂ´le dans l'extinction CrĂ©tacĂ©-PalĂ©ogène par modification des climats Ă  l'Ă©chelle mondiale[2] - [4]. Du dioxyde de carbone a ainsi Ă©tĂ© Ă©mis lors du dĂ©gazage de ces coulĂ©es de lave, puis absorbĂ© lors de l'altĂ©ration du basalte qui les compose. Au total, la quantitĂ© de ce gaz rejetĂ©e initialement dans l'atmosphère au cours de cet Ă©pisode serait de 1,6 Ă— 1018 moles, ce qui Ă©quivaut Ă  la moitiĂ© du dioxyde de carbone actuellement dissous dans les ocĂ©ans. Cette hausse du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère se serait rĂ©sorbĂ©e en 1,5 million d'annĂ©es par l'altĂ©ration des silicates, et aurait entraĂ®nĂ© une Ă©lĂ©vation des tempĂ©ratures mondiales de 4 °C[4].

Notes et références

  1. « Enquête sur la disparition des dinosaures : Le monde à la fin du Crétacé », DinoNews (consulté le )
  2. (en) « Deccan Traps », Oregon State University (consulté le )
  3. (en) Hetu C. Sheth, K. Pande et R. Bhutani, « 40Ar-39Ar ages of Bombay trachytes: evidence for a Palaeocene phase of Deccan volcanism », Geophys. Res. Lett., vol. 28,‎ , p. 3513-3516 (lire en ligne)
  4. « Les trapps du Deccan, des trappes à CO2 », CNRS Info (consulté le )
  5. (en) « India's Smoking Gun: Dino-killing Eruptions », sur ScienceDaily, (consulté le )
  6. (en) Hetu C. Sheth, « The Deccan Beyond the Plume Hypothesis », (consulté le )
  7. (en) « Shiva: Another K-T impact? », Astrobiology Magazine (consulté le )
  8. (en) Sankar Chatterjee, The Shiva Crater: Implications for Deccan Volcanism, India-Seychelles rifting, dinosaur extinction, and petroleum entrapment at the KT boundary, (présentation en ligne)
  9. « Un impact météoritique en Inde responsable de la fin des dinosaures? », Ciel et espace (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Sankar Chatterjee, The Shiva Crater: Implications for Deccan Volcanism, India-Seychelles rifting, dinosaur extinction, and petroleum entrapment at the KT boundary, (prĂ©sentation en ligne)
  • Anne-Lise Chenet, Reconstruction de la sĂ©quence Ă©ruptive des Traps du Deccan, Inde : consĂ©quences climatiques et environnementales : (Thèse de doctorat), Paris, Institut de physique du Globe, , 360 p. (prĂ©sentation en ligne)

Articles connexes

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