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Trapp

Les trapps sont de très vastes plateaux des étendues continentales, constitués d'épais dépôts de roches basaltiques. Ils proviennent de panaches mantelliques qui se mettent en place sur les continents et forment de grandes provinces magmatiques[1].

Le nom de trapp (escalier) est dû à l'érosion qui a utilisé l'horizontalité des coulées basaltiques et l'alternance entre les couches dures de laves et les couches tendres de cendres volcaniques pour y disséquer les versants en gradins.
Trapps d'Éthiopie.

L’existence des trapps présents sur les continents est reconnue depuis longtemps (Arthur Holmes[2] en 1918)[3]. Le mot trapp, nom masculin, est emprunté au suédois (variante de trappa (« escalier »)).

Exemples

Les trapps les plus célèbres sont :

La surface occupĂ©e par un Ă©panchement varie entre des valeurs de 200 000 km2 (Karoo) Ă  1 500 000 km2 (SibĂ©rie), leur Ă©paisseur oscillant entre 2 000 m (Deccan) et 12 000 m (lac SupĂ©rieur). Cependant, il faut considĂ©rer que l’érosion a rĂ©duit le volume des coulĂ©es.

Ces épanchements se sont formés sur des durées assez brèves (de l'ordre de 1 Ma), de manière indépendante de l'activité des dorsales.

Structures

Les coulées aériennes de trapps peuvent être de deux types :

  • Ă  surface lisse ou cordĂ©e : coulĂ©e très compacte, pauvre en alvĂ©oles et bulles de gaz ; le dĂ©gazage a Ă©tĂ© facile (magma maintenu Ă  plus haute tempĂ©rature et plus fluide dans une chambre assez large pour ne pas imposer une trop forte pression avant son expulsion). Les coulĂ©es de laves qui peuvent former des rivières souterraines percĂ©es de « soupapes » de dĂ©gazage peuvent favoriser la formation de trapps très Ă©tendus en surface ;
  • Ă  surface chaotique : coulĂ©e riche en bulles de gaz, Ă  surface scoriacĂ©e et peu compacte ; le dĂ©gazage a Ă©tĂ© difficile (magma moins fluide expulsĂ© d'une faille sans possibilitĂ© d'expansion progressive dans une chambre chaude, le dĂ©gazage se produit plus près de la surface oĂą la coulĂ©e forme une croute qui se fissure sous la pression des gaz Ă  l'intĂ©rieur de la coulĂ©e elle-mĂŞme, et le refroidissement est plus brutal).

On retrouve dans le Massif central, en Auvergne, un bon exemple de coulées de type chaotique, constitué par les coulées des puys de la Vache et de Lassolas ainsi que celle du puy de Côme.

En profondeur, les coulées peuvent cristalliser plus lentement, et forment des joints verticaux organisés en prismes plus ou moins réguliers, parfois hexagonaux, parfois pentagonaux, nommés orgues basaltiques.

PĂ©trographie

Les roches des trapps sont des roches basiques, la plupart du temps des basaltes ayant des compositions de tholéiites à olivine (d’après la classification de Yoder et Tilley). La composition des basaltes de Parana est assez caractéristique des trapps : on y retrouve des phénocristaux occupant environ 25 % de volume de la roche, pris dans du verre volcanique. Ces phénocristaux observés sont des pyroxènes (augite et pigeonite), des plagioclases ainsi que des opaques tels que la titanomagnétite ou l’ilménite, et quelquefois des olivines. On retrouve aussi parfois des produits volcaniques plus différenciés comme des andésites ou des dacites et rhyodacites, mais en faible quantité, au sommet des réservoirs.

GĂ©ochimie

Trapps du Deccan, près de Matheran, à l'est de Bombay.

L’analyse géochimique en oxydes majeurs indique une composition proche à la fois des basaltes des rides médio-océaniques (MORB) et des basaltes des îles volcaniques (OIB). Il s’agit bien de tholéiites, possédant un pourcentage de silice proche de 50 %.

On peut distinguer deux types de basaltes de trapps :

  • ceux pauvres en P2O5 et en TiO2, nommĂ©s LPT ;
  • ceux riches en P2O5 et en TiO2, nommĂ©s HPT.

Les rapports isotopiques 87Sr/86Sr et 206Pb/204Pb étant différents de ceux des basaltes au sens large, le magma à l’origine des trapps a été contaminé lors de sa traversée de la croûte continentale. C’est cette contamination qui explique la différenciation observée entre deux types de basaltes : les LPT se sont enrichis en éléments de la croûte comme K et Sr.

Les teneurs en incompatibles des basaltes de trapps sont plus faibles que celles des OIB (géologie), mais plus fortes que celles des MORB. Le phénomène de contamination implique un enrichissement en certains éléments, ce qui signifie qu’ils proviennent du manteau appauvri, à une profondeur proche de celui à l’origine des MORB.

Origine

On suppose que la mise en place des trapps s’est faite par épanchement en surface d’une remontée magmatique mantellique et basique, donnant lieu à un volcanisme de type tholéiitique, au travers de fissures ou de bouches ponctuelles.

Leur origine peut ĂŞtre placĂ©e entre 100 et 400 km de profondeur, dans l’asthĂ©nosphère supĂ©rieure. Mais pour obtenir une fusion partielle aussi importante que celle des trapps, Ă©panchant d’énormes quantitĂ©s de laves, il est nĂ©cessaire d’apporter une grande quantitĂ© de chaleur. Une telle fusion pourrait se faire Ă  proximitĂ© de points chauds, il en rĂ©sulterait un mĂ©lange des magmas profonds de points chauds et des magmas superficiels produits par la chaleur des panaches.

Autres planètes

Sur la planète Vénus, des écoulements basaltiques encore plus importants seront peut-être la source d'une meilleure compréhension des mécanismes qui peuvent être à l’œuvre dans ces événements géologiques majeurs.

Notes et références

  1. Maurice Renard, Yves Lagabrielle, Erwan Martin, Marc de Rafélis Saint Sauveur, Éléments de géologie, Dunod, , p. 535.
  2. (en) A. Holmes, « The basaltic rocks of the Arctic Region », Mineralogical Magazine, vol. 18, no 85,‎ , p. 180–223 (DOI 10.1180/minmag.1918.018.85.03).
  3. (en) R.L. Rudnick, Heinrich D. Holland, Karl K. Turekian, The crust, Elsevier, (lire en ligne), p. 537.

Voir aussi

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