Colombophilie
La colombophilie est l'art d'Ă©lever et de faire concourir les pigeons voyageurs.
Colombophilie | |
Fédération internationale | Fédération colombophile internationale[1] (FCI), Bruxelles |
---|---|
Pratiquants | 12 500 (France) |
Vol de pigeons en cercle avant qu'ils soient appelés par leurs propriétaires pour la soirée. | |
C'est aussi un « sport ». Il y a de moins en moins de colombophiles, ce qui pose le problème du renouvellement générationnel. Ce sport organise des concours locaux, régionaux, nationaux et internationaux via la Fédération colombophile internationale, dont le siège est à Bruxelles, et des fédérations nationales.
Présentation
Objet
La colombophilie est le fait d'élever des pigeons voyageurs et de les faire concourir. Pour avoir une bonne colonie et faire de bons prix, il faut sélectionner ses pigeons sur plusieurs années et garder les pigeons qui font le plus de prix.
La période des concours varie en fonction des régions (19 en France ; auparavant 21, mais 2 ont fusionné), généralement d'avril à août. Les concours se déroulent tous les week-ends, le samedi pour les concours de fond et de grand fond et le dimanche pour ceux de vitesse et demi-fond.
Les bagues
Un pigeon possède une bague dite « matricule » qui lui est placée à la patte dès la naissance (entre 8 et 10 jours) et équivaut à sa carte d'identité. De couleur différente chaque année, cette bague est associée à un carton d'immatriculation que le propriétaire doit garder précieusement.
Outre la bague dite « matricule », l'animal doit aussi être muni d'une bague indiquant soit l'adresse de son propriétaire (ou de la société colombophile à laquelle ce dernier est sociétaire), avec le numéro de téléphone, soit simplement celui-ci. Cette dernière bague peut être remplacée par une bague électronique si le colombophile dispose d'un constateur électronique, et sur cette bague doit figurer une adresse ou un numéro de téléphone. Cette bague adresse est obligatoire en France. Tout pigeon participant à un concours doit posséder cette bague « adresse ».
Construite avec des matériaux à la fois solides et légers, elle porte un numéro et, perpendiculairement à celui-ci, l’année d’émission. Une fois disposée autour du tarsométatarse de l’oiseau, la bague ne peut plus être retirée autrement qu’avec une pince adéquate.
Chaque fois que le pigeon est cédé, le titre de propriété correspondant au numéro de bague du pigeon doit être simultanément livré au nouveau propriétaire. Détenir des pigeons bagués sans posséder les titres de propriété appropriés est interdit en France[2].
DĂ©roulement d'un concours
Pour les concours de vitesse et demi-fond, l’enlogement (fait de mettre ses pigeons dans des paniers en vue des concours), a lieu le samedi matin.
Les pigeons sont amenés au local de la société. Une fois que tous les colombophiles sont arrivés, l'enlogement peut commencer. Les numéros matricules de chaque pigeon de chaque colombophile sont énoncés et marqués sur une feuille dite « d'enlogement ». Ensuite, les pigeons sont munis d'une troisième bague, en caoutchouc celle-là . Cette bague est mise par-dessus l'une des deux bagues déjà présentes. Ensuite, ces pigeons sont mis dans des paniers (plombés) qui sont eux-mêmes mis dans un camion qui les emmène au point de lâcher. Pour les colombophiles qui sont à l'électronique, la bague électronique est passée au-dessus du « systemclub » qui est lui-même relié au constateur du colombophile. La suite est la même que pour l'enlogement manuel.
Le lendemain matin, les pigeons sont lâchés ; le premier est celui qui revient le plus vite possible à son colombier. Pour finir, les colombophiles retournent au local de la société pour procéder au dépouillement des constateurs.
Le déroulement est le même pour les concours de fond et demi-fond, sauf que l'enlogement s'effectue le mercredi et/ou le jeudi.
- Les pigeons voyageurs sont souvent transportés dans des camions spécialement modifiés.
- Intérieur d’une ancienne horloge à pigeons.
- Certaines horloges à pigeons à l'ancienne utilisent des dés à coudre.
Organisation colombophile
Belgique
On dénombre environ 70.000 colombophiles en Belgique dont 21.000 sont actifs. La province de Liège dénombre à elle-seule 97 clubs regroupant 2.800 colombophiles[3]. La Royale Fédération Colombophile Belge est une association à l'échelle nationale[4] et organisant des concours provinciaux, nationaux et participant aux concours internationaux.
La tradition colombophile est très présente sur l'ensemble de la Belgique, et remonte au XVIIIe siècle dans la région liégeoise. La première mention écrite date de 1784 à Verviers. La colombophilie comme sport n'aurait commencé - sur base des textes retrouvés - qu'en 1818[5] et s'est propagé à partir de cette région vers les Pays-Bas, l'Allemagne puis la France.
La sélection et l'étude des pigeons en Belgique a permis d'améliorer les performances des pigeons ainsi que la sélection des meilleurs individus, pour créer finalement le pigeon voyageur tel que nous le connaissons. Les races belges sont considérés comme les meilleures du monde.
À Anvers, les propriétaires de bateaux de transport marchand faisaient emmener sur ceux-ci de nombreux pigeons. Quand les marins n'avaient plus que quelques jours de mer à voyager, ils lâchaient ceux-ci avec des messages indiquant la marchandise transportée. À l'arrivée du bateau, celle-ci était déjà vendue. Avec ses 25.000 pigeons sélectionnés, Anvers était en 1846 la première ville colombophile au monde[6]. La province d'Anvers est encore aujourd'hui un haut lieu de la colombophilie belge.
En 2020, la fédération colombophile belge a proposé la reconnaissance du patrimoine colombophile belge à l'UNESCO[7].
Le 15 novembre 2020, un pigeon voyageur belge est vendu aux enchères à Knesselare en Flandre orientale par la maison d'enchère Pigeon Paradise "PIpa", pour 1 600 000 € à un colombophile sud-africain[8] (record mondial). Les pigeons voyageurs belges étant d'excellente réputation, ceci a engendré de nombreux vols organisés par la mafia chinoise notamment dans les années 2009.
France
La Colombophilie *
| |
Domaine | Jeux |
---|---|
Lieu d'inventaire | Hauts-de-France Nord Lille |
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France) | |
En France, la colombophilie débute en 1849[5] et l'organisation colombophile est désormais réglementée par la loi du (modifiée depuis). Cette réglementation est la conséquence de l'utilisation militaire du pigeon voyageur comme vecteur de transmission de messages (guerre de 1870 et les deux guerres mondiales). De ce fait, la colombophilie sera interdite pendant la Seconde Guerre mondiale[9].
Bien que le ministère de la Défense entretienne un colombier et un musée au mont Valérien à Suresnes dans la banlieue parisienne (musée colombophile militaire), le rôle militaire du pigeon voyageur a disparu au profit des transmissions hertziennes. La colombophilie est inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2012[10].
Dans le nord de la France, les éleveurs de pigeons-voyageurs sont dits des « coulonneux »[11].
Fédération colombophile française
La Fédération colombophile française[12] fédère les colombophiles français et les associations locales. Elle a son siège à Lille (54, boulevard Carnot) dans le Nord. Elle est administrée par un bureau directeur élu pour quatre ans et constitué d'un président, de deux vice-présidents, d'un secrétaire et d'un trésorier.
Les associations locales recueillent les adhésions des amateurs. Entre la FCF et les associations locales, on trouve les fédérations régionales et les groupements. Tous ces organismes sont à but non lucratif.
En 1900, la fédération de la Seine obtint la médaille d'or du concours organisé dans le cadre de l'exposition universelle et des jeux olympiques. Il y a actuellement environ 11 500 colombophiles, dont pratiquement la moitié dans le Nord de la France (1re région, Nord Pas de Calais).
Reste du monde
La colombophilie est pratiquée dans de nombreux pays du monde. Les organisations sont différentes, mais le but est le même partout : réaliser des compétitions de pigeons voyageurs.
Les nations colombophiles se sont regroupées en une Fédération colombophile internationale[1] (FCI) dont le siège est à Bruxelles. Son conseil d'administration se réunit deux fois par an pour étudier les questions communes à tous mais aussi à certaines fédérations nationales. Les questions peuvent être liées aux pigeons, recherches scientifiques et médicales et protection du pigeon, mais aussi aux compétitions, systèmes de constatation, championnats mondiaux, etc. Pour 2014, les bagues ont la même couleur (or).
Dans la littérature
La bande dessinée belge Le Vieux Bleu, créé par François Walthéry en 1974, a pour cadre le milieu colombophile dans la Wallonie des années 1930[13].
Notes et références
- Fédération colombophile internationale (FCI)
- Guy Brasseur, Premier dictionnaire du pigeon voyageur.
- « LIEGE:LE PIGEON A VOL D'OISEAU HISTOIRES TENACES DE VOLATILES », sur Le Soir (consulté le )
- « Photo’s – KBDB-RFCB » (consulté le )
- « NOS RACINES SONT ICI (XVIII): LA COLOMBOPHILIE, NEE A VERVIERS? », sur Le Soir (consulté le )
- « Le Pigeon Voyageur - Historique de la Colombophilie », sur colombophiliefr.com (consulté le )
- « La colombophilie patrimoine UNESCO », sur lacolombophilieho.be (consulté le )
- Gilbert Dupont, « Le pigeon voyageur le plus cher de l'histoire est belge: New Kim vendu 1 600 000 euros ! », sur lalibre.be, (consulté le )
- Cent ans de vie dans la région, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 juin 1999, p. 58.
- « Jeux - Ministère de la Culture », sur culture.gouv.fr (consulté le )
- Thibeault, J. (2003), « Repenser l’identitaire : le processus de ré-identification » dans Le coulonneux de Simone Chaput, Francophonies d'Amérique, (15), 151-166.
- Site de la Fédération colombophile française (FCF), sur le site colombophiliefr.com (consulté le 12 février 2016).
- Patrick Gaumer, « Vieux bleu, Le », dans Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Éditions Larousse, (ISBN 9782035843319), p. 903.