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La Guerre des mondes

La Guerre des mondes (The War of the Worlds) est un roman de science-fiction écrit par H. G. Wells, publié en 1898. C'est une des premières œuvres d'imagination dont le sujet est l'humanité confrontée à une race extraterrestre hostile[2], en plus d'être le reflet de l'angoisse de l'époque victorienne et de l'impérialisme.

La Guerre des mondes
Image illustrative de l’article La Guerre des mondes
Illustration d'un tripode dans l'édition belge de 1906 signée Henrique Alvim Corrêa

Auteur H. G. Wells
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Roman
Science-fiction
Version originale
Langue Anglais britannique
Titre The War of the Worlds
Éditeur Heinemann
Date de parution 1898
Version française
Traducteur Henry-D. Davray
Éditeur Mercure de France
Lieu de parution Paris
Date de parution 1900 [1]
Type de média Livre papier
Illustrateur Charles Dudouyt (pour l'Ă©dition Calmann-LĂ©vy de 1917)
Nombre de pages 324

Le roman est adapté plusieurs fois : pour la radio (dont une version d'Orson Welles qui a défrayé la chronique en 1938[3]), en jeux de rôle, en bande dessinée, en quatre longs-métrages et plusieurs séries[4].

Résumé

« […] Par-delà le gouffre de l’espace, des esprits qui sont à nos esprits ce que les nôtres sont à ceux des bêtes qui périssent, des intellects vastes, calmes et impitoyables, considéraient cette terre avec des yeux envieux, dressaient lentement et sûrement leurs plans pour la conquête de notre monde […] »

1894. Des astronomes sont témoins d'étranges activités à la surface de Mars, comme des éclairs ou des explosions de gaz incandescent. L'étonnant phénomène se répète pendant les dix nuits suivantes puis cesse. Des météores venant de la planète rouge se dirigent bientôt vers la Terre. Le premier s'écrase en Angleterre, dans le Surrey : il s'agit d'un objet ayant la forme d'un cylindre de vingt-cinq à trente mètres. Les curieux se rassemblent autour du cratère formé par la chute du projectile, mais ils sont bientôt tués par un « Rayon Ardent » projeté par une machine gigantesque à trois énormes jambes sortie du cylindre.

Par la suite, les autres cylindres envoyés depuis Mars s'écrasent et libèrent d'autres engins mécaniques contrôlés par des créatures tentaculaires installées à l'intérieur. Ces tripodes, armés de leur Rayon Ardent et d'un gaz toxique appelé « Fumée noire » (black smoke), se dirigent vers Londres en désintégrant tout sur leur passage. L'armée britannique réplique. Mais rapidement, la lutte tourne à l'avantage des envahisseurs. Les populations terrifiées fuient cet ennemi implacable qui pompe le sang des malheureux qu'il capture et sème partout une mystérieuse herbe rouge qui étouffe toute végétation. Commence alors pour le narrateur, une fuite dans un monde ravagé, où il ne croise plus que des êtres humains isolés à la limite de la folie. Puis il se rend compte que les Martiens cessent soudain toute activité : les microbes terriens, contre lesquels ils n'étaient pas immunisés, les ont exterminés.

Genèse et contexte

Les canaux de Mars

Taille comparée entre la Terre et Mars

À partir de la fin du XIXe siècle, la croyance en l’existence de canaux martiens et de planètes habitées marque l’imagination populaire. En 1877, l'astronome Giovanni Virginio Schiaparelli, directeur de l'observatoire de Milan, observe la présence de très grandes traces rectilignes sur la surface de la planète Mars. Cette découverte ne fait cependant pas l'unanimité. Percival Lowell, un millionnaire, décide de se consacrer exclusivement à l'étude de la planète rouge et fonde en 1894 un observatoire dans l'Arizona avec sa fortune personnelle. En 1900, il a référencé plus de 400 canaux bien trop rectilignes, selon lui, pour être des formations naturelles. Lowell est bientôt persuadé que Mars abrite une civilisation avancée luttant contre une importante sécheresse[5].

H. G. Wells s'établit en 1895 dans le Surrey avec sa femme. Il passe une grande partie de ses journées à écrire et à se promener dans la campagne. Au cours de l'une de ces promenades, Wells et son frère discutent de la possibilité de l'arrivée d'être venus d'une autre planète. La discussion fait germer dans la tête de l'écrivain une idée, bientôt nourrie par des articles sur les fameux canaux de Mars[6]. En 1896, Wells, qui suivait de très près les avancées scientifiques de son époque, publie Intelligence on Mars, où il couche sur papier ce qui va devenir La Guerre des mondes. L'auteur suggère que les Martiens sont attirés par la Terre car leur propre monde, très ancien, est asséché et mourant[7].

Colonialisme et domination navale

Dans La Guerre des mondes, une forme de vie extraterrestre venant de Mars attaque Londres. Or nous sommes à la fin du XIXe siècle et l'Empire britannique, l'ensemble territorial composé des colonies, protectorats, mandats et autres territoires gouvernés par le Royaume-Uni, s'étend sur une grande partie du globe et ne connaît pas d'adversaire. Wells bouleverse cette conviction en réduisant cet empire en ruines, anéanti par une plus grande puissance. Les Martiens s'imposent comme une « race supérieure »[8].

L'instrument ultime de la domination impérialiste britannique au XIXe siècle est sa marine de guerre. De façon très symbolique, les Anglais envahis par les Martiens recourent à l'arme absolue de l'époque, un cuirassé type pré-dreadnought, qui engage le combat avec un tripode martien dans l'estuaire de la Tamise. Le cuirassé détruit un tripode avec un coup direct, mais, sans grande difficulté, les autres tripodes le détruisent dans les minutes qui suivent, grâce au « rayon ardent », qui provoque l'explosion des soutes à munition du cuirassé, dont l'épave en flammes vient éperonner un second tripode.

Au temps de H.G. Wells, le système colonial anglais était l'objet de critiques de la part des intellectuels, et en particulier de Wells, pacifiste engagé à gauche. Les budgets astronomiques de la Royal Navy et la course aux armements navals avec l'Allemagne, à une époque où prévalait la doctrine du two-power standard (la marine anglaise devait être plus puissante que la somme des deux marines de guerre venant après elle), étaient également sujets à controverses.

Immunité aux maladies infectieuses

La déroute finale des Martiens face aux microbes témoigne, selon le biologiste Maxime Schwartz et l'entomologiste François Rodhain, de la vulgarisation à laquelle était parvenue, à la fin du XIXe siècle, la notion d'immunité aux maladies infectieuses, grâce aux travaux d'Ilya Ilitch Metchnikov, Emil Adolf von Behring ou Jules Bordet à la suite de Louis Pasteur[9].

Adaptations

Premières éditions illustrées

  • Les premières Ă©ditions illustrĂ©es sont signĂ©es dans l'Ă©dition anglaise par Warwick Goble (dans Pearson's Magazine, 1898) puis, en français, par Henri Lanos (dans Je sais tout, ) et Henrique Alvim CorrĂŞa (L. Vandamme, Bruxelles, 1906[10]).

Livre audio

Bande dessinée

Romans et nouvelles

Radio

Cinéma

Musique

En 1978, le roman inspire un album concept à Jeff Wayne, qu'il réactualise en 2012. Les parties narratives, un journaliste qui témoigne de l'invasion extraterrestre, alternent avec des parties musicales chantées par les protagonistes, dont les paroles font référence au contexte de l'histoire.

Télévision

Jeux vidéo

  • En 1984 parait The War of the Worlds (en) pour ZX-Spectrum
  • En 2004, les striders du jeu vidĂ©o Half-Life 2 ressemblent beaucoup aux tripodes de La Guerre des mondes.

Influence

Sculpture d'après l'œuvre de Wells. Woking, Surrey

Le thème de l'invasion par des extra-terrestres est populaire au cinéma, avec par exemple Les Daleks envahissent la Terre, Les soucoupes volantes attaquent, Invasion planète Terre, Les Envahisseurs de la planète rouge (1953) de W.C. Menzies, L'invasion vient de Mars (1985) de Tobe Hooper, Le Jour où la Terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still, 1951) de Robert Wise, etc., puis, plus récemment, avec des longs-métrages comme Rencontres du troisième type (1977) de Steven Spielberg, E.T. l'extra-terrestre (1982) ou encore Independence Day et Evolution d'Ivan Reitman. Le burlesque Mars Attacks! de Tim Burton présente en particulier l'inattendue et peu glorieuse défaite des envahisseurs martiens, contrairement à La Guerre des mondes où l'envahisseur est détruit par des microbes terrestres.

Les séries télévisées Defiance et Falling Skies s'en inspirent également.

Notes et références

  1. « seconde édition de La guerre des mondes en Français », sur Gallica.fr
  2. War of the Worlds: From Wells to Spielberg p. 5, John L. Flynn (2005).
  3. https://www.youtube.com/watch?v=jy8frFeq010 « Guerre des mondes » : histoire d’une fausse panique collective sur la chaîne Youtube du Monde
  4. « "La Guerre des Mondes" : une nouvelle Création Originale de CANAL+ », sur myCANAL (consulté le )
  5. Une petite histoire de l'observation martienne : les canaux de Mars.
  6. H.G. Wells, Christopher Martin (1988).
  7. H.G. Wells, John Batchelor, Cambridge University Press (1985).
  8. Franklin, H. Bruce, War Stars, University of Massachusetts Press, 2008.
  9. Maxime Schwartz et François Rodhain, Des microbes et des hommes, qui va l’emporter ?, Odile Jacob, , 352 p. (lire en ligne), p. 109.
  10. contributeurs, « Livre:H G Wells La guerre des mondes 1906.djvu », sur Commons.wikimedia.org, , p. 5
  11. Jean-Pierre Guillet, La cage de Londres : Un siècle après la Guerre des mondes, Québec, Alire, , 243 p. (ISBN 2-922145-71-9, lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (en) Peter J. Beck, The War of the Worlds : From H. G. Wells to Orson Welles, Jeff Wayne, Steven Spielberg and Beyond, Londres, Bloomsbury Academic, , 384 p. (ISBN 978-1-4742-2988-3, prĂ©sentation en ligne).
  • (en) Vera Benczik, « The Urban Wasteland in H.G. Wells's The War of the Worlds », dans Emelyne Godfrey (dir.), Utopias and Dystopias in the Fiction of H. G. Wells and William Morris, Londres, Palgrave Macmillan, , XVIII-282 p. (ISBN 978-1-137-52339-6, DOI 10.1057/978-1-137-52340-2_9), p. 141–156.
  • (en) Bernard Bergonzi, The Early H.G. Wells : A Study of the Scientific Romances, University of Toronto Press, , X-226 p. (prĂ©sentation en ligne), chap. 5 (« The War of the Worlds »), p. 123-139.
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  • (en) Robert Crossley, « From Invasion to Liberation : Alternative Visions of Mars, Planet of War », dans David Seed (dir.), Future Wars : The Anticipations and the Fears, Liverpool, Liverpool University Press, coll. « Liverpool Science Fiction Texts and Studies » (no 42), , 302 p. (ISBN 978-1-846-31755-2), p. 66-84.
  • (en) Michael J. Crowe, The Extraterrestrial Life Debate 1750-1900 : The Idea of a Plurality of Worlds from Kant to Lowell, Cambridge, Cambridge University Press, 1986.
  • (en) Brett Davidson, « H.G. Wells, the Artilleryman and the Intersection of Putney Hill », Wellsian : The Journal of the H.G. Wells Society, vol. 26,‎ , p. 45-56.
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  • Michel Meurger, « Le PĂ©ril vient de la Lune : une guerre des mondes en 1809 », dans StĂ©phanie Nicot (Ă©d.), Les Univers de la Science-Fiction : essais, Galaxies, coll. « Hors-sĂ©ries de la revue Galaxies » (no 1), , 222 p., p. 4-39.
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  • (en) Tim Youngs, Beastly Journeys : Travel and Transformation at the fin de siècle, Liverpool, Liverpool University Press, coll. « Liverpool Science Fiction Texts and Studies » (no 63), , X-225 p. (ISBN 978-1-84631-958-7 et 1846319587, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne), chap. 3 (« Morlocks, Martians, and Beast-People »), p. 107-139.

Études sur le feuilleton radiophonique d'Orson Welles

  • (en) W. Joseph Campbell, Getting It Wrong : Ten of the Greatest Misreported Stories in American Journalism, University of California Press, 2010, 288 p., chapitre 2 : « Fright beyond Measure ? The Myth of The War of the Worlds », p. 26-44.
  • (en) Hadley Cantril (prĂ©f. Albert H. Cantril, en collaboration avec Hazel Gaudet et Herta Herzog), The Invasion from Mars : A Study in the Psychology of Panic, New Brunswick, N.J. / Londres, Transaction publishers, (1re Ă©d. 1947, Princeton University Press), XXXII-224 p. (ISBN 978-1-4128-0470-7, prĂ©sentation en ligne).
  • Pierre Lagrange, La guerre des mondes a-t-elle eu lieu ?, Paris, Robert Laffont, , 352 p. (ISBN 2-221-10466-8).
  • (en) John Trushell, « Mirages in the Desert : The War of the Worlds and Fin du Globe », Extrapolation, University of Texas at Brownsville, vol. 43, no 4,‎ , p. 439–455 (ISSN 0014-5483 et 2047-7708, lire en ligne).

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