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Maxime Schwartz

Maxime Simon Schwartz, né le [1] à Blois (Loir-et-Cher)[2], est un biologiste moléculaire français, qui a été directeur de recherche au CNRS, professeur à l'Institut Pasteur et directeur général de l'Institut Pasteur. Il est correspondant de l'Académie des sciences.

Origines familiales

Maxime Schwartz est né le à Blois (Loir-et-Cher). Il est le fils de Daniel Schwartz (1917-2009)[3] (X, 1937) et d'Yvonne Berr (1917-2001). Ses grands-parents paternels étaient Anselme Schwartz, chirurgien, et Claire Debré, sœur du pédiatre Robert Debré. Ses grands-parents maternels étaient Raymond Berr[4] (X, 1907), directeur des Établissements Kuhlmann, et Antoinette Rodrigues Ely, morts en déportation de même que leur fille Hélène Berr[5].

Avec son frère Yves, il est un neveu de Laurent Schwartz[6] et de Bertrand Schwartz (X, 1939), les frères de son père.

Formation

Après des études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, il entre à l’École polytechnique en 1959. Élève dans cette institution jusqu’en 1961, il effectue ensuite son service militaire (1961-1962) dans la marine à Toulon, où il côtoie Henri Laborit[7].

En 1962-1963, Maxime Schwartz prépare et obtient une licence mixte de physique et de biologie.

De 1964 à 1967, sous la direction de Jacques Monod[8], à l’Institut Pasteur, il prépare un doctorat, qu’il soutient en . Durant la préparation de ce doctorat il bénéficie des conseils de François Jacob, qu’il côtoie pendant plus de trente ans[9] - [10].

De 1967 à 1969, en tant que « Junior Fellow » de la « Harvard Society of Fellows » de l’université Harvard, il effectue un stage postdoctoral dans le laboratoire de James Watson au sein de cette université. Il passe les trois derniers mois de 1969 à l’Institut Salk, où il collabore avec Suzanne Bourgeois dans le laboratoire de Melvin Cohn.

Carrière scientifique et administrative

Après son doctorat, Maxime Schwartz revient à l'Institut Pasteur, où il reste pour l'essentiel de sa carrière. Il y travaille d'abord comme chercheur au CNRS, puis, à partir de 1973, comme bi-appartenant CNRS/Institut Pasteur.

Au CNRS, il est maître de recherche de 1971 à 1986 et directeur de recherche de 1986 à 2007.

Ă€ l'Institut Pasteur, il est chef de laboratoire de 1973 Ă  1984 puis professeur de 1984 Ă  2007.

De 1975 à 1995, il est chef de l'Unité de génétique moléculaire de l'Institut Pasteur.

De 1985 Ă  1987, il est sous-directeur (directeur scientifique) de l'Institut Pasteur.

De 1988 à 1999, il est directeur général de l'Institut Pasteur.

De 2000 à 2001, il est chef de l'Unité de physiologie cellulaire de l'Institut Pasteur.

Depuis 2007, année de son départ à la retraite, il est chargé de mission auprès de la direction de l'Institut Pasteur.

De 2002 à 2006, il est directeur scientifique de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, dirigée par Martin Hirsch, puis par Pascale Briand.

Le , Maxime Schwartz est élu correspondant de l'Académie des sciences, dans la section Biologie moléculaire et cellulaire, Génomique[11].

Distinctions

Travaux scientifiques

Les travaux scientifiques de Maxime Schwartz concernent divers aspects du mĂ©tabolisme d'un sucre, le maltose, chez la bactĂ©rie ''Escherichia coli''. Ceux-ci lui ont permis d'aborder des questions très gĂ©nĂ©rales, comme la rĂ©gulation de la synthèse de protĂ©ines et la structure, les fonctions et la biogĂ©nèse des protĂ©ines membranaires[13]. Les travaux de François Jacob et Jacques Monod sur le mĂ©tabolisme d’un autre sucre, le lactose, chez la mĂŞme bactĂ©rie, les avaient conduits Ă  proposer que l’expression des gènes codant les enzymes nĂ©cessaires au mĂ©tabolisme de ce sucre est bloquĂ©e par un rĂ©presseur, protĂ©ine rĂ©gulatrice dont l’action est elle-mĂŞme inhibĂ©e en prĂ©sence de lactose. Le dĂ©blocage des gènes rĂ©sulte donc de l’inhibition du rĂ©presseur'[14] - [15]. Cette rĂ©gulation faisant intervenir une double inhibition devait par la suite ĂŞtre qualifiĂ©e de nĂ©gative. Sur la base de ses travaux sur le mĂ©tabolisme du maltose, Maxime Schwartz fut l’un des tout premiers Ă  suggĂ©rer l’existence d’une rĂ©gulation positive, l’expression des gènes rĂ©sultant de l’activation d’un activateur[16]. Les mĂ©canismes de rĂ©gulation positive se sont rĂ©vĂ©lĂ©s par la suite extrĂŞmement frĂ©quents, chez toutes les cellules vivantes. L’aspect le plus original des travaux de Maxime Schwartz sur les protĂ©ines membranaires est la dĂ©monstration que l’une des protĂ©ines permettant le transport du maltose Ă  travers l’enveloppe bactĂ©rienne sert de rĂ©cepteur pour un virus bactĂ©rien, le bactĂ©riophage lambda[17]. C’était une notion nouvelle que les rĂ©cepteurs de virus soient des protĂ©ines ayant une fonction bien dĂ©finie pour la cellule cible. C’est maintenant un fait bien Ă©tabli pour de très nombreux virus. Maxime Schwartz s’est Ă©galement intĂ©ressĂ©, en collaboration avec le laboratoire de l’AmĂ©ricain Jonathan Beckwith, aux mĂ©canismes permettant la mise en place des protĂ©ines dans diverses couches de l’enveloppe bactĂ©rienne. Par des mĂ©thodes gĂ©nĂ©tiques, il contribue Ă  dĂ©montrer que la sĂ©quence signal, localisĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© amino-terminale des protĂ©ines destinĂ©es Ă  traverser une membrane, et dĂ©finie par le groupe de Gunther Blobel, est effectivement nĂ©cessaire au transport de ces protĂ©ines Ă  travers la membrane du cytoplasme, mais qu’elle n’est pas suffisante[18] - [19]. En effet l’inactivation par mutation de la sĂ©quence signal empĂŞche une telle protĂ©ine de traverser la membrane ; par contre la seule addition d’une sĂ©quence signal Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une protĂ©ine cytoplasmique ne suffit pas Ă  lui faire traverser la membrane.

Direction de l'Institut Pasteur

Directeur gĂ©nĂ©ral de l’Institut Pasteur pendant deux mandats consĂ©cutifs de 6 ans, Maxime Schwartz s’efforce de poursuivre l’œuvre de modernisation engagĂ©e par ses prĂ©dĂ©cesseurs, Jacques Monod, François Gros et Raymond Dedonder. Sur le campus parisien, il prĂ©side Ă  la construction de plusieurs bâtiments nouveaux, dont le Centre d’information scientifique, financĂ© grâce au legs de la Duchesse de Windsor, et entreprend la rĂ©novation de la plupart des laboratoires situĂ©s dans des bâtiments plus anciens. Il poursuit Ă©galement le dĂ©veloppement du RĂ©seau International des Instituts Pasteur (qu'il a baptisĂ© ainsi), en modernisant l’équipement des anciens instituts, en intĂ©grant des instituts Ă©trangers comme celui de Saint-PĂ©tersbourg et de Roumanie, en faisant construire un nouvel institut au Cambodge et en engageant la crĂ©ation d’un laboratoire mixte entre l’Institut Pasteur et l’UniversitĂ© de Hong-Kong. Sur le plan scientifique il favorise l’application des techniques de la biologie molĂ©culaire Ă  l’étude des maladies infectieuses, permettant ainsi l’émergence de plusieurs Ă©quipes de grande rĂ©putation internationale. Par ailleurs, il Ĺ“uvre au dĂ©veloppement et Ă  la modernisation des relations entre la recherche et l’industrie, prĂ©sidant, en particulier Ă  la crĂ©ation des premières « start-up Â» crĂ©Ă©es par des chercheurs de l’institut. En 1994, Maxime Schwartz parvient Ă  faire admettre par le gouvernement amĂ©ricain que le virus isolĂ© par l’amĂ©ricain Robert Gallo comme Ă©tant le virus du sida n’était autre que le virus que le pasteurien Luc Montagnier lui avait envoyĂ© un an plus tĂ´t ; il met ainsi fin Ă  une controverse vieille de 10 ans, comportant des aspects d’éthique scientifique aussi bien que financiers[20].

Direction scientifique de l'AFSSA

Avec le titre de Directeur de la programmation des laboratoires, Maxime Schwartz exerce pendant 5 ans l’activitĂ© de directeur scientifique des laboratoires de l’Agence Française de la SĂ©curitĂ© Sanitaire des Aliments. En tant que tel, il donne notamment le coup d’envoi Ă  un RĂ©seau d’excellence europĂ©en, MED-VET-NET, rĂ©unissant des laboratoires vĂ©tĂ©rinaires et de mĂ©decine humaine, pour l’étude des maladies transmises aux hommes par les animaux. Dans cette agence, il prĂ©side en outre le comitĂ© d’experts « Biotechnologies Â» ayant pour principal objectif de donner des avis aux Pouvoirs publics sur les dossiers de mise sur le marchĂ© d’Organismes GĂ©nĂ©tiquement ModifiĂ©s.

Ouvrages

Maxime Schwartz est auteur ou coauteur des ouvrages suivants :

  • 1995, avec Annick Perrot, Pasteur, des microbes au vaccin, Casterman, Paris.
  • 2001, Comment les vaches sont devenues folles ? Odile Jacob, Paris[21].
  • 2008, avec François Rodhain, Des microbes ou des hommes, qui va l'emporter ? Odile Jacob, Paris.
  • 2009, avec Jean Castex,La DĂ©couverte du virus du SIDA. La vĂ©ritĂ© sur "l'affaire Gallo/Montagnier". Odile Jacob, Paris.
  • 2013, avec Annick Perrot, Pasteur et ses lieutenants. Roux, Yersin et les autres. Odile Jacob, Paris.
  • 2014, avec Annick Perrot, Pasteur et Koch. Un duel de gĂ©ants dans le monde des microbes, Odile Jacob, Paris.
  • 2016, avec Annick Perrot, Le gĂ©nie de Pasteur au secours des Poilus, Odile Jacob, Paris.
  • 2018, avec Annick Perrot, Louis Pasteur le visionnaire, Editions de La Martinière
  • 2020, avec Annick Perrot, Le Neveu de Pasteur ou la Vie aventureuse d’Adrien Loir, savant et globe-trotter (1862-1941), Editions Odile Jacob
  • 2022, avec Annick Perrot, Pasteur, l'homme et le savant, Editions Tallandier
  • 2022, avec Annick Perrot, Pasteur Ă  la plage. Le monde des microbes dans un transat, Editions Dunod

Documentaire

  • Maxime Schwartz et Annick Perrot, Pasteur et Koch, un duel de gĂ©ants dans le monde des microbes, Arte, .

Notes et références

  1. Notice du fonds Maxime Schwartz. 1961-1994. Archives de l'Institut Pasteur.
  2. Maxime Schwartz. Académie des sciences. Biographie [PDF]
  3. Voir, 1937. Décès de Daniel Schwartz, père de Maxime Schwartz le 6 septembre 2009. Carnet polytechnicien.
  4. 1.Raymond Berr. AJPN. [archive]
  5. 1.H. Berr, Journal, Tallandier, 2008, Paris
  6. Voir, (en) Laurent Schwartz. A mathematician grappling with his century, 2001, p. 141.
  7. E. Moreigne, M. Schwartz, P. Haberey, H. Laborit, Interaction des facteurs climat chaud et alimentation sur l’orientation métabolique III p. 787-827, Revue Agressologie,
  8. (en) Maxime Schwartz, “Another route” in The origins of molecular biology : a tribute to Jacques Monod., Ed. Agnès Ullmann, p. 207-216, ASM Press,,
  9. (en) Maxime Schwartz, A geneticist in the attic, Research in Microbiology, 165 p. 353-356,
  10. C. Vincent, Mort de François Jacob, pionnier du génie génétique, Le Monde. fr., 21 avril 2013. [archive]
  11. « Académie des sciences »
  12. DĂ©cret du 2 mai 2017 portant promotion et nomination
  13. 1.M. Schwartz, “The maltose regulon”, in Escherichia coli and Salmonella typhimurium : Cellular and molecular biology. Vol I. p. 1482-1502. Ed. Neidhardt F.C., American Society for Microbiology (1987)
  14. 1.F. Jacob , J. Monod, “Genetic regulatory mechanisms in the synthesis of proteins”, J. Mol. Biol. 3 p. 318-356, (1961)
  15. 1.J. Monod, “From enzymatic adaptation to allosteric transitions”, Nobel lecture, 11 décembre 1965.
  16. 1. O. Raibaud, M. Schwartz, “Positive control of transcription initiation in bacteria”, Annual Review of Genetics, 18 pp 173-206 (1984)
  17. 1.L. Randall-Hazelbauer, M. Schwartz, “Isolation of the bacteriophage Lambda receptor from Escherichia coli”, J. Bacteriol., 116, p. 1436-1446 (1973)
  18. 1. S.D. Emr, M. Schwartz, T.J. Sihavy, “Mutations altering the cellular localization of the receptor, an Escherichia coli outer membrane protein”, Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 75, p. 5802-5806 (1978)
  19. 1. F. Moreno, A.V. Fowler, M. Hall, T.J. Silhavy, I. Zabin, M. Schwartz, “A signal sequence is not sufficient to lead ß-galactosidase out of the cytoplasm”, Nature, 286, p. 356-359 (1980)
  20. 1. M. Schwartz, J. Castex, La découverte du virus du sida. La vérité sur l’Affaire Gallo/Montagnier, O. Jacob, 2009, Paris
  21. Voir, Maxime Schwartz. Odile Jacob.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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