William S. Gilbert
Sir William Schwenck Gilbert[1] (né le à Londres et mort le ) est un dramaturge, librettiste, poÚte et illustrateur britannique, principalement connu pour ses quatorze opéras-comiques (surnommés les Savoy opera (en)) produits en collaboration avec le compositeur Sir Arthur Sullivan.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 74 ans) Grim's Dyke (en) |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
William Schwenck Gilbert |
Nationalité | |
Formation |
King's College de Londres Great Ealing School (en) |
Activités | |
PĂšre |
William Gilbert (en) |
MĂšre |
Anne Mary Bye Morris (d) |
Conjoint |
Lucy Agnes Turner (d) (Ă partir de ) |
Membre de | |
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Partenaires | |
Distinction |
Parmi les plus cĂ©lĂšbres : H.M.S. Pinafore, The Pirates of Penzance et lâune des Ćuvres les plus jouĂ©es dans lâhistoire du thĂ©Ăątre musical, The Mikado[2]. Ces Ćuvres, ainsi que dâautres Savoy operas, sont toujours rĂ©guliĂšrement reprises dans le monde anglophone et au-delĂ par des compagnies dâopĂ©ras, des troupes de rĂ©pertoire, des Ă©coles et des troupes de thĂ©Ăątre amateur. Certaines expressions sont passĂ©es dans le langage quotidien, telles que « short, sharp shock (en)» « un coup bref et tranchant », « What, never? Well, hardly ever! » âQuoi, jamais ? Disons, presque jamais !â[3] ou « Let the punishment fit the crime ».â Que le chĂątiment soit Ă la hauteur du crimeâ[4].
William S. Gilbert Ă©crivit Ă©galement les Bab Ballads (en), important recueil de vers Ă vocation humoristique accompagnĂ©s de ses propres dessins et caricatures. Sa production pleine de crĂ©ativitĂ© comporta plus de 75 piĂšces et livrets, de nombreux rĂ©cits et histoires, des poĂšmes, des paroles de chansons et diverses piĂšces comiques et sĂ©rieuses. Ses piĂšces et son style rĂ©aliste de mise en scĂšne ont inspirĂ© dâautres dramaturges, tels que Oscar Wilde et George Bernard Shaw[5]. Selon lâHistoire de la LittĂ©rature Anglaise et AmĂ©ricaine de Cambridge (en), « son aisance lyrique et sa maĂźtrise de la mĂ©trique ont amenĂ© la qualitĂ© poĂ©tique de lâopĂ©ra comique Ă un niveau jamais atteint auparavant ni depuis »[6].
Biographie
DĂ©buts
"Le juge ne venait-il pas de prononcer son jugement que la pauvre femme se baissa et, retirant lâune de ses lourdes chaussures, me la jeta au travers de la figure, me complimentant ainsi pour mon Ă©loquence Ă tenter de la dĂ©fendre, accompagnant son geste dâun torrent dâinjures Ă propos de mes compĂ©tences juridiques et de ma ligne de dĂ©fense." |
â My Maiden Brief[7]
(Gilbert rapporta cet incident comme autobiographique)[8] |
William S. Gilbert naquit au 17 Southampton Street (en), le Strand Ă Londres. Son pĂšre, Ă©galement prĂ©nommĂ© William (en), fut chirurgien de la marine pendant une courte pĂ©riode, avant de se lancer dans lâĂ©criture de romans et de nouvelles, dont certains furent illustrĂ©s par son fils. La mĂšre de Gilbert Ă©tait Anne Mary Bye Morris (1812-1888), fille de lâapothicaire Thomas Morris.[9] Les parents de Gilbert Ă©taient distants et austĂšres et il nâavait de relation particuliĂšrement Ă©troite avec ni lâun ni lâautre. Les disputes entre ses parents se multipliaient et, Ă la suite de la rupture de leur mariage en 1876, sa relation avec ses parents, et en particulier avec sa mĂšre, devint encore plus tendue[9]. Gilbert avait trois sĆurs cadettes, dont deux Ă©taient nĂ©es hors dâAngleterre en raison des frĂ©quents dĂ©placements de la famille : Jane Morris (nĂ©e en 1838 Ă Milan - Italie, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1906), qui Ă©pousa Alfred Weigall, peintre miniaturiste, Anne Maude (1845-1932) et Mary Florence (nĂ©e Ă Boulogne â France - en 1911), aucune de ces deux derniĂšres ne se maria[10] - [11]. BĂ©bĂ©, Gilbert avait le surnom de « Bab », puis celui de « Schwenck » en lien avec les parrain et marraine de son pĂšre[12].
Dans son enfance, William S. Gilbert voyagea en Italie en 1838 et sĂ©journa en France pendant deux ans avec ses parents, avant quâils ne finissent par sâĂ©tablir Ă Londres en 1847. Il frĂ©quenta lâĂ©cole Ă Boulogne (France) Ă partir de lâĂąge de sept ans (plus tard il Ă©crivit son journal intime en français afin que les serviteurs ne puissent le lire)[13], puis la Western Grammar School de Brompton Ă Londres et enfin la Great Ealing School (en), oĂč il devint reprĂ©sentant des Ă©lĂšves. Il y Ă©crivit des piĂšces pour lâĂ©cole et peignit des paysages. Il frĂ©quenta ensuite Kingâs College Ă Londres, dont il sortit diplĂŽmĂ© en 1856. Gilbert avait lâintention de passer les examens pour rentrer dans lâArtillerie royale, mais la guerre de CrimĂ©e sâachevant, les recrutements Ă©taient moins nombreux, et le seul poste disponible aurait Ă©tĂ© au sein dâun rĂ©giment d'infanterie. Ceci Ă©tant, il sâinscrivit au Service civil en tant quâemployĂ© adjoint au Bureau du Conseil privĂ© pendant quatre ans, pĂ©riode quâil dĂ©testa. En 1859, il rejoignit la Milice (en), formation de volontaires Ă temps partiel dont la mission Ă©tait la dĂ©fense du territoire et il y servit jusquâen 1878, tout en ayant dâautres activitĂ©s dont lâĂ©criture, et en sortit avec le grade de capitaine[14]. En 1863, il reçut une donation de 300ÂŁ quâil mit Ă profit pour quitter le Service Civil et entamer une brĂšve carriĂšre dâavocat (il avait dĂ©jĂ intĂ©grĂ© lâHonorable SociĂ©tĂ© de lâInner Temple en tant quâĂ©tudiant), mais son cabinet nâavait pas grand succĂšs avec quelque cinq clients dans lâannĂ©e[15].
Ă partir de 1861 et afin dâamĂ©liorer ses revenus, William S. Gilbert commit nombre dâhistoires, de bandes dessinĂ©es, de caricatures, des critiques de piĂšces de thĂ©Ăątre (dont beaucoup sous forme de parodie)[16], et, sous le pseudonyme de « Bab » (son surnom dâenfance) illustra des poĂšmes pour plusieurs magazines de bandes dessinĂ©es, principalement Fun, lancĂ© en 1861 par H.J. Byron. Il publia des histoires, des articles et des critiques pour des journaux tels que le Cornhill Magazine, la London Society, le Tinsleyâs Magazine et le Temple Bar. Gilbert Ă©tait Ă©galement le correspondant londonien de Lâinvalide Russe et critique de thĂ©Ăątre pour le Illustrated London Times. Dans les annĂ©es 1860, il contribua aux supplĂ©ments de NoĂ«l de Tom Hood, au Saturday Night, au Comic News et au Savage Club Papers. En 1870, le journal The Observer lâenvoya en France en tant que correspondant de la guerre franco-prussienne[12].
Les poĂšmes, illustrĂ©s par William S. Gilbert avec beaucoup dâhumour, eurent un immense succĂšs et furent rĂ©imprimĂ©s sous forme de livre avec le titre « Bab Ballads »[17]. Plus tard, il y puisa souvent lâinspiration pour Ă©crire ses piĂšces et opĂ©ras comiques. Gilbert et ses collĂšgues de Fun, dont Tom Robertson, Tom Hood (en), Clement Scott (en) et F.C. Burnand (en) (qui rejoignit Punch en 1862) frĂ©quentaient le Arundel Club, le Savage Club (en) et Ă©galement le cafĂ© Evans, oĂč ils avaient une table qui Ă©tait en compĂ©tition avec la âTable rondeâ de Punch[18]. AprĂšs avoir eu une relation avec la romanciĂšre Annie Hall Cudlip (en) au milieu des annĂ©es 1860[19], Gilbert Ă©pousa en 1867 Lucy Agnes Turner, de 11 ans sa cadette et quâil surnomma « Kitty ». Au fil des annĂ©es il lui Ă©crivit de nombreuses lettres pleines dâaffection. Gilbert et Lucy avaient une vie sociale trĂšs riche Ă la fois Ă Londres et plus tard Ă Grim's Dyke (en), oĂč ils organisaient des dĂźners ou Ă©taient invitĂ©s chez des amis, Ă lâopposĂ© de ce qui fut dĂ©crit dans des fictions telles que le film Topsy-Turvy. Le couple nâeut pas dâenfant, mais fut entourĂ© de nombreux animaux de compagnie, dont certains plutĂŽt exotiques[20].
PremiĂšres piĂšces
Pendant sa scolaritĂ©, William S. Gilbert Ă©crivit et mit en scĂšne un certain nombre de piĂšces, mais sa premiĂšre production Ă titre professionnel fut Uncle Baby, qui resta Ă lâaffiche pendant sept semaines Ă lâautomne 1863[21].
En 1865-66, William S. Gilbert travaille avec Charles Millward sur plusieurs pantomimes, parmi lesquelles Hush-a-Bye, Baby, On the Tree Top, Harlequin Fortunia, King Frog of Frog Island, the Magic Toys of Lowther Arcade[22]. Le premier succĂšs de Gilbert en solo intervint cependant quelques jours aprĂšs la premiĂšre de Hush-a-Bye. On demanda Ă son ami et mentor, Tom Robertson, dâĂ©crire une pantomime, mais ce dernier ne se sentait pas capable de rendre sa copie dans les quinze jours exigĂ©s et il suggĂ©ra quâon sâadresse Ă Gilbert. Ăcrite et montĂ©e en 10 jours, Dulcamara, or the Little Duck and the Great Quack (en), adaptation burlesque de LâĂlixir dâamour de Gaetano Donizetti, rencontra un grand succĂšs populaire. Ceci marqua le dĂ©but dâune longue sĂ©rie dâopĂ©ras burlesques, de pantomimes et de farces, pleins de jeux de calembours dĂ©calĂ©s (qui Ă©taient de mise Ă lâĂ©poque)[23], voire parfois de passages satiriques qui seront plus tard la marque des Ćuvres de Gilbert[6] - [24], tels que :
« Que les hommes furent un jour des singes â cela jâen conviens,
(tournant son regard vers Lord Margate) Jâen connais un aujourdâhui qui est moins homme que singe ;
Que les singes furent un jour des hommes, des pairs, des hommes dâĂtat, des larbins â
Câest plutĂŽt dur pour ces pauvres singes ! »
Ceci fut suivi par lâavant-dernier opĂ©ra parodique, Robert the Devil (en), adaptation burlesque de lâopĂ©ra de Giacomo Meyerbeer, Robert le Diable, qui fit partie du triple programme dâouverture du ThĂ©Ăątre Gaiety (en) de Londres en 1868. Cette piĂšce constitua le plus grand succĂšs de Gilbert Ă cette date. Elle fut jouĂ©e plus dâune centaine de fois et frĂ©quemment reprise et jouĂ©e sans relĂąche en rĂ©gion pendant les trois annĂ©es suivantes[25].
Dans le thĂ©Ăątre victorien, « [ridiculiser] les beaux thĂšmes classiques⊠était le quotidien du burlesque, et câest ce Ă quoi on sâattendait. »[6] Les comĂ©dies burlesques de Gilbert Ă©taient cependant considĂ©rĂ©es comme ayant un inhabituel bon goĂ»t en comparaison avec ce qui se faisait sur la scĂšne londonienne. Isaac Goldberg (en) Ă©crivit : ces piĂšces « rĂ©vĂšlent comment un auteur peut commencer Ă Ă©crire du burlesque Ă partir de lâopĂ©ra et finir par Ă©crire de lâopĂ©ra Ă partir du burlesque. »[26] Gilbert se dĂ©tacha encore plus du burlesque Ă partir de 1869 en Ă©crivant des piĂšces avec une trame originale et contenant moins de calembours. Sa premiĂšre comĂ©die en prose sâintitula An Old Score (en) (1869)[27]
Théùtre de divertissement de German Reed et autres piÚces du début des années 1870
CHRYSAL: Ce chien est en train de se moquer de moi !
ZORAM: Il mâa insultĂ© ;
(Ă Zoram.)
(Ă Chrysal.)
CHRYSAL: Je vois â câest seulement ce quâil pensait,
GĂLANOR: Que pouvait-il dire ?
CHRYSAL: Evidemment, je comprends Zoram, ta main ! |
â The Palace of Truth (1870) |
Ă lâĂ©poque Ă laquelle Gilbert commença Ă Ă©crire, le thĂ©Ăątre avait acquis une trĂšs mauvaise rĂ©putation. La scĂšne londonienne Ă©tait dominĂ©e par des opĂ©rettes françaises, mal adaptĂ©es et mal traduites et par des opĂ©ras burlesques victoriens (en) libidineux. Jessie Bond (en) dĂ©crivit trĂšs bien la situation en ces termes : « le choix du spectateur se rĂ©duisait Ă des tragĂ©dies guindĂ©es ou Ă des farces vulgaires, et le thĂ©Ăątre Ă©tait devenu un lieu de mauvaise rĂ©putation pour le citoyen britannique exigeant. »[28]
De 1869 Ă 1875, Gilbert rejoignit lâune des principales figures de la rĂ©forme en cours, Thomas German Reed (et sa femme Priscilla Horton, dont la salle, appelĂ©e Gallery of Illustration, avait pour objectif de regagner la respectabilitĂ© perdue du thĂ©Ăątre en offrant Ă Londres des distractions pour la famille[28]. Ils obtinrent un tel succĂšs quâen 1885 Gilbert dĂ©clara que les vraies piĂšces britanniques pouvaient mĂȘme ĂȘtre vues par dâinnocentes adolescentes[29]. Trois mois avant les dĂ©buts du dernier opĂ©ra burlesque de Gilbert (The Pretty Druidess), sa premiĂšre piĂšce pour la Gallery of Illustration, No Cards, fut mise en scĂšne. Gilbert Ă©crivit six piĂšces musicales pour les German Reeds, certaines dont la musique fut Ă©crite par Thomas German Reed lui-mĂȘme[30]
Lâenvironnement intimiste du thĂ©Ăątre de German Reed permit rapidement Ă William S. Gilbert de dĂ©velopper un style personnel et lui donna une certaine libertĂ© pour contrĂŽler tous les aspects de la mise en scĂšne, incluant les dĂ©cors, les costumes, la mise en scĂšne et la rĂ©gie[27] Ces piĂšces furent trĂšs apprĂ©ciĂ©es du public[31] et le premier vrai succĂšs de Gilbert Ă la Gallery of Illustration, Ages Ago (en), fut lancĂ© en 1869. Ages Ago marqua Ă©galement le dĂ©but dâune collaboration avec Frederic Clay, laquelle dura sept annĂ©es et fut Ă lâorigine de quatre Ćuvres[32] Ce fut lors dâune rĂ©pĂ©tition dâAges Ago que Clay prĂ©senta officiellement Gilbert Ă un de ses amis, Arthur Sullivan[32] - [33]. Les Bab Ballads et les nombreuses piĂšces musicales quâil avait Ă©crites auparavant avaient fait de Gilbert un parolier Ă part entiĂšre mĂȘme avant sa collaboration avec Sullivan.
De nombreux Ă©lĂ©ments des trames des piĂšces pour German Reed (de mĂȘme que de celles de ses premiĂšres piĂšces et des Bab Ballads) furent rĂ©utilisĂ©s ultĂ©rieurement par William S. Gilbert dans les opĂ©ras quâil Ă©crivit avec Sullivan. Parmi ces Ă©lĂ©ments, on peut citer des peintures qui sâaniment (dans Ages Ago et rĂ©utilisĂ©es dans Ruddigore), une nourrice sourde prenant par erreur le fils dâun homme respectable pour un « pirate » au lieu dâun « pilote » (Our Island Home (en), 1870, rĂ©utilisĂ© dans The Pirates of Penzance), et une femme dâĂąge mĂ»r Ă©nergique qui est « quelquâun que lâon apprend Ă aimer » (Eyes and No Eyes (en), 1875, rĂ©utilisĂ© dans The Mikado)[34]. Pendant cette pĂ©riode, Gilbert peaufina le style « topsy-turvy » quâil avait dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© dans ses Bab Ballads et oĂč lâhumour trouvait son origine dans lâĂ©laboration dâune situation initiale ridicule et du dĂ©veloppement logique des consĂ©quences, toutes absurdes quâelles soient[35]. Mike Leigh dĂ©crit ainsi le style « gilbertien » : « Avec une grande aisance et une grande libertĂ©, [Gilbert] nous prend constamment par surprise. Tout dâabord, dans le dĂ©roulement du scĂ©nario, il fait apparaĂźtre des situations bizarres et bouleverse notre univers. Ainsi le Juge Erudit Ă©pouse la Plaignante, les soldats se mĂ©tamorphosent en esthĂštes et ainsi de suite, et dans presque chaque opĂ©ra la situation se trouve rĂ©tablie grĂące Ă une habile modification des rĂšgles du jeu⊠Son gĂ©nie rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă mĂ©langer ce qui sâoppose grĂące Ă un imperceptible tout de passe-passe, le surrĂ©aliste avec le rĂ©el, la caricature avec le naturel. En dâautres termes, il est capable de nous raconter une histoire complĂštement aberrante avec le plus grand sĂ©rieux qui soit. »[36].
En parallĂšle, William S. Gilbert crĂ©a plusieurs « comĂ©dies enchantĂ©es » au Theatre Royal Haymarket. Cette sĂ©rie de piĂšces Ă©tait basĂ©e sur lâidĂ©e dâautorĂ©vĂ©lation de personnages sous lâinfluence de quelque phĂ©nomĂšne magique ou surnaturel[37]. La premiĂšre, The Palace of Truth (en) (1870, fut en partie basĂ©e sur une histoire de madame de Genlis. En 1871, Gilbert obtint son plus grand succĂšs avec Pygmalion and Galatea (en), lâune des sept piĂšces quâil Ă©crivit cette annĂ©e-lĂ . Ces piĂšces, ainsi que celles quâil Ă©crivit par la suite telles que The Wicked World (en) (1873), Sweethearts (en) (1874) et Broken Hearts (en) (1875), eurent pour Gilbert le mĂȘme impact dans le monde de la musique que les piĂšces pour German Reed avaient eu dans le domaine thĂ©Ăątral : cela Ă©tablit le fait que ses capacitĂ©s sâĂ©tendaient bien au-delĂ du burlesque, lui valut une reconnaissance de ses talents artistiques et fournit la dĂ©monstration quâil Ă©tait un Ă©crivain au rĂ©pertoire trĂšs variĂ©, aussi Ă lâaise avec les drames humains quâavec lâhumour grotesque. Le succĂšs de ces piĂšces, en particulier Pygmalion and Galatea, valut Ă Gilbert un prestige qui se rĂ©vĂ©la essentiel dans sa future collaboration avec un musicien aussi respectĂ© que Sullivan[38].
Bien que passĂ©es de mode, ces Ćuvres illustrent bien la volontĂ© de William S. Gilbert de proposer Ă des spectateurs respectables et Ă©duquĂ©s des comĂ©dies plus raffinĂ©es et de meilleur goĂ»t que les farces et piĂšces burlesques alors jouĂ©es Ă Londres[27]. Durant la mĂȘme pĂ©riode cependant, Gilbert repoussa les limites de ce qui Ă©tait faisable en matiĂšre de satire au thĂ©Ăątre. Il travailla avec Gilbert Arthur Ă Beckett sur The Happy Land (en) (1873), satire politique (en partie parodie de sa propre piĂšce The Wicked World) qui fut interdite pendant une courte pĂ©riode en raison de sa caricature peu flatteuse de Gladstone et de ses ministres[27]. De mĂȘme, la piĂšce The Realm of Joy (en) (1873) se dĂ©roulait dans le foyer dâun thĂ©Ăątre oĂč se jouait une piĂšce Ă scandale (censĂ©e ĂȘtre Le Pays du Bonheur), intĂ©grant de nombreuses plaisanteries au sujet du Lord Chamberlain (prĂ©sentĂ© comme « Le Lord au Fort Pouvoir DĂ©sinfectant »)[39]. Par contre, dans Charity (en) (1874), Gilbert utilise la libertĂ© dâexpression de la scĂšne dans un autre but : il propose une critique directe des approches contrastĂ©es de la façon dont la sociĂ©tĂ© victorienne considĂ©rait les hommes et les femmes qui avaient des relations sexuelles hors du mariage, anticipant ainsi les « piĂšces Ă problĂšme » de Shaw et Ibsen[40].
William S. Gilbert metteur en scĂšne
"Il est absolument essentiel pour le succĂšs de cette piĂšce quâelle soit jouĂ©e de bout en bout avec un parfait sĂ©rieux. Il ne doit y avoir aucune exagĂ©ration dans les costumes, les maquillages ou les attitudes et chacun des personnages doit exprimer une parfaite sincĂ©ritĂ© dans ses propos et ses actions. Les acteurs doivent montrer sans ambiguĂŻtĂ© quâils sont conscients de lâabsurditĂ© de leurs paroles." |
â PrĂ©face de Engaged (en) |
DĂ©sormais reconnu, Gilbert commença Ă mettre en scĂšne ses propres piĂšces et opĂ©ras et il avait une idĂ©e bien prĂ©cise sur la façon dont elles devaient ĂȘtre jouĂ©es41. Il fut fortement influencĂ© par les innovations en matiĂšre de « scĂ©nographie », dĂ©sormais connue sous le nom de mise en scĂšne, initiĂ©es par des auteurs tels que James PlanchĂ© ou plus particuliĂšrement Tom Robertson28. Gilbert assistait aux rĂ©pĂ©titions de Robertson pour apprendre directement de ce metteur en scĂšne dâexpĂ©rience, et il commença Ă sâen inspirer dans certaines de ses premiĂšres piĂšces27. Ce quâil recherchait, câĂ©tait le rĂ©alisme dans le jeu des acteurs, les dĂ©cors, les costumes et le mouvement, si ce nâĂ©tait dans le contenu de ses piĂšces (bien quâil Ă©crivit une comĂ©die romantique dans un style « naturel », Sweethearts, en hommage Ă Robertson), il Ă©vitait lâinteraction embarrassante avec le public et insistait sur un style de reprĂ©sentation dans lequel les personnages nâĂ©taient jamais conscients de leur propre absurditĂ©, mais Ă©taient des personnes intĂ©rieurement entiĂšres et cohĂ©rentes.
Dans Rosencrantz and Guildenstern, piĂšce burlesque que Gilbert Ă©crivit en 1874, le personnage Hamlet, en sâadressant aux joueurs, rĂ©sume la thĂ©orie du jeu comique de Gilbert : « Je suis persuadĂ© quâil nâexiste pas de vieux camarade tel que votre hĂ©ros ampoulĂ© qui met en avant sa bĂȘtise le plus sĂ©rieusement du monde et fait croire Ă ceux qui lâĂ©coutent quâil est inconscient de toute incongruitĂ© ». Avec une telle approche, Gilbert ouvrit la voie de la popularitĂ© sur la scĂšne anglaise Ă des auteurs tels que George Bernard Shaw et Oscar Wilde27.
Robertson « introduisit William S. Gilbert Ă la fois Ă la notion rĂ©volutionnaire de discipline dans les rĂ©pĂ©titions et Ă la nĂ©cessitĂ© de la mise en scĂšne ou de lâunitĂ© de style sur lâensemble de la piĂšce â mise en scĂšne, design, musique et jeu des acteurs. »36 Tout comme Robertson, Gilbert exigeait de la discipline chez ses acteurs. Il insistait pour que ceux-ci connaissent leurs textes parfaitement, quâils aient une prononciation impeccable et quâils suivent ses instructions avec rigueur, toutes choses tout Ă fait nouvelles pour beaucoup dâacteurs Ă lâĂ©poque. Lâune des principales innovations fut lâabandon de lâacteur vedette au profit dâun ensemble disciplinĂ©, « Ă©levant le metteur en scĂšne Ă une nouvelle position de domination » dans le thĂ©Ăątre. « Que Gilbert ait Ă©tĂ© un bon metteur en scĂšne ne fait aucun doute. Il Ă©tait capable dâobtenir de ses acteurs un jeu naturel et limpide, ce qui rĂ©pondait parfaitement aux exigences gilbertiennes de produire lâoutrancier sans artifice. »
William S. Gilbert assurait la prĂ©paration de chaque nouvelle piĂšce avec minutie, rĂ©alisant des maquettes de la scĂšne, des acteurs et des dĂ©cors et anticipant chaque action ou mouvement46. Gilbert nâaurait jamais pu travailler avec des acteurs qui auraient remis en cause son autoritĂ©47-48. MĂȘme lorsque les piĂšces Ă©taient jouĂ©es sur de longues pĂ©riodes ou lors de reprises, Gilbert supervisait de prĂšs les reprĂ©sentations, sâassurant que les acteurs nâapportaient pas dâajouts, de coupes ou de paraphrases quâil nâavait pas autorisĂ©es49. Gilbert Ă©tait connu pour montrer lui-mĂȘme ce quâil attendait des acteurs, mĂȘme Ă un Ăąge avancĂ©. Il se produisit lui-mĂȘme sur scĂšne dans un certain nombre de piĂšces, dont plusieurs fois dans le rĂŽle de lâAssociĂ© dans Trial by Jury, en remplacement dâun acteur malade dans Broken Hearts et dans des reprĂ©sentations en matinĂ©e pour des Ćuvres de charitĂ© dans des piĂšces en un acte, par exemple dans le rĂŽle de King Claudius dans Rosencrantz and Guilenstern.
PremiĂšres collaborations parmi dâautres piĂšces
En 1871, John Hollingshead demanda Ă William S. Gilbert de produire avec Sullivan une piĂšce pour NoĂ«l, Thespis, or The Gods Grown Old, au Gaiety Theatre. Le succĂšs de Thespis dĂ©passa celui de cinq des sept piĂšces en concurrence pour la saison de NoĂ«l 1871 et elle resta Ă lâaffiche plus longtemps quâil nâĂ©tait dâhabitude au Gaiety Theatre52. Rien dâautre de particulier ne se passa Ă ce moment et Gilbert et Sullivan reprirent chacun son chemin. Gilbert travailla Ă nouveau avec Clay sur Happy Arcadia (1872), et avec Alfred Cellier sur Topsyturveydom (1874) et Ă©crivit plusieurs farces, livrets dâopĂ©rettes, spectacles excentriques, comĂ©dies fantastiques, adaptations de romans, traductions Ă partir du français ainsi que les piĂšces dramatiques citĂ©es prĂ©cĂ©demment. En 1874, il publia Ă©galement sa derniĂšre contribution au magazine Fun (« Rosencrantz and Guildenstern ») aprĂšs trois ans dâabsence, puis dĂ©missionna en raison de son dĂ©saccord avec les autres intĂ©rĂȘts Ă©ditoriaux des nouveaux propriĂ©taires.
Ce nâest quâaprĂšs environ quatre annĂ©es aprĂšs la production de Thespis que les deux hommes se retrouvĂšrent. En 1868, Gilbert avait Ă©crit lâĂ©bauche du livret dâune courte comĂ©die pour le magazine Fun « Trial by Jury : Une OpĂ©rette ». En 1873, Gilbert entreprit avec le gestionnaire de thĂ©Ăątre et compositeur, Carl Rosa, de transformer la piĂšce en un livret en un acte, dans laquelle la femme de Rosa devait chanter dans le rĂŽle de la plaignante. Malheureusement, la femme de Rosa dĂ©cĂ©da en accouchant en 1874. Plus tard dans lâannĂ©e, Gilbert proposa le livret Ă Richard DâOyly Carte, mais Carte nâavait aucune place pour la piĂšce. Au dĂ©but de lâannĂ©e 1875, Carte dirigeait le Royalty Theatre et recherchait un opĂ©ra court destinĂ© Ă ĂȘtre jouĂ© Ă la suite de la piĂšce dâOffenbach, La PĂ©richole. Il prit contact avec Gilbert, lui demanda ce quâil en Ă©tait de la piĂšce et suggĂ©ra que Sullivan soit associĂ©. Sullivan fut enchantĂ© et Trial by Jury fut Ă©crit en quelques semaines. Cette petite piĂšce eut un Ă©norme succĂšs, resta Ă lâaffiche plus longtemps que La PĂ©richole et rebondit dans un autre thĂ©Ăątre.
William S. Gilbert continua dâĆuvrer pour obtenir respect au sein de la profession et respectabilitĂ© Ă lâextĂ©rieur pour sa profession. Lâun des Ă©lĂ©ments susceptible dâavoir freinĂ© la respectabilitĂ© des auteurs fut le fait que les piĂšces nâĂ©taient pas publiĂ©es sous une forme digne de la bibliothĂšque dâun gentleman, car, Ă lâĂ©poque, lâĂ©dition Ă©tait gĂ©nĂ©ralement peu soignĂ©e et plus destinĂ©e aux acteurs quâau lecteur habituel. Pour y remĂ©dier, du moins en ce qui le concernait, Gilbert fit imprimer fin 1875 par la maison dâĂ©dition Chatto and Windus une Ă©dition de ses Ćuvres sous une forme acceptable par les lecteurs, avec une couverture attractive et une police bien lisible, contenant la plupart de ses Ćuvres respectables, dont les plus sĂ©rieuses, mais en y mettant malicieusement en avant Trial by Jury.
AprĂšs le succĂšs de Trial by Jury, il fut question de relancer Thespis, mais Gilbert et Sullivan ne purent trouver dâaccord avec Carte et ses commanditaires. La partition de Thespis ne fut jamais publiĂ©e et la plupart de la musique a Ă©tĂ© perdue. Carte mit du temps pour assurer le financement dâun autre opĂ©ra de Gilbert et Sullivan, pĂ©riode pendant laquelle Gilbert Ă©crivit plusieurs piĂšces, dont Tom Coob (1875), Eyes and No Eyes (1875, sa derniĂšre piĂšce pour German Reed) et Princess Toto (1876), sa derniĂšre Ćuvre avec Clay et la plus ambitieuse, sous la forme dâun opĂ©ra en trois actes avec orchestre au complet, contrairement aux Ćuvres Ă©crites prĂ©cĂ©demment, plus courtes et avec un accompagnement plus rĂ©duit. Pendant cette pĂ©riode, Gilbert Ă©crivit Ă©galement deux Ćuvres sĂ©rieuses, Broken Hearts (1875) et Danâl Druce, Blacksmith (1876).
Câest Ă©galement Ă cette Ă©poque que Gilbert Ă©crivit sa piĂšce comique qui eut le plus grand succĂšs, Engaged (1877), qui inspira L'Importance d'ĂȘtre Constant Ă Oscar Wilde. Engaged est la parodie dâun drame romantique Ă©crite dans le style satirique « topsy-turvy » des Bab Ballads et Savoy Operas, dans lequel un personnage offre son amour, dans un langage hautement poĂ©tique et romantique, Ă chacune des femmes de la piĂšce, les « innocents » paysans Ă©cossais y gagnant leur vie en faisant dĂ©railler les trains et en faisant payer les voyageurs pour leurs services, et, dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, lâamour Ă©tant joyeusement mis Ă mal au profit de lâappĂąt du gain. Engaged est toujours jouĂ©e de nos jours par des compagnies professionnelles et amateur.
Grandes années de collaboration
Carte finit par rĂ©unir un consortium en 1877 et forma la Comedy Opera Company dans le but de mettre sur pied une sĂ©rie dâopĂ©ras comiques de facture typiquement anglaise, au travers dâune troisiĂšme collaboration entre Gilbert et Sullivan, The Sorcerer, en . Le succĂšs fut modeste, puis vint H.M.S. Pinafore en . En dĂ©pit dâun dĂ©marrage plutĂŽt timide, en raison dâun Ă©tĂ© caniculaire, Pinafore Ă©tait dĂšs lâautomne plĂ©biscitĂ© comme jamais. AprĂšs un diffĂ©rend avec Carte quant Ă la rĂ©partition des bĂ©nĂ©fices, les autres partenaires de la Comedy Opera Company firent appel un soir Ă des voyous pour prendre dâassaut le thĂ©Ăątre et voler dĂ©cors et costumes, dans lâidĂ©e de monter une reprĂ©sentation concurrente. La tentative fut repoussĂ©e par les machinistes et dâautres personnels du thĂ©Ăątre fidĂšles Ă Carte et ce dernier poursuivit ses activitĂ©s en tant que seul impresario dâune nouvelle entitĂ© baptisĂ©e DâOyly Carte Opera Company. De fait, Pinafore connut un tel succĂšs que plus dâune centaine de productions illĂ©gales virent le jour rien quâaux Ătats-Unis. Gilbert, Sullivan et Carte tentĂšrent en vain pendant de nombreuses annĂ©es de faire valoir leurs droits dâauteur sur les reprĂ©sentations amĂ©ricaines.
Pendant la dĂ©cennie qui suivit, les Savoy operas (câest ainsi quâils furent connus reprenant le nom du thĂ©Ăątre que Carte construisit plus tard pour les hĂ©berger) constituĂšrent la principale activitĂ© de Gilbert. La production avec Sullivan de ces opĂ©ras comiques Ă succĂšs se poursuivit sur un rythme annuel ou bisannuel et certains figurent parmi les productions ayant eu jusquâĂ cette Ă©poque la plus grande longĂ©vitĂ© dans lâhistoire de la scĂšne musicale. AprĂšs Pinafore vinrent The Pirates of Penzance (1879), Patience (1881), Iolanthe (1882), Princess Ida (1884, basĂ©e sur une ancienne farce de Gilbert, The Princess), The Mikado (1885), Ruddigore (1887), The Yeomen of the Guard (1888), et The Gondoliers (1889). Non seulement Gilbert mit en scĂšne et supervisa tous les aspects de la production de ces piĂšces, mais il dessina lui-mĂȘme les costumes de Patience, Iolanthe, Princess Ida et Ruddigore. Il insista pour avoir des dĂ©cors et des costumes bien prĂ©cis, afin de bien marquer et renforcer lâaspect absurde des personnages et des situations.
Filmographie
Adaptation moderne
Il s'agit des piÚces de l'auteur adaptées au cinéma ou à la TV.
- 1906 : Here's a How-D'Ye-Do
- 1938 : Rosencrantz and Guildenstern (TV)
- 1939 : The Pirates of Penzance (TV)
- 1939 : H.M.S. Pinafore (TV)
- 1954 : The Mikado (TV)
- 1981 : H.M.S. Pinafore (TV)
- 1982 : Trial by Jury at the Proms (TV)
- 1983 : The Pirates of Penzance
- 1994 : The Pirates of Penzance (TV)
- 1997 : Oscar Wilde (Wilde)
- 2001 : The Mikado (TV)
- 2002 : The Pirates of Penzance (vidéo)
- 2004 : Ruddigore (vidéo)
- 2004 : The Gondoliers (vidéo)
comme compositeur
- 1906 : Here's a How-D'Ye-Do.
Adaptation de sa biographie au cinéma
- 1953 : Gilbert et Sullivan (The Story of Gilbert and Sullivan) de Sidney Gilliat.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « W.S. Gilbert » (voir la liste des auteurs).
- Gilbert se prononce Guilbert avec un g dur
- Kenrick, John. G&S Story: Part III, consulté le 13 octobre 2006; et Powell, Jim. William S. Gilbert's Wicked Wit for Liberty consulté le 13 octobre 2006.
- Lawrence, Arthur H. "An illustrated interview with Sir Arthur Sullivan" Part 3, from The Strand Magazine, vol. xiv, n°.84 (décembre 1897)
- The last phrase is a satiric take on Cicero's De Legibus, 106 B.C. See Green, Edward. "Ballads, songs and speeches", BBC, 20 septembre 2004, accessed 16 October 2006.
- Feingold, Michael, "Engaging the Past", The Village Voice, 4 May 2004
- The Cambridge History of English and American Literature, volume XIII, chapitre VIII, section 15 (1907â21)
- Gilbert, W. S. Foggerty's Fairy and Other Tales (1890), pp. 158â59.
- How, Harry, Interview of W. S. Gilbert
- Pearson, pp. 16â17
- Ainger, family tree and pp. 15â19
- Eden, David. Gilbert: Appearance and Reality, p. 44, Sir Arthur Sullivan Society (2003)
- Stedman, Jane W. "Gilbert, Sir William Schwenck (1836â1911)", Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, septembre 2004, online edn, mai 2008, consultĂ© le 10 janvier 2010 (subscription required)
- Morrison, Robert, The Controversy Surrounding Gilbert's Last Opera
- Pearson, p. 16. He first joined the 5th West Yorkshire Militia, and later the Royal Aberdeenshire Highlanders. Upon leaving the Militia, Gilbert was given an honorary promotion to Major. Stedman (1996) p. 157 and Ainger, p. 154
- Gilbert, W.S. ed. Peter Haining â Introduction
- Stedman, Jane W. W. S. Gilbert's Theatrical Criticism. Londres, The Society for Theatre Research, 2000. (ISBN 0-85430-068-6)
- Stedman (1996), pp. 26â29. See also the introduction to Gilbert, W.S. (1908), The Bab Ballads, etc., which details the history of the collections it was drawn from.
- Stedman (1996), pp. 16â18. See also Tom Robertson's play Society (en), which fictionalised the evenings in Evans's cafĂ© in one scene.
- Ainger, p. 52
- Ainger, p. 148 et Stedman (1996), pp. 318â20. Voir aussi Bond, Jessie. Reminiscences, Chapter 16 et McIntosh.
- David Eden (in Gilbert and Sullivan: The Creative Conflict 1986) suggests that this play was by, or in collaboration with, Gilbert's father, although Crowther says that Eden gives no foundation for this suggestion. See Crowther, Andrew, The Life of W. S. Gilbert.
- Stedman (1996), pp. 34â35.
- Gilbert, W. S. La VivandiĂšre, or, True to the Corps! (en) (a burlesque of Donizetti's The Daughter of the Regiment (en))
- The full quote refers to Pygmalion and Galatea (en) and reads: "The satire is shrewd, but not profound; the young author is apt to sneer, and he has by no means learned to make the best use of his curiously logical fancy. That he occasionally degrades high and beautiful themes is not surprising. To do so had been the regular proceeding in burlesque, and the age almost expected it; but Gilbert's is not the then usual hearty cockney vulgarity."
- Stedman (1996), p. 62
- Goldberg (1931), p. xvii
- Crowther, Andrew, The Life of W. S. Gilbert. The Gilbert and Sullivan Archive, accessed 1 June 2011
- Bond, Jessie, Reminiscences, introduction. Bond created the mezzo-soprano roles in most of the Gilbert and Sullivan operas, and is here leading in to a description of Gilbert's role reforming the Victorian theatre.
- Gilbert gave a speech in 1885 at a dinner to benefit the Dramatic and Musical Sick Fund, which is reprinted in The Era, 21 February 1885, p. 14, in which he said: "In ... the dress circle on the rare occasion of the first performance of an original English play sits a young lady of fifteen. She is a very charming girlâgentle, modest, sensitiveâcarefully educated and delicately nurtured ... an excellent specimen of a well-bred young English gentlewoman; and it is with reference to its suitability to the eyes and ears of this young lady that the moral fitness of every original English play is gauged on the occasion of its production. It must contain no allusions that cannot be fully and satisfactorily explained to this young lady; it must contain no incident, no dialogue, that can, by any chance, summon a blush to this young lady's innocent face. ... I happen to know that, on no account whatever, would she be permitted to be present at a premiĂšre of M. Victorien Sardou or M. Alexandre Dumas. ... the dramatists of France can only ring out threadbare variations of that dirty old themeâthe cheated husband, the faithless wife, and the triumphant lover."
- "List of Gilbert's Plays at the Gilbert and Sullivan Archive." Diamond.boisestate.edu. 29 April 1008. Retrieved 26 May 2009.
- Stedman (1996), pp. 69â80.
- Crowther, Andrew, Analysis of Ages Ago
- This rehearsal probably was for a 2nd run of Ages Ago in 1870. See Crowther (2011), p. 84
- Smith, J. Donald, W. S. Gilbert's Operas for the German Reeds
- Andrew Crowther's description of Gilbert's style of humour. See also Gilbert's play, Topsyturveydom (en).
- Mike Leigh 2006 interview in "The Guardian". London: Books.guardian.co.uk. 3 novembre 2006. Retrieved 26 May 2009.
- "Miss Anderson as Galatea", The New-York Times, 1883 January 23 32(9791): 5, col. 3 Amusements Downloaded 15 October 2006.
- Wren, Gayden, 2006, A Most Ingenious Paradox: The Art of Gilbert & Sullivan, Oxford University Press, 2006, p. 13. (ISBN 0-19-514514-3).
- Crowther, Andrew, Synopsis of The Realm of Joy and Terence Rees' introduction to Gilbert, W. S., The Realm of Joy
- Crowther, Andrew, Synopsis of Charity
Liens externes
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