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William S. Gilbert

Sir William Schwenck Gilbert[1] (né le à Londres et mort le ) est un dramaturge, librettiste, poÚte et illustrateur britannique, principalement connu pour ses quatorze opéras-comiques (surnommés les Savoy opera (en)) produits en collaboration avec le compositeur Sir Arthur Sullivan.

William S. Gilbert
William S. Gilbert vers 1890.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  74 ans)
Grim's Dyke (en)
SĂ©pulture
Nom de naissance
William Schwenck Gilbert
Nationalité
Formation
King's College de Londres
Great Ealing School (en)
Activités
PĂšre
William Gilbert (en)
MĂšre
Anne Mary Bye Morris (d)
Conjoint
Lucy Agnes Turner (d) (Ă  partir de )
Autres informations
Membre de
Partenaires
Distinction
signature de William S. Gilbert
Signature
Vue de la sépulture.

Parmi les plus cĂ©lĂšbres : H.M.S. Pinafore, The Pirates of Penzance et l’une des Ɠuvres les plus jouĂ©es dans l’histoire du thĂ©Ăątre musical, The Mikado[2]. Ces Ɠuvres, ainsi que d’autres Savoy operas, sont toujours rĂ©guliĂšrement reprises dans le monde anglophone et au-delĂ  par des compagnies d’opĂ©ras, des troupes de rĂ©pertoire, des Ă©coles et des troupes de thĂ©Ăątre amateur. Certaines expressions sont passĂ©es dans le langage quotidien, telles que « short, sharp shock (en)» « un coup bref et tranchant Â», « What, never? Well, hardly ever! Â» “Quoi, jamais ? Disons, presque jamais !”[3] ou « Let the punishment fit the crime Â».” Que le chĂątiment soit Ă  la hauteur du crime”[4].

William S. Gilbert Ă©crivit Ă©galement les Bab Ballads (en), important recueil de vers Ă  vocation humoristique accompagnĂ©s de ses propres dessins et caricatures. Sa production pleine de crĂ©ativitĂ© comporta plus de 75 piĂšces et livrets, de nombreux rĂ©cits et histoires, des poĂšmes, des paroles de chansons et diverses piĂšces comiques et sĂ©rieuses. Ses piĂšces et son style rĂ©aliste de mise en scĂšne ont inspirĂ© d’autres dramaturges, tels que Oscar Wilde et George Bernard Shaw[5]. Selon l’Histoire de la LittĂ©rature Anglaise et AmĂ©ricaine de Cambridge (en), « son aisance lyrique et sa maĂźtrise de la mĂ©trique ont amenĂ© la qualitĂ© poĂ©tique de l’opĂ©ra comique Ă  un niveau jamais atteint auparavant ni depuis »[6].

Biographie

DĂ©buts

"Le juge ne venait-il pas de prononcer son jugement que la pauvre femme se baissa et, retirant l’une de ses lourdes chaussures, me la jeta au travers de la figure, me complimentant ainsi pour mon Ă©loquence Ă  tenter de la dĂ©fendre, accompagnant son geste d’un torrent d’injures Ă  propos de mes compĂ©tences juridiques et de ma ligne de dĂ©fense."
— My Maiden Brief[7]

(Gilbert rapporta cet incident comme autobiographique)[8]

William S. Gilbert naquit au 17 Southampton Street (en), le Strand Ă  Londres. Son pĂšre, Ă©galement prĂ©nommĂ© William (en), fut chirurgien de la marine pendant une courte pĂ©riode, avant de se lancer dans l’écriture de romans et de nouvelles, dont certains furent illustrĂ©s par son fils. La mĂšre de Gilbert Ă©tait Anne Mary Bye Morris (1812-1888), fille de l’apothicaire Thomas Morris.[9] Les parents de Gilbert Ă©taient distants et austĂšres et il n’avait de relation particuliĂšrement Ă©troite avec ni l’un ni l’autre. Les disputes entre ses parents se multipliaient et, Ă  la suite de la rupture de leur mariage en 1876, sa relation avec ses parents, et en particulier avec sa mĂšre, devint encore plus tendue[9]. Gilbert avait trois sƓurs cadettes, dont deux Ă©taient nĂ©es hors d’Angleterre en raison des frĂ©quents dĂ©placements de la famille : Jane Morris (nĂ©e en 1838 Ă  Milan - Italie, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1906), qui Ă©pousa Alfred Weigall, peintre miniaturiste, Anne Maude (1845-1932) et Mary Florence (nĂ©e Ă  Boulogne – France - en 1911), aucune de ces deux derniĂšres ne se maria[10] - [11]. BĂ©bĂ©, Gilbert avait le surnom de « Bab Â», puis celui de « Schwenck Â» en lien avec les parrain et marraine de son pĂšre[12].

Dans son enfance, William S. Gilbert voyagea en Italie en 1838 et sĂ©journa en France pendant deux ans avec ses parents, avant qu’ils ne finissent par s’établir Ă  Londres en 1847. Il frĂ©quenta l’école Ă  Boulogne (France) Ă  partir de l’ñge de sept ans (plus tard il Ă©crivit son journal intime en français afin que les serviteurs ne puissent le lire)[13], puis la Western Grammar School de Brompton Ă  Londres et enfin la Great Ealing School (en), oĂč il devint reprĂ©sentant des Ă©lĂšves. Il y Ă©crivit des piĂšces pour l’école et peignit des paysages. Il frĂ©quenta ensuite King’s College Ă  Londres, dont il sortit diplĂŽmĂ© en 1856. Gilbert avait l’intention de passer les examens pour rentrer dans l’Artillerie royale, mais la guerre de CrimĂ©e s’achevant, les recrutements Ă©taient moins nombreux, et le seul poste disponible aurait Ă©tĂ© au sein d’un rĂ©giment d'infanterie. Ceci Ă©tant, il s’inscrivit au Service civil en tant qu’employĂ© adjoint au Bureau du Conseil privĂ© pendant quatre ans, pĂ©riode qu’il dĂ©testa. En 1859, il rejoignit la Milice (en), formation de volontaires Ă  temps partiel dont la mission Ă©tait la dĂ©fense du territoire et il y servit jusqu’en 1878, tout en ayant d’autres activitĂ©s dont l’écriture, et en sortit avec le grade de capitaine[14]. En 1863, il reçut une donation de 300ÂŁ qu’il mit Ă  profit pour quitter le Service Civil et entamer une brĂšve carriĂšre d’avocat (il avait dĂ©jĂ  intĂ©grĂ© l’Honorable SociĂ©tĂ© de l’Inner Temple en tant qu’étudiant), mais son cabinet n’avait pas grand succĂšs avec quelque cinq clients dans l’annĂ©e[15].

À partir de 1861 et afin d’amĂ©liorer ses revenus, William S. Gilbert commit nombre d’histoires, de bandes dessinĂ©es, de caricatures, des critiques de piĂšces de thĂ©Ăątre (dont beaucoup sous forme de parodie)[16], et, sous le pseudonyme de « Bab Â» (son surnom d’enfance) illustra des poĂšmes pour plusieurs magazines de bandes dessinĂ©es, principalement Fun, lancĂ© en 1861 par H.J. Byron. Il publia des histoires, des articles et des critiques pour des journaux tels que le Cornhill Magazine, la London Society, le Tinsley’s Magazine et le Temple Bar. Gilbert Ă©tait Ă©galement le correspondant londonien de L’invalide Russe et critique de thĂ©Ăątre pour le Illustrated London Times. Dans les annĂ©es 1860, il contribua aux supplĂ©ments de NoĂ«l de Tom Hood, au Saturday Night, au Comic News et au Savage Club Papers. En 1870, le journal The Observer l’envoya en France en tant que correspondant de la guerre franco-prussienne[12].

Les poĂšmes, illustrĂ©s par William S. Gilbert avec beaucoup d’humour, eurent un immense succĂšs et furent rĂ©imprimĂ©s sous forme de livre avec le titre « Bab Ballads Â»[17]. Plus tard, il y puisa souvent l’inspiration pour Ă©crire ses piĂšces et opĂ©ras comiques. Gilbert et ses collĂšgues de Fun, dont Tom Robertson, Tom Hood (en), Clement Scott (en) et F.C. Burnand (en) (qui rejoignit Punch en 1862) frĂ©quentaient le Arundel Club, le Savage Club (en) et Ă©galement le cafĂ© Evans, oĂč ils avaient une table qui Ă©tait en compĂ©tition avec la ‘Table ronde’ de Punch[18]. AprĂšs avoir eu une relation avec la romanciĂšre Annie Hall Cudlip (en) au milieu des annĂ©es 1860[19], Gilbert Ă©pousa en 1867 Lucy Agnes Turner, de 11 ans sa cadette et qu’il surnomma « Kitty Â». Au fil des annĂ©es il lui Ă©crivit de nombreuses lettres pleines d’affection. Gilbert et Lucy avaient une vie sociale trĂšs riche Ă  la fois Ă  Londres et plus tard Ă  Grim's Dyke (en), oĂč ils organisaient des dĂźners ou Ă©taient invitĂ©s chez des amis, Ă  l’opposĂ© de ce qui fut dĂ©crit dans des fictions telles que le film Topsy-Turvy. Le couple n’eut pas d’enfant, mais fut entourĂ© de nombreux animaux de compagnie, dont certains plutĂŽt exotiques[20].

PremiĂšres piĂšces

Pendant sa scolaritĂ©, William S. Gilbert Ă©crivit et mit en scĂšne un certain nombre de piĂšces, mais sa premiĂšre production Ă  titre professionnel fut Uncle Baby, qui resta Ă  l’affiche pendant sept semaines Ă  l’automne 1863[21].

En 1865-66, William S. Gilbert travaille avec Charles Millward sur plusieurs pantomimes, parmi lesquelles Hush-a-Bye, Baby, On the Tree Top, Harlequin Fortunia, King Frog of Frog Island, the Magic Toys of Lowther Arcade[22]. Le premier succĂšs de Gilbert en solo intervint cependant quelques jours aprĂšs la premiĂšre de Hush-a-Bye. On demanda Ă  son ami et mentor, Tom Robertson, d’écrire une pantomime, mais ce dernier ne se sentait pas capable de rendre sa copie dans les quinze jours exigĂ©s et il suggĂ©ra qu’on s’adresse Ă  Gilbert. Écrite et montĂ©e en 10 jours, Dulcamara, or the Little Duck and the Great Quack (en), adaptation burlesque de L’Élixir d’amour de Gaetano Donizetti, rencontra un grand succĂšs populaire. Ceci marqua le dĂ©but d’une longue sĂ©rie d’opĂ©ras burlesques, de pantomimes et de farces, pleins de jeux de calembours dĂ©calĂ©s (qui Ă©taient de mise Ă  l’époque)[23], voire parfois de passages satiriques qui seront plus tard la marque des Ɠuvres de Gilbert[6] - [24], tels que :

« Que les hommes furent un jour des singes – cela j’en conviens,
(tournant son regard vers Lord Margate) J’en connais un aujourd’hui qui est moins homme que singe ;
Que les singes furent un jour des hommes, des pairs, des hommes d’État, des larbins –
C’est plutĂŽt dur pour ces pauvres singes ! »

[23]

Ceci fut suivi par l’avant-dernier opĂ©ra parodique, Robert the Devil (en), adaptation burlesque de l’opĂ©ra de Giacomo Meyerbeer, Robert le Diable, qui fit partie du triple programme d’ouverture du ThĂ©Ăątre Gaiety (en) de Londres en 1868. Cette piĂšce constitua le plus grand succĂšs de Gilbert Ă  cette date. Elle fut jouĂ©e plus d’une centaine de fois et frĂ©quemment reprise et jouĂ©e sans relĂąche en rĂ©gion pendant les trois annĂ©es suivantes[25].

Dans le thĂ©Ăątre victorien, « [ridiculiser] les beaux thĂšmes classiques
 Ă©tait le quotidien du burlesque, et c’est ce Ă  quoi on s’attendait. Â»[6] Les comĂ©dies burlesques de Gilbert Ă©taient cependant considĂ©rĂ©es comme ayant un inhabituel bon goĂ»t en comparaison avec ce qui se faisait sur la scĂšne londonienne. Isaac Goldberg (en) Ă©crivit : ces piĂšces « rĂ©vĂšlent comment un auteur peut commencer Ă  Ă©crire du burlesque Ă  partir de l’opĂ©ra et finir par Ă©crire de l’opĂ©ra Ă  partir du burlesque. Â»[26] Gilbert se dĂ©tacha encore plus du burlesque Ă  partir de 1869 en Ă©crivant des piĂšces avec une trame originale et contenant moins de calembours. Sa premiĂšre comĂ©die en prose s’intitula An Old Score (en) (1869)[27]

Théùtre de divertissement de German Reed et autres piÚces du début des années 1870

CHRYSAL: Ce chien est en train de se moquer de moi !

ZORAM: Il m’a insultĂ© ;
BOTH: Notre honneur doit ĂȘtre sauvegardĂ© !
(Ils croisent le fer.)
GÉLANOR: Non, non—

Regardez-moi. DerriĂšre ces murs de cristal
Une influence étrange et mystérieuse doit prévaloir :
Tous les hommes sont censés parler vrai !
Et cela sans ĂȘtre soupçonnĂ©s.

(Á Zoram.)

Quand Chrysal a prononcĂ© ces mots qui t’ont agacĂ©
Il ne les pensait pas. Il pensait ainsi
Te faire un compliment.

(Á Chrysal.)

Quand Zoram a dit qu’il te considĂ©rait
Comme un fieffé menteur, avare, pauvre type, borné,
EgoĂŻste, sale, cruel, tyrannique,
C’est ce qu’il pensait - pas ce qu’il aurait dit !

CHRYSAL: Je vois – c’est seulement ce qu’il pensait,

Ça fait toute la diffĂ©rence.

GÉLANOR: Que pouvait-il dire ?

Il n’avait pas le choix, vous savez, que de dire la vĂ©ritĂ©.

CHRYSAL: Evidemment, je comprends Zoram, ta main !
ZORAM: Avec plaisir. (Serrant la main de Chrysal.)

— The Palace of Truth (1870)
William Hunter Kendal et Madge Kendal dans la premiĂšre de The Palace of Truth de William S. Gilbert en 1870.

À l’époque Ă  laquelle Gilbert commença Ă  Ă©crire, le thĂ©Ăątre avait acquis une trĂšs mauvaise rĂ©putation. La scĂšne londonienne Ă©tait dominĂ©e par des opĂ©rettes françaises, mal adaptĂ©es et mal traduites et par des opĂ©ras burlesques victoriens (en) libidineux. Jessie Bond (en) dĂ©crivit trĂšs bien la situation en ces termes : Â« le choix du spectateur se rĂ©duisait Ă  des tragĂ©dies guindĂ©es ou Ă  des farces vulgaires, et le thĂ©Ăątre Ă©tait devenu un lieu de mauvaise rĂ©putation pour le citoyen britannique exigeant. Â»[28]

De 1869 Ă  1875, Gilbert rejoignit l’une des principales figures de la rĂ©forme en cours, Thomas German Reed (et sa femme Priscilla Horton, dont la salle, appelĂ©e Gallery of Illustration, avait pour objectif de regagner la respectabilitĂ© perdue du thĂ©Ăątre en offrant Ă  Londres des distractions pour la famille[28]. Ils obtinrent un tel succĂšs qu’en 1885 Gilbert dĂ©clara que les vraies piĂšces britanniques pouvaient mĂȘme ĂȘtre vues par d’innocentes adolescentes[29]. Trois mois avant les dĂ©buts du dernier opĂ©ra burlesque de Gilbert (The Pretty Druidess), sa premiĂšre piĂšce pour la Gallery of Illustration, No Cards, fut mise en scĂšne. Gilbert Ă©crivit six piĂšces musicales pour les German Reeds, certaines dont la musique fut Ă©crite par Thomas German Reed lui-mĂȘme[30]

L’environnement intimiste du thĂ©Ăątre de German Reed permit rapidement Ă  William S. Gilbert de dĂ©velopper un style personnel et lui donna une certaine libertĂ© pour contrĂŽler tous les aspects de la mise en scĂšne, incluant les dĂ©cors, les costumes, la mise en scĂšne et la rĂ©gie[27] Ces piĂšces furent trĂšs apprĂ©ciĂ©es du public[31] et le premier vrai succĂšs de Gilbert Ă  la Gallery of Illustration, Ages Ago (en), fut lancĂ© en 1869. Ages Ago marqua Ă©galement le dĂ©but d’une collaboration avec Frederic Clay, laquelle dura sept annĂ©es et fut Ă  l’origine de quatre Ɠuvres[32] Ce fut lors d’une rĂ©pĂ©tition d’Ages Ago que Clay prĂ©senta officiellement Gilbert Ă  un de ses amis, Arthur Sullivan[32] - [33]. Les Bab Ballads et les nombreuses piĂšces musicales qu’il avait Ă©crites auparavant avaient fait de Gilbert un parolier Ă  part entiĂšre mĂȘme avant sa collaboration avec Sullivan.

De nombreux Ă©lĂ©ments des trames des piĂšces pour German Reed (de mĂȘme que de celles de ses premiĂšres piĂšces et des Bab Ballads) furent rĂ©utilisĂ©s ultĂ©rieurement par William S. Gilbert dans les opĂ©ras qu’il Ă©crivit avec Sullivan. Parmi ces Ă©lĂ©ments, on peut citer des peintures qui s’animent (dans Ages Ago et rĂ©utilisĂ©es dans Ruddigore), une nourrice sourde prenant par erreur le fils d’un homme respectable pour un « pirate Â» au lieu d’un « pilote Â» (Our Island Home (en), 1870, rĂ©utilisĂ© dans The Pirates of Penzance), et une femme d’ñge mĂ»r Ă©nergique qui est « quelqu’un que l’on apprend Ă  aimer Â» (Eyes and No Eyes (en), 1875, rĂ©utilisĂ© dans The Mikado)[34]. Pendant cette pĂ©riode, Gilbert peaufina le style « topsy-turvy Â» qu’il avait dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© dans ses Bab Ballads et oĂč l’humour trouvait son origine dans l’élaboration d’une situation initiale ridicule et du dĂ©veloppement logique des consĂ©quences, toutes absurdes qu’elles soient[35]. Mike Leigh dĂ©crit ainsi le style « gilbertien Â» : « Avec une grande aisance et une grande libertĂ©, [Gilbert] nous prend constamment par surprise. Tout d’abord, dans le dĂ©roulement du scĂ©nario, il fait apparaĂźtre des situations bizarres et bouleverse notre univers. Ainsi le Juge Erudit Ă©pouse la Plaignante, les soldats se mĂ©tamorphosent en esthĂštes et ainsi de suite, et dans presque chaque opĂ©ra la situation se trouve rĂ©tablie grĂące Ă  une habile modification des rĂšgles du jeu
 Son gĂ©nie rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  mĂ©langer ce qui s’oppose grĂące Ă  un imperceptible tout de passe-passe, le surrĂ©aliste avec le rĂ©el, la caricature avec le naturel. En d’autres termes, il est capable de nous raconter une histoire complĂštement aberrante avec le plus grand sĂ©rieux qui soit. Â»[36].

En parallĂšle, William S. Gilbert crĂ©a plusieurs « comĂ©dies enchantĂ©es Â» au Theatre Royal Haymarket. Cette sĂ©rie de piĂšces Ă©tait basĂ©e sur l’idĂ©e d’autorĂ©vĂ©lation de personnages sous l’influence de quelque phĂ©nomĂšne magique ou surnaturel[37]. La premiĂšre, The Palace of Truth (en) (1870, fut en partie basĂ©e sur une histoire de madame de Genlis. En 1871, Gilbert obtint son plus grand succĂšs avec Pygmalion and Galatea (en), l’une des sept piĂšces qu’il Ă©crivit cette annĂ©e-lĂ . Ces piĂšces, ainsi que celles qu’il Ă©crivit par la suite telles que The Wicked World (en) (1873), Sweethearts (en) (1874) et Broken Hearts (en) (1875), eurent pour Gilbert le mĂȘme impact dans le monde de la musique que les piĂšces pour German Reed avaient eu dans le domaine thĂ©Ăątral : cela Ă©tablit le fait que ses capacitĂ©s s’étendaient bien au-delĂ  du burlesque, lui valut une reconnaissance de ses talents artistiques et fournit la dĂ©monstration qu’il Ă©tait un Ă©crivain au rĂ©pertoire trĂšs variĂ©, aussi Ă  l’aise avec les drames humains qu’avec l’humour grotesque. Le succĂšs de ces piĂšces, en particulier Pygmalion and Galatea, valut Ă  Gilbert un prestige qui se rĂ©vĂ©la essentiel dans sa future collaboration avec un musicien aussi respectĂ© que Sullivan[38].

Bien que passĂ©es de mode, ces Ɠuvres illustrent bien la volontĂ© de William S. Gilbert de proposer Ă  des spectateurs respectables et Ă©duquĂ©s des comĂ©dies plus raffinĂ©es et de meilleur goĂ»t que les farces et piĂšces burlesques alors jouĂ©es Ă  Londres[27]. Durant la mĂȘme pĂ©riode cependant, Gilbert repoussa les limites de ce qui Ă©tait faisable en matiĂšre de satire au thĂ©Ăątre. Il travailla avec Gilbert Arthur Ă  Beckett sur The Happy Land (en) (1873), satire politique (en partie parodie de sa propre piĂšce The Wicked World) qui fut interdite pendant une courte pĂ©riode en raison de sa caricature peu flatteuse de Gladstone et de ses ministres[27]. De mĂȘme, la piĂšce The Realm of Joy (en) (1873) se dĂ©roulait dans le foyer d’un thĂ©Ăątre oĂč se jouait une piĂšce Ă  scandale (censĂ©e ĂȘtre Le Pays du Bonheur), intĂ©grant de nombreuses plaisanteries au sujet du Lord Chamberlain (prĂ©sentĂ© comme « Le Lord au Fort Pouvoir DĂ©sinfectant Â»)[39]. Par contre, dans Charity (en) (1874), Gilbert utilise la libertĂ© d’expression de la scĂšne dans un autre but : il propose une critique directe des approches contrastĂ©es de la façon dont la sociĂ©tĂ© victorienne considĂ©rait les hommes et les femmes qui avaient des relations sexuelles hors du mariage, anticipant ainsi les « piĂšces Ă  problĂšme Â» de Shaw et Ibsen[40].

William S. Gilbert metteur en scĂšne

"Il est absolument essentiel pour le succĂšs de cette piĂšce qu’elle soit jouĂ©e de bout en bout avec un parfait sĂ©rieux. Il ne doit y avoir aucune exagĂ©ration dans les costumes, les maquillages ou les attitudes et chacun des personnages doit exprimer une parfaite sincĂ©ritĂ© dans ses propos et ses actions. Les acteurs doivent montrer sans ambiguĂŻtĂ© qu’ils sont conscients de l’absurditĂ© de leurs paroles."
– PrĂ©face de Engaged (en)
Rosencrantz and Guildenstern jouĂ© au Garrick Theatre (Londres) en 1904. Parmi les artistes reprĂ©sentĂ©s, en haut Paul A. Rubens, Gertrude Elizabeth Blood, au centre William S. Gilbert lui-mĂȘme. Ces images viennent du magazine The Illustrated London News.

DĂ©sormais reconnu, Gilbert commença Ă  mettre en scĂšne ses propres piĂšces et opĂ©ras et il avait une idĂ©e bien prĂ©cise sur la façon dont elles devaient ĂȘtre jouĂ©es41. Il fut fortement influencĂ© par les innovations en matiĂšre de « scĂ©nographie Â», dĂ©sormais connue sous le nom de mise en scĂšne, initiĂ©es par des auteurs tels que James PlanchĂ© ou plus particuliĂšrement Tom Robertson28. Gilbert assistait aux rĂ©pĂ©titions de Robertson pour apprendre directement de ce metteur en scĂšne d’expĂ©rience, et il commença Ă  s’en inspirer dans certaines de ses premiĂšres piĂšces27. Ce qu’il recherchait, c’était le rĂ©alisme dans le jeu des acteurs, les dĂ©cors, les costumes et le mouvement, si ce n’était dans le contenu de ses piĂšces (bien qu’il Ă©crivit une comĂ©die romantique dans un style « naturel Â», Sweethearts, en hommage Ă  Robertson), il Ă©vitait l’interaction embarrassante avec le public et insistait sur un style de reprĂ©sentation dans lequel les personnages n’étaient jamais conscients de leur propre absurditĂ©, mais Ă©taient des personnes intĂ©rieurement entiĂšres et cohĂ©rentes.

Dans Rosencrantz and Guildenstern, piĂšce burlesque que Gilbert Ă©crivit en 1874, le personnage Hamlet, en s’adressant aux joueurs, rĂ©sume la thĂ©orie du jeu comique de Gilbert : « Je suis persuadĂ© qu’il n’existe pas de vieux camarade tel que votre hĂ©ros ampoulĂ© qui met en avant sa bĂȘtise le plus sĂ©rieusement du monde et fait croire Ă  ceux qui l’écoutent qu’il est inconscient de toute incongruitĂ© Â». Avec une telle approche, Gilbert ouvrit la voie de la popularitĂ© sur la scĂšne anglaise Ă  des auteurs tels que George Bernard Shaw et Oscar Wilde27.

Robertson « introduisit William S. Gilbert Ă  la fois Ă  la notion rĂ©volutionnaire de discipline dans les rĂ©pĂ©titions et Ă  la nĂ©cessitĂ© de la mise en scĂšne ou de l’unitĂ© de style sur l’ensemble de la piĂšce – mise en scĂšne, design, musique et jeu des acteurs. Â»36 Tout comme Robertson, Gilbert exigeait de la discipline chez ses acteurs. Il insistait pour que ceux-ci connaissent leurs textes parfaitement, qu’ils aient une prononciation impeccable et qu’ils suivent ses instructions avec rigueur, toutes choses tout Ă  fait nouvelles pour beaucoup d’acteurs Ă  l’époque. L’une des principales innovations fut l’abandon de l’acteur vedette  au profit d’un ensemble disciplinĂ©, « Ă©levant le metteur en scĂšne Ă  une nouvelle position de domination Â» dans le thĂ©Ăątre. « Que Gilbert ait Ă©tĂ© un bon metteur en scĂšne ne fait aucun doute. Il Ă©tait capable d’obtenir de ses acteurs un jeu naturel et limpide, ce qui rĂ©pondait parfaitement aux exigences gilbertiennes de produire l’outrancier sans artifice. Â»

William S. Gilbert assurait la prĂ©paration de chaque nouvelle piĂšce avec minutie, rĂ©alisant des maquettes de la scĂšne, des acteurs et des dĂ©cors et anticipant chaque action ou mouvement46. Gilbert n’aurait jamais pu travailler avec des acteurs qui auraient remis en cause son autoritĂ©47-48. MĂȘme lorsque les piĂšces Ă©taient jouĂ©es sur de longues pĂ©riodes ou lors de reprises, Gilbert supervisait de prĂšs les reprĂ©sentations, s’assurant que les acteurs n’apportaient pas d’ajouts, de coupes ou de paraphrases qu’il n’avait pas autorisĂ©es49.  Gilbert Ă©tait connu pour montrer lui-mĂȘme ce qu’il attendait des acteurs, mĂȘme Ă  un Ăąge avancĂ©. Il se produisit lui-mĂȘme sur scĂšne dans un certain nombre de piĂšces, dont plusieurs fois dans le rĂŽle de l’AssociĂ© dans Trial by Jury, en remplacement d’un acteur malade dans Broken Hearts et dans des reprĂ©sentations en matinĂ©e pour des Ɠuvres de charitĂ© dans des piĂšces en un acte, par exemple dans le rĂŽle de King Claudius dans Rosencrantz and Guilenstern.

Premiùres collaborations parmi d’autres piùces

Affiche de Engaged pour une production américaine en 1879.

En 1871, John Hollingshead demanda Ă  William S. Gilbert de produire avec Sullivan une piĂšce pour NoĂ«l, Thespis, or The Gods Grown Old, au Gaiety Theatre. Le succĂšs de Thespis dĂ©passa celui de cinq des sept piĂšces en concurrence pour la saison de NoĂ«l 1871 et elle resta Ă  l’affiche plus longtemps qu’il n’était d’habitude au Gaiety Theatre52. Rien d’autre de particulier ne se passa Ă  ce moment et Gilbert et Sullivan reprirent chacun son chemin. Gilbert travailla Ă  nouveau avec Clay sur Happy Arcadia (1872), et avec Alfred Cellier sur Topsyturveydom (1874) et Ă©crivit plusieurs farces, livrets d’opĂ©rettes, spectacles excentriques, comĂ©dies fantastiques, adaptations de romans, traductions Ă  partir du français ainsi que les piĂšces dramatiques citĂ©es prĂ©cĂ©demment. En 1874, il publia Ă©galement sa derniĂšre contribution au magazine Fun (« Rosencrantz and Guildenstern Â») aprĂšs trois ans d’absence, puis dĂ©missionna en raison de son dĂ©saccord avec les autres intĂ©rĂȘts Ă©ditoriaux des nouveaux propriĂ©taires.

Ce n’est qu’aprĂšs environ quatre annĂ©es aprĂšs la production de Thespis que les deux hommes se retrouvĂšrent. En 1868, Gilbert avait Ă©crit l’ébauche du livret d’une courte comĂ©die pour le magazine Fun  « Trial by Jury : Une OpĂ©rette Â». En 1873, Gilbert entreprit avec le gestionnaire de thĂ©Ăątre et compositeur, Carl Rosa, de transformer la piĂšce en un livret en un acte, dans laquelle la femme de Rosa devait chanter dans le rĂŽle de la plaignante. Malheureusement, la femme de Rosa dĂ©cĂ©da en accouchant en 1874. Plus tard dans l’annĂ©e, Gilbert proposa le livret Ă  Richard D’Oyly Carte, mais Carte n’avait aucune place pour la piĂšce. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1875, Carte dirigeait le Royalty Theatre et recherchait un opĂ©ra court destinĂ© Ă  ĂȘtre jouĂ© Ă  la suite de la piĂšce d’Offenbach, La PĂ©richole. Il prit contact avec Gilbert, lui demanda ce qu’il en Ă©tait de la piĂšce et suggĂ©ra que Sullivan soit associĂ©. Sullivan fut enchantĂ© et Trial by Jury fut Ă©crit en quelques semaines. Cette petite piĂšce eut un Ă©norme succĂšs, resta Ă  l’affiche plus longtemps que La PĂ©richole et rebondit dans un autre thĂ©Ăątre.

William S. Gilbert continua d’Ɠuvrer pour obtenir respect au sein de la profession et respectabilitĂ© Ă  l’extĂ©rieur pour sa profession. L’un des Ă©lĂ©ments susceptible d’avoir freinĂ© la respectabilitĂ© des auteurs fut le fait que les piĂšces n’étaient pas publiĂ©es sous une forme digne de la bibliothĂšque d’un gentleman, car, Ă  l’époque, l’édition Ă©tait gĂ©nĂ©ralement peu soignĂ©e et plus destinĂ©e aux acteurs qu’au lecteur habituel. Pour y remĂ©dier, du moins en ce qui le concernait, Gilbert fit imprimer fin 1875 par la maison d’édition Chatto and Windus une Ă©dition de ses Ɠuvres sous une forme acceptable par les lecteurs, avec une couverture attractive et une police bien lisible, contenant la plupart de ses Ɠuvres respectables, dont les plus sĂ©rieuses, mais en y mettant malicieusement en avant Trial by Jury.

AprĂšs le succĂšs de Trial by Jury, il fut question de relancer Thespis, mais Gilbert et Sullivan ne purent trouver d’accord avec Carte et ses commanditaires. La partition de Thespis ne fut jamais publiĂ©e et la plupart de la musique a Ă©tĂ© perdue. Carte mit du temps pour assurer le financement d’un autre opĂ©ra de Gilbert et Sullivan, pĂ©riode pendant laquelle Gilbert Ă©crivit plusieurs piĂšces, dont Tom Coob (1875), Eyes and No Eyes (1875, sa derniĂšre piĂšce pour German Reed) et Princess Toto (1876), sa derniĂšre Ɠuvre avec Clay et la plus ambitieuse, sous la forme d’un opĂ©ra en trois actes avec orchestre au complet, contrairement aux Ɠuvres Ă©crites prĂ©cĂ©demment, plus courtes et avec un accompagnement plus rĂ©duit. Pendant cette pĂ©riode, Gilbert Ă©crivit Ă©galement deux Ɠuvres sĂ©rieuses, Broken Hearts (1875) et Dan’l Druce, Blacksmith (1876).

C’est Ă©galement Ă  cette Ă©poque que Gilbert Ă©crivit sa piĂšce comique qui eut le plus grand succĂšs, Engaged (1877), qui inspira L'Importance d'ĂȘtre Constant Ă  Oscar Wilde. Engaged est la parodie d’un drame romantique Ă©crite dans le style satirique « topsy-turvy Â»  des Bab Ballads et Savoy Operas, dans lequel un personnage offre son amour, dans un langage hautement poĂ©tique et romantique, Ă  chacune des femmes de la piĂšce, les « innocents Â» paysans Ă©cossais y gagnant leur vie en faisant dĂ©railler les trains et en faisant payer les voyageurs pour leurs services, et, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’amour Ă©tant joyeusement mis Ă  mal au profit de l‘appĂąt du gain. Engaged est toujours jouĂ©e de nos jours par des compagnies professionnelles et amateur.

Grandes années de collaboration

William S. Gilbert en 1882 ou 1883.

Carte finit par rĂ©unir un consortium en 1877 et forma la Comedy Opera Company dans le but de mettre sur pied une sĂ©rie d’opĂ©ras comiques de facture typiquement anglaise, au travers d’une troisiĂšme collaboration entre Gilbert et Sullivan, The Sorcerer, en . Le succĂšs fut modeste, puis vint H.M.S. Pinafore en . En dĂ©pit d’un dĂ©marrage plutĂŽt timide, en raison d’un Ă©tĂ© caniculaire, Pinafore Ă©tait dĂšs l’automne plĂ©biscitĂ© comme jamais. AprĂšs un diffĂ©rend avec Carte quant Ă  la rĂ©partition des bĂ©nĂ©fices, les autres partenaires de la Comedy Opera Company firent appel un soir Ă  des voyous pour prendre d’assaut le thĂ©Ăątre et voler dĂ©cors et costumes, dans l’idĂ©e de monter une reprĂ©sentation concurrente. La tentative fut repoussĂ©e par les machinistes et d’autres personnels du thĂ©Ăątre fidĂšles Ă  Carte et ce dernier poursuivit ses activitĂ©s en tant que seul impresario d’une nouvelle entitĂ© baptisĂ©e D’Oyly Carte Opera Company. De fait, Pinafore connut un tel succĂšs que plus d’une centaine de productions illĂ©gales virent le jour rien qu’aux États-Unis. Gilbert, Sullivan et Carte tentĂšrent en vain pendant de nombreuses annĂ©es de faire valoir leurs droits d’auteur sur les reprĂ©sentations amĂ©ricaines.

Pendant la dĂ©cennie qui suivit, les Savoy operas (c’est ainsi qu’ils furent connus reprenant le nom du thĂ©Ăątre que Carte construisit plus tard pour les hĂ©berger) constituĂšrent la principale activitĂ© de Gilbert. La production avec Sullivan de ces opĂ©ras comiques Ă  succĂšs se poursuivit sur un rythme annuel ou bisannuel et certains figurent parmi les productions ayant eu jusqu’à cette Ă©poque la plus grande longĂ©vitĂ© dans l’histoire de la scĂšne musicale. AprĂšs Pinafore vinrent The Pirates of Penzance (1879), Patience (1881), Iolanthe (1882), Princess Ida (1884, basĂ©e sur une ancienne farce de Gilbert, The Princess), The Mikado (1885), Ruddigore (1887), The Yeomen of the Guard (1888), et The Gondoliers (1889). Non seulement Gilbert mit en scĂšne et supervisa tous les aspects de la production de ces piĂšces, mais il dessina lui-mĂȘme les costumes de Patience, Iolanthe, Princess Ida et Ruddigore. Il insista pour avoir des dĂ©cors et des costumes bien prĂ©cis, afin de bien marquer et renforcer l’aspect absurde des personnages et des situations.

Filmographie

Adaptation moderne

Il s'agit des piÚces de l'auteur adaptées au cinéma ou à la TV.

comme compositeur

  • 1906 : Here's a How-D'Ye-Do.

Adaptation de sa biographie au cinéma

Notes et références

  1. Gilbert se prononce Guilbert avec un g dur
  2. Kenrick, John. G&S Story: Part III, consulté le 13 octobre 2006; et Powell, Jim. William S. Gilbert's Wicked Wit for Liberty consulté le 13 octobre 2006.
  3. Lawrence, Arthur H. "An illustrated interview with Sir Arthur Sullivan" Part 3, from The Strand Magazine, vol. xiv, n°.84 (décembre 1897)
  4. The last phrase is a satiric take on Cicero's De Legibus, 106 B.C. See Green, Edward. "Ballads, songs and speeches", BBC, 20 septembre 2004, accessed 16 October 2006.
  5. Feingold, Michael, "Engaging the Past", The Village Voice, 4 May 2004
  6. The Cambridge History of English and American Literature, volume XIII, chapitre VIII, section 15 (1907–21)
  7. Gilbert, W. S. Foggerty's Fairy and Other Tales (1890), pp. 158–59.
  8. How, Harry, Interview of W. S. Gilbert
  9. Pearson, pp. 16–17
  10. Ainger, family tree and pp. 15–19
  11. Eden, David. Gilbert: Appearance and Reality, p. 44, Sir Arthur Sullivan Society (2003)
  12. Stedman, Jane W. "Gilbert, Sir William Schwenck (1836–1911)", Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, septembre 2004, online edn, mai 2008, consultĂ© le 10 janvier 2010 (subscription required)
  13. Morrison, Robert, The Controversy Surrounding Gilbert's Last Opera
  14. Pearson, p. 16. He first joined the 5th West Yorkshire Militia, and later the Royal Aberdeenshire Highlanders. Upon leaving the Militia, Gilbert was given an honorary promotion to Major. Stedman (1996) p. 157 and Ainger, p. 154
  15. Gilbert, W.S. ed. Peter Haining – Introduction
  16. Stedman, Jane W. W. S. Gilbert's Theatrical Criticism. Londres, The Society for Theatre Research, 2000. (ISBN 0-85430-068-6)
  17. Stedman (1996), pp. 26–29. See also the introduction to Gilbert, W.S. (1908), The Bab Ballads, etc., which details the history of the collections it was drawn from.
  18. Stedman (1996), pp. 16–18. See also Tom Robertson's play Society (en), which fictionalised the evenings in Evans's cafĂ© in one scene.
  19. Ainger, p. 52
  20. Ainger, p. 148 et Stedman (1996), pp. 318–20. Voir aussi Bond, Jessie. Reminiscences, Chapter 16 et McIntosh.
  21. David Eden (in Gilbert and Sullivan: The Creative Conflict 1986) suggests that this play was by, or in collaboration with, Gilbert's father, although Crowther says that Eden gives no foundation for this suggestion. See Crowther, Andrew, The Life of W. S. Gilbert.
  22. Stedman (1996), pp. 34–35.
  23. Gilbert, W. S. La VivandiĂšre, or, True to the Corps! (en) (a burlesque of Donizetti's The Daughter of the Regiment (en))
  24. The full quote refers to Pygmalion and Galatea (en) and reads: "The satire is shrewd, but not profound; the young author is apt to sneer, and he has by no means learned to make the best use of his curiously logical fancy. That he occasionally degrades high and beautiful themes is not surprising. To do so had been the regular proceeding in burlesque, and the age almost expected it; but Gilbert's is not the then usual hearty cockney vulgarity."
  25. Stedman (1996), p. 62
  26. Goldberg (1931), p. xvii
  27. Crowther, Andrew, The Life of W. S. Gilbert. The Gilbert and Sullivan Archive, accessed 1 June 2011
  28. Bond, Jessie, Reminiscences, introduction. Bond created the mezzo-soprano roles in most of the Gilbert and Sullivan operas, and is here leading in to a description of Gilbert's role reforming the Victorian theatre.
  29. Gilbert gave a speech in 1885 at a dinner to benefit the Dramatic and Musical Sick Fund, which is reprinted in The Era, 21 February 1885, p. 14, in which he said: "In ... the dress circle on the rare occasion of the first performance of an original English play sits a young lady of fifteen. She is a very charming girl—gentle, modest, sensitive—carefully educated and delicately nurtured ... an excellent specimen of a well-bred young English gentlewoman; and it is with reference to its suitability to the eyes and ears of this young lady that the moral fitness of every original English play is gauged on the occasion of its production. It must contain no allusions that cannot be fully and satisfactorily explained to this young lady; it must contain no incident, no dialogue, that can, by any chance, summon a blush to this young lady's innocent face. ... I happen to know that, on no account whatever, would she be permitted to be present at a premiĂšre of M. Victorien Sardou or M. Alexandre Dumas. ... the dramatists of France can only ring out threadbare variations of that dirty old theme—the cheated husband, the faithless wife, and the triumphant lover."
  30. "List of Gilbert's Plays at the Gilbert and Sullivan Archive." Diamond.boisestate.edu. 29 April 1008. Retrieved 26 May 2009.
  31. Stedman (1996), pp. 69–80.
  32. Crowther, Andrew, Analysis of Ages Ago
  33. This rehearsal probably was for a 2nd run of Ages Ago in 1870. See Crowther (2011), p. 84
  34. Smith, J. Donald, W. S. Gilbert's Operas for the German Reeds
  35. Andrew Crowther's description of Gilbert's style of humour. See also Gilbert's play, Topsyturveydom (en).
  36. Mike Leigh 2006 interview in "The Guardian". London: Books.guardian.co.uk. 3 novembre 2006. Retrieved 26 May 2009.
  37. "Miss Anderson as Galatea", The New-York Times, 1883 January 23 32(9791): 5, col. 3 Amusements Downloaded 15 October 2006.
  38. Wren, Gayden, 2006, A Most Ingenious Paradox: The Art of Gilbert & Sullivan, Oxford University Press, 2006, p. 13. (ISBN 0-19-514514-3).
  39. Crowther, Andrew, Synopsis of The Realm of Joy and Terence Rees' introduction to Gilbert, W. S., The Realm of Joy
  40. Crowther, Andrew, Synopsis of Charity

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