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Expédition du Mexique

L'intervention française au Mexique ou l'expĂ©dition du Mexique est une expĂ©dition militaire française qui eut lieu de 1861 Ă  1867 et avait pour objectif de mettre en place au Mexique un rĂ©gime favorable aux intĂ©rĂȘts français.

Expédition du Mexique
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Informations générales
Date –
Lieu Mexique
Issue Victoire mexicaine, retrait des troupes françaises et fin du second empire mexicain imposé par la France et les Mexicains conservateurs.
Belligérants
Empire mexicain
Empire français
(jusqu'en 1866)
LĂ©gion belge
Volontaires autrichiens
Égypte[1]
Soutenus par :
Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume-Uni (jusqu'en avril 1862).
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne (jusqu'en avril 1862).
États-Unis du Mexique
Soutenus par :
États-Unis d'AmĂ©rique (Ă  partir de 1865).
Forces en présence
38 493[2] Français,
6 812 Autrichiens.
1 465 Belges.
27 285 Mexicains.
424 Égyptiens[2] du Soudan.
1 047 Hongrois.
472 Polonais.
Environ 80 000 Mexicains.
Pertes
6 654–8 000 Français, dont 5 000 de maladie.
126 Égyptiens, dont 46 de maladie.
20 000 Mexicains.
~573 Belges.
455 Autrichiens, dont 199 de maladie.
177 Hongrois.
31 962 tuĂ©s.
8 304 blessĂ©s.

Batailles

À l'origine de cette initiative se trouvent des conservateurs mexicains en Europe qui souhaitaient installer au Mexique un souverain europĂ©en catholique et conservateur pour contrebalancer le pouvoir grandissant des États-Unis protestants. JosĂ© Manuel Hidalgo y EsnaurrĂ­zar, l'un d'entre eux, fit la connaissance de l'impĂ©ratrice EugĂ©nie et rĂ©ussit Ă  l'intĂ©resser Ă  sa cause. NapolĂ©on III, sur les conseils du duc de Morny, chercha et trouva, aprĂšs avoir essuyĂ© le refus d'autres princes, l'archiduc Maximilien de Habsbourg qui venait de refuser d'ĂȘtre roi de GrĂšce. Maximilien hĂ©sita, mais, encouragĂ© par sa femme Charlotte, fille du roi des Belges LĂ©opold Ier, il finit par accepter de devenir empereur du Mexique.

L'Empire du Mexique, qui Ă©tait un État faible, fut de fait, entre 1861 et 1867, un protectorat français.

Contexte

Le Mexique Ă  la veille de l'intervention

AprÚs l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne, les revenus du gouvernement mexicain diminuÚrent et ses dépenses augmentÚrent. Le déficit fut couvert par des emprunts sur le marché financier de Londres. AprÚs la publication de décrets en et ayant pour but l'expulsion hùtive de la plupart des Espagnols, expulsions qui provoquÚrent une évasion de capitaux et une baisse de la production tant industrielle qu'agricole, malgré les tentatives du gouvernement centraliste entre et du conservateur Anastasio Bustamante et de son ministre Lucas Alamån de réorganiser les finances publiques, 90 % du budget de la nation se destinaient à l'entretien de l'armée[3].

Les crĂ©oles composaient les classes supĂ©rieures ; les mĂ©tis avaient eux aussi une part importante dans les affaires. Les indigĂšnes quant Ă  eux Ă©taient divisĂ©s en une multitude d'ethnies souvent antagonistes et pour la plupart quasi indĂ©pendantes et farouchement attachĂ©es Ă  leurs coutumes ; certaines, totalement coupĂ©es des rĂ©alitĂ©s, ignoraient mĂȘme que le pays Ă©tait devenu indĂ©pendant. NĂ©anmoins certains de ces indigĂšnes (Benito JuĂĄrez, MejĂ­a) avaient rĂ©ussi au niveau national ; d'autres, tel Santiago Vidaurri, Ă©taient des caciques trĂšs puissants et trĂšs riches.

Les classes aisĂ©es Ă©taient divisĂ©es politiquement. D'un cĂŽtĂ© le parti conservateur, centraliste et clĂ©rical, Ă©tait soutenu par l'Église catholique, le plus grand propriĂ©taire foncier du pays, ainsi que par les communautĂ©s indigĂšnes qui craignaient pour leurs terres et les privilĂšges fiscaux et fonciers qui leur avaient Ă©tĂ© octroyĂ©s par le vice-roi don MartĂ­n de Mayorga, de l'autre le parti libĂ©ral, fĂ©dĂ©raliste et anticlĂ©rical, Ă©tait majoritairement soutenu par les petits propriĂ©taires mĂ©tis ou crĂ©oles ainsi que par la bourgeoisie, avides de s'emparer des terres de l'Église et de celles des communautĂ©s indigĂšnes que la nouvelle constitution libĂ©rale ne protĂ©gerait plus.

Les loges maçonniques jouÚrent un grand rÎle dans la politique. Les loges dites « écossaises » originaires d'Espagne étaient partisanes du centralisme et de la conservation d'un gouvernement qui continuerait celui de la colonie. Les loges dites « d'York », fondées par l'ambassadeur américain Joel Roberts Poinsett, étaient du cÎté des libéraux et partisanes du fédéralisme.

Entre et , cinquante gouvernements se succĂ©dĂšrent, reflĂ©tant l'instabilitĂ© politique du pays. En , le Mexique avait dĂ©jĂ  perdu le Texas. Le pays avait fait face Ă  un dĂ©barquement espagnol en Ă  Tampico et Ă  une intervention de la flotte française Ă  Veracruz en , le premier repoussĂ© par le gĂ©nĂ©ral Antonio LĂłpez de Santa Anna. Le Mexique sortait d'une guerre contre les États-Unis (1846-1848) qui lui avait fait perdre 2,4 millions de kmÂČ.

En , les conservateurs, opposés à Juårez signÚrent avec l'Espagne le traité de Mon-Almonte (es) ; ils y promettaient de payer les dettes dues aux Européens. C'est donc à un pays affaibli et divisé qu'allait s'attaquer la coalition franco-anglo-espagnole, menée par la France.

JuĂĄrez au pouvoir

Benito Juårez, président du Mexique.

En , Benito JuĂĄrez, membre du parti libĂ©ral, accĂ©da au pouvoir. En , son gouvernement signa avec les États-Unis le Tratado de TrĂĄnsito y Comercio connu aussi sous le nom erronĂ© de traitĂ© McLane-Ocampo (es), qui aurait concĂ©dĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ© des droits de passage sur le territoire mexicain, notamment dans l'isthme de Tehuantepec, en Ă©change entre autres de l'appui militaire des États-Unis en cas d'intervention Ă©trangĂšre. Ce traitĂ© n'entra jamais en vigueur, car il ne fut pas ratifiĂ© par le SĂ©nat des États-Unis.

Une rĂ©bellion Ă©clata cependant, menĂ©e par les gĂ©nĂ©raux conservateurs Zuloaga et MiramĂłn. Cette derniĂšre parvint Ă  chasser un temps JuĂĄrez, qui repoussa les insurgĂ©s en . Cette nouvelle guerre civile avait une fois de plus appauvri l’État. JuĂĄrez reconnut que le Mexique devait 70 millions de pesos Ă  l’Angleterre, 9 millions Ă  l’Espagne et 3 millions Ă  la France. Mais, les caisses du Mexique Ă©tant vides, JuĂĄrez dĂ©cida en de suspendre pour deux ans le paiement de la dette extĂ©rieure.

Son gouvernement eut cependant le temps de promulguer plusieurs lois. En , ce furent les lois de confiscation des biens de maimorte ou de corporations civile et ecclĂ©siastique connue sous le nom de « loi Lerdo (es) ». Cette loi ordonnait de vendre Ă  leurs locataires les biens que l'Église catholique leur louait. Puis en et se succĂ©dĂšrent :

  • loi de nationalisation des biens ecclĂ©siastiques : suppression des ordres religieux, les livres et Ɠuvres d'art en possession de l'Église passent en mains publiques ;
  • loi du mariage civil et contrat de mariage civil sans intervention du clergĂ© ;
  • loi du registre civil. Les statistiques, le contrĂŽle de la population, les registres des naissances et des dĂ©cĂšs passent sous contrĂŽle exclusif de l'État ;
  • loi de sĂ©cularisation des cimetiĂšres, interdiction d'enterrer quiconque dans une Ă©glise ;
  • loi de libertĂ© des cultes.

L'intervention française

Soldats de l'armée mexicaine.

Les rivalitĂ©s politiques divisent les classes dirigeantes. De plus, depuis l’indĂ©pendance, le Mexique est en proie Ă  une instabilitĂ© qui use financiĂšrement le pays. L'Empereur des Français NapolĂ©on III, dans une vision d'hĂ©gĂ©monie franco-catholique en AmĂ©rique latine, souhaite doter le Mexique d'un rĂ©gime stable, notamment pour faire face aux États-Unis protestants en pleine expansion, certes alors en pleine guerre civile, mais qui avait dĂ©jĂ  agressĂ© le Mexique Ă  de nombreuses reprises par le passĂ©. Il s'agit aussi d'installer un rĂ©gime Ă  la solde de la France et d’en rĂ©colter les bĂ©nĂ©fices.

La solution, selon NapolĂ©on III, Ă©tait de mettre fin au dĂ©sordre politique rĂ©gnant et d'y instaurer un Empire. Une fois l’ordre rĂ©tabli, le progrĂšs serait au rendez-vous et le Mexique deviendrait le premier pays industrialisĂ© d’AmĂ©rique latine. Devenu terre d'Ă©lection, il attirerait des milliers de colons et verrait l'urbanisation s'intensifier.

Des milliers d’Italiens, d’Irlandais, de Grecs, de ressortissants de tous les pays en difficultĂ© viendraient y rĂ©sider et concurrencer les États-Unis comme choix de destination des migrants. De plus, en choisissant un prince autrichien, l'Empereur compensait diplomatiquement son engagement rĂ©cent en Italie.

[réf. nécessaire]

Ce plan, qui pouvait contrebalancer en AmĂ©rique la puissance des États-Unis en crĂ©ant un Empire catholique alliĂ© Ă  la France, est notamment soutenu par EugĂšne Rouher, lequel en parle comme de « la plus grande pensĂ©e du rĂšgne », sans cependant avoir consultĂ© les Mexicains, pourtant les premiers intĂ©ressĂ©s.

Les conditions géopolitiques sont excellentes en 1861 : les dettes du Mexique et l'attitude du gouvernement libéral de Juårez qui entame son deuxiÚme mandat (du au ) fournissent des prétextes tout trouvés pour une intervention française « légitime ». En outre, l'intervention américaine est exclue, la guerre de Sécession battant alors son plein (la France se considérant par ailleurs neutre dans ce conflit).

Historique des opérations

Phase internationale

Expédition du Mexique, sous le commandement de Jurien de la GraviÚre (L'Illustration, 1862).

AprĂšs la signature de la Convention de Londres (1861), les gouvernements espagnol et britannique envoient eux aussi une force expĂ©ditionnaire (le Mexique leur doit bien plus d'argent qu'Ă  la France). Les Espagnols envoient le gĂ©nĂ©ral Juan Prim dĂ©barquant le et 4 000 soldats provenant de Cuba. Les Britanniques envoient 700 marines Ă  bord d'une escadre formĂ©e de deux vaisseaux et quatre frĂ©gates commandĂ©es par l'amiral Dunlop[4] qui dĂ©barquent le . Le , les Français arrivent avec l'escadre de l'amiral Jurien de La GraviĂšre avec le MassĂ©na, cinq frĂ©gates, deux avisos Ă  hĂ©lice et un Ă  roues, deux canonniĂšres et trois transports amenant les prĂ©mices du corps expĂ©ditionnaire :

Expédition française au Mexique.

Des négociations ont lieu entre le gouvernement libéral mexicain et les Européens, aprÚs que ces derniers ont signé la Convention de Soledad en , dans laquelle ils s'engagent à ne pas attaquer le Mexique. Mais elles n'aboutissent qu'à une impasse. En , Britanniques et Espagnols retournent au port de Veracruz et quittent le pays.

Phase exclusive française

Les Français dĂ©cident de se maintenir. Le gĂ©nĂ©ral Charles Ferdinand Latrille de Lorencez, Ă  la tĂȘte du commandement français, dĂ©cide de marcher vers Puebla qui, une fois prise, permettrait d'ouvrir la voie vers Mexico.

AprĂšs de petits affrontement avec les soldats de la rĂ©publique mexicaine, les Français arrivent au nombre d'environ 6 500[5] devant la ville le . Environ 4 500 hommes[5] du gĂ©nĂ©ral Ignacio Zaragoza y sont solidement retranchĂ©s, mais ils sont pauvrement armĂ©s. Lorencez lance ses troupes dans un assaut frontal contre le couvent fortifiĂ© du Cerro de Guadalupe (« colline de Guadalupe »). Bien abritĂ©s par les murs, les soldats gouvernementaux parviennent Ă  repousser les Français appuyĂ©s par des troupes mexicaines conservatrices aux ordres des gĂ©nĂ©raux MĂĄrquez, Zuloagaga et Cobos, rejoints le par 2 000 soldats arrivant de Guanajuato, payĂ©s par l'Église catholique[6]. 462 Français et 83 Mexicains meurent au cours de la bataille[7]. Lorencez sonne alors la retraite et se retire dans la ville d'Orizaba.

Le gĂ©nĂ©ral mexicain JesĂșs GonzĂĄlez Ortega (en) reçoit l'ordre de faire le siĂšge d'Orizaba et positionne 2 000 hommes et plusieurs canons sur la colline du Cerro Borrego pour bombarder la ville.

Le capitaine Paul Alexandre DĂ©trie escalade la colline de nuit avec moins de 150 hommes et dĂ©loge les Mexicains pris de panique, croyant avoir affaire Ă  l'ensemble de l'armĂ©e française. Cette victoire hĂ©roĂŻque et spectaculaire qui libĂšre le siĂšge d'Orizaba connaĂźt un immense retentissement en France et sur le moral du corps expĂ©ditionnaire Ă©prouvĂ© par la dĂ©faite de Puebla.

Lorsque la nouvelle de la dĂ©faite devant Puebla et le combat victorieux du Cerro Borrego sont connus Ă  Paris, NapolĂ©on III envoie un renfort de 26 000 hommes sous le commandement d'un nouveau gĂ©nĂ©ral en chef, Élie-FrĂ©dĂ©ric Forey. Ce dernier et ses hommes dĂ©barquent en et entreprennent une deuxiĂšme fois le siĂšge de Puebla.

Prise de Puebla et d'Oaxaca

Entrée du corps expéditionnaire français à Mexico, .
L'Archiduc Maximilien est désigné empereur du Mexique en 1864.

La ville ne tombe qu'au prix de nombreux efforts, en . Des milliers de soldats du gouvernement libĂ©ral se trouvent dans la ville lors de sa chute. Tous ne peuvent pas ĂȘtre emprisonnĂ©s ; ils sont donc relĂąchĂ©s. Quelques jours plus tard, ils rejoignent les rangs des troupes rĂ©publicaines. Par la suite, l'armĂ©e française parvient Ă  progresser sans encombre jusqu'Ă  Mexico, d'oĂč JuĂĄrez s'est enfui avec le gouvernement libĂ©ral pour se rĂ©fugier Ă  El Paso del Norte, Ă  la frontiĂšre des États-Unis.

En , une « assemblĂ©e de notables » du parti conservateur rĂ©unie Ă  Mexico offre la couronne impĂ©riale Ă  l'archiduc (on dira plus tard l'Archidupe) d'Autriche Maximilien de Habsbourg. Ce dernier met plus d’un an Ă  l’accepter. À la suite de la prise de la ville, l'armĂ©e reçoit la tĂąche de « pacifier » l'État de Puebla. Les militaires multiplient les marches, fortifient les villages visitĂ©s, et parviennent non sans mal Ă  faire rĂ©gner l’ordre impĂ©rial. Mais un obstacle leur barre la route : la ville d’Oaxaca, fief du chef rĂ©publicain Porfirio DĂ­az. Le gĂ©nĂ©ral Bazaine, qui avait remplacĂ© Forey, dĂ©cide de mener lui-mĂȘme les opĂ©rations contre cette ville. Celles-ci commencent Ă  la fin de l'annĂ©e 1864. Mais le siĂšge ne dure pas longtemps : en , Porfirio DĂ­az signe la reddition d’Oaxaca.

Des milliers de soldats libĂ©raux se trouvent dans la ville ; une nouvelle fois, tous ne pouvant ĂȘtre emprisonnĂ©s, ils sont relĂąchĂ©s. Peu aprĂšs, la plupart rejoignent au nord les guĂ©rilleros ou retrouvent les unitĂ©s auxquelles ils appartiennent dans les troupes rĂ©guliĂšres de la RĂ©publique.

Armée française face à la guérilla

Fantassins français durant l'expédition du Mexique,
dessin d'E.H. Montagny.

AprĂšs la prise d'Oaxaca, les militaires sont envoyĂ©s combattre au nord du Mexique, lĂ  oĂč les forces du gouvernement de JuĂĄrez sont encore puissantes. Le corps expĂ©ditionnaire n'est pas habituĂ© Ă  lutter de cette maniĂšre : lorsque les rĂ©sistants rĂ©publicains sont en position de force, ils attaquent, dans le cas contraire, ils fuient.

Afin de lutter contre cette stratĂ©gie, se met en place la contre-guĂ©rilla du colonel Du Pin ; aidĂ©s d’hommes du pays, connaissant le terrain sur lequel ils s'aventurent, Ă©quipĂ©s de chevaux, ils agissent en marge de l'armĂ©e française.

La légion belge commandée par le lieutenant colonel Van der Smissen remporte la victoire de la Loma. Cependant, le pÚre de l'impératrice, le roi des Belges Léopold Ier, juge le sort de Maximilien et de son épouse avec pessimisme depuis que Maximilien a coupé les ponts derriÚre lui en renonçant à tous ses droits dynastiques en Autriche au profit de membres de sa famille restés insensibles au prestige que représente la fondation d'un nouvel empire d'outre-mer.

L'impĂ©ratrice Charlotte, alarmĂ©e par l'Ă©volution de la situation politique et militaire au Mexique mĂȘme, entreprend un voyage en Europe, mais ses dĂ©marches auprĂšs de NapolĂ©on III et mĂȘme du pape restent sans effets, et elle perd peu Ă  peu la raison, en proie Ă  un syndrome de persĂ©cution. Recueillie par son frĂšre LĂ©opold II de Belgique, elle finit ses jours en 1927, recluse au chĂąteau de Bouchout, prĂšs de Bruxelles.

Retrait des troupes françaises

L'exécution de Maximilien, le . Représentation imaginaire.

En , la guerre de Sécession prend fin par la victoire du Nord. Le représentant de Benito Juårez, Matias Romero, pousse le gouvernement de Washington à masser ses troupes le long de la frontiÚre avec le Mexique, y apportant armes, munitions et matériel. Les troupes du gouvernement républicain voient aussi leurs effectifs augmentés d'anciens combattants de la guerre de Sécession américaine.

Pendant ce temps, le secrĂ©taire d'État des États-Unis, William Henry Seward, presse les Français d'abandonner le Mexique.

Dans ces conditions, la France ne peut plus se permettre de gaspiller ses forces dans une aventure Ă  longue distance.

Napoléon III retire donc ses troupes, abandonnant peu à peu les villes du nord, Mexico, Puebla, et Veracruz. Durant cette retraite, Juårez évite soigneusement tout accrochage inutile avec les Français. En revanche, dans les zones reconquises, les représailles contre les Mexicains les plus compromis dans la collaboration avec l'Empire sont impitoyables. En , le dernier navire français quitte les rives du Mexique.

La guerre du Mexique fait trois derniers morts. En , l’empereur Maximilien, qui, se considĂ©rant comme devenu Mexicain envers et contre tous et se croyant capable de maintenir l'Empire sans aide Ă©trangĂšre, refuse d’abdiquer. Il se rĂ©fugie dans Santiago de QuerĂ©taro. BientĂŽt cernĂ© par les juaristes, il se rend. Maximilien pense naĂŻvement qu’il aura le droit d’ĂȘtre conduit Ă  Veracruz et rembarquĂ© sur le premier navire en partance pour l’Europe. Au contraire, il est fait prisonnier et condamnĂ© Ă  mort. Le , Ă  Santiago de QuerĂ©taro, il est exĂ©cutĂ© avec ses gĂ©nĂ©raux MiramĂłn et MejĂ­a.

Ordre de bataille

Forces françaises et étrangÚres

Légion belge durant l'expédition du Mexique, toile de Charles Lahalle.

Sur les 38 493 militaires français envoyĂ©s au Mexique, 6 654 sont morts de blessures ou de maladie, soit 17 % des forces françaises, ou encore un sixiĂšme[8]. En 1863, le khĂ©dive d'Égypte a envoyĂ© un bataillon de 450 soldats afin de protĂ©ger l'Empire mexicain, dont beaucoup de Soudanais supposĂ©s plus rĂ©sistants aux maladies tropicales. À partir de 1864-1865, l'Autriche-Hongrie a envoyĂ© 7 000 hommes (Polonais, Hongrois
).

Un contingent de 251 volontaires belges issus du rĂ©giment ImpĂ©ratrice Charlotte sous le commandement du major Constant Tydgadt sont dĂ©faits, le , Ă  la bataille de TacĂĄmbaro Ă  l'issue de laquelle les derniers survivants se rendent avec leur major griĂšvement blessĂ© et qui mourra, ainsi que le capitaine Chazal, aprĂšs l'arrivĂ©e d'une colonne de secours commandĂ©e par le chef du contingent belge, le lieutenant-colonel Van der Smissen. Prenant sa revanche, Van der Smissen remporte la victoire Ă  la bataille de la Loma le . Mais, Ă  l'issue de la participation de la Belgique Ă  l'expĂ©dition du Mexique, 750 soldats belges auront perdu la vie, lorsque le roi des Belges LĂ©opold Ier dĂ©cidera le retrait de la force belge en mĂȘme temps que celui des troupes françaises quand la perspective d'un Ă©chec commencera Ă  menacer l'intervention europĂ©enne au Mexique[9]. Maximilien a lui-mĂȘme soutenu que « les Belges ont commis l'erreur de nous envoyer des enfants imberbes [
] [qui] se sont laissĂ© tuer comme des mouches »[9].

L'histoire « tragique » du corps des volontaires belges enrichit les connaissances sur le Second Empire, en particulier le rĂ©seau d'intĂ©rĂȘts des puissances europĂ©ennes au Mexique[9].

Le corps des volontaires belges a été officiellement commémoré pour la premiÚre fois à l'occasion de l'Exposition universelle de 1910, tenue à Bruxelles. Les commandants de l'armée ont décidé de regrouper, sous le nom de Musée royal de l'Armée, divers souvenirs du passé militaire belge. La section de l'expédition au Mexique de 1864-1867 a rassemblé des uniformes, des armes, des décorations, des photographies et d'autres objets, qui sont encore exposés aujourd'hui[9]. En 1927, la Société des Anciens Volontaires, anticipant sa dissolution en raison de la disparition de la plupart de ses membres, décida de faire don de ses archives audit musée.

Les unités françaises impliquées dans cette expédition comprennent :

Monument aux morts commémoratif de la bataille de Camerone.

Et Ă©galement :

  • une batterie de l'artillerie montĂ©e de la Garde impĂ©riale ;
  • la 1re compagnie du Train des Ă©quipages de la Garde impĂ©riale ;
  • les 1er et 2e rĂ©giments d'infanterie de Marine ;
  • une compagnie de volontaires crĂ©oles (recrutĂ©s en Martinique) ;
  • un peloton de gendarmes Ă  cheval prĂ©levĂ© sur la garnison de la Martinique;
  • deux compagnies du gĂ©nie colonial (l'une venue de Martinique, l'autre de Guadeloupe) ;
  • un bataillon de fusiliers-marins ;
  • la 7e batterie de l’artillerie de marine.

Attitude des États-Unis

Andrew Johnson, le président américain qui a aidé Benito Juårez à partir de 1865.

NapolĂ©on III, qui souhaite Ă©tablir en AmĂ©rique latine un empire latin et catholique pour barrer l'expansion des États-Unis protestants, entreprend la conquĂȘte du Mexique et offre Ă  l'archiduc Maximilien d'Autriche le titre d'empereur, avec l'aide des conservateurs mexicains. N'Ă©tant reconnu que par les conservateurs mexicains, Maximilien applique une politique libĂ©rale, s'appuyant pour l'essentiel sur la prĂ©sence des troupes françaises. Il bĂ©nĂ©ficie Ă©galement de la non-intervention des États-Unis, accaparĂ©s par la guerre de SĂ©cession. En 1864, la situation change. Les victoires de l'Union sur la ConfĂ©dĂ©ration modifient les vues du gouvernement de Washington, et le CongrĂšs vote une rĂ©solution protestant contre l'intervention de la France au Mexique.

Ayant dĂ©finitivement mis fin Ă  la guerre civile en 1865, les États-Unis n'ont jamais reconnu le gouvernement de Maximilien, considĂ©rant toujours le gouvernement de JuĂĄrez lĂ©gal. Dans la correspondance diplomatique des agents fĂ©dĂ©raux reparaĂźt la doctrine Monroe. Un petit contingent français, Ă©paulĂ© par des Autrichiens, se retrouve mĂȘme durant quelques mois, fin 1865 - dĂ©but 1866, au contact direct des troupes amĂ©ricaines de l'Union dans le village de Bagdad Ă  l'embouchure du Rio Grande oĂč un combat a mĂȘme lieu le . Devant les menaces croissantes des États-Unis, les troupes françaises finissent par quitter le Mexique, accompagnĂ©es par les contingents des autres nationalitĂ©s. Maximilien, qui refuse de partir, est capturĂ© par les rĂ©publicains mexicains. JugĂ©, il est condamnĂ© Ă  mort et fusillĂ©.

Avec l'appui des États-Unis, la rĂ©publique mexicaine, dont le gouvernement juariste n'a pas quittĂ© le territoire national durant toute la durĂ©e de l'intervention française, remporte la victoire sur les conservateurs mexicains et profite du retrait des troupes françaises. Maximilien paye de sa vie son rĂȘve et son entĂȘtement Ă  rester.

Depuis cette Ă©poque, la doctrine Monroe s'applique sur tout le Nouveau Monde.

Au Mexique, l'ordre fut bientĂŽt menacĂ© par l'agitation des gĂ©nĂ©raux vainqueurs et par les dissensions internes qui opposaient les libĂ©raux. À la mort de Benito JuĂĄrez, en 1872, le Mexique est de nouveau au bord de la guerre civile. Son successeur, SebastiĂĄn Lerdo de Tejada, organise sa rĂ©Ă©lection par des fraudes massives dans l'attribution des postes officiels et allant jusqu'Ă  proposer une amnistie Ă  DĂ­az qui s'Ă©tait rĂ©voltĂ© contre JuĂĄrez (Plan de La Noria) en 1871 et un poste d'ambassadeur en Prusse pour l'Ă©loigner du Mexique qui donneront le prĂ©texte (plan de Tuxtepec) du soulĂšvement victorieux du gĂ©nĂ©ral Porfirio DĂ­az, celui-ci accĂ©dant a la prĂ©sidence en 1876[10] - [11] - [12].

Précision sur l'engagement de la Légion étrangÚre

Initialement, la LĂ©gion ne devait pas participer Ă  la campagne. Voyant beaucoup d'autres rĂ©giments partir et pas eux, les officiers subalternes (lieutenants et capitaines) du RĂ©giment Étranger (la LĂ©gion Ă©trangĂšre ne comptait alors qu'un rĂ©giment) envoyĂšrent une pĂ©tition Ă  l'empereur NapolĂ©on III, lui demandant « l'honneur d'aller se faire tuer » pour la France au Mexique. Les pĂ©titions Ă©tant tout Ă  fait interdites par les rĂšglements militaires, le chef de corps du rĂ©giment fut puni exemplairement.

Cependant, NapolĂ©on III accĂ©da Ă  la demande et le RĂ©giment Étranger partit ainsi au Mexique.

Le régiment arrive le et se voit alors confier la tùche ingrate d'escorter des convois entre Veracruz et Puebla. Mais la 3e compagnie de fusiliers du 1er bataillon s'illustre le au cours du combat de Camerone (en espagnol Camarón rebaptisée plus tard Villa Tejeda) qui reste dans l'histoire comme l'illustration du sacrifice au nom de la parole donnée et de l'exécution de la mission, au péril de sa vie si nécessaire. Bien qu'il s'agisse pour la Légion d'une « défaite », elle est commémorée par les légionnaires avec autant de ferveur que par les Mexicains, qui reconnaissent sans réserve le courage des légionnaires (ceux-ci ne se rendirent que lorsqu'il ne resta que six combattants : le sous-lieutenant Maudet, le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin et Leonhard), qui tentÚrent une ultime charge à la baïonnette. Le capitaine Danjou y perdit la vie et y laissa sa main de bois qui fut retrouvée deux ans plus tard par un lieutenant autrichien. Cette main est devenue une relique sacrée pour tous les légionnaires.

De Ă  , les unitĂ©s du rĂ©giment participent au siĂšge d'Oaxaca. Le , les 3e et 5e compagnies du 4e bataillon livrent un combat comparable Ă  celui de Camerone. Sous les ordres du capitaine Frenet, les 125 lĂ©gionnaires encerclĂ©s dans l'hacienda de l’IncarnaciĂłn rĂ©sistent victorieusement durant 48 heures Ă  plus de 600 Mexicains.

Total des pertes dans l’expĂ©dition du Mexique : 22 officiers, 32 sous-officiers et 414 lĂ©gionnaires. L'accord passĂ© avec l'empereur Maximilien indiquait que la LĂ©gion Ă©trangĂšre devait passer au service du Mexique ; comme l'aventure française au Mexique tourne au dĂ©sastre, la LĂ©gion rentre en France.

Principales batailles de l'expédition

Filmographie

Ce conflit qui a opposĂ© des Juaristes aux ImpĂ©riaux a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© dans plusieurs productions cinĂ©matographiques tĂ©lĂ©visuelles Ă  travers plusieurs mĂȘlant l'histoire, l'aventures, la comĂ©die, le drame, etc. :

Notes et références

  1. Richard Leroy Hill (1995). A Black corps d'Ă©lite: an Egyptian Sudanese conscript battalion with the French Army in Mexico, 1863-1867, and its survivors in subsequent African history. East Lansing, États-Unis: Michigan State University Press. (ISBN 9780870133398)
  2. Gustave Niox, ExpĂ©dition du Mexique, 1861–1867; rĂ©cit politique & militaire [« Mexican Expedition, 1861–1867, military & political narrative »], Paris, J. Dumaine, (ASIN B004IL4IB4, lire en ligne).
  3. (es) Luis Pazos, Historia sinĂłptica de MĂ©xico, de los Olmecas a Salinas, editorial Diana, MĂ©xico, 1994 (ISBN 9-6813-2560-5).
  4. Max Patay et Éric Bourdessol, Les Grandes batailles de l'histoire : Camerone 1863, Socomer Ă©dition, 1988.
  5. (en) The History of Cinco de Mayo - Mexonline.com.
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Annexes

Bibliographie

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  • Alain Gouttman, La Guerre du Mexique (1862-1867) : le mirage amĂ©ricain de NapolĂ©on III, Perrin, 2008 (ISBN 978-2262036829)
  • (en) Paul N. Edison, « Conquest Unrequited : French Expeditionary Science in Mexico, 1864-1867 », French Historical Studies, vol. 26, no 3,‎ , p. 459-495 (DOI 10.1215/00161071-26-3-459).
  • J.-B.Bonnevie, Les Volontaires belges au Mexique, Bruxelles, J. Nys, 1864.
  • Modeste Loiseau, Notes au Mexique par un fonctionnaire de la LĂ©gion belge, Bruxelles, Imp. militaire de E. Guyot, 1867.

Liens externes

Articles connexes

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