Isthme de Tehuantepec
L’isthme de Tehuantepec est un isthme situé au Mexique. Il représente la plus courte distance entre le golfe du Mexique et l'océan Pacifique. Son nom vient de la ville de Tehuantepec (formellement, Santo Domingo Tehuantepec), dans l'État d'Oaxaca. Il est dérivé du mot nahuatl tecuani-tepec, qui signifie « colline du jaguar ».
Description
En son point le plus étroit, l'isthme est d'une largeur de 200 kilomètres entre les océans[1], ou de 192 kilomètres depuis la lagune supérieure sur la côte pacifique. Le point haut de l'isthme est le col de Chivela dans l'État d'Oaxaca à 224 m d'altitude. Un écart considérable avec l'altitude maximale de l'isthme de Panama de seulement 26 m qui explique largement la différence d'intérêt entre ces deux couloirs de traversée du continent américain.
Il marque traditionnellement la limite géographique entre l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale[2] - [3]. Cette délimitation « géographique » se différencie de celle de l'Amérique centrale historique et politique[4]. Ainsi, les autorités du Mexique, dont la majeure partie du territoire se situe au nord de l'isthme, se considèrent officiellement comme un pays d'Amérique du Nord, membre de l'Alena : pour elles, l'Amérique centrale commence donc à leur frontière avec le Guatemala.
Histoire
Un chemin de fer y a Ă©tĂ© construit entre et , permettant ainsi la traversĂ©e de l'Isthme entre Coatzacoalcos et Salina Cruz. Le gouvernement de Porfirio DĂaz avait confiĂ© cette construction Ă des entreprises europĂ©ennes, au mĂ©contentement des Etats Unis, très intĂ©ressĂ©s par la zone et son potentiel. Pour amĂ©liorer les relations avec les États Unis, une des premières dĂ©cisions de Francisco Madero sera de dĂ©sarmer les fortifications des extrĂ©mitĂ©s du chemin de fer, et d'envoyer les canons ainsi rĂ©cupĂ©rĂ©s pour Ă©quiper les Dardanelles[5].
Projet de canal transocéanique et d'oléoduc
On Ă©voque rĂ©gulièrement la possibilitĂ© de creuser dans cet isthme un canal transocĂ©anique, concurrent du canal de Panama situĂ© dans l'État Ă©ponyme, mais ce projet s'est jusque lĂ toujours heurtĂ© Ă la très grosse diffĂ©rence altimĂ©trique entre les 2 isthmes: +198 m en dĂ©faveur de l'isthme de Tehuantepec. En revanche le Mexique semble en phase de contourner ce handicap en concevant un projet alternatif d'olĂ©oduc gĂ©ant assurant un pont de transfert du pĂ©trole des ports de Salina Cruz sur la cĂ´te Pacifique Ă celui de Coatzacoalcos sur la cĂ´te du golfe du Mexique. (El corredor transĂstmico entre Veracruz y Oaxaca es viable: JoaquĂn Caballero Rosiñol 29/11/2012). Le corridor Ă travers l'isthme de Tehuantepec entre les Ă©tats de Veracruz et de Oaxaca est viable (Une dĂ©claration qui n'engage Ă rien au dĂ©but des travaux, seul l'avenir nous le dira).
Les populations autochtones Zapotèque, Huave, Mixe-Zoque et Totonaque, chroniquement affectées par la présence de ces raffineries sur les deux rives océaniques en raison de la pollution des eaux qu'elles engendrent et de leurs prélèvements excessifs de ressources en eau propre, sont pour l'instant largement opposées au projet. Un des enjeux majeurs de l'acceptation ou non du projet sera sans nul doute la capacité des concepteurs à prévoir des dispositifs de protection de l'environnement efficaces dans une région particulièrement sensible à des tremblements de terre fréquents et de niveau élevés sur l'échelle de Richter. On est exactement au point de contact entre la plaque tectonique Nord Américaine et celle des Cocos, un endroit où cette dernière se glisse sous la première à une vitesse de 67 mm/an provoquant séismes et tsunamis majeurs avec une fréquence de retour de l'ordre de 20 ans. Un problème auquel les Zapotèques autochtones sont bien plus sensibles que les ingénieurs du projet, au point d'avoir fait de ces mouvements tectoniques leur premier dieu il y environ 4000 ans et dont le nom est encore gravé dans la pierre du site voisin de San Juan Mogote, l'un des tout premiers témoignages d'écriture de la Mésoamérique précolombienne.
Notes
- (en) Edmond Otis Hovey, « The Isthmus of Tehuantepec and the Tehuantepec National Railway », Bulletin of the American Geological Society, vol. 39, no 1,‎ , p. 78–91 (lire en ligne).
- « Amérique centrale, géographie, politique, économie, définition », sur www.imagenes-tropicales.com (consulté le ).
- « Amérique centrale », sur Encyclopédie Larousse.
- (en) Anthony George Coates, Central America : A Natural and Cultural History, Yale University Press, (ISBN 0-300-08065-4, lire en ligne), p. 95.
- Jean Meyer, La révolution mexicaine, Paris, Tallandier, impr. 2010, 347 p. (ISBN 978-2-84734-656-5, OCLC 690687370, lire en ligne), p. 28.
Article connexe
- Tehuano, vent de couloir qui traverse l'isthme