Accueil🇫🇷Chercher

Constant Tydgadt

Constant Tydgadt, né à Gand, Belgique, le , et mort à Tacámbaro, Michoacán, Mexique, le , est un officier de la Légion belge connu pour sa participation à l'Expédition du Mexique et sa conduite héroïque lors de la bataille de Tacámbaro où il est mort.

Constant Tydgadt
Constantinus Jacobus Tydgadt
Constant Tydgadt
Constant Tydgadt en 1865.

Naissance
Gand
Décès
Tacámbaro, Michoacán, Mexique
Allégeance Drapeau de la Belgique Royaume de Belgique
Arme LĂ©gion belge
Grade major 1864
Années de service – 1865
Conflits Expédition du Mexique
Faits d'armes Bataille de Tacámbaro
Famille Eugène Tydgadt (capitaine), frère

Biographie

Constant (Constantinus Jacobus) Tydgadt[1], né à Gand en 1827 est le fils de Charles Philippe Tydgadt, vinaigrier et brasseur, et de Colette Jacobée Van der stichele. Il a une sœur et quatre frères, dont Eugène Tydgadt (né en 1833) qui participe en qualité de capitaine à la campagne du Mexique.

Constant Tydgadt effectue une carrière militaire. Le , il devient sous-lieutenant au 2e régiment de ligne, le , il devient lieutenant au 1er régiment de ligne, puis le , capitaine de 3e classe au 2e régiment de ligne. C'est en qualité de major de la Légion belge que le , il quitte la ville d'Audenarde en vue d'embarquer avec ses soldats pour participer à l'expédition du Mexique[2].

Campagne du Mexique

Lors de l'expĂ©dition du Mexique, Ă  la fin de l'annĂ©e 1864, des volontaires belges envoyĂ©s servir dans l'armĂ©e de l'empereur Maximilien, dont l'Ă©pouse, Charlotte de Belgique est la fille du roi LĂ©opold Ier de Belgique, commencent Ă  arriver au Mexique[3]. Le premier dĂ©tachement belge parvient au Mexique le . Ensuite, d'autres sont progressivement amenĂ©s par les paquebots mensuels[4]. En , 1 300 hommes du contingent belge sont prĂ©sents au Mexique Ă  la disposition de l'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Bazaine[5]. Ils forment un rĂ©giment Ă  deux bataillons et sont bien commandĂ©s. Les lĂ©gionnaires belges sont en gĂ©nĂ©ral très jeunes et avaient cru venir au Mexique en qualitĂ© de garde d'honneur de l'impĂ©ratrice Charlotte. Avant d'ĂŞtre employĂ©s activement, ils avaient besoin d'une instruction et d'une discipline. Les fatigues et les privations d'une campagne pĂ©nible n'Ă©taient compensĂ©es par aucun avantage rĂ©el[6].

Photographie en noir et blanc de sept soldats en uniformes.
La légion belge de volontaires au Mexique.

Parmi ces Belges, le major Constant Tydgadt, Ă  la tĂŞte de presque 300 hommes de la lĂ©gion belge part de Morelia, capitale de l'État de Michoacán de Ocampo, le . Morelia est situĂ©e sur le plateau p'urepecha (en) sur l'axe volcanique central, Ă  mi-chemin entre Mexico et Guadalajara. Tydgadt se dirige initialement vers Acuitzio en faisant Ă©tape le premier jour Ă  Santiago Undameo. Il s'y heurte Ă  un dĂ©tachement de Juáristes qui marchent Ă©galement sur Tacámbaro. Au cours d’un bref accrochage, Tydgadt corrige l’ennemi avant de le poursuivre. Le relief Ă©tant très escarpĂ© entre Acuitzio et Tacámbaro, l’avance ralentit[7].

Le , Constant Tydgadt et ses 251 lĂ©gionnaires, occupent une hacienda, non loin de la ville mexicaine de Tacámbaro. Sous les ordres de Tydgadt, les soldats belges poursuivent l'ennemi mexicain depuis deux jours. Il est aisĂ© de s'approcher de Tacámbaro sans ĂŞtre vu, car la ville, situĂ©e Ă  l'entrĂ©e de la terre chaude du Michoacán, est entourĂ©e de toutes parts par des bananiers, une vĂ©gĂ©tation touffue, de petits monticules et des ravines, de sorte que pour l'apercevoir, il faut ĂŞtre Ă  son entrĂ©e[8]. Le lendemain, , face Ă  l'arrivĂ©e de la troupe belge, les juáristes fuient. Tydgadt et ses hommes se retranchent dans la ville, et notamment dans l'Ă©glise et son cloĂ®tre qu'ils transforment en place forte. Tydgadt y dispose de 251 voltigeurs belges, d'un obusier et de 38 cavaliers de l'armĂ©e impĂ©riale mexicaine. Tydgadt attend les ordres du colonel Charles de Potier[9], dirigeant Ă  cette Ă©poque les opĂ©rations militaires dans l'État de Michoacán[10], Ă  qui il vient de faire savoir que les chefs juáristes le gĂ©nĂ©ral Nicolás RĂ©gules et JesĂşs González Ortega concentrent des troupes autour de Tacámbaro[7].

Bataille de Tacámbaro

Défense héroïque du bataillon belge commandé par le major Tydgadt dans Tacámbaro, le 11 avril 1865. (croquis de M. A. Martin).

Le , le major Tydgadt et ses 250 hommes sont subitement attaquĂ©s par les troupes du gĂ©nĂ©ral Nicolás RĂ©gules, qui dispose d'une supĂ©rioritĂ© numĂ©rique Ă©crasante de 3 800 hommes assortie de neuf petits canons de campagne[7], d'autant plus que les 38 cavaliers de l'armĂ©e impĂ©riale mexicaine viennent de rallier l'ennemi. Le major Tydgadt est blessĂ© Ă  l’épaule et Ă  la poitrine par des Ă©clats de grenade. En dĂ©pit de la gravitĂ© de ses blessures, Tydgadt persiste Ă  diriger la dĂ©fense. Ne pouvant vaincre cette rĂ©sistance obstinĂ©e, les juáristes boutent le feu aux arbres et aux constructions qui entourent l’église. Celle-ci s’embrase et une partie de son toit s’écroule sur ses dĂ©fenseurs[7].

Quoique forcĂ© de quitter son rĂ©duit principal, Tydgadt refuse encore de dĂ©poser les armes. Ses hommes et lui-mĂŞme se retirent dans un dernier refuge attenant Ă  l’église et en partie couvert par l’épaulement que les voltigeurs ont construit au cours des jours prĂ©cĂ©dents. Depuis cet abri et malgrĂ© l’affaiblissement de sa troupe, Tydgadt tente une ultime sortie dans l’espoir d’enlever les pièces d’artillerie qui ne cessent de le pilonner depuis les angles de la place. Conduite avec une audace et une vigueur peu communes, cette charge renverse tout ce qui entrave son passage et boute l’ennemi hors de la place, crĂ©ant un grand espace vide devant les bâtiments en flammes. Toutefois, les tirs provenant des terrasses s’intensifient et dĂ©ciment les Belges. Le major Tydgadt reçoit alors une seconde blessure qui lui fracasse le coude. CernĂ©s de toutes parts, les Belges rĂ©sistent dĂ©sespĂ©rĂ©ment dans l'attente de renforts qui ne viennent pas, et sont finalement contraints de capituler[7]. Dans les rangs impĂ©rialistes, la bataille a causĂ© la mort de sept officiers et de vingt hommes, ainsi que trois officiers et onze hommes blessĂ©s. Le gĂ©nĂ©ral RĂ©gules emmène 210 prisonniers[11].

Le monument en mémoire de la bataille de Tacámbaro à Audenarde par Guillaume Geefs, 1867.

Le , le colonel Alfred van der Smissen, commandant du corps des volontaires belges, arrive à Tacámbaro, ivre de rage et de honte. Tandis que Tydgadt gisait gravement blessé et déjà sérieusement affaibli par une longue dysenterie, le chef militaire lui lance de lourds reproches et le menace du conseil de guerre. Quand le major meurt quelques heures plus tard, beaucoup pensent qu’il s’était suicidé[12]. Grièvement blessé lors des combats, le major Tydgadt succombe, en effet, le [13]. Son adjoint, le capitaine Jules Ernest Chazal (1834-1865), fils de Pierre Emmanuel Félix Chazal, ministre belge de la guerre, figure également parmi les victimes belges[7]. Le colonel de Potier, averti de ces malheureux événements, arrive à Tacámbaro le [14].

Quelques semaines plus tard, en , le capitaine Eugène Tydgadt, frère de Constant, Ă  la tĂŞte de la 1re compagnie de grenadiers, participe Ă  une colonne d'attaque afin de venger la dĂ©faite subie par les lĂ©gionnaires belges. Cette attaque est connue sous le nom de « bataille de la Loma ». Sous les ordres du colonel Alfred van der Smissen, 250 hommes combattent ardemment afin de rentrer dans la ville de Tacámbaro. Les rĂ©publicains mexicains battent en retraite, abandonnent leur artillerie et jettent leurs armes. Le capitaine Eugène Tydgadt Ă©crit : « j'ai repris, pendant le combat, un pistolet rĂ©volver qui avait appartenu Ă  Constant. Celui qui l'avait volĂ©, l'a payĂ© de sa vie. Nous rentrons Ă  Tacámbaro. La ville Ă©tait tout en fĂŞte. On organise des convois pour les blessĂ©s. On transporte les morts. Le pauvre Wurth [commandant des tirailleurs] est enseveli Ă  cĂ´tĂ© de Constant[2]. »

Honneurs

Le , un service funèbre a lieu à l'église Saint-Pierre de Gand en hommage à Constant Tydgadt, en présence de nombreux militaires[13].

D'autre part, Constant Tydgadt est nommé chevalier de deux ordres, en raison de sa bravoure[13] :

Un Monument de Tacámbaro est érigé à Audenarde en 1867 en mémoire des soldats morts au combat[15].

Un autre Monument de Tacámbaro est érigé, en 1867 également, à Bourg-Léopold.

Notes et références

  1. Son acte de naissance mentionne qu'il est né le 5 janvier 1827 à sept heures et demie du soir, au domicile de ses parents, nouvelle rue Saint-Pierre (Ville de Gand : acte de naissance n°43 - année 1827).
  2. « Mexique : Lettre d'Eugène Tydgadt », Journal de Bruxelles, no 271,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 394.
  4. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 475.
  5. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 476.
  6. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 480-481.
  7. « UN SOLDAT DU CORPS EXPÉDITIONNAIRE BELGE AU MEXIQUE (1864-1867) : Émile Noirsain », sur noirsain.net, (consulté le ).
  8. « Nouvelles du Mexique », La Meuse, no 126,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Charles Ferdinand Jacques comte de Potier (1820-1888) est devenu général de division après l'expédition du Mexique.
  10. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 507.
  11. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 507-508.
  12. « Biographie de van der Smissen », sur ars.moriendi.be, (consulté le ).
  13. « Nécrologie », La Meuse, no 140,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  14. Gustave LĂ©on Niox 1874, p. 508.
  15. « Inauguration du Monument d'Audenarde », L'Écho du Parlement, no 290,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • « Mexique : Lettre d'Eugène Tydgadt », Journal de Bruxelles, no 271,‎ , p. 2 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Gustave LĂ©on Niox, ExpĂ©dition du Mexique, 1861-1867; rĂ©cit politique & militaire, Paris, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jacqueline Hons, « La lĂ©gion belge au Mexique », Ami, no 26,‎ .

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.