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Antonio LĂłpez de Santa Anna

Antonio López de Santa Anna y Pérez de Lebrón, né le à Xalapa, l'actuelle capitale de l'État de Veracruz, et mort le à Mexico, est un militaire et homme politique mexicain qui exerça à plusieurs reprises le pouvoir au Mexique, entre 1833 et 1855, en qualité de président de la République[1].

Antonio LĂłpez de Santa Anna
Illustration.
Portrait de Santa Anna.
Fonctions
Président des États-Unis mexicains
–
(2 ans, 3 mois et 23 jours)
RĂ©Ă©lection 23 mars 1853
Gouvernement Santa Anna XI
Prédécesseur Manuel María Lombardini
Successeur MartĂ­n Carrera
–
(3 mois et 27 jours)
Gouvernement Santa Anna X
Prédécesseur Pedro María Anaya
Successeur Manuel de la Peña y Peña
–
(12 jours)
RĂ©Ă©lection 20 mars 1847
Vice-président Valentín Gómez Farías
Gouvernement Santa Anna IX
Prédécesseur Valentín Gómez Farías
Successeur Pedro MarĂ­a Anaya
–
(3 mois et 8 jours)
RĂ©Ă©lection 20 mai 1844
Gouvernement Santa Anna VIII
Prédécesseur Valentín Canalizo
Successeur José Joaquín de Herrera
–
(3 mois et 23 jours)
Gouvernement Santa Anna VII
Prédécesseur Nicolás Bravo
Successeur ValentĂ­n Canalizo
–
(1 an et 16 jours)
Gouvernement Santa Anna VI
Prédécesseur Francisco Javier Echeverría
Successeur Nicolás Bravo
–
(3 mois et 22 jours)
Gouvernement Santa Anna V
Prédécesseur Anastasio Bustamante
Successeur Nicolás Bravo
–
(9 mois et 4 jours)
Vice-président Valentín Gómez Farías
Gouvernement Santa Anna IV
Prédécesseur Valentín Gómez Farías
Successeur Miguel Barragán
–
(1 mois et 18 jours)
Vice-président Valentín Gómez Farías
Gouvernement Santa Anna III
Prédécesseur Valentín Gómez Farías
Successeur ValentĂ­n GĂłmez FarĂ­as
–
(15 jours)
Vice-président Valentín Gómez Farías
Gouvernement Santa Anna II
Prédécesseur Valentín Gómez Farías
Successeur ValentĂ­n GĂłmez FarĂ­as
–
(18 jours)
Élection 30 mars 1833
Vice-président Valentín Gómez Farías
Gouvernement Santa Anna I
Prédécesseur Valentín Gómez Farías
Successeur ValentĂ­n GĂłmez FarĂ­as
Biographie
Nom de naissance Antonio de Padua MarĂ­a Severino LĂłpez de Santa Anna y PĂ©rez de LebrĂłn
Date de naissance
Lieu de naissance Xalapa (Nouvelle-Espagne)
Date de décès
Lieu de décès Mexico (Mexique)
Nationalité Mexicain
Père Antonio López de Santa Anna y Pérez
Mère Manuela Pérez de Lebrón y Cortés
Conjoint Inés de la Paz García
Dolores Tosta
Enfants 5 dont Manuel LĂłpez de Santa Anna

Signature de Antonio LĂłpez de Santa Anna

Antonio LĂłpez de Santa Anna
Présidents du Mexique

Il était surnommé L'Aigle, le Napoléon de l'Ouest [2], le Napoléon du Nouveau Monde ou le Héros immortel de Cempoala par ses amis et partisans[3]. Ses ennemis, eux, le surnommaient Quince Uñas (Quinze Ongles) en référence à la jambe qu'il perdit en 1838. Durant sa longue carrière politique, il fut tour à tour royaliste, monarchiste, républicain, centraliste, fédéraliste, libéral et conservateur. Il occupa la fonction gouverneur de l'État de Yucatán (1824-1825) puis de celui de Veracruz (1829).

En 1833, Santa Anna se soulève et renverse par un coup d'État le gouvernement d'Anastasio Bustamante, qui cède la présidence à Manuel Gómez Pedraza qui à son tour la cède à Santa Anna, qui se retire une première fois en 1835 sous prétexte de maladie.

La présidence échoit le à Miguel Barragán. En 1839 Bustamante lui cède à nouveau la présidence. Cela provoqua une guerre civile, entre les partisans de Bustamante (« les bustamantistes ») et ceux de Santa Anna (« les santanistes »). Le conflit prit fin en 1841, après la chute de Bustamante et le triomphe de Santa Anna. Tout-puissant après cette victoire, il réaffirme son autorité et gouverne le pays d'une main de fer. En 1844, il est de nouveau renversé par les troupes libérales unies contre son gouvernement. Exilé, il revient au Mexique en 1846, après la fin de la république centraliste. Avec ses partisans, il reprend rapidement le pouvoir et élimine farouchement ses opposants. Durant la guerre américano-mexicaine, il s'appuie sur des généraux qui lui sont fidèles comme Pedro María Anaya et Mariano Arista. Secoué par les attaques des fédéralistes et trahi par certains de ces généraux, il est de nouveau chassé du pouvoir et son gouvernement est renversé en .

En exil, il prépare son retour avec l'aide de ses partisans tels que le général Mariano Arista qui, en 1851, renverse le Congrès et prend le pouvoir en attendant le retour de Santa Anna. Chassé à son tour, Arista perd la confiance de Santa Anna, et se voit remplacer à la tête des troupes santanistes par le général Manuel Maria Lombardini, qui permet son retour au pouvoir en 1853.

Chassé définitivement du pouvoir en 1855 par la Révolution d'Ayutla, Santa Anna s'exile. Il revient au Mexique en 1874, où il finira ses jours, à la suite d'une amnistie générale décrétée par le président Sebastián Lerdo de Tejada [4],

Contrairement a une idée reçue, Santa Anna n'a jamais été nommé président à vie[5].

Biographie

Carrière militaire

Né le à Xalapa, Antonio López de Santa Anna entre en qualité de cadet au « Fijo de Veracruz », un régiment d'infanterie, le . En 1811, lors de la campagne de Nuevo Santander (aujourd'hui Tamaulipas) sous le commandement de don José Joaquín de Arredondo (es), il combat les « Indiens » et est blessé au bras par une flèche chimèque. Pour sa bravoure il est nommé sous-lieutenant en 1812.

La même année, il se bat contre les flibustiers américains et texans de l'expédition Gutiérrez-Magee (es). À la suite de la bataille de Medina il est à nouveau cité pour sa bravoure. Il retourne alors à Veracruz et fait la connaissance en 1815 de José Dávila, gouverneur de la province. Il est nommé par celui-ci commandant des formations militaires extra muros de Veracruz, où il combat avec succès les insurgés dans les environs du port. Santa Anna est nommé capitaine en 1817 par le vice-roi don Juan Ruiz de Apodaca avec pour mission de pacifier les environs du port de Veracruz mais des différends avec les autorités locales l'empêchent de mener à bien sa tâche.

Portrait du général Santa Anna.

En 1818, des contacts sont établis entre lui et don Guadalupe Victoria qui mène la guérilla indépendantiste et qui l'invite à rejoindre ses rangs. Santa Anna réplique en offrant des terres à ceux des insurgés qui déposeraient les armes et fonde quelques villages dans l'État de Veracruz. Pendant ce temps, Iturbide et Vicente Guerrero proclament l'indépendance du pays par le plan d'Iguala qu'ils viennent de signer. Santa Anna abandonne alors l'armée royaliste le et adhère à la cause de l'indépendance. Il met en déroute ses anciens compagnons d'armes à Alvarado, puis à Córdoba et Xalapa, mais échoue devant le port de Veracruz où il est repoussé par Davila, resté fidèle à l'Espagne, et ses troupes subissent alors de lourdes pertes. En 1821, il s'illustre en chassant les Espagnols hors du port de Veracruz, mais il laisse la forteresse de San Juan de Ulúa qui commande l'entrée du port et bloque le commerce en leur pouvoir.

Il est déçu par Iturbide et l'Empire qui ne le rĂ©compensent pas suffisamment Ă  son goĂ»t. Pourtant en 1822, Iturbide le nomme gĂ©nĂ©ral-brigadier et le charge de poursuivre Guadalupe Victoria. Mais Santa Anna prĂ©fère simuler une maladie pour ne pas obĂ©ir Ă  l'ordre impĂ©rial. La mĂŞme annĂ©e il Ă©choue dans sa tentative de reprendre San Juan de UlĂşa aux Espagnols. Il se querelle alors avec Echavarri, gouverneur de Veracruz. Le , il signe avec Guadalupe Victoria le plan de Veracruz dans lequel il est dit que la seule forme de gouvernement au Mexique doit ĂŞtre la RĂ©publique. Santa Anna fait partie des chefs militaires soutenant le plan de Casa Mata du visant Ă  renverser l'empereur et dĂ©clarer la RĂ©publique au Mexique. Il la proclamera lui-mĂŞme le Ă  Veracruz, Ă  la tĂŞte de 400 hommes, dans l'enthousiasme populaire. L'Espagne fait un dernier effort pour reconquĂ©rir le Mexique : un corps expĂ©ditionnaire de 3 000 soldats espagnols commandĂ©s par le brigadier Isidro Barradas dĂ©barque Ă  Tampico en 1829. Santa Anna marche contre eux avec une troupe moins nombreuse et obtient la victoire. Beaucoup de ses adversaires meurent de la fièvre jaune. Il est dĂ©clarĂ© hĂ©ros national, ce qu'il apprĂ©cie, et dĂ©sormais se fait appeler « le hĂ©ros de Tampico »[6] et « le sauveur de la patrie ».

De 1810 à 1848, soit pendant 38 années de guerres presque ininterrompues, Santa-Anna participa à plus de batailles que George Washington et Napoléon Ier réunis.

Carrière politique

Il déclare alors se retirer de la vie publique « « à moins que mon pays n'ait besoin de moi » ». Il décide que son retour est indispensable quand Anastasio Bustamante mène un coup d'État, renversant et faisant fusiller le président Vicente Guerrero en février 1831, prenant ainsi les pleins pouvoirs .

Vie privée

Doña Dolores Tosta de Santa Anna, 1855.

Santa Anna se maria deux fois. Il aimait jouer et parier des sommes parfois importantes. Il se marie avec Inés de la Paz García et avec Dolores Tosta. Il adhère à une loge maçonnique de rite écossais ancien et accepté[7]

En 1836, lors de la campagne du Texas, il eut un enfant dont on ignore le sexe avec Melchora Barrera, on ne sait pas non plus avec prĂ©cision s'ils se marièrent ou non. Plus tard Santa Anna les envoya Ă  Mexico et veilla sur leur bien-ĂŞtre. Il acheta deux belles propriĂ©tĂ©s dans son État natal, les haciendas de Manga de Clavo près du port de Veracruz oĂą il passa une grande partie de sa vie. Il acheta le l'hacienda dite de El Encero situĂ©e près de Jalapa pour 45 000 pesos et qui devint sa rĂ©sidence principale lorsqu'il se maria en 1844 en secondes noces (dans la chapelle qu'il y fit spĂ©cialement Ă©difier) avec doña Dolores de Tosta (après le dĂ©cès de sa première Ă©pouse InĂ©s de la Paz GarcĂ­a avec laquelle il avait eu cinq enfants, dont Manuel LĂłpez de Santa Anna). Les haciendas de Santa Anna se consacraient principalement Ă  l'Ă©levage de bovins destinĂ©s Ă  alimenter ses troupes. Il y Ă©levait Ă©galement des coqs de combat auxquels il vouait une grande passion.

En 1839, il reçut en son hacienda de Manga de Clavo la marquise Calderón de la Barca et plus tard l'épouse de l'ambassadeur américain Poinsett. Toutes deux publièrent des récits détaillés de leur séjour. Santa Anna y reçut presque tous les politiciens, militaires et notables de l'époque. Une cohue de quémandeurs de toute sorte venus de tout le pays l'attendait dès qu'il sortait de chez lui. Il est considéré par certains comme le premier à avoir cherché à commercialiser le chicle obtenu du Manilkara zapota, arbre qui poussait sur ses terres, comme gomme à mâcher, ainsi que comme bandages pour les roues de calèches, mais sans succès.

Au pouvoir

Première période (1833-1835)

En 1833, à la tête de quelques troupes, il renverse le président Manuel Gomez Pedraza, dissout le Congrès, suspend la Constitution, prend les pleins pouvoirs et devient le second président à vie de l'histoire mexicaine, après Bustamante.

Les mesures qu'il prit contre les biens du clergĂ© et les privilèges des militaires provoquèrent un soulèvement contre lui nommĂ© plan de ReligiĂłn y fueros proclamĂ© Ă  Morelia par le colonel don Ignacio Escala secondĂ© Ă  Chalco par le gĂ©nĂ©ral Durán. Santa Anna, feignant de partir les combattre, fut fait « prisonnier » par eux et, après un simulacre d'Ă©vasion, reprit le contrĂ´le de la capitale et rĂ©prima les rĂ©bellions. En , la rĂ©volte libĂ©rale de Zacatecas est Ă©crasĂ©e, on compte entre 2 000 et 2 500 civils tuĂ©s en 2 jours de massacres[8]. En 1835, il est vaincu par les armĂ©es du gĂ©nĂ©ral Miguel Barragán qui rĂ©tablit la rĂ©publique centraliste. Santa Anna est alors chassĂ© et exilĂ© en Europe.

Retour et guerre civile (1839-1841)

Portrait de Santa Anna.
Portrait de Bustamante.

La partie texane de l'État mexicain de Coahuila y Tejas entre en rĂ©bellion en mars 1836 (voir RĂ©volution texane). Santa Anna, profite de la situation pour dĂ©barquer clandestinement avant de marcher Ă  la tĂŞte de 6 000 recrues inexpĂ©rimentĂ©es vers le nord pour remettre la province rebelle sous contrĂ´le. Il assiège et prend Fort Alamo le 6 mars 1836, mais il est capturĂ© par les forces sĂ©paratistes après la bataille de San Jacinto le . MenacĂ© dans son intĂ©gritĂ© physique, il ordonne le retrait des troupes du Texas. Ordre qui n'aurait pas dĂ» ĂŞtre suivi, aucune armĂ©e ne devant obĂ©ir Ă  un chef prisonnier. Ă€ Mexico, le gouvernement du prĂ©sident JosĂ© Justo Corro, après avoir appris la nouvelle, ordonna son arrestation. Après quelque temps de captivitĂ© puis d'Ă©loignement aux États-Unis, il est autorisĂ© Ă  retourner au Mexique. Il se retire alors dans l'État de Veracruz dans une de ses propriĂ©tĂ©s. En 1837, le gĂ©nĂ©ral Anastasio Bustamante renverse la rĂ©publique et reprend les pleins pouvoirs. En 1838, Santa Anna voit une chance de reprendre le pouvoir quand la marine de Louis-Philippe dĂ©barque Ă  Veracruz sous prĂ©texte de faire indemniser des commerçants français victimes de troubles Ă  Mexico. Intervention appelĂ©e guerre des Pâtisseries. On dit qu'il Ă©tait dans son hamac en son hacienda et qu'entendant la canonnade, il bondit sur son cheval en direction du port.

Avec peu d'hommes et quasiment sans aide du gouvernement (qui, en secret, espérait que les Français le débarrasseraient de lui), faisant preuve d'un grand courage physique, il se bat sans grand résultat contre l'envahisseur, et perd une jambe qu'il fit plus tard enterrer avec de grands honneurs à Mexico. Santa Anna garde le contrôle de son armée après le retrait des Français, ce qui lui permet de marcher sur Mexico et de renverser le dictateur Bustamante, et de rétablir lui-même son régime autoritaire. Mais Bustamante et ses partisans ripostent et forment une armée dite de reconquête qui marche sur Mexico. C'est le début d'une guerre civile, entre les partisans de Bustamante (« les bustamantistes ») et ceux de Santa Anna (« les santanistes »). , Santa Anna perd Mexico, repris par Bustamante. En 1841, il réunifie son armée et bat les dernières unités de Bustamante lors du siège de Mexico, le condamnant à un exil final. Santa Anna met ainsi fin à la guerre et s'affirme comme seul et unique dirigeant du pays.

Deuxième période (1841-1844)

Portrait de Santa Anna durant la guerre américano-mexicaine.

Cet exercice du pouvoir est encore dur et plus bureaucratique que précédemment. Il lève des taxes nécessaires au fonctionnement des administrations, de l'armée, de la formation d'un État présent, ce qui provoque la colère des riches qui ne voulaient rien payer et des classes populaires déjà très atteintes. Plusieurs États mexicains cessent purement et simplement toute relation avec le gouvernement central. Le Yucatán se déclare république indépendante. En , l'opposition républicaine parvint à le renverser. Vaincu, il s'exila à Cuba[9]. Les finances étaient dans un état désastreux et les officiers se révoltaient souvent, lassés d'attendre leur solde. En 1844, une insurrection ramena les moderados au pouvoir avec, pour président, le général José Joaquín Herrera. La plèbe de Mexico en profita pour renverser la statue de Santa Anna et traîner dans les rues au bout d'une corde le morceau de jambe qu'il avait perdu à Veracruz. L'ex-dictateur, qui était revenu d'exil, s'enfuit dans les montagnes de son Veracruz natal où il fut pris par des indigènes de la région de Xico, des cannibales qui allaient le manger lorsqu'il fut sauvé, in extremis, par des troupes gouvernementales. Il est sans doute le seul chef d'État qui ait failli subir ce sort[10].

Troisième période (1846-1847)

En 1846, dans le but de s'emparer de nouveaux territoires, les États-Unis déclarent la guerre au Mexique, connaissant sa faiblesse militaire et sa désorganisation interne. Santa Anna, qui a réuni ses partisans, assiège Mexico, suspend de nouveau la république et reprend les pleins pouvoirs. Peu de temps avant, Santa Anna avait négocié secrètement avec les représentants des États-Unis, plaidant que s'il était autorisé à passer la frontière, il s'efforcerait de faire vendre les territoires convoités à un prix raisonnable, sachant que de toute façon il serait impossible au Mexique de les conserver. Une fois au pouvoir, il viole cet engagement : il lutte fermement mais sans succès contre l'invasion des États-Unis. Après plusieurs batailles, le Mexique perd la moitié de sa surface au profit des États-Unis. Après avoir cédé l'intérim plusieurs fois à ses fidèles généraux, son gouvernement est de nouveau renversé par l'armée de la libération républicaine. Il est alors à nouveau contraint à l'exil le , via la Jamaïque, en Colombie, à Turbaco où il vit dans l'ancienne propriété de Simón Bolivar.

Dernière période et chute

Santa Anna, vers 1855.

Depuis la chute de 1847, et bien qu'il soit en exil, Santa Anna prépare avec certains de ses généraux, son retour au pouvoir. En 1851, le général Mariano Arista, fidèle de Santa Anna, prend, à sa demande, le contrôle des troupes santanistes, renverse la république et prend provisoirement le pouvoir jusqu'au retour de Santa Anna. Mais Arista parvient finalement à se maintenir contre les attaques des républicains et trahit alors Santa Anna et mettant fin au gouvernement provisoire pour se proclamer président à vie à sa place. Cela provoque la colère des élites santanistes qui renversent Arista, condamné à l'exil.

Santa Anna envoie donc le général Manuel Maria Lombardini, prend le contrôle des élites et établit un nouveau gouvernement provisoire. Celui-ci rétablit l'ordre et permet à Santa Anna de revenir au pouvoir. En 1853, il revient à l'invitation de l'Église et des conservateurs avec lesquels il reprend les pleins pouvoirs[11]. Son administration n'est pas meilleure que les précédentes. Il dépense énormément d'argent, mène grand train, vend une portion de territoire aux États-Unis (achat Gadsden : en cela il a peut-être évité une nouvelle guerre). De nouveau déclaré président à vie, il prend la qualité d'Altesse Sérénissime[11]. Il fait aussi composer et jouer un hymne national dont la musique et certains couplets sont restés les mêmes jusqu'à nos jours.

Il continue la pratique des gouvernements précédents en versant de fortes sommes aux politiques et aux militaires pour s'assurer de leur loyauté. Mais en , républicains conservateurs et libéraux s'unissent une nouvelle fois, et avec l'aide des troupes de résistants, renverse le gouvernement de Mexico après une violente attaque de la capitale. Santa Anna doit s'enfuir à Cuba puis à nouveau en Colombie[11]. Des caciques puissants et respectés tels que Santiago Vidaurri au Nuevo Léon et Manuel Doblado (es) dans le Guanajuato se joignent à ses opposants et leur fournissent des troupes. L'étendue de sa corruption est rendue publique, il est jugé par contumace pour trahison et ses biens au Mexique sont confisqués.

Il vit alors en Colombie (où il agit en bienfaiteur de Turbaco) puis dans l'île de Saint-Thomas. Les lois publiées en 1856 par le gouvernement de Comonfort confisquèrent tous les biens de Santa Anna et ses haciendas furent vendues au profit de la Nation.

Nouvel exil et fin de vie

Obligation hypothécaire de 500 $ émise par Antonio López de Santa Anna le 28 juin 1866 pendant son exil à New York et signée de sa propre main. Sur l'obligation figurent ses palais et ses terres, qui ont été mis en gage comme garantie. Santa Anna voulait utiliser cet emprunt d'un montant total de 750.000 dollars pour financer son retour au Mexique.
Obligation hypothécaire de 500 $ émise par Antonio López de Santa Anna le 28 juin 1866 pendant son exil à New York et signée de sa propre main. Sur l'obligation figurent ses palais et ses terres, qui ont été mis en gage comme garantie. Santa Anna voulait utiliser cet emprunt d'un montant total de 750.000 dollars pour financer son retour au Mexique.

Pendant le règne de l'empereur Maximilien Ier imposé par les puissances européennes, Santa Anna n'est pas convié à reprendre du service dans les armées du président Juárez qui luttent contre une armée française commandée par le maréchal Bazaine et les corps expéditionnaires belges du colonel Alfred Van der Smissen. Ces troupes ne parviennent pas à venir à bout de la résistance mexicaine et finissent par quitter le Mexique, laissant l'empereur Maximilien seul face aux Mexicains qui le font fusiller. Après le retrait des troupes étrangères, une amnistie décrétée en 1872 par le président Lerdo de Tejada permet le retour de Santa Anna dans sa patrie.

En 1876, à Mexico, il meurt pauvre et oublié, lui qui aimait se faire appeler le Napoléon de l'Ouest. Peu avant son décès, des cérémonies en souvenir de la bataille de Churubusco furent organisées par le gouvernement. Santa Anna, qui avait été commandant en chef à l'époque, ne fut pas même invité à y assister.

Ses restes reposent aux côtés de ceux de Dolorés de Tosta au Panteón del Tepeyac (es), delegación Gustavo A. Madero (Ciudad de México). Santa Anna fut le bouc émissaire idéal pour les gouvernements mexicains qui se succédèrent jusqu'à nos jours. Tout ce qui arriva de négatif au Mexique durant la période 1830-1855 fut pour ainsi dire de sa faute et les Américains en firent une caricature du style matamore tropical grandiloquent, traître et corrompu, visant à travers lui nombre de politiciens latino-américains. Mais une étude attentive de l'histoire redonne à Santa Anna quelque lustre et permet de mieux comprendre la complexité de sa personnalité.

Divers

Une phrase célèbre de Santa Anna :

« La linéa divisoria entre México y Estados Unidos se fijará junto a la boca de mis cañones. »

(« La ligne de partage entre le Mexique et les États-Unis sera fixée à la bouche de mes canons. »)

  • Santa Anna est le contemporain du prĂ©sident argentin Juan Manuel de Rosas - ( - ) dont l'histoire offre quelques similitudes avec la sienne.
  • La chanson Santianna (Santa Anna) date de la guerre de 1846-1848. Elle aurait Ă©tĂ© chantĂ©e pour la première fois par des marins anglais qui auraient combattu aux cĂ´tĂ©s de Santa-Anna, qui fit figure de hĂ©ros aux yeux des Britanniques en combattant l'envahisseur venu des États-Unis :
O! Santianna fought for fame
Away Santianna!
And Santianna gained a name
All in the plains of Mexico!

Avec des paroles très différentes, elle est devenue Santiano dans l'adaptation française d'Hugues Aufray.

Annexes

Notes et références

  1. Santa Anna fue Presidente de la República 11 veces, pero ¿a cuánto tiempo equivalen esas once veces? vamonosalbable.blogspot.fr
  2. El Napoleón del Oeste - Editorial Diana - México DF 2000 réédition en castillan de : Frank C. Hanighen : Santa Anna The Napoleon of the West - New York - première édition 1934 - OCLC 1295973 -
  3. - voir el Nuevo cojo ilustrado, periódico de opinión y arte, New York 5 avril 2010 article de Bill Brik : Santa Anna hizo más que matar à Davy Crockett. - La historia de Texas en la biblioteca nacional de México La historia de Texas en la ... - Google Book...-se retrouve dans la littérature citée sous bibliographie et se trouve sous Google dans "el Napoleón del Oeste"
  4. Fernando Orozco Linares : Gobernantes de MĂ©xico, Editorial Panorama, (ISBN 968-38-0133-1) pages 237 Ă  303
  5. Henry B. Parkes-histoire du Mexique-page 206
  6. Calcott Wilfrid Hardy - The story of an enigma who once was Mexico - Archon books - Hamden, Connecticut, 1964 - Antonio López de Santa Anna - Mi historia militar y política - 1810-1874 - Editora Nacional - Mexico D.f. 1973 - se trouve aussi dans les livres cités dans la bibliographie
  7. James Albert Michener, Texas, Seuil, 1987, (ISBN 9782020105095)
  8. https://www.herodote.net/Santa_Anna_1794_1876_-synthese-491.php
  9. Henry B. Parkes Histoire du Mexique page 221, la préface est de Jacques Soustelle
  10. Alain Bauer, Dictionnaire amoureux de la franc-maçonnerie, Plon, , 263 p. (ISBN 978-2-259-21278-6, présentation en ligne), p. 223

Article connexe

Bibliographie

  • Les quelques livres anciens mentionnĂ©s sont d'auteurs connus et rĂ©Ă©ditĂ©s en tout cas au Mexique par exemple ceux de Guillermo Prieto et Frank C. Hanighen aux États-Unis. Il est vrai que certains sont difficiles Ă  trouver mais des auteurs plus rĂ©cents les citent dans leurs bibliographie et ont servi de base Ă  leurs recherches, d'autres se trouvent avec ISBN ou OCLC. Les livres citĂ©s sont pour la plupart anciens ; il est en effet quasiment impossible de trouver des biographies sĂ©rieuses de Santa Anna par des auteurs francophones et/ou traduites en français.
  • Grandes biografias de Mexico, OcĂ©ano Editorial, Mexico 1997 ;
  • El seductor de la Patria, Enrique Serna, Editorial Joaquin Mortiz, Mexico 1999 - (ISBN 968-27-0775-7) ;
  • Memorias de mis tiempos 1828-1853, Guillermo Prieto, Mexico, 1906 ;
  • Santa Anna y la guerra de Texas, JosĂ© C.ValadĂ©s, Mexico, 1936 ;
  • Quinze Unas y Casanova aventureros, Antonio Zamora Plowes, Talleres graficos de la Nacion (2 tomes), MĂ©xico, 1945 ;
  • The Eagle, Antonio Lopez de Santa Anna, Ann Fears Crawford Ă©ditions - State house press, Austin Texas, 1988 (OCLC 308246) (autobiographie);
  • Ex hacienda Paso de Varas (Puente Nacional, Veracruz) on y voit les restes d'une caserne et d'Ă©curies lui ayant appartenu.
  • Ex hacienda El Lencero (El Encero) (Emiliano Zapata, près de Xalapa oĂą il se maria et vĂ©cut avec sa seconde Ă©pouse.
  • Derecho constitucional mexicano, Felipe Tena Ramirez, Editorial Porrua, Mexico, 1944 (OCLC 4663519) ;
  • MĂ©xico a travĂ©s de los siglos, Vicente Riva Palacio, tome IV pages 10 Ă  859, Editorial Cumbre, Mexico, 1954 (OCLC 28713258) ;
  • Valentin Gomez Farias y su lucha por el federalismo 1822-1858, Lillian Briseno Senosiain y otros, Mexico (ISBN 968-6382-34-8) ;
  • Veracruz, textos de su historia, Carmen Blazquez Dominguez, Instituto veracruzano de Cultura, (OCLC 21161410) ;
  • With Santa Anna in Texas, a personal narrative of the revolution, JosĂ© Enrique de la Pena, Texas A & M University press., 1975, 201 pages ;
  • Histoire du Mexique, Henry Bramford Parkes, prĂ©face de Jacques Soustelle, Payot, Paris, 1939 ; (OCLC 18979997) ;
  • Gobernantes de MĂ©xico, Fernando Orozco Linares, Panorama editorial, Mexico, 1985 ; (ISBN 968-38-0133-1) ;
  • Santa Anna a curse upon MĂ©xico, Robert L. Scheina, Potomacs books inc., 2002 ; (ISBN 157-488-4050) ;
  • Life in MĂ©xico under Santa Anna 1822-1855; Ruth Olivera & Liliane CrĂ©tĂ©, University of Oklahoma press, 1991, 264 pages ; (OCLC 22766757) ;
  • Santa Anna; the story of an enigma who once was Mexico, Wilfred Hardy Callcott, University of Oklahoma press, 1936 ; (OCLC 480945) ;
  • Santa Anna the Napoleon of the West, Frank C. Hanighen, Coward Mc Cann edit., New York, 1934, 326 pages ; (OCLC 1295973) ;
  • El Napoleon del Oeste, Editorial Diana, Mexico, 2000 (rĂ©Ă©dition espagnole) ;
  • Historia de MĂ©xico, Ă©pocas precortesina, colonial e independiente, Carlos Alvear Acevedo, Editorial Jus, Mexico, 1988 ;
  • Las grandes mentiras de nuestra historia, Francisco Bulnes, Editorial Nacional, Mexico, 1969 (rĂ©Ă©dition)

Liens externes

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