Jean Danjou
Jean Danjou, né le à Chalabre (Aude), tué au combat le à Camerone (Mexique), est un officier militaire français du second Empire.
Jean Danjou | ||
Sméou, Portrait de Jean Danjou, Aubagne, musée de la Légion étrangère. | ||
Naissance | Chalabre, France |
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Décès | Camarón de Tejeda, Mexique Mort au combat |
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Origine | France | |
Arme | Armée de terre française | |
Grade | Capitaine | |
Années de service | 1849 – 1863 | |
Conflits | Crimée (Sébastopol) Campagne d'Italie (1859) (Magenta - Solférino) Expédition du Mexique (†à Camarón de Tejeda) |
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Faits d'armes | Bataille de Camerone | |
Distinctions | Chevalier de la LĂ©gion d'honneur | |
Il s’illustra notamment en résistant à une armée de plus de 2 000 Mexicains lors de la bataille de Camerone, le . Il commandait alors la 3e compagnie du régiment étranger et disposait de 62 hommes seulement.
Biographie
Jeunesse et formation
Jean Danjou est né le , à Chalabre, de Jean et de Marguerite Balussou. Il est le quatrième d'une fratrie de huit garçons. Après des études sommaires à l’école primaire de Mirepoix, puis de Carcassonne, il travaille dès l’âge de quinze ans dans la fabrique de bonneterie de son père.
Sa vocation militaire est provoquée par la visite en grand uniforme d’un ancien ouvrier de la fabrique familiale, le sous-lieutenant Canut. En 1847, il entre à l'école de Saint-Cyr.
Carrière et distinctions
Promu sous-lieutenant, Jean Danjou est affecté au 51e de Ligne. En 1852, il est versé au 2e régiment étranger.
Le , au cours d'une expédition topographique en Algérie, il perd la main gauche à la suite de l’explosion de son fusil. Il la remplacera par une prothèse articulée en bois, dont il se servira comme d’une vraie.
Promu lieutenant le , puis capitaine le à titre exceptionnel au siège de Sébastopol en 1854 et, enfin, capitaine adjudant major le . Mis en non-activité par suite de « dégagement des cadres », le , il reçoit néanmoins la croix de chevalier de la Légion d’honneur [1]. Rappelé au service le , il est affecté au 26e régiment d'infanterie, avant d'être de nouveau nommé au 2e régiment étranger en 1857. En 1859 pendant la campagne d'Italie , il est présent à Magenta et Solférino. Embarqué le 9 février 1863 à Mers-el-Kebir sur le Wagram (en) avec sa compagnie, il débarque à Veracruz le 25 mars.
Campagnes
- Algérie, Kabylie.
- Crimée (Sébastopol).
- Italie (batailles de Magenta et de Solférino).
- Maroc.
- Expédition du Mexique (1861-1867).
La bataille de Camerone
Lors de l'expédition du Mexique (1861-1867), il est tué le à Camerone, au cours d'une bataille restée mythique, durant laquelle 63 légionnaires (dont il avait pris ce jour-là le commandement) firent face à environ 2 000 soldats de l'armée mexicaine.
Le capitaine Danjou et ses hommes se sont retranchés dans une hacienda délabrée. Malgré une démonstration de force des Mexicains, le capitaine Danjou refuse de se rendre. Les cavaliers mexicains démontés lancent alors une première attaque maladroite mais sont contraints de battre en retraite après avoir subi de lourdes pertes. Face à une situation quasiment désespérée, Danjou jure de ne jamais se rendre et demande à ses hommes de faire de même, ce qu’ils font. Il est mortellement frappé d’une balle en pleine poitrine en traversant la cour afin d'inspecter ses positions.
Les hommes du capitaine Danjou, fidèles à la promesse faite à leur chef, déclinent une nouvelle proposition de reddition en dépit des tentatives d'intimidation du colonel Milan : les Mexicains font comprendre aux légionnaires qu'ils ne feront pas de quartier, s'ils s'obstinent à leur résister.
À la fin de la journée, 40 légionnaires sont morts et 23 faits prisonniers. Presque tous sont blessés, et les deux tiers d'entre eux succomberont à leurs blessures au cours de leur captivité. De leur côté, les Mexicains déplorent plus de 500 tués et blessés.
Les trois derniers légionnaires acceptent de se rendre, à condition qu'ils puissent conserver leurs armes et que l'on soigne leurs blessés. Acceptant les conditions de cette poignée de braves dont le courage l'impressionne, un officier mexicain francophone Ramon Laisné leur répond : « On ne refuse rien à des hommes comme vous ! »
La main du capitaine Danjou
Après le combat, la colonne de secours du colonel Jeanningros ne retrouve que des corps dépouillés. On cherche en vain la main articulée que le capitaine Danjou s'était fait faire dix ans auparavant. La prothèse est finalement retrouvée en par le lieutenant autrichien Karl Grübert chez le propriétaire français d'un ranch aux environs de Tesuitlan, à 100 km du lieu du combat. Celui-ci la tenait d'un guérillero ayant participé au combat. Le lieutenant Grübert la lui rachète pour 50 piastres. Selon une autre source, la main du capitaine Danjou a été retrouvée lors de l'arrestation du général Ramirez qui la détenait.
Elle est ensuite rapportée à Sidi-Bel-Abbès en 1865 par le colonel Guilhem. Depuis, cette relique est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne[2]. Elle est présentée tous les ans lors de la cérémonie de Camerone à la maison mère, portée par celui qui a été choisi par ses pairs (ce n'est pas nécessairement un officier, encadré par deux ou parfois trois accompagnateurs)[3] - [4].
Postérité
D'une union libre à Sidi-Bel-Abbés en 1860, il a une fille née en 1861 et reconnue en 1863 [5]. Mariée en 1893 à Brie-Comte-Robert, elle meurt en 1947 sans descendance.
Un tableau représentant son portrait, œuvre du sergent Sméou d’après photographie, est conservé à Aubagne au musée de la Légion étrangère.
Une stèle est érigée en sa mémoire à Castelnau-le-Lez, près de Montpellier, et une plaque commémorative[6] gravé sur granit d'après un buste en bronze conservé au musée de la Légion étrangère à Aubagne, orne la façade de sa maison natale située dans la rue qui porte son nom à Chalabre (Aude). Tous les ans, au plus près du 30 avril, date anniversaire de la bataille de Camerone, une gerbe est déposée par le colonel commandant le régiment de Légion de Castelnaudary devant la maison natale de Jean Danjou à Chalabre. Cette cérémonie est précédée par une messe à l'église Saint-Pierre et par le défilé d'une escouade de légionnaires accompagnés par les anciens combattants.
Le Domaine capitaine Danjou à Puyloubier dans les Bouches-du-Rhône est le siège de l’institution des invalides de la Légion étrangère et de l’amicale des anciens de la Légion étrangère du pays d'Aix et de la Sainte-Baume. Ce domaine abrite un vignoble appartenant à la Légion Étrangère dont la production est vendue au bénéfice de l'Entraide Légion Étrangère.
Le château abrite le musée de l'uniforme légionnaire, annexe du musée de la Légion étrangère d'Aubagne, ainsi qu’une boutique ouverte au public et proposant à la vente les réalisations des ateliers.
Un quartier capitaine Danjou abrite le 4e régiment étranger, à Castelnaudary dans l’Aude, réalisé en trois tranches successives : la première voit la réalisation des bâtiments des compagnies d'engagés volontaires, du PC, du stand de tir couvert, de l'ensemble alimentation - loisirs et du poste de sécurité ; la seconde tranche des travaux permet la réalisation de toutes les installations techniques et le reliquat de l'infrastructure destinée à l'instruction spécialisée ; la troisième tranche, qui sort de terre à partir de 1988, comporte entre autres le cercle-mess, l'infirmerie, les bâtiments destinés à héberger la compagnie d'instruction des cadres (CIC) et la CIS. La piscine est inaugurée en 1997. Doté également d'un vaste complexe d'instruction à la conduite, le quartier se place parmi les centres d'instruction les plus modernes et les plus performants d'Europe.
Une promotion « capitaine Danjou » respectivement d’élèves officiers (1971-1973) et d'élèves officiers de réserve (1971) est baptisée ainsi à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. L’école est commandée successivement par les généraux Jean Richard et Jacques de Barry à ce moment-là .
Notes et références
- Légion d'honneur sur base léonore
- « Le Musée de la Légion étrangère, à Aubagne » (consulté le ).
- Képi blanc et Division histoire et patrimoine de la Légion étrangère.
- « Les emblèmes et symboles de la Légion » (consulté le ).
- Acte de naissance de la fille Anom
- Réalisée par Michel Robardet, graveur funéraire.
Annexes
Bibliographie
- Fabrice Fanet et Jean-Christophe Romer, Les Militaires qui ont changé la France, Paris, Le cherche midi, 2008 (extrait en ligne).