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Bataille de Solférino

La bataille de SolfĂ©rino a eu lieu le durant la campagne d'Italie. Elle s'est dĂ©roulĂ©e en Lombardie, dans la province de Mantoue. Il s'agit d'une victoire des armĂ©es françaises de NapolĂ©on III et sarde sur l'armĂ©e autrichienne de l'empereur François-Joseph.

Bataille de Solférino
Description de cette image, également commentée ci-après
Napoléon III à la bataille de Solférino par Jean-Louis-Ernest Meissonier. Huile sur toile, 1864.
Informations générales
Date
Lieu Solférino (Lombardie, Italie)
Issue Victoire des alliés franco-sardes
Forces en présence
118 000 fantassins
522 canons
119 000 fantassins
88 escadrons de cavalerie
672 pièces d’artillerie
Pertes
2 492 morts
12 512 blessĂ©s
2 922 prisonniers ou disparus
3 000 morts
10 807 blessĂ©s
8 638 prisonniers ou disparus

Deuxième guerre d'indépendance italienne

Batailles

CoordonnĂ©es 45° 22′ 02″ nord, 10° 33′ 59″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Bataille de Solférino

Plus de 330 000 soldats ont combattu dans cette bataille qui voit l'utilisation de techniques nouvelles comme le transport des troupes françaises en train, qui ont mis seulement quatre jours pour aller de Lyon jusqu'au PiĂ©mont, les canons et fusils Ă  canon rayĂ© (plus prĂ©cis et puissants). L'artillerie joue un grand rĂ´le, peu de combats ayant lieu au corps Ă  corps. Contrairement Ă  la lĂ©gende, le taux de victimes (morts et blessĂ©s) Ă  cette bataille est d'environ 12,5 % (10 % au sein des forces franco-sardes et 14 % chez les Autrichiens), contre 20 % Ă  la bataille de Marengo, 25 Ă  30 % Ă  la bataille de la Moskova, 21 % Ă  la bataille d'Eylau, 25 % Ă  la bataille de Leipzig et jusqu'Ă  32,4 % dans les rangs confĂ©dĂ©rĂ©s Ă  la bataille de Gettysburg en 1863[1].

Le contexte

Le conflit entre l'Empire autrichien et la coalition franco-sarde est né de la promesse faite par Napoléon III au roi Victor-Emmanuel II de l'aider à chasser l'« occupant autrichien » en échange de la Savoie et Nice, promesse de l'importance de laquelle il prend conscience après l'attentat de Felice Orsini, le . L'empereur charge son médecin personnel Henri Conneau d'une mission secrète auprès du comte Cavour à Turin, pour organiser une rencontre secrète. L'entrevue, qui a lieu à Plombières, le , scelle l'alliance militaire franco-sarde contre l'Autriche et le mariage entre le prince Napoléon et Marie-Clotilde de Savoie.

Après la victoire de Magenta, l'armée d'Italie se tourne vers l'Est pour poursuivre l'ennemi. La progression est ralentie par les destructions opérées par les troupes autrichiennes et par les pluies incessantes. L'ennemi se replie successivement derrière plusieurs affluents du Pô : l'Adda, l'Oglio et la Chiese.

La veille

Dans la matinée du , l'empereur d'Autriche ordonne à ses troupes de se tourner vers l'ouest. Ces dernières regagnent la rive droite du Mincio, où elles reviennent occuper les positions abandonnées quelques jours auparavant. Cette manœuvre est destinée à mettre en place l'armée des Habsbourg sur les collines morainiques au sud du lac de Garde et, à partir de cette position qui domine la plaine, lancer une attaque sur l'armée franco-sarde. Elle espère exploiter ainsi le chaos dans lequel celle-ci se trouverait lors de la traversée du Chiese (dont les ponts ont été détruits au cours de la retraite, sur ordre de Gyulai, commandant l'armée austro-hongroise).

Mais contrairement aux espérances des Autrichiens, grâce à l'efficacité du génie français, le gros de l'armée franco-sarde a déjà traversé le Chiese, au cours de la journée du . Elle se prépare à avancer rapidement vers le Mincio, encouragée par les rapports des patrouilles de reconnaissance qui, quelques jours plus tôt, ont pu constater le repli de l'ennemi et par la conviction que la bataille aura lieu sur les rives de cette rivière, comme cela semble logique (et favorable d'un point de vue tactique) pour les Autrichiens.

Aux premières heures du , Napoléon III et Victor-Emmanuel II se rencontrent sur la colline de Lonato pour discuter d'une dépêche envoyée par l'impératrice Eugénie, qui contient d'inquiétantes informations sur d'importants mouvements de troupes prussiennes sur le Rhin. La lettre contient une invitation pressante à la conclusion rapide de la campagne d'Italie afin que l'armée française puisse rentrer chez elle pour défendre ses frontières. Après un bref entretien privé, les souverains regagnent leurs quartiers généraux.

Les combats des patrouilles de reconnaissance qui se produisent tout au long de la journée convainquent les Autrichiens qu'ils ont intercepté les premières avant-gardes franco-sardes ; ceux-ci pensent avoir établi le contact avec l'arrière-garde autrichienne, tout comme à Melegnano.

En fait, les deux armĂ©es sont dĂ©ployĂ©es sur deux lignes parallèles très proches l'une de l'autre et qui s'Ă©tendent du nord au sud sur 20 km.

La bataille

Le rapport du général français Camille de Rochefort à son commandant Adolphe Niel, qui atteste le début des combats à 4 heures moins 10 minutes le 24 juin 1859.

Selon le plan établi, à l'aube du 24 juin l'armée franco-sarde se déplace vers l'est afin de se déployer le long de la rive droite du Mincio. Comme première étape matinale, l'armée française aurait dû occuper les villages de Solferino, Cavriana, Medole et Guidizzolo, respectivement avec le Ier corps d'armée du général d'Hilliers, le 2e corps d'armée du maréchal Mac-Mahon, le 3e corps d'armée du général Canrobert et le 4e corps d'armée du général Niel, tandis que les quatre divisions de l'armée sarde devaient prendre place à Pozzolengo.

Après quelques kilomètres, inévitablement, les colonnes franco-sardes entrent en contact, les unes après les autres, avec les troupes autrichiennes, fortement implantées précisément à Solferino, Cavriana, Medole, Guidizzolo et Pozzolengo. En quelques heures, de 4 h à 7 h, de violents combats ont lieu qui conduisent à une mêlée générale, chaotique et très violente, qui dure plus de 18 h.

L'absence de plan de bataille ordonné, l'équilibre des forces en jeu et la détermination féroce des deux camps sont les principales causes de l'énorme carnage. De nombreux combats se déroulent à Medole, Solferino et San Martino qui correspondent, respectivement, aux secteurs sud, central et nord d'un vaste front.

La bataille de Medole

Le sacrifice du colonel Maleville (it) au cours de la bataille de Medole.

Les combats du débutent à Medole, dans le secteur Sud du front, vers 4 h du matin. Au cours de la marche qui doit le conduire à Guidizzolo, en passant par le village de Medole, le 4e corps d'armée français affronte un régiment avancé de la Ire armée autrichienne.

Le général Niel décide d'engager immédiatement la bataille, et faisant preuve d'une stratégie peu commune, il déploie ses forces aux limites Est du territoire de Medole, empêchant ainsi les trois corps de l'armée autrichienne, présents à Guidizzolo, de soutenir les soldats de la IIe armée placés sur les hauteurs de Solferino et durement attaqués par les colonnes françaises du général d'Hilliers et du maréchal Mac-Mahon.

Les troupes de Niel, même si elles sont numériquement inférieures et déployées sur une ligne de km, réussissent à contenir les assauts ennemis par une habile alternance d'actions de défense et de contre-attaques sur les points névralgiques de Crocevia, Quagliera (it), Casa Nuova (it), Baite et Rebecco (it).

Les combats, qui durent 15 h jusqu'Ă  la retraite des Autrichiens, provoquent dans les deux camps la perte de 14 279 hommes.

La bataille de Solferino

Plan de la bataille de Solférino.

Vers 4 h 30, l'avant-garde du Ier corps d'armée français, commandé par le maréchal Baraguey d'Hilliers, établit le contact avec les troupes autrichiennes du Ve corps d'armée dirigées par le feld-maréchal Stadion (de) à proximité de Grole sur le territoire de Castiglione delle Stiviere.

Une demi-heure plus tard, le IIe corps d'armée français, commandé par le maréchal Patrice de Mac Mahon, rencontre les divisions austro-hongroises postées au hameau de Ca' Morino sur le territoire de Medole.

Les troupes autrichiennes, fortes de trois corps d'armée positionnés à Solferino, Cavriana et Volta Mantovana, résistent durablement aux assauts conjugués des Ier et IIe corps français, contraignant Napoléon III à engager la garde impériale dans la bataille.

Solferino est arrachée au Ve corps d'armée de Stadion, en début d'après-midi, et le déploiement français se poursuit pour conquérir Cavriana. Là, il rencontre également une forte résistance de la part du Ier corps d'armée du maréchal autrichien Clam-Gallas. L'engagement de troupes fraîches, vers 15 h, composées du IIIe corps d'armée français du général Canrobert, permet d'occuper Cavriana peu avant 18 h.

Le rôle décisif des voltigeurs de la Garde

Comme l'indique le rapport du général Regnault de St.-Jean d'Angély, la 1re division d'infanterie de la Garde Impériale (composée des voltigeurs de la Garde) est commandée par le lieutenant-colonel Charles Guichard de Montguers, qui prend le commandement du 30e de ligne pendant la bataille après la mort de son colonel. Ces Voltigeurs chargèrent, baïonnette au canon, culbutant des forces quatre fois supérieures en nombre. Ils s'emparent de la tour Solférino, réussissant ainsi la percée au centre du dispositif.

La LĂ©gion dans cette bataille

Le 2e régiment étranger, aux ordres du colonel Signorino, participe à la campagne d’Italie. En arrivant à hauteur de Ca' Morino, les légionnaires, avec le deuxième régiment de zouaves, formant l’avant-garde du deuxième corps d’armée commandé par le maréchal de Mac-Mahon, rencontrent une forte colonne autrichienne se dirigeant sur Castiglione.

Le 24, les lĂ©gionnaires se dĂ©placent en direction de Mantoue. Les premières salves d’artillerie des vedettes ennemies sont tirĂ©es. En dĂ©but d'après-midi, sous une chaleur accablante, les lĂ©gionnaires et les zouaves prennent Cassiano. Le marĂ©chal de Mac-Mahon donne l’ordre aux compagnies de tirailleurs de la LĂ©gion de se dĂ©ployer pour permettre la mise en place de l’artillerie au centre de la bataille. Les combats acharnĂ©s et terribles obligent les lĂ©gionnaires Ă  aborder l’ennemi Ă  la baĂŻonnette. Le 2e rĂ©giment Ă©tranger dĂ©plore cependant six morts et 38 blessĂ©s, ce qui est peu au regard des pertes totales.

Les tirailleurs algériens dans cette bataille

Comme pour la campagne de CrimĂ©e, l'armĂ©e d'Afrique fut appelĂ©e Ă  fournir un contingent pour la campagne d'Italie. Chacun des trois rĂ©giments de tirailleurs algĂ©riens dut fournir un bataillon de 1 100 soldats afin de crĂ©er un rĂ©giment provisoire de tirailleurs algĂ©riens, composĂ© de trois bataillons Ă  six compagnies chacun. Le commandement en est donnĂ© au colonel Laure[2], du 2e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens[3]. Ce rĂ©giment s'illustre particulièrement lors de l'attaque du mont Fontana qui relie San Cassiano Ă  Cavriana[4].

La bataille de San Martino

Cette bataille fut remportée le par le général Philibert Mollard. Le premier régiment sarde à entrer en contact avec les Autrichiens est la 29e compagnie de bersaglieri, dirigée par le jeune lieutenant-colonel Raffaele Cadorna qui précède l'avant-garde de la 5e division Cucchiari (it) se dirigeant vers Pozzolengo. C'est l'action qui engage, vers 7 h du matin, une longue et sanglante bataille pour le contrôle de Pozzolengo, menée principalement dans les bourgs de San Martino et Madonna della Scoperta (it). La formation autrichienne, en nette infériorité numérique, est déployée sur des positions dominantes. Le feld-maréchal Benedek mène ses hommes avec beaucoup d'habileté, réussissant à tenir ses positions jusqu'à la fin de soirée, lorsque les armées austro-hongroises se retirent de Solferino, Cavriana, Guidizzolo et Volta Mantovana, se mettant à l'abri au-delà du Mincio.

Les forces en présence

L'armée française

Bataille de Solférino, 24 juin 1859: Napoléon III ordonne au futur maréchal Regnaud d'engager le combat avec la garde impériale.

L'armée française est un extraordinaire instrument de guerre. Elle est composée principalement de combattants expérimentés et équipée d'armes modernes et efficaces.

Mais ce ne sont pas les seules raisons de la supériorité française. L'armée a bénéficié à la fois d'un environnement issu du siècle des Lumières qui a imprégné la société de connaissances scientifiques et de la réforme militaire réalisée par Napoléon qui peut être résumée dans la célèbre adage : « Chacun de mes soldats a dans son sac à dos le bâton de maréchal ». Les cadres dirigeants de la France sont choisis en fonction de leurs connaissances et de leur expérience, ce qui conduit à une large compétence technique et une haute capacité tactique.

Les troupes qui composent les forces françaises sont commandées par Napoléon III et 41 officiers généraux qui appartiennent aux quatre premiers des cinq corps d'armée envoyés en Italie (en plus de la Garde impériale) et ainsi composés :

L'armée sarde

Après la défaite de 1849, l'armée sarde avait été soumise une restructuration sur dix années confiée à Alfonso La Marmora, ministre de la Guerre au sein du gouvernement Perrone. Le travail de La Marmora avait apporté de bons résultats avec la modernisation de l'armement, de l'instruction technique des officiers et la réorganisation des régiments sur le modèle français.

MalgrĂ© cela, l'armĂ©e de Savoie Ă©tait affligĂ©e de dĂ©fauts qui causèrent des rĂ©sultats dĂ©cevants au cours des affrontements. Le premier dĂ©faut provenait de la prĂ©sence de volontaires enrĂ´lĂ©s pour l'occasion, fortement motivĂ©s mais sans connaissance du mĂ©tier de soldat, mal Ă©quipĂ©s et mal armĂ©s. Le second et le plus important dĂ©faut rĂ©sidait dans le manque de coopĂ©ration manifestĂ© par les 39 officiers qui composaient l'important Ă©tat-major de la maison de Savoie. Sa compĂ©tence tactique et stratĂ©gique fut souvent masquĂ©e par un excès d'individualisme.

L'armée sarde comprenaient quatre divisions :

  • 1re division du gĂ©nĂ©ral Durando
    • Brigade des grenadiers de Sardaigne du gĂ©nĂ©ral Calliano
    • Brigade Savoie du gĂ©nĂ©ral Perrier
    • RĂ©giment de cavalerie lĂ©gère d'Alessandria du lieutenant-colonel Reccagni
    • 5e brigade d'artillerie du major Cugia
  • 2e division du gĂ©nĂ©ral Fanti
    • Brigade PiĂ©mont du gĂ©nĂ©ral Camerana
    • Brigade Aoste du gĂ©nĂ©ral Cerale (it)
    • RĂ©giment de cavalerie lĂ©gère Aoste du colonel Angelini
    • 6e brigade d'artillerie du major Salino
  • 3e division du gĂ©nĂ©ral Philibert Mollard
    • Brigade Cuneo du gĂ©nĂ©ral Araldi
    • Brigade Pinerolo du gĂ©nĂ©ral Morozzo della Rocca
    • RĂ©giment de cavalerie lĂ©gère de Monferrato du lieutenant colonel Morelli
  • 5e Division du gĂ©nĂ©ral Cucchiari
    • Brigade Casale du gĂ©nĂ©ral Pettinengo
    • Brigade Acqui du gĂ©nĂ©ral Gozzani
    • RĂ©giment de cavalerie lĂ©gère de Saluzzo du colonel Griffini

L'armée autrichienne

Sous le commandement de François-Joseph, l'armée fut divisée en deux armées reliées et approvisionnées par les forteresses du quadrilatère. La Ire armée s'approvisionnait à la forteresse de Mantoue et était déployée dans la plaine du Pô, tandis que la seconde armée, approvisionnée par la forteresse de Peschiera occupait la colline morainique au nord.

Équipée d'armements modernes et efficaces et encadrée par une discipline de fer, l'armée autrichienne trouvait sa faiblesse dans sa structure. Selon la tradition médiévale, bien que le commandement de l'armée fût sous l'autorité de l'empereur, de nombreux régiments étaient de petites armées personnelles, propriétés de leur commandant. L'état-major était donc composé principalement par des nobles de haut lignage mais souvent mauvais tacticiens et divisés pour des raisons politiques, économiques ou personnelles.

Les troupes appartenaient à sept corps d'armées, ainsi composées :

  • 1re ArmĂ©e du feld-marĂ©chal Wimpffen
    • IIIe Corps d'ArmĂ©e du feld-marĂ©chal lieutenant Schwarzenberg
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral Adolf Karl Schönberger
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Joseph Habermann von Habersfeld
    • IXe corps d'ArmĂ©e du gĂ©nĂ©ral de cavalerie Schaffgotsche
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Heinrich von Handel
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Franz Folliot de Crenneville
    • XIe corps d'ArmĂ©e de feld-marĂ©chal lieutenant Valentin Veigl
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Anton von Schwarzel
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Friedrich August von Blomberg
      • Division de cavalerie du gĂ©nĂ©ral lieutenant Friedrich Franz Graf Zedtwitz
  • 2de armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Franz Schlik
    • Ire corps d'ArmĂ©e du feld-marĂ©chal Clam-Gallas
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Montenuovo
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Ludwig von Sztankovics (de)
    • Ve corps d'ArmĂ©e du feld-marĂ©chal lieutenant Stadion
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Johann Karl Graf von Palffy
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Leopold von Sternberg-Serowitz
    • VIIe corps d'ArmĂ©e du feld-marĂ©chal lieutenant Zobel (en)
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant von Hessen
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Karl Lilia von Westegg
    • VIIIe corps d'ArmĂ©e du feld-marĂ©chal lieutenant Benedek
      • 1re division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Joseph von Berger
      • 2e division du gĂ©nĂ©ral lieutenant Adolf von Lang
      • Division de cavalerie du feld-marĂ©chal lieutenant Mensdorff
      • Brigade du gĂ©nĂ©ral lieutenant Reichlin (dĂ©tachĂ©e du VIe corps d'armĂ©e)

Les conditions sanitaires

Palais Ceni à Medole, la première ambulance de la bataille de Solferino et San Martino.

Les pertes sont lourdes : 40 000 hommes sont hors de combat et abandonnĂ©s sur le champ de bataille. Les services sanitaires sont insuffisants, ils manquent de tout, de moyens, de nourriture et de personnel. La majoritĂ© des havresacs ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s par les soldats lors du combat et les sources d’eau qui auraient pu servir au ravitaillement des hommes ne sont pas utilisables car elles sont infectĂ©es par le sang et les bactĂ©ries provenant des cadavres. De plus, la qualitĂ© du service mĂ©dical est dĂ©sastreuse : l’anesthĂ©sie est presque inexistante[5]. Quand elle est appliquĂ©e, elle peut mĂŞme entraĂ®ner le coma voire la mort, en raison du chloroforme utilisĂ© Ă  forte dose. Les gangrènes sont courantes car on ignore tout de l'infection par germes pathogènes. Ainsi que de l’utilisation du cĂ©rat, cataplasme impermĂ©able fait Ă  base de cire, qui favorise grandement les infections[6] - [7].

Henry Dunant

À Castiglione, les blessés sont partout. L’église et l’école de la ville sont transformées en hôpitaux. Les blessés sont à même les rues, faute de place. Certains, quelle que soit leur nationalité, sont hébergés chez les villageois. Henri Dunant est témoin de cette vision d'horreur et décide d'aider le peu d'infirmières présentes sur place. Pendant quatre jours, il s'investit personnellement et financièrement. Il apporte les premiers soins et achète lui-même vivres et habits pour les rescapés de la bataille (Italiens, Français et Autrichiens confondus) et il va même jusqu'à écrire à leur famille. Il prend contact avec la comtesse de Gasparin qui est la fondatrice de l'école d'infirmières de La Source, à Lausanne. Celle-ci écrit au président de la Société évangélique de Genève, dont Dunant est un membre actif, afin d'informer le public des besoins nécessaires pour les blessés de guerre. Publiée, la lettre d’Henri Dunant à la comtesse émeut les Genevois ; Genève décide alors d’envoyer une mission de secours à Castiglione. Dunant rentre à Genève le jour de l’armistice. Il retrouve sa vie mondaine, mais ne la supporte plus. Son cœur n'est plus qu'avec les victimes, il ne pense plus qu'à retourner aider les gens dans le besoin. Selon son psychiatre, Dunant est traumatisé. Il décide alors de se confier. Il commence par en parler autour de lui, puis lui vient une idée : il écrit un livre afin que tout le monde puisse ressentir ce qu'il a vécu, au moins en partie. Un souvenir de Solférino[8] sort en octobre 1862. C'est un livre poignant et réaliste qui révèle la face cachée d'une victoire en décrivant la souffrance des victimes. La population est très touchée ; les frères Goncourt eux-mêmes s'inclinent devant tant d'émotion et de réalisme. Après avoir lu le livre, un jeune juriste, président de la Société genevoise d'utilité publique, nommé Gustave Moynier rencontre Henri Dunant. Ensemble, ils discutent de leurs idées communes à propos des blessés de guerre. Plus tard, ces idées donnent naissance à une association d'aide humanitaire désignée sous le nom de Comité international de la Croix-Rouge.

En octobre 1859, le docteur Bartolomeo Gualla[9], qui fut Ă©galement prĂ©sident du comitĂ© clandestin de l'insurrection contre l'oppression autrichienne durant les dix jours de Brescia en 1849, a publiĂ© une statistique. Il y a eu dans sa ville, Ă  Brescia, qui comptait environ 35 000 habitants Ă  l'Ă©poque, 37 hĂ´pitaux ouverts, qui ont vu affluer 32 916 blessĂ©s, rĂ©partis comme suit : 17 345 Français, 13 959 Italiens et 1 612 Autrichiens. On en a guĂ©ri 26 038 et il en est mort 1 273. Les autres, Ă©tant encore Ă  l'Ă©tat de convalescence, ont Ă©tĂ© transportĂ©s dans leurs familles. Sur le plan mĂ©dical, il y a eu notamment 451 amputations, 14 dĂ©sarticulations et 4 opĂ©rations de trĂ©panation au crâne, dont un patient est dĂ©cĂ©dĂ©. Il y a eu 76 cas de tĂ©tanos, dont 68 n'ont pas survĂ©cu. Dans les hĂ´pitaux de VĂ©rone, d'après le journal hebdomadaire de Vienne, il y a eu 22 739 malades, soignĂ©s durant tout le mois de juin, et 141 sont morts durant cette pĂ©riode. Parmi eux, il y avait 5 361 blessĂ©s par armes Ă  feu, dont 29 ont succombĂ©. Ă€ mi-septembre, selon la gazette d'Augsbourg, il y avait encore 4 500 malades et blessĂ©s de l'armĂ©e autrichienne, et 1 600 d'entre eux se trouvaient dans le vaste hĂ´pital de la garnison (San Spirito). Un grand nombre de ces malades Ă©taient soignĂ©s pour de la fièvre et de la dysenterie, mais sans caractère très pernicieux. Ă€ mi-aoĂ»t, on a recensĂ© 300 cas de typhus, mais la mortalitĂ© a Ă©tĂ© très faible parmi les malades et encore plus faible parmi les blessĂ©s[10].

Hommages

Ossuaire de Solférino.

Il existe un mémorial des batailles de Solférino : tour et musée à San Martino della Battaglia.

Le , l'aviateur français Louis Paulhan, volant au-dessus de l'ossuaire de Solférino, lance de son aéroplane des roses et des œillets rouges, en hommage aux soldats morts lors de la bataille[11].

Le , un siècle après, le président de la République italienne Giovanni Gronchi et le président de la République française Charles de Gaulle se sont rendus à San Martino della Battaglia[12].

Dans les Landes, une commune porte le nom Solférino, dont le territoire avait été acheté par Napoléon III.

À Paris, Napoléon III avait inauguré en 1861 un pont traversant la Seine qui fut baptisé pont Solférino. En 2006, ce pont prend le nom de passerelle Léopold-Sédar-Senghor. Ce pont a donné son nom au port de Solférino, sur la Seine, ainsi qu’à la rue qui y mène (rue de Solférino), qui a elle-même donné son nom à la station de métro toute proche (Solférino-Musée d'Orsay).

Il existe une chapelle nommée Solférino à Luz-Saint-Sauveur. Napoléon III l'avait fait construire en hommage à la fameuse bataille.

La promotion 2022 de l'Ecole des commissaires des armées porte le nom de Solférino.

Notes et références

  1. Thierry Widemann, À propos de la bataille de Solferino, Chemins de mémoire, Ministère français de la Défense, no 196, juillet-août 2009.
  2. « Le colonel Laure avait servi en Afrique presque toujours aux zouaves ou aux troupes indigènes depuis 20 annĂ©es. Il n'avait pas fait la campagne de CrimĂ©e, le rĂ©giment auquel il Ă©tait attachĂ© Ă  cette Ă©poque comme lieutenant-colonel ayant Ă©tĂ© maintenu en Afrique. Les tirailleurs qu'il commandait sont les mĂŞmes que ceux qui bondissaient comme des panthères Ă  l'Alma, Ă  Inkermann, Ă  Traclir et Ă  Kinburn, et qui s'Ă©lancèrent si bravement dans la gorge de Malakoff »., Charles Adam, La guerre d'Italie : histoire complète des opĂ©rations militaires dans la pĂ©ninsule, Librairie populaire des villes et des campagnes, 1859, p. 43.
  3. Le livre d'or des tirailleurs indigènes de la province d'Alger, Bastide, 1866.
  4. « A l'attaque du mont Fontana les tirailleurs algériens sont décimés, leurs colonels Laure et Herment sont tués, leurs officiers succombent en grand nombre, ce qui redouble leur fureur : ils s'excitent à venger leur mort et se précipitent, avec la rage de l'Africain et le fanatisme du Musulman, sur leurs ennemis qu'ils massacrent avec frénésie sans trêve ni relâche et comme des tigres altérés de sang », Henri Dunant, Un Souvenir de Solferino, Fick, 1862, p. 34.
  5. Divers auteurs, Aux sources de l’idée Croix-Rouge, Genève, 1984, p. 77.
  6. Divers auteurs, Aux sources de l’idée Croix-Rouge, Genève, 1984, p. 84.
  7. Roger Durand, La Croix-Rouge en Suisse romande, commission régionale des sections romandes de la Croix-Rouge suisse, 1992, Genève, p. 35 à 49 : « Les origines du mouvement ».
  8. Henri Dunant, Un souvenir de Solférino, Genève, imprimerie Jules-Guillaume Fick, 1862.
  9. Le dieci giornate, Bartolomeo Gualla, président du comité clandestin de l'insurrection (page 11).
  10. « Statistiques blessés et malades à Brescia et Vérone », Nouvelliste vaudois (page 2), 6 octobre 1859.
  11. Le 28 mai 1910 dans le ciel : Une pluie de fleurs pour les soldats de la bataille de Solférino
  12. « Entretiens de Gaulle-Gronchi, dans le train Brescia-Rome », Tribune de Lausanne, 25 juin 1959.

Bibliographie

  • CĂ©sar Lecat de Bazancourt, La Campagne d'Italie de 1859 : chroniques de la guerre, Paris, Amyot,
  • BarthĂ©lemy Louis Joseph Lebrun, Souvenirs des guerres de CrimĂ©e et d'Italie, Paris, Émile de La BĂ©dollière,
  • AmĂ©dĂ©e de Cesena, Campagne de PiĂ©mont et de Lombardie, Paris, Garnier Frères,
  • (de) Hans Bindter, Das Feldzug von 1859 : Das Vorspiel zu den Ereignissen von 1866 bis 1870, Berlin,
  • (it) Vittorio Giglio, I fasti del cinquantanove, Milan, Vallardi Editore,
  • (it) Stelio Martelli, Le battaglie di Solferino e San Martino, Azzate, Edizioni Varesina,
  • (it) Andrzej KuĹ›niewicz, Il Re delle due Sicilie, Palerme, Sellerio Editore,
  • (it) Massimo Marocchi, Il racconto della seconda guerra d'indipendenza attraverso le memorie e le lettere, Udine, Gaspari Editore,
  • (it) Mino Milani, Le battaglie di Solferino e San Martino, Rudiano, GAM Edizioni,
  • (it) Costantino Cipolla, Il crinale dei crinali. La battaglia di Solferino e San Martino, Franco Angeli,
  • (it) Daniela Sogliano, La battaglia di Solferino e San Martino. Arte, storia e mito, Milan, Officina Libraria,
  • Pierre PĂ©lissier, SolfĂ©rino, 24 juin 1859, Paris, Perrin, coll. « Synthèses historiques », , 218 p. (ISBN 978-2-262-03706-2)
  • Gianluigi Valotti (trad. de l'italien par Micol Tagliani), Solferino 1859. Les blessĂ©s français soignĂ©s Ă  Manerbio [« Solferino 1859, I feriti francesi ricoverati a Manerbio »], Sardini, coll. « La Nostra Terra Arte, Storia, Uomini, Paesi », (1re Ă©d. 2014), 104 p. (ISBN 978-88-7506-223-1)

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