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Amputation

L'amputation est l'ablation d'une extrĂ©mitĂ© du corps Ă  la suite d'un traumatisme ou d'un acte chirurgical. Dans le cadre de la chirurgie, elle sert Ă  limiter l'expansion incurable d'affections graves comme la gangrĂšne. Elle peut ĂȘtre appliquĂ©e Ă  titre prĂ©ventif pour limiter la douleur ou Ă©viter l'apparition d'autres pathologies.

ScÚne d'amputation d'un membre inférieur au XVIe siÚcle.
Peinture de Peter Baumgras ; soldat blessé à Deep Bottom en Virginie le 16 août 1864 (par une balle de mousquet dans la jambe droite), ayant survécu à l'amputation de sa jambe droite (faite au niveau de la hanche)
Portrait de Lewis Francis (milice de New-York), amputé aprÚs avoir été blessé le , à la premiÚre bataille de Bull Run, poignardé d'au moins 14 coups de baïonnette dans la région du genou (lithographie tirée d'une peinture originale faite par Hermann Faber).

L’amputation est utilisĂ©e comme punition lĂ©gale dans un certain nombre de pays, dont l’Arabie saoudite, le YĂ©men, les Émirats arabes unis et l’Iran. Le hadd coranique de l'amputation de la main du voleur est d'ailleurs toujours soutenu par une majoritĂ© absolue de musulmans en Afghanistan (80 %), au Pakistan (74 %), dans les Territoires palestiniens occupĂ©s (68 %), en Malaisie (57 %), en Égypte (52 %) et en Irak (51 %)[1].

Histoire

Le plus ancien tĂ©moignage d'une amputation rĂ©ussie, dĂ©couvert en 2020 et rĂ©vĂ©lĂ© en 2022, date de 30 960 Â± 240 ans. Il s'agit du squelette d'un jeune Home Sapiens adulte de sexe indĂ©terminĂ© dĂ©gagĂ© du sol de la grotte calcaire de Liang Tebo (pĂ©ninsule de Sangkulirang, Kalimantan oriental), dans le nord-est de BornĂ©o. Morte et enterrĂ©e Ă  l'Ăąge de 19-20 ans, cette personne a subi l'amputation d'un tiers de sa jambe gauche 6 Ă  9 ans plus tĂŽt[2] - [3].

La plus ancienne amputation connue auparavant, datant d'environ 7 000 ans, Ă©tait celle d'un fermier nĂ©olithique dĂ©gagĂ© Ă  Buthiers-Boulancourt (Seine-et-Marne, France), dont l'avant-bras gauche avait Ă©tĂ© enlevĂ© chirurgicalement puis partiellement cicatrisĂ©[4].

L'amputation a Ă©tĂ© minutieusement expliquĂ©e par Abu Al-Qasim, chirurgien du Moyen Âge dans son encyclopĂ©die Al-Tasrif.

Statistiques

États-Unis

Aux États-Unis, environ 2,1 millions de personnes vivent avec un membre amputĂ©. Les amputations concernent le plus souvent la tranche d'Ăąge des 45 Ă  64 ans suivit de celle des 65 Ă  84 ans. 69 % des amputĂ©s sont des hommes, contre 31 % de femmes. Les amputations des membres supĂ©rieurs sont moins frĂ©quentes que celles des membres infĂ©rieurs (35 % pour les membres supĂ©rieurs contre 65 % pour les membres infĂ©rieurs)[5].

France

Il n'existe pas de fichier de suivi des amputĂ©s en France. Les Ă©tablissements de santĂ© rapportent des statistiques d'environ 9 000 opĂ©rations d'amputation de jambe (hanche, fĂ©mur ou tibia)[6], ce qui permet d'estimer entre 100 000 et 150 000 le nombre de personnes concernĂ©es par ce handicap en France en 2007[7].

Amputations du membre inférieur

Le membre infĂ©rieur est de loin le membre le plus souvent concernĂ© par une amputation[alpha 1], mĂȘme si on inclut les frĂ©quentes amputations des doigts[alpha 2] concernant le membre supĂ©rieur. Certaines amputations infĂ©rieures sont dues Ă  l'explosion de mines terrestres, d'autres par la gangrĂšne des diabĂ©tiques et la perforation accidentelle du pied, par la nĂ©crose due au gel des doigts de pied mais aussi par l'artĂ©rite.

  • amputation partielle (doigts) ou amputation totale du pied ;
  • amputation de la cheville (tibiale), (pĂ©ronĂ© raccourci) ;
  • amputation du genou (fĂ©morale) ;
  • amputation de la jambe (hanche) ;
  • amputation partielle ou totale du bassin.

Amputations du membre supérieur

Provenant d'accident, de blessure de guerre, de pathologie (cancer osseux), les amputations de membre supérieur sont moins répandues que celles du membre inférieur :

  • amputation partielle (doigts) ou amputation totale de la main ;
  • amputation du poignet ;
  • amputation cubitale sous le coude ou l’avant-bras ; possibilitĂ© de prothĂšse externe passive et de prothĂšse bionique (pince) ;
  • amputation du coude ;
  • amputation de l’épaule.

L'arthrodĂšse est un blocage de l'articulation qui peut avoir un effet moindre que l'amputation.

Amputés et prothÚses de membre

Les prothÚses sont des membres créés artificiellement pour remplacer une partie du corps amputée. Il existe aujourd'hui des prothÚses de main et de pied plus ou moins perfectionnées, allant de la simple piÚce de matiÚre plastique capitonnée emmanchant le moignon, à la lame en carbone de la prothÚse externe puis au membre bionique.

DĂ©cision d'amputer

InventĂ© en 1990 par Johansen, le score de MESS (« Mangled Extremity Severity Score ») permet d'Ă©valuer la pertinence mĂ©dicale d'une amputation. C'est un score prĂ©dictif d’amputation du membre infĂ©rieur en traumatologie en aigu, pour discriminer rapidement et objectivement les critĂšres pour choisir entre l’amputation primaire et le sauvetage de membre. Les critĂšres sont au nombre de 4 : type de lĂ©sion et circonstance du traumatisme – entre 1 et 4 points ; IschĂ©mie de membre – entre 0 et 3 points (les points sont doublĂ©s si l’ischĂ©mie est de plus de 6 heures) ; choc – entre 0 et 2 points ; age – entre 0 et 2 points. En cas de rĂ©sultats supĂ©rieur Ă  7 points, le taux d’amputation est de 100 %. En deçà, le membre infĂ©rieur doit ĂȘtre sauvĂ©[8].

Les surinfections par bactĂ©ries multirĂ©sistantes sont une cause majeure d'amputations programmĂ©es, notamment chez le diabĂ©tique. L'amputation peut parfois ĂȘtre Ă©vitĂ©e en complĂ©tant les antibiotiques par une phagothĂ©rapie adaptĂ©e au germe responsable[9].

Amputations chez l'enfant

L'amputation chez l'enfant est peu courante sauf dans des zones de guerre Ă  la suite d'une explosion, ou lors de certaines maladies rares, comme le sarcome d'Ewing.

Causes

Selon une étude de 2020, le plus grand pourcentage d'amputations est lié à des maladies chroniques altérant la circulation sanguine et affectant le tissu osseux[5]. En particulier, le diabÚte et les maladies artérielles périphériques[5].

Les amputations liées au cancer représentent 0,8 % du total des amputations[5]. Principalement dues aux cancers des os ou les métastases dans les os. Le cancer est cependant la cause d'amputation la plus fréquente chez les personnes ùgées de 10 à 20 ans[5].

Les blessures et les traumatismes sont responsables d'environ 5,8 % des amputations de membres inférieurs[5].

Recherches

Selon une Ă©tude issue de chercheurs suisses et italiens parue dans la revue Science le 18 mai 2023, une innovation technologique rĂ©cente permet aux individus amputĂ©s d'une main de ressentir le froid et le chaud dans leur main manquante. Cette innovation technologique a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par l'École polytechnique fĂ©dĂ©rale de Lausanne en Suisse en partenariat avec l'universitĂ© italienne Scuola Superiore Sant'Anna de Pise. Plus prĂ©cisĂ©ment, le dispositif connu sous le nom de « MiniTouch », consiste Ă  poser des Ă©lectrodes thermiques sur la prothĂšse de la main, de façon Ă  ce que ces derniers transmettent alors des donnĂ©es de tempĂ©rature au systĂšme nerveux du patient. Les rĂ©sultats d'une Ă©tude ont indiquĂ© que sur les 27 participants, 17 ont pu ressentir les sensations thermiques de maniĂšre comparable Ă  celles qu'ils Ă©prouvaient avec leur main originale intacte[10] - [11] - [12].

Notes et références

  1. « En France, les niveaux d’amputation se rĂ©partissent de la maniĂšre suivante, toutes Ă©tiologies confondues : - amputation transfĂ©morale : 23.6% - amputation transtibiale : 20% - amputation partielle du pied : 19.6% - amputation d’orteil(s) : 37%. » in « ClĂ©mentine Grosclaude, « De l’amputation Ă  l’appareillage : une rĂ©Ă©ducation pas Ă  pas », 2013 (consultĂ© le 06/04/2020). »
  2. Les plus fréquentes amputations du membre supérieur sont plus les partielles: des pulpes de doigts écrasées ou rapées voire brûlées, celles qui sont les plus éloignées (distales) de l'attache (racine) :coupure, arrachage.
  1. (en) « Muslim Beliefs About Sharia », sur www.pewforum.org, (consulté le )
  2. « La plus vieille opération chirurgicale a 30 000 ans (et le patient a survécu) », sur Le HuffPost, (consulté le )
  3. (en) Tim Ryan Maloney, India Ella Dilkes-Hall, Melandri Vlok, Adhi Agus Oktaviana, Pindi Setiawan et al., « Surgical amputation of a limb 31,000 years ago in Borneo », Nature, vol. 609,‎ , p. 547-551 (DOI 10.1038/s41586-022-05160-8 AccĂšs libre).
  4. (en) Cecile Buquet-Marcon, Charlier Philippe et Samzun Anaick, « The oldest amputation on a Neolithic human skeleton in France », Nature Precedings (en),‎ (DOI 10.1038/npre.2007.1278.1).
  5. (en) « Amputation: We Answer Your Most-Searched Questions », sur Healthline, (consulté le )
  6. « DiabÚte : 9 000 personnes amputées par an en France », sur pourquoi docteur,
  7. « Adepa.fr », sur Les causes d'amputation, .
  8. Manuela Edoly BARLA, L’AMPUTATION PEUT-ELLE ÊTRE UN CHOIX THÉRAPEUTIQUE DANS LES TRAUMATISMES FRACTURAIRES SÉVÈRES DES OS LONGS DE MEMBRE INFÉRIEUR ?, Nancy, (lire en ligne)
  9. « Dax : elle devait se faire amputer de la jambe, elle est sauvée par un virus », sur SudOuest.fr (consulté le )
  10. « Des personnes amputées ressentent le chaud et le froid dans leur main manquante », sur LEFIGARO, (consulté le )
  11. « Des amputés de la main peuvent désormais ressentir le chaud et le froid dans leur membre fantÎme », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  12. Agence QMI, « Amputation: une nouvelle technologie pour redonner des sensations à sa main fantÎme », sur Le Journal de Montréal, (consulté le )

Voir aussi

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