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Al-Tasrif

Le Kitab al-Tasrif li man 'ajaza 'ani at-T'aleef (Arabe, ' كŰȘۧۚ Ű§Ù„ŰȘŰ”Ű±ÙŠÙ لمن ŰčŰŹŰČ Űčن Ű§Ù„ŰȘŰŁÙ„ÙŠÙ ') (Le Livre de la mĂ©thode [mĂ©dicale] pour celui qui paresse d'Ă©crire) est une encyclopĂ©die arabe de mĂ©decine et de chirurgie trĂšs rĂ©putĂ©e, Ă©crite aux alentours de l'an 1000 apr. J.-C. par Abu Al-Qasim (Abulcasis), le « pĂšre de la chirurgie moderne ». Les 30 volumes de cet ouvrage comprennent des descriptions anatomiques, des classifications de maladies, des informations sur la nutrition et des articles sur la mĂ©decine, l’orthopĂ©die, l’ophtalmologie, la pharmacologie, et traitent plus particuliĂšrement du domaine de la chirurgie[1].

Illustration d'instruments chirurgicaux dans l’encyclopĂ©die mĂ©dicale du XIe siĂšcle du mĂ©decin musulman mĂ©diĂ©val Abulcasis : Kitab al-Tasrif

En occident, le livre a Ă©tĂ© largement diffusĂ© sous son titre latin Concessio ei data qui componere haud valet. Pendant au moins six siĂšcles, il est restĂ© un guide important pour la pratique mĂ©dicale des mĂ©decins et des chirurgiens Ă  la fois dans la civilisation islamique et dans l’Europe mĂ©diĂ©vale.

Vue d’ensemble

Contenu

Page d'une traduction latine de 1531 par Peter Argellata du Kitab al-Tasrif d'al-Zahrawi sur les instruments médicaux et chirurgicaux.

Le Kitab al-Tasrif couvre un large Ă©ventail de thĂšmes mĂ©dicaux, y compris l’odontologie et l’accouchement, Ă  partir des donnĂ©es accumulĂ©es tout au long d'une carriĂšre de prĂšs de 50 annĂ©es d'enseignement et de pratique de la mĂ©decine. Il y traite Ă©galement de l'importance d'une relation mĂ©decin-patient positive et parle avec affection de ses Ă©lĂšves, qu'il appelait « mes enfants ». Il a Ă©galement soulignĂ© l'importance de traiter tous les patients sans tenir compte de leur statut social. Il a encouragĂ© l'observation de cas individuels pour aboutir Ă  un diagnostic plus prĂ©cis et au meilleur traitement possible.

Bien qu’on ne le sache pas toujours, le al-Tasrif d’Abu Al-Qasim dĂ©crit Ă  la fois la technique qui sera connue plus tard sous le nom de « mĂ©thode de Kocher » pour le traitement d'une luxation de l’épaule et ce qui deviendra la « position de Walcher » en obstĂ©trique. Al-Tasrif dĂ©crit le procĂ©dĂ© de la ligature des vaisseaux sanguins bien avant Ambroise ParĂ©, et il fut le premier livre Ă  prĂ©senter plusieurs appareils dentaires et Ă  expliquer la nature hĂ©rĂ©ditaire de l’hĂ©mophilie.

Influence

Le Al-Tasrif a Ă©tĂ© traduit plus tard en latin par GĂ©rard de CrĂ©mone au XIIe siĂšcle, et diffusĂ© sous forme d’un manuscrit richement illustrĂ©. Pendant peut-ĂȘtre cinq siĂšcles durant le Moyen Âge europĂ©en, il a Ă©tĂ© la principale source du savoir mĂ©dical en Europe, et a servi de rĂ©fĂ©rence aux mĂ©decins et aux chirurgiens.

Au XIVe siĂšcle, le chirurgien français Guy de Chauliac cite le al-Tasrif plus de 200 fois. Pietro Argallata (d. 1453) dĂ©crit Abu al-Qasim comme "sans doute le maĂźtre de tous les chirurgiens". Dans un prĂ©cĂ©dent travail, on lui attribue le mĂ©rite d’avoir Ă©tĂ© le premier Ă  dĂ©crire, en 963, la grossesse extra-utĂ©rine qui, Ă  l’époque Ă©tait une affection mortelle. L'influence d’Abu Al-Qasim a perdurĂ© pendant au moins cinq siĂšcles et au-delĂ  de la Renaissance, comme en tĂ©moignent les rĂ©fĂ©rences frĂ©quentes au al-Tasrif ' du chirurgien français Jacques Delechamps (1513-1588).

Innovations en chirurgie

Abu al-Qasim Ă©tait un chirurgien et s’était spĂ©cialisĂ© dans le traitement des maladies par cautĂ©risation. Il a Ă©galement inventĂ© plusieurs instruments chirurgicaux utilisĂ©s pour :

  • L’examen de l'urĂštre
  • L'extraction des corps Ă©trangers de la gorge
  • L’examen de l’oreille

« Les causes qui retiennent l’urine dans la vessie sont : une coarctation, un calcul, du sang caillĂ©, du pus, une excroissance charnue ou toute autre cause de ce genre.[...] Si vous vous ĂȘtes assurĂ© que l’obstacle est un calcul arrĂȘtĂ© au col de la vessie, voici ce qu’il faut faire. Faites agenouiller le malade ; appliquez-lui les pieds sur le dos, et faites lui retenir son haleine autant qu’il le pourra ; dĂšs lors le col de la vessie sera forcĂ© de lĂącher le calcul en arriĂšre, et l’urine sera Ă©mise. Si elle ne sort pas par ces moyens, et que l’état du malade s’aggrave, il faut en procurer l’émission par l’instrument appelĂ© cathĂ©ter [...] Telle est la maniĂšre de s’en servir pour Ă©vacuer l’urine. Prenez un fil double ; liez solidement Ă  l’une de ses extrĂ©mitĂ©s un morceau de laine ou de coton ; faites entrer le fil par l’orifice intĂ©rieur du cathĂ©ter et rognez avec des ciseaux le morceau de laine s’il est trop gros, de maniĂšre qu’il soit enchĂąssĂ© comme un bouton dans la canule. Graissez le cathĂ©ter avec de l’huile, du beurre frais ou du blanc d’Ɠuf. [...] Introduisez ensuite le cathĂ©ter dans la verge avec prĂ©caution jusqu’à ce qu’il parvienne Ă  la racine de la verge ; portez la verge en haut, du cĂŽtĂ© de l’ombilic ; poussez le cathĂ©ter en dedans jusqu’à ce qu’il arrive prĂšs de l’anus ; inclinez la verge en bas et le cathĂ©ter avec elle, ensuite vous le pousserez jusqu’à ce qu’il arrive dans la vessie et que le malade ait conscience qu’il est parvenu dans une partie non rĂ©sistante. [...] Vous enlevez alors la laine en tirant doucement sur le fil et l’urine coulera. »

— Abulcasis, La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[2])

Abu al-Qasim a également décrit l'usage des forceps pour les accouchements[3].

Chirurgie dentaire

En dentisterie et odontologie conservatrice, le texte mĂ©dical le plus ancien traitant en dĂ©tail de la chirurgie dentaire a Ă©tĂ© le Al-Tasrif d’Abulcasis. Il a exposĂ© des mĂ©thodes permettant d’assurer le succĂšs de la rĂ©implantation des dents arrachĂ©es[4].

Dissection

Abu al-Qasim a jouĂ© un rĂŽle important dans la renaissance de la dissection pour l'Ă©tude de l’anatomie et de la chirurgie. Il a soulignĂ© l'importance de la dissection dans le chapitre sur la chirurgie du Al-Tasrif [5]:

« C'est la raison pour laquelle il n’existe pas de mĂ©decin habile, de nos jours : l'art de la mĂ©decine est long Ă  apprendre et il est nĂ©cessaire que ses praticiens, avant de l'exercer, soient formĂ©s Ă  la science de l'anatomie / dissection (Urneal-tashrih), comme Galien l’a dĂ©crit, de façon Ă  pouvoir pleinement se familiariser avec les fonctions, les formes et la constitution des organes; ainsi que la façon dont ils sont liĂ©s et de quelle maniĂšre ils sont indĂ©pendants ; qu'il devrait Ă©galement connaĂźtre parfaitement les os, les nerfs et les muscles, leur nombre et leur origine, ainsi que les vaisseaux sanguins, les artĂšres et les veines, avec l’emplacement de leurs trajet ... Car celui qui ne connaĂźt pas bien l’anatomie, comme nous l'avons mentionnĂ©, est susceptible de commettre des erreurs risquant de mettre la vie en pĂ©ril. »

— Abu Al-Qasim (Abulcasis)

Chirurgie oculaire

La technique historique d'opĂ©ration de la cataracte utilisĂ©e pour la premiĂšre fois il y a 4000 par les chirurgiens de l’Inde antique notamment par Sushruta est celle de l’abaissement du cristallin. Elle consiste Ă  introduire dans l'Ɠil, sans anesthĂ©sie, un stylet non stĂ©rile, et Ă  basculer le cristallin cataractĂ© (c’est-Ă -dire devenu blanc et opaque) dans le vitrĂ©, grĂące Ă  des mouvements rapides. On imagine que le taux de complication devait ĂȘtre assez Ă©levĂ©. Au Moyen Âge, les mĂ©decins arabes inventĂšrent une mĂ©thode supplĂ©mentaire qui consistait Ă  introduire une aiguille creuse pour aspirer les dĂ©bris du cristallin.

La méthode est décrite avec précision par Abulcasis :

« Commencez par faire asseoir le malade devant vous : soulevez la paupiĂšre avec la main gauche si c’est l’Ɠil droit qui est cataractĂ© et avec la main droite si c’est l’Ɠil gauche ; saisissez le mikdah (ou aiguille Ă  cataracte) avec la main droite s’il s’agit de l’Ɠil gauche et avec la main gauche s’il s’agit de l’Ɠil droit. Appliquez la pointe de l’instrument prĂšs de la cornĂ©e transparente Ă  la distance d’un travers de stylet, dans le blanc de l’Ɠil et du cĂŽtĂ© du petit angle. Plongez-le vivement et faites lui effectuer une lĂ©gĂšre rotation sur lui-mĂȘme de maniĂšre qu’il traverse le blanc de l’Ɠil et que vous ayez le sentiment qu’il est arrivĂ© Ă  des parties non rĂ©sistantes. La profondeur Ă  laquelle doit pĂ©nĂ©trer l’instrument n’est autre que la distance qui sĂ©pare la pupille de la circonfĂ©rence externe de la cornĂ©e transparente ou couronne de l’Ɠil : Ă  ce moment, l’instrument apparaĂźt au centre de l’Ɠil en raison de la transparence de la cornĂ©e. Portez alors l’instrument en haut, au point oĂč siĂšge la cataracte et dĂ©primez-la : si elle a cĂ©dĂ©, le malade verra immĂ©diatement, bien que l’aiguille soit restĂ©e dans son Ɠil. Attendez un instant, et si la cataracte remonte, abaissez-la de nouveau, sans retirer l’instrument. AussitĂŽt qu’elle se maintient et qu’elle ne remonte plus, retirez le mikdah doucement, en renversant petit Ă  petit la main. »

— Abulcasis, La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[6])

Urologie et lithiase urinaire

En urologie, Abulcasis a effectuĂ© avec succĂšs la premiĂšre extraction d’un calcul de la vessie en utilisant un nouvel instrument qu’il avait inventĂ© un scalpel Ă  lithotomie avec deux tranchants et une nouvelle technique qu'il avait Ă©galement inventĂ©e - la cystolithotomie pĂ©rinĂ©ale cystolithotomy, qui lui a permis d'Ă©craser un gros calcul Ă  l'intĂ©rieur de la vessie, « aboutissant Ă  son extraction morceau par morceau ». Cette innovation s’est rĂ©vĂ©lĂ©e importante pour le dĂ©veloppement de la chirurgie des lithiases de la vessie, en diminuant de maniĂšre significative le taux de mortalitĂ© prĂ©cĂ©demment observĂ© dans les tentatives d’opĂ©rations antĂ©rieures rĂ©alisĂ©es par les anciens[7].

« Quand on sera prĂšs de faire l’opĂ©ration, il faudra d’abord, au moyen d’un lavement, dĂ©barrasser l’intestin des matiĂšres stercorales dont la prĂ©sence empĂȘche la reconnaissance des calculs. Saisissez ensuite le malade par les aisselles et secouez-le en dirigeant votre action de haut en bas, afin que la pierre descende vers le col de la vessie, ou bien qu’il saute Ă  plusieurs reprises d’un point Ă©levĂ©. Faites accroupir le malade devant vous, les mains sur les cuisses, afin que toute la vessie puisse prendre une position dĂ©clive. Allez Ă  la recherche du calcul en palpant extĂ©rieurement, et si vous le rencontrez au pĂ©rinĂ©e, hĂątez- vous d’inciser par-dessus. Si vous ne le rencontrez pas du tout, graissez-vous avec de l’huile le doigt indicateur de la main gauche, si le sujet est un enfant, et le mĂ©dius s’il s’agit d’un adulte ; introduisez-le dans le rectum et mettez-vous Ă  la recherche du calcul jusqu’à ce que votre doigt tombe dessus ; dĂ©placez-le petit Ă  petit vers le col de la vessie ; agissez dessus avec le doigt de maniĂšre Ă  l’attirer vers le point oĂč vous voulez pratiquer l’incision. Faites presser avec la main sur la vessie par un aide ; ordonnez Ă  un autre de soulever les testicules de la main droite, et d’étendre, de la main gauche au-dessous du scrotum, la peau au point oĂč vous devez inciser. Prenez alors le bistouri nechĂźl [...] incisez dans l’espace compris entre l’anus et les testicules, non pas sur la ligne mĂ©diane mais du cĂŽtĂ© de la fesses gauche, directement sur le calcul ; votre doigt restant toujours dans le rectum et le poussant en dehors. L’incision doit ĂȘtre oblique, large extĂ©rieurement, et Ă©troite intĂ©rieurement, d’une largeur suffisante pour l’extraction du calcul et pas plus : souvent la pression du doigt introduit dans le rectum, sur le calcul, le fait sortir sans effort. »

— Abulcasis, La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[8])

Neurochirurgie

Abulcasis a mis au point du matériel et des procédés techniques qui sont encore utilisés en neurochirurgie[9].

Chirurgie plastique

Dans le domaine de la Chirurgie plastique, Abulcasis a rĂ©alisĂ© la premiĂšre percĂ©e depuis l'Ă©poque de Sushruta dans l’Inde antique. Abulcasis a mis au point les mĂ©thodes d’incision, a utilisĂ© le fil de soie pour la suture des plaies afin de parvenir Ă  un rĂ©sultat plus esthĂ©tique, et a inventĂ© la mĂ©thode chirurgicale de rĂ©duction mammaire pour le traitement de la gynĂ©comastie[10].

« On voit quelquefois chez certains hommes, Ă  l’époque de la pubertĂ©, les mamelles se dĂ©velopper comme chez les femmes et constituer une tumeur difforme. Si le sujet veut s’en dĂ©barrasser, il faut pratiquer sur la mamelle une incision semi-lunaire [...] puis on enlĂšve toute la tumeur adipeuse, on remplit la plaie de substances qui excitent les chairs, on en rĂ©unit les lĂšvres par une suture et on panse jusqu’à la guĂ©rison. »

— Abulcasis, La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[11])

Instruments chirurgicaux

La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[2]) : Premiùre planche.
La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[2]) : Deuxiùme planche.
La chirurgie d’Abulcasis (traduction de l’arabe par le Dr Lucien Leclerc[2]) : Troisiùme planche.

Dans son Al-Tasrif, al-Zahrawi a présenté sa célÚbre collection de plus de 200 instruments chirurgicaux. Bon nombre de ces instruments n'avaient jamais été utilisés auparavant par aucun chirurgien. Hamidan, par exemple, a répertorié au moins vingt-six instruments chirurgicaux nouveaux, introduits par Abulcasis.

Pansements et plĂątres

Dans l'appareillage des fractures fermĂ©es, Abu al-Qasim enroule une couche de bandes sur le membre avant de placer les attelles : il Ă©vitait ainsi que les attelles ne blessent la peau. Pour la rigiditĂ© il utilise un emplĂątre composĂ© de farine et de blanc d'Ɠuf. Ce mĂ©lange a Ă©tĂ© utilisĂ© en Occident jusqu'aux guerres napolĂ©oniennes, et ce n'est qu'au cours du XIXe siĂšcle qu'il a Ă©tĂ© remplacĂ© par le plĂątre de Paris[12]. Il dĂ©crit avec prĂ©cision la maniĂšre d'enrouler les bandes pour obtenir un bandage « Ă  la fois lĂąche et serrĂ© », ainsi que les cordes Ă  utiliser pour attacher les attelles, sans comprimer le membre[13].

Abu al-Quasim conseille de reporter cette opĂ©ration si le membre blessĂ© prĂ©sente une « tumĂ©faction chaude » (ƓdĂšme inflammatoire). Il parle longuement de la surveillance du blessĂ© immobilisĂ© :

« Beaucoup d'ignorants provoquent un abcĂšs ou une paralysie du membre, comme je l'ai souvent observĂ© (...)[13] gardez l'Ɠil sur le malade (...) s'il ressent dans la rĂ©gion une violente dĂ©mangeaison, ou une douleur Ă©prouvante, ou un gonflement, dĂ©pĂȘchez-vous de dĂ©faire la bande et ne tardez pas, et enlevez l'emplĂątre[14]. »

Ici l'auteur signale une complication des plùtres, connue aujourd'hui sous terme de syndrome de compression des loges musculaires ou syndrome de Volkmann (décrit en 1881[15]). La plupart des principes d'Abu al-Quasim en ce domaine sont toujours des fondamentaux au XXIe siÚcle[16].

Toutefois il reste fidĂšle Ă  la mĂ©decine des humeurs de Galien, en conseillant saignĂ©e et purgation avant d'appareiller une fracture, « Ă  moins qu'il n'y ait un empĂȘchement comme la faiblesse physique, ou si c'est un petit garçon ou un homme ĂągĂ©, ou que le temps soit trop chaud ou trop froid »[13]

Catgut et Forceps

L’utilisation par du catgut par Abu Al-Qasim pour la suture des plans sous cutanĂ©s est toujours pratiquĂ©e dans la chirurgie moderne. Le catgut semble ĂȘtre la seule substance naturelle capable de se rĂ©sorber et d’ĂȘtre acceptĂ©e par l'organisme.

Abu al-Qasim a inventĂ© le forceps pour l'extraction d'un fƓtus mort, comme le montre l'Al-Tasrif[17].

CautĂšres et ligatures

Un instrument médical appelé cautÚre, utilisé pour la cautérisation des artÚres, a été décrit pour la premiÚre fois par Abu al-Qasim, dans son Kitab al-Tasrif[18].

Dans le Al-Tasrif, Abu al-Qasim a également introduit l'usage de la ligature pour le contrÎle du saignement des artÚres en lieu et place de la cautérisation[19].

Coton à usage médical

Al Zahrawi a Ă©tĂ© le premier chirurgien Ă  faire usage du coton (mot qui est lui-mĂȘme dĂ©rivĂ© du mot arabe qutn) comme textile mĂ©dical pour le contrĂŽle des hĂ©morragies[20].

Scalpel Ă  lithotomie et aiguille Ă  suture

Abulcasis a inventĂ© un scalpel Ă  lithotomie avec deux tranchants afin de rĂ©aliser avec succĂšs la premiĂšre extraction d’un calcul de la vessie[7].

L’aiguille Ă  suture a Ă©tĂ© inventĂ©e et dĂ©crite par Abu al-Qasim, dans son Al-Tasrif[21].

Autres instruments

D’autres instruments chirurgicaux ont Ă©tĂ© inventĂ©s par Abu al-Qasim et dĂ©crits pour la premiĂšre fois dans son Al-Tasrif notamment le scalpel, la curette, les Ă©carteurs, les sondes, les crochets chirurgicaux, les stylets chirurgicaux et les spĂ©culum[22].

Chimie et cosmétologie

Al-Zahrawi Ă©tait Ă©galement un chimiste et a consacrĂ© un chapitre du 19e volume de son Kitab al-Tasrif Ă  la cosmĂ©tique[23], Les cosmĂ©tiques qu’il a inventĂ©s sont les dĂ©odorants appliquĂ©s sous les aisselles, les bĂątonnets pour l’épilation, les crĂšmes pour les mains, les teintures capillaires pour changer la couleur des cheveux, blonds ou bruns, les produits de soins capillaires pour modifier l’apparence des cheveux lisses ou bouclĂ©s, et les premiĂšres crĂšmes solaires, dĂ©crivant leurs ingrĂ©dients et leurs effets en profondeur. Comme un remĂšde Ă  la mauvaise haleine rĂ©sultant de l'absorption d’aliments comme l’ail ou l’oignon, il a suggĂ©rĂ© la cannelle, la muscade, la cardamome et recommandĂ© de mĂącher des feuilles de coriandre[23].

Parmi les autres produits cosmĂ©tiques qu’il a inventĂ©s, citons les bĂątons de rouge Ă  lĂšvres qui Ă©taient des bĂątonnets parfumĂ©s coulĂ©s dans des moules, et les huiles utilisĂ©es aussi bien pour les mĂ©dicaments, que pour des soins esthĂ©tiques et de beautĂ©. Il a Ă©galement dĂ©crit les soins des cheveux, de la peau, des dents et d'autres parties du corps, qui ont tous Ă©tĂ© recommandĂ© dans les Hadiths islamiques[23].

Dentisterie esthétique

En dentisterie esthétique, il a décrit les méthodes pour le renforcement des gencives, ainsi que des méthodes de blanchiment dentaire en utilisant des produits de blanchissants[23].

Fleurs

Le al-Tasrif a introduit la tradition culturelle moderne d’offrir des fleurs chaque fois qu’on rendait visite aux malades à l'hîpital (Bimaristan)[23].

Parfumerie

Il a fait plusieurs avancées en parfumerie et inventé le batonnet parfumé, coulé et pressé dans des moules, semblable aux déodorants modernes en sticks[24].

Il a Ă©galement recommandĂ© qu’aprĂšs lavage, les vĂȘtements et le linge de maison devaient ĂȘtre placĂ©s dans une piĂšce pleine d’encens ou de parfum, de sorte que les vĂȘtements dĂ©gagent une odeur agrĂ©able[23].

Autres progrĂšs

MĂ©dicaments

Al-Zahrawi a mis au point plusieurs mĂ©dicaments, qu’il a dĂ©crit dans son chapitre sur les cosmĂ©tiques. Pour l’épilepsie et les convulsions, il a inventĂ© des mĂ©dicaments appelĂ©s Ghawali et Lafayfe. Pour soulager et traiter le rhume, il a inventĂ© le Muthallaathat, qui Ă©tait prĂ©parĂ© Ă  base de camphre, de musc et de miel, semblable au moderne Vicks VapoRub. Il a Ă©galement inventĂ© le spray nasal et la crĂšme pour les mains, et dĂ©veloppĂ© des bains de bouche efficaces[23].

HĂ©matologie

En hĂ©matologie, al-Zahrawi a Ă©crit la premiĂšre description de l’hĂ©mophilie dans son al-Tasrif, oĂč il cite une famille andalouse dont les hommes sont morts d'hĂ©morragies aprĂšs des blessures lĂ©gĂšres[20].

Références

  1. Dr. Monzur Ahmed, El Zahrawi (Albucasis) - father of surgery, Muslim Technologist, August 1990.
  2. Leclerc 1861, p. 146-148 [lire en ligne]
  3. Assisted delivery has walked a long and winding road, OBG Management, Vol. 19, no 6, June 2007, p. 84.
  4. Henry W. Noble, PhD (2002), Tooth transplantation: a controversial story, History of Dentistry Research Group, Scottish Society for the History of Medicine.
  5. Émilie Savage-Smith, « Attitudes Toward Dissection in Medieval Islam », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, Oxford University Press, vol. 50, no 1,‎ , p. 67–110 [93] (DOI 10.1093/jhmas/50.1.67)
  6. Leclerc 1861, p. 90-91 [lire en ligne]
  7. Abdul Nasser Kaadan PhD, "Albucasis and Extraction of Bladder Stone", Journal of the International Society for the History of Islamic Medicine, 2004 (3): 28-33.
  8. Leclerc 1861, p. 150-152 [lire en ligne]
  9. Martin-Araguz, A.; Bustamante-Martinez, C.; Fernandez-Armayor, Ajo V.; Moreno-Martinez, J. M. (2002). "Neuroscience in al-Andalus and its influence on medieval scholastic medicine", Revista de neurologĂ­a 34 (9), p. 877-892.
  10. Z. (St Thomas' Hospital) Ahmad, « Al-Zahrawi - The Father of Surgery », ANZ Journal of Surgery, vol. 77, no Suppl. 1,‎ , A83 (DOI 10.1111/j.1445-2197.2007.04130_8.x)
  11. Leclerc 1861, p. 129 [lire en ligne]
  12. J.C Sournia, Médecins arabes anciens, Xe et XIe siÚcles, Conseil international de la langue française, (ISBN 2-85319-175-3), p.158-159
  13. J.C Sournia, op. cit, p.176-179.
  14. J.C Sournia, op. cit, p.183
  15. Garnier-Delamare, Dictionnaire des termes de médecine, Maloine, , p.967
  16. B. Schlatterer, « Surveillance d'un malade sous plĂątre », La Revue du Praticien, vol. 59,‎ , p.127-132
  17. Ingrid Hehmeyer and Aliya Khan (2007). "Islam's forgotten contributions to medical science", Canadian Medical Association Journal 176 (10).
  18. Mohamed Kamel Hussein (1978), The Concise History of Medicine and Pharmacy (cf. Mostafa Shehata, "The Father Of Islamic Medicine: An International Questionnaire", Journal of the International Society for the History of Islamic Medicine, 2002 (2): 58-59 [58])
  19. Rabie E. Abdel-Halim, Ali S. Altwaijiri, Salah R. Elfaqih, Ahmad H. Mitwall (2003), "Extraction of urinary bladder described by Abul-Qasim Khalaf Alzahrawi (Albucasis) (325-404 H, 930-1013 AD)", Saudi Medical Journal 24 (12): 1283-1291 [1289].
  20. Patricia Skinner (2001), Unani-tibbi, Encyclopedia of Alternative Medicine
  21. A. I. Makki. "Needles & Pins", AlShindagah 68, January-February 2006.
  22. Khaled al-Hadidi (1978), "The Role of Muslem Scholars in Oto-rhino-Laryngology", The Egyptian Journal of O.R.L. 4 (1), p. 1-15. (cf. Ear, Nose and Throat Medical Practice in Muslim Heritage, Foundation for Science Technology and Civilization.)
  23. « Muslim Contribution to Cosmetics », FSTC Limited, (consulté le )
  24. How Islam invented a bright new world, The Herald, 24/10/2007.

Bibliographie

  • [Leclerc 1861] Aboul Kasim Al Zahravi (trad. Lucien Leclerc), La chirurgie d’Abulcasis, traduction de l’arabe, Paris, BaillĂšre J.B., (lire en ligne)

Liens externes

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