Accueil🇫🇷Chercher

Guerres napoléoniennes

Les guerres napoléoniennes sont en partie le prolongement des guerres engendrées par la Révolution française de 1789, et durèrent tout au long du Premier Empire de Napoléon Ier. Il n’existe pas de consensus sur leur point de départ. Certains considèrent qu’elles commencent lors du coup d'état du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) par le général Bonaparte. D’autres prolongent les guerres de la Révolution française jusqu’en 1802, et estiment que la déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France en 1803, après la courte période de paix qui suit le traité d'Amiens (1802), est le point de départ des guerres napoléoniennes.

Guerres napoléoniennes
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date

–
(12 ans, 6 mois et 2 jours)

Lieu Europe, océan Atlantique, océan Indien, mer Méditerranée, mer du Nord, río de la Plata, Guyane, Indes occidentales, Amérique du Nord.
Issue

Victoire des Coalisés
Ouverture du Congrès de Vienne

  • Chute du Premier Empire
  • Abdication de NapolĂ©on Ier
  • Renversement des Ă©quilibres entre les diffĂ©rentes puissances europĂ©ennes
  • Remaniements frontaliers et formation de nouveaux États
  • MontĂ©e progressive du libĂ©ralisme et du nationalisme en Europe
  • CrĂ©ation de la Sainte-Alliance
  • Pax Britannica
Forces en présence
  • Drapeau de l'Empire français 2 175 000
  • Drapeau du Royaume d'Italie 200 000
  • Drapeau de la Pologne 180 000
  • Drapeau de la ConfĂ©dĂ©ration du Rhin 122 000[1]
  • 80 000[2]
  • 50 000
  • Drapeau de l'Espagne 26 000
  • 9 000
  • Drapeau des Pays-Bas 3 000

Total : 2 845 000
  • Drapeau de l'Empire russe 2 100 000
  • Drapeau de l'Autriche 1 000 000
  • Drapeau du Royaume-Uni 750 000
  • Drapeau de la Prusse 700 000
  • Drapeau de l'Espagne 390 000
  • Drapeau de la Suède 75 000
  • Drapeau de Bavière 67 000[3]
  • Drapeau du Royaume de Wurtemberg 44 000[4]
  • 37 000[5]
  • Drapeau du Portugal 35 000
  • Drapeau du Royaume de France 27 000
  • Drapeau de la Hesse 26 000
  • Drapeau du Royaume des Deux-Siciles 22 000
  • Drapeau des Pays-Bas 17 000
  • Drapeau du Royaume de Saxe 17 000[6]
  • Drapeau du Grand-duchĂ© de Bade 16 000[7]

Total : 5 323 000
Pertes
Civils et Militaires
  • Drapeau de l'Empire français 900 000
  • Drapeau de la Pologne 105 000
  • Drapeau du Royaume d'Italie 90 000
  • 100 000

Total : 1 095 000
Civils et Militaires
  • Drapeau de l'Espagne 586 000
  • Drapeau de l'Empire russe 550 000
  • Drapeau de l'Autriche 376 000
  • Drapeau du Royaume-Uni 312 000
  • Drapeau du Portugal 250 000
  • Drapeau de la Prusse 200 000
  • Drapeau du Royaume des Deux-Siciles 120 000
  • Drapeau de la Suède 30 000

Total : 2 524 000

Notes

1 000 000 civils tuĂ©s
2 500 000 Ă  3 500 000 morts au total
Plus de détails : Pertes humaines lors des guerres napoléoniennes

Guerres de Coalitions

Batailles

Deuxième Coalition


Troisième Coalition


Quatrième Coalition


Cinquième Coalition


Guerre d'Espagne


Sixième Coalition


Septième Coalition

De 1792 à 1815, sept coalitions — incluant toutes le Royaume-Uni — se forment contre la France, durant ce qu'on appelle les guerres de Coalitions. Pendant les guerres de la Révolution française, la France bat la Première Coalition, puis, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, elle défait la Deuxième Coalition. Devenu empereur, Napoléon bat l'Autriche et la Russie lors de la Troisième Coalition (batailles d'Ulm et d'Austerlitz), la Prusse et la Russie lors de la Quatrième Coalition (Iéna, Eylau, Friedland), puis l'Autriche seule lors de la Cinquième Coalition (Eckmühl, Wagram). Mais tandis que la Grande Armée triomphe en Europe centrale, elle s'enlise dans une longue guerre d'occupation en Espagne, et l'Angleterre domine les mers à partir de la bataille de Trafalgar. Après l'échec d'une tentative d'invasion de la Russie par la France, la Sixième Coalition est victorieuse à Leipzig et renverse Napoléon en 1814. L'année suivante, l'Empereur revenu au pouvoir est définitivement vaincu par la Septième Coalition à Waterloo.

Ces guerres rĂ©volutionnent les armĂ©es europĂ©ennes et notamment l’emploi de l’artillerie, ainsi que toute l’organisation militaire, Ă  une Ă©chelle jamais vue auparavant, due principalement Ă  l’introduction moderne de la conscription de masse. La France, sur l’élan des conquĂŞtes rĂ©volutionnaires, voit sa puissance croĂ®tre rapidement et Ă©tend sa domination au continent entier. La chute est plus rapide encore, de la dĂ©sastreuse retraite de Russie Ă  la bataille de Waterloo, jusqu’à ce que la dynastie des Bourbons soit provisoirement restaurĂ©e en France. L’ensemble de tous ces conflits fit un total de morts compris entre 3,5 et 6,5 millions de personnes.

DĂ©nomination

On les appelle aussi les guerres de la Révolution et de l'Empire, si l'on considère qu'il s'agit essentiellement de la suite des guerres de défense de la Révolution française, attaquée par les monarchies européennes coalisées. En revanche, certaines prirent un caractère de guerre d'occupation et de conquête indéniable, telle que la campagne d'Espagne, qui est désormais appelée en raison de son caractère de guerre de libération la guerre d'indépendance espagnole.

Les Européens nomment parfois la période de guerres continuelles comprise entre le (déclaration de guerre de la France à l'Autriche) et le la grande guerre française (avant la Première Guerre mondiale, on l’appelait simplement la Grande guerre).

Enfin, on considère parfois qu’elles forment la dernière partie de la Seconde Guerre de Cent Ans franco-britannique.

Guerres de la Révolution française (1792–1802)

Après une première tentative d’écraser la Révolution française par une coalition (1792 – 1797) (qui regroupe l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, la Grande-Bretagne et plusieurs petits pays), coalition vaincue par la mobilisation générale française (levée en masse, réforme militaire de Lazare Carnot et guerre totale), la France victorieuse avait annexé la Rhénanie et les Pays-Bas autrichiens. La conquête des Provinces-Unies (qui déclarent la guerre à la France en 1793) et leur transformation en République batave (, reconnue par le traité de la Haye quatre mois plus tard), avait précédé l’abandon de la Prusse, puis de l’Espagne, la même année. Enfin, la victorieuse campagne de Bonaparte en Italie (1796-97) détache tout d’abord le Piémont de la coalition, puis les États pontificaux, et enfin oblige l’Autriche à signer le traité de Campo-Formio.

La Grande-Bretagne, dernière puissance encore en guerre contre la France, finance une Deuxième Coalition avec l’Autriche, la Prusse, la Russie, le Portugal, le royaume de Naples, le pape et l’Empire ottoman. Le gouvernement corrompu et instable de la France (voir Directoire) ne peut ni faire face aux coups d’État, ni à la menace extérieure, privé de ministre comme Carnot ou de général comme Bonaparte, parti en Égypte. Les armées françaises sont battues, notamment par le général russe Souvorov.

Napoléon Bonaparte quitte l’Égypte, où il laisse la conduite de l’armée à Kléber, et prend le pouvoir par le coup d'État du 18 brumaire (). La menace la plus pressante est alors la double offensive autrichienne en Allemagne et en Italie. Le premier Consul organise une armée dite « de réserve », avec laquelle il traverse les Alpes et remporte le la bataille de Marengo, complétée le par la victoire de Moreau sur les Autrichiens à Hohenlinden. La paix est alors signée au traité de Lunéville et seule reste en guerre contre la France la Grande-Bretagne, dont la flotte est reine des mers, après une victoire contre une escadre espagnole, les Espagnols étant à ce moment alliés des Français, au cap Saint-Vincent, puis la destruction de la flotte française à Aboukir (). Elle menace les Antilles françaises, et ses fonds suffisent à unir les puissances continentales contre la France. De même, l’armée autrichienne, malgré les nombreuses défaites, continue d’être une menace.

La Paix d’Amiens

Le traité d'Amiens (1802) établit la paix entre la France et le Royaume-Uni (la Grande-Bretagne est unie en 1801 à l'Irlande pour devenir le Royaume-Uni), et met fin à la Deuxième Coalition. Cette paix n’est pas considérée comme durable, aucune des deux parties n’étant satisfaite. Le , les hostilités reprennent, mais l’objet du conflit passe du rétablissement de la monarchie en France à la lutte contre Bonaparte, proclamé Empereur le et couronné le .

Guerre maritime

Celle-ci continue sans interruption : le Danemark et la Norvège, initialement neutres, s’enrichissent dans le commerce grâce à la guerre, et mettent sur pied une flotte. Après une démonstration de force (bombardement de Copenhague en 1801), la flotte britannique capture la plus grande partie de la flotte danoise lors de la seconde bataille de Copenhague en (1807). Le Danemark sort alors de sa neutralité, et se livre à une guerre de course, où de petites canonnières n’hésitent pas à attaquer des navires britanniques bien plus grands. La Guerre des canonnières prend fin avec la victoire britannique à Lyngør (en), où est coulé le dernier navire de guerre danois, une frégate.

Lors de la reprise des hostilités, en 1805, le Royaume-Uni s’assure la maîtrise des mers par son écrasante victoire sur la flotte franco-espagnole à Trafalgar ().

Les combats navals continuent cependant. Un affrontement naval aux Caraïbes a un effet direct et immédiat sur le cours de la guerre, puisqu’il pousse Napoléon à se tourner vers le continent. L’influence d’affrontements très éloignés les uns des autres est une caractéristique de ces guerres : des batailles livrées à des milliers de kilomètres influencent le résultat les unes des autres, au point où l’on peut qualifier les guerres napoléoniennes de guerre mondiale. Seule la guerre de Sept Ans a eu ce caractère de guerre mondiale auparavant.

Guerre de la Troisième Coalition (1805)

Le , le Royaume-Uni et la Russie concluent un traité visant à expulser la France de Hollande et de Suisse. Après l’annexion de Genève et la proclamation de Napoléon comme roi d’Italie, l’Autriche rejoint la coalition. Le , le royaume de Naples et la Suède rejoignent la Troisième Coalition formée contre la France.

NapolĂ©on prĂ©pare au camp de Boulogne l’invasion des ĂŽles britanniques, invasion qui demande la maĂ®trise de la Manche. Il Ă©labore un plan compliquĂ© pour Ă©loigner la flotte britannique vers ses possessions des Indes occidentales. L’Autriche envahit la Bavière avec une armĂ©e de 70 000 hommes commandĂ©e par Mack. NapolĂ©on repousse le dĂ©barquement Ă  plus tard, et se tourne contre ses ennemis du continent. Fin juillet, la Grande ArmĂ©e se rue en « sept torrents » sur l’Autriche. Au siège puis Ă  la bataille d'Ulm (du au ), NapolĂ©on vainc Mack par une brillante manĹ“uvre d’encerclement, le forçant Ă  s’enfermer dans la ville puis Ă  se rendre, sans que l’armĂ©e française ne subisse de pertes importantes. Avec l’armĂ©e autrichienne au nord des Alpes vaincue et, au sud des Alpes, l’armĂ©e sous le commandement de l’archiduc Charles qui affronte MassĂ©na sans rĂ©sultats concluants, NapolĂ©on occupe Vienne. Mais l’amiral Villeneuve est dĂ©fait Ă  la bataille du cap Finisterre et s’enferme Ă  Cadix, avec la flotte franco-espagnole. Cette flotte est Ă  nouveau vaincue Ă  Trafalgar le , bataille dĂ©cisive qui met fin aux projets d’invasion du Royaume-Uni. NapolĂ©on se retourne alors contre l'Autriche.

MalgrĂ© des lignes de ravitaillement très allongĂ©es, NapolĂ©on bat encore une armĂ©e austro-russe supĂ©rieure en nombre commandĂ©e par MikhaĂŻl Koutouzov et les empereurs François II et Alexandre Ier de Russie Ă  la bataille d'Austerlitz, le , dans ce qui est considĂ©rĂ© comme sa plus grande victoire. Ses adversaires perdent plus de 25 000 hommes, contre moins de 7 000 pour l’armĂ©e française. L’Autriche signe le traitĂ© de Presbourg : elle abandonne la coalition, qui est dissoute, et cède Venise au royaume d'Italie (dont NapolĂ©on porte la couronne) et le Tyrol Ă  la Bavière.

Le retrait de l’Autriche provoque une pause dans la guerre. L’armée napoléonienne compte un nombre de victoires impressionnant, mais l’armée russe est à peine entamée.

Guerre de la Quatrième Coalition (1806-1807)

La quatrième coalition se forme quelques mois seulement après la disparition de la précédente. En , l’Empereur des Français crée la Confédération du Rhin, qui rassemble les petits États rhénans et d’Allemagne. Les plus petits sont intégrés aux Électorats, aux duchés ou aux royaumes plus grands, ce qui facilite le gouvernement de l’Allemagne non-prussienne. Les plus grands États sont la Bavière et la Saxe, érigées en royaumes par Napoléon.

La Prusse n'accepte pas que la suprématie française s’étende jusqu’à ses portes et le , le roi Frédéric-Guillaume III, poussé par le Royaume-Uni, décrète la mobilisation afin de faire la guerre seul à la France. La logique aurait voulu qu’il entre en guerre aux côtés de l’Autriche et de la Russie l’année précédente, ce qui aurait pu contenir Napoléon et empêcher le désastre d’Austerlitz. Lors de l’entrée en guerre de Frédéric-Guillaume, l’armée russe se trouvait encore loin de la Prusse.

En septembre, NapolĂ©on concentre son armĂ©e sur le Rhin, puis avance vers la Prusse avec environ 160 000 hommes (effectif de dĂ©part, augmentant au cours de la campagne). L’avance rapide de l’armĂ©e française est telle qu’elle permet d’annihiler l’armĂ©e prussienne, comptant 250 000 hommes. En effet, NapolĂ©on et le marĂ©chal Davout la mettent en dĂ©route lors des batailles d’IĂ©na et d’Auerstadt toutes deux se dĂ©roulant le . On compte 25 000 morts dans les rangs prussiens ; 150 000 soldats prussiens sont faits prisonniers ; 100 000 fusils et 4 000 canons sont pris et amassĂ©s Ă  Berlin.

Le 27, Napoléon fait son entrée à Berlin à la tête de la Grande Armée. Il visite le tombeau de Frédéric le Grand, et devant ses maréchaux qu’il fait se découvrir, prononce ces mots : « S’il était encore vivant, nous ne serions pas là aujourd’hui. » Au total, Napoléon a mis seulement 19 jours du commencement de son attaque sur la Prusse à son entrée à Berlin. En comparaison, la Prusse a lutté pendant trois ans durant la guerre de la Première Coalition. Après ces revers, la Prusse signe un armistice à Charlottenbourg.

Ă€ Berlin, NapolĂ©on promulgue une sĂ©rie de dĂ©crets, entrĂ©s en vigueur le , rendant effectif le Blocus continental, qui vise Ă  Ă©liminer la menace britannique par des moyens Ă©conomiques, en interdisant tout commerce avec les Britanniques dans tous les pays sous influence française. L’armĂ©e britannique Ă©tait trop rĂ©duite pour menacer la France (un maximum de 220 000 hommes au plus fort des guerres napolĂ©oniennes), face Ă  la Grande ArmĂ©e qui dĂ©passe Ă  un moment le million d’hommes, en comptant les armĂ©es alliĂ©es et les gardes nationales. La flotte britannique gĂŞne en revanche le commerce maritime français, mais ne peut rien contre le commerce français continental et ne menace pas le territoire français. De mĂŞme, la population et la production (industrielle, agricole) françaises Ă©taient bien supĂ©rieures aux britanniques ; cependant, la domination maritime des Britanniques leur donne une puissance Ă©conomique considĂ©rable, suffisante pour rendre impossible Ă  la France toute paix solide et pour pouvoir lever Ă  tout moment une coalition contre elle. C’est Ă©galement le Royaume-Uni qui Ă©quipe et finance les armĂ©es coalisĂ©es, sans d'ailleurs envoyer de support humains la plupart du temps. Les gouvernements français crurent qu’isoler le Royaume-Uni du continent diminuerait son influence Ă©conomique. C’est la justification du Blocus continental.

La guerre conduit à la recréation d’un État polonais qui accueillera les soldats français comme des libérateurs du joug prussien en leur fournissant vivres, chevaux et troupes fraîches. Napoléon se dirige vers le nord pour affronter l’armée russe et tenter de prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse, Königsberg. Un mouvement tactique lors de la sanglante bataille d'Eylau (7 et ) contraint les Russes à une retraite. Après la prise de Dantzig, Napoléon remporte une victoire décisive à Friedland le . Cette défaite pousse le tsar à signer le traité de Tilsit, le . Fort des nouveaux territoires pris à la Prusse, Napoléon fait renaître la Pologne en créant le grand-duché de Varsovie.

A l'entrevue d’Erfurt (1808), Napoléon et Alexandre Ier concluent un accord, selon lequel la Russie obligera la Suède à adhérer au Blocus continental. Cette promesse aboutit à la guerre de Finlande, et à la division de la Suède en deux par le golfe de Botnie. La partie orientale est annexée par la Russie, et forme le grand-duché de Finlande. Accord durant lequel Talleyrand réussira à convaincre le tsar de toutes les Russies de ne pas s'allier à Napoléon.

Guerre de la Cinquième Coalition (1809)

Guerre d'Espagne

Le soulèvement populaire contre l’occupation française le provoque une guerre en Espagne, qui aboutit en 1814 à l’expulsion d’Espagne du roi Joseph Bonaparte, remplacé par le roi Ferdinand VII, et à l’invasion du sud de la France.

L’armée française est battue à la bataille de Baylen. Napoléon se déplace alors, bat facilement les Hispano-Britanniques, et le corps expéditionnaire britannique quitte la péninsule. Une attaque autrichienne à revers surprend Napoléon à ce moment. Cela l’oblige à abandonner la péninsule ibérique, et explique qu’il n’y soit jamais revenu. En son absence, et comme il n’y envoie pas ses meilleurs officiers (Davout reste en permanence à l’Est), la situation change, notamment lorsque le général britannique Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, est nommé à la tête de l’armée britannique dans la péninsule.

La Cinquième Coalition

L'Empire à son apogée en 1812 (en bleu foncé : la France ; en bleu clair : les territoires vassaux de la France).

Elle est formée en 1809 par le Royaume-Uni et l’Autriche, alors que le premier luttait déjà contre la France dans la péninsule ibérique. Le Royaume-Uni s’était à nouveau retrouvé seul contre la France, en partie parce qu’il n’avait jamais engagé de forces importantes dans un conflit avec Napoléon, au contraire des puissances continentales. L’activité militaire britannique se réduit alors à de petites victoires dans les colonies françaises, et des victoires navales. À terre, elle tente seulement en 1809 la désastreuse expédition de Walcheren. L’affrontement se déplace sur le terrain économique : blocus continental contre blocus naval, que les deux ennemis respectifs tentent de renforcer : les Britanniques en combattant les États-Unis (Guerre de 1812) et les Français en guerroyant en Espagne. Le conflit dans la péninsule ibérique commence lorsque le Portugal continue de commercer avec le Royaume-Uni malgré les interdictions françaises. Lorsque les Français sont battus à Baylen, bataille qui démontre qu’une partie importante du peuple espagnol ne voulait pas maintenir son alliance avec la France, les troupes françaises doivent occuper progressivement le pays, entrent à nouveau dans Madrid, ce qui provoque l'intervention britannique.

L’Autriche, alors alliĂ©e de la France, entrevoit l’opportunitĂ© de retrouver son ancien empire sur l’Allemagne, supprimĂ© après Austerlitz. Elle remporte quelques succès contre les faibles forces de Davout. NapolĂ©on lui avait laissĂ© seulement 170 000 hommes pour dĂ©fendre la frontière orientale de la France, alors que dans les annĂ©es 1790, c’est une armĂ©e de 800 000 hommes qui dĂ©fendait les frontières françaises, sur un front plus court. L’Autriche attaque Ă©galement le Grand-duchĂ© de Varsovie, mais est vaincue Ă  la bataille de Raszyn (). L’armĂ©e polonaise conquiert la Galice occidentale.

Napoléon prend le commandement de l’armée et dirige la contre-attaque en Autriche. Une série de petites victoires précédent l’énorme bataille d'Essling, première défaite tactique de Napoléon. Mais l’archiduc Charles, commandant en chef autrichien, commet l’erreur de ne pas poursuivre les troupes françaises, ce qui aurait consolidé son succès. En conséquence, Napoléon prépare le siège de Vienne, qui commence en juillet. Il vainc ensuite les Autrichiens à Wagram (5 et ). C’est durant cette bataille que le maréchal Bernadotte est démis de son titre et ridiculisé par Napoléon devant l’état-major. La couronne de Suède est ensuite offerte à Bernadotte, qui l'accepte en trahissant ainsi Napoléon. Par la suite, l’armée suédoise combat l’ancien empereur de Bernadotte.

La guerre de la Cinquième Coalition s’achève par le traité de Schönbrunn le . Dans l'Est, seuls les rebelles du Tyrol dirigé par Andreas Hofer continuent à combattre l'armée franco-bavaroise, mais ils sont finalement vaincus en novembre 1809 alors que dans l'ouest, la guerre péninsulaire se poursuit.

En 1810, l’Empire français atteint son extension maximale. Napoléon épouse Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, afin d’établir une alliance durable avec l’Autriche et d’avoir enfin un héritier, que sa première épouse, Joséphine de Beauharnais, n’avait pu lui donner. Outre l’Empire, Napoléon est roi d’Italie, médiateur (et dirigeant) de la Confédération suisse, de la Confédération du Rhin, son ambassadeur à Varsovie dirige officieusement le Grand-duché. Ses alliés sont :

Guerre de la Sixième Coalition (1812-1814)

La Sixième Coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, auxquelles se joignent au fur et à mesure des difficultés françaises, la Suède, l’Autriche et la plupart des petits États allemands.

Campagne de Russie (1812)

L’empereur Napoléon Ier et ses maréchaux à la bataille de la Moskova (ou bataille de Borodino).
Les Français à Moscou.

En 1812, NapolĂ©on envahit la Russie pour obliger le tsar Ă  maintenir le Blocus continental et Ă©loigner la menace d’une invasion de la Pologne par la Russie. La Grande ArmĂ©e (650 000 hommes dont 270 000 Français) franchit le NiĂ©men le . La Russie proclame la Grande guerre patriotique alors que NapolĂ©on avait proclamĂ© la seconde guerre polonaise. Mais, contrairement aux attentes des Polonais, qui fournissent presque 100 000 hommes, NapolĂ©on Ă©vite de faire des concessions Ă  la Pologne, les repoussant aux nĂ©gociations avec la Russie. Soit volontairement, soit par crainte d’affronter sur le champ de bataille NapolĂ©on, les Russes reculent et pratiquent la politique de la terre brĂ»lĂ©e, jusqu’à la bataille de la Moskova, le . Cette bataille sanglante force les Russes Ă  se retirer, et Moscou est prise et mise Ă  sac le . Alexandre Ier refuse de nĂ©gocier, et NapolĂ©on, sans espoir de victoire dĂ©cisive, est forcĂ© de faire retraite et d’abandonner Moscou, lorsque son gouverneur, le prince Rostopchine, l’incendie. Avec la retraite de Russie, la Grande ArmĂ©e perd 370 000 hommes (en comptant les pertes lors des batailles) et 200 000 soldats sont faits prisonniers. En novembre, seuls 90 000 hommes franchissent la BĂ©rĂ©zina. NapolĂ©on doit de plus abandonner son armĂ©e pour retourner Ă  Paris, oĂą le gĂ©nĂ©ral Malet a tentĂ© un coup d'État, et pour prĂ©parer la dĂ©fense de la Pologne. La situation de l’Empereur n’est alors pas si critique qu’il y paraĂ®t. Les Russes avaient perdu 400 000 hommes, et leur armĂ©e Ă©tait aussi Ă©puisĂ©e. Mais leurs lignes de ravitaillement Ă©taient plus courtes, et ils pouvaient renouveler leurs effectifs plus rapidement que la France.

Dans le même temps, en Espagne, la victoire des Hispano-Britanniques commandés par Wellesley à la bataille de Vitoria () met fin à l’occupation française de la péninsule, et l’armée française et Joseph Bonaparte repassent les Pyrénées.

Campagne d’Allemagne

La Prusse voit une occasion dans ces historiques dĂ©faites de l’armĂ©e française, et entre en guerre. NapolĂ©on reconstitue une armĂ©e en renforçant ses troupes rescapĂ©es, qui passent de 30 000 Ă  130 000 hommes (et atteindront 400 000 hommes). Il cause des pertes Ă©levĂ©es (40 000 morts) Ă  ses adversaires Ă  la bataille de LĂĽtzen () et Ă  celle de Bautzen (20 et ), sans remporter de victoire dĂ©cisive. Plus de 250 000 hommes s’affrontent dans ces batailles, ce qui les place parmi les plus grandes batailles de l’histoire militaire.

Un armistice est signĂ© le , et la trĂŞve dure jusqu'au . Chaque camp cherche Ă  se renforcer, et les coalisĂ©s parviennent Ă  convaincre l’Autriche d’affronter Ă  nouveau NapolĂ©on. Elle forme deux armĂ©es d’environ 800 000 hommes, plus une rĂ©serve stratĂ©gique de 350 000 hommes pour appuyer les opĂ©rations de frontière. De son cĂ´tĂ©, NapolĂ©on rĂ©unit environ 650 000 hommes en Allemagne, dont seulement 250 000 sous ses ordres directs (120 000 commandĂ©s par Oudinot, et 30 000 par Davout). La ConfĂ©dĂ©ration du Rhin Ă©quipe le gros des forces restantes, la Saxe et la Bavière Ă©tant les principaux alliĂ©s. En Italie, le royaume de Naples de Murat et le Royaume d'Italie d’Eugène de Beauharnais ont une armĂ©e combinĂ©e d’environ 100 000 hommes. Enfin, entre 150 000 et 200 000 soldats font retraite d’Espagne, poursuivis par les troupes hispano-britanniques (environ 150 000 hommes). Au total, 900 000 soldats français sont opposĂ©s sur tous les fronts Ă  environ un million de soldats coalisĂ©s (sans compter les rĂ©serves stratĂ©giques). De plus, les soldats allemands des forces françaises sont peu fiables, et ont tendance Ă  dĂ©serter pour rejoindre les troupes alliĂ©es. Il est donc raisonnable d’estimer que NapolĂ©on ne pouvait compter que sur 450 000 hommes en Allemagne, et qu’il Ă©tait donc soumis Ă  un rapport de forces dĂ©favorables de deux contre un.

Ă€ la fin de la trĂŞve, NapolĂ©on reprend l’initiative et vainc Ă  Dresde des forces alliĂ©es numĂ©riquement supĂ©rieures, leur infligeant de fortes pertes, et avec de faibles pertes de son cĂ´tĂ©. Toutefois, de mauvais jugements de ses marĂ©chaux et un manque d’assurance dans le reste de l’offensive coĂ»te Ă  la France l’avantage acquis lors de cette bataille. Ă€ la bataille de Leipzig, dite « bataille des Nations » (du 16 au ), 191 000 Français font face Ă  450 000 soldats alliĂ©s. NapolĂ©on est battu, et contraint Ă  faire retraite.

Campagne de France

L'entrée des troupes russes à Paris.

C'est l'invasion de la France par une armĂ©e coalisĂ©e de 500 000 soldats. Les monarques coalisĂ©s veulent mettre fin Ă  vingt ans de guerre, Ă  la RĂ©volution et abattre NapolĂ©on, qu'ils appellent l’Usurpateur. NapolĂ©on ne peut leur opposer qu'une petite armĂ©e de 70 000 hommes. Au sein de cette armĂ©e de la dernière chance, la Garde impĂ©riale, composĂ©e en partie de conscrits, dĂ©fend avec hĂ©roĂŻsme chaque pouce de terrain. « Triomphe de la volontĂ© sur le nombre » (selon le marĂ©chal Juin), la campagne de France est l’occasion pour NapolĂ©on de montrer son gĂ©nie, en rĂ©ussissant avec cette armĂ©e rĂ©duite Ă  battre successivement ses ennemis divisĂ©s, notamment lors des batailles de Champaubert, Montmirail, Mormant et Montereau. MalgrĂ© ces victoires, les AlliĂ©s signent le traitĂ© de Chaumont (), promettant de rester unis jusqu’à la dĂ©faite totale de NapolĂ©on. 6 000 combattants français furent tuĂ©s, blessĂ©s ou faits prisonniers au cours de cette dernière campagne, sans rĂ©ussir Ă  empĂŞcher les AlliĂ©s d’entrer Ă  Paris le , livrĂ©e par le marĂ©chal Marmont. Sans envisager la dĂ©faite, NapolĂ©on avait calculĂ© qu’il pouvait recevoir 900 000 hommes en renfort, entre nouvelles recrues et troupes en garnison en Allemagne, Belgique et Hollande. Ces plans ne purent se rĂ©aliser, ces renforts n’ayant pu ĂŞtre mobilisĂ©s Ă  temps. NapolĂ©on abdique le Ă  Fontainebleau, et la France signe le premier traitĂ© de Paris le (un deuxième traitĂ© a Ă©tĂ© signĂ© l'annĂ©e suivante). Le congrès de Vienne dĂ©bute le 1er octobre.

Guerre de la Septième Coalition (1815)

Napoleon quittant l'île d'Elbe, peint par Joseph Beaume.
Avancée de l'infanterie française pendant la bataille de Waterloo.

La Septième Coalition rassemble le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas et de nombreux États allemands contre la France.

Cette pĂ©riode connue sous le nom de Cent-Jours commence quand NapolĂ©on s’échappe de l'Ă®le d’Elbe et dĂ©barque Ă  Golfe Juan, le . Durant le Vol de l’Aigle, il emprunte d’abord ce qui est devenu la route NapolĂ©on dans les Alpes, rallie Ă  lui les troupes qu’on envoie pour l’arrĂŞter, et arrive Ă  Paris abandonnĂ© par Louis XVIII. Les AlliĂ©s le dĂ©clarent hors-la-loi, et rassemblent en hâte une armĂ©e. NapolĂ©on dispose de 280 000 hommes divisĂ©s en plusieurs armĂ©es. Avant son retour, la France avait une armĂ©e de 90 000 hommes (une lĂ©gion par dĂ©partement), auxquels il rĂ©unit 250 000 vĂ©tĂ©rans. Il promulgue un dĂ©cret pour mobiliser 2,5 millions d’hommes.

Les alliĂ©s ont immĂ©diatement 700 000 soldats disponibles, et prĂ©voient de se renforcer Ă  hauteur d’un million d’hommes, soutenus par 200 000 hommes de garnison dans les places fortes.

NapolĂ©on conduit une armĂ©e de 124 000 hommes dans une attaque prĂ©ventive en Belgique, afin d’attaquer les armĂ©es alliĂ©es avant qu’elles ne se rassemblent, en espĂ©rant repousser les Britanniques Ă  la mer et forcer les Prussiens Ă  se retirer de la coalition. Sa marche rapide lui donne l’effet de surprise voulu. Il force les Prussiens au combat Ă  la bataille de Ligny (), oĂą ils sont battus et se retirent en dĂ©sordre. Le mĂŞme jour, Ney arrĂŞte les troupes britanniques envoyĂ©es par Wellington pour soutenir BlĂĽcher, Ă  la bataille de Quatre-Bras. Ney ne peut cependant pas dĂ©gager les positions françaises, et Wellington n’est forcĂ© Ă  la retraite que par le recul prussien. Il rassemble ses troupes sur une position qu’il avait reconnue prĂ©alablement au mont Saint-Jean, Ă  quelques kilomètres de la ville de Waterloo. NapolĂ©on porte alors ses rĂ©serves vers le nord, et rejoint Ney pour poursuivre Wellington, tout en demandant Ă  Grouchy de garder sa droite et d’empĂŞcher les Prussiens de se rĂ©organiser. Il ne remplit pas cette mission, et bien qu’il batte von Thielman Ă  la bataille de Wavre (18 et ), le gros de l’armĂ©e prussienne marche au son du canon de Waterloo.

Au dĂ©but de la bataille de Waterloo, le , NapolĂ©on attend longtemps avant d’engager le combat, que le terrain soit sĂ©chĂ© par le soleil. Ă€ la fin de la journĂ©e, l’armĂ©e française n’a pas pu dĂ©loger les Britannico-Hanovriens de leurs positions. Quand les Prussiens arrivent et attaquent l’aile droite française, la stratĂ©gie de l’Empereur de maintenir divisĂ©s les coalisĂ©s se trouve mise en Ă©chec, et son armĂ©e doit faire retraite dans la confusion la plus totale. Après sa victoire Ă  Wavre, Grouchy revient en ordre vers Paris, oĂą Davout tient prĂŞte une armĂ©e de 117 000 hommes, pour faire face aux 116 000 Prusso-Britanniques. MĂŞme si militairement, NapolĂ©on aurait pu envisager de continuer la lutte, sa chute est prĂ©cipitĂ©e par une impossibilitĂ© politique de se maintenir au pouvoir.

Arrivé à Paris trois jours après Waterloo, Napoléon abdique une seconde fois le , et les Alliés l’exilent sur le rocher isolé de Sainte-Hélène.

Conséquences politiques

Les guerres napoléoniennes ont eu de grandes conséquences dans le monde entier, principalement en Europe :

  • Mort de plusieurs millions d’EuropĂ©ens (pertes humaines lors des guerres napolĂ©oniennes)
  • La France n’est plus la puissance dominante en Europe, comme elle l’était sous Louis XIV ;
  • Dans de nombreux pays europĂ©ens, l’importation des idĂ©aux et des progrès de la RĂ©volution française (dĂ©mocratie, procès contradictoires et Ă©quitables, abolition des privilèges, de la torture, Ă©galitĂ© devant la loi) laisse une empreinte durable. MĂŞme si les royaumes napolĂ©oniens Ă©taient autoritaires, ils l’étaient moins que ceux qui les avaient prĂ©cĂ©dĂ©s. Les monarques europĂ©ens ont de grandes difficultĂ©s Ă  restaurer l’absolutisme prĂ©-rĂ©volutionnaire, et sont souvent obligĂ©s de maintenir certaines rĂ©formes introduites par l’occupation (comme le Code NapolĂ©on, restĂ© en usage dans quelques rĂ©gions très longtemps, ou ayant influencĂ© de nombreux codes nationaux). De nombreuses institutions supprimĂ©es ne furent jamais recrĂ©Ă©es (Saint-Empire romain germanique), d’autres crĂ©Ă©es par NapolĂ©on durent encore de nos jours ;
  • Un nouveau et puissant mouvement naĂ®t dans le sillage des armĂ©es napolĂ©oniennes : le nationalisme. Il va s’imposer et changer le cours de l’histoire de l’Europe. Il est la force qui pousse Ă  la naissance des nations europĂ©ennes, et Ă  la fin des Empires. La carte de l’Europe est complètement redessinĂ©e dans les cent ans qui suivent les guerres napolĂ©oniennes, non plus selon les normes aristocratiques, mais culturelles et idĂ©ologiques, de l’indĂ©pendance de la Grèce (1830) Ă  la Première Guerre mondiale ;
  • La guerre d’Espagne dĂ©truit complètement l’État espagnol, sa flotte et son armĂ©e, situation aggravĂ©e par la rĂ©volte des colonies amĂ©ricaines, influencĂ©es par les idĂ©aux de la RĂ©volution française et des États-Unis. En 1825, la quasi-totalitĂ© de l’empire colonial espagnol en AmĂ©rique est soit devenu indĂ©pendante, soit annexĂ©e par les États-Unis (Floride, Louisiane), le Royaume-Uni (Trinidad) ou HaĂŻti (Saint-Domingue) ;
  • Le Royaume-Uni devient la puissance hĂ©gĂ©monique mondiale au niveau commercial et maritime. L’occupation des Pays-Bas par la France lui permet d’occuper les colonies nĂ©erlandaises, et de conserver celles qui ont une valeur stratĂ©gique Ă  la fin des guerres napolĂ©oniennes (Ceylan, Malacca, Afrique du Sud, Guyana).

HĂ©ritage militaire

« De Clausewitz, qui le tenait pour le dieu de la guerre, au maréchal Foch, qui reprit la théorie napoléonienne de l'offensive à outrance, tous les experts en art militaire reconnaissent le génie de Napoléon. Cette réputation est-elle surfaite ou fait-elle partie de la légende ? »

— André Champagne, Les grands personnages historiques[8]

Les guerres napoléoniennes bouleversent complètement les conceptions sur l’art de la guerre. Avant Napoléon, les États européens avaient des armées relativement petites, avec une forte proportion d’étrangers et de mercenaires combattant parfois leur pays d’origine pour une puissance étrangère. Les innovations militaires de la deuxième moitié du XVIIIe siècle préparent cependant le concept de nation en guerre.

Napoléon innove dans l’usage de la mobilité pour compenser son infériorité numérique, comme il en fait des démonstrations brillantes lors de la campagne d’Italie ou de la bataille d'Austerlitz. Le rôle de l’artillerie se retrouve considérablement accru lors de la bataille, qui forme désormais des unités mobiles et indépendantes, et plus seulement en appui des autres unités comme auparavant (changement préparé à la fin de l’Ancien Régime par plusieurs réformes). Napoléon standardise les calibres de canons, de façon à faciliter les approvisionnements et à assurer une meilleure compatibilité entre les pièces. Il sait aussi se servir de la science, notamment dans l’amélioration de l’intendance des armées. Surtout, la conduite de la guerre est changée : le but recherché est la destruction des armées adverses (et donc de lui infliger des pertes maximales pendant et après la bataille, par une poursuite de cavalerie légère).

Avec la quatrième plus importante population du monde Ă  la fin du XVIIIe siècle (27 millions d’habitants, contre 12 millions de Britanniques et 35 Ă  40 millions de Russes), la France est bien placĂ©e pour pratiquer la levĂ©e en masse. La RĂ©volution française et NapolĂ©on ont bien retenu le concept des guerres commerciales et dynastiques du siècle prĂ©cĂ©dent (qu’ils n’ont pas inventĂ©), et les ont appliquĂ©s Ă  grande Ă©chelle.

Tout le mĂ©rite ne revient pas non plus Ă  NapolĂ©on, qui disposait d'une armĂ©e façonnĂ©e par Lazare Carnot qui joue un rĂ´le fondamental dans sa rĂ©organisation en 1793-1794, lorsque le sort de la France se jouait, avec des armĂ©es devant faire face sur tous les fronts. L’augmentation de la taille des armĂ©es donne Ă©galement une indication sur le changement dans la façon de faire la guerre. Lors de la guerre de Sept Ans, dernière guerre importante en Europe avant la RĂ©volution française, peu d’armĂ©es dĂ©passaient les 200 000 hommes. Dans les annĂ©es 1790, l’armĂ©e française atteint les 1,5 million de conscrits. Au total, durant ces vingt-trois annĂ©es de guerre, près de 2,8 millions de Français servirent dans l’armĂ©e de terre, et près de 150 000 sur mer.

Le Royaume-Uni mobilise 750 000 hommes de 1792 Ă  1815, dont un tiers dans la Royal Navy. Il est plus difficile de faire le compte des autres armĂ©es, mais en 1812, la Russie compte 900 000 hommes dans son armĂ©e de terre, donc avait plus d’un million d’hommes mobilisĂ©s. Les forces autrichiennes atteignent 576 000 hommes au maximum ; l’Autriche Ă©tant l’ennemi le plus persistant de la France, il est raisonnable de penser que plus d’un million d’Autrichiens servirent dans l’armĂ©e durant cette pĂ©riode. La Prusse et le Royaume-Uni eurent jusqu’à 320 000 sous les armes, l’Espagne environ 300 000. L’Empire ottoman, le royaume d’Italie, le royaume de Naples et le grand-duchĂ© de Varsovie mobilisent eux aussi plus de 100 000 hommes (Ă  l’époque, les États-Unis ont 286 000 hommes sous les drapeaux). Comme on peut le voir, mĂŞme de petites nations ont eu des armĂ©es rivalisant avec celles des grandes puissances des guerres prĂ©cĂ©dentes.

Plusieurs historiens voient dans les guerres de la Révolution française et les guerres napoléoniennes certaines des premières étapes de la Révolution industrielle. Il devient courant de produire des armes en masse et d’équiper des troupes bien plus importantes. Le Royaume-Uni est le principal fabricant d’armes de cette période, car il fournit la plus grande partie des armes utilisées par les puissances coalisées (et lui-même n’utilise qu’une faible partie des armes qu’il fabrique). La France est le deuxième producteur, pour ses propres besoins d’abord, mais aussi pour équiper la Confédération du Rhin et d’autres alliés.

La guerre répand certaines innovations technologiques, comme le télégraphe Chappe, qui permet à Carnot de communiquer avec les armées françaises combattant sur les frontières. Ce système perdure après 1815. C’est durant la bataille de Fleurus que l’on utilise la première fois des ballons pour espionner les positions ennemies.

Les derniers vétérans

Parmi les derniers vétérans on peut citer[9] :

  • Abraham Kalinsky (dĂ©cĂ©dĂ© en 1911), il serait dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l'âge douteux de 117 ans. Il est d'abord soldat dans les contingents alliĂ©s de la Grande ArmĂ©e napolĂ©onienne. Lors des Cent-jours, il est dans l'armĂ©e prussienne Ă  Waterloo (1815). Il Ă©migre aux États-Unis d'AmĂ©rique et meurt Ă  Baltimore.
  • John Vaughan (1801-après 1905), anglais, il est un jeune trompette qui participe Ă  la bataille de Waterloo (1815).
  • John Uhnweiler (1801-1904[10]), Français engagĂ© comme enfant de troupe, c'est comme tambour qu'il est tĂ©moin de la bataille de Waterloo (1815). Il Ă©migre aux États-Unis d'AmĂ©rique et meurt Ă  Dallas.
  • Vincent Markiewicz (vers 1794-1903), Polonais, il rejoint la Grande ArmĂ©e lors d'une Ă©tape de NapolĂ©on Ă  Varsovie en 1811. Il participe aux dernières guerres de l'Empire dans les troupes polonaises fidèles Ă  NapolĂ©on. Il est prĂ©sent notamment Ă  la Bataille de Borodino, de Leipzig et de Waterloo[11]. Il fait mĂŞme partie de la suite de l'Empereur Ă  Sainte-HĂ©lène, oĂą il ne reste qu'une annĂ©e (les Britanniques ayant dĂ©cidĂ© de limiter le personnel autour de NapolĂ©on). Il servit ensuite dans l'armĂ©e russe en Pologne dans les annĂ©es 1820. De retour en France, il participa Ă  plusieurs complots bonapartistes. Il meurt Ă  Varsovie après une vie mouvementĂ©e en participant Ă  diverses luttes nationales du XIXe siècle (Pologne, Hongrie, Italie).
  • Geert Adriaans Boomgaard (1788-1899) Ă©tait le dernier combattant survivant. Il a combattu pour la France dans le 33e RĂ©giment LĂ©ger[12].
  • Alfred Le Maire (1800-1898), français, il participe Ă  la bataille de Waterloo (1815) dans une unitĂ© de cavalerie et y est grièvement blessĂ©.
  • Louis-Victor Baillot (1793-1898) un français, fut l'un des derniers vĂ©tĂ©rans de la bataille de Waterloo. Il a Ă©tĂ© prĂ©sent lors du siège de Hambourg (Sa photo prise en 1898).
  • Pedro Martinez (1789-1898) fut le dernier vĂ©tĂ©ran de la bataille de Trafalgar. Il a servi dans la marine espagnole sur le navire San Juan Nepomuceno[12].
  • Josephine Mazurkewicz (1784-1896) fut la dernière combattante femme. Elle Ă©tait une chirurgienne assistante dans l'armĂ©e de NapolĂ©on et a plus tard participĂ© Ă  la guerre de CrimĂ©e.
  • Jean-Baptiste Nicolas Savin (nĂ© probablement entre 1768 et 1792, dĂ©cĂ©dĂ© en 1894)[13] Ă©tait un soldat français. Il se prĂ©sentait comme Ă©tant le dernier survivant des guerres de la RĂ©volution française (1792-1802), ainsi que le dernier officier français des guerres napolĂ©oniennes[14].
  • Morris Shea (1795-1892) fut le dernier vĂ©tĂ©ran Ă©cossais[15].
  • Sir Provo Wallis (1791-1892) fut le dernier officier de la Royal Navy Ă  avoir participĂ© aux guerres napolĂ©oniennes. Il a participĂ© Ă  la guerre de 1812.

Notes et références

  1. Ce chiffre inclut l'ensemble des forces allemandes ayant combattu du côté français jusqu'en 1813.
  2. Ce chiffre inclut approximativement 40 000 Danois et 40 000 Norvégiens.
  3. Il s'agit des forces bavaroises mobilisées en 1815.
  4. Il s'agit des forces armées wurtembergeoises mobilisées sous le commandement du prince héritier en 1815.
  5. Il s'agit des forces suisses mobilisées sous le commandement de Franz von Bachmann en 1815.
  6. Il s'agit des forces saxonnes mobilisées en 1815.
  7. Il s'agit des forces mobilisées en 1815.
  8. André Champagne, Les grands personnages historiques, éditions du Septentrion, , p. 143
  9. Voir en particulier Frédéric Mathieu, Napoléon, les derniers témoins, 2008, éditions Sébirot, et Frédéric Mathieu, Ils ont vaincu Napoléon et le temps, 2009, éditions Sébirot
  10. New York Times, 6 décembre 1904.
  11. Sudhir Hazareesingh, La légende de Napoléon, Tallandier, , 414 p. (ISBN 978-2-757-80421-6), p. 317
  12. « Derniers vétérans de l'Armée napoléonienne, Premier Empire », Derniersveterans.free.fr (consulté le )
  13. Constantin Woensky, Léon Castillon, and Nicolas Savin, Nicolas Savin, dernier vétéran de la grande armée: sa vie -sa mort, 1768-1894 (1895).
  14. « Guerres de 1792-1815 », Ders Des Ders (consulté le )
  15. (en) « Some Hirstory Relevant to the 73rd Regiment of Foot » [PDF]

Voir aussi

Bibliographie

  • David A. Bell (trad. de l'anglais par Christophe Jaquet), La première guerre totale : l'Europe de NapolĂ©on et la naissance de la guerre moderne [« The First Total War : Napoleon's Europe and the birth of warfare as we know it »], Seyssel, Champ Vallon, coll. « La Chose publique », , 401 p. (ISBN 978-2-87673-539-2, prĂ©sentation en ligne).
  • LĂ©once Bernard, Les prisonniers de guerre du Premier Empire, Paris, Éditions Christian, , 277 p. (ISBN 978-2-864-96102-4).
  • Marcel Dupont, NapolĂ©on en campagne, Hachette, 1952.
  • Alexander Mikaberidze (trad. de l'anglais par Thierry PiĂ©lat), Les guerres napolĂ©oniennes : une histoire globale, Paris, Flammarion, , 1180 p. (ISBN 978-2-081-52154-4).
  • HervĂ© DrĂ©villon (dir.), Bertrand Fonck (dir.) et Michel Roucaud (dir.), Guerres et armĂ©es napolĂ©oniennes : nouveaux regards, Paris, Nouveau Monde / Ministère de la DĂ©fense-DMPA / Fondation NapolĂ©on, coll. « La Bibliothèque NapolĂ©on. Études », , 562 p. (ISBN 978-2-36583-851-1, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].
    Réédition : Hervé Drévillon (dir.), Bertrand Fonck (dir.) et Michel Roucaud (dir.), Guerres et armées napoléoniennes : nouveaux regards, Paris, Nouveau Monde, coll. « Chronos », , 560 p. (ISBN 978-2-36942-880-0).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.