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Royaume de Hollande

Le royaume de Hollande (en néerlandais : Koninkrijk Holland) était l'État successeur de la République batave. Il a été créé par Napoléon Bonaparte comme un État client pour son troisième frère, Louis Bonaparte, afin de mieux contrôler les Pays-Bas. Le nom de la principale province, la Hollande, fut désormais pris pour désigner l'ensemble du pays. En 1807, la Frise orientale et Jever ont été ajoutées au royaume.

Royaume de Hollande
(nl) Koninkrijk Holland

–
(4 ans, 1 mois et 4 jours)

Devise en néerlandais : Eendracht maakt macht (« L'union fait la force »)
Description de cette image, également commentée ci-après
Les départements du royaume de Hollande en 1807.
DĂ©mographie
Population
• 1806[1] 2 178 000 hab.
Gentilé Hollandais(e)
Histoire et événements
Établissement
Dissolution

Entités précédentes :

En 1809, la Hollande dut céder tous les territoires au sud du Rhin à l'Empire français, à la suite de l'expédition de Walcheren. La même année, les forces armées hollandaises ont combattu du côté français, en contribuant à la défaite de la rébellion allemande anti-bonapartiste menée par Ferdinand von Schill, lors la bataille de Stralsund.

Le roi Louis Bonaparte n'a pas répondu aux attentes de Napoléon, en essayant de servir les intérêts néerlandais au lieu de ceux de son frère, ce qui aboutit à la dissolution du royaume en 1810, après quoi les Pays-Bas ont été annexés par l'Empire français jusqu'en 1813. La Hollande couvrait le territoire de l'actuel royaume des Pays-Bas, à l'exception du Limbourg et de plusieurs parties de la Zélande, qui étaient sous souveraineté française, ainsi qu'avec l'ajout de la Frise orientale. Il s'agissait de la première monarchie formelle aux Pays-Bas depuis 1581.

La conséquence à long terme pour le pays a été l'installation durable de la monarchie, ce qui a permis de faciliter la capacité de la maison d'Orange-Nassau à assumer, après la chute de Napoléon, le statut de monarques à part entière, mettant fin à leur statut ambigu de stathouders. Ce statut avait été la source d'instabilité et de longs conflits sous le régime des Provinces-Unies.

Histoire

Le royaume de Hollande est créé par le traité signé à Paris, le , entre l'empereur des Français, Napoléon Ier, représenté par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, et la République batave, représentée par une délégation des États généraux composée de Charles Henri Ver-Huell, Alexander Gogel, Johann van Styrum, Guillaume Six et Gerard Brantsen.

Napoléon avait ordonné à son frère de rester français, mais Louis Napoléon se présentait comme un roi très hollandais. Il se montrait récalcitrant à l'introduction de mesures françaises négatives pour la Hollande, comme la conscription et le blocus continental. Le roi avait comme devise « Bien faire et laisser dire » (Doe wel en zie niet om en néerlandais), ce qui signifie « Faites le bien et ne regardez pas en arrière ». Ses efforts pour bien se faire voir par la population néerlandaise mécontentaient son frère l'empereur.

En 1809, l'invasion anglaise de l'île de Walcheren fut repoussée par les armées françaises et hollandaises, mais l'empereur Napoléon Bonaparte trouva l'action menée trop hésitante et le roi Louis Bonaparte perdit encore du crédit en tant que souverain.

Ainsi, pendant l'hiver de 1809-1810, on parlait déjà de supprimer le royaume de Hollande. Par décret impérial, Napoléon mit d'abord le sud du royaume sous gouvernement français. Quelques mois plus tard le reste de l'ancien royaume de Hollande suivait. Le roi Louis abdiqua, espérant ainsi garder la souveraineté de la Hollande. Le 1er juillet, son jeune fils de six ans Napoléon-Louis était formellement proclamé roi, mais l'empereur Napoléon ne tint pas compte de cette décision et annexa les Pays-Bas quelques semaines plus tard, le .

Les Pays-Bas firent partie intégrante du Premier Empire pendant trois ans, jusqu'en . Guillaume Frédéric d'Orange-Nassau débarqua à Schéveningue le et prit quelques jours plus tard le titre de prince souverain des Pays-Bas.

Territoire

Par le traité signé à Fontainebleau le , le royaume s'accroît des territoires suivants :

  • la principautĂ© de Frise-Orientale ;
  • la seigneurie de Jever ;
  • les territoires de Zevenaar, Huissen et Malbourg.

Mais le roi cède le territoire de Léemel et la partie méridionale du territoire d'Éertel en échange de la partie septentrionale du territoire de Gerstel. Il cède aussi la ville et le port de Flessingue avec un territoire de 1 800 mètres de rayon autour de son enceinte.

En outre, la seigneurie de Kniphausen et celle de Varel sont médiatisées.

Par un sénatus-consulte organique du , la partie du royaume située sur la rive gauche du Rhin est incorporée à l'Empire français[2].

Divisions administratives

Le royaume de Hollande fut d'abord divisé en neuf départements :

  • Hollande
  • Gueldre
  • Brabant-Septentrional
  • Frise
  • Overijssel
  • ZĂ©lande
  • Stad en Lande Groningen
  • Utrecht
  • Drenthe

Le , le département de Hollande fut divisé en deux départements : l'Amstelland et le Maasland.

Pendant la Quatrième Coalition, les armées françaises et hollandaises occupèrent la Frise orientale prussienne et le Jeverland prussien. En 1807, ces deux régions furent rattachées au royaume de Hollande, formant le département de Frise-Orientale.

Le Limbourg, l'île de Walcheren et la Flandre zélandaise n'appartenaient pas au royaume de Hollande. Comme la Belgique, ces régions étaient directement sous le gouvernement de l'Empire français.

Louis divisa le pays en départements/provinces, plaçant à la tête de chacun un gouverneur (landdrost) qui, à l'exemple des préfets français, surveillait à son niveau la politique locale. Les maires des grandes villes furent désormais nommés par le souverain. Grâce aux réformes de Louis, l’État néerlandais a été renforcé, simplifié, modernisé[3].

La politique royale

Louis en 1806.

Le roi Louis désira travailler au bonheur et la prospérité de ses peuples ; pour cela, il voulut connaître son royaume, non seulement par des rapports mais par des inspections, et lancer de nombreuses réformes dans les domaines administratifs, législatifs, culturels, sanitaires. Louis voulut ranimer le sentiment national de ses sujets en chantant les gloires anciennes de la nation et de ses héros tout en célébrant ses propres actions et les multiples progrès enregistrés durant son règne. Son ambition était d'exalter l’histoire du royaume de Hollande en y associant sa politique d'unité nationale : il s'agissait d'en finir avec les dissensions politiques, l’esprit fédéraliste, les luttes entre aristocrates et démocrates, afin que tous travaillent à la régénération de la patrie. L’idée de Louis de nationaliser l’ancienne fédération néerlandaise n’était pas neuve ; les révolutionnaires bataves avaient aussi souhaité établir un corps de nation mais Louis pensait qu'une monarchie à la fois centralisée et constitutionnelle était mieux à même d'atteindre cet objectif. Louis déclarera dans ses mémoires : « Le chef suprême de l’administration doit imprimer à toutes ses branches son esprit, sa volonté : c’est l’unité de mouvement qui est le principal avantage de la monarchie[4]. »

Pacification religieuse

Les minorités religieuses obtinrent davantage de droits. Certes, la révolution batave avait accordé l’égalité civile aux juifs et aux catholiques, mais dans la pratique la discrimination n’avait absolument pas disparu. C’est pourquoi en 1808 il proclama officiellement l’égalité religieuse, fit entrer en toute connaissance de cause des juifs dans l’administration et s’irrita du manque d'intérêt des catholiques qui continuaient à se tenir à l’écart. Sur ordre du roi, les protestants rendirent même quelques lieux de culte aux catholiques, comme la cathédrale Saint-Jean à Bois-le-Duc.

Unification et humanisation du droit

Au moyen de la codification du droit, Louis travailla Ă  la fois Ă  son unification et Ă  son humanisation.

  • Louis s’occupa Ă©galement de dĂ©mĂŞler le maquis juridique car le manque d’une lĂ©gislation uniforme avait pour rĂ©sultat que les peines variaient considĂ©rablement Ă  l’intĂ©rieur du pays. Dans tel village, par exemple, le vol pouvait ĂŞtre puni de mort, alors que le mĂŞme dĂ©lit n’encourait qu’une amende dans un autre village. La codification prĂ©vue Ă  l'Ă©poque rĂ©volutionnaire n’avait pu ĂŞtre menĂ©e Ă  bien faute de consensus. Les travaux s’étaient amorcĂ©s et les commissions avaient Ă©mis des idĂ©es, mais les troubles politiques en avaient freinĂ© l’achèvement la diffusion, tandis que la Haute Cour nationale renâclait Ă  en accepter les nouveautĂ©s. Sous la direction autoritaire de Louis, ces codes vont ĂŞtre rapidement achevĂ©s et introduits juste avant l’annexion de 1810. Le Code civil français fut adaptĂ© et adoptĂ© le et Louis fit en outre rĂ©diger un code national de droit pĂ©nal qui fut achevĂ© un peu plus tard. La codification, comme en France, fut un moyen d'unifier davantage le droit mais aussi l’État et la nation. Louis exprima le souhait de donner Ă  la Hollande des lois qui soient de prĂ©fĂ©rence « celles qui rĂ©unissent le plus de clartĂ© et de prĂ©cision, et qui sont les plus favorables Ă  la conservation des mĹ“urs et du caractère national[5] ». Il ne s'agissait pas de plaquer le modèle français mais de l'adapter dans un souci de renforcement de l'unitĂ© et de l'identitĂ© nationale.
  • Les idĂ©es libĂ©rales de Louis transparaissaient dans le nouveau code avec l’abolition de la torture et du travail forcĂ©. Lors de l’achèvement du code pĂ©nal, le ministre de la justice et de la police, Cornelis van Maanen, et les juristes en gĂ©nĂ©ral ont freinĂ© les avancĂ©es plutĂ´t humanitaires proposĂ©es par Louis qui voulait abolir la peine de mort, les amendes et peines financières injustes pour les pauvres ; de fait, il usa gĂ©nĂ©reusement du droit de grâce ce qui contraria son frère[6].

Politique culturelle

Louis s’intéressait beaucoup à la culture et était conscient que les sciences et les arts sont un apport essentiel pour la réputation et la prospérité d’une nation et pour les progrès de l’esprit humain. Il prit de nombreuses initiatives dans ce domaine :

Institution culturelles :

  • Le , fut crĂ©Ă© une direction gĂ©nĂ©rale des beaux-arts ; un dĂ©cret de 21 articles prĂ©cisa les domaines de la mission de ce fonctionnaire : les musĂ©es, l’élĂ©vation du niveau de l’art grâce Ă  un rapatriement des artistes travaillant Ă  l’étranger, l’organisation de concours et d’expositions dans le but de dresser un inventaire toujours plus prĂ©cis de la vie artistique en Hollande ; l’amĂ©lioration de l’enseignement artistique et la gestion du patrimoine sous forme de collections nationales ; l'Ă©tablissement d'un rapport dĂ©taillĂ© sur ces sujets Ă  publier mensuellement dans un Journal des Beaux-Arts, ainsi qu’un bilan financier annuel ; la mission principale Ă©tait la promotion de l’art contemporain hollandais ; le , la fonction fut confiĂ©e Ă  Johan Meerman, qui devint directeur gĂ©nĂ©ral des sciences et des arts.
  • Le , il fonda le musĂ©e royal d'Amsterdam ; il reçut de La Haye les tableaux de la Galerie nationale crĂ©Ă©e en 1800 et devait de servir de lieu de formation pour les artistes ; la mĂŞme fonction allait ĂŞtre attribuĂ©e Ă  son successeur le Rijksmuseum.
  • Le , il crĂ©a l’Institut royal des sciences, des lettres et des beaux arts, qui devint un organe consultatif pour le roi et son gouvernement ; prĂ©dĂ©cesseur de l’acadĂ©mie royale nĂ©erlandaise des sciences, la quatrième classe les beaux arts et la musique devait formuler des rapports et des recommandations Ă  la demande du roi et des ministres.
  • En 1806, fut crĂ©Ă©e une bibliothèque royale qui s'enrichit rapidement sous son impulsion avec l'achat en 1807 de la collection de l’avocat Joost Romswinckel, comprenant près de 24 000 volumes, principalement sur l’histoire des Pays-Bas et 10 000 cartes, puis en 1809, de la collection d’incunables et de manuscrits de Jacob Visser, procureur du gouvernement.

Architecture :

Projet d'église simultanée au Loo (F.L. Gunckel, 1810).
Projet de Palais des Sciences et des Arts Ă  Amsterdam (Abraham van der Hart, 1809).
  • Louis cherche Ă  doter la nouvelle royautĂ© hollandaise de palais ; soucieux d’imposer sa nouvelle monarchie, Louis savait qu’il devait donner une certaine splendeur royale Ă  une Hollande Ă  l’image bourgeoise et provinciale. Il rĂ©cupĂ©ra ainsi les rĂ©sidences des anciens stadhouders, notamment le palais du Bois, dans les bois entourant La Haye ou le palais du Loo près d’Apeldoorn, pour faire de cette dernière sa rĂ©sidence d’étĂ©. Il acquit ou projeta d'autres rĂ©sidences. Il intervint directement dans leur amĂ©nagement et modifia de sa main les dessins qu’on lui soumettait. Le palais du Dam, l’imposant hĂ´tel de ville des rĂ©gents du Siècle d’or, Ă©tait sombre et peu confortable ; ses caves abritaient des prisons que Louis transforma en caves Ă  vin.
  • Le roi n’entendait pas limiter son mĂ©cĂ©nat aux palais royaux : qu’il s’agisse d’un hĂ´tel de ville, d’un musĂ©e, d’un ministère ou d’un asile d’aliĂ©nĂ©s, Louis considĂ©rait que son autoritĂ© et celle de ses fonctionnaires devait ĂŞtre incontournable et prĂ©Ă©minente[7]. Pour tout projet important s’inscrivant dans un programme national, l’État doit ĂŞtre consultĂ© ou prendre l’initiative[Note 1].
  • Pour rĂ©concilier catholiques et protestants, Louis demanda Ă  l’automne 1809 qu’on lui prĂ©sente un projet d’église double Ă  construire dans les environs du palais du Loo et qui devait pouvoir accueillir sous un mĂŞme toit les fidèles des deux confessions. Les archives conservent deux projets d’église dessinĂ©s par Gunckel et destinĂ©es Ă  Apeldoorn : un Ă©difice rond coupole et un autre rectangulaire[8].
  • Louis eut Ă©galement le projet d’ériger un palais des sciences et des arts Ă  Amsterdam, oĂą seront rĂ©unis l’Institut Royal, la Bibliothèque royale, le MusĂ©e royal, l’AcadĂ©mie de dessin et la galerie de Sculptures. L’architecte Abraham Van der Hart en dessina le projet en 1809 mais l’abdication de Louis en empĂŞcha la rĂ©alisation[9]. Van der Hart s’en inspira après l’annexion pour le colossal monument de la Victoire devant ĂŞtre Ă©levĂ© sur le Mont-Cenis Ă  la gloire de l’Empereur[10].
  • Louis souhaita relever le niveau de l'architecture, mission qu'il confia Ă  la quatrième classe de l’institut royal des sciences, des lettres et des beaux-arts crĂ©Ă© en 1808 et que rejoignirent les architectes Giudici, Ziesenis, Van der Hart, Van Westernhout, Johan Philip Posth. Louis jugeant mĂ©diocre le niveau de l’architecture hollandaise nomme un Français Jean-Thomas Thibault Ă  la tĂŞte du nouveau service des bâtiments royaux. Cette mĂ©diocritĂ© Ă©tait liĂ©e Ă  l’absence d’enseignement professionnel de l’architecture tel que celui dispensĂ© en France par l’AcadĂ©mie d’architecture[Note 2]. L’art relevant du domaine de l’État selon le roi, Meerman, un ancien rĂ©gent de Leyde, nommĂ© directeur gĂ©nĂ©ral des sciences et des arts, chercha Ă  mettre sur pied un enseignement centralisĂ© et nationalisĂ© de l’architecture. Chaque annĂ©e, on envoya Ă  Rome quelques jeunes Ă©lèves pour qu'ils Ă©tudient durant deux ans une discipline artistique : architecture, sculpture, peinture. Des pensionnaires sont envoyĂ©s sous la supervision de Charles Percier et travaillent dans l’atelier d’un architecte français[11] - [Note 3].
  • Louis lança la reconstruction de Leyde, après l'explosion de 1807, avec une universitĂ© et une caserne[12].

Peinture : Il chercha à relever le niveau de la peinture hollandaise dans le domaine du grand genre (la peinture d’histoire). La société Teylers de Haarlem ouvrit un concours en 1806 sur la question de savoir pourquoi l’art néerlandais n’avait jamais acquis une grande réputation dans le grand genre mais seulement dans les genres inférieurs. La plupart des participants notèrent les avantages de la monarchie pour les arts : le souverain et sa cour attirent auprès d’eux les artistes pour qu’ils laissent à la postérité un souvenir éloquent de leur pouvoir et de leur splendeur. Le bon goût s’étend par la suite à l’ensemble de la population[13]. L’espoir demeurait que ressuscite une école hollandaise digne de ce nom. Lui-même allait souvent visiter le musée Teylers à Haarlem et il fit organiser différentes expositions artistiques publiques.

Politique sanitaire

La politique sanitaire fut une préoccupation du gouvernement royal de Hollande, avec notamment la mise en place de règles d'hygiène, l'aménagement des villes, la gestion des digues :

  • Ă€ la mort de son fils aĂ®nĂ© au printemps 1807, la santĂ© publique devient une des prioritĂ©s de Louis qui s’inquiète de l’hygiène nationale. Esther Starkenburg a montrĂ© ainsi comment ce roi de constitution fragile prit un soin particulier Ă  fixer des règles d’hygiène devant garantir la santĂ© de chacun. Il cherche Ă  persuader ainsi les hollandais Ă  se faire vacciner contre la maladie.
  • Dans sa capitale, Amsterdam, il projette des fontaines et des jardins publics afin que circulent l’eau et l’air et demande des plans pour remĂ©dier au croupissement des canaux et aux Ă©manations nausĂ©abondes qui s’en dĂ©gagent ; c’est alors tout un programme de transformation de la ville, esthĂ©tique et sanitaire, et de promotion d’une bonne circulation de l’air, d’un accès Ă  l’eau potable, d’une alimentation saine et d’exercices physiques quotidiens, que Louis initie, mais que son frère ne lui laisse finalement pas le temps de mettre en Ĺ“uvre[14]. Louis voulait purifier Amsterdam en se concentrant sur les trois Ă©lĂ©ments qui le prĂ©occupaient dans ses choix de rĂ©sidence de campagne : l’air, la nourriture, l’exercice physique. Pour cela, il lança un programme incluant : l’éloignement des abattoirs du centre de la ville, l’assèchement des marais, l’agrandissement des places et voies de circulations, la construction de pompes et de fontaines, la favorisation des promenades et de l’exercice par la multiplication des promenoirs publics et des parcs (il en avait prĂ©vu Ă©galement au Muiderpport, au Leidsepoort et sur l’Overtoom).
  • Louis prit conscience de l’importance du dĂ©partement des digues qu'il ne cessa durant son règne de rehausser, restaurer, modifier. Louis Ă©mit aussi le souhait d'amĂ©liorer les quartiers juifs qu’il considĂ©rait comme misĂ©rables.

Politique scolaire

Louis concevait l'école comme un moyen de progrès et d'unification nationale. Par des leçons uniformes, une politique nationale, la standardisation de l’idiome et une inspection publique des professeurs et des écoles fut créé un système scolaire conséquent. Cette aspiration de la révolution batave convenait bien à Louis dont la politique visait à faire de son royaume une nation. La réforme fut un succès administratif indéniable auquel il contribua sur trois points :

  • Il reprit la loi de 1806 sans la modifier de sorte que NapolĂ©on Ier et Guillaume Ier reçurent un hĂ©ritage Ă©laborĂ© d’instruction primaire[15] - [Note 4] ;
  • Il favorisa une sĂ©cularisation croissante de l’enseignement et ainsi crĂ©a les conditions d’émancipation des minoritĂ©s religieuses ;
  • Il favorisa aussi la modernisation des universitĂ©s et de l’enseignement professionnel et secondaire.

Fidélisation des élites

Le roi fut soucieux de créer un sentiment de fidélité et d'unité nationale parmi les élites.

  • Ă€ cette fin, il crĂ©a Ă  cette fin un ordre de chevalerie : l’ordre de l’Union. Il conçut celui-ci comme un instrument pour souder la nation autour du trĂ´ne et Ĺ“uvrer Ă  la rĂ©conciliation nationale. Dans ses mĂ©moires, il affirmera que c’était « la seule chose capable de dĂ©truire un peu l’esprit Ă©goĂŻste des nĂ©gociants, de les attacher Ă  leur pays et de les engager mĂŞme Ă  des sacrifices[16] ». La mĂ©daille porte dans sa version de 1807 l’inscription « L’unitĂ© fait la force », une devise rĂ©publicaine hĂ©ritĂ© des anciennes Provinces Unies. Ă€ la diffĂ©rence de la LĂ©gion d’honneur plus dĂ©mocratique, la dĂ©coration de Louis fut surtout attribuĂ©e Ă  des nobles et des riches du royaume.
  • De plus, il souhaita intĂ©grer la noblesse dans l'Ă©difice constitutionnel ; il exigea en 1808 la rĂ©daction d’un nouveau texte constitutionnel car celui de 1806 lui semblait dĂ©suet ; il ambitionnait une constitution vraiment monarchique inspirĂ©e de l’Angleterre et de Montesquieu ; il aurait souhaitĂ© que la noblesse constitutionnelle puisse siĂ©ger dans la seconde Chambre, nommĂ©e SĂ©nat[17].

Réformes financières

Louis stimula son ministre des Finances Isaac Gogel, à moderniser et simplifier le système fiscal. Depuis 1798, Gogel s’en préoccupait mais il préfèra démissionner en 1809, le roi ne lui manifestant pas assez son soutien ; Louis désirait un budget annuel, clair et précis et se flattait de réduire la dette nationale et d’introduire des économies. Mais cela était contradictoire avec les projets onéreux qu’il entendait mettre en œuvre, notamment dans tout ce qui touchait la réorganisation onéreuse de la marine, de l’armée et de l’administration[18]. De fait, Louis attendait de la paix générale le retour à une pleine prospérité et donc au bon équilibre des finances.

Conséquences historiques

La création du royaume de Hollande eut plusieurs conséquences importantes dans l'histoire des Pays-Bas.

  • Le royaume de Hollande mit fin au rĂ©gime rĂ©publicain pourtant Ă©troitement associĂ© Ă  l'histoire des Pays-Bas depuis leur indĂ©pendance. Les nĂ©erlandais qui Ă©taient habituĂ©s au rĂ©gime rĂ©publicain surent apprĂ©cier les bienfaits d'une monarchie qui mit fin au climat de guerre civile froide et aux dissensions internes. Après le règne de Louis, il n'y eut plus de puissant courant rĂ©publicain aux Pays-Bas. Les Orange reprirent le gouvernement en 1815, cette fois-ci en tant que rois du royaume uni des Pays-Bas. Beaucoup de rĂ©formes institutionnelles gouvernementales initiĂ©es par Louis Ier furent poursuivies. Le gouvernement dĂ©centralisĂ© de l'ancienne rĂ©publique, peu efficace, fut modernisĂ©.
  • Le royaume de Hollande fit d'Amsterdam une capitale. En 1808, le roi Louis dĂ©plaça la capitale du pays de La Haye Ă  Amsterdam, et il s'installa au palais royal d'Amsterdam, qui Ă©tait prĂ©cĂ©demment l'hĂ´tel de ville d'Amsterdam. Depuis 1813 et encore aujourd'hui, Amsterdam reste officiellement la capitale des Pays-Bas, mĂŞme si La Haye hĂ©berge le siège du gouvernement nĂ©erlandais.
  • Le royaume de Hollande fut Ă  l'origine de la mise en place d'une politique culturelle nationale. Ainsi, Louis Bonaparte crĂ©a plusieurs institutions culturelles qui jouèrent un rĂ´le dans l'identitĂ© nationale des Pays-Bas. Il encouragea les arts et sciences nĂ©erlandaises, entre autres en fondant l'Institut royal des sciences, prĂ©curseur de l'AcadĂ©mie royale nĂ©erlandaise des arts et des sciences, ainsi que la Bibliothèque royale des Pays-Bas. Il initia la fondation ultĂ©rieure du Rijksmuseum actuel, en installant temporairement la collection du Rijksmuseum de La Haye dans le palais royal d'Amsterdam.
  • Le royaume de Hollande inaugura une politique de tolĂ©rance religieuse au bĂ©nĂ©fice notamment des catholiques jusque-lĂ  opprimĂ©s mĂŞme dans les zones oĂą ils Ă©taient majoritaires. Louis Bonaparte crĂ©a des caisses pour les catholiques qui, après plus d'un siècle d'oppression, voulaient construire des Ă©glises.

Ainsi, le nombre de catholiques augmenta aux Pays-Bas.

Rois de Hollande

Notes et références

Notes

  1. L'état des finances et la brièveté du règne n’ont pas permis beaucoup de réalisations concrètes mais l’ambition des projets élaborés sous sa supervision témoigne de la volonté de confier à l’État l’orientation générale de l’architecture néerlandaise.
  2. Avant Louis, des esprits éclairés se plaignaient de cette médiocrité.
  3. Les réformes de l’enseignement de l’architecture menées donneront de résultats après la chute du souverain qui les avait initiées ouvrant la voie au néoclassicisme.
  4. Il s’en fallut de peu que la France, après l'annexion, n’imite en 1811 le système hollandais ; Napoléon nomma en effet une commission pour cette adaptation dont les préconisations : meilleurs locaux scolaires, commissions scolaires départementales, enseignement fondé sur les dernières avancées pédagogiques

Références

  1. The Netherlands: country population « https://web.archive.org/web/20111226211443/http://www.populstat.info/Europe/netherlc.htm »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), , Jan Lahmeyer. Retrieved on 28 September 2013.
  2. Sénatus-consulte organique du 24 avril 1810, article 1er : « Tous les pays situés sur la rive gauche du Rhin, depuis les limites des départements de la Roer et de la Meuse-Inférieure, en suivant le thalweg du Rhin jusqu'à la mer [du Nord], sont réunis à l'Empire français, et en feront désormais partie intégrante ».
  3. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 28.
  4. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 115.
  5. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 111.
  6. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 424.
  7. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 297.
  8. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 293.
  9. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 290.
  10. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 307.
  11. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 302.
  12. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 15.
  13. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 236.
  14. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 14 et 256-273.
  15. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 195.
  16. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 12.
  17. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 17.
  18. Annie Jourdan, Louis Bonaparte, Roi de Hollande, Ă©d. Nouveau Monde, mai 2010, p. 14.

Source

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