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État unitaire

Un État est dit unitaire lorsque tous les citoyens sont soumis au même et unique pouvoir. C'est la forme la plus répandue d'État dans le monde entier. En général, l'État unitaire connaît des divisions territoriales, il existe des relais entre la population et le pouvoir central. Il s'oppose conceptuellement à l'État fédéral, composé d'États fédérés, où la souveraineté est partagée entre l'État fédéral et les États fédérés.

Carte des États unitaires dans le monde.

Un État unitaire peut être centralisé, déconcentré, décentralisé, ou régionalisé (dont les entités constitutives ont leurs propres gouvernements régionaux comme un État fédéral), mais ne possède pas le droit de sécession.

DĂ©finition

L’État unitaire ne comprend qu'un seul appareil d'État pleinement compétent sur l'ensemble du territoire, tant sur le plan politique que juridique.

L'État unitaire est en théorie, centralisé : la gestion des services publics et l'administration des collectivités publiques infra-étatique est réalisée depuis la capitale. La France était traditionnellement considérée comme un État unitaire centralisé, même si depuis 2003, sa Constitution précise que son organisation est décentralisée[1].

Cette notion doit être précisée et ne doit pas être confondue avec la déconcentration. La centralisation peut se teinter d'une déconcentration : en vue d'alléger la tâche de l'administration centrale, et de donner à la population des interlocuteurs, le pouvoir central désigne des représentants locaux (préfets, recteurs d'académies) qui mettront en œuvre sa politique et rendront compte de leur action.

La décentralisation consiste à confier des compétences à des collectivités autonomes, dotées de la personnalité morale (collectivités territoriales comme les communes, départements, régions ou à des établissements publics). Le but étant d'associer les habitants à la gestion de leurs affaires, la décentralisation va de pair avec l'élection (au suffrage universel direct pour les conseillers municipaux). Et si l'on veut que la décentralisation soit effective, les collectivités territoriales et leurs élus doivent pouvoir disposer des ressources nécessaires à l'exercice autonome de leurs compétences. Dans la logique de l'État unitaire, il va de soi que le pouvoir conserve un pouvoir de contrôle des collectivités territoriales :

  • contrĂ´le de la lĂ©galitĂ© des actes administratifs des collectivitĂ©s territoriales ;
  • contrĂ´le de leur opportunitĂ© ce qui rĂ©duit notablement la libertĂ© des autoritĂ©s dĂ©centralisĂ©es…

Il existe cependant des situations où la différence entre État fédéral et État unitaire n'est pas si nette :

  • au niveau supĂ©rieur, les États unitaires peuvent se regrouper au sein d'une confĂ©dĂ©ration. Il n'y a pas crĂ©ation d'une entitĂ© supĂ©rieure aux États qui la composent et qui serait dotĂ©e d'une constitution, car la confĂ©dĂ©ration n'est qu'un traitĂ© ;
  • au niveau infĂ©rieur, les États unitaires peuvent laisser une part de leurs compĂ©tences (mais pas de leur souverainetĂ©, car il ne s'agirait alors plus d'États unitaires) Ă  des entitĂ©s qu'ils crĂ©ent. Ce partage des compĂ©tences peut aller plus ou moins loin :
    • dĂ©centralisation ;
    • rĂ©gionalisation (dĂ©laissement des compĂ©tences Ă  tel point que l'État est presque fĂ©dĂ©ral).

La différence entre transfert de compétence et transfert de souveraineté est cependant parfois ténue. Juridiquement, être souverain, c'est avoir la compétence de la compétence : cela signifie en pratique que c'est celui qui définit qui a une compétence qui est souverain ; par conséquent, l'État restera unitaire s'il conserve le pouvoir de révoquer les compétences qu'il a transférées (juridiquement parlant, même si politiquement parlant, ce ne serait pas possible), mais deviendra fédéral s'il fait un transfert de compétences définitif, car l'on considérera alors le transfert comme un transfert de souveraineté.

Les États unitaires sont en contraste avec les États fédéraux (fédérations) :

  • Dans un État unitaire, les collectivitĂ©s territoriales sont crĂ©Ă©es et supprimĂ©es par le gouvernement central, qui peut aussi rĂ©trĂ©cir ou Ă©largir leurs pouvoirs Ă  sa discrĂ©tion. Bien que le pouvoir politique dans les États unitaires peut ĂŞtre dĂ©lĂ©guĂ© aux collectivitĂ©s locales par la loi, le gouvernement central demeure suprĂŞme, il peut abroger les actes de gouvernements dĂ©centralisĂ©s ou restreindre leurs pouvoirs.
    • Le Royaume-Uni est un exemple d'État unitaire. L'Écosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord, qui, avec l'Angleterre forment les nations constitutives du Royaume-Uni, ont un certain degrĂ© de pouvoir autonome - le gouvernement Ă©cossais et le Parlement Ă©cossais en Écosse, l'AssemblĂ©e galloise et l'AssemblĂ©e nationale du Pays de Galles, et l'exĂ©cutif d'Irlande du Nord et de l'AssemblĂ©e d'Irlande du Nord en Irlande du Nord. Mais un tel transfert de pouvoir est dĂ©lĂ©guĂ© par le gouvernement central de Grande-Bretagne, plus prĂ©cisĂ©ment par le Parlement du Royaume-Uni, qui est l'autoritĂ© suprĂŞme. En outre, les gouvernements dĂ©centralisĂ©s ne peuvent pas contester la constitutionnalitĂ© des actes du Parlement national, et les pouvoirs des gouvernements dĂ©centralisĂ©s peuvent ĂŞtre rĂ©voquĂ©s ou rĂ©duits par le gouvernement central (le Parlement avec le gouvernement comprenant les ministres, dirigĂ© par le Premier ministre). Par exemple, l'AssemblĂ©e d'Irlande du Nord a Ă©tĂ© suspendue quatre fois, et ses pouvoirs retransfĂ©rĂ©s au bureau du gouvernement central d'Irlande du Nord.
  • Dans les États fĂ©dĂ©raux, en revanche, les États fĂ©dĂ©rĂ©s partagent la souverainetĂ© avec le gouvernement fĂ©dĂ©ral (on peut mĂŞme parler de co-souverainetĂ©), et les États fĂ©dĂ©rĂ©s ont une existence et des fonctions qui ne peuvent pas ĂŞtre modifiĂ©s unilatĂ©ralement par le gouvernement central. Dans certains cas, comme aux États-Unis ou en Suisse, c'est le gouvernement fĂ©dĂ©ral qui dispose des seuls pouvoirs expressĂ©ment dĂ©lĂ©guĂ©s.
    • Un exemple d’État fĂ©dĂ©ral est les États-Unis : en vertu de la Constitution des États-Unis, le pouvoir est partagĂ© entre le gouvernement fĂ©dĂ©ral des États-Unis et les États fĂ©dĂ©rĂ©s amĂ©ricains. De nombreux États fĂ©dĂ©rĂ©s sont quant Ă  eux des États unitaires, car en vertu de la règle de Dillon, les comtĂ©s et les municipalitĂ©s ont le pouvoir qui leur est accordĂ© par le gouvernement de l'État fĂ©dĂ©rĂ© par la Constitution de l’État ou par une loi de l’État fĂ©dĂ©rĂ©.
    • Au Canada, l'idĂ©e que le Provincial est un État unitaire est abondamment exprimĂ© par l'exemple que les municipalitĂ©s ne sont qu'une « crĂ©ature » du Provincial et n'ont donc aucun droit constitutionnel.

Exemples

  • États unitaires dĂ©centralisĂ©s :
    • La France est un État unitaire car les lois et le système judiciaire sont les mĂŞmes sur le territoire[2]. Elle est modĂ©rĂ©ment dĂ©centralisĂ©e ; la dĂ©centralisation Ă©tant surtout divisĂ©e entre dĂ©centralisation territoriale (rĂ©gions, dĂ©partements, communes essentiellement) et fonctionnelle (Ă©tablissements publics) ;
    • L'Irlande est un État unitaire peu dĂ©centralisĂ©, composĂ© de comtĂ©s et de villes.

Particularités

  • L'Australie est un cas particulier. Elle est un État fĂ©dĂ©ral vis-Ă -vis de six entitĂ©s (les États de Nouvelle-Galles du Sud, Queensland, Australie-MĂ©ridionale, Tasmanie, Victoria et Australie occidentale), qui disposent chacune d'une existence constitutionnelle propre, mais elle est un État unitaire vis-Ă -vis des deux autres entitĂ©s (les Territoires du nord et de la capitale) qui bien que jouissant de pouvoirs similaires Ă  ceux des États, ne les ont que par dĂ©lĂ©gation du gouvernement national. L'organisation du Canada est similaire : dix Provinces ont une existence constitutionnelle, et trois Territoires sont sous la responsabilitĂ© directe du gouvernement canadien. Idem pour les États-Unis, avec les Ă©tats d'un cĂ´tĂ© et les territoires et le District of Columbia de l'autre. L'Argentine a Ă©tĂ© un autre cas comparable : après la ConquĂŞte du DĂ©sert, la Patagonie a Ă©tĂ© divisĂ©e en « territoires nationaux » qui Ă©taient dĂ©pendants du gouvernement fĂ©dĂ©ral. Cette responsabilitĂ© se termine lorsque le dernier « territoire national », Terre de Feu, est devenu une province en 1992.
  • La Suisse, mĂŞme si elle porte, pour des raisons historiques, le nom de ConfĂ©dĂ©ration suisse, est un État fĂ©dĂ©ral.
  • L'Union europĂ©enne est Ă  mi-chemin entre la confĂ©dĂ©ration et la fĂ©dĂ©ration. Quoiqu'il y ait une entitĂ© supĂ©rieure aux États qui ait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e, celle-ci n'a pas de constitution et n'est pas un État. Les États qui la composent sont toujours unitaires (Ă  moins d'ĂŞtre dĂ©jĂ  fĂ©dĂ©raux comme l'Allemagne, l'Autriche ou la Belgique), mais elle possède de telles compĂ©tences dans le premier pilier, que l'on peut parler de vĂ©ritables transferts de souverainetĂ©.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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