Incunable
Un incunable est un livre imprimé en Europe au cours du XVe siècle. L'appellation est parfois étendue aux post-incunables, imprimés dans la première moitié du XVIe siècle.
Environ 30 000 incunables sont répertoriés, dont les deux tiers en latin. Le plus ancien est la Bible à quarante-deux lignes (dite « B42 »), imprimée par Johannes Gutenberg, Peter Schöffer et Johann Fust en 1454.
Étymologie
Le mot « incunable » provient du nom pluriel latin incunabula, qui signifie littéralement « les langes d'un nouveau-né », et par extension le berceau, l'enfance ou encore l'origine[1]. On a longtemps cru que le terme provenait de l'expression latine prima typographiae incunabula utilisée en 1640 par Bernhard von Mallinckrodt (de) dans son traité intitulé De ortu et progressu artis typographiae où il désignait par là les débuts de la typographie (impression par caractères mobiles) en Occident, qui commencent traditionnellement avec l'invention de Gutenberg, vers 1454-1455. La date butoir est purement conventionnelle, l'usage en remonterait aussi à l'époque de Mallinckrodt[2]. Or on sait depuis 2009 que cette invention lexicale doit être retirée à Mallinckrodt : datée de 1569, elle est désormais attribuée au médecin et philologue hollandais Hadrianus Junius (Adriaan de Jonghe, 1511/1512-1575). Dans sa Batavia, publiée à Leyde en 1588 mais rédigée dès 1569, Junius applique explicitement le terme « incunabula » au temps des premières réalisations de l’art typographique : « id observatum fuerat inter prima artis incunabula »[3].
DĂ©finition
Un incunable est, par convention[4], un livre imprimé en Europe avant le [5] - [6]. L'appellation est parfois improprement[4] étendue aux « post-incunables »[4], livres d'aspect comparable mais imprimés ultérieurement, avant 1525[5]-1530[4] voire, pour les pays nordiques, avant 1550[5].
Problématique des datations
Les premiers ouvrages imprimés : quand et quoi ?
« On connaissait depuis longtemps, au XIVe siècle, le moyen de reproduire industriellement une figure. On savait orner les reliures de figures et de légendes obtenues par pression, sur le cuir, d'une plaque de métal gravée en creux. Déjà , pour figurer rapidement sur le vélin ou le parchemin des manuscrits les grandes initiales ornementées qui devaient occuper l'espace blanc réservé par le copiste au début des chapitres et des paragraphes, on avait parfois recours à des estampilles en relief taillées dans le bois ou dans le métal. Surtout, la technique de l'impression sur tissu, venue d'Orient, était déjà connue ; grâce à elle on pouvait figurer, au moyen d'encres de couleur, des ornements décoratifs, des images de dévotion ou des scènes religieuses sur des toiles de lin ou des étoffes de soie. Le papier se prêtait à recevoir ainsi l'empreinte, en noir ou en couleur, de reliefs taillés sur bois ou sur métal, qu'il rendait avec plus de précision et de netteté encore que l'étoffe. Aussi, ne doit-on pas s'étonner si certaines des premières réalisations xylographiques que l'on connaisse semblent avoir été les tirages sur papier d'empreintes destinées à l'impression sur tissus, et si ces premiers xylographes n'apparurent que peu de temps après la vulgarisation de l'emploi du papier en Europe : disons quelque soixante-dix ans avant le livre imprimé, lui frayant la voie et l'annonçant en quelque sorte ». Ainsi s'expriment Lucien Febvre et Henri-Jean Martin dans leur essai intitulé L'Apparition du livre (1957)[7]. Cet ouvrage, certes révisé depuis sa parution, et sensiblement nuancé par de nouvelles recherches (dont celle d'Allan H. Stevenson (en)[8]), a le mérite de requestionner l'objet appelé « livre imprimé », et conséquemment de relever une distinction entre :
- les ouvrages empruntant Ă diverses techniques xylographiques et Ă la presse Ă imprimer (vers 1450-1454) ;
- les ouvrages nés directement de la presse à imprimer typographique à caractères mobiles (à partir de 1450-1454).
Cette distinction, qui repose sur une période historique nécessairement approximative, les années 1450-1454, permet de nuancer l'affirmation courante qui consiste à faire coïncider l'apparition des incunables avec la fabrication de la première « Bible dite B42 » entièrement typographiée à partir de caractères mobiles sur les presses de l'atelier de Gutenberg. De façon plus raisonnable, il semble qu'il faille envisager cette multiplication d'ouvrages imprimés dans le cadre d'un mouvement général, que les ateliers communiquent ou non sur leurs découvertes, et qu'en fin de compte, au milieu du XVe siècle, toutes les conditions étaient réunies pour permettre l'apparition du livre imprimé.
Pourquoi avant 1501 ?
Les ouvrages imprimés au cours de l'année 1500 ne diffèrent pas de ceux imprimés en 1501. D'une manière générale, la mise en page des livres évolue de façon continue entre 1480 et 1520. Pour qualifier les livres publiés à partir de 1501, on emploie parfois l'expression post-incunable.
Environ un tiers des ouvrages imprimés avant 1501 le sont sans date (noté « [s.d.] ») et à cette époque de nombreux ouvrages produits sont manuscrits : le métier de copiste n'a pas disparu du jour au lendemain en Europe, loin de là . Conséquemment, les livres entièrement manuscrits fabriqués durant cette période ne sont pas considérés comme des incunables.
Pour évaluer la date d'impression d'un incunable, les experts se servent du nom de l'imprimeur, du style des gravures et des fontes de caractères utilisées (la marque typographique), de la qualité du papier et de son fabricant, du matériel décoratif, du type d'ornementation[9].
L'usage de la datation mentionnée d'abord de façon manuscrite dans la rubrication évolue et devient imprimée en page de titre à côté du privilège, système qui se généralise vers 1480. Par ailleurs, deux styles de datation vont cohabiter, du moins en France, celui de Pâques et celui de janvier. En 1564, tous les ouvrages commencent l'année au mais ce style s'est en réalité généralisé bien avant.
Un incunable peut donc comporter des annotations manuscrites (marginalia) et des enluminures, sans pour autant être exclu de cette catégorie. Il peut comporter également des pages imprimées à partir de blocs xylographiques dans lesquels on taille directement le texte mais surtout l'image : un ouvrage composé principalement à partir de tels blocs est appelé incunable xylographique. Trois techniques peuvent donc coexister au sein d'un même ouvrage.
Le terme « incunable » est employé de manière uniforme de nos jours, car les livres imprimés avant 1501 sont répertoriés dans des bases de données internationales comme l'ISTC ou le GW[10] - [11]. Les dernières évaluations établies par le catalogue collectif informatisé de la British Library (ISTC) font état d'un peu plus de 30 000 titres considérés comme réellement incunables[10]. La bibliothèque d'incunables de la British Library possède plus de 10 000 éditions répartis en 12 500 copies, représentant 37 % des éditions connues[12]. Du côté du Gesamtkatalog der Wiegendrucke, 13 299 incunables sont répertoriés dans leur catalogue, ce qui représente près de la moitié de ce qui fut publié avant 1501[12].
Histoire et diffusion des incunables
Premiers incunables typographiques
Les incunables créés dans les premières années de l'imprimerie furent essentiellement des nouvelles éditions de manuscrits du Moyen Âge. Il s'agissait principalement de travaux religieux et académiques. Quelques éditions de textes latins de Cicéron et Virgile sont aussi répertoriées, de même que des éditions en langue vernaculaire de Dante et Pétrarque[13]. Des 30 000 incunables répertoriés, 21 000 sont écrits en latin, 3 000 sont en allemand, 2 000 sont en italien et 1000 sont en français[13]. Les quelques éditions en langue vernaculaire restantes se séparent dans les langues suivantes : hébreu, grec, langue slave, néerlandais, espagnol, portugais, anglais, catalan, tchèque et suédois[13].
Bible dite « B42 »
Le premier incunable typographique répertorié est tout simplement le premier ouvrage sorti des presses de Mayence, à savoir la Bible à quarante-deux lignes, dite « B42 », imprimée par Johannes Gutenberg, Peter Schöffer et Johann Fust à la fin de l'année 1454. Elle se compose de deux volumes qui font ensemble 1 282 pages composées de deux colonnes de quarante-deux lignes, d'où son nom. Andrew Pettegree explique dans son ouvrage The Book in the Renaissance (2010) que le résultat de la Bible à quarante-deux lignes fut élaboré graduellement grâce à un processus d'essais et d'erreurs[14]. Les 11 premières pages comprenaient soit 40 ou 41 lignes, puis les 42 lignes deviennent standard par la suite. Ceci représentait une économie d'environ cinq cents sur le papier et le vélin[14]. Le texte est noir et en lettres gothiques et a nécessité la gravure de 290 signes typographiques et l'emploi de 100 000 caractères. Les ornementations du rubricateur sont de couleur rouge, nécessitant un deuxième passage en machine. Il était coutume de payer 20 florins pour une copie papier de la Bible « B42 » et 50 florins pour une copie en vélin[15]. En comparaison, une maison de l'époque coûtait entre 80 et 100 florins. Sur un tirage estimé de cent quatre-vingts exemplaires, seuls quarante-huit nous sont parvenus. Le premier chercheur à avoir décrit cet ouvrage est Guillaume-François Debure, au XVIIIe siècle[16].
Psalmorum Codex
Il faut attendre 1457 pour que Peter Schöffer et Johann Fust, bien que la coopération technique de ce dernier ne soit pas clairement prouvée, impriment leur premier véritable livre en couleurs, le Psalmorum Codex, connu en France sous le nom de Psautier de Mayence. Il contient calendrier, litanies, cantiques et prières en latin.
Cet ouvrage est considéré, avec les quatre livres imprimés par Gutenberg, comme l’un des livres les plus précieux de tous les temps pour plusieurs raisons :
- l'impression Ă partir d'encres de couleurs noire, rouge et bleue ;
- sa qualité d’impression, malgré l’utilisation d’un caractère dit « de forme » ;
- la régularité de la fonte des caractères ;
- les illustrations, par la précision de la gravure sur bois ;
- les lettrines ornées filigranées ;
- un colophon en fin d'ouvrage.
Peter Schöffer aura les plus grandes difficultés pour imprimer son livre. Il dépensera, paraît-il, plus de 4 000 florins pour l’impression de 12 feuillets.
Le psautier était, à cette époque, le livre le plus recherché pour la dévotion privée : le « Psautier de Mayence » fut réimprimé par Fust et Schöffer en 1459.
La Chronique de Nuremberg
La Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel, livre profane imprimé par Anton Koberger en 1493, est un autre incunable célèbre qui comporte de nombreuses illustrations rehaussées à la main.
L'atelier de la Sorbonne
En 1470, trois compagnons typographes allemands issus de l’imprimerie typographique de Mayence, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, installent en France, à Paris, dans des locaux appartenant à la Sorbonne, la première imprimerie typographique à caractères mobiles. Durant l'automne ou l'hiver de cette année-là , ils réalisent les Espitolae de Gasparino Barziza, considérées comme le premier livre imprimé sur le territoire du royaume de France. Cet ouvrage est conservé à la Réserve des livres rares et précieux de la Bibliothèque nationale de France.
Lyon
En 1476, sort à Lyon — « l'une des capitales négociantes et artistiques de la Renaissance à partir de 1460 » selon l'expression de l'historien Frédéric Barbier — l'un des premiers livres imprimés en français : La Légende dorée de Jacques de Voragine[17]. En 1503 Guillaume Balsarin y imprime « Le romant de la rose — moralisé cler et net, translaté de rime en prose par vostre humble Molinet ».
Autres imprimeurs
Les imprimeurs d'incunables qui nous sont connus : Albrecht Pfister (Bamberg) ; Niccolò di Lorenzo (Florence) ; Erhard Ratdolt, Alde Manuce, Wendelin de Spire, Nicolas Jenson, Zacharie Kalliergis (Venise) ; Arnold Pannartz et Konrad Sweynheim (Subiaco puis Rome) ; Jean Neumeister[18] (Albi), Guy Marchant (Paris), Johannes Mentelin (Strasbourg), Günther Zainer (de) (Augsbourg), Colard Mansion (Bruges), William Caxton (Bruges et Londres), Michael Furter (Bâle), Henri Mayer[19] (Toulouse)…
Présentation des incunables
L'incunable est vendu la plupart du temps en cahiers, non relié, comme le livre de l'époque moderne. Certains imprimeurs-libraires peuvent faire faire des reliures à la demande de clients plus fortunés.
La mise en page
La mise en page d’un incunable reprend celle des livres manuscrits de type codex.
La feuille de papier est repliée sur elle-même pour former des cahiers, ce qui détermine le format. Le format le plus utilisé est le in-folio — feuille pliée en deux —, mais il existe également des incunables aux formats in-quarto — feuille pliée en quatre — ce format plus pratique à manipuler sera utilisé par les imprimeurs de manuels, de livres de droit, ou de romans.
Les pages sont imprimées recto-verso (opisthographie) sur du papier ou sur vélin. Le papier utilisé depuis le XIIIe siècle un peu partout en Europe favorisera considérablement le développement de l’imprimerie.
La page de titre n’existe pas encore, l’impression du livre débute au recto du premier feuillet d’où une usure prématurée de cette première page.
Le texte s’étale sur deux ou trois colonnes de 30 à 70 lignes par colonne.
Les lettres sont imprimées en caractères gothiques imitation des manuscrits codex. Plus tard, apparaît le caractère romain issu des inscriptions lapidaires des monuments antiques.
Au début, les caractères étaient fondus dans l’atelier de l’imprimeur. C’est vers 1540 que Claude Garamond créa la première fonderie de caractères.
Les illustrations
Comme le manuscrit, l'incunable peut être décoré par un rubricateur et un miniaturiste : la place leur est laissée pour ajouter des capitales enluminées dans les livres. Peu à peu, cet espace vide est remplacé par une gravure sur bois. Certains livres sont accompagnés d'illustrations, constituées de gravures sur bois insérées dans la forme avec les caractères.
Le contenu
À la différence du codex — chaque manuscrit est unique — le livre imprimé est produit en série.
Le texte débute par l’incipit — ce sont les premiers mots du texte — et se termine par un colophon, un terme qui désigne l’auteur, le titre de l’ouvrage, le lieu, la date de l’édition et le nom de l’imprimeur inséré en fin de document[20]. La réclame et la signature sont utilisées.
La production des incunables — en Italie et en Allemagne principalement — est essentiellement religieuse : cantiques, litanies, rituel, prières en latin, la vie de Jésus et, bien sûr, les œuvres de saint Augustin.
La production s’oriente également vers la reproduction d’herbiers, les textes médiévaux, calendriers, la littérature grecque (Homère), l’œuvre du poète écrivain Horace, les traités de médecine, imprimés dans des langues autres que latine — langues vernaculaires romanes, germaniques, anglo-saxonnes, etc.
Pour la même édition, le contenu d’un livre peut varier. Si en cours d’impression le correcteur modifie le contenu du livre, par souci d'économie, le premier tirage ne sera pas détruit. Finalement, le livre sera relié avec les pages modifiées et les pages non modifiées. Pour les imprimeurs les plus courageux les modifications du texte seront rapportées à la main.
Typographie
Les caractères sont créés grâce à la machine à fondre (Handgießereigerät) inventée par Johannes Gutenberg ce qui facilitait le travail de l'imprimeur en créant des caractères typographiques, appelés types, normalisés en série[21]. C'est grâce à la matrice, qui était préalablement gravée des différents types, à l'envers et en creux, qu'un alliage de métal pouvait être fondu dans ce moule pour créer les caractères[22]. Un petit nombre de fontes permettait de nombreuses possibilités en termes de caractères. Or, ces caractères étaient plus nombreux que les lettres de l'alphabet en raison des majuscules, des minuscules et des différents accents présents dans les différentes langues. Néanmoins, ce procédé rendait la tâche d'impression nettement plus efficace, puisque les caractères pouvaient être produits en grande quantité et être rapidement alignés, de manière uniforme, pour l'impression[22].
Dans le nord de l'Europe, les premiers incunables, qui reproduisent la Bible, sont en écriture gothique, une police appelée Textura, qui est moins anguleuse que celle des livres d’images. Ces caractères furent appelées « lettres de somme », par opposition aux « lettres de forme », et aussi « flamandes » ou « allemandes ».
En Italie, les imprimeurs choisissent une typographie nettement plus aérée et arrondie, grâce aux travaux de l'imprimeur franco-vénitien Nicolas Jenson (1420-1480) qui dessine une police de lettre dite « romaine ». Celle-ci est « faite d'équilibre et de rondeur, véritable emblème humaniste, jusque-là réservée aux textes poétiques[23] ». Alde Manuce (1449-1515) est également réputé pour le soin apporté à une typographie lisible, dont on peut voir un exemple dans l'article qui lui est consacré. Alde inventa aussi les caractères italiques.
Ce choix d'une typographie aérée et arrondie se répandra en France tandis que l'Allemagne s'en tiendra à la Textura, qui évoluera pour donner la Fraktur, mise au point pour l'impression d'un ensemble de livres destiné à l'empereur Maximilien (1459-1519). La Fraktur restera en vigueur en Allemagne jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
En ponctuation, le point a la figure d’une étoile et la virgule est marquée par une ligne oblique.
Les alinéas sont souvent alignés, c’est-à -dire au niveau des autres lignes ; ils sont quelquefois saillants, ou en dehors des autres lignes de quelques lettres, d’autres fois rentrants comme dans les éditions actuelles.
Les livres sont tardivement foliotés, et plus rarement encore paginés. La pagination à l'aide de chiffres arabes sur les deux côtés de la page apparaîtra pour la première fois en 1513 dans une édition de Cornucopiae de Nicolo Perotti[24].
La page de titre apparaît elle-même tardivement, vers 1475-1480[25] à Venise, mais ce n'est qu'au siècle suivant qu'elle ressemblera à la page de titre actuelle.
Imprimeurs, libraires, Ă©diteurs, financiers
Les libraires sont les marchands de livres, depuis le XIIe siècle. À partir de l'invention de l'impression en caractères mobiles, il existe des imprimeurs-libraires mais ce n'est pas le modèle économique le plus répandu. Très souvent, l'artisan imprimeur travaille avec une ou plusieurs personnes qui le financent. C'est le cas pour Johann Gutenberg. Le premier privilège de libraire connu est délivré par le Sénat de Venise en 1469 : il s'agit d'un privilège attribué pour 10 ans pour une nouvelle invention qui arrivait à peine à Venise, l'imprimerie[26].
Catalogues
Dans le monde
- L'Incunabula Short Title Catalogue (ISTC) est un « short title catalogue » géré par la British Library[27].
- Le Gesamtkatalog der Wiegendrucke (GW), beaucoup plus précis mais encore en cours de rédaction, est géré par la Bibliothèque d'État de Berlin[28].
En France
C’est en France qu’est entrepris pour la première fois un catalogue national collectif des incunables. L’initiative est due à Marie Pellechet en 1895, poursuivie par Marie-Louis Polain[29]. L’entreprise s’arrête cependant à l’article Gregorius Magnus et est abandonnée[30].
L’inspecteur général Louis Desgraves relance l’idée dans les années 1970 en créant les Catalogues régionaux des incunables (CRI), financés par la nouvelle Direction du livre et de la lecture au ministère de la Culture. Le premier volume (Champagne-Ardennes) paraît en 1979 ; 16 ont paru en 2012, ce qui représente environ la moitié des volumes prévus. D’abord publiés par la Société des bibliophiles de Guyenne (1979-1989), ils sont ensuite confiés aux Amateurs de livres (1989-2005) puis à Klincksieck (1995-2005) puis enfin à Droz (depuis 2005). La coordination scientifique est assurée par Pierre Aquilon depuis 1992[30]. Le volume correspondant à la région Nord-Pas-de-Calais est annoncé pour 2014.
En 2009, le service du livre et de la lecture engage l’informatisation des catalogues déjà publiés. À terme, cela permettra de proposer en ligne un catalogue général des incunables de France avec des notices chapeau pour les éditions mais également toutes les données d’exemplaires (reliure, mentions manuscrites, etc.). Cette solution a été préférée à un simple ajout des exemplaires dans les catalogues collectifs existants (dont elle n’est toutefois pas exclusive) afin de gagner en précision sur ces données d’exemplaires[30].
La BnF commence, elle, un catalogage scientifique de ses incunables à partir des années 1970. Il paraît sous forme de fascicules formant quatre volumes : le deuxième, comprenant les lettres H à Z et les hebraica, est publié de 1981 à 1985 ; le premier (lettres A-G et les livrets xylographiques) est presque achevé en 2012 ; le troisième comprend les tables et le quatrième consacré à la bibliothèque de l'Arsenal est prévu pour parution en 2016[30].
Répartition géographique et linguistique
- Incunables par région
- Incunables par langue : 70 % des textes sont imprimés en latin.
Notes et références
- « Définition du mot "Incunable" », sur academie.atilf.fr, Académie française, ATILF, CNRS, Université de Lorraine (consulté le ).
- (en) Jacqueline Glomski, « Incunabula Typographiae: Seventeenth-Century Views on Early Printing » in The Library, vol. 2, no 4 (2001), p. 336-348.
- Yann Sordet, « Le baptême inconscient de l'incunable : non pas 1640 mais 1569 au plus tard » in Gutenberg Jahrbuch, no 84 (2009), p. 102-105 (lire en ligne).
- Nicolas Petit, « Les Incunables : livres imprimés au XVe siècle » [html], sur classes.bnf.fr, site pédagogique de la Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
- Entrée « incunable » [html], sur TERMIUM Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada (consulté le ).
- Définition d'autorité dans « Incunable » par Denise Hillard in Dictionnaire encyclopédique du livre, tome II, Paris, Cercle de la librairie, 2005, p. 547-549.
- L. Febvre & H.-J. Martin, op. cit., § « La xylographie, ancêtre du livre ? », p. 88-89.
- (en)(de)« The Problem of the Blockbooks » par Allan H. Stevenson (1965-1966), in Sabine Mertens et al. (dir.), Blockbücher des Mittelalters : Bilderfolgen als Lektüre, Gutenberg-Gesellschaft & Gutenberg Museum, Mayence, Philipp von Zabern, 1991, p. 229-262.
- « Datation du livre imprimé » par Denise Hillard in Dictionnaire encyclopédique du livre, tome I, Paris, Cercle de la librairie, 2002, p. 716-718.
- « Incunabula short title catalogue », sur bl.uk.
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- Barbier 2006, p. 205.
- ISTC.
- GW.
- Marie Pellechet et Marie-Louis Polain, Catalogue des incunables des bibliothèques publiques de France, Paris, 1897-1909, 3 vol. Publié en fac-simile avec les notes manuscrites et les fiches de M.-L. Polain, Nendeln, 1970, 26 vol.
- Thierry Claerr, Dominique Coq et Florent Palluault, « Vers un catalogue en ligne des incunables des bibliothèques de France », Bulletin du bibliophile, 2012, no 1, p. 3-9.
Bibliographie
Ouvrages de référence
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- (en) Ann M. Blair, Too much to know : Managing Scholarly Information before the Modern Age, New Haven, Yale University Press, , 397 p. (ISBN 978-0-300-16539-5)
- Bruno Blasselle, Histoire du livre : volume 1, Éditions Gallimard,
- (de) Severin Costen ; Reimar Walter Fuchs, Der Buchdruck im 15. Jahrhundert : Eine Bibliographie herausgegeben von S. Costen und R. W. Fuchs, A. Hiersemann, 1988-1994, 988 p. (ISBN 3-7772-8812-8)
- Olivier Deloignon (dir.), Jean-Marc Chatelain, Jean-Yves Mollier, D'Encre et de papier. Une histoire du livre imprimé, (ISBN 978-2-330-15517-9), Imprimerie nationale éditions « collection arts du livre », 2021.
- Cristina Dondi, « 6 The European Printing Revolution », dans The Oxford Companion to the Book. Oxford University Press, 2010 (ISBN 978-0-19-957014-0 et 0-19-957014-0, OCLC 50238944).
- Lucien Febvre et Henri-Jean Martin, L'Apparition du livre, Paris, Éditions Albin Michel, (lire en ligne)
- (de) Ferdinand Geldner, Die Deutschen Inkunabelndrucker : Ein Handbuch des Deutschen Buchdrucker des XV. Jahrhunderts nach Druckorten, Stuttgart, 1968-1970.
- Albert Labarre, Histoire du livre, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 978-2-13-051992-8, DOI 10.3917/puf.labar.2001.01, lire en ligne)
- Andrew Pettegree, The book in the Renaissance, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-11009-8, 0-300-11009-X et 978-0-300-17821-0, OCLC 424454760), p. 28
- (fr) Marie-Louis Polain, Marque des imprimeurs et libraires en France au XVe siècle, Paris, 1926.
- (en) Bettina Wagner, «The Present and Future of Incunable Cataloguing, I », The Library, vol. 9, no 2, , p. 197–209 (ISSN 1744-8581 et 0024-2160, DOI 10.1093/library/9.2.197), consulté le .
Bibliographies et catalogues d’incunables
- le « Hain » et ses compléments :
- Ludwig Hain, Repertorium bibliographicum, in quo libri omnes ab arte typographica inventa usque ad annum MD typis expressi ordine alphabetico vel simpliciter enumerantur vel adcuratius recensentur, Paris / Stuttgart, 1826-1838. Voir sur Gallica, une Ă©dition de 1925 : vol. 1-1, vol. 2-1, vol. 2-2
- Walter Arthur Copinger, Supplement to Hains’s Repertorium bibliographicum, Londres, 1895-1902
- Dietrich Reichling, Appendices ad Hainii-Copingeri Repertorium bibliographicum : additiones et emendationes, 6 fasc., Munich, 1905-1914.
- Catalogues d’incunables conservés dans les bibliothèques
- Catalogue des incunables de la bibliothèque de Toulouse rédigé par le Dr Desbarreaux-Bernard, Toulouse, Privat, 1878.
- Catalogue of Books printed in the XVth century, now in the British Museum, Londres, 1908.
- Catalogue des incunables de la Bibliothèque nationale [puis de la Bibliothèque nationale de France], BnF, Paris, 1981.
- Catalogues régionaux des incunables de bibliothèques publiques de France, Société des bibliophiles de Guyenne, Bordeaux, puis Bibliothèque nationale [de France], Paris, 1979.
- G. Sajo et E. Soltesz, Catalogus incunabulorum quae in bibliothecis publicis Hungariae asservantur, Budapest, 1970.
- M. Bohonos, A. Kawecka-Gryczowa et E. Szandorowska, Catalogus incunabulorum quae in bibliothecis Poloniae asservantur, Wratislava, Varsovie, Cracovie, 1970.
- Incunabula in Dutch libraries : a census of fifteenth-century printed books in Dutch public collections, Nieuwkoop, 1983, 2 vol.
- F. R. Goff, Incunabula in American libraries : A third census of the XVth century books recorded in North American collections, New York, 1973.
- Indice generale degli incunaboli delle biblioteche d’Italia a cura del Centro nazionale d’informazioni bibliografiche, Rome, 1943-1981, 6 vol.
- Bibliothecae Apostolicae Vaticanae Incunabula, Bibliotheca Apostolica Vaticana, Cité du Vatican, 1997, 4 vol. (ISBN 88-210-0676-X)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la santé :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Grove Art Online
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Incunabula Short Title Catalogue
- Incunable, Le Dictionnaire, enssib, .
- Biblissima : portail sur le patrimoine écrit du Moyen Âge et de la Renaissance en Occident, du VIIIe au XVIIIe siècle (histoire de la transmission des textes et histoire des collections de manuscrits, incunables et imprimés anciens ; contient notamment les données informatisées des Catalogues Régionaux d'Incunables des bibliothèques publiques de France, CESR-BVH, Université de Tours)
- Université de Tours - Biblitothèques Virtuelles Humanistes Structure du projet de numérisation des catalogues d'incunables
- Catalogue général des incunables, Tome 1 des bibliothèques publiques de France par Marie Pellechet
(Marie Léontine Catherine Pellechet, 1840-1900; France. Ministère de l'éducation nationale; Polain, M.-Louis, 1866-1933). Tome 1 (sur Archives.org).