Ponctuation
La ponctuation a pour but lâorganisation de lâĂ©crit grĂące Ă un ensemble de signes graphiques. Elle a trois fonctions principales. Elle anime le texte en indiquant des faits de la langue orale, comme lâintonation ou les pauses de diverses longueurs (indications prosodiques). Elle marque les degrĂ©s de subordination entre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du discours (rapports syntaxiques). Enfin elle prĂ©cise le sens et dĂ©finit les liens logiques entre ces Ă©lĂ©ments (informations sĂ©mantiques). DestinĂ©e Ă faciliter la comprĂ©hension du texte, elle est un Ă©lĂ©ment essentiel de la communication Ă©crite[1].
Un seul signe de ponctuation peut modifier la nature dâune phrase, la rendant Ă©nonciative, exclamative, injonctive, interrogative, changeant donc son sens et la maniĂšre de la prononcer.
Exemple
- Vous sortez maintenant.
- Vous sortez maintenant ?
- Vous sortez maintenant !
- Vous sortez maintenantâŠ
- etc.
On recense traditionnellement en français onze signes de ponctuation qui sâinsĂšrent dans le texte : le point .
, le point d'interrogation ?
, le point d'exclamation !
, la virgule ,
, le point-virgule ;
, le deux-points :
, les points de suspension âŠ
, les parenthĂšses ( )
, les crochets [ ]
, les guillemets « »
, le tiret â
[2]. Grevisse y rajoute la barre oblique /
[3]. Les accolades {}
sont également largement utilisées.
Histoire
L'histoire de la ponctuation conduit Ă examiner de qui elle relĂšve : soit de l'Ă©crivain, soit du copiste ou plus rĂ©cemment du typographe[4]. Le lecteur, le bibliothĂ©caire antique, puis le moine copiste font ce que bon leur semble pour faciliter la lecture Ă haute voix : dĂ©coupage en mots, chapitres, ou phrases, et indications d'intonations[5]. C'est Ă la Renaissance que l'auteur commence Ă se prĂ©occuper de la ponctuation qui prĂ©cĂ©demment relevait d'un exercice considĂ©rĂ© comme rĂ©barbatif, mais bon nombre d'Ă©crivains continueront de laisser aux Ă©diteurs le soin de gĂ©rer la ponctuation, comme Voltaire qui demande Ă son imprimeur de se dĂ©brouiller seul avec « ce petit peuple-là »[4]. C'est George Sand qui, la premiĂšre, va contester la mainmise des Ă©diteurs « On a dit âle style câest lâhommeâ. La ponctuation est encore plus lâhomme que le style. » et ouvrir la voie Ă une ponctuation crĂ©ative et poĂ©tique maĂźtrisĂ©e par les seuls Ă©crivains et poĂštes[6].
Antiquité
Lâhistoire de la ponctuation en Occident se retrace sur une durĂ©e de vingt-quatre siĂšcles si lâon remonte aux Grecs. Les plus anciens manuscrits grecs prĂ©sentent une scriptio continua, câest-Ă -dire sans blancs entre les mots. Mais dĂšs lâĂ©criture mycĂ©nienne archaĂŻque, on voit apparaĂźtre la sĂ©paration des mots[7], quoique rarement.
Aux IIIe et IIe siĂšcles av. J.-C., ZĂ©nodote, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace, les responsables successifs de la BibliothĂšque d'Alexandrie, sont donnĂ©s pour avoir dĂ©fini pour lâalphabet grec un systĂšme comportant trois types de points pour marquer la ponctuation : le « point dâen haut » (stigmáž teleĂa) pour la fin dâune phrase, le « point mĂ©dian » (stigmáž mĂ©sÄ) marquant une pause moyenne et le « point dâen bas » (hypostigmáž), une courte pause[8] - [9]. En Ă©tablissant cet ensemble de signes permettant Ă la fois de lire et dâentendre un texte, les Grecs avaient fondĂ© la ponctuation[10].
Ces trois signes de ponctuation sont devenus respectivement le point, le point-virgule et la virgule actuels[11]. Ces grammairiens bibliothĂ©caires sont aussi les auteurs des diacritiques de l'alphabet grec, lesquels sont Ă lâorigine de certains des diacritiques de l'alphabet latin[12].
Moyen Ăge
Paradoxalement, câest pendant les pĂ©riodes de recul ou de disparition de la production littĂ©raire que la ponctuation progresse. La tĂąche principale est alors de prĂ©server les grands textes du passĂ© et dâen Ă©tablir des versions fidĂšles, comprĂ©hensibles et sans ambiguĂŻtĂ©[13]. Le recopiage impose une certaine standardisation ; les mots sont systĂ©matiquement sĂ©parĂ©s par un blanc et des signes graphiques sont introduits pour faciliter la lecture. Ce travail ingrat est rĂ©alisĂ© par des moines irlandais et anglo-saxons du VIIe et VIIIe siĂšcles et par des ecclĂ©siastiques carolingiens du VIIIe et IXe siĂšcles, qui introduisent le point dâinterrogation[14].
Les moines copistes irlandais et anglo-saxons, de langues non romanes, ont Ă©toffĂ© lâappareil graphique afin dâamĂ©liorer lâintelligibilitĂ© textuelle. Les Irlandais sont les premiers Ă pratiquer systĂ©matiquement lâespacement simple pour sĂ©parer les unitĂ©s de sens[15]. Dâailleurs, les copistes insulaires adoptent les distinctiones tout en les adaptant pour la minuscule (pour les rendre plus visibles) par lâabandon de la distinction de hauteur au profit dâune diffĂ©rence du nombre de signes, alignĂ©s de façon horizontale (ou parfois triangulaire), pour indiquer la longueur dâune pause vocale : un signe correspond Ă une pause brĂšve, deux signalent une moyenne et trois pour une forte. Les marques les plus utilisĂ©es sont le punctus, sous forme de virgule, et la comma positura, qui prend une forme ressemblant au chiffre « 7 », toutes les deux Ă©tant souvent employĂ©es en tandem, lâune en association avec lâautre. Enfin, ces mĂȘmes signes sont parfois introduits dans la marge afin de dĂ©limiter une citation.
Une autre ponctuation est mise au point par des ecclĂ©siastiques carolingiens. Des indications qui, Ă lâorigine, notent la façon de moduler la voix lors de la liturgie chantĂ©e, les positurae, sâinsĂšrent ensuite dans les textes prĂ©vus pour la lecture Ă haute voix, enfin dans tous les manuscrits. Les positurae atteignent lâAngleterre Ă la fin du xe siĂšcle durant la rĂ©forme bĂ©nĂ©dictine, mais ne seront adoptĂ©es quâaprĂšs la conquĂȘte normande. Les premiĂšres positurae comprennent le punctus, le punctus elevatus[16], le punctus versus et le punctus interrogativus, mais une cinquiĂšme, le punctus flexus, sera ajoutĂ©e au xe siĂšcle pour signaler une pause dâune longueur entre celle du punctus et celle du punctus elevatus. Entre la fin du xie et le dĂ©but du xiie siĂšcles le punctus versus sort dâusage et il est subsumĂ© sous le simple punctus, dĂšs lors un signe de ponctuation polyvalent[17].
Au Bas Moyen Ăge, on ajoute la virgula suspensiva (barre oblique simple ou barre oblique avec point mĂ©dian) qui sâemploie conjointement avec le punctus pour signaler de multiples sortes de pauses. La citation du discours direct est notĂ©e comme dans lâAntiquitĂ© par la diplĂš (antilambda) en marge, mais Ă partir du xiie siĂšcle les copistes commencent Ă introduire la diplĂš (parfois double) directement dans le texte courant.
XIVe au XVIIe siĂšcle
Gasparin de Bergame (1370-1431) est lâauteur dâun des premiers traitĂ©s de ponctuation, La Doctrina punctandi. Avant lui, un traitĂ© attribuĂ© Ă PĂ©trarque mais sans doute rĂ©digĂ© par un chancelier de Florence, Coluccio Salutati (1330-1406)[18], ajoute deux signes nouveaux : le point dâexclamation et les parenthĂšses[19].
Geoffroy Tory, imprimeur humaniste, invente un « point crochu » quâĂtienne Dolet, dans son De la punctuation de la langue Françoyse, nomme virgule ou incisum. Citant la tradition grecque des trois points, Tory Ă©numĂšre onze valeurs de points nouveaux (contre sept pour Dolet) : le point suspensif, le point double, le demypoint, le point crochu, lâincisant, le respirant, le concluant, lâinterrogant, le respondant, lâadmiratif et enfin lâinterposant ou parenthĂšses[20].
Au XVIIe siĂšcle, on continue Ă considĂ©rer que la ponctuation nâa quâune fonction orale, destinĂ©e exclusivement Ă faciliter la lecture Ă voix haute. Aussi les grammairiens, tel Vaugelas, lâignorent, sauf Antoine FuretiĂšre qui, dans son Essay dâun dictionnaire universel (1684), donne une dĂ©finition assez complĂšte des signes de ponctuation anciens et modernes[21]. Les imprimeurs et leurs typographes sâemparent de cette « petite science » que les grammairiens dĂ©laissent, et ils en conserveront la maĂźtrise jusquâĂ lâĂ©poque moderne, tantĂŽt avec lâassentiment des auteurs, tantĂŽt malgrĂ© leur opposition.
XVIIIe au XXe siĂšcle
La ponctuation moderne se met en place Ă partir du XVIIIe siĂšcle[22]. Nicolas BeauzĂ©e, rĂ©dacteur de cent trente-cinq articles de grammaire dans lâEncyclopĂ©die de Diderot, dont le chapitre « Ponctuation », a une trĂšs haute idĂ©e de cette matiĂšre, la qualifiant dans sa Grammaire gĂ©nĂ©rale de « mĂ©taphysique trĂšs subtile »[23]. Il maintient que le rĂŽle premier de la ponctuation est de faciliter la lecture Ă voix haute (rĂŽle prosodique), mais il lui reconnaĂźt comme rĂŽle second de distinguer les sens partiels qui constituent le discours (rĂŽle sĂ©mantique), et enfin de marquer les divers degrĂ©s de subordination dans lâensemble du discours (rĂŽle syntaxique)[24]. Mais, pour BeauzĂ©e, lorsque les exigences de la respiration entrent en conflit avec la syntaxe, il donne la prioritĂ© Ă la respiration, qui demeure primordiale. En effet, avant lâavĂšnement du roman, lâessentiel de la littĂ©rature de lâĂ©poque peut ĂȘtre qualifiĂ©e de « dĂ©clamatoire », les textes Ă©tant surtout faits pour ĂȘtre lus Ă haute voix : fables, poĂšmes, thĂ©Ăątre, sermons, prĂȘches et homĂ©lies[25], la lecture « visuelle », câest-Ă -dire silencieuse, Ă©tant un phĂ©nomĂšne rĂ©cent[26].
Par exemple, les trois virgules figurant dans lâĂ©dition originale de cette pĂ©riode oratoire de Bossuet « Mais la sage et religieuse princesse qui fait le sujet de ce discours, nâa pas Ă©tĂ© seulement un spectacle proposĂ© aux hommes, pour y Ă©tudier les conseils de la Divine Providence, et les fatales rĂ©volutions des Monarchies ; [âŠ][27] » ne sont pas requises par la syntaxe, et ne sont placĂ©es lĂ que pour permettre au prĂ©dicateur de reprendre son souffle, la phrase Ă©tant trop longue pour ĂȘtre dĂ©clamĂ©e en chaire dâune seule traite.
MalgrĂ© le renouveau dâintĂ©rĂȘt des grammairiens pour la ponctuation, les imprimeurs, bien souvent, en gardent lâinitiative, surtout pour les romans qui commencent Ă devenir populaires[28]. Ainsi lâimprimeur Chapoulaud (1865) nây va pas par quatre chemins : « Seul lâimprimeur instruit et expĂ©rimentĂ© est consĂ©quent dans sa maniĂšre de ponctuer, et sur ce point, lâauteur doit sâen rapporter Ă lui [âŠ], les typographes ponctuent gĂ©nĂ©ralement mieux que les auteurs. »[29].
Signes de ponctuation occidentaux
Les principaux signes de ponctuation utilisés dans les langues occidentales comprennent les signes pausaux et les signes mélodiques.
- Les signes pausaux (en ordre décroissant de la durée) sont :
- le point ( . ) â qui a donnĂ© son nom Ă la ponctuation â termine une phrase ;
- le point-virgule ( ; ), marque une pause moyenne, normalement prĂ©cĂ©dĂ© dâune espace fine insĂ©cable (cf. usage selon le pays), et ;
- la virgule ( , ), marque la pause la plus faible.
- Les signes mélodiques sont :
- le point d'interrogation ( ? ), normalement prĂ©cĂ©dĂ© dâune espace fine insĂ©cable (sauf au Canada) ;
- le point d'exclamation ( ! ), toujours prĂ©cĂ©dĂ© dâune espace fine insĂ©cable (cf. Usage selon le pays) ;
- les points de suspension (âŠ), qui ne sont en rĂ©alitĂ© quâun seul signe typographique (Alt + 0133 sous Windows), ne sont pas prĂ©cĂ©dĂ©s dâune espace ;
- le deux-points â appellation typographique considĂ©rĂ©e plus puriste que « les deux-points » ( : ), prĂ©cĂ©dĂ© dâune espace insĂ©cable ou, en Suisse, dâune espace fine insĂ©cable ;
- les tirets, marquent une pause moyenne, demi-cadratin ( â ) et cadratin ( â ), toujours prĂ©cĂ©dĂ©s et suivis dâune espace fine ;
- les guillemets (dits français) ouvrants ( « ) et fermants ( » ), sĂ©parĂ©s de lâexpression quâils enserrent par une espace insĂ©cable (ou fine insĂ©cable en Suisse). Pour une citation dans une citation, on peut insĂ©rer des guillemets anglais doubles â â (ouvrants et fermants) ou, en Suisse, des guillemets Ă chevrons simples (âč et âș) ;
- les parenthÚses ouvrante ( et fermante ), marquent une pause moyenne, intercale une précision dans la phrase ;
- les crochets ouvrant [ et fermant ], sâutilisent souvent Ă lâintĂ©rieur des parenthĂšses, ou avec des points de suspension.
En anglais
Les anglophones utilisent des guillemets diffĂ©rents des francophones â â â et â â â, et comme dans beaucoup dâautres langues (allemand, italien, etc.), nâemploient pas dâespace devant les ponctuations suivantes : : ; ? ! (ni aux abords des â â).
Ceci correspond Ă la ponctuation française de lâĂ©poque classique (du XIVe au XIXe siĂšcle).
En espagnol
Les hispanophones commencent leurs phrases interrogatives et exclamatives par des ponctuations inversées : ¿ et ¥ et finissent la phrase avec un ? et ! sans inversion. Ils utilisent les guillemets latins (français) « et » mais sans espacement.
En allemand
Chez les germanophones, il existe deux signes de citation diffĂ©rents : dâune part, des guillemets disposĂ©s Ă lâinverse des francophones : guillemets ouvrant en » et fermant en « â communĂ©ment appelĂ©s guillemets inversĂ©s en français, mais chevrons en allemand â et, dâautre part, des guillemets du mĂȘme type quâen anglais, mais dont les ouvrants sont placĂ©s non pas en haut mais en bas, comme deux virgules (â et â). De plus, les germanophones nâemploient pas dâespace avant les signes suivants : : ; ! ? , ni entre deux signes de ponctuation successifs (p.ex. ») peut ĂȘtre Ă©crit comme cela : (»). En outre, les germanophones mettent les guillemets fermants et ouvrants entre des termes subordonnĂ©s qui complĂštent une citation. Par exemple « Je ne peux plus vous croire, dit-elle, depuis tout ce que vous avez fait. » devient en allemand : »Ich kann Ihnen nicht mehr vertrauen«, sagte sie, »nach allem, was Sie getan haben.«
En Suisse, on utilise les mĂȘmes guillemets quâen français (« et ») mais sans jamais dâespacement.
En français
En français, la virgule (,) et le point (.) ne sont jamais prĂ©cĂ©dĂ©s dâun espacement mais toujours suivis par une espace sĂ©cable.
En France, on ne place pas dâespace avant un signe simple (virgule et point). On place une espace fine insĂ©cable, ou Ă dĂ©faut une espace insĂ©cable, avant les signes doubles (point-virgule, point d'exclamation et point d'interrogation). On place une espace insĂ©cable avant le deux-points (:) et pour sĂ©parer des guillemets (« et ») dâun texte citĂ© (mais pas avec les guillemets de deuxiĂšme niveau â et â). Dans tous les cas, on place une espace aprĂšs ces signes.
Au Canada[30] - [31], on met une espace fine insĂ©cable avant le point-virgule, le point dâexclamation et le point dâinterrogation, si celle-ci n'est pas disponible, on ne met aucune espace. On place une espace insĂ©cable avant le deux-points et pour sĂ©parer une citation des guillemets (« et ») mais pas avec les guillemets de deuxiĂšme niveau (â et â).
En Suisse[32], on place une espace fine insĂ©cable devant des signes doubles (: ; ! ?) et les guillemets français (« ⊠» et âč ⊠âș). Si lâespace fine insĂ©cable nâest pas disponible, on ne met aucune espace.
AVANT le signe | APRĂS le signe | ||
---|---|---|---|
point | pas dâespace | . | espace (sauf en fin de paragraphe) |
point-virgule | espace fine ou espace (insécables) en France, espace fine insécable au Canada[30] - [31] et en Suisse[32] | ; | espace[33] - [34] |
deux-points | espace insécable en France et au Canada[30] - [31], espace fine insécable en Suisse[32] | : | espace[35] |
point d'exclamation | espace fine ou espace (insécables) en France, espace fine insécable au Canada[30] - [31] et en Suisse - [32] | ! | espace |
point d'interrogation | espace fine ou espace (insécables) en France, espace fine insécable au Canada[30] - [31] et en Suisse[32] | ? | espace |
virgule | pas dâespace | , | espace |
trait d'union (quart-cadratin, diffĂ©rent du tiret) ce nâest pas une ponctuation mais un signe grammatical. |
pas dâespace | - | pas dâespace |
tiret (demi-cadratin) | espace fine ou espace (insĂ©cables) | â | espace fine ou espace (sĂ©cables) |
tiret (demi-cadratin) lorsquâutilisĂ© en dĂ©but dâincise |
espace fine ou espace (sĂ©cables) | â | espace fine ou espace (insĂ©cables) |
tiret long (ou cadratin) | espace fine ou espace (insĂ©cables) | â | espace fine ou espace (sĂ©cables) |
tiret long (ou cadratin) lorsquâutilisĂ© en dĂ©but dâincise |
espace fine ou espace (sĂ©cables) | â | espace fine ou espace (insĂ©cables) |
guillemet ouvrant | espace (mais pas en dĂ©but dâalinĂ©a) | « | espace fine ou espace (insĂ©cables) |
guillemet fermant | espace fine ou espace (insécables) | » | espace |
barre de fraction (slash) | espace fine insĂ©cable ou pas dâespace | / | espace fine insĂ©cable ou pas dâespace |
apostrophe ce nâest pas une ponctuation mais un signe grammatical. |
pas dâespace | â | pas dâespace |
points de suspension | pas dâespace | ⊠| espace |
parenthĂšse ouvrante | espace | ( | pas dâespace |
parenthĂšse fermante | pas dâespace | ) | espace |
crochet ouvrant | espace | [ | pas dâespace |
crochet fermant | pas dâespace | ] | espace |
Pour le cas oĂč on emploie plusieurs signes successifs (points dâexclamation et dâinterrogation multiples, Ă©ventuellement combinĂ©s), lâusage est de traiter lâensemble des signes comme ne formant quâun seul signe. Espaces avant et aprĂšs, pas dâespaces entre les signes. Cet usage nâest cautionnĂ© par aucune rĂšgle officielle, parce que lâemploi de signes multiples est contraire aux rĂšgles de toute maniĂšre, mĂȘme sâil est largement rĂ©pandu, par exemple dans les bandes dessinĂ©es.
Sur Internet, ces rĂšgles sont peu respectĂ©es car lâespace insĂ©cable nâest pas accessible en une seule touche sur un clavier dâordinateur (combinaison de deux ou trois touches selon le systĂšme dâexploitation). De nombreux rĂ©dacteurs choisissent donc de ne pas placer dâespace avant ces signes, pour ne pas placer dâespace sĂ©cable qui risquerait de placer le signe en tĂȘte dâune ligne[36].
Toutefois, plusieurs logiciels de traitement de texte, comme Microsoft Word ou LibreOffice, corrigent cette faute pour le lecteur et remplacent automatiquement les espaces sĂ©cables par des espaces insĂ©cables quand cela est nĂ©cessaire. Certains logiciels de correction, tels quâAntidote, proposent le remplacement des espaces par ceux appropriĂ©s. De mĂȘme, certains moteurs de wiki (comme MediaWiki) ou de forums interprĂštent une espace avant un signe de ponctuation double comme insĂ©cable. Ă lâopposĂ©, quelques moteurs dâaffichage des sites internet nâaffichent aucune espace fine, car elles sont mal gĂ©rĂ©es par certains navigateurs. En revanche, les espaces correctes sont automatiquement insĂ©rĂ©es par LaTeX.
Autres signes de ponctuation
Signes récents et peu usités
Certains signes de ponctuation ont été inventés récemment, mais leur utilisation est restée rare, voire confidentielle :
- la virgule d'exclamation a été inventée en 1856 par P. Villette (Traité raisonné de ponctuation [BnF : x-33082]) ;
- le point d'ironie (Ű) inventĂ© Ă la fin du XIXe siĂšcle par Alcanter de Brahm ;
- le point exclarrogatif (âœ), ou « interrobang », qui combine les fonctions de point dâinterrogation et de point dâexclamation ;
- plusieurs dizaines de signes de ponctuation dâusage rare ont Ă©galement Ă©tĂ© crĂ©Ă©s au fil du temps sans sâimposer.
Dâautres ponctuations plus ou moins fantaisistes ont Ă©tĂ© proposĂ©es, par des Ă©crivains comme HervĂ© Bazin ou Raymond Queneau, sous le vocable gĂ©nĂ©ral de points dâintonation[37] - [38], et dĂ©nommĂ©s points de doute, de certitude, dâacclamation, dâamour, dâautoritĂ©, dâindignation et mĂȘme points dâhumour et dâironie. Depuis, la crĂ©ativitĂ© des auteurs mais aussi de typographes s'est dĂ©bridĂ©e et encore plus si on rajoute les Ă©moticĂŽnes, « Câest quelque chose d'amusant, ... mais pour la langue ça n'apporte pas grand-chose ». selon la linguiste Myriam Ponge[6].
En chinois
La ponctuation chinoise utilise des signes de ponctuation diffĂ©rents de celui des langues europĂ©ennes. Chaque caractĂšre sâinsĂšre dans un carrĂ© imaginaire de taille constante. Câest pourquoi les signes de ponctuation chinois sont plus larges que leurs Ă©quivalents occidentaux. Ces signes de ponctuation sont de pleine chasse Ă lâinverse des signes occidentaux qui sont de demi-chasse. Le chinois peut sâĂ©crire verticalement ou horizontalement. Ainsi, certains signes de ponctuation subissent une rotation de 90° selon le sens dâĂ©criture[39].
ĂmoticĂŽnes
La croissance des Ă©changes par messagerie instantanĂ©e a crĂ©Ă© un besoin dâexpressivitĂ© des Ă©motions que ne satisfaisait pas la ponctuation traditionnelle. Les Ă©moticĂŽnes se sont alors dĂ©veloppĂ©es pour pallier ce manque, jusquâĂ devenir une forme de ponctuation additionnelle[40] - [41].
Symboles typographiques
Il existe nombre de symboles (parmi lesquels des logogrammes) que lâon ne peut considĂ©rer comme des signes de ponctuation, mais qui, par ailleurs, ne sont ni des lettres ni des signes diacritiques. Câest le cas pour les caractĂšres & et @, mais aussi le tiret bas, entre autres. Leurs fonctions sont de natures diverses : & est un logogramme et se lit comme un mot normal (« et ») tandis que le tiret bas sert surtout Ă la prĂ©sentation (soulignement pour les machines Ă Ă©crire, remplacement dâune espace en informatiqueâŠ), par exemple.
Ils partagent avec les signes de ponctuation le fait quâils appartiennent Ă la seule langue Ă©crite, au mĂȘme titre que la mise en italique et la distinction entre majuscules et minuscules.
Notes et références
- Grevisse, Le Bon Usage, p. 124, §116
- Riegel, Grammaire méthodique, p. 141
- Grevisse, Le Bon Usage, p. 125, §117
- Pierre Ropert, « Une histoire de la ponctuation : l'imprimerie fait le point », sur France Culture, (consulté le ).
- Pierre Ropert, « Une histoire de la ponctuation : au commencement Ă©tait le â.â », sur France Culture, (consultĂ© le ).
- Pierre Ropert, « Une histoire de la ponctuation : point dâironie et point de doute, la ponctuation poĂ©tique », sur France Culture, (consultĂ© le )
- Catach, La Ponctuation, p. 12
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 13 et 14
- Drillon, Traité de la ponctuation, p. 21
- Drillon, Traité de la ponctuation, p. 22
- Catach, La Ponctuation, p. 14 et 15
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 14
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 12 et 13
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 15
- M.B. Parkes, « The Contribution of Insular Scribes of the Seventh and Eighth Centuries to the âGrammar of Legibilityâ », in Scribes, Scripts and Readers: Studies in the Communication, Presentation and Dissemination of Medieval Texts, Londres, 1991, p. 1-18.
- (en) « Paleography: How to Read Medieval Handwriting » (version du 9 août 2014 sur Internet Archive) ; ce document est une archive.
- Raymond Clemens et Timothy Graham, Introduction to Manuscript Studies, IthacaâLondres, Cornell University Press, 2007, p. 84â6.
- Catach, La Ponctuation, p. 28
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 17
- Catach, La Ponctuation, p. 30
- Catach, La Ponctuation, p. 32 et 33
- Catach, La Ponctuation, p. 35
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 20
- Catach, La Ponctuation, p. 37
- Houdart et Prioul, Lâart de la ponctuation, p. 21
- Catach, La Ponctuation, p. 16
- Bossuet, Oraison funĂšbre, p. 7
- Drillon, Traité de la ponctuation, p. 38
- Catach, La Ponctuation, p. 44
- Nicole Ouimet, Lâespace insĂ©cable, TERMIUM Plus, Bureau de la traduction du gouvernement du Canada (consultĂ© le ).
- « Banque de dépannage linguistique - Espacement avant et aprÚs les principaux signes de ponctuation et autres signes ou symboles », sur Office québécois de la langue française (consulté le ).
- Guide du typographe, 7e Ă©dition, Lausanne : Association suisse des typographes, 2015.
- Lexique, op. cit., p. 148-9.
- Drillon, Traité de la ponctuation, p. 386
- Lexique, op. cit., p. 148-9. Nota : Le Lexique prĂ©cise : « [âŠ] sont prĂ©cĂ©dĂ©s et suivis de lâespace existant entre les mots de la ligne [âŠ] »
- Guillemette Faure, « Rue89, Un appel du mouvement contre la disparition du point-virgule », sur Rue89, (version du 9 mai 2008 sur Internet Archive).
- Jean-Pierre Colignon, Un point câest tout ! La ponctuation efficace, Victoires-Ăditions, 2011, 112 p. (ISBN 978-2-3511-3085-8)).
- Castalie Petite, BibliothÚque de Curiosités, avril 2008.
- La ponctuation chinoise, Chine Informations.
- Stéphane Baillargeon, « Les émoticÎnes, ou la laque des signes », sur ledevoir.com, (consulté le ).
- Pierre Ropert, « Une histoire de la ponctuation : l'Ă©moji, point du futur ? ÂŻ\_(ă)_/ÂŻÂŻ », sur France Culture,â (consultĂ© le )
Voir aussi
Bibliographie
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- La ponctuation, dossier dans Gulliver héros de voyages extraordinaires le numéro 5 du magazine Virgule, février 2004.
- Abbé Bossuet, Oraison funÚbre de Henriette Marie de France, reine de Grande Bretagne : prononcée le 16 novembre 1669, Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, , 35 p.
- Nina Catach, La Ponctuation, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 2-13-046050-X)
- Jean-Pierre Colignon, Un point câest tout ! La ponctuation efficace, Paris, Centre de formation et de perfectionnement des journalistes,
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Articles connexes
Liens externes
- La ponctuation, site sur la ponctuation française
- La ponctuation et les espaces sur le site Conseils de typographie
- Le point sur⊠la ponctuation, sĂ©rie dâarticles historiques
- Code de rédaction interinstitutionnel
- Claude Tournier Histoire des idĂ©es sur la ponctuation, des dĂ©buts de lâimprimerie Ă nos jours, Langue française, 1980, vol. 45 no 45 sur le site Persee.fr