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Capitale et majuscule

Capitale et majuscule désignent, en écriture manuscrite ou mécanique, typographique ou informatique, une forme de lettre de plus grande taille que la lettre courante, appelée « minuscule » ou « bas-de-casse », utilisée soit en initiale de mot, soit pour mettre en évidence des phrases ou des mots entiers.

En typographie, certains auteurs distinguent capitale et majuscule[1]. Une capitale possĂšde un glyphe (tracĂ© d’une lettre) diffĂ©rent de celui d’une minuscule, un simple format. Une majuscule est un emplacement initial dĂ©terminĂ© par les rĂšgles d’orthotypographie, qui se rĂ©alise la plupart du temps comme une capitale.

Capitale

La capitale est la casse Ă  utiliser pour composer en « grandes lettres » dans les Ă©critures bicamĂ©rales. Ainsi, le glyphe (tracĂ© apparent du caractĂšre) â€č B â€ș est la capitale de â€č b â€ș dans l’alphabet latin, de â€č ÎČ â€ș dans l’alphabet grec et de â€č ĐČ â€ș dans l’alphabet cyrillique. Le tracĂ© des capitales, que l’on oppose aux minuscules, diffĂšre trĂšs souvent non seulement par le glyphe mais aussi par l’Ɠil.

Exemples avec les cinq premiĂšres lettres de trois langues Ă©crites
CapitalesPetites capitalesMinuscules
Latin ABCDEabcdeabcde
Cyrillique АБВГДЕабĐČгЎДабĐČгЎД
Grec ΑΒΓΔΕαÎČγΎΔαÎČγΎΔ

L'appellation « lettres capitales » tient au fait que ces caractĂšres se trouvent rangĂ©s, dans les imprimeries, en haut de la casse, c’est-Ă -dire Ă  la « tĂȘte » des cassetins destinĂ©s Ă  contenir l’ensemble des caractĂšres. Par opposition, les minuscules, situĂ©es dans le bas de la casse, sont aussi appelĂ©es « lettre en bas-de-casse » ou tout simplement « bas-de-casse ». Il existe en outre des petites capitales. Le nom de la capitale est donc apparu avec l’imprimerie, les Romains ne l’ont jamais utilisĂ©.

Majuscule

La majuscule (du latin majuscula, « un peu plus grande »), quant Ă  elle, est un caractĂšre situĂ© au dĂ©but de certains mots. Chaque langue en fixe l’usage (pour autant qu'elle dispose de majuscules et de capitales, ce qui n'est pas le cas, par exemple, de l'alphabet arabe et ses dĂ©rivĂ©s, de l'alphabet hĂ©breu ou encore de l'alphabet hindi). Le plus souvent, mais pas exclusivement, les majuscules sont reprĂ©sentĂ©es par des capitales (d’oĂč la confusion). Certains types de caractĂšres, comme la famille des gothiques qui reproduisent des modĂšles du Moyen Âge, proposent en fait des bas-de-casse qui servent pour Ă©crire le texte, et des « capitales » qui ne sont que des majuscules, dans la mesure oĂč on n’écrit pas des mots entiers. La plupart des Ă©critures manuscrites ou des typographies qui en reprennent le principe n’ont pas de capitales, mais des majuscules. En Ă©criture française classique, les majuscules s’appellent « lettres majeures », les minuscules « lettres mineures ».

Différence entre les capitales et les majuscules

La phrase : « LONGTEMPS MARIANNE S’EST COUCHÉE DE BONNE HEURE » est Ă©crite en capitales, mais seules la premiĂšre (L) et la dixiĂšme (M) lettres sont majuscules. On s’en rend mieux compte si on Ă©crit cette phrase avec des capitales et des petites capitales[2] : « Longtemps Marianne s’est couchĂ©e de bonne heure ».

Capitales et majuscules se distinguent par leur fonction :

  • l’utilisation d’une majuscule est dictĂ©e par les rĂšgles de l’orthographe : en français, on les utilisera par exemple pour la lettre initiale d’une phrase ou d’un nom propre ;
  • les capitales relĂšvent, elles, d’un choix de composition typographique. Leur emploi relĂšve moins d’une norme que d’une dĂ©cision particuliĂšre. Un Ă©diteur ou un journal pourra par exemple, dans sa charte graphique, dĂ©cider de composer les titres de livres ou d'articles en capitales et les sous-titres en petites capitales.

Les rùgles d’utilisation des majuscules varient d’une langue à l’autre.

Chaque langue utilisant une Ă©criture bicamĂ©rale possĂšde ses propres rĂšgles concernant l’emploi des majuscules : en français, par exemple, on n’écrit pas les noms de langues avec une majuscule ; c’est pourtant le cas en anglais. En allemand, tous les noms, communs ou propres, prennent une majuscule. Certains digrammes, quand ils doivent ĂȘtre en majuscule capitale, sont notables : en français, l'absence de ligature dans â€č Oedipe â€ș est incorrecte ; le digramme capital s’écrit en effet â€č ƒ â€ș : â€č ƒdipe â€ș. En nĂ©erlandais, le digramme liĂ© â€č Äł â€ș s’écrit â€č ÄČ â€ș en majuscule capitale : â€č ÄČsselmeer â€ș et non â€č Ijsselmeer â€ș.

« Écrivez en majuscules », Ă  cet Ă©gard, n’a aucun sens en typographie. C’est pourtant une expression courante, de mĂȘme que « majuscule initiale », expression intrinsĂšquement redondante.

La confusion entre ces deux termes est de fait trÚs fréquente et la distinction entre les deux mots appartient surtout au jargon de la typographie.

Usages

Dans les titres

La rĂšgle d’écriture des articles initiaux des titres est applicable Ă  d’autres noms propres : en effet, ils sont mutables aprĂšs une prĂ©position (« Ă  le » → « au », « de le » → « du », « de les » → « des ») ou remplaçables par un possessif ou un dĂ©monstratif, voire un numĂ©ral. Aussi ne sont-ils pas pris en compte dans les classements alphabĂ©tiques primaires (voir les dictionnaires de noms propres ou de titres d’Ɠuvres). L’article y est souvent reportĂ© Ă  la fin, oĂč il est pris en compte seulement comme clĂ© secondaire, entre parenthĂšses ou aprĂšs une ponctuation sĂ©paratrice comme la virgule. L’article n’a donc pas de majuscule, mais seulement une minuscule Ă©crite en capitale en dĂ©but de phrase.

Pour saisir la nuance, il faut comprendre la différence entre :

  • une majuscule, propriĂ©tĂ© intrinsĂšque et invariable de l’initiale d’un mot ou des initiales ou d’un sigle (ce mot ne pouvant pas ĂȘtre ni contractĂ© ni mutĂ©, etc., qui fait du mot un mot propre, et qu’on ne peut pas Ă©crire avec un « bas-de-casse » ou une « petite capitale »), propriĂ©tĂ© qui s’oppose Ă  la lettre minuscule utilisĂ©e dans tous les autres cas de lettres mĂ©diales ou finales ainsi que pour tous les mots communs dont toutes les lettres sont toujours une lettre minuscule (mĂȘme en initiale placĂ©e en dĂ©but de phrase !), et
  • une capitale (aussi appelĂ©e « haut-de-casse ») qui dĂ©signe uniquement une casse typographique pour l’écriture, concept liĂ© en français Ă  la rĂšgle orthographique qui interdit l’écriture en « bas-de-casse » ou « petite capitale » mais impose l’écriture d’une casse « capitale » ou d’une casse « grande capitale », Ă  tous les mots en dĂ©but de phrase, que ceux-ci soient propres ou communs, et donc indĂ©pendamment du fait que ces mots commencent par une majuscule ou une minuscule.

Historiquement, certaines minuscules françaises avaient aussi plus que les trois casses encore utilisĂ©es aujourd’hui (la casse « bas-de-casse » communĂ©ment mais improprement appelĂ©e « minuscule » en milieu et fin de phrase, la casse « capitale » qui est un concept diffĂ©rent de la « majuscule » trop souvent employĂ© Ă  tort, et la casse « petite capitale ») avec des casses supplĂ©mentaires suivant la position dans le mot ou la phrase (cas du â€č s â€ș, ou du â€č z â€ș qui distinguait aussi les casses « mĂ©diales » et « finales » parmi les « bas-de-casse », et du â€č i â€ș ou du â€č u â€ș avant qu’ils soient dissociĂ©s orthographiquement des nouvelles lettres â€č j â€ș et â€č v â€ș).

Les majuscules, par contre, n’existent gĂ©nĂ©ralement qu’en une seule casse aujourd’hui (la « capitale »), mais la « grande capitale » (souvent appelĂ©e lettrine quand elle est dĂ©corative et enjambe plusieurs lignes) existe encore parfois aussi en dĂ©but de paragraphe (mais uniquement aujourd’hui de façon dĂ©corative), alors qu’avant, la distinction avait valeur de ponctuation permettant de savoir si la phrase continuait le paragraphe prĂ©cĂ©dent ou commençait un nouveau paragraphe. Les diffĂ©rentes casses ne sont pas une propriĂ©tĂ© intrinsĂšque du mot, au contraire de la distinction trĂšs stricte en français entre minuscule et majuscule.

La confusion entre « majuscule/minuscule » (propriĂ©tĂ© invariante et intrinsĂšque de composition des mots) et « haut-de-casse/bas-de-casse » (propriĂ©tĂ© mutable des caractĂšres Ă©crits, dans les limites des rĂšgles ortho-grammaticales) est courante, puisque sur un clavier usuel (ainsi que dans le codage des caractĂšres d’un texte, mĂȘme avec Unicode), on ne saisit que la distinction entre deux des casses possibles (les autres casses Ă©tant obtenues par des fonctions de mise en forme des traitements de texte et non codĂ©es dans le texte lui-mĂȘme), mais jamais la distinction (pourtant sĂ©mantique et fondamentale) entre majuscules et minuscules qui composent les mots (et ont des touches improprement appelĂ©es « majuscule » ou « verrouillage majuscule », alors que ce sont exactement des touches « haut-de-casse » et « verrouillage haut-de-casse ») !

Mais les dictionnaires et encyclopédies, eux, font cette distinction (notamment car cela permet de repérer le bon usage orthographique des différentes casses autorisées et interdites).

C’est pourquoi lors de la composition de textes, il faut encore plus redoubler d’attention (notamment dans tout ouvrage Ă  caractĂšre encyclopĂ©dique ou dans un dictionnaire) sur le bon emploi des haut-de-casse (capitales, grandes capitales, lettrines) d’une part, et des bas-de-casse ou petites capitales d’autre part, notamment car cela permet de dĂ©terminer, au moins partiellement, la nature intrinsĂšque des mots composĂ©s de minuscules et majuscules invariables, et de repĂ©rer les mutations orthographiques, grammaticales, morphologiques et phonĂ©tiques autorisĂ©es par la langue.

Un article grammatical initial peut faire partie du titre mais sa place ou sa forme, contractĂ©e ou non, n’est pas imposĂ©e, car il est non signifiant au premier niveau, seule Ă©tant conservĂ©e sa sĂ©mantique distinguant les dĂ©terminations dĂ©finies/indĂ©finies (et encore pas toujours). Exemples :

  • « En composant sa Marche turque, Mozart [
] » ;
  • « J’ai beaucoup aimĂ© l’interprĂ©tation de cette Marche turque. » ;
  • « C’est une Marche turque des plus rĂ©ussies que j’ai dĂ» entendre de la part de ce concertiste. » ;
  • « Cette deuxiĂšme Marche turque est celle que je prĂ©fĂšre. » (note que la capitale sur le premier mot signifiant est indispensable pour Ă©viter la confusion avec un autre titre similaire, alors que l’italique n’est pas obligatoire orthographiquement) ;
  • dans les dictionnaires de titres d’Ɠuvres, on trouvera le titre Ă©crit « Marche turque (la) », ou bien Ă©crit « la Marche turque », mais l’Ɠuvre sera toujours classĂ©e Ă  la lettre M, pas Ă  la lettre L ;
  • dans un annuaire tĂ©lĂ©phonique ou un dictionnaire français, en regardant les noms propres (de personne, de villes et de lieux gĂ©ographiques, etc.) commençant par « la », « le », « les », « l’ », « aux », on voit que s’il n’y a pas de trait d’union, l’article est en minuscule, sĂ©parable, et n’est pas pris en compte dans le tri au premier niveau ; sinon, il est pris en compte en tant qu’élĂ©ment invariable. Par exemple, « les Bouches-du-RhĂŽne », « Le Mans » (pas de trait d’union car c’est un article nĂ©cessaire, mais mutable ou dĂ©plaçable).

Les titres d’Ɠuvres suivent aussi la mĂȘme logique française car, en tant que tels, ce sont des noms propres, mĂȘme s’ils sont composĂ©s de mots communs et propres. Hormis l’article initial non signifiant, tout le reste du titre est invariable.

  • La langue anglaise possĂšde, elle aussi, cette distinction entre mots signifiants et non signifiants dans les titres d’Ɠuvres, la seule diffĂ©rence Ă©tant que le français ne demande un haut-de-casse (capitale) obligatoire que pour le premier mot signifiant du titre, alors que l’anglais le demande sur tous les mots signifiants[3]. Les deux langues ne demandent un haut-de-casse pour le premier mot du titre que s’il est commun et signifiant, ou propre, ou s’il est en tĂȘte de phrase.
  • Le français requiert l’écriture en bas-de-casse (ou petite capitale) pour toutes les autres occurrences de lettres minuscules (et leur interdit les haut-de-casse (capitales ou grandes capitales), au contraire de l’anglais qui, s’il permet mais n’impose pas les haut-de-casse sur le premier mot commun d’un titre lorsqu’il est non signifiant, impose les haut-de-casse (capitales) sur les initiales de tous les termes signifiants du titre.
  • Dans les deux langues, l’écriture entiĂšrement en capitales n’est vraiment pas recommandĂ©e, sauf pour les noms propres, mais leurs accents intrinsĂšques devraient toujours ĂȘtre conservĂ©s pour prĂ©server les distinctions orthographiques d’homographes possibles.

Les rĂšgles sont bien Ă©tablies dans les ouvrages de rĂ©fĂ©rence et notamment les dictionnaires et encyclopĂ©dies, mĂȘme si ailleurs on prend moins soin de la typographie. WikipĂ©dia devrait employer les conventions typographiques des encyclopĂ©dies puisque ces conventions sont Ă©tablies et mĂȘme normalisĂ©es : il y a de nombreux textes lĂ©gaux et reconnus par des normes internationales (notamment des normes ISO, appliquĂ©es en France par des normes AFNOR, au Canada par des normes CSA, etc.) concernant par exemple les rĂ©fĂ©rences bibliographiques, la toponymie, les noms de personnes et les transcriptions aux fins de rĂ©fĂ©rences.

Et la confusion est loin de se terminer, au vu de l’inventivitĂ© des typographes qui sont parvenus aussi Ă  crĂ©er et utiliser la casse « grandes minuscules » comme casse additionnelle pour transcrire des mots composĂ©s avec des
 majuscules, ou encore utiliser la casse petite capitale (dont les caractĂšres, normalement, servent Ă  transcrire des lettres minuscules) en lieu et place de la casse capitale, pour transcrire en caractĂšres des mots composĂ©s avec des majuscules (voir l’exemple ci-dessous des titres de reliures de certains livres).

Accentuation des capitales et majuscules

Dispositions générales

En français, « l’accent a pleine valeur orthographique[4] ». L’AcadĂ©mie française recommande donc l’usage d’accent ou trĂ©ma sur une majuscule, tout comme l’utilisation de la cĂ©dille. Ainsi les publications de qualitĂ© Ă©crivent les majuscules (tout comme les capitales) avec les accents et autres diacritiques, au mĂȘme titre que les minuscules ; elles veillent aussi Ă  respecter les symboles et caractĂšres spĂ©ciaux (ligatures, diphtongues) souvent dĂ©gradĂ©s dans les textes courants. En effet, les signes diacritiques ont un rĂŽle important dans les langues qui les utilisent.

Cependant, dans une grande partie du monde francophone (Suisse romande notamment[5], mais pas au Canada[6]), seuls les mots en toutes capitales et les minuscules sont accentués dans les textes courants[7]. Les signes diacritiques ne sont systématiquement reproduits que dans les publications soignées : dictionnaires[8], encyclopédies[9], collection de la Pléiade


On trouve donc Ă©crit â€č Etat â€ș (sic) dans les publications courantes et â€č État â€ș dans les publications soignĂ©es.

La simple lecture des titres de livres dans une bibliothĂšque, ou dans les livres scolaires, dĂ©montre que l’accentuation des majuscules est ancienne et courante. La pratique tendant Ă  ne pas indiquer les accents sur les majuscules et les capitales trouve sa source dans l’utilisation de caractĂšres de plomb Ă  taille fixe en imprimerie. La hauteur d’une capitale accentuĂ©e Ă©tant supĂ©rieure, la solution Ă©tait alors soit de graver des caractĂšres spĂ©ciaux pour les capitales accentuĂ©es en diminuant la hauteur de la lettre, soit de mettre l’accent aprĂšs la lettre, soit simplement de ne pas mettre l’accent[10]. Cette derniĂšre option a souvent Ă©tĂ© utilisĂ©e durant des siĂšcles, et l’est parfois encore, mĂȘme si, avec l’arrivĂ©e de l’informatique, ces difficultĂ©s se sont maintenant estompĂ©es.

Une quatriÚme option, employée particuliÚrement à la télévision, et quelquefois dans les grands textes courts des affiches ou des spots publicitaires, consiste à réduire au strict minimum la hauteur des accents et de les coller sur les lettres capitales, du fait de la faible hauteur de l'écran du téléviseur, comme le montre l'exemple de France Télévisions qui a créé sa version de la police Heldustry avec les accents collés aux lettres (Heldustry FTV), ou Canal+, qui a créé sa propre déclinaison des polices Futura et DIN, et ce malgré leur faible lisibilité.

L’omission des accents ou des cĂ©dilles sur les phrases entiĂšrement en capitales cause des ambiguĂŻtĂ©s :

  • « L’ENFANT AFFOLE SON PERE TOMBE », ou le cĂ©lĂšbre « JAURES ASSASSINE » ;
  • « LES FILS LEGITIMES DE LOUIS XIV. » Ici, l’ambiguĂŻtĂ© est grave, puisque le sens de la phrase peut s’en trouver radicalement changĂ© : les fils « lĂ©gitimes » sont justement le complet opposĂ© des fils « lĂ©gitimĂ©s » ;
  • « LES AVOCATS SERONT JUGES » ;
  • « LE PALAIS DES CONGRES » ;
  • « LA RETRAITE A 42 ANS » ;
  • « SALLE DES INTERNES » ;
  • « UN INTERNE TUE » (quatre possibilitĂ©s).

La linguiste Nina Catach a indiquĂ© Ă  ce propos[11] : « Aujourd’hui je pose la question : avons-nous besoin de deux accents, l’aigu et le grave ? Notre presse imprimĂ©e, toujours Ă  l’avant-garde, a rĂ©solu le problĂšme (autre problĂšme sĂ©culaire) des capitales non accentuĂ©es, et de l’aspect disgracieux des accents de guingois en travers des titres, par une procĂ©dure, sans bavures : un seul accent, horizontal, qu’on appelle couramment l’accent plat [ou encore macron] :

  • DEUX BUTS ENCAISSĒS ;
  • UN OUVRIER TUĒ ;
  • UN PIĒTON RENVERSĒ PAR SON FRĒRE. »

La Poste française, de son cĂŽtĂ©, recommande (pour faciliter le tri automatique) que la localitĂ© suivant le code postal soit composĂ©e en capitales non accentuĂ©es, sans aucune ponctuation. Cette prescription, obligatoire pour la ligne 6 (celle de la localitĂ©), ne s’applique pas pour la 1re ligne, celle du nom du destinataire qui peut garder ses signes diacritiques. En outre le mot « saint » est Ă  abrĂ©ger. Ainsi, par exemple, Saint-Michel-de-DĂšze est Ă  mentionner dans une adresse sous la forme :

  • 48173 ST MICHEL DE DEZE

Le cas du grec

En grec ancien, tel qu’écrit actuellement, les capitales et les majuscules en capitales ne sont pas identiques : un texte Ă©crit au long en capitales n’est normalement pas diacritĂ©, tandis qu’un texte en minuscules avec des majuscules capitales reçoit les diacritiques. De fait, un mot comme áŒ„ÎœÎžÏÏ‰Ï€ÎżÏ‚ / ĂĄnthrĂŽpos, « ĂȘtre humain », s’écrit áŒŒÎœÎžÏÏ‰Ï€ÎżÏ‚ avec une majuscule capitale, mais Î‘ÎÎ˜ÎĄÎ©Î ÎŸÎŁ en capitales. La capitale de la premiĂšre lettre du mot est donc un Α alpha nu, la majuscule un ጌ diacritĂ©, portant esprit doux et accent aigu.

MĂȘme systĂšme en grec moderne en ce qui concerne l'accent : le mot ÎŹÎœÎžÏÏ‰Ï€ÎżÏ‚ / ĂĄnthropos, « ĂȘtre humain », s'Ă©crit Î†ÎœÎžÏÏ‰Ï€ÎżÏ‚ avec une majuscule capitale, mais Î‘ÎÎ˜ÎĄÎ©Î ÎŸÎŁ en capitales. En revanche, le trĂ©ma doit toujours ĂȘtre mis quoi qu'il arrive : ΕυρωπαϊÎșÎź ΈΜωση (« Union europĂ©enne ») s'Ă©crit en capitales Ε΄ΥΩΠΑÎȘΚΗ Î•ÎÎ©ÎŁÎ—.

Accentuation avec les principaux systùmes d’exploitation courants

D’autres problĂšmes subsistent encore : sous Windows, sur les claviers français AZERTY, oĂč l’accent grave et l’accent aigu sont systĂ©matiquement associĂ©s Ă  des lettres minuscules (â€č Ă© â€ș, â€č Ăš â€ș, â€č Ă  â€ș, â€č Ăč â€ș), la pose de ces accents sur des majuscules impose des manipulations alambiquĂ©es. Il est particuliĂšrement difficile de produire des majuscules accentuĂ©es sur un ordinateur portable non muni d’un pavĂ© numĂ©rique[12]. L’opĂ©ration est plus facile quand les accents sont indĂ©pendants des lettres, comme l’accent circonflexe, le trĂ©ma, l’accent grave (en AltGr+7) ou le tilde (en AltGr+2) sur le clavier français, ou avec un clavier utilisĂ© avec GNU/Linux, ou encore avec un clavier Macintosh.

Lorsque la clavier français de France a Ă©tĂ© standardisĂ© certaines limitations ont Ă©tĂ© induites : ainsi le caractĂšre « Ɠ » a Ă©tĂ© Ă©ludĂ©, car les imprimantes vendues n'Ă©taient pas dotĂ©es de ce caractĂšre ; de mĂȘme, les caractĂšres majuscules accentuĂ©s ont Ă©tĂ© eux aussi Ă©ludĂ©s[13]. Toutefois, sous Linux ou sous Windows, des logiciels permettent de dĂ©passer ces limites initiales, par diffĂ©rentes approches.

Il n’y a pas de touche morte pour l’accent aigu, car seul le « e » l’emploie[14]. Il suffit donc, en plus de la touche « Ă© », d’une combinaison pour le « É » ; sur Macintosh et GNU/Linux, taper « Ă© » alors que Verrouiller Maj est actif donne « É ». Bien sĂ»r, l’emploi d’une disposition de clavier autre que l’AZERTY et ergonomique, comme la disposition Dvorak ou la disposition bĂ©po, rĂ©sout le problĂšme puisque les lettres accentuĂ©es ne sont pas considĂ©rĂ©es diffĂ©remment des autres lettres de l’alphabet. Sur GNU/Linux, il existe la disposition de clavier « fr-oss » ou « français alternatif », crĂ©Ă©e par Nicolas Mailhot, qui permet la saisie de majuscules accentuĂ©es Ă  l'aide de la touche Verrouiller Maj, mais aussi de caractĂšres comme « Ɠ », « ĂŠ », leurs majuscules, ainsi que les guillemets français « ». Elle peut ĂȘtre installĂ©e sur Windows.

Sur Mac OS X, depuis la version 10.9 nommée Mavericks, un appui long sur une touche du clavier fait apparaßtre un menu local, inspiré d'iOS, permettant de choisir une variation de la lettre normalement attribuée à cette touche. Par exemple, un appui long sur la touche « o » fait apparaßtre les menus suivants (à gauche, sans la touche Shift appuyée, à droite, avec la touche Shift appuyée) :

Menus présentés.

Pour pallier les insuffisances du clavier AZERTY français, Microsoft propose un logiciel nommĂ© MSKLC (Microsoft Keyboard Layout Creator)[15] permettant de crĂ©er ses propres pilotes de clavier[16]. Par ailleurs, le seul clavier fourni avec Windows qui permet d’écrire directement en français (y compris ligatures), sans faire appel Ă  des programmes extĂ©rieurs qui modifient le registre, et qui peuvent ĂȘtre soumis Ă  des droits d’administrateur, est le « clavier canadien multilingue standard », de type QWERTY[17]. Toutefois, il existe dĂ©sormais un logiciel, Portable Keyboard Layout (PKL), fondĂ© sur plusieurs scripts AutoHotkey[18] permettant de changer de disposition de clavier sans avoir Ă  installer les pilotes Windows[19] - [20], et donc sans droits d’administrateur.

Exemples

Des majuscules en capitales et en minuscules

La confusion entre les termes de « majuscule » et de « capitale » est facilitĂ©e par le fait que les majuscules s’écrivent la plupart du temps en capitales. On peut se rendre compte de la diffĂ©rence entre les deux en prenant un exemple ; certains Ă©diteurs prĂ©sentent les titres et les noms d’auteurs de leurs ouvrages en minuscules sur la couverture. C’est le cas des Éditions de Minuit pour un ouvrage comme le Vocabulaire des institutions indo-europĂ©ennes d’Émile Benveniste. La couverture est typographiĂ©e ainsi[21] :

LE SENS COMMUN
Ă©mile benveniste
le vocabulaire
des institutions
indo-européennes
1. économie, parenté, société
LES ÉDITIONS DE MINUIT

On peut dire que le prĂ©nom et le nom de l’auteur sont Ă©crits en minuscules ; leur premiĂšre lettre, cependant, est bien une majuscule : seulement, elle n’est pas en capitale. D’autre part, bien que le nom de l’éditeur soit en capitales, on sait que le É de ÉDITIONS ainsi que le M de MINUIT sont aussi des majuscules.

L'Ă©crivain portugais valter hugo mĂŁe refuse dans ses textes l'emploi de capitales pour noter les majuscules (ce qui explique la graphie de son nom). Son dernier roman s'intitule ainsi a mĂĄquina de fazer espanhĂłis.

On peut également citer e.e. cummings, dont les initiales, ponctuées mais non espacées, sont celles de ses deux prénoms : Edward Estlin. Cummings est célÚbre pour son emploi fort peu orthodoxe des capitales et des rÚgles de ponctuation.

Messagerie Ă©lectronique

Dans la messagerie Ă©lectronique, on Ă©crit en capitales pour indiquer que l’on Ă©lĂšve la voix[22]. De façon plus gĂ©nĂ©rale, cela permet de mettre en Ă©vidence une partie de texte lorsque l’on ne peut techniquement pas utiliser de caractĂšres gras, d’italique, ou d’autres enrichissements visuels.

L’utilisation systĂ©matique des capitales est agressive et contraire Ă  la nĂ©tiquette.

Notes et références

  1. « Certains auteurs voient une diffĂ©rence entre ces deux mots, en indiquant par exemple que dans le mot PAUL le P est la majuscule et les autres lettres sont des capitales. Je rĂ©torque que, pendant le demi-siĂšcle que j’ai travaillĂ© dans l’imprimerie, je n’ai jamais vu appliquer cette diffĂ©rence. C’est une nuance inutile et qui complique les choses. Pour moi, les mots capitale et majuscule sont synonymes. »

    — Ramat 2008, p. 69.

  2. En raison des limitations de certaines applications ou de la police de caractÚres utilisées, ce ne sont pas toujours de véritables petites capitales dessinées, mais souvent des grandes capitales réduites de façon homothétique, réduction qui les font apparaßtre plus maigres que les capitales normales, puisque la graisse est réduite aussi ; on les appelle, dans ce cas, « fausses petites capitales ».
  3. (en-US) « Title Capitalization Tool - Capitalize My Title », sur Title Capitalization Tool - Capitalize My Title (consulté le )
  4. Recommandations de l’AcadĂ©mie française.
  5. Guide du typographe, 6e édition, § 252.
  6. Ramat 2008, référence des correcteurs et réviseurs québécois, mentionne : « On doit mettre tous les accents et les signes diacritiques sur les capitales, excepté sur les signes et les acronymes quand ils sont écrits en capitales. ».
  7. C’est ainsi que procùde le quotidien Le Monde, par exemple.
  8. Petit Larousse, Petit Robert et Dictionnaire Hachette, par exemple.
  9. La section française de l’encyclopĂ©die en ligne WikipĂ©dia, par exemple.
  10. Pages de Jacques Poitou, professeur des universitĂ©s, sur le site de l’universitĂ© de Lyon-2.
  11. Nina Catach, « Accent plat » in Les DĂ©lires de l’orthographe, Plon, 1989, p. 145 (ISBN 2-259-02136-0).
  12. Sur certains portables, il est toutefois possible d’activer un pavĂ© numĂ©rique (chiffres en bleu situĂ©s sur les lettres se trouvant au-dessous des chiffres 789) en appuyant sur les touches Fn+VerrNum. L’utilisateur est alors ramenĂ© au cas des ordinateurs fixes Ă  pavĂ© numĂ©rique.
  13. Réponse du 24 octobre 2014 à la question « Le Clavier Français sous Windows manque-t-il de caractÚres ? », 27 mai 2014, sur answers.microsoft.com/fr, consultée le 28 octobre 2017.
  14. La touche morte accent aigu existe sur les claviers belge, suisse, luxembourgeois et canadien (pays d'expression française).
  15. MSKLC, sur le site de Microsoft.
  16. Exemples de pilotes de clavier : Site Accentuez mon nom - Page Claviers.
  17. Pour les claviers AZERTY, on peut également se référer à ce dossier.
  18. (en) AutoHotkey.
  19. Exemple avec bépo : .
  20. Création de claviers portables sous Windows.
  21. Émile Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-europĂ©ennes, tome 1 : Ă©conomie, parentĂ©, sociĂ©tĂ© ; 1969. Les Éditions de Minuit.
  22. « GRRR – Pourquoi Ă©crit-on en majuscules pour CRIER ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă  l’Imprimerie nationale, Imprimerie nationale, 1990 (ISBN 2-11-081075-0) ; rĂ©Ă©dition 2002 (ISBN 2-7433-0482-0) ; rĂ©impressions octobre 2007 et novembre 2008 (ISBN 978-2-7433-0482-9).
  • Jean-Pierre Colignon, La majuscule, c’est capital !, Paris, Albin Michel, coll. « Les dicos d’or », .
  • Albert Doppagne, Majuscules, abrĂ©viations, symboles et sigles : Pour une toilette parfaite du texte, Bruxelles, De Boeck & Larcier, Duculot, , 4e Ă©d., 96 p. (ISBN 978-2-8041-5646-6).
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