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Tréma

Le tréma ◌̈ est un signe diacritique de l'alphabet latin hérité du tréma grec. Il est formé de deux petits points juxtaposés.

tréma
◌̈ ¨
Graphies
Graphie ◌̈ (diacritique)
¨ (symbole ASCII)
Codage
Unicode U+0308 (diacritique)
U+00A8 (symbole ASCII)

Le tréma est parfois le même signe graphique que l’umlaut allemand, bien que sa signification et son origine soient différentes.

Histoire

L'emploi du tréma commence, de manière très flottante et assez rarement, dans les langues occidentales à partir du XIIe siècle dans des manuscrits en anglo-normand. Il se trace comme un double accent aigu (redoublement d'un apex). Il faut attendre l'imprimerie pour que son usage se généralise et commence à se codifier à partir du XVIe siècle, époque à laquelle on a copié les usages grecs (cf. Diacritiques de l'alphabet grec). Il semble que ce soit John Palsgrave qui, le premier, l'ait introduit en français vers 1530, à moins qu'il ne s'agisse de Jacobus Sylvius[1]. Dès le milieu du XVIe siècle, on commence à le rencontrer fréquemment, comme l'atteste en 1549 le Dictionnaire Français-Latin de Robert Estienne qui le dénomme pour la première fois[2].

Utilisation dans les langues à écriture latine

En français

En français, le tréma peut se placer sur les voyelles e , i , u (et y dans des noms propres) pour indiquer, normalement, que la voyelle qui précède doit être prononcée séparément et ne fait pas partie d'un digramme. Par exemple, « maïs » se prononce [mais] (ma-isse) et non pas [mɛ] (comme « mais »). Avec la réforme de l'orthographe de 1990, la signification du tréma évolue et indiquerait plutôt que c'est la lettre sous le tréma qui doit être prononcée séparément (« ambiguë » devient « ambigüe »). Le tréma apparaît également dans des noms communs d'origine étrangère mais considérés comme introduits en français : Länder (pluriel du mot allemand Land) ou ångström.

Le tréma est placé après l’accent circonflexe dans l’ordre alphabétique.

Le tréma est placé à droite du « p » sur les claviers AZERTY et CSA (avec touche majuscule), et à droite du « è » sur les claviers QWERTZ utilisés en Suisse.

Il n'existe pas de nom commun contenant ÿ . Il apparaît par contre dans plusieurs noms propres :

En albanais

Dans l'alphabet albanais, la lettre ë [ə] est indépendante. Elle est placée après la lettre e .

En basque

Le dialecte souletin, parlé dans le pays de Soule, possède la sixième voyelle, ü [y], laquelle est soit une évolution locale de u , soit une assimilation de i (cf. basque standard du > souletin , et basque standard ditu > souletin dütü).

En catalan

En catalan, le tréma (la dièresi) a deux fonctions. Il est utilisé dans les syllabes güe, güi, qüe, qüi pour remarquer que le u est prononcé, par exemple : aigües ['ajgwəs] (eaux) ou qüestió [kwəsti'o] (question).

Il est aussi employé, comme en français, sur le i ou le u pour remarquer que ces voyelles ne forment pas de diphthongue avec la voyelle précédente. Par exemple, veïna [bə'inə] (voisine) ou diürn [di'urn] (diurne).

En suédois et finnois

Dans les alphabets suédois et finnois, ä et ö sont des lettres indépendantes. Elles sont placées à la fin de l'alphabet, après z et å , et ont la même origine que le ä et le ö allemands, qui ne sont cependant pas des lettres indépendantes. Voir aussi å.

En espagnol

En espagnol courant, le tréma ne s'emploie que sur u afin d'indiquer que cette lettre doit être prononcée lorsqu'elle apparaît dans les groupes güi (lingüística [liŋˈgwistika]) et güe (agüero [aˈɰweɾo]). En espagnol ancien, le tréma jouait le même rôle dans d'autres groupes tels que qüa, qüe et qüi, pour transcrire les groupes [kwa], [kwe] et [kwi] qui ne sont actuellement écrits que 'cua', 'cue' et 'cui' respectivement (quando).

Un troisième cas est celui de la poétique, où l'on peut écrire un tréma sur la première de deux voyelles afin de détruire le diphthongue résultant et en créer ainsi un hiatus : süave [su.ˈa.βe] non [ˈswa.βe]. C'est ce que l'on appelle en français la diérèse (dialefa en espagnol). Il est à noter que, à différence du français, le tréma espagnol doit toujours être placé sur la première des deux voyelles.

En hongrois

En hongrois, ö et ü sont des lettres indépendantes, placées après le ó et le ú .

Le tréma hongrois permet en fait de passer d'une voyelle dite « grave » ou « profonde » (formée avec tout le volume de la bouche et résonnant dans la gorge) à une voyelle « aigüe » (formée avec un volume buccal restreint par la langue et résonnant dans le fond de la bouche).

Le son o (comme dans « bateau ») devient ainsi ö (« eu », comme dans « feu ») et le son u (« ou », comme dans « cou ») devient ü (u, comme dans « rue »).

Le tréma long hongrois est par ailleurs une simple modification de la longueur du son. Ainsi, le ö long est ő et le ü long est ű . Ce sont également des lettres à part entière de l'alphabet hongrois (voir double accent aigu).

Langues océaniennes

Le tréma est utilisé par les linguistes dans certaines langues du Vanuatu telles que l'araki et le mavea, pour représenter les consonnes linguo-labiales : [n̼], [t̼], [ð̼].

Il est utilisé en tahitien pour noter la particule de rappel ïa.

Utilisation dans les langues à écriture cyrillique

En russe

Le russe utilise le tréma sur la lettre е pour noter le son [jo] accentué. On aura ainsi все (« tous ») et всё (« tout »). La lettre ё apparaît généralement en remplacement d'une lettre е ou о sous l'accent, par exemple весёлый (« gai ») à mettre en regard avec весело (« gaiement »). Toutefois, cette distinction apparaît rarement hors des ouvrages destinés à l'enseignement : on écrira ainsi indifféremment все ou всё, à charge au lecteur de faire la distinction à l'oral. La lettre ё note aussi parfois les sons [ø] et [œ] dans la transcription de mots étrangers : гримёр (« maquilleur », du français « grimeur ») et серьёзный (« sérieux »).

En ukrainien

L'ukrainien ne connaît pas le ё russe, mais utilise le tréma pour distinguer ї [ji] de і [i].

Représentations informatiques

Comment taper sur le clavier azerty utilisé en France et le clavier canadien multilingue standard utilisé au Canada :[3]
Tréma minuscule Tréma majuscule
Avec les touches du clavier sans alt Avec la touche alt et le pavé numérique Avec les touches du clavier sans alt Avec la touche alt et le pavé numérique
Clavier azerty
  • Appuyez sur la touche Maj. (Shift) et maintenez la enfoncée
  • Appuyez sur la touche ^ et maintenez-la enfoncée
  • Relâchez les touches
  • Appuyez ensuite sur la touche a, e , i , o, u = ä, ë, ï, ö, ü
Avec la touche alt maintenue appuyée, composez la suite des chiffres suivants puis relâcher :
  • Alt + 0228 pour ä
  • Alt + 0235 pour ë
  • Alt + 0239 pour ï
  • Alt + 0246 pour ö
  • Alt + 0252 pour ü
  • Appuyez sur la touche Maj. (Shift) et maintenez-la enfoncée
  • Ensuite, appuyez sur la touche ^ et maintenez-la enfoncée
  • Appuyez sur la touche a, e , i , o, u = Ä, Ë, Ï, Ö, Ü
Avec la touche alt maintenue appuyée, composez la suite des chiffres puis relâcher :
  • Alt + 0196 pour Ä
  • Alt + 0203 pour Ë
  • Alt + 0207 pour Ï
  • Alt + 0214 pour Ö
  • Alt + 0220 pour Ü
Clavier qwerty
  • Appuyez sur la touche Maj. (Shift) et maintenez-la enfoncée
  • Appuyez sur la touche où se trouve la cédille ¸ et ¨ , maintenez-la enfoncée
  • Relâchez les touches
  • Appuyez ensuite sur la touche a, e , i , o, u = ä, ë, ï, ö, ü ï
  • Activer le verrouillage des majuscules en appuyant une fois sur la touche verr.maj./caps lock
  • Appuyez sur la touche Maj. (Shift) et maintenez la enfoncée
  • Appuyez sur la touche où se trouve la cédille ¸ et ¨ , maintenez-la enfoncée
  • Relâchez ensuite les deux touches
  • Appuyez sur la touche a, e , i , o, u = Ä, Ë, Ï, Ö, Ü

Notes et références

  1. Jean-Pierre Colin, Le français. Tout simplement !, Éditions Eyrolles, , p. 239
  2. Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française des origines à 1900, A. Colin, , p. 123
  3. « Faire le e tréma majuscule (Ë) et minuscule (ë) avec son clavier »

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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