Usage des majuscules en français
Lâusage des majuscules en français est encadrĂ© par des conventions orthographiques et typographiques. Il en dĂ©coule que le non-respect de celles-ci, par l'usage incorrect d'une minuscule ou d'une majuscule, peut ĂȘtre une faute d'orthographe. Pour certains auteurs, qui font la diffĂ©rence entre capitale et majuscule, celle-ci n'est pas rĂ©gie par ces conventions. En français, une majuscule est un repĂšre visuel qui facilite la lecture d'un texte.
RÚgles générales
Principes
Traditionnellement, la majuscule ne peut ĂȘtre que la premiĂšre lettre d'un mot[1], sauf dans le cas de noms composĂ©s (Pays-Bas, le TrĂšs-Haut).
En outre, si la premiĂšre lettre est ligaturĂ©e, alors toute la ligature est en capitale (Ćuvre).
Le fait que la premiÚre lettre d'un mot soit une majuscule ou une minuscule dépend de la nature du mot et de sa place dans la phrase ou dans le texte.
Accentuation des majuscules et des capitales
En français, selon l'avis de l'AcadĂ©mie française, « l'accent a pleine valeur orthographique[2] ». Celle-ci recommande donc l'usage d'accent ou trĂ©ma sur une majuscule, tout comme l'utilisation de la cĂ©dille et de la ligature. Si beaucoup de publications Ă©crivent les majuscules (tout comme les capitales) avec les accents et autres signes diacritiques, au mĂȘme titre que les minuscules, nombre d'Ă©diteurs (Grasset, Actes Sud, etc.), d'organes de presse (voir Le Monde, LibĂ©ration, etc.) ou de services officiels (voir le Journal officiel de la RĂ©publique française[3]) s'en dispensent en suivant la tradition typographique (cf. ci-dessous).
- Par exemple, on trouve Ă©crit en rĂšgle gĂ©nĂ©rale Ătat, mais Etat dans d'autres publications françaises.
Au QuĂ©bec, « On doit mettre tous les accents et tous les signes diacritiques sur les capitales, exceptĂ© sur les sigles et les acronymes quand ils sont Ă©crits en capitales[4] ». Selon l'Ă©dition 2015 du Guide du typographe : « Traditionnellement, en Suisse romande notamment, l'initiale capitale d'un mot composĂ© en minuscules n'Ă©tait pas accentuĂ©e (Emile). Il en Ă©tait de mĂȘme d'une majuscule isolĂ©e (A ce moment-lĂ ) »[5].
Les signes diacritiques et ligatures restent reproduits par les éditeurs de publications académiques et dictionnaires[6].
Historique
La pratique de l'accentuation a connu une Ă©volution dans la langue française. Elle existe Ă la fin du Moyen Ăge et se normalise tardivement. DĂšs les dĂ©buts de l'imprimerie, les imprimeurs s'efforcent de graver et reproduire les signes diacritiques tels qu'ils apparaissent dans les manuscrits. La bible de Gutenberg les reproduit dĂ©jĂ et la question est rĂ©glĂ©e dĂšs les annĂ©es 1470 pour les alphabets plus compliquĂ©s comme l'alphabet grec.
La pratique tendant Ă ne pas indiquer les accents sur les majuscules et les capitales trouve sa source dans l'utilisation de caractĂšres de plomb Ă taille fixe en imprimerie. La hauteur d'une capitale accentuĂ©e Ă©tant supĂ©rieure, la solution Ă©tait alors soit de graver des caractĂšres spĂ©ciaux pour les capitales accentuĂ©es en diminuant la hauteur de la lettre, soit de mettre l'accent aprĂšs la lettre, soit simplement de ne pas mettre l'accent[7]. Les machines Ă composer Ă©tant d'origine anglo-saxonne (Monotype, Linotype), il n'Ă©tait pas prĂ©vu de mettre des accents sur les capitales. En revanche, en composition manuelle, il existait des capitales accentuĂ©es avec un accent en crĂ©nage dĂ©bordant du corps du caractĂšre. Il existait aussi â dans les gros corps â des « accents postiches » qui pouvaient ĂȘtre placĂ©s, dans l'interligne, au-dessus des capitales.
Claviers physiques et logiciels en informatique
Les systĂšmes informatiques et certains claviers dâusage national laissent subsister des problĂšmes. Par exemple, sur le clavier AZERTY fourni avec Microsoft Windows pour la France, lâaccent aigu est associĂ© Ă sa lettre (Ă©) et nâa pas, comme lâaccent grave, de touche morte. La raison est que sur cette disposition de clavier, les touches mortes âčâŻaccent graveâŻâș et âčâŻtildeâŻâș ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es par dĂ©tournement de caractĂšres informatiques⯠; or, aux dĂ©buts de lâinformatique, le caractĂšre associĂ© Ă lâaccent aigu fut le guillemet simple gĂ©nĂ©rique « ' », utilisĂ© pour reprĂ©senter lâapostrophe en français. Sur cette disposition de clavier sous Windows, lâ« à » ne peut ĂȘtre saisi quâĂ lâaide du pavĂ© numĂ©rique ; Alt+144, ou Alt+0201. Dâautres solutions, comme la table des caractĂšres et le clavier virtuel, sont accessibles dans le systĂšme ou dans certains logiciels. Un raccourci clavier existe dans Microsoft Word : Ctrl+', E. Pour une utilisation universelle, des raccourcis peuvent ĂȘtre ajoutĂ©s via un utilitaire spĂ©cialisĂ©, notamment Clavier+[8]. Avec un clavier sous GNU/Linux ou avec un clavier Macintosh, lâ« à » est accessible par Maj + AltGr + Ă©, et pendant que les capitales sont verrouillĂ©es.
Ă | Ă | Ă | Ă | Ă | Ă | Ă |
---|---|---|---|---|---|---|
Sous GNU/Linux (pour une configuration sous Debian Strech, avec sélection du clavier français (variante)). | ||||||
Maj + à | Maj + AltGr + z | Maj + AltGr + a | Maj + ç | Maj + Ú | Maj + é | Maj + AltGr + r |
Sous Macintosh | ||||||
`, Maj + a | ^, Maj + a | Alt + Maj + a | Alt + ç | `, Maj + e | Maj + Alt + &, Maj + e | ^, Maj + e |
Sous Microsoft Windows | ||||||
Alt + 0192 `, Maj + a | ^, Maj + a | Alt + 0198 | Alt + 0199 | Alt + 0200 `, Maj + e | Alt + 0201 | Alt + 0202 ^, Maj + e |
Ă | Ă | Ă | Ă | Ć | Ă | Ćž |
---|---|---|---|---|---|---|
Sous GNU/Linux (pour une configuration sous Debian Strech, avec sélection du clavier français (variante)). | ||||||
Maj + AltGr+d | Maj + AltGr + k | Maj + AltGr + i | Maj + AltGr + p | Maj + AltGr + o | Maj + AltGr + Ăč | Maj + AltGr + y |
Sous Macintosh | ||||||
š, Maj + e | š, Maj + i | ^, Maj + i | ^, Maj + o | Alt + Maj + o | Alt + Ăč | š, Maj + y |
Sous Microsoft Windows | ||||||
Alt + 0203 š, Maj + e | š, Maj + i | Alt + 0206 ^, Maj + i | Alt + 0212 ^, Maj + o | Alt + 0140 | Alt + 0217 `, Maj + u | Alt + 0159 š, Maj + y |
Si la touche morte pour lâaccent aigu nâexiste pas sur le clavier AZERTY français, elle est en revanche prĂ©sente sur le clavier AZERTY belge, le clavier QWERTY canadien et le clavier QWERTZ suisse. Le clavier « canadien français » a des touches mortes pour tous les accents ainsi que la capitale de lâĂ en Maj de sa minuscule. Le seul pilote de clavier fourni par Microsoft avec Windows qui permette dâĂ©crire directement en français (y compris les ligatures), est le clavier canadien multilingue standard, de type QWERTY, quâil suffit dâactiver via la Barre des langues de Windows[alpha 1]. Dans l'environnement X Window (utilisĂ© par GNU/Linux, BSD et autres systĂšmes apparentĂ©s Ă UNIX), l'utilisation de la touche de composition permet l'obtention des majuscules accentuĂ©es.
D'autre part, la disposition bĂ©po[9], disponible en standard sur les distributions rĂ©centes de Linux, et tĂ©lĂ©chargeable pour la plupart des autres systĂšmes, permet de faire aisĂ©ment tous les caractĂšres de la langue française (y compris les ligatures e dans lâo et e dans lâa, et les guillemets français «âŻâŠâŻÂ»). Il possĂšde en particulier les lettres Ă, Ă, Ă, Ă (et Ă pour les claviers de 105 touches) en accĂšs direct.
La possibilitĂ© de plus en plus grande offerte par les systĂšmes d'exploitation de changer Ă sa guise de disposition de clavier, ajoutĂ©e au dĂ©veloppement dâUnicode dĂ©sormais implĂ©mentĂ© dans tous les systĂšmes, estompe actuellement ces difficultĂ©s. En effet, pour pallier les insuffisances des dispositions de clavier proposĂ©es avec Windows (et Ă lâorigine, pour aider les agents de la NSA Ă transcrire dans des langues tenues secrĂštes[10]), Microsoft propose un logiciel nommĂ© MSKLC (Microsoft Keyboard Layout Creator)[11] qui permet de crĂ©er ses propres pilotes de clavier[alpha 2] et ajoute les installateurs nĂ©cessaires. Toutefois, cette installation de pilotes de claviers supplĂ©mentaires (jusquâĂ 60 par machine) nĂ©cessite de disposer de droits dâadministrateur. Ces derniers peuvent ĂȘtre Ă©ludĂ©s en installant sur tout poste le logiciel Portable Keyboard Layout (PKL), basĂ© sur plusieurs scripts AutoHotkey[12] permettant un fonctionnement des touches en surcouche, indĂ©pendamment du pilote Windows dĂ©jĂ installĂ©[13].
Attribution de la majuscule en fonction de la place du mot
Les majuscules s'utilisent :
- au premier mot d'un texte ;
- au premier mot d'un alinéa : c'est notamment traditionnellement le cas en poésie au début de chaque vers ; dans le cas d'une phrase divisée en alinéas, cette rÚgle n'est plus toujours respectée aujourd'hui ;
- au premier mot suivant un point (également aprÚs le point d'interrogation, le point d'exclamation et les points de suspension, uniquement quand ils équivalent à un point, c'est-à -dire qu'ils achÚvent la phrase[14], sauf aprÚs un point abréviatif ;
- au premier mot d'une phrase citée, sauf si la citation est intégrée dans une autre phrase, notamment si elle ne forme pas grammaticalement une phrase, une minuscule étant alors utilisée[15].
Quand la majuscule est due à la place du mot, elle ne se place qu'à la premiÚre lettre d'un nom composé dont les éléments sont reliés par des traits d'union. Exemple : « Avant-hier, je me suis couché tard. »
Attribution de la majuscule en fonction de la nature du mot
RÚgles générales d'attribution
Les majuscules s'utilisent :
- pour les noms propres de personnes (Jean Dupont, le marquis de Sade), d'institutions (la ComĂ©die-Française), de navires (le Tonnant), de marques commerciales et de modĂšles d'objets (la Caravelle, la Coccinelle), de lieux (Berlin, le mont Blanc, ocĂ©an Atlantique, les Tropiques), d'objets astronomiques (la Terre, la Voie lactĂ©e, Mars), de pĂ©riodes (le PliocĂšne, le CarĂȘme, la Restauration), des idĂ©es divinisĂ©es (la Fortune, la LibertĂ©) ;
- pour les surnoms (Jack l'Ăventreur, l'Ătrangleur de Boston) ;
- pour indiquer le sens particulier d'un mot (Ă©tat et Ătat, la toile et la Toile (le web)) ;
- pour certains mots comme marque de déférence (ainsi, certains auteurs mettent la majuscule aux possessifs et aux pronoms personnels se rapportant à Dieuo_18-0">[16]) ;
- pour les noms des objets étudiés dans la terminologie scientifique ;
- pour distinguer des unités lexicales constituées d'une seule lettre[17].
Quand la majuscule est due à la nature du mot, elle se place à la premiÚre lettre d'un nom composé dont les éléments sont reliés par des traits d'union, ainsi qu'aux premiÚres lettres de tous les substantifs, adjectifs et verbes formant ce nom composé. Exemples : le TrÚs-Haut, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, Saint-Jacques-de-Compostelle ou la rue du Cherche-Midi.
De nom propre
Certains noms propres sont devenus des noms communs. Le processus s'appelle antonomase. Dans ce cas, ils perdent la majuscule, sauf si le rapport avec la valeur primitive est toujours perceptible. Ainsi, les appellations génériques de certains vins ou fromages sont des noms communs, alors qu'elles viennent de noms de région ou de ville. Par exemple, on écrit un bordeaux pour désigner un vin de Bordeaux et un cantal pour désigner un fromage du Cantal. Des noms de personnes sont également touchés par le phénomÚne de l'antonomase : un browning désigne une arme inventée par Browning. En revanche, on écrira un Van Dyck pour un tableau peint par Van Dycko_20-0">[18].
De nom commun
Le procĂ©dĂ© dâantonomase inverse consiste Ă transformer un nom commun en un nom propre pour dĂ©signer une rĂ©alitĂ© ou une personne en particulier, et non plus seulement la chose gĂ©nĂ©rale dĂ©finie par le nom commun. Ce nom propre, mis Ă la place de ce qu'il dĂ©signe dans la phrase, peut ĂȘtre composĂ© (voir ci-dessous les rĂšgles qui leur sont propres). Le mot prend alors la valeur dâun nom propre, y compris pour l'usage de la majuscule. Câest, par exemple, le cas de « Ătat » et « Homme ».
Un « Ă©tat » est une maniĂšre dâĂȘtre. LâautoritĂ© qui gouverne un territoire est lâ« Ătat ». En revanche, le mot « Ă©tats » au sens d'« assemblĂ©e provinciale chargĂ©e de voter l'impĂŽt en dehors des pays d'Ă©lection » garde une minuscule (les Ă©tats de Bourgogne, les Ă©tats du Languedoc) :
- l'Ătat français ;
- un coup d'Ătat[19] ;
- une voiture en bon Ă©tat.
En science, on met une majuscule à « homme[20] » lorsque celui-ci dĂ©signe lâensemble du genre Homo, mammifĂšre de lâordre des Primates :
- lâhomme de Cro-Magnon ;
- les droits de lâhomme ne concernent quâune partie du genre Homo ;
- les origines de lâHomme dĂ©signent les origines du genre Homo[21].
Autres exemples :
- le Général (désignant le général Charles de Gaulle ou le général de Gaulle) ;
- la Pucelle (désignant Jeanne d'Arc) ;
- l'Empereur (désignant Napoléon Bonaparte) ;
- l'ĂlysĂ©e (dĂ©signant la rĂ©sidence du prĂ©sident de la RĂ©publique française) ;
- Monsieur le Prince (désignant Henri-Jules de Bourbon-Condé, prince de Condé) ;
- Monsieur le Duc (désignant le duc d'Enghien, fils aßné du prince de Condé) ;
- monsieur le Grand (désignant le grand écuyer, grand officier de la couronne responsable des grandes écuries) ;
- monsieur le Premier (désignant le premier écuyer, grand officier de la couronne responsable des petites écuries).
Au théùtre ou à l'opéra, lorsqu'un protagoniste n'est pas désigné par son nom, et n'est connu que par sa fonction, il prend la majuscule s'il désigne une personne unique dans la distribution, par exemple le Jardinier, le Soldat, la Fée, mais un garde, une fée.
Noms composés
La majuscule est utilisĂ©e pour le premier mot d'un nom composĂ© comme le requiert la rĂšgle gĂ©nĂ©rale et pour les mots qui, Ă lâintĂ©rieur dâun nom composĂ©, requiĂšrent en eux-mĂȘmes la majuscule :
- Afrique du Sud ;
- Stade français Paris rugby ;
- Section française de lâInternationale ouvriĂšre (SFIO), parce que lâexpression Internationale ouvriĂšre employĂ©e seule requiert une majuscule ;
- Organisation des Nations unies (« Nation » ayant ici en fait le sens de « Ătat »).
L'adjectif d'un nom composé ne prend de majuscule que dans les cas suivants :
- sâil est placĂ© devant le mot quâil dĂ©termine et que ce dernier porte une majuscule :
- sâil est liĂ© par un trait dâunion au mot quâil qualifie, auquel cas il constitue en rĂ©alitĂ© une seule unitĂ© lexicale, et que ce mot porte une majuscule :
- le massif du Mont-Blanc ;
- sâil est le seul Ă©lĂ©ment de caractĂ©risation dâun nom de lieu unique (Ă©lĂ©ments gĂ©ographiques, hydrographiques, monuments, etc.) :
- aiguille (mont) : lâaiguille Verte ;
- autoroute : lâautoroute Blanche[alpha 3] ;
- cap : le cap Corse, le cap Vert ;
- champs : les champs Catalauniques ;
- chapelle : la chapelle Sixtine ;
- causse : le causse Noir ;
- colonne : la colonne Trajane ;
- cordillĂšre : la cordillĂšre Cantabrique ;
- désert : le désert Libyque ;
- fleuve : le fleuve Jaune, le fleuve Rouge ;
- golfe : le golfe Persique ;
- Ăźle : lâĂźle Longue, les Ăźles Britanniques ;
- lac : le lac Majeur, le lac Supérieur ;
- mer : la mer Cantabrique, la mer Morte ;
- mont, montagne : le mont Blanc, les monts Cantabriques, la montagne Pelée, les montagnes Rocheuses ;
- ocĂ©an : lâocĂ©an Indien ;
- ordre (de chevalerie) : lâordre Teutonique ;
- péninsule : la péninsule Ibérique[alpha 4] - [alpha 5] - [alpha 6] ;
- pertuis : le pertuis Breton ;
- pont : le pont Neuf ;
- place : la place Ducale, la place Rouge ;
- riviÚre : la riviÚre Rouge, la riviÚre Salée ;
- roche, rocher : la roche Tarpéienne ; le rocher Percé ;
- rue : la rue Blanche, la rue Haute ;
- tour : la tour Initiale ;
- vallée : la vallée des Chapieux ;
- voie : la voie Appienne.
Cette convention souffre des exceptions :
- massif : le Massif armoricain et le Massif central ;
- bassin : le Bassin parisien, le Bassin aquitain, mais le bassin d'Aquitaine ;
- bocage : le Bocage normand ;
- cordillĂšre : la CordillĂšre Centrale, mais la cordillĂšre des Andes ;
- cĂŽtes : les CĂŽtes lorraines ;
- montagne : la Montagne noire, Les Montagnes bleues ;
- pays : le Pays basque ;
- plateau : le Plateau central ;
- région : la Région parisienne (région économique), mais la région parisienne (région de Paris).
Elle suit les diffĂ©rences entre les conventions sur les noms composĂ©s. Par exemple, en Suisse romande, lâusage est de lier par un trait dâunion l'adjectif aux mots « mont, aiguille, bec, cime, dent, pierre, pointe, rocher, tĂȘte, tour » alors qu'en France, l'usage est de ne pas utiliser le trait d'union. Ces usages donnent, par exemple :
- le Mont-Blanc, en français de Suisse romande[22] ;
- le mont Blanc, en français de France.
Institutions et organismes d'Ătat
Il existe plusieurs conventions d'usage des majuscules pour les noms des institutions françaises.
Dans la plupart des ouvrages scientifiques, ces noms sâĂ©crivent sans majuscule pour les institutions qui ne sont pas uniques mais avec une majuscule au premier mot de lâentitĂ© pour les institutions qui ont un caractĂšre unique :
- le conseil régional de Bretagne, parce qu'il existe un conseil régional dans chaque région ;
- la cour d'appel de Paris, parce qu'il existe plusieurs cours dâappel ;
- la Cour de cassation, parce qu'il nâen existe quâune ;
- le Conseil dâĂtat, le SĂ©nat ou la Bourse, quand il sâagit de celui, unique, propre Ă un pays.
Le Journal officiel de la RĂ©publique française (JORF) utilise peu de majuscules : « directeur » et non « Directeur » (mais « Direction », « Premier ministre », « Conseil d'Etat », « Haute Autorité⊠», « Haut Conseil⊠», etc.[alpha 7]) et Ă©crit le titre d'un ministre ou le nom d'un ministĂšre entiĂšrement en minuscules : « ministre des affaires Ă©trangĂšres et du dĂ©veloppement international », « ministĂšre de la dĂ©fense »[23] (mais Ă©crit « Etat » avec une majuscule non accentuĂ©e[alpha 7], contrairement aux rĂšgles de la langue), au contraire du portail du Gouvernement, qui met une voire plusieurs majuscules : « secrĂ©taire dâĂtat chargĂ© des Anciens Combattants et de la MĂ©moire, auprĂšs du ministre de la DĂ©fense », « ministre des Affaires Ă©trangĂšres et du DĂ©veloppement international »[24].
Un moyen couramment utilisĂ© dans la presse est de faire suivre de telles appellations par leur sigle entre parenthĂšses afin dâen marquer la fin : « le Parti socialiste (PS), la Banque centrale europĂ©enne (BCE), la SociĂ©tĂ© nationale des chemins de fer français (SNCF), lâUnion europĂ©enne (UE) ».
Ces conventions ne sont cependant pas suivies par tous les Ă©diteurs. Lâusage commercial[25] consiste Ă mettre une majuscule sur chaque mot autre qu'un mot de liaison.
Marques commerciales
L'usage des majuscules pour les noms de marques commerciales qui ne sont pas utilisĂ©es comme noms communs est celui des noms propres. Il en est de mĂȘme pour les noms de sociĂ©tĂ©s, de compagnies, de clubs, de firmes, d'associations (commerciales, industrielles, sportives, etc.)
Pour les marques utilisées comme nom commun, cet usage n'est pas une rÚgle. C'est par exemple le cas de Kleenex, Klaxon, Frigidaire, Frigo, Scotch ou Rimmel lorsqu'ils font référence à « mouchoir en papier », « avertisseur », « réfrigérateur », « ruban adhésif » et « fard à cils ». En effet, l'usage de la majuscule se retrouve dans les dictionnaires Larousse et Universalis, dans Le Ramat de la typographie (québécois)[alpha 8] et dans le Lexique alors qu'il n'en est pas fait état dans des ouvrages tels que Le Petit Robert, le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), et le Guide du typographe.
Langues
Les noms et adjectifs dĂ©signant une langue ou le locuteur d'une langue ne prennent pas de majuscule. Le locuteur d'une langue (un francophone, par exemple) ne doit pas ĂȘtre confondu avec le gentilĂ© (un Français, par exemple). Cela permet, dans certains cas, une meilleure comprĂ©hension ; ainsi, « Le Français (un gentilĂ©) est compliquĂ© » ne veut pas dire la mĂȘme chose que « Le français (la langue) est compliquĂ© ». Ces distinctions apparaissent dans les exemples suivants :
- on y perd son latin, c'est du chinois ;
- la langue chinoise et les écrits tibétains ;
- le latin a donné les langues romanes ;
- un anglophone, un francophone ;
- certains Français ne parlent pas français ;
- certains Belges ou Canadiens sont francophones ;
- les Anglais ne parlent pas le mĂȘme anglais que les AmĂ©ricains ;
- certains Yougoslaves parlent le serbo-croate.
Pays et noms de régime
Les conventions typographiques sur lâusage des majuscules pour les dĂ©nominations dĂ©signant le rĂ©gime politique dâun pays ou dâune zone gĂ©ographique â telles que : empire, fĂ©dĂ©ration, pays, principautĂ©, province, rĂ©publique, royaume, etc. (termes gĂ©nĂ©riques) â peuvent varier selon lâusage suivi.
Usage traditionnel
Lâusage traditionnel est celui qui est notamment prĂ©conisĂ© dans plusieurs guides typographiques dont notamment le Lexique[26], le Code typographiques.v.''_Noms_gĂ©ographiques_et_historiques_35-0">[27], le MĂ©mento typographiques.v.''_RĂ©gime_36-0">[28] ou le Dictionnaire des rĂšgles typographiquess.v.''_Pays_37-0">[29].
Dans ce cadre, les dénominations de pays ou de zone géographique prennent une majuscule initiale s'ils sont immédiatement suivis d'un nom commun (terme spécifique ou complément du nom générique) ou encore d'un ou de plusieurs adjectifs (eux aussi termes spécifiques) :
- l'Empire romain ;
- la Confédération suisse ;
- la Fédération russe ;
- le Pays gallois ;
- la Principauté andorrane ;
- la Province romaine ;
- la République française ;
- la RĂ©publique arabe unie ;
- la République démocratique du Vietnam ;
- le Royaume franc ;
- la RĂ©publique argentine[alpha 9] ;
- l'Union des républiques socialistes soviétiques.
En revanche, le mĂȘme type de dĂ©nomination conserve la minuscule au terme gĂ©nĂ©rique lorsqu'il est immĂ©diatement suivi d'un nom propre complĂ©ment (du gĂ©nĂ©rique) :
- l'empire de Charlemagne ;
- la fédération de Russie ;
- le grand-duché de Luxembourg ;
- le pays de Galles ;
- la principauté de Monaco ;
- la province de Narbonne dite Narbonnaise (en Gaule romaine) ;
- la république d'Italie ;
- le royaume de Belgique ;
- le royaume des Francs.
Le terme générique garde sa minuscule si le nom composé ne représente pas une entité unique, plus facile à définir avec un article indéfini surtout au pluriel :
- les empires d'Orient et d'Occident ;
- les pays européens ;
- des provinces romaines ;
- des royaumes francs ;
- Jules CĂ©sar dirige l'Empire ;
- un empire est dirigé par un empereur.
Dans les dénominations utilisant un trait d'union, les noms et/ou adjectifs faisant partie du spécifique, prennent une majuscule :
- le Royaume-Uni est appelé officiellement Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ;
- la Haute-Volta ;
- les Ătats-Unis en AmĂ©rique du Nord.
UtilisĂ©s seuls, les diffĂ©rents gĂ©nĂ©riques se voient appliquer la rĂšgle de lâantonomase inverse suivant le sens :
- la RĂ©publique nous appelle ;
- une république n'est pas dirigée par un roi ;
- allons enfants de la Patrie ;
- tout homme aime sa patrie.
Usage simplifié
Un usage simplifiĂ©, recommandĂ© par la division francophone du Groupe d'experts des Nations unies pour les noms gĂ©ographiques[30] (GENUNG), la diplomatie et le gouvernement français selon lâarrĂȘtĂ© français du 4 novembre 1993, lâAcadĂ©mie française[31], ou lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française[32], et utilisĂ© par certains groupes de presses comme Le Monde[33], prĂ©conise de capitaliser le nom propre et de toujours capitaliser le nom gĂ©nĂ©rique pour les noms de pays, en particulier les noms officiels :
- la Fédération de Russie ;
- le Grand-Duché de Luxembourg ;
- la RĂ©publique arabe unie ;
- la République démocratique du Congo ;
- la République française ;
- le Royaume de Belgique.
PĂ©riodes importantes
Dans une dénomination désignant un événement historique, on met une minuscule au nom générique et une majuscule au nom spécifique :
- la monarchie de Juillet ;
- la croisade des Albigeois ;
- la guerre du Golfe ;
- la guerre de Cent Ans.
Lorsquâil nây a pas de nom spĂ©cifique dans la dĂ©nomination historique, le gĂ©nĂ©rique prend la majuscule (ainsi que le ou les adjectif(s) qui le prĂ©cĂšde Ă©ventuellement, mais pas le ou les adjectifs qui le suit)[34] :
- l'Antiquité ;
- le Moyen Ăge ; jusqu'en 1986 l'AcadĂ©mie Ă©crit moyen Ăąge (Grevisse 1964, § 170 et Grevisse 1986, § 108 b, Grevisse 2011, § 99 b et R18)[35] ;
- le Haut Moyen Ăge ;
- le TrĂšs Haut Moyen Ăge ;
- le Moyen Ăge occidental ;
- la Renaissance ;
- la Belle Ăpoque ;
- lâAncien RĂ©gime ;
- la PremiĂšre Guerre mondiale ;
- la TroisiĂšme RĂ©publique.
Les divisions géologiques (Úres, périodes, étages) et archéologiques prennent une capitale[34] :
- le NĂ©olithique ;
- le Secondaire ;
- le Crétacé ;
- le Turonien supérieur.
Par contre, les mouvements littéraires (ou philosophiques) et les courants artistiques prennent la minuscule, car ils ne sont pas considérés comme des événements historiques :
- Mouvements littéraires :
- le classicisme ;
- le romantisme ;
- le surréalisme.
- Mouvements philosophiques :
- le pythagorisme ;
- le stoĂŻcisme.
- Courants artistiques :
- le baroque ;
- le cubisme ;
- le rococo ;
- lâimpressionnisme.
On emploie une majuscule au premier substantif de la dĂ©nomination des grandes manifestations d'ordre artistique, commercial, sportif, etc., ainsi quâĂ l'adjectif qui le prĂ©cĂšde, mais pas Ă celui qui le suit.
- le Carnaval de Rio ;
- le Salon du livre de Paris ;
- le Grand Prix de Paris ;
- les Jeux olympiques.
Gentilés, membres de dynastie
L'usage gĂ©nĂ©ral considĂšre que les gentilĂ©s (noms des habitants dâun lieu, dâune rĂ©gion, dâune province, dâun pays, dâun continent), les identitĂ©s nationales ou ethniques[36] et les membres de dynastie constituent des noms propres, qui prennent une majuscule[37] :
- les Toulousains et les Palois d'origine gasconne sont majoritaires ;
- les Suisses ;
- un Parisien ;
- un Asiatique
- à Cayenne, vivent des Français américains, qui sont aussi des Américains français ;
- les Juifs (en tant que peuple mais pas les juifs en tant qu'adeptes de la religion juive) ;
- les Arabes ;
- les Carolingiens succĂšdent aux MĂ©rovingiens ;
- un MaasaĂŻ ;
- un Celte ou un Franc.
Les noms de gentilĂ©s, membres de dynastie employĂ©s comme adjectifs prennent toujours une minuscule. Il en va de mĂȘme pour les fidĂšles d'une idĂ©ologie, d'une philosophie :
- la cuisine française est réputée ;
- les communistes ;
- les stoĂŻciens ;
- les platoniciens ;
- la dynastie capétienne ;
- le peuple maasaĂŻ ;
- un roi franc ;
- l'art celte.
Les mots composés ayant un rapport avec un gentilé, un membre de dynastie, ne sont pas reliés par un trait d'union quand ils sont formés à la fois d'un nom (substantif prenant une majuscule) et d'un adjectif placé aprÚs (prenant une minuscule) :
- les Basques français ;
- les Canadiens français ;
- les Suisses alémaniques ;
- les Belges flamands et les Belges wallons ;
- les Capétiens directs ;
- un Franc salien ;
- le Celte breton ;
- un Maasaï sédentaire.
Les mots composĂ©s ayant un rapport avec un gentilĂ© sont reliĂ©s par un trait d'union quand ils sont formĂ©s soit de deux noms ou de deux adjectifs, soit dâun nom ou dâun adjectif prĂ©cĂ©dĂ©s d'un nom de point cardinal (nord, sud, est, ouest).
- les Franco-Italiens ;
- les Gallo-Romains ;
- la frontiĂšre franco-allemande ;
- une Nord-Coréenne ;
- une ville nord-africaine.
Points cardinaux
Les points cardinaux sont des noms communs invariables et des adjectifs invariables, et prennent donc généralement une minuscule.
- « Le Soleil se lÚve à l'est et se couche à l'ouest[38] » ;
- « Ce jardin est exposé au nord[38] » ;
- « Les oiseaux se dirigent vers le sud[38] » ;
- « à l'est de l'Allemagne[38] » ;
- « Morlaix est une commune situĂ©e Ă lâouest des CĂŽtes-d'Armor[39] » ;
- « Perdre le nord[40] ».
Ils prennent en revanche une majuscule, quelle que soit leur place dans le texte :
- sâils font partie d'un toponyme â « Tous les noms propres ou communs, ainsi que les adjectifs, prennent toujours une majuscule. »[41] :
- lâAmĂ©rique du Sud[38] (mais le sud de l'AmĂ©rique[38] ou le Sud de l'AmĂ©rique[42]),
- le Sud-Est asiatique[38],
- le pĂŽle Nord[38] - [40],
- « canton Val de Lorraine Sud »[43]
- « aire de service de Chùtellerault Nord »[41] (toponyme suivi d'un point cardinal)
- « passage de Drake Nord, Pacifique Sud »[44]
- sâils indiquent une rĂ©gion :
- « Le climat du Midi est plus agréable que celui du Nord de la France[38] »,
- « Le Nord et le Sud de la France offrent de grands contrastes[42] »,
- « Les envahisseurs venaient du sud[alpha 10] tandis que les armées de l'Est[alpha 11] attaquaient par le nord[alpha 10] »[38],
- « Dialogue Nord-Sud[40] ».
Selon certaines sources, les points cardinaux prennent une minuscule s'ils sont employĂ©s adjectivement[42] (Ă l'exception des trois cas « pĂŽle Nord », « pĂŽle Sud », « cap Nord » oĂč ils ont fonction de nom propre gĂ©ographique[42]) :
Selon d'autres sources, « Les points cardinaux sâĂ©crivent aussi avec une majuscule lorsquâils font partie dâun nom gĂ©ographique (ou toponyme), lorsquâils dĂ©signent une rĂ©gion bien dĂ©limitĂ©e ou quâils ont une fonction de nom propre[47]. » « On met la majuscule aux points cardinaux qui, employĂ©s comme noms ou comme adjectifs, dĂ©signent une rĂ©gion, un Ătat ou un territoire, un continent ou une portion de continent, une partie quelconque de la terre[48] » :
- « le pÎle Nord »[48], « le pÎle Sud »[47] ;
- « lâhĂ©misphĂšre Nord »[47], « lâhĂ©misphĂšre Sud »[48] - [47] ;
- « lâAtlantique Nord »[47], « lâAtlantique Sud »[48] ;
- « le Grand Nord »[48] ;
- « lâExtrĂȘme-Nord canadien »[48] ;
- « communauté de communes du Bassin d'Arcachon Nord Atlantique »[49].
Remarques
- « On met une majuscule aux noms propres, non aux adjectifs qui leur sont adjoints (lâItalie mĂ©ridionale), sauf dans les cas oĂč lâappellation fait office de nom propre, de quasi nom composĂ©[39] » : « le Grand Nord[39] ».
- On écrit « porte nord » avec une minuscule si la porte est située au nord (d'une ville, d'une enceinte, d'un bùtiment, etc.) sans pour autant que cela soit son nom (ici nord est un adjectif) ;
- mais « porte Nord » avec une majuscule si la porte s'appelle Nord au mĂȘme titre que la porte DorĂ©e de Paris s'appelle DorĂ©e (la porte DorĂ©e de Paris n'est pas de couleur dorĂ©e ; c'est simplement son nom).
- On écrit « pÎle Nord » avec une majuscule lorsque l'on parle du pÎle géographique ;
- mais « pÎle nord » avec une minuscule lorsqu'il s'agit du pÎle d'un aimant[50].
Historique
Les rĂšgles pour les mots madame, mademoiselle et monsieur sont complexes. Historiquement, l'usage de la majuscule est destinĂ© Ă marquer dans le discours direct le nom propre d'une personne, celui-ci pouvant comporter plusieurs mots : un patronyme, un prĂ©nom, avec des attributs comme un titre, une qualitĂ©, un surnom (Philippe le Hardi, Gatsby le Magnifique) qui portent alors tous une majuscule. Lorsqu'il n'y a pas d'ambiguĂŻtĂ©, le prĂ©nom et le patronyme peuvent se trouver sous-entendu pour ne conserver qu'un attribut qui formera Ă lui seul le nom propre, et conservera sa majuscule. La distinction entre par exemple un titre qui dĂ©signe en propre une personne (le Roi, le Comte, le MarĂ©chal, le PrĂ©sident), et le mĂȘme titre qui la dĂ©signe en gĂ©nĂ©ral (le roi, le comte, le marĂ©chal, le prĂ©sident), est assez subtile Ă faire.
Jean-Charles de Laveaux indique en 1846 dans son Dictionnaire raisonnĂ© des difficultĂ©s grammaticales et littĂ©raires de la langue française : « Quand on adresse la parole Ă une personne ou Ă un ĂȘtre quelconque, le nom qui dĂ©signe cette personne ou cet ĂȘtre, fĂ»t-il appellatif, doit avoir une majuscule. C'est par la mĂȘme raison qu'on Ă©crit avec une majuscule Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle en adressant la parole aux personnes. Hors ce cas, on n'emploie point la majuscule et on Ă©crit « j'ai remis votre lettre Ă monsieur, Ă madame, Ă sa majestĂ©. » [âŠ] Nous convenons que, quand les majuscules sont nĂ©cessaires pour prĂ©venir une Ă©quivoque, on fait fort bien de les employer ; mais nous pensons qu'exceptĂ© ces cas, qui n'ont lieu que dans un trĂšs petit nombre de mots et ceux oĂč les lettres sont prescrites par un usage uniforme et constant, on fait fort bien de les supprimer, et qu'il n'y a rien dans cette suppression qui puisse rĂ©volter la raison[51]. »
De mĂȘme pour Caspar Hirzel dans sa Grammaire pratique française (1869) : « On Ă©crit avec une lettre majuscule les mots Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle quand on les adresse Ă une personne. Par exemple : « Je vous prie, Monsieur, de communiquer cela Ă vos amis. » On traite de mĂȘme les titres de MajestĂ©, Altesse, Excellence, Grandeur et autres semblants. Mais on Ă©crira : « Remettez cette lettre Ă monsieur R[52]. » »
Ă la mĂȘme Ă©poque, Ămile LittrĂ©, dans son dictionnaire, n'utilise pas de majuscule de dĂ©fĂ©rence. La majuscule n'est imposĂ©e que dans l'emploi oĂč Monsieur n'est plus un nom commun mais dĂ©signe le frĂšre du roi[53].
Cet usage s'est peu à peu perdu dans le temps, tant du fait de l'expansion éditoriale que de la généralisation des formes abrégées M., Mlleet Mme, toujours pourvues d'une majuscule. Ainsi, Grevisse écrit dans Le Bon Usage :
« Quand on s'adresse à une personne par écrit, on met ordinairement la majuscule à Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur, Maßtre, Docteur, Sire et aux noms des dignités, titres, fonctions. Lorsqu'on reproduit par écrit des paroles prononcées, l'usage est assez flottant, mais la minuscule l'emporte. Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur s'écrivent souvent avec une majuscule à propos de personnes dont on parle, surtout si on croit leur devoir de la déférence et quand les mots ne sont pas suivis du nom propre[54]. »
Albert Doppagne reste tout aussi prudent :
« Quand il s'agit d'un supĂ©rieur ou d'une personne que lâon dĂ©sire honorer, l'usage recommande d'user de la majuscule pour le terme qui exprime la qualitĂ© de cette personne dans les textes qui lui sont adressĂ©s. Pour certains termes (monsieur, madame, docteur, maĂźtre) la question se double du problĂšme de l'abrĂ©viation. Vous choisirez d'Ă©crire Cher Monsieur ou Cher monsieur selon que vous voulez honorer plus ou moins votre correspondant. Signalons cependant que l'usage de la majuscule se gĂ©nĂ©ralise pour Ă©viter que la minuscule ne soit interprĂ©tĂ©e comme une marque de mĂ©pris. Quand on parle d'un tiers, on reste parfaitement libre : J'ai vu monsieur Dubois ou J'ai vu Monsieur Dubois. Une troisiĂšme possibilitĂ© s'offre Ă nous et elle rĂ©unit la majoritĂ© des suffrages : J'ai vu M. Dubois[55] ». »
Tout en reconnaissant qu'« il ne s'agit pas toujours d'une rĂšgle figĂ©e et son usage, comme celui de la langue en gĂ©nĂ©ral, Ă©volue. Cet usage est mĂȘme parfois flottant, et les codes typographiques eux-mĂȘmes divergent sur bien des points[56] » ; de nombreux grammairiens prĂ©conisent l'usage modĂ©rĂ© de la majuscule afin de prĂ©server cette notion de dĂ©fĂ©rence[57] - [58], ce que Doppagne rĂ©sume ainsi :
« Que la publicitĂ© abuse de la majuscule, rien de plus facile Ă comprendre : le procĂ©dĂ© est vraiment peu coĂ»teux. En outre, il est insidieux. C'est une publicitĂ© indirecte, excellente. Dans les rapports entre les hommes, on devine ce que la majuscule peut apporter : d'un homme, elle fera un seigneur ! Le simple monsieur devient de plus en plus Monsieur, titre, Ă l'origine, rĂ©servĂ© au frĂšre du roi ! [âŠ] De dĂ©tail graphique qu'elle Ă©tait au dĂ©part, la majuscule devient un Ă©lĂ©ment important dont on note les rĂ©percussions tant dans le domaine Ă©conomique que dans les relations sociales. Mais on peut voir aussi oĂč conduit l'abus de la majuscule : multipliĂ©e sans raison, elle perd fatalement de son pouvoir ; elle voulait apporter de la clartĂ©, elle risque de provoquer la confusion ; son emploi Ă©tait rationnel, il devient ridicule. Mettre la majuscule Ă tous les mots Ă©quivaut Ă se passer de ses services : autant vaudrait la supprimer, ce que font certains. Et il ne faut pas chercher trĂšs loin pour trouver des illustrations de ces deux tendances. La majuscule apparaĂźt donc comme une aide prĂ©cieuse dont il ne faut pas abuser et qu'il ne faut pas nĂ©gliger. La prodiguer Ă©mousse sa valeur ; l'ignorer paralyse l'expression. De lĂ l'importance de son emploi judicieux[59]. »
RÚgle générale
Dans le texte courant, les mots madame, mademoiselle et monsieur sâabrĂšgent gĂ©nĂ©ralement lorsqu'ils sont suivis d'un nom de personne ou de qualitĂ©[60] - [61] en Mme, Mlleet M., et au pluriel en Mmes, Mlles et MM.
Albert Doppagne prĂ©cise que « l'abrĂ©viation est permise et tout Ă fait courante quand on parle d'un tiers, mais elle est absolument proscrite pour dĂ©signer le destinataire du message : « Cher M. Dubois » pourrait ĂȘtre ressenti comme grossier ou tout au moins impoli. Une tradition de politesse estime que, dans un texte suivi, madame ou mademoiselle ne s'abrĂšgent pas » »[62].
Les abréviations « Mr » et « Mrs » pour monsieur et messieurs[alpha 12], utilisées jusqu'au milieu du XIXe siÚcle, sont généralement considérées aujourd'hui comme fautivess.v.''_[http://www.orthotypographie.fr/volume-II/madame-mythologie.html_Madame,_mademoiselle,_monsieur]_75-0">[63]. Lorsqu'ils sont écrits au long (c'est-à -dire en entier), le Lexique préconise la majuscule quand :
- ils constituent un titre honorifique consacré par l'Histoire :
- « Madame MÚre » ;
- « Monsieur, frÚre du roi ».
- ils constituent le premier mot d'un titre d'ouvrage :
- « En 1857, paraissait Madame Bovary. ». On peut toutefois écrire « La Soirée avec M. Edmond Teste de Paul Valéry ».
Il préconise la minuscule quand :
- les mots sont inclus « dans le corps d'une lettre, d'une circulaire, de faire-part divers ou d'autres formules de correspondance » :
- « Veuillez agréer, monsieur, l'expression⊠».
- on emploie la forme de politesse à la troisiÚme personne (et plus généralement quand on s'adresse à la personne) :
- « Non madame, monsieur n'est pas encore rentré. » ;
- « Je vous écoute, madame. »
En revanche, le Guide du typographe prĂ©conise la majuscule dans ces mĂȘmes cas :
- « Veuillez agréer, Madame, l'assurance⊠» ;
- « J'ai l'honneur d'annoncer à Monsieur que le carrosse de Monsieur est avancé. »
Dans les autres cas, ces mots prennent une minuscule, notamment quand :
- ils sont utilisés comme noms communs :
- « C'est un vilain monsieur[61]. »
- on s'adresse Ă la personne dans un dialogue :
- « D'ailleurs, mademoiselle Marie, je prescris Ă Mme Richard quelques jours de repos complet Ă la montagne[60]. » (oĂč l'on peut noter l'abrĂ©viation dans le texte, s'agissant de Mme Richard, Ă qui le dialogue ne s'adresse pas).
Fonctions et titres civils
Les mots caractérisant une fonction ou un titre civil ou administratif prennent généralement une minuscule :
- le président-directeur général de la société Untel ;
- le gérant du magasin ;
- le secrétaire général de l'association ;
- le président de la République[64].
Dans le Journal officiel de la République française, les titres uniques prennent la majuscule, mais pas les noms de ministÚre[alpha 13] :
- le Président de la République ;
- le Premier ministre ;
- ministre des affaires étrangÚres et européennes.
Mais les publications non officielles utilisent souvent une majuscule pour les mots caractĂ©risant la fonction d'un ministre car c'est lĂ sa caractĂ©ristique et en quelque sorte son nom propre, elles conservent la minuscule pour le titre lui-mĂȘme (ministre) :
- le ministre de la Santé ;
- le ministre des Transports ;
- le secrĂ©taire d'Ătat au Commerce.
Quand plusieurs éléments différents ont fusionné en un seul titre, la rÚgle du parallélisme implique que l'on mette alors une majuscule à tous ces éléments (ou aucune) :
- le ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes ùgées, aux Personnes handicapées et à la Famille ;
- le ministre délégué à la cohésion sociale et à la parité.
Cas particuliers
- Le Premier ministre[64]
Au Canada, le terme sâĂ©crit tout en minuscules, sauf lorsqu'on s'adresse par Ă©crit directement Ă la personne auquel cas il prend deux majuscules[65]. Exemples :- le premier ministre du QuĂ©bec ;
- Monsieur le Premier Ministre.
- Voir aussi la section « Fonctions et titres civils » des recommandations typographiques.
Noms de religions et leurs membres
Les noms de religions ainsi que leurs membres prennent toujours la minuscule :
- le bouddhisme, le catholicisme, l'islam, le judaĂŻsme ;
- les bouddhistes, les catholiques, les musulmans, les protestants, les juifs (juif s'Ă©crit en minuscule quand on parle de la religion, mais avec une majuscule quand on parle du peuple juif : les Juifs)
Les dirigeants et leurs hiérarchies
Le titre de fonction des dirigeants et de leurs hiérarchies, lorsqu'il désigne une personne précise en se substituant à son nom propre prend une majuscule, mais utilisé au sens généraliste, le titre de la fonction prend toujours la minuscule[64] :
- au Moyen Ăge le pape sacre les rois ; en 800, le pape couronne Charlemagne ;
- les cardinaux Ă©lisent le pape ; le cardinal de Richelieu est soutenu par Marie de MĂ©dicis ;
- dans l'Ăglise catholique, archevĂȘque est un titre honorifique ; en 2010, lâarchevĂȘque de Paris, dans une lettre pastorale, Ă©crit⊠;
- le rabbin, lâimam ;
- les dalaĂŻ-lamas ; le dalaĂŻ-lama (Tenzin Gyatso, en 2017).
Si on s'adresse Ă ces mĂȘmes personnes oralement (transcrit), ou par Ă©crit, le titre de fonction prend une majuscule :
- pour un abbé crossé et mitré, Mon Révérendissime PÚre ;
- pour un archevĂȘque, Monseigneur, Votre Excellence (Son Excellence) ;
- pour un aumĂŽnier, Monsieur l'AumĂŽnier ;
- pour un cardinal, Monsieur le Cardinal, Votre Ăminence (Son Ăminence) ;
- pour un chanoine, Monsieur le Chanoine ;
- pour un curé, Monsieur le Curé ;
- pour un Ă©vĂȘque, Monseigneur ;
- pour un général des jésuites, Mon TrÚs Révérend PÚre ;
- pour un imam, Monsieur l'Imam ;
- pour un pape, TrÚs Saint PÚre, Votre Sainteté (Sa Sainteté) ;
- pour un pasteur, Monsieur le Pasteur ;
- pour un rabbin, Monsieur le Rabbin ;
- pour une religieuse, Ma MĂšre, Ma SĆur ;
- pour un supérieur de couvent ou de Maison provinciale, Mon Révérend PÚre ;
- pour une supérieure de couvent ou de Maison provinciale, Ma Révérende MÚre ;
- pour un supérieur général de l'ordre des bénédictins, Révérendissime PÚre Abbé ;
- pour un supérieur général de l'ordre des dominicains, Mon TrÚs Révérend PÚre.
De plus en plus de religieux se font appeler plus simplement « PÚre, MÚre » ou « Mon PÚre, Ma MÚre ». Ces formules sont à employer seulement pour les personnes qui vous en ont fait personnellement la demande.
Textes sacrés
Les noms des textes sacrés prennent une majuscule :
- la Bible ;
- les Ăvangiles ;
- la GenĂšse ;
- les Ăcritures saintes, les Ăcritures (dans le mĂȘme sens) ;
- Le Coran ;
- la Tora ou la Torah, Thora.
Ăglise
Le mot « Ă©glise » prend une minuscule pour dĂ©signer un bĂątiment mais une majuscule pour dĂ©signer une institution. Cette rĂšgle sâapplique au pluriel :
- lâĂglise catholique[66] ;
- les Ăglises du monde ;
- lâĂ©glise du village ;
- les Ă©glises de Paris.
Dans les toponymes (noms de lieu) et les odonymes (voies de circulation), seul le terme spécifique prend la majuscule initiale, le terme générique, pour sa part, conservant la minuscule :
- la rue de l'Ăglise ;
- la place de l'Ăglise ;
- le village de Colombey-les-Deux-Ăglises.
FĂȘtes religieuses
Les noms de fĂȘtes religieuses prennent une majuscule. Si le nom de la fĂȘte est suivi d'un adjectif, ce dernier prend une minuscule. Mais s'il est prĂ©cĂ©dĂ© d'un adjectif, ce dernier prend une majuscule :
- le NoĂ«l (dĂ©signe la fĂȘte de la nativitĂ© du Christ) ;
- la NoĂ«l (dĂ©signe la forme de la fĂȘte qui en dĂ©coule) ;
- le Noël orthodoxe ;
- le Vendredi saint ;
- la Saint-Valentin.
Les noms de fĂȘtes religieuses composĂ©s de deux noms prennent une minuscule au gĂ©nĂ©rique et une majuscule au spĂ©cifique :
- le lundi de PĂąques ;
- l'Ăpiphanie, appelĂ©e aussi le jour des Rois ;
- le mercredi des Cendres.
En revanche, les noms des temps liturgiques prennent une minuscule :
Dieu
Dans les religions monothĂ©istes, le terme dieu est devenu un nom propre (antonomase inverse) puisquâil ne dĂ©signe plus quâune seule entitĂ© unique (ainsi que tous les autres termes qui le dĂ©signent) ; il prend donc une majuscule.
- Zeus est le roi des dieux dans la mythologie grecque ;
- la Bible nous parle de Dieu ;
- Yahvé ;
- JĂ©hovah ;
- Allah ;
- le Saint-Esprit ;
- le Grand Architecte de l'Univers.
Dans le mĂȘme esprit, pour certains termes dĂ©signant une entitĂ© ayant un rapport avec Dieu, la rĂšgle s'applique :
- le Christ (désignant Jésus mis en croix) ;
- la Vierge (désignant Marie mÚre de Jésus) ou la Sainte Vierge ;
- le Diable (désignant l'ange déchu) ;
- la Terre sainte ou Terre Sainte, dĂ©signe les pays oĂč JĂ©sus vĂ©cut. En revanche, dans une expression comme « refuser d'enterrer les excommuniĂ©s en terre sainte », il y a lieu d'utiliser une minuscule.
Saints
Quand on parle de la personne, le mot saint est un adjectif, qui suit donc les rĂšgles pour les adjectifs. Il ne prend pas de majuscule. La mĂȘme rĂšgle est valable pour les dĂ©nominations, moins frĂ©quentes, de « vĂ©nĂ©rable » et « bienheureux ». Par ailleurs, on ne met pas de trait d'uniono_80-0">[67]. On peut Ă©ventuellement abrĂ©ger « saint » en « St[alpha 14] » (auquel cas le S est en majuscule), toujours sans trait d'union :
- l'apĂŽtre saint Paul ;
- St Paul.
On Ă©crit toutefois Sainte Vierge. Certains grammairiens comme Adolphe Victor Thomas font aussi une exception de Saint Louis (Louis IX), probablement par imitation des autres surnoms de souverain, qui prennent la majuscule : Philippe le Bel, Charles le Chauve[68].
Par contre, dans les noms de lieux, de fĂȘtes (sauf les fĂȘtes fictives qui prennent le trait d'union, mais pas la majuscule), d'Ă©glises, d'institutions, il est intĂ©grĂ© au nom du saint. Il prend donc une majuscule, et est liĂ© avec un trait d'union Ă ce nom :
- le col du Grand-Saint-Bernard ;
- la Saint-Valentin, mais la saint-glinglin ou la sainte-paie ;
- l'Ă©glise Saint-Pierre ;
- la ville de Saint-Ătienne[68].
Enfin, en cas d'antonomase, surtout pour les vins (saint-émilion) et les fromages (saint-paulin), ainsi que quelques autres noms (saint-bernard [chien], saint-honoré [pùtisserie], saint-pierre [poisson], etc.), le nom obtenu est un nom commun, et ne doit donc plus prendre de majuscule[68].
Titres dâĆuvres ou de pĂ©riodiques
La rĂšgle gĂ©nĂ©rale dit que, pour un titre d'Ćuvre ou de pĂ©riodique, les rĂšgles applicables aux noms propres s'appliquent et que les mots autres que les noms propres ne prennent une majuscule que s'ils sont le premier mot du titre. On Ă©crira, par exemple, Mon oncle, Une saison en enfer ou Voyage au centre de la Terre. Grevisse est Ă cet Ă©gard le plus radical : il indique dans Le Bon Usage que « pour Ă©viter l'arbitraire et les discordances, l'usage le plus simple et le plus clair est de mettre la majuscule au premier mot seulement, quel qu'il soit. » (p. 123).
Cependant les conventions d'usage des majuscules pour les titres d'Ćuvres restent mal Ă©tablies. Par exemple, les rĂšgles typographiques Ă©dictĂ©es par le Lexique sont contredites dans certains cas par l'usage flottant et parfois excessif de la capitalisation parmi les Ă©diteurs. Jacques Leclerc indique Ă ce sujet que : « sur la couverture dâun livre, par exemple, le graphiste peut dĂ©cider de n'employer que des bas-de-casse (minuscules dâimprimerie), mĂȘme dans les noms propres ; il peut mettre des majuscules Ă tous les mots ou mĂȘme utiliser systĂ©matiquement les capitales sur toute la page. [âŠ] Il ne convient pas, dans un texte, de restituer lâeffet visuel, esthĂ©tique ou calligraphique, car il faut demeurer fonctionnel et neutre. Pour cette raison, on ne doit jamais se fier Ă la façon dont on a orthographiĂ© ou prĂ©sentĂ© le titre d'un livre ou d'une revue sur la page de couverture, voire le titre dâun film dans le gĂ©nĂ©rique. Il est prĂ©fĂ©rable d'appliquer intĂ©gralement les rĂšgles de la majuscule, qui rĂ©gissent lâemploi des titres dans un texte[69] ».
RĂšgles traditionnelles
Les rĂšgles traditionnelles dâusage des majuscules pour les titres dâĆuvres varient selon les cas de figure.
Si le titre commence par un article indéfini (un, une, des) ou une préposition, alors seul le premier mot prend une majuscule[70] :
Si le titre forme une phrase, alors seul le premier mot prend une majuscule :
- Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages
- La guerre de Troie n'aura pas lieu
- Le soleil se lĂšve aussi
- Le train sifflera trois fois
Si le titre est composé seulement d'un adjectif suivi d'un substantif, alors le substantif prend également une majuscule :
Si le titre est composé seulement de deux substantifs successifs, alors chaque substantif prend une majuscule :
Si le titre commence par un article défini (le, la, les) et qu'il ne constitue pas une phrase verbale :
- alors le premier substantif prend une majuscule :
- tout adjectif ou adverbe précédant le premier substantif prend alors une majuscule :
Si le titre est constitué de substantifs énumérés ou mis en opposition (et, ou, ni), chaque substantif prend une majuscule :
- La Belle et la BĂȘte
- Le Renard, le Loup et le Cheval
- Guerre et Paix
- NĂ©anmoins, on Ă©crira : Ătre et avoir, « avoir » Ă©tant un verbe et non un substantif.
En cas de sous-titre, les principes précédents s'appliquent à chaque partie :
Les titres professionnels (« professeur », « docteur », « avocat », etc.), officiels (« ministre », « député », « président », etc.), religieux (« abbé », « rabbin », etc.) ainsi que les grades militaires (« général », « capitaine », etc.) ou honorifiques (« chevalier », « commandeur », etc.) prennent une minuscule[71] sauf lorsqu'ils sont placés en début de titre.
Quand l'auteur a clairement choisi une typographie originale, il est préférable de la respecter si cette graphie est justifiée. Exemple : eXistenZ de David Cronenberg.
- L'UniversitĂ© Laval prĂ©cise cependant : « Au cinĂ©ma, on peut mĂȘme non seulement privilĂ©gier la couleur, mais surtout le mouvement et toutes sortes dâeffets visuels laissĂ©s Ă lâimagination de lâartiste. On comprendra que le graphiste ou lâartiste a tout avantage Ă jouer sur les formes graphiques, notamment les majuscules, les capitales, les bas de casse, l'esperluette (&), etc. Il s'agit lĂ de procĂ©dĂ©s strictement calligraphiques qui ne tiennent pas nĂ©cessairement compte des rĂšgles relatives aux titres[72]. »
RÚgles simplifiées
Des rĂšgles simplifiĂ©es pour les titres dâĆuvres, sâappliquant Ă tous les cas de figure, sont aussi dans lâusage.
La majuscule est limitĂ©e au premier mot du titre, quel quâil soit[73], ainsi quâaux noms propres figurant dans ce titres.v.''_Ćuvre_littĂ©raire,_scientifique,_artistique_88-0">[74].
- Les misérables
- La symphonie pastorale
- Ă l'ombre des jeunes filles en fleurs
- Du cÎté de chez Swann
- Le pain noir
- Les grands cimetiĂšres sous la lune
Dans une phrase, lorsque le mot commençant le titre est Ă©lidĂ© ou supprimĂ©, le premier mot citĂ© prend la majuscule[73] - [75] âŻ: « Jâai relu quelques chapitres des MisĂ©rables ».
Pour GuĂ©ry, « sâil sâagit dâun titre constituĂ© de deux titres reliĂ©s par et, ou par ou, on met une capitale Ă la premiĂšre lettre de chacun des titres »[75]. Pour Doppagne, la majuscule au seul premier mot sâapplique aussi aux titres en deux parties, donnant comme exemple Le rouge et le noir[73].
Les titres de journaux et pĂ©riodiques font exception Ă ces rĂšgles, correspondant plus ou moins Ă des noms propres[76]. Selon certains, ceux-ci gardent leur majuscule au substantif[73]âŻ: le Soir, le Monde, la Presse, la Revue musicale. Pour dâautres, ils prennent une majuscule au premier mot, au premier substantif et, le cas Ă©chĂ©ant, Ă un adjectif prĂ©cĂ©dant ce substantif[76] : Le Soir, Le Monde, La Presse, La Revue musicale.
Sigle
Qu'il soit Ă©crit en minuscule ou en capitale, le sigle suit les rĂšgles d'usage des majuscules applicables aux noms propres.
Jours de la semaine et mois de l'année
à l'inverse des rÚgles typographiques utilisées en anglais, les noms de jours ou de mois ne prennent pas de majuscule en français.
- Le mardi .
- Le krach du est appelé le jeudi noir.
- Le dimanche de la Toussaint, le lundi de PĂąques et le Vendredi saint (notez la majuscule dans ce dernier exemple, en accord avec la rĂšgle typographique pour les fĂȘtes religieuses).
Notes et références
Notes
- Pour les claviers Azerty, on peut également se référer à ce dossier.
- Exemples de pilotes de clavier : « Divers claviers pour améliorer le pauvre AZERTY », sur Association mon nom accentué.
- Il existe une entrée « Blanche (autoroute) » dans Le Petit Larousse 2008.
- Il existe une entrée « Ibérique (péninsule) » dans Le Petit Larousse 2008, Le Robert encyclopédique des noms propres 2008 et le Dictionnaire Hachette 2008.
- Dans le Lexique, « la péninsule Ibérique » apparaßt sous cette forme dans les QUELQUES EXEMPLES cités à la rubrique Géographie (noms propres de), p. 93.
- La « péninsule scandinave » apparaßt ainsi dans : Grevisse et Goose 2008, § 100, a, 1o
- Décret no 2011-847 du 18 juillet 2011 On remarquera également que les mots Etat et DECRET n'y sont pas accentués.
- Le Ramat note de surcroĂźt que ces mots restent invariables : des Frigidaire, des Opinel, des Coca-Cola.
- Selon le Code typographique 1997, si lâadjectif qualifie lâĂtat, celui-ci prend la majuscule et le nom gĂ©nĂ©rique garde la minuscule : la rĂ©publique Argentine.
- Ici le point cardinal dĂ©signe une direction, « sud » ou « nord » dans lâexemple.
- Ici le point cardinal dĂ©signe une rĂ©gion â l'Est â Ă laquelle appartiennent lesdites armĂ©es.
- à ne pas confondre avec l'anglais Mr. ou Mr, abréviation de mister (« monsieur »), et Mrs. ou Mrs, abréviation de mistress (« madame »)
- par exemple : DĂ©cret no 2011-872 du 26 juillet 2011 relatif aux attributions du secrĂ©taire dâEtat auprĂšs du ministre dâEtat, ministre des affaires Ă©trangĂšres et europĂ©ennes, chargĂ© des Français de lâĂ©tranger.
- On trouve parfois lâabrĂ©viation « S. », peu recommandable car elle laisse aisĂ©ment introduire une confusion avec un nom de personne dont le prĂ©nom aurait pour initiale S.
Références
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- Comme le relate le dĂ©veloppeur du logiciel chez Microsoft, Michael âŻS.âŻKaplan, dans ce billet de blog archivé⯠: http://archives.miloush.net/michkap/archive/2013/10/04/10454264.html
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Bibliographie et autres sources
Ouvrages traitant principalement de lâusage des majuscules en français
- (une bibliographie plus gĂ©nĂ©rale est fournie dans lâarticle Code typographique)
- Mourina Bioud, « Une normalisation de lâemploi des majuscules pour un systĂšme de vĂ©rification orthographique », Bulag, Besançon, Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, no 29 « Correction automatique : bilan et perspectives »,â , p. 9â23 (lire en ligne).
- Jean-Pierre Colignon, La majuscule, câest capital !, Paris, Ă©ditions Albin Michel, coll. « Les Dicos dâor de Bernard Pivot », , 214 p. (ISBN 2-226-14389-0).
- Albert Doppagne, Majuscules, abréviations, symboles et sigles : pour une toilette parfaite du texte, Bruxelles, Duculot, , 4e éd. (1re éd. 1979), 96 p. (ISBN 978-2-8041-5646-6).
Autres ouvrages
- [Guide du typographe] Groupe de Lausanne de l'Association suisse des typographes (AST), Guide du typographe, Lausanne, Heliographia, , 260 p. (ISBN 1-80590-001-3).
- [Lexique] Lexique des rĂšgles typographiques en usage Ă lâImprimerie nationale [dĂ©tail des Ă©ditions].
- Le Nouveau Code typographique : Les rĂšgles typographiques de la composition Ă lâusage des auteurs, des professionnels du livre et des utilisateurs dâordinateurs, ConfĂ©dĂ©ration française de lâencadrement-CGC, , 176 p. (ISBN 978-2-9507157-1-5).
- Charles Gouriou, MĂ©mento typographique, Paris, Ăditions du Cercle de la Librairie, (1re Ă©d. 1973 (Librairie Hachette)), 121 p. (ISBN 2-7654-0447-X).
- Maurice Grevisse et André Goose, Le Bon Usage : grammaire française, Bruxelles, de Boeck Duculot, , 1600 p. (ISBN 978-2-8011-1404-9).
- Louis GuĂ©ry, Dictionnaire des rĂšgles typographiques, Paris, Ăditions Victoires, coll. « En français dans le texte », , 4e Ă©d., 278 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 978-2-35113-079-7).
- AndrĂ© Jouette, Dictionnaire dâorthographe et dâexpression Ă©crite, Le Robert, .
- Institut national de l'information géographique et forestiÚre (IGN), Charte de toponymie : Toponymie du territoire français (lire en ligne [PDF])
- Service hydrographique et océanographique de la Marine, Organisation hydrographique internationale, Commission de toponymie de l'IGN et Institut national de la statistique et des études économiques, Pays et Capitales du monde : Nomenclature des espaces maritimes au , (présentation en ligne, lire en ligne [PDF])
Articles
- GĂ©rard Losson, « Lâemploi des capitales, des majuscules et des minuscules dans les actes Ă©tablis dans les neuf langues officielles des institutions communautaires », Terminologie et Traduction, nos 1-1992,â , p. 153â246 (lire en ligne).
- Michel Mathieu-Colas, « La majuscule flottante. Remarques sur lâorthographe des noms propres composĂ©s (type âNAdjâ) », Bulag, Besançon, Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, no 23 « Correction automatique : bilan et perspectives »,â , p. 123-144 (lire en ligne).
- AndrĂ© Racicot, « Traduire le monde : Les majuscules dans les noms de pays », LâActualitĂ© terminologique, vol. 36, no 1,â (lire en ligne).
- AndrĂ© Racicot, « Traduire le monde : Splendeurs et misĂšres de la typographie », LâActualitĂ© langagiĂšre, vol. 10, no 2,â (lire en ligne).
Sites web
- Jean-Pierre Lacroux, « Orthotypographie : Orthographe & Typographie françaises, Dictionnaire raisonné » ou :
- Jean-Pierre Lacroux, Orthographe & Typographie françaises, Dictionnaire raisonné, (1re éd. 2007), 754 p. (lire en ligne [PDF]).
- Jacques Leclerc, « RÚgles typographiques utilisées dans le site Aménagement linguistique dans le monde », sur Aménagment linguistique dans le monde, Université Laval, Québec, .
- Jean-Jacques Richard, « Majuscules, minuscules », sur Grammaticalité et grammaire française (consulté le ).
- Marc-André Roberge, « Utilisation des majuscules pour les titres en français, anglais et allemand », sur Guide des difficultés de rédaction en musique, .
- « Points cardinaux », Banque de dépannage linguistique : La typographie, Majuscules, Emploi de la majuscule pour des types de dénominations, sur Banque de dépannage linguistique, (consulté le )
- Gouvernement du Canada, Bureau de la traduction, « La majuscule », TERMIUM PlusŸ Le guide du rédacteur (présentation en ligne, consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- RÚgles du classement alphabétique en langue française
- Jacques André, Petites leçons de typographie, Rennes, IRISA, , 52 p. (lire en ligne).
- Sur lâaccentuation des majuscules et des patronymes.
- Code de rĂ©daction interinstitutionnel, Office des publications de lâUnion europĂ©enne.