Archevêque
Dans plusieurs dénominations chrétiennes, un archevêque est un ministre ecclésiastique appartenant à l'ordre épiscopal, mais bénéficiant d'une primauté d'honneur sur les évêques suffragants. Il est souvent à la tête d'une province ecclésiastique.
Dans l'Église catholique
Dans l'Église latine
Dans l'Église latine, régie par le code de droit canonique, l'archevêque est un prélat qui bénéficie, en vertu d'anciens privilèges attachés à son diocèse ou d'une décision pontificale, d'une dignité supérieure à celle d'un évêque.
Archevêque et archidiocèse
En principe, l'archevêque est l'ordinaire d'une Église particulière appelée archidiocèse. L'ordinaire d'un archidiocèse est dit archevêque ex officio, titre qu'il conservera après son départ.
Un archevêque peut aussi n'être l'ordinaire que d'un simple diocèse ou d'une autre Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque ad personam.
Un archevêque peut n'être l'ordinaire d'aucune Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque titulaire.
Archevêque métropolitain
En principe, l'office de métropolitain est joint au siège archiépiscopal de sorte que l'archevêque qui est l'ordinaire d'un archidiocèse est le métropolitain d'une province ecclésiastique.
La grande majorité des archevêques catholiques sont aussi métropolitains, c'est-à-dire à la tête d'une province ecclésiastique.
L'archevêque détient, d'une part la juridiction spirituelle sur son diocèse que l'on appelle ainsi un archidiocèse, et d'autre part, un certain droit de regard sur les évêques de sa province. Son rôle est essentiellement d'organiser la coopération entre les diocèses, mais il n'a pas d'autorité à proprement parler sur les diocèses de sa province autres que le sien (appelés diocèses suffragants).
Les archevêques métropolitains portent le pallium.
Archevêque non métropolitain
Il existe des archidiocèses auquel l'office de métropolitain n'est pas joint. Au , leur nombre était de quarante-huit[1]. Un tel archidiocèse est dit archidiocèse non métropolitain et l'archevêque qui en est l'ordinaire est dit archevêque non métropolitain.
Archevêque non métropolitain suffragant
Certains archidiocèses non métropolitains sont suffragants d'un archidiocèse métropolitain ; l'archevêque d'un tel archidiocèse est dit archevêque suffragant. Il s'agit en général de sièges autrefois métropolitains ayant perdu ce privilège au profit d'une autre ville voisine devenue plus importante, et à qui l'on conserve cependant la dignité archiépiscopale.
C'est le cas, en France, de huit archidiocèses :
- ceux d'Aix et d'Avignon, qui sont suffragants de l'archidiocèse de Marseille ;
- celui d'Albi et celui d'Auch qui sont suffragants de l'archidiocèse de Toulouse ;
- celui de Bourges, qui est suffragant de l'archidiocèse de Tours ;
- celui de Cambrai, qui est suffragant de l'archidiocèse de Lille ;
- celui de Chambéry, qui est suffragant de l'archidiocèse de Lyon ;
- et celui de Sens, qui est suffragant de l'archidiocèse de Dijon.
Archevêque non métropolitain exempt
D'autres archidiocèses non métropolitains ne sont suffragants d'aucun métropolitain ; l'archevêque qui est l'ordinaire d'un tel archidiocèse est dit archevêque exempt ou sujet immédiat du Saint-Siège. Cette situation résulte toujours d'une particularité historique ; c'est le cas, par exemple, de :
- l'archidiocèse de Strasbourg. L'Alsace-Moselle étant régie depuis par le concordat comme le reste de la France, le siège épiscopal de Strasbourg était suffragant de Besançon. Le diocèse de Strasbourg n'était plus en territoire français à la suite de son annexion à l'Allemagne par le traité de Francfort () à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870 ; aussi la Sacrée Congrégation consistoriale fit-elle du diocèse un sujet immédiat du Saint-Siège, par le décret Rem in ecclesiastica du . Le pape Jean-Paul II éleva par la suite le diocèse au rang d'archidiocèse, par la constitution apostolique Antiquissima ipsa du .
- l'archidiocèse de Monaco. La Sacrée Congrégation consistoriale érige l'abbaye territoriale des Saint-Nicolas-et-Benoît, avec juridiction sur toute la principauté de Monaco, par le décret Pastoris aeterni du . Vingt ans plus tard, Léon XIII érige l'abbaye en évêché dépendant directement de Rome, par la bulle pontificale Quemadmodum Sollicitus Pastor du . Enfin, par la bulle Apostolica haec du — dont la forme est celle d'un traité international —, le pape Jean-Paul II élève le siège épiscopal de Monaco à la dignité d'archevêché en compensation de la renonciation du Prince au droit de patronat et de collation. L'archevêque de Monaco siège à la Conférence des évêques de France.
- l'archidiocèse de Vaduz, au Liechtenstein. Il est créé par le pape Jean-Paul II par le bref Ad satius consulendum du pour régler un conflit interne au diocèse de Coire en Suisse. Son territoire correspond désormais à celui de la principauté. L'archevêque de Vaduz siège à la Conférence des évêques de Suisse.
Monaco ou le Liechtenstein peuvent aussi être jugés trop petits (malgré leur caractère souverain) pour justifier la création d'une province ecclésiastique, tout en voyant ainsi reconnaître au siège de leur capitale un caractère national.
Archevêque primat
Certains archevêques métropolitains jouissent également du titre de primat, qui leur garantit une juridiction théorique sur plusieurs provinces. Les autres primaties provinciales ne sont plus portées depuis les années -, à l'exception en France des titres suivants qui restent uniquement honorifiques (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :
- primat des Gaules, attribué aux archevêques de Lyon. Par la bulle Antiqua sanctorum Patrum d', le pape Grégoire VII reconnaît à Gébuin, archevêque de Lyon, et à ses successeurs le titre de primat, avec juridiction sur les quatre provinces de Lyonnaise, à savoir les provinces ecclésiastiques de Lyon, de Rouen, de Tours et de Sens ;
- primat de Normandie, attribué aux archevêques de Rouen. Un arrêt du Conseil du confirme le titre et interdit à l'archevêque de Lyon d'intervenir dans son ressort. L'archevêque de Rouen revendiquait la juridiction sur les nouveaux diocèses d'Amérique du Nord, avant que Rome ne mît fin à cette prétention.
- primat de Lorraine, attribué aux évêques de Nancy (qui n'ont néanmoins pas le rang d'archevêques). Le bref apostolique du les autorise à accoler à leur titre celui d'évêque de Toul, le titre de primat leur ayant initialement été attribué en .
- primat d'Aquitaine : l'archevêque de Bordeaux, de (par Clément V) à . Les conséquences de ce titre honorifique sont visibles dans la cinquième rangée de houppes du blason épiscopal de Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux depuis .
Il existe également en France les titres historiques suivants, correspondant au territoire actuel des provinces ecclésiastiques :
- primat de Belgique Seconde : l'archevêque de Reims. Par la bulle Potestatem ligandi du , le pape Urbain II reconnaît à Rainaud, archevêque de Reims, et à ses successeurs la primatie sur la Belgique seconde, c'est-à-dire la province ecclésiastique de Reims ;
- primat de Bretagne : l'archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo. Titre créé en par Nominoë et conféré à l'évêque de Dol pour assurer son indépendance vis-à-vis de la province ecclésiastique de Tours. L'affaire s'achève par la bulle Licet primum fulminée le par le pape Innocent III qui confirme que le diocèse de Dol est suffragant de l'archidiocèse de Tours. Le titre est encore utilisé en par le cardinal Clément Roques[3].
D'autres titres historiques français ont existé, mais les diocèses auxquels ils correspondaient ne sont plus les archidiocèses métropolitains d'une province ecclésiastique :
- primat des Aquitaines ou Narbonnaises : l'archevêque de Bourges, de (par Nicolas Ier) à . L'archidiocèse de Bourges est rattaché à la province ecclésiastique de Tours depuis .
- primat de Gaule et de Germanie : l'archevêque de Sens, de à . L'archidiocèse de Sens-Auxerre est rattaché à la province ecclésiastique de Dijon depuis ;
- primat de Gaule Narbonnaise. Par la bulle Potestam ligandi de , Urbain II reconnaît à Bertrand, archevêque de Narbonne, et à ses successeurs le titre de primat des deux provinces de Narbonnaise : les provinces ecclésiastiques de Narbonne et d'Aix. L'archidiocèse de Narbonne est supprimé en , l'archevêque de Toulouse est autorisé en à relever le titre d'archevêque de Narbonne. En , le titre du siège supprimé de Narbonne est transféré au diocèse de Carcassonne, rattaché depuis à la province ecclésiastique de Montpellier, qui prend son nom actuel de diocèse de Carcassonne et Narbonne.
- primat de Novempopulanie, ou Deux Navarres () : l'archevêque d'Auch, de à . L'archidiocèse d'Auch est rattaché à la province ecclésiastique de Toulouse depuis .
- primat des Sept Provinces, ou « primat des primats » : la bulle du pape Calixte II du accorde à l'archevêque de Vienne la primatie sur sept provinces : Vienne, Bourges, Bordeaux, Auch, Narbonne, Aix-en-Provence et Embrun. L'archidiocèse de Vienne est supprimé en . Le territoire de Vienne est devenu une zone interdiocésaine de à , puis la ville de Vienne est intégrée avec des paroisses dans le diocèse de Grenoble.
Archevêque patriarche
Deux archevêques métropolitains jouissent encore du titre de patriarche, purement honorifique (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :
- celui de Venise, en Italie. Le titre patriarcal de l'évêque d'Aquilée (patriarcat depuis ) passe en , lors d'un schisme, au siège épiscopal de Grado, avant d'être attribué définitivement à celui de Venise le . Venise était également le siège de l'archevêque patriarche latin de Constantinople de à ;
- et celui de Lisbonne, au Portugal. Fondé au IVe siècle, le diocèse a été élevé au rang d'archidiocèse le , puis à celui de patriarcat le .
Archevêque titulaire
Enfin, les archevêques ou évêques titulaires sont des prélats pourvus de la dignité épiscopale, mais n'ayant aucune juridiction diocésaine. Cette dignité est toujours accordée aux nonces apostoliques, ainsi qu'à des membres de la Curie romaine, qui jouissent ainsi d'une plus grande stabilité en cas de changement de pape.
Archevêque-évêque
L'on appelle « archevêque-évêque » :
- un archevêque ex officio ou titulaire déplacé ensuite à un siège seulement épiscopal :
- Marcel Lefebvre, archevêque de Dakar () puis archevêque-évêque de Tulle () ;
- Philippe Ballot, archevêque de Chambéry () puis archevêque-évêque de Metz ().
- un évêque promu archevêque ad personam :
- Joan-Enric Vives i Sicília, évêque d'Urgell et coprince d'Andorre () puis archevêque-évêque d'Urgell () à titre personnel.
- un évêque pressenti vainement pour un siège archiépiscopal, pour l'en dédommager :
- Étienne Antoine Boulogne, évêque de Troyes (), pressenti pour Vienne () puis archevêque-évêque de Troyes (-).
Dans les Églises catholiques orientales
Le code des canons des Églises orientales, qui régit les Églises catholiques orientales, reconnaît le titre d'archevêque majeur à certains primats, à la tête d’Églises autonomes et membres de la Congrégation pour les Églises orientales. Le titre, créé en pour le chef de l'Église grecque-catholique ukrainienne, correspond au titre patriarcal de Catholicos des Églises orthodoxes. Il en existe actuellement quatre :
- l'archevêque majeur de Ernakulam-Angamaly (Inde), syro-malabare ;
- l'archevêque majeur de Făgăraş et Alba Iulia (Roumanie), grec-catholique roumain ;
- l'archevêque majeur de Kiev et toute la Galicie (Ukraine), grec-catholique ukrainien ;
- L'archevêque majeur de Trivandrum (Inde), syro-malankare.
Dans l'Église anglicane
La communion anglicane compte quarante provinces ecclésiastiques, la plupart comptant un ou plusieurs archevêques, et six petites églises rattachées différemment. Chacune de ces provinces ou églises est autonome. Les sièges les plus connus sont ceux de l'Église d'Angleterre, Canterbury (chef spirituel de l'Église d'Angleterre et de la communion anglicane) et York. Ces deux archevêques sont des « pairs spirituels » (spiritual peers) et donc membres de la Chambre des lords britannique.
Dans les églises luthériennes
Relevant généralement du système presbytérien synodal, les églises luthériennes ont conservé certaines des formes héritées du système épiscopalien et certaines ont des archevêques. C'est le cas en Suède, en Finlande, en Lituanie et en Allemagne où l'église luthérienne est non seulement l'héritière directe des structures catholiques d'avant la Réforme mais aussi suffisamment nombreuse pour avoir deux niveaux hiérarchiques.
Un archevêque suédois célèbre est Lars Olof Jonathan Söderblom, qui s'est illustré dans le domaine de l’œcuménisme. C'est à Uppsala que se trouve le siège du seul archevêque de l'Église de Suède.
Dans l'Église orthodoxe
Dans les Églises orthodoxes, à l’origine, l'archevêque était l'évêque qui présidait les conciles de sa province, synonyme de métropolitain. Dans la pratique orthodoxe actuelle, le mot a plusieurs usages distincts :
- Usage grec : titre porté par un évêque qui est aussi primat (Chypre, Grèce, Crète). Les patriarches sont aussi appelés archevêques de la ville où est situé leur siège épiscopal, tandis que tous les autres évêques titulaires sont métropolites.
- Usage russe : titre porté par un évêque titulaire qui a reçu une distinction honorifique intermédiaire entre le rang des simples évêques et celui des métropolites.
- Usage roumain : il se conforme à la signification originelle du mot.
Notes et références
- (en) Liste des archidiocèses non métropolitains (consulté le )
- « Canon 438 », sur droitcanonique.fr, .
- « 1948- Folklore religieux: le Primat de Bretagne bénit les chalutiers et goélettes », sur Belgavox | Videos D'archives Belges, (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Liste de tous les métropolitains et les archevêques GCatholic.org