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Candide

Candide ou l'Optimisme est un conte philosophique de Voltaire paru Ă  GenĂšve en . Il a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© vingt fois du vivant de l’auteur[n 1], ce qui en fait l'un des plus grands succĂšs littĂ©raires francophones. Seulement un mois aprĂšs sa parution, six mille exemplaires avaient Ă©tĂ© vendus, nombre considĂ©rable pour l'Ă©poque[1].

Candide ou l’Optimisme
Image illustrative de l’article Candide
Édition princeps − « M. le Docteur Ralph » est un des nombreux pseudonymes de Voltaire.

Auteur Voltaire
Pays Drapeau de la France France
Genre Conte philosophique
Éditeur Gabriel Cramer
Lieu de parution GenĂšve
Date de parution 1759
ISBN 978-2-01-169169-9
SĂ©rie Multiples

PrĂ©tendument traduit d'un ouvrage du Docteur Ralph (qui, en rĂ©alitĂ©, n'est que le pseudonyme utilisĂ© par Voltaire), avec les « additions qu'on a trouvĂ©es dans la poche du docteur »[2], cette Ɠuvre, ironique dĂšs les premiĂšres lignes, ne laisse aucun doute sur l’identitĂ© de l’auteur, qui ne pouvait qu'ĂȘtre du parti des philosophes.

Candide est également un récit de formation, récit d'un voyage qui transformera son héros éponyme en philosophe, un Télémaque d'un genre nouveau.

Contextes

Contexte philosophique

Ce texte pose un problĂšme philosophique par le truchement de la fiction. Dans cette optique, il s'inscrit dans un dĂ©bat important du XVIIIe siĂšcle Ă  propos du fatalisme et de l'existence du Mal. Voltaire est farouchement opposĂ© aux idĂ©es du philosophe Leibniz au sujet de Dieu, de son « principe de raison suffisante » et son idĂ©e d'« harmonie prĂ©Ă©tablie ». Il est d'autant plus vĂ©hĂ©ment que sa maĂźtresse, pour laquelle il Ă©prouvait beaucoup d'admiration, Émilie du ChĂątelet (morte dix ans plus tĂŽt, en 1749), Ă©tait une adepte convaincue de Leibniz[3].

Pour lui, si Dieu est parfait, le monde ne peut pas l'ĂȘtre, mais Dieu l'a crĂ©Ă© le meilleur possible. Le mal existe ponctuellement, mais il est compensĂ© ailleurs par un bien infiniment grand[4]. De plus, selon Leibniz, rien n'arrive sans qu'il n'y ait Ă  cela une cause nĂ©cessaire[5]. Cette croyance est ce que l'on appelle l'optimisme leibnizien.

Voltaire voit dans cette philosophie un encouragement au fatalisme. Il oppose à cet optimisme qu'il juge béat, une vision lucide sur le monde et ses imperfections et il affiche, notamment dans ses lettres philosophiques[6] une forte confiance en l'homme, qui est capable d'améliorer sa condition. C'est le sens de la conclusion de Candide : « Il faut cultiver notre jardin »[7].

Dans Candide ou l'Optimisme, il s'attaque frontalement Ă  l'optimisme de Leibniz. Sa critique s'exprime de plusieurs façons. D'un cĂŽtĂ©, les aventures malheureuses du hĂ©ros s'accumulent au-delĂ  de ce qui semble possible. Cette exagĂ©ration invraisemblable veut dĂ©montrer toute l'absurditĂ© de la thĂšse du meilleur des mondes possibles. D'un autre cĂŽtĂ©, chaque moment de bonheur semble ĂȘtre invariablement accompagnĂ© des pires malheurs. On peut ici penser Ă  Pangloss qui connait l'amour physique auprĂšs de Paquette, mais qui est vite rattrapĂ© par un destin tragique. Finalement, Ă  travers le personnage de Pangloss, dĂ©fenseur convaincu de cette philosophie, Voltaire simplifie et critique fortement certaines idĂ©es de Leibniz. Par exemple, la critique est manifeste lorsque Pangloss affirme, au chapitre 4, que « les malheurs particuliers font le bien gĂ©nĂ©ral ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout est bien. ». Au chapitre 28, Leibniz est mĂȘme directement mentionnĂ© par le personnage du philosophe, il n'y a donc aucune Ă©quivoque possible[1].

Il est intĂ©ressant de noter que, plus tĂŽt dans sa vie, Voltaire a adhĂ©rĂ© Ă  cette philosophie de l'optimisme. En effet, dans les ÉlĂ©ments de la philosophie de Newton (1738), Voltaire affirme que : « ce qui est mauvais par rapport Ă  vous est bon dans l'arrangement gĂ©nĂ©ral »[1].

Contexte politique

« AprÚs un excellent dßner, on entra dans la bibliothÚque » (chap. XXV).

Lors de la parution de l’Ɠuvre, Voltaire vit dans sa propriĂ©tĂ© des DĂ©lices Ă  GenĂšve, vĂ©ritable « palais d’un philosophe avec les jardins d’Épicure »[8]. Deux Ă©vĂ©nements l’ont rĂ©cemment bouleversĂ© : le tremblement de terre de Lisbonne du et le dĂ©but de la guerre de Sept Ans (1756) qui lui inspirent cette rĂ©flexion : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocitĂ©s inutiles » (Essai sur les mƓurs et l'esprit des nations, 1756).

Ayant envoyĂ© son PoĂšme sur le dĂ©sastre de Lisbonne Ă  Jean-Jacques Rousseau, celui-ci lui rĂ©pond par une lettre dans laquelle il cherche Ă  justifier la divine providence, dont Voltaire doute fortement aprĂšs ces Ă©vĂšnements. Il prĂ©tend, dans le neuviĂšme livre de ses Confessions, que le roman philosophique Candide serait la rĂ©ponse Ă  cette lettre, rĂ©ponse que Voltaire avait promise, tout en l’ajournant[9].

L’annĂ©e prĂ©cĂ©dant la publication de cet ouvrage, l’EncyclopĂ©die de Diderot et D’Alembert, Ă  laquelle participait Voltaire, connaĂźt un coup d’arrĂȘt par le retrait du privilĂšge royal et la condamnation prononcĂ©e par le Parlement de Paris. Voltaire aurait donc trouvĂ©, avec Candide, un moyen de continuer Ă  transmettre les idĂ©es des LumiĂšres. But d’ailleurs amplement atteint, vu le succĂšs de ce livre qui, au lieu de ne toucher qu’une Ă©lite fortunĂ©e et cultivĂ©e comme le faisait l’EncyclopĂ©die, a touchĂ© presque tous les lettrĂ©s.

Depuis sa retraite genevoise, Voltaire parcourt la planĂšte en imagination. Peu Ă  peu, il dessine certains axes dans un espace symbolique : Berlin et l’Allemagne au Nord ; le PĂ©rou Ă  l’Ouest, Venise au Sud, Constantinople Ă  l’Est. Ce seront les lieux principaux du conte, les grandes Ă©tapes du voyage initiatique de Candide. Il reste Ă  les relier. L’Allemagne, par exemple, Ă©voque la Turquie par un mĂȘme despotisme politique et elle entretient des liens avec l’AmĂ©rique du Sud par les jĂ©suites allemands qui font la guerre au Paraguay. Les Ă©tapes majeures dĂ©sormais fixĂ©es, les personnages peuvent prendre la route. Reste bien sĂ»r Ă  crĂ©er Candide


« On jouait gros jeu. Candide était tout étonné que jamais les as ne lui vinssent » (chap. XXII).

Certains critiques[10] ont vu dans ce personnage l’incarnation de la naĂŻvetĂ© de l’auteur lui-mĂȘme. Le baron, au nom imprononçable, entichĂ© de ses quartiers de noblesse, qui va exclure Candide du « jardin d’Eden » symboliserait la noblesse allemande tandis que le « roi des Bulgares » serait FrĂ©dĂ©ric II qui, en , s’est couvert de gloire dans la victoire de Rossbach . Voltaire, qui croyait Ă  la dĂ©faite de son ancien protecteur, prend alors conscience de sa naĂŻvetĂ©. Le conte serait donc une revanche sur l’humiliation infligĂ©e par FrĂ©dĂ©ric II, Ă  la suite de la brouille qui a fĂąchĂ© le philosophe avec le roi de Prusse en 1753. Traiter FrĂ©dĂ©ric II de « roi des Bulgares » est une façon indirecte de rappeler son orientation sexuelle, le terme de « bougre » (lui-mĂȘme dĂ©rivĂ© de « bulgare ») signifiant « homosexuel » au XVIIIe siĂšcle. Voici un extrait d’une lettre de Voltaire Ă  Madame Denis oĂč le philosophe, invitĂ© Ă  Berlin, mĂȘme s'il croyait Ă  la possibilitĂ© de voir rĂ©aliser un despotisme Ă©clairĂ©, exprime dĂ©jĂ  sa dĂ©fiance Ă  l'Ă©gard du pouvoir royal :

« Je vais me faire, pour mon instruction, un petit dictionnaire Ă  l’usage des rois. Mon cher ami veut dire vous m’ĂȘtes plus qu’indiffĂ©rent. Entendez par je vous rendrai heureux, je vous souffrirai tant que j’aurai besoin de vous. Soupez avec moi ce soir signifie je me moquerai de vous ce soir. Le dictionnaire peut ĂȘtre long ; c’est un article Ă  mettre dans l’EncyclopĂ©die. »

— Voltaire, Berlin,

Personnages

« Il y avait deux grands moutons rouges sellés et bridés pour leur servir de monture quand ils auraient franchi les montagnes » (chap. XVIII).

Candide

Enfant supposĂ© de la sƓur de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh[11], c'est le personnage principal du livre. La citation qui fait allusion Ă  sa bĂątardise se situe au chapitre premier de l'ouvrage : « Les anciens domestiques soupçonnaient que [Candide] Ă©tait fils de la sƓur de Monsieur le Baron et d'un bon et honnĂȘte gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais Ă©pouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre gĂ©nĂ©alogique avait Ă©tĂ© perdu par l'injure du temps »[12] - [n 2].

On perçoit immĂ©diatement, dans la fin du premier paragraphe de l'Ɠuvre, le sarcasme moquant le conservatisme social de la noblesse arrogante, certes tel que MoliĂšre un siĂšcle plus tĂŽt le pratiquait aux dĂ©pens de la petite aristocratie provinciale[n 3], mais surtout annonçant le Figaro de Beaumarchais : « Si le Ciel l'eĂ»t voulu, je serais fils d'un prince »[13].

Voltaire nous donne une brÚve description du personnage : « Sa physionomie annonçait son ùme » (chap. I). Candide est représenté principalement sous forme d'un caractÚre qu'il incarne. Ce caractÚre fait de lui l'homme qu'il est jusqu'à lui donner son nom : « Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple : c'est je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide » (chap. I)[14].

L'onomastique, en matiĂšre d'interprĂ©tation des textes voltairiens, se rĂ©vĂšle souvent fĂ©conde[n 4]. Le mot « candide » vient du latin « candidus » qui signifie « blanc » et a pour second sens « de bonne foi, avec candeur, simplement »[15]. Le choix d'un tel nom indiquerait l’innocence du hĂ©ros, voire sa naĂŻvetĂ©. Cire vierge sur laquelle on marque en apparence tout, il s'Ă©tonnera de ce qu'il observera au fil de ses tribulations, Ă  la façon apparemment enfantine de Socrate dans les dialogues platoniciens, personnifiant ainsi l'ironie selon l'Ă©tymologie du mot, « Î”áŒ°ÏÏ‰ÎœÎ”ÎŻÎ± » (eirĂŽneĂ­a) : « ignorance feinte »[16].

Pour créer son personnage, Voltaire semble avoir puisé dans plusieurs sources. Certaines des aventures vécues par Candide sont des transpositions de mésaventures arrivées à Voltaire, ce qui conduit certains auteurs comme Frédéric Deloffre[17] ou Roland Barthes[18] à y voir une incarnation de la naïveté de l'auteur. Mais il est également possible que Voltaire se soit inspiré d'un jeune homme, M. Patu, rencontré plusieurs fois dont la premiÚre visite correspond au tremblement de terre de Lisbonne, auquel Voltaire s'était attaché et qu'il décrit comme aimant tous les arts et d'« ùme candide »[19].

Cunégonde

CunĂ©gonde est la fille du baron Thunder-ten-tronckh, cousine et amoureuse de Candide. Elle est peut-ĂȘtre imaginĂ©e Ă  partir de deux maĂźtresses de Voltaire : sa niĂšce Mme Denis et la scientifique Émilie du ChĂątelet[20] - [21]. Mais on y trouve aussi quelques traits caractĂ©ristiques de Charlotte Sophie Bentinck qui le reçoit au chĂąteau de BĂŒckeburg[19].

Pangloss

Grand philosophe et professeur de mĂ©taphysico-thĂ©ologo-cosmolo-nigologie[22], c'est le prĂ©cepteur de Candide et de CunĂ©gonde. Satire du philosophe polymathe allemand Gottfried Wilhelm Leibniz, il est peut-ĂȘtre imaginĂ© Ă  partir de la duchesse de Saxe-Gotha, Louise-DorothĂ©e de Saxe-Meiningen, une leibnizienne avec qui Voltaire a beaucoup correspondu et dont il a raillĂ© l'optimisme obstinĂ© malgrĂ© les horreurs dont elle Ă©tait tĂ©moin[23]. Il est le modĂšle de Candide durant la premiĂšre partie du livre. C'est Ă  la fin du livre que Candide s'attaquera Ă  lui en « cultivant son jardin » (phrase emblĂ©matique des LumiĂšres). Pangloss enseigne la mĂ©taphysico-thĂ©ologo-cosmolonigologie. Il est le reprĂ©sentant de la philosophie de l'optimisme. Le terme « Nigologie » nous amĂšne dĂ©jĂ  Ă  penser que Pangloss est un nigaud. Cette philosophie semble absurde. À travers ce personnage, Voltaire se moque de la science. Sa philosophie, qui peut se rĂ©sumer Ă  une phrase : « Tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles », est une satire de celle de Leibniz, qui ne saurait se rĂ©sumer de la sorte. Beaucoup des sujets religieux et philosophiques dĂ©battus par Pangloss se retrouvent dans des comptes-rendus de conversations entre Voltaire et le haut-prĂ©cepteur au chĂąteau de BĂŒckeburg Johann Heinrich Meister (de)[19].

La perfection de l'adaptation des décors des écoinçons (en réalité des pendentifs[24]) de la Basilique Saint-Marc de Venise à leur configuration architecturale a servi en 1978 d'argument par l'absurde à Stephen J. Gould et Richard C. Lewontin pour critiquer dans un article resté célÚbre[25] l'école de pensée adaptationniste, qui prévalait à l'époque en biologie de l'évolution, au titre du « paradigme panglossien » qu'elle véhicule.

Martin

Compagnon de voyage de Candide, qui se dit manichĂ©en, Martin apparaĂźt au chapitre XIX[26]. Ce philosophe est l’opposĂ© de Pangloss, il est plutĂŽt pessimiste[27]. Il professe que l'Homme est nĂ© pour souffrir, travailler sans raisonner. Ce personnage est crĂ©Ă© pour donner Ă  Candide une philosophie totalement diffĂ©rente de celle de Pangloss. Martin se dit manichĂ©en. Le manichĂ©isme renvoie Ă  une vision du monde dans laquelle le bien et le mal sont clairement dĂ©finis. Pour Martin, le mal l'emporte toujours, c'est ainsi que s'exprime son pessimisme. CĂŽtoyer Martin permet Ă  Candide de remettre en question les idĂ©es optimistes de Pangloss. Contrairement Ă  ce dernier, Martin est ouvert au dĂ©bat philosophique. Ceci permet Ă  Candide de crĂ©er sa propre philosophie qui prend en compte un savoir et une vision du monde plus Ă©tendue. Certains critiques pensent que Martin est traitĂ© avec sympathie, ce qui signifierait que la philosophie idĂ©ale de Candide est pessimiste, ce que d’autres contestent en citant la description nĂ©gative de Voltaire des principes de Martin et la fin de l’histoire oĂč Martin devient passif.

Autres personnages

  • Cacambo, valet de Candide, qui, comme plusieurs personnages du conte, est victime de multiples malheurs. Il prĂ©fĂšre l'action au raisonnement.
  • La vieille, bienfaitrice de CunĂ©gonde, Ă©vocation des marraines des contes traditionnels. Elle est pessimiste comme Martin ayant eu un trĂšs douloureux passĂ© (violĂ©e, une fesse coupĂ©e
). Elle est en dĂ©saccord avec la vision optimiste de Candide et contribuera Ă  sa « rĂ©Ă©ducation » de la vision du monde. La vieille apparaĂźt Ă  la fin du chapitre VI. Son rĂŽle est dĂ©veloppĂ© aux chapitres VII, XI et XII, ces deux derniers lui Ă©tant consacrĂ©s en entier : ils relatent son histoire. Ce personnage, outre qu'il contribue, comme plusieurs autres, Ă  constituer un dĂ©menti aux Ă©lucubrations de Pangloss, occupe une autre fonction : la vieille dĂ©peint par avance ce que sera CunĂ©gonde une fois atteint le troisiĂšme Ăąge. Voltaire lui a attribuĂ© une naissance noble et une vie aventureuse. CunĂ©gonde, dont Candide demeurera si longtemps l'amoureux transi, est une « vieille-en-devenir ».
  • Le baron Thunder-ten-tronckh, un gentilhomme campagnard westphalien[14]. Thunder signifie « tonnerre » en anglais, l'allitĂ©ration en [t] ridiculise ce personnage.
  • La baronne Thunder-ten-tronckh, sa femme, trĂšs considĂ©rĂ©e pour les « trois cent cinquante livres » (environ 170 kg) qu’elle pĂšse[22].
  • Le fils du baron Thunder-ten-tronckh, jĂ©suite entichĂ© de sa noblesse.
  • Paquette, femme de chambre de la baronne Thunder-ten-tronckh et bĂ©nĂ©ficiaire accessoire des « leçons de physique expĂ©rimentale » du savant Dr Pangloss.
  • Jacques l’anabaptiste, bienfaiteur hollandais de Candide et de Pangloss au dĂ©but du conte jusqu’à sa noyade aprĂšs avoir sauvĂ© un autre homme.
  • Vanderdendur, nĂ©gociant escroc.
  • Pococurante, ce seigneur est trĂšs riche, mais ne s’intĂ©resse plus Ă  rien (de l'italien « poco » : « peu » ; « curante » : « ayant soin »). L’oisivetĂ© est la cause de son ennui.

Résumé

Situation initiale

« Les diables de Pangloss portaient griffes et queues et les flammes étaient droites » (chap. VI)[n 5].

Candide est un jeune garçon vivant au chĂąteau du baron de Thunder-ten-tronckh qui se trouve en Westphalie[n 6] - [28]. Le nom de Thunder-ten-Tronckh est une dĂ©formation burlesque du nĂ©erlandais, et signifie grossiĂšrement « Chandelle pour allumer une souche »[19]. Le chĂąteau est inspirĂ© du chĂąteau de BĂŒckeburg dans lequel Voltaire a sĂ©journĂ© Ă  plusieurs reprises[19]. Il a pour maĂźtre Pangloss, philosophe qui enseigne la « mĂ©taphysico-thĂ©ologo-cosmolonigologie »[n 7] - [29], et qui professe, Ă  l'instar de Leibniz, que l'on vit dans le meilleur des mondes possibles — la philosophie leibnizienne est cependant dĂ©formĂ©e dans ce que professe Pangloss[30]. Candide est chassĂ© de ce meilleur des mondes possibles Ă  la suite d'un baiser interdit Ă©changĂ© avec CunĂ©gonde[31], la fille du Baron. Candide dĂ©couvre alors le monde, et va de dĂ©convenue en dĂ©convenue sur les chemins d'un long voyage initiatique.

Péripéties

EnrĂŽlĂ© de force dans les troupes bulgares, il assiste Ă  la boucherie de la guerre. Il s'enfuit, horrifiĂ©, puis est recueilli par Jacques l'anabaptiste. Il retrouve Pangloss rĂ©duit Ă  l'Ă©tat de vieillard[32], atteint de la vĂ©role[33] qui lui annonce la mort de CunĂ©gonde, violĂ©e par des soldats bulgares, ainsi que celles du baron (le crĂąne fracassĂ© par les Bulgares), de la baronne (dĂ©coupĂ©e en morceaux) et du frĂšre de CunĂ©gonde (Ă©gorgĂ©). Ils embarquent avec Jacques pour Lisbonne[34]. AprĂšs une tempĂȘte dans laquelle meurt noyĂ© Jacques[35], ils arrivent Ă  Lisbonne le jour du tremblement de terre[36] et sont victimes d'un autodafĂ©[37] durant lequel Pangloss est pendu[38]. Candide retrouve CunĂ©gonde, maitresse d'un grand inquisiteur et d'un riche juif : don Issachar[39]. Il est amenĂ© Ă  tuer les deux hommes et s'enfuit avec CunĂ©gonde et sa vieille servante vers Cadix en Espagne.

Il embarque avec son valet Cacambo, CunĂ©gonde et sa vieille servante pour le Paraguay. Contraint d'abandonner CunĂ©gonde Ă  Buenos Aires, il s'enfuit avec Cacambo au Paraguay. Ils y retrouvent le frĂšre de CunĂ©gonde, qui avait en rĂ©alitĂ© Ă©chappĂ© au massacre de Westphalie, que Candide transperce d'un coup d'Ă©pĂ©e, s'Ă©chappent, Ă©vitent de peu d'ĂȘtre mangĂ©s par les sauvages Oreillons et dĂ©couvrent le pays d'Eldorado, lieu mythique oĂč l'abondance, la paix et la prospĂ©ritĂ© rĂšgnent. Ils y sont heureux, mais prĂ©fĂšrent le quitter, avec quantitĂ© de richesses offertes par le roi de l'Eldorado, pour retrouver CunĂ©gonde.

Envoyant Cacambo racheter CunĂ©gonde, Candide se fait voler par un marchand et un juge, fait la connaissance de Martin, dĂ©goĂ»tĂ© de la vie et rejoint l'Europe avec lui. Ils arrivent Ă  Bordeaux avant de passer par Paris oĂč Candide manque de mourir des soins prodiguĂ©s par la mĂ©decine, se fait voler par un abbĂ© et Ă©chappe de peu Ă  la prison. Candide et Martin s'engagent ensuite pour l'Angleterre, en bateau, oĂč ils ne posent mĂȘme pas le pied Ă  terre, car ils assistent Ă  l'injuste exĂ©cution d'un officier anglais. Enfin ils rejoignent Venise oĂč ils cherchent en vain CunĂ©gonde, mais retrouvent Cacambo. Ils y rencontrent Paquette, une servante du Baron de Thunder-ten-tronckh, et son amant le moine GiroflĂ©e, dĂ©couvrent Pococurante, un riche dĂ©sabusĂ©, et font la connaissance de six rois dĂ©trĂŽnĂ©s.

Ils partent ensuite pour Constantinople dĂ©livrer CunĂ©gonde, devenue laide, esclave du roi dĂ©chu Ragotski et racheter le valet Cacambo. Sur la galĂšre, parmi les forçats, ils retrouvent Pangloss, ayant Ă©chappĂ© Ă  la pendaison, et le frĂšre de CunĂ©gonde, ayant survĂ©cu au coup d'Ă©pĂ©e, que Candide dĂ©livre contre rançon. À Constantinople, il rachĂšte CunĂ©gonde enlaidie et acariĂątre, l'Ă©pouse contre l'avis de son frĂšre qu'il est contraint de chasser, s'installe dans une mĂ©tairie, se fait voler par des marchands, recueille Paquette et GiroflĂ©e et finit en cultivant son jardin.

C'est le refrain résolument optimiste de Pangloss sur « le meilleur des mondes possibles », ainsi que le mot de la fin de Candide :

« Pangloss disait quelquefois Ă  Candide : Tous les Ă©vĂ©nements sont enchaĂźnĂ©s dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin si vous n’aviez pas Ă©tĂ© chassĂ© d’un beau chĂąteau Ă  grands coups de pied dans le derriĂšre pour l’amour de mademoiselle CunĂ©gonde, si vous n’aviez pas Ă©tĂ© mis Ă  l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’AmĂ©rique Ă  pied, si vous n’aviez pas donnĂ© un bon coup d’épĂ©e au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cĂ©drats confits et des pistaches.
– Cela est bien dit, rĂ©pondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »

Chapitre conclusif : la métairie

Le dernier chapitre du roman donne un sens Ă  cette quĂȘte en condamnant la philosophie optimiste de Leibniz incarnĂ©e par Pangloss pour lui prĂ©fĂ©rer un bonheur plus concret et plus modeste : celui de la petite mĂ©tairie fondĂ©e sur les valeurs du travail : « cultiver » et du travail collectif « notre jardin »[40].

Tout au long de ce roman philosophique, Voltaire dĂ©fend l'idĂ©e que l'Homme est capable d'amĂ©liorer sa condition de lui-mĂȘme. Cette idĂ©e est confirmĂ©e dans l'explicit du roman, le chapitre 30, oĂč tous les personnages et alliĂ©s de Candide se retrouvent dans la mĂ©tairie. La petite mĂ©tairie peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la troisiĂšme utopie du roman (aprĂšs le chĂąteau du baron de Thunder-ten-tronckh et l'El Dorado).

Dans cette petite mĂ©tairie, le bonheur passe par le travail et l'amitiĂ©, le sentiment de l'amour n'est plus prĂ©sent dans celui-ci. C'est l'aboutissement d'un amalgame d’expĂ©riences malheureuses. Les personnages tirent des leçons de leurs expĂ©riences, et finissent par vivre heureux ensemble. Tout le monde s'emploie Ă  faire ce qu'il sait faire, en fonction de ses qualitĂ©s, et en est donc heureux. Le salaire qu'ils touchent est le bonheur qui rĂ©sulte de leur travail, il n'est pas matĂ©riel. Dans la mĂ©tairie sont rassemblĂ©s trois philosophies diffĂ©rentes :

  • La philosophie de Pangloss, qui consiste Ă  croire que « tout est au mieux dans le meilleur des mondes ». Le parcours de Candide et ses rencontres ont permis de prouver que cette philosophie de vie est fausse.
  • La philosophie de Martin, qui est totalement pessimiste, est en totale opposition avec celle de Pangloss, mais n'est pas forcĂ©ment vraie non plus. Pour lui, seul le travail peut rendre la vie supportable. Ce terme qu'il utilise montre bien qu'il ne pense pas pouvoir ĂȘtre heureux, la vie ne peut ĂȘtre, au mieux, que supportable. Ces deux philosophies sont aux extrĂȘmes du bien et du mal.
  • La philosophie de Candide, qui est considĂ©rĂ©e comme heureuse, pragmatique. « Il faut cultiver son jardin », c'est une figure pour dire qu'il faut pouvoir Ă©voluer et cultiver son jardin personnel, intĂ©rieur. Il est au milieu des philosophies de ses deux prĂ©cepteurs (Pangloss et Martin) qui l'ont fait grandir Ă  travers leurs enseignements.

Les personnages n'ont plus besoin du monde, il ne leur a apportĂ© que des malheurs, ils n'y ont tous vu que des dĂ©fauts, et ne veulent plus y retourner. Il n'y a pas de religion dans cette mĂ©tairie, car mĂȘme elle ne leur a pas apportĂ© de joie. Ils vivent donc heureux par eux-mĂȘmes, sans penser Ă  une entitĂ© supĂ©rieure. Voltaire dĂ©nonce ainsi l'omniprĂ©sence de l’Église au temps des LumiĂšres, qui est une idĂ©e caractĂ©ristique de cette Ă©poque. Voltaire n'est d'ailleurs pas chrĂ©tien, mais dĂ©iste. C'est la fin du livre, les personnages ont progressĂ© et se sont dĂ©veloppĂ©s, ils finissent leur Ă©volution dans la mĂ©tairie :

  • Pangloss, qui parle trop tout au long du roman, finit par se taire. Il reste cependant fidĂšle Ă  ses convictions, et continue de croire que tout est au mieux dans le meilleur des mondes.
  • Candide Ă©tait une page blanche au dĂ©but du livre. Petit Ă  petit, grĂące Ă  son parcours et ses malheurs, cette page blanche se remplit, pour finalement donner un Candide rĂ©flĂ©chi, moins naĂŻf qui a parcouru le monde.
  • CunĂ©gonde Ă©tait « fraĂźche, grasse et appĂ©tissante » au dĂ©but du roman, pour finir « laide, acariĂątre et insupportable » mais trĂšs bonne cuisiniĂšre. Elle est restĂ©e dans le domaine de l'appĂ©tissant et de la sensualitĂ©[41] - [42].

ThÚmes abordés

Les esclaves

Candide rencontre un esclave qui a été mutilé (chapitre 19).

Voltaire dénonce l'esclavage en mettant en scÚne l'épisode du nÚgre de Surinam[43].

C'est une prĂ©sentation dure et rĂ©aliste d’un homme noir, de Surinam qui est montrĂ© comme un demi-homme (un bras et une jambe en moins). Cette dĂ©nonciation de l'esclavage est l'exemple mĂȘme de l'atteinte aux droits de l'Homme, qui ne seront mis en Ɠuvre et votĂ©s que des dizaines d'annĂ©es plus tard (1848). C'est une rĂ©alitĂ© historique que Voltaire critique dans cet ouvrage. Ce moment marque un violent retour Ă  la rĂ©alitĂ© pour Candide qui sort de l'Eldorado et qui perd tout sens de l'optimisme. Ce passage signe un retour brutal Ă  la rĂ©alitĂ© du mal. Ce point de vue que Voltaire nous livre dans ce chapitre est rĂ©vĂ©lateur de son esprit prĂ©curseur qui a fait de lui un des plus grands philosophes des LumiĂšres.

Les nobles

Dans le texte de Candide, l’image donnĂ©e des nobles est trĂšs caricaturale. « Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il Ă©tait fils de la sƓur de monsieur le baron et d’un bon et honnĂȘte gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle n’avait pas voulu Ă©pouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers »[44]. Les quartiers correspondent aux degrĂ©s d’ascendance. La caricature est donnĂ©e de par l’exagĂ©ration de nombre de quartiers trĂšs Ă©levĂ©, et le refus de la sƓur du baron de se marier avec ce bourgeois.

La famille Thunder-ten-tronckh est Ă©galement caricaturale, Ă©tant dĂ©crite comme parfaite. Le baron est prĂ©sentĂ© comme « un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie »[44] car il possĂšde un chĂąteau avec une porte et des fenĂȘtres. Madame la baronne, elle, pĂšse environ 354 livres ce qui fait l'honneur de la famille. En effet, a cette Ă©poque ĂȘtre enrobĂ© est signe de bonne santĂ© et de richesses (bien manger). Leur fille : CunĂ©gonde est a l'image de sa mĂšre car elle est « haute en couleur, fraĂźche, grasse, appĂ©tissante »[44], elle est dans le registre de la sensualitĂ©. Le fils du baron est digne de son pĂšre.

Cette famille donne une image utopique des nobles, faisant Ă©cho Ă  la philosophie de Pangloss oĂč « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».

Les ordres religieux

La mise en scĂšne des ordres religieux dans Candide est frĂ©quente. Cela est dĂ» au fait que Voltaire avait Ă©tĂ© Ă©levĂ© par les jĂ©suites, envers qui il a dĂ©veloppĂ© Ă  la fois reconnaissance et hargne[45]. C’est ainsi qu’on retrouve des Ă©pisodes tels que celui au cours duquel le hĂ©ros transperce le frĂšre de CunĂ©gonde, devenu JĂ©suite.

Les métiers

  • La pĂątissiĂšre : La pĂątissiĂšre est reprĂ©sentĂ©e par le personnage de CunĂ©gonde. À l'Ă©poque oĂč Candide faisait encore partie du chĂąteau de Thunder-ten-tronckh, il Ă©tait charmĂ© par les attraits de CunĂ©gonde (ch. 1 : « Sa fille CunĂ©gonde, ĂągĂ©e de 17 ans, Ă©tait haute en couleur, fraĂźche, grasse, appĂ©tissante »)[46]. AprĂšs son pĂ©riple Candide arrive Ă  la mĂ©tairie et revoit enfin CunĂ©gonde, mais celle-ci est devenue laide et excellente pĂątissiĂšre (ch. 30 : « CunĂ©gonde Ă©tait, Ă  la vĂ©ritĂ©, bien laide; mais elle devint une excellente pĂątissiĂšre »)[47]. Avant que Candide fasse son voyage initiatique CunĂ©gonde reprĂ©sentait la sensualitĂ©. Depuis que Candide a changĂ© de vision du monde, il ne voit CunĂ©gonde que comme une femme grasse, laide et trĂšs bonne pĂątissiĂšre, elle est donc restĂ©e dans des domaines sensuels et gourmands.

Le travail

Le conte se termine sur la morale « il faut cultiver son jardin »[48]. À travers toutes ses souffrances, Candide a dĂ©veloppĂ© sa propre vision du monde et cette phrase reflĂšte le sens qu'il y a trouvĂ©.

On peut tracer des parallĂšles entre cette morale et la vie de Voltaire au moment oĂč il Ă©crit Candide. En effet, Voltaire a Ă©galement traversĂ© de multiples Ă©preuves et il est fort plausible que le vieillard du chapitre 30, lorsqu'il dit: « le travail Ă©loigne de nous trois grands maux: l'ennui, le vice et le besoin »[49] exprime le sentiment de Voltaire par rapport Ă  sa propre Ɠuvre.

Plusieurs personnages du conte s'accomplissent à travers le travail et y retrouvent leur dignité. C'est le cas de Cunégonde, qui devient une pùtissiÚre douée, ou encore de Paquette, qui se met à la broderie aprÚs avoir été prostituée. Le travail donne à l'individu un certain contrÎle sur son propre destin.

Dans le contexte des LumiÚres, cette valorisation de ce qu'on pourrait appeler le travail ordinaire peut aussi se lire comme une critique de la noblesse. En effet, tous les personnages nobles rencontrés par Candide au cours du conte incarnent cette vieille noblesse dédiée à disparaßtre quelques années plus tard lors de la révolution de 1789[1].

La guerre

Dans le chapitre 3, Candide est confrontĂ© pour la premiĂšre fois au problĂšme de la guerre. Il est en plein milieu d'une bataille entre Bulgares et Abares[50] et se sauve bien vite de cette boucherie. Il se retrouve en Hollande oĂč il est recueilli par un villageois nommĂ© Jacques l’anabaptiste.

Voltaire utilise l’ironie pour nous prĂ©senter ses diffĂ©rents aspects de la guerre. Il montre donc l'absurditĂ© de la guerre en soulignant le fait que personne ne sait pourquoi on se bat Ă  l'aide de figures de style diverses comme l'hyperbole ou l'oxymore. Par exemple « boucherie hĂ©roĂŻque » (ll. 9-10)[51]. Il dĂ©nonce la cruautĂ© de la guerre, mais souligne son caractĂšre esthĂ©tique. Ce chapitre peut ĂȘtre perçu de plusieurs façons. Mais ce roman reste trĂšs critique sur la philosophie de l'Ă©poque, Voltaire se moque des philosophes avec ironie[52].

La bataille de Rossbach peut ĂȘtre une source d'inspiration pour Voltaire aux chapitres 2 et 3[53].

Le tremblement de terre de Lisbonne

En 1755 s’est produit un sĂ©isme au large des cĂŽtes du Portugal. Lisbonne a Ă©tĂ© trĂšs fortement touchĂ© le jour de la Toussaint : une Ă©glise s’est effondrĂ©e sur des milliers de fidĂšles (environ 25 000). Ce phĂ©nomĂšne tragique bouleverse l’Europe entiĂšre[54] et fait le sujet d’un des chapitres de l’ouvrage Candide (chapitres 5 et 6)[55].

En y ajoutant les victimes du tsunami qui a suivi et des Ă©pidĂ©mies qui ont fait des ravages la mĂȘme annĂ©e, nous comptons Ă  ce jour entre 50 000 et 70 000 victimes[56].

Voici un extrait de Candide qui cite le tremblement de terre de Lisbonne :

« À peine ont ils mis le pied dans la ville en pleurant la mort de leur bienfaiteur qu’ils sentent la terre trembler sous leurs pas, la mer s’élĂšve en bouillonnant dans le port, et brise les vaisseaux qui sont Ă  l’ancre. Des tourbillons de flammes et de cendres couvrent les rues et les places publiques ; les maisons s’écroulent, les toits sont renversĂ©s sur les fondements, et les fondements se dispersent ; 30 000 habitants de tout Ăąge et de tout sexe sont Ă©crasĂ©s sous des ruines, Le matelot disait en sifflant et en jurant : « Il y aura quelque chose Ă  gagner ici.- Quelle peut-ĂȘtre la raison suffisante de ce phĂ©nomĂšne ? Disait Pangloss. - voici le dernier jour du monde ! »

— Candide, chapitre V

Ce tremblement de terre frappe Voltaire par le fait que ce mal ne semble pas avoir de raison, de justification. Voltaire fait face Ă  une impossibilitĂ© thĂ©orique du mal et en dĂ©montre ainsi son irrationalitĂ©, chose difficile Ă  concevoir pour les ĂȘtres humains. Le tremblement de terre de Lisbonne est donc le point de dĂ©part d'une rĂ©flexion philosophique qui dĂ©passe l’évĂ©nement meurtrier pour s'interroger sur le concept mĂȘme du mal.

Allusions

Voltaire place beaucoup d’allusions en rapport avec l’actualitĂ© parisienne de son temps. Par exemple, l'extrait suivant est une allusion trĂšs prĂ©cise et concise Ă  des discussions entendues au sein de l’AcadĂ©mie des Sciences de Paris :

« Ah ! voilĂ  quatre-vingt volumes de recueils d’une acadĂ©mie des sciences, s’écria Martin ; il se peut qu’il y ait lĂ  du bon. – Il y en aurait, dit PococurantĂ©, si un seul des auteurs de ces fatras avait inventĂ© seulement l’art de faire les Ă©pingles ; mais il y a dans tous ces livres que vains systĂšmes, et pas une seule chose utile. »

— Candide, chapitre XXV

SommĂ©s depuis 1675 d’éditer une description des Arts et MĂ©tiers, les AcadĂ©miciens renĂąclaient. Ce dĂ©bat est rĂ©apparu alors en 1758[57] aprĂšs la mort de RĂ©aumur qui avait Ă©tĂ© chargĂ© de ce travail complexe. Voltaire Ă©voque donc l’incapacitĂ© des AcadĂ©miciens Ă  dĂ©crire le travail artisanal de l'Ă©poque. Ceux-ci liront bien le Candide de Voltaire de 1759 et, dĂšs 1761, ils publient L’Art de l’épinglier, dĂ©but d’une longue sĂ©rie de descriptions de mĂ©tiers de l’époque[58].

Le chapitre 22 contient une référence à la mort d'Adrienne Lecouvreur, qui se vit refuser une sépulture chrétienne, ce que Voltaire avait déjà dénoncé dans « La mort de mademoiselle Le Couvreur célÚbre actrice » en 1730[59]

« Il faut distinguer, dit l'abbé; en province, on les [les actrices] mÚnent au cabaret ; à Paris, on les respecte quand elles sont belles, et on les jette à la voirie quand elles sont mortes. »

— Candide, chapitre XXII

Voltaire fait aussi allusion à l'exécution de l'amiral John Byng (dans le port de Portsmouth le ) que Voltaire ne put sauver malgré ses interventions (chap. 23)[60].

De nombreuses allusions à l'homosexualité passent aujourd'hui inaperçues, en raison de l'usage de termes connotés devenus désuets, comme icoglan ou exercice bulgare[61].

Postérité et influence

Candide est l’Ɠuvre la plus lue de Voltaire[62], en plus d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme l’un des chefs-d’Ɠuvre de la littĂ©rature occidentale[63], ce qui ne signifie pas nĂ©cessairement qu’il est pour autant un « classique ». Selon William F. Bottiglia, « The physical size of Candide, as well as Voltaire's attitude toward his fiction, precludes the achievement of artistic dimension through plenitude, autonomous '3D' vitality, emotional resonance, or poetic exaltation. Candide, then, cannot in quantity or quality, measure up to the supreme classics »[64]. Selon lui, il s’agirait plutĂŽt d’une littĂ©rature mineure, bien que d’autres pardonnent sa longueur[64] - [63]. En Ă©tant la principale Ɠuvre de Voltaire encore populaire aujourd’hui, Candide est inscrit dans le livre The Western Canon: The Books and School of the Ages (en) de Harold Bloom, et est inclus dans la collection Great Books of the Western World de l’EncyclopĂŠdia Britannica[65]. Candide, par ses mĂ©thodes parodiques et picaresques, a influencĂ© plusieurs auteurs d’humour noir tels que CĂ©line, Joseph Heller, John Barth, Thomas Pynchon, Kurt Vonnegut et Terry Southern[66].

Mark Kamrath dĂ©crit le lien entre Candide et Edgar Huntly; or, Memoirs of a Sleep-Walker: « An unusually large number of parallels
 crop up in the two novels, particularly in terms of characters and plot ». Par exemple, les protagonistes des deux nouvelles entretiennent une relation amoureuse avec une femme depuis rĂ©cemment orpheline dont le frĂšre est jĂ©suite et se fait assassiner, bien que les circonstances du meurtre soient diffĂ©rentes entre les deux livres. Quelques Ɠuvres de science-fiction dystopiques du vingtiĂšme siĂšcle peuvent Ă©galement avoir Ă©tĂ© influencĂ©es par Candide[67]. Ainsi, Armand Mattelart, critique belge, voit des influences de l’Ɠuvre de Voltaire dans Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, Nineteen Eighty-Four de George Orwell et Nous autres d'Ievgueni Zamiatine. Mattelart note principalement la prĂ©sence de variation de la phrase « le meilleur des mondes possibles », en citant pour preuve la traduction française du titre du roman de Huxley[68].

Les lecteurs de Candide comparent souvent l’Ɠuvre au genre moderne du thĂ©Ăątre de l’absurde, notamment Haydn Mason, qui Ă©tudie Voltaire. Ce dernier prĂ©sente plusieurs similaritĂ©s entre Candide et En attendant Godot (1952), par exemple la façon semblable dont l’amitiĂ© offre un support Ă©motionnel aux personnages lorsqu’ils sont confrontĂ©s aux difficultĂ©s de l’existence[69]. Par ailleurs, Mason affirme que « le conte ne doit pas ĂȘtre compris comme prĂ©curseur de l’absurde dans la fiction moderne. Le monde de Candide prĂ©sente plusieurs Ă©lĂ©ments ridicules et insignifiants, mais les ĂȘtres humains ne sont pas totalement dĂ©pourvus de la capacitĂ© d’en faire sens. »[69] Le biographe de Samuel Beckett, John Pilling, Ă©crit que Candide a, effectivement, une forte influence trĂšs tĂŽt sur la pensĂ©e de Beckett[70]. Rosa Luxemburg, aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, remarque en re-lisant Candide : « Avant la guerre, j’aurais pris cette Ă©trange compilation des misĂšres humaines pour une caricature. Maintenant elle me semble dans l’ensemble rĂ©aliste ».

Le groupe de rock alternatif américain Bloodhound Gang fait référence à Candide dans sa chanson Take the long way home, présente sur la version américaine de 1999 de l'album Hooray for Boobies.

Adaptations

Théùtre
  • Candide, opĂ©rette amĂ©ricaine de Leonard Bernstein, 1956 ;
  • Candide, adaptation de Serge Ganzl, mise scĂšne Jean-Claude Amyl, ThĂ©Ăątre national de Chaillot, 1978 ;
  • Candide ou l’Optimisme, mise en scĂšne de Vincent Colin, 1995 ;
  • Candide, spectacle de marionnettes, 1997 ;
  • Candide, adaptation de Mary Zimmerman, 2011[71] ;
  • Candide, mise en scĂšne de Emmanuel Daumas, Studio-ThĂ©Ăątre ComĂ©die-Française, 2013 ;
  • Candide ou l'Optimisme, mise en scĂšne d'Alice Ronfard, 2018.
Cinéma / Télévision
Illustrations et bandes dessinées
  • Paul Klee a fait une sĂ©rie de dessins Ă  la plume, illustrant le livre, en 1911-1912[72].
  • Candide par Alex Szekely, 1957 ;
  • Candide de Sfar, 2003 ;
  • Candide de Philippe Meyran, 2004 ;
  • Candide ou l'Optimisme de Gorian DelpĂąture et Michel Dufranne, illustrĂ© par Vujadin Radovanovic, 2008-2013.

Sources : [73] - [74]

Notes et références

Notes

  1. Et plus de cinquante fois Ă  ce jour.
  2. La demoiselle lui a donc demandĂ© de prouver son ascendance au moins au-delĂ  de la septiĂšme gĂ©nĂ©ration d'aĂŻeux (puissances successives de 2), ce qui est assez caustique puisque le prĂ©tendant dĂ©daignĂ© a tout de mĂȘme soixante et onze ancĂȘtres nobles.
  3. Cf. George Dandin ou le Mari confondu et la caricature du couple Sotenville.
  4. Cf. par exemple de Micromégas, conte philosophique dont le thÚme est la relativité de la vérité.
  5. Les flammes droites sur l'habit annonçaient la mort
  6. On trouve aussi l'orthographe Vestphalie
  7. On trouve aussi l'orthographe métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie.

Références

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  7. « Voltaire et la Providence », Lagarde et Michard, op. cit., p. 161.
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  9. Les Confessions, IX, p. 152-153.
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  12. Voltaire, Candide, Pocket, , 154 p., page 9
  13. Le Mariage de Figaro, III, 15.
  14. Voltaire, Candide ou l'Optimisme, Vanves, Hachette, , 194 p. (ISBN 978-2-01-394959-0), p. 11
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  19. Frédéric Deloffre, « Les secrets de fabrication de «Candide» », sur lefigaro.fr,
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  21. Selon, Judith P. Zinsser, Emilie Du Chatelet: Daring Genius of the Enlightenment, p.286, la «leçon de physique expérimentale» de Cunégonde observant les ébats de Pangloss est probablement une allusion à sa maitresse scientifique morte prématurément.
  22. Voltaire, Candide ou l'Optimisme, Vanves, Hachette, , 194 p. (ISBN 978-2-01-394959-0), p. 12
  23. FrĂ©dĂ©ric Deloffre, « Notices et Notes », dans Voltaire, Candide et autres contes, Gallimard, coll. « Folio Classique », , p.408 et p.410 « Qu'existe-t-il de Candide dans l'annĂ©e 1757 ? [
] Avec la duchesse de Saxe-Gotha, on voit se profiler l'image d'un docteur qui s'entĂȘte dans des raisonnements optimistes alors que tout s'Ă©croule autour de lui ».
  24. (en) S. J. Gould, « The exaptive excellence of spandrels as a term and prototype », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 94, no 20,‎ , p. 10750–10755 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 11038582, PMCID PMC23474, DOI 10.1073/pnas.94.20.10750, lire en ligne, consultĂ© le )
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  45. Les relations Ă©quivoques de Voltaire et des JĂ©suites ont fait l'objet de nombreuses Ă©tudes comme ce projet de thĂšse.
  46. Voltaire, Candide, Paris, Le livre de poche, (ISBN 978-2-253-09808-9 et 2-253-09808-6), p. 46
  47. Voltaire, Candide, Paris, Le livre de Poche, (ISBN 978-2-253-09808-9), p. 167
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  49. Voltaire, Candide ou l'Optimisme, Folio classique (ISBN 978-2-07-046663-4), p. 152
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  74. Les Archives du spectacle

Voir aussi

Articles connexes

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