Ăpiphanie
L'Ăpiphanie est une fĂȘte chrĂ©tienne : dans la religion catholique, elle cĂ©lĂšbre, depuis le dĂ©but du IIe siĂšcle, le Messie venu et incarnĂ© dans le monde et qui reçoit la visite et l'hommage des trois Rois mages[1] ; dans la religion orthodoxe, lâĂpiphanie (ou thĂ©ophanie) cĂ©lĂšbre la manifestation au monde de JĂ©sus de Nazareth comme Christ et Fils de Dieu par son baptĂȘme[2]. Elle a lieu le 6 janvier[3].
Ăpiphanie | |
L'Adoration des mages peint par Matthias Stom (vers 1600-1650). | |
Nom officiel | Ăpiphanie |
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Autre(s) nom(s) | Théophanie |
Observé par | les catholiques, les luthériens, les anglicans et orthodoxes |
Type | Célébration religieuse |
Signification | Adoration des mages |
Date | 6 janvier dans les pays oĂč le jour est fĂ©riĂ© ou le deuxiĂšme dimanche aprĂšs NoĂ«l |
Célébrations | Les Rois mages |
Observances | Messe, galette des rois, gĂąteau des rois |
Lié à | Nativité |
Pour les catholiques, depuis 1971, dans les rĂ©gions oĂč l'Ăpiphanie n'est pas un jour fĂ©riĂ©, elle peut se fĂȘter le deuxiĂšme dimanche aprĂšs NoĂ«l (c'est-Ă -dire le premier dimanche qui suit le 1er janvier)[4]. En France, c'est le cas depuis 1802, rĂšgle qui a Ă©tĂ© instaurĂ©e par un dĂ©cret du cardinal Caprara[4], lĂ©gat du pape Pie VII.
La fĂȘte s'appelle aussi â en particulier chez les orthodoxes â «âŻThĂ©ophanie », qui signifie Ă©galement la « manifestation de Dieu ».
Diverses coutumes sont observĂ©es Ă cette occasion. En France, en Suisse et en Belgique, depuis le Moyen Ăge, une « galette des rois » ou un « gĂąteau des rois », pĂątisseries contenant une fĂšve, sont partagĂ©es ce jour-lĂ ; celui ou celle qui trouve la fĂšve dans sa part est surnommĂ© « roi » ou « reine ».
Ătymologie
Le substantif fĂ©minin[5] - [6] - [7] Ăpiphanie (prononcĂ© /e.pi.fa.ni/[6]) est un emprunt[5] - [6], par l'intermĂ©diaire[5] du latin ecclĂ©siastique Epiphania[5] - [6] - [7], au grec ancien áŒÏÎčÏÎŹÎœÎ”Îčα / EpiphĂĄneia qui signifie « manifestation » ou « apparition » du verbe ÏÎ±ÎŻÎœÏ / phaĂnĆ, « se manifester, apparaĂźtre, ĂȘtre Ă©vident ». Il est le neutre substantivĂ© de l'adjectif epiphanios, d'epiphanĂȘs « manifeste, illustre ».
L'utilisation du terme est antĂ©rieure au christianisme[8]. Le grec ecclĂ©siastique utilise plutĂŽt la forme neutre plurielle áŒÏÎčÏÎŹÎœÎ”Îčα pour dĂ©signer la fĂȘte actuelle de la visite des Rois mages.
Historique
La notion d'Ă©piphanie s'est retrouvĂ©e tour Ă tour dans la fĂȘte de la lumiĂšre sous l'AntiquitĂ©, dans les fĂȘtes romaines et dans les fĂȘtes chrĂ©tiennes, avant d'ĂȘtre sĂ©cularisĂ©e. Par sa forme ronde et sa couleur dorĂ©e, la galette des rois, partagĂ©e Ă lâĂpiphanie, symbolise le soleil.
Ă l'origine, une fĂȘte de la LumiĂšre
Dans l'AntiquitĂ© et Ă l'origine, l'Ă©piphanie tire son fond et son sens des cĂ©lĂ©brations paĂŻennes de la lumiĂšre, comme l'indique l'Ă©tymologie du mot, le neutre substantivĂ© de l'adjectif grec epiphanios, de epiphanĂȘs « illustre, Ă©clatant », de Ă©pi- « sur » et phainein « briller ».
Dans le calendrier solaire, avant de s'inscrire dans le prolongement chrĂ©tien de NoĂ«l, l'Ăpiphanie s'inscrit dans le cycle qui commence au solstice d'hiver, le . Cette nuit du solstice â la plus longue de l'annĂ©e â annonce le rallongement des jours et, par extension, la renaissance de la lumiĂšre censĂ©e ĂȘtre Ă l'origine de toutes choses, notamment dans le calendrier agricole. On cĂ©lĂšbre alors l'Ăpiphanie, la manifestation de la LumiĂšre.
Les « Ăpiphanes » sont, dans la culture grecque, les douze divinitĂ©s de l'Olympe apparues aux hommes, avec en premier lieu, Zeus, le dieu de la Justice cĂ©leste. Il est Ă noter Ă©galement que c'est ce jour â en tout cas son Ă©quivalent, car le calendrier julien alors en vigueur diffĂšre du nĂŽtre â qu'avait lieu dans la Rome antique la fĂȘte des douze dieux Ă©piphanes (autrement dit les douze Olympiens).
La notion d'épiphanie a par exemple été retrouvée sur des piÚces de monnaie du second siÚcle avant J.-C.[9].
Vers le 6 janvier, les jours commencent à s'allonger de façon sensible, confirmant la promesse de la nuit solsticiale.
La fĂȘte romaine des Saturnales
La date de l'Ăpiphanie correspond aussi, Ă l'origine, Ă une fĂȘte paĂŻenne : sous l'AntiquitĂ©, les Romains fĂȘtent les Saturnales qui durent sept jours pendant lesquels la hiĂ©rarchie sociale et la logique des choses peuvent ĂȘtre critiquĂ©es sinon brocardĂ©es et parodiĂ©es.
Ă cette occasion, « un homme jeune et fort, semble-t-il, reprĂ©sentait le dieu Saturne ; Ă lâissue de la fĂȘte, lui ou son simulacre Ă©tait sacrifiĂ© au dieu pour lui apporter sa force et sa jeunesse, comme aujourdâhui encore on brĂ»le solennellement le bonhomme Carnaval[10] » ; parmi les jeunes soldats, un roi Ă©tait Ă©lu et pouvait commander tout ce qui lui plaisait[11] ; « plus de maĂźtres, plus de serviteurs, plus dâesclaves, plus de travail, chacun revĂȘtait comme il lui plaisait les vĂȘtements des autres, buvait et mangeait son saoul[10]. » On pouvait opĂ©rer ce changement de rĂŽle uniquement durant la fĂȘte des Saturnales entre le « maĂźtre » et l'« esclave ».
Une fĂȘte chrĂ©tienne
Le 6 janvier est une date choisie par le PĂšre de l'Ăglise Ăpiphane de Salamine, dans son Panarion, comme date de naissance de JĂ©sus, afin de rĂ©futer une date concurrente proposĂ©e par les gnostiques des Alogo[12].
Jusqu'Ă la fin du IVe siĂšcle, l'Ăpiphanie est la grande et unique fĂȘte chrĂ©tienne « de la manifestation du Christ dans le monde » (manifestation exprimĂ©e, d'abord, par la venue des mages, puis par diffĂ©rents Ă©pisodes : la NativitĂ©, la voix du PĂšre et la prĂ©sence d'une colombe lors du baptĂȘme sur le Jourdain, le miracle de Cana, etc.). Des PĂšres de l'Ăglise comme saint Jean Chrysostome ont fixĂ© des traditions pour commĂ©morer, le mĂȘme jour, trois Ă©vĂ©nements lors de la fĂȘte de la thĂ©ophanie : l'Adoration des mages, le BaptĂȘme dans le Jourdain trente ans plus tard et les Noces de Cana trente-et-un ans plus tard. DĂšs le Moyen Ăge, la liturgie chrĂ©tienne a rassemblĂ© ces trois Ă©vĂ©nements[13] mais la piĂ©tĂ© et l'art chrĂ©tiens ont privilĂ©giĂ© l'Adoration des mages. Seule l'Ăglise Orthodoxe ArmĂ©nienne conserva l'antique tradition de la cĂ©lĂ©bration de la NativitĂ© et du BaptĂȘme du Christ.
Depuis l'introduction d'une fĂȘte de la NativitĂ© (NoĂ«l) le , la liturgie actuelle de l'Ăpiphanie met l'accent sur des sens spĂ©cifiques selon les confessions et les cultures[14].
Depuis le XIXe siÚcle on l'appelle aussi le « jour des rois » en référence directe à la venue et à l'Adoration des Rois mages[15].
Sens chrĂ©tien de l'Ăpiphanie
L'Ăpiphanie chrĂ©tienne cĂ©lĂšbre, ainsi que le rapportent l'Ăvangile et la tradition, la manifestation publique du Fils de Dieu incarnĂ©, JĂ©sus, au monde, non pas, comme dans la mythologie grecque, Ă partir d'une rĂ©vĂ©lation extĂ©rieure Ă l'humanitĂ© et faite sous les apparences de l'humanitĂ©, mais sous la forme d'un enfant engendrĂ©, en un temps historique donnĂ©, au sein du peuple juif (dans la lignĂ©e de David)[16] : le Messie. AprĂšs avoir rencontrĂ© les petits et les proches (les bergers), il prend place et rencontre le monde dans toute sa diversitĂ©, telle qu'elle est symbolisĂ©e par des mages, que l'on dit ĂȘtre rois ou savants, dits traditionnellement de toutes origines et venus de pays lointains (bien que le texte Ă©vangĂ©lique ne donne qu'une indication vague de l'origine des mages, mais parle, cela dit, « d'Orient », ce qui indique l'Est par rapport Ă la Terre sainte). Ainsi est rĂ©affirmĂ©e la dimension universelle du message Ă©vangĂ©lique.
Une autre Ăpiphanie du Christ : dans la synagogue de Nazareth oĂč il a grandi, il lit la prophĂ©tie du Livre d'IsaĂŻe (cf. Is 2,3c-4) le concernant et montre la rĂ©alisation aujourd'hui en sa propre personne. Ăvangile selon saint Luc (Lc 4,14-22a) :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur[17]. »
Dans l'Ăglise latine
Cette fĂȘte cĂ©lĂšbre la visite et l'adoration de l'Enfant JĂ©sus par les « mages », relatĂ©e dans l'Ăvangile selon Matthieu. Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de « savants venus d'Orient », la tradition a fait qu'ils sont habituellement appelĂ©s les trois Rois mages et sont nommĂ©s respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar, noms dont les initiales reprennent celles de la bĂ©nĂ©diction : « Christus Mansionem Benedicat », « que le Christ bĂ©nisse la demeure ».
Elle est la quatriĂšme[18] des cinq grandes fĂȘtes cardinales de l'annĂ©e liturgique catholique.
Dans certains pays, la cĂ©lĂ©bration liturgique de la fĂȘte est reportĂ©e Ă un dimanche, en vertu d'un indult papal. Il s'agit de permettre aux gens de cĂ©lĂ©brer la fĂȘte dans les cas oĂč ils doivent travailler le , si ce jour n'est pas fĂ©riĂ©. Ainsi, en France et en Belgique, cette fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e le deuxiĂšme dimanche aprĂšs NoĂ«l.
En Espagne, oĂč la cĂ©lĂ©bration de l'Ăpiphanie est particuliĂšrement importante, le jour est fĂ©riĂ©. C'est aussi un jour fĂ©riĂ© en SuĂšde (Trettondedag jul).
Dans les Ăglises orthodoxes byzantines
LâĂpiphanie commĂ©more le baptĂȘme du Christ dans le Jourdain, la descente du Fils de Dieu au milieu de sa crĂ©ation, et la manifestation de la divine TrinitĂ© : la voix du PĂšre tĂ©moigne du Fils et la colombe de l'Esprit Saint descend sur lui. Le Saint Esprit qui se manifeste sous la forme dâune colombe signifie la sanctification et la dĂ©ification de la nature humaine que le Fils de Dieu assume : il la purifie en lâimmergeant dans les eaux du Jourdain, et il la dĂ©ifie en lâexposant au rayonnement de son Esprit qui repose sur lui de toute Ă©ternitĂ©[19].
LâĂglise orthodoxe commĂ©more cette purification par lâeau du baptĂȘme au cours dâune cĂ©rĂ©monie de bĂ©nĂ©diction des eaux. Cette bĂ©nĂ©diction des eaux a lieu dans les pays de tradition orthodoxe byzantine, en particulier en GrĂšce, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie, en Ukraine et en Russie. Le tropaire chantĂ© lors de lâĂpiphanie dĂ©crit cette manifestation de la sainte TrinitĂ©[20] :
« Ton baptĂȘme dans le Jourdain, Seigneur, nous montre lâadoration due Ă la TrinitĂ© ; la voix du PĂšre tâa rendu tĂ©moignage, elle tâa nommĂ© Fils bien-aimĂ© ; et lâEsprit, sous la forme dâune colombe, a confirmĂ© lâinĂ©branlable vĂ©ritĂ© de cette parole. Christ-Dieu, qui es apparu et qui as illuminĂ© le monde, gloire Ă toi ! »
Un prĂȘtre lance ensuite une croix dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fĂȘte s'appelle gĂ©nĂ©ralement ThĂ©ophanie et elle est prĂ©parĂ©e par un jeĂ»ne strict le et cĂ©lĂ©brĂ©e le 7.
Ă JĂ©rusalem, au mont Athos, en Russie, en Serbie et en GĂ©orgie, la fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e le , selon le calendrier julien qui coĂŻncide actuellement avec le du calendrier grĂ©gorien.
Dans l'Ăglise armĂ©nienne
Dans l'Ăglise armĂ©nienne, la fĂȘte est une des plus grandes fĂȘtes de l'annĂ©e car NoĂ«l n'est pas fĂȘtĂ© le mais, selon l'usage chrĂ©tien ancien, le .
Cela correspond aussi aux anciennes traditions des premiĂšres Ăglises chrĂ©tiennes (antĂ©rieures Ă la conversion de lâEmpire romain), et mĂȘme aux traditions familiales de lâĂ©poque, selon lesquelles un enfant ne devient le fils de son pĂšre que le jour de sa prĂ©sentation Ă lui et la reconnaissance du fils par son pĂšre, et ce jour-lĂ , on rend aussi grĂące Ă la mĂšre pour cet enfant reconnu par son pĂšre et qui se soumet Ă sa volontĂ©.
Le baptĂȘme de JĂ©sus dans le Jourdain correspond donc Ă cette prĂ©sentation du fils au pĂšre, câest aussi lâacte de la soumission de JĂ©sus Ă la volontĂ© divine et câest aussi la date oĂč le PĂšre se rĂ©vĂšle Ă lui. La nativitĂ© fĂȘtĂ©e prend alors une signification plus thĂ©ologique que dans lâĂglise catholique romaine, puisque câest aussi traditionnellement la date par laquelle il reçoit du PĂšre la rĂ©vĂ©lation de sa mission prophĂ©tique : ce qui est fĂȘtĂ© est plus la naissance du « Christ sauveur » et la manifestation de Dieu (thĂ©ophanie), que celle de lâEnfant JĂ©sus, mĂȘme si cette cĂ©lĂ©bration est directement liĂ©e Ă sa naissance. L'Ă©glise armĂ©nienne procĂšde Ă la bĂ©nĂ©diction des eaux comme dans la tradition byzantine.
L'Ăpiphanie dans la tradition populaire
Tirer les rois
La tradition veut que l'Ăpiphanie soit l'occasion de « tirer les rois » : une fĂšve et parfois une figurine sont cachĂ©es dans les pĂątisseries (galette des rois, gĂąteau des rois) ; le convive qui dĂ©couvre cette fĂšve devient le roi ou la reine de la journĂ©e.
Cette pratique trouverait son origine dans les Saturnales de la Rome antique. Pendant ces fĂȘtes paĂŻennes cĂ©lĂ©brĂ©es dĂ©but janvier, les rĂŽles Ă©taient inversĂ©s entre les maĂźtres et les esclaves qui devenaient les « rois d'un jour ».
Ce n'est que vers 1875 que les figurines en porcelaine remplacent les fĂšves[21].
En France
Depuis le XIVe siĂšcle, on mange la galette des rois et le gĂąteau des rois Ă l'occasion de cette fĂȘte. La tradition veut que l'on partage la pĂątisserie en autant de parts que de convives, plus une. Cette derniĂšre, appelĂ©e « part du bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre », est destinĂ©e au premier pauvre qui se prĂ©senterait au logis.
Usage actuel
La traditionnelle fĂšve est accompagnĂ©e ou remplacĂ©e par un petit sujet cachĂ© Ă l'intĂ©rieur de la pĂąte de la pĂątisserie. La personne ayant dans sa part la fĂšve est symboliquement couronnĂ©e roi ou reine (de plus en plus, entre amis et/oĂč surtout dans le contexte professionnel : le roi se doit d'offrir la prochaine pĂątisserie ; et lorsqu'il y a un sujet, celui qui l'a, se doit d'offrir la boisson (cidre, mousseux, muscat, ou champagne).
Lorsqu'il y a des enfants, l'un d'entre eux â en gĂ©nĂ©ral le plus jeune â se place sous la table ; tandis que la personne qui fait le service choisit une part, l'enfant dĂ©signe le destinataire de cette portion.
Certaines familles s'arrangent pour que la fÚve ou la figurine revienne à un des plus jeunes enfants. Il est couronné roi ou reine, et il choisit alors son roi ou sa reine (qui est souvent sa mÚre ou son pÚre).
Fréquemment, les « rois » sont tirés plusieurs fois au cours de la période.
Dans le Sud de la France autour de la MĂ©diterranĂ©e, l'usage est de prĂ©parer un grand pain au levain sucrĂ© en forme de couronne, (nommĂ©e gĂąteau des rois, couronne des rois, corona dels reis, royaume reiaume), couronne bordelaise, corona bordalesa, pogne, cĂČca) et qui est parfois couverte de sucre [22]. En plus du sucre, il peut ĂȘtre garni et/ou couvert de fruits confits.
Dans le Sud-Est, un santon (généralement santon-puce) accompagne généralement la fÚve.
Ce gĂąteau des rois est trĂšs prĂ©sent dans le Sud-Ouest, mĂȘme si le commerce propose de la galette, parfois moins chĂšre (les fruits confits seraient coĂ»teux) mais surtout de fabrication et conservation (voire de manipulation) plus facile, et elle tendrait Ă diminuer dans le Sud-Est.
Ă Paris, les boulangers-pĂątissiers offrent tous les ans la galette de l'ĂlysĂ©e. Cette galette ne contient pas de fĂšve afin que le prĂ©sident de la RĂ©publique ne puisse pas ĂȘtre couronnĂ©. Cette tradition remonte Ă l'annĂ©e 1975, date Ă laquelle fut offerte Ă ValĂ©ry Giscard d'Estaing une grande galette d'un mĂštre de diamĂštre[23].
En Moselle-Est, des garçons déguisés en Rois mages allaient de maison en maison en chantant, tout en faisant tourner une étoile montée sur un bùton : « Es kummen drei Weissen vom Morgenland » (Trois mages sont venus de l'Orient). Ils obtenaient ensuite des friandises ou des piécettes.
Suivi de cette tradition
En 2014, un sondage rĂ©alisĂ© en France[24] rĂ©vĂšle que 97 % des Français fĂȘtent l'Ăpiphanie ; un autre sondage OpinionWay donne quant Ă lui 85 %[25].
Ils mangent pour 70 % une galette frangipane, 11 % un gĂąteau des rois, principalement dans l'extrĂȘme Sud et 8 % une galette des rois Ă la pomme. 9 % en consomment plus de cinq. 68 % trichent pour donner la fĂšve aux plus jeunes[26].
Galette/gùteau des rois et laïcité
Alors qu'en 2014, la présence de crÚches dans des lieux publics avait suscité une polémique en France, la galette ou le gùteau n'entraßnent, quant à eux, guÚre de conflits.
Les racines historiques de ces pĂątisseries ne sont originellement pas religieuses. Elles peuvent se rattacher, ou non, Ă la fĂȘte de l'Ă©piphanie ; elles peuvent comporter, une ou plusieurs fĂšves, ou aucune. De mĂȘme pour les couronnes. Il n'existe pas de dĂ©cision de justice notable qui concerne la galette ou le gĂąteau des rois.
Marginalement, par exemple, lors de la prĂ©paration des cĂ©rĂ©monies des galettes en 2013 Ă Brest, la mairie a dĂ©cidĂ© de retirer toutes les couronnes. Les services expliquent que « Cette annĂ©e, sur la couronne Ă©tait inscrit le mot « Ăpiphanie ». Ă nos yeux, c'Ă©tait faire rentrer le religieux Ă l'Ă©cole, ce qui est interdit par la loi »[27].
Dans les autres pays : coutumes similaires
En Espagne et dans les pays d'AmĂ©rique latine : le DĂa de los Reyes Magos y est souvent un jour fĂ©riĂ© et les enfants y reçoivent leurs cadeaux plutĂŽt qu'Ă NoĂ«l[28].
En Belgique et aux Pays-Bas : on mange Ă©galement une galette Ă la pĂąte dâamande. Le plus jeune se cache sous la table pour dĂ©signer les parts et le roi du jour choisit sa reine. Pendant la journĂ©e les enfants parcourent les rues en chantant la chanson de lâĂ©toile et font du porte Ă porte pour recevoir des mandarines et des bonbons. Cette coutume tend Ă disparaĂźtre en Belgique. Dans les campagnes flamandes cela se fait encore. Notons au passage quâen Wallonie, câest Ă ce moment quâon commence la prĂ©paration du Carnaval.
Dans le Sud des Ătats-Unis la tradition de tirer les Rois existe sous le nom de king cake. Ceux-ci sont mangĂ©s pendant toute la pĂ©riode qui va de l'Ăpiphanie jusqu'au carnaval de mardi gras.
En GrÚce et à Chypre, il n'y a pas de galette « des rois » à proprement parler. La Vassilopita est aujourd'hui une galette en l'honneur de saint Basile de Césarée. Cette galette est préparée la veille du nouvel an et ce n'est qu'au 1er janvier, jour anniversaire de la mort du saint, qu'elle est coupée. On y dissimule traditionnellement une piÚce en or, mimant ainsi une disposition que fit adopter le saint pour répartir de maniÚre égale la rançon non utilisée pour stopper le siÚge de Césarée. Toutefois, l'origine de la tradition byzantine remonte trÚs certainement aux Kronia de la GrÚce antique et aux Saturnales de Rome, comme l'a démontré l'anthropologue Margarett Hasluck[29].
FĂȘtes locales
Selon les pays, des festivités particuliÚres issues de traditions locales, sont organisées. Ainsi, en Bulgarie, les hommes exécutent une danse traditionnelle, le horo, dans l'eau glacée.
Dans les Flandres, existe la tradition De Drie Keuningen commençant Ă NoĂ«l et finissant Ă l'Ăpiphanie. Trois personnes se dĂ©guisent en Rois mages et font le tour des maisons, de prĂ©fĂ©rence en utilisant le flamand. L'argent rĂ©coltĂ© est utilisĂ© pour des associations caritatives[30] - [31].
Au Danemark et dans d'autres pays chrétiens on pratique la bénédiction de la craie.
Au BĂ©nin, Ă Porto-Novo, l'Ăpiphanie est fĂȘtĂ©e le premier dimanche de l'annĂ©e (depuis 1923) sous la forme d'une piĂšce de thĂ©Ăątre reprĂ©sentĂ©e dans toutes les paroisses de la ville, puis d'un grand dĂ©filĂ© carnavalesque qui rassemble des milliers de personnes[32]. Cette cĂ©lĂ©bration est issue de la collaboration d'un missionnaire, Francis Aupiais, et d'un haut dignitaire du Vaudou, Zounon Medje, qui ont Ă©crit la piĂšce ensemble au dĂ©but des annĂ©es 1920. C'est un exemple exceptionnel de crĂ©olisation africaine du catholicisme[33].
En Russie
Dans l'Ăglise orthodoxe, l'Ăpiphanie, cĂ©lĂ©brĂ©e en Russie le 19 janvier, marque le baptĂȘme de JĂ©sus. Comme ailleurs dans le monde orthodoxe, l'Ăglise russe mĂšne le rite de la Grande BĂ©nĂ©diction des Eaux, Ă©galement connue sous le nom de « Grande Sanctification de l'Eau » ce jour-lĂ (ou la veille). La procession dirigĂ©e par les prĂȘtres pouvait simplement se rendre Ă la fontaine, mais traditionnellement, les fidĂšles se rendaient dans un lac ou une riviĂšre Ă proximitĂ©[34].
Les archives historiques indiquent que les Ă©vĂ©nements de bĂ©nĂ©diction des eaux ont eu lieu Ă la cour des tsars de Moscou au plus tard depuis 1525. Selon les historiens, la bĂ©nĂ©diction de la procession des eaux Ă©tait la plus magnifique des cĂ©rĂ©monies annuelles de la cour du tsar, comparable Ă des Ă©vĂ©nements comme les couronnements royaux ou les mariages. AprĂšs une liturgie divine dans la CathĂ©drale de la Dormition de Moscou, la procession, dirigĂ©e par le tsar et le patriarche de Moscou, se rendait sur la Moskova gelĂ©e. Un trou de glace aurait Ă©tĂ© fait dans la glace, appelĂ© Iordan (Ă©vocation du fleuve Jourdain), sur lequel un petit belvĂ©dĂšre aurait Ă©tĂ© Ă©rigĂ© et dĂ©corĂ© d'icĂŽnes saintes, dont l'une reprĂ©sentait le baptĂȘme du Christ. Le patriarche plongeait sa croix dans l'eau du fleuve, et aspergeait d'eau bĂ©nite le tsar, ses boyards et les banniĂšres des rĂ©giments de l'armĂ©e du tsar. Une charge d'eau bĂ©nite Ă©tait ensuite ramenĂ©e au Kremlin, pour ĂȘtre utilisĂ©e pour bĂ©nir le palais du tsar. Ă plus petite Ă©chelle, des Ă©vĂ©nements similaires avaient lieu dans les paroisses de tout le pays[35].
Croyant que ce jour-là l'eau devient sacrée et est imprégnée de pouvoirs spéciaux, les Russes creusent des trous appelés Iordan dans la glace des lacs et des riviÚres, souvent en forme de croix, pour se baigner dans l'eau glaciale[36]. Certains avancent que cette pratique a été popularisée relativement récemment ; elle aurait été assez rare à l'époque tsariste, mais aurait prospéré depuis les années 1990[37].
Les participants au rituel peuvent se plonger trois fois sous l'eau, honorant la Sainte TrinitĂ©, laver symboliquement leurs pĂ©chĂ©s de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e et ressentir un sentiment de renaissance spirituelle. Les prĂȘtres orthodoxes sont sur place pour bĂ©nir l'eau. L'eau est ensuite distribuĂ©e aux participants qui peuvent la stocker pour l'utiliser en cas de maladie, se bĂ©nir eux-mĂȘmes, les membres de leur famille et leur maison, ou pour la boire. Certains Russes pensent que toute eau - mĂȘme des robinets de l'Ă©vier de la cuisine - versĂ©e ou mise en bouteille sur l'Ăpiphanie devient de l'eau bĂ©nite, puisque toute l'eau du monde est bĂ©nie aujourd'hui. Dans le climat plus doux de la ville mĂ©ridionale de Sotchi, oĂč les tempĂ©ratures de l'air et de l'eau oscillent toutes deux vers les 10 degrĂ©s Celsius en janvier, des milliers de personnes sautent dans la mer Noire Ă minuit chaque annĂ©e le jour de l'Ăpiphanie et commencent Ă nager pour cĂ©lĂ©brer la fĂȘte[38].
PrĂ©noms fĂȘtĂ©s
C'est le jour de l'Ăpiphanie que l'on fĂȘte les Tiphaine (en français), Tifenn (en breton), Tiffany (en anglais) ou ThĂ©ophane, ThĂ©ophano, ThĂ©ano (en grec ) Tyffen . Ce prĂ©nom correspond en effet au mot ThĂ©ophanie, ou manifestation de Dieu, autre nom de la fĂȘte. On fĂȘte les Jordan et les Jordane. On fĂȘte aussi les NoĂ«l ... s'ils sont ArmĂ©niens.
Durant les quatre premiers siĂšcles de l'histoire chrĂ©tienne, l'Ăglise avait l'habitude de fĂȘter le toutes les manifestations de Dieu sur la terre : la NativitĂ© (NoĂ«l), l'Adoration des mages, le baptĂȘme du Christ et les noces de Cana. Le changement de l'eau en vin et la multiplication des pains (ou Phagiphanie) Ă©taient ainsi commĂ©morĂ©s par une mĂȘme fĂȘte avec la NativitĂ©.
Les fĂȘtes ont ensuite Ă©tĂ© dissociĂ©es : pour le , les Latins ont retenu l'Adoration des mages et les Grecs le BaptĂȘme du Christ. Les Ăthiopiens et les ArmĂ©niens ont conservĂ© une fĂȘte unique pour la cĂ©lĂ©bration de NoĂ«l, le pour les ArmĂ©niens et le 6 ou le pour les Ăthiopiens en fonction du calendrier.
Iconographie
Iconographie néotestamentaire
- IcĂŽne byzantine.
- Boticelli (1475), Galerie des Offices.
- MaĂźtre de Messkirch (1538), Ă©glise Saint-Martin de Messkirch.
Peinture de genre
- Gabriel Metsu (Provinces-Unies, 1629-1667), FĂȘte des Rois ou Le Roi boit, v.1650-1655 (Alte Pinakothek, Munich).
- Jacob Jordaens (Flandre, 1593-1678), Le Roi boit !, v.1656 (musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles).
- Jan Steen (Provinces-Unies, v.1625-1679), La FĂȘte des Rois, v.1668 (Staatliche Museen, Kassel).
Mise en musique
Marc-Antoine Charpentier a composĂ© vers 1675, sur un texte extrait de lâĂvangile selon Saint Mathieu, un motet Pour la fĂȘte de l'Ăpiphanie H 395 pour 3 voix, 2 dessus instrumentaux, et basse continue.
Notes et références
- Jean-Baptiste Thibaut 1920, p. 287.
- Par un groupe de chrétiens orthodoxes, Dieu est vivant : Catéchisme pour les familles, Cerf, , p. 75-76.
- Dictionnaire universel françois et latin, dit de TrĂ©voux, 6e Ă©dition (1771), notice « Ăpiphanie », page 793, colonne de droite, ligne 6. Lire le texte transcrit sur wikisource
- Nicolas SenĂšze, « Pourquoi y a-t-il plusieurs dates pour lâĂpiphanie? », sur La Croix, (consultĂ© le )
- « Ăpiphanie », dans le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consultĂ© le 3 janvier 2017].
- Informations lexicographiques et étymologiques d'« épiphanie » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 3 janvier 2017].
- Entrée « épiphanie », dictionnaire Larousse.
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- http://www.enprovence.fr/rubrique/food_r2/le-gateau-des-rois-roi-des-gateaux_a344/1
- http://www.metrofrance.com/x/metro/2009/01/07/XPTlDNbWCm6Y/index.xml
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- Poutine et les Russes plongent dans l'eau glacée, 24heures.ch, 19 janvier 2018
- (en) Katia Moskvitch, Russia's trend for dipping children in frozen rivers. bbc.co.uk, 5 janvier 2015.
- (en) « Tens of thousands bathe in icy water on Epiphany in Russia », (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
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- Antoine Wenger, « Une homĂ©lie inĂ©dite de Jean Chrysostome sur l'Ăpiphanie », Revue des Ă©tudes byzantines, t. 29,â , p. 117-135. (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :