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Jésus-Christ

Jésus-Christ (prononcé [ʒezykri] ou [ʒezykrist][2]), le Christ ou simplement Christ est le nom donné par l'ensemble des chrétiens à Jésus de Nazareth. Il est également connu sous les noms de Notre-Seigneur, Fils de Dieu, le Messie ou le Sauveur, ainsi que par le diminutif J.-C.

Jésus-Christ
Image illustrative de l’article Jésus-Christ
Le Christ pantocrator de la mosaïque de la déisis à la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, à Istanbul.
Jésus de Nazareth et Fils de Dieu
Naissance entre 7 et 5 avant l'ère commune
Bethléem (Judée)
Décès entre 30 et 33[1] (à environ 35 ans)
Jérusalem (Judée)
Vénéré par chrétiens
Fête 25 décembre (Nativité), Pâques,
Ascension

Le Petit Larousse le présente ainsi :

Palestinien né au début de l'ère chrétienne, il est professé par les chrétiens être le Messie, le Fils de Dieu et le rédempteur des hommes. Dans l'ordre chronologique, il est né avant l'an 4 sous Hérode, il a commencé son activité apostolique vers l'an 28, il fut arrêté condamné à mort et crucifié sous le procurateur romain Ponce Pilate en avril 30, et, au témoignage de ses apôtres, il fut proclamé être ressuscité trois jours après. Cette résurrection de Jésus est tenue par les chrétiens pour un fait historique transcendant le domaine de l'histoire pour atteindre à celui de la foi[3].

Le Messie (χριστός / Christos en grec ancien), « l'oint du Seigneur » est annoncé par l'Ancien Testament du judaïsme. La plupart des chrétiens reconnaissent Jésus-Christ comme le Fils unique de Dieu et comme l'une des trois personnes du Dieu trinitaire. Sa mère est Marie de Nazareth.

À partir du XIXe siècle, les recherches critiques des historiens ont peu à peu dissocié méthodologiquement Jésus de Nazareth, le personnage historique, de Jésus-Christ, la figure religieuse. En effet, selon John Meier, cette distinction méthodologique s'enracine dans la distinction faite par de nombreux auteurs germaniques dont Bultmann (1884-1976), entre deux sens en langue allemande du terme historique. D'une part, historisch, historique, au sens d'évènement correspondant à un simple fait dont l'existence est attestée par l'histoire, et de l'autre, geschichtlich, historique, au sens d'évènement durablement marquant et correspondant à une réalité significative[4]. Le présent chapitre Jésus Christ se situe dans le cadre de cette seconde perspective historique, laissant la première à celui intitulé Quêtes du Jésus historique.

Les musulmans reconnaissent Jésus de Nazareth en tant qu'un éminent prophète de Dieu sous le nom ʿĪsā.

Jésus

La foi en Jésus-Christ

La foi en Jésus-Christ se réfère à l'histoire de Jésus de Nazareth, Juif de Galilée, qui apparaît au Ier siècle dans le cercle de Jean le Baptiste avant de s'engager, entouré de quelques disciples, dans une carrière de prédication itinérante d'un à deux ans et demi[5], essentiellement en Galilée, en pratiquant guérisons et exorcismes. Il suscite engouement et ferveur, s'attirant la méfiance des autorités politiques et religieuses, avant d'être arrêté, condamné et crucifié vers l'an 30 à Jérusalem pendant la fête juive de la Pâque, sous l'administration du préfet Ponce Pilate[6].

Le Papyrus P52, recto. Daté de la première moitié du IIe siècle, ce document qui contient deux passages de l'Évangile selon Jean est le plus ancien exemplaire connu du Nouveau Testament.

Dans les premières décennies qui suivent la mort de Jésus de Nazareth vers 30, ses disciples vont se constituer en petites communautés autour de deux croyances : celle que Jésus était le messie attendu par les juifs, et celle qu'il était ressuscité et était apparu à un certain nombre de témoins. Ce « mouvement des disciples de Jésus », par ses croyances en la messianité et la résurrection de Jésus, constitue alors une secte particulière au sein du judaïsme.

La foi en Jésus-Christ est marquée dès ses débuts par la prédication de Paul de Tarse, l'« apôtre des gentils » qui n'a pas connu le Jésus historique, mais qui affirme l'avoir vu après sa résurrection.

Le Messie médiateur et rédempteur

Le Messie (de l'hébreu מָשִׁיחַmashia'h) désigne dans le judaïsme l'oint du Seigneur, c'est-à-dire la personne consacrée par le rituel de l'onction effectué par un prophète. Christos est, en grec, une traduction littérale du mot mashia'h utilisé dans la Septante.

La croyance chrétienne en Christ s'écarte cependant de la compréhension du messie dans le judaïsme. Elle donne une place centrale à la Résurrection. Paul affirme : « Si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi »[N 1] Elle voit en Jésus-Christ celui qui a apporté au monde la Rédemption par sa Passion et sa résurrection, conformément au « Jésus nous a rachetés » de l'Épître aux Galates (3, 13).

La TOB a souligné l'insistance avec laquelle Paul parle dans l'Epitre aux Romains de la malédiction du péché et de la mort et de la résurrection salvifiques du Christ[7].

L'exégète Antoine Lyon a montré que dans l'Evangile selon Jean, il apparaît que Jésus fait de sa mort le don de sa vie en geste de l'amour suprême[8].

Hans Waldenfels a introduit sa présentation du Christ dans son ouvrage de théologie fondamentale, par cette citation de K. T. Schäfer : "La tradition synoptique, la théologie paulinienne et johannique s'accordent sur le fait que Jésus Christ est le médiateur de la révélation divine par ses actions et ses paroles (...) qu'il est médiateur de la rédemption par le don de sa vie (...), le médiateur du pardon des péchés et de la grâce (...) le médiateur du salut et de la vie éternelle"[9].

Le « Jésus terrestre »

Sans qu'il faille autant opposer symétriquement sur ce sujet recherche et tradition, les recherches sur le « Jésus historique » — apparues au XVIIe siècle — ne sont accessibles qu'à travers les traditions du « Jésus terrestre »[10].

Néanmoins, « la question du Jésus historique s'efforce de discerner à travers les premières traditions sur le Jésus terrestre, les traces qui permettent d'approcher le Jésus de l'histoire. En revanche, interpréter les traditions du Jésus terrestre pour elles-mêmes, c'est rechercher comment les premières communautés chrétiennes ont formulé leur témoignage de foi au Jésus qui a vécu et qui est mort à Jérusalem »[11].

Histoire des dogmes chrétiens

Épitres de Paul dans les années 50-55

Les plus anciens textes chrétiens sont les épîtres de Paul de Tarse, dont sept sont considérées aujourd'hui comme étant de lui. Elles ont été écrites entre 50 et 55[N 2]. Les épîtres suivantes sont dues à ses disciples. Jésus y est présenté comme « Seigneur » investi de la puissance divine. Paul cependant ne discute pas de sa nature divine ou humaine. L'essentiel de la profession de foi de Paul s'exprime dans la Première épître aux Corinthiens. Elle repose sur l’affirmation du salut par un rédempteur divin, le Messie envoyé par Dieu pour racheter les péchés des hommes[12] - [13].

Christ pantocrator, mosaïque de la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf à Ravenne, VIe siècle.
Les trois doigts joints symbolisent la Trinité, les deux doigts levés la double nature humaine et divine[14].

Robert Hutchinson a attiré l'attention d'un commentaire de Richard Bauckham sur le passage suivant de cette même épitre aux corinthiens : "Il n'y a qu'un seul Dieu le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes faits, et un seul Seigneur Jésus Christ, par qui tout existe, et par qui nous sommes" selon lequel "une christologie plus poussée n'est guère possible."[15]

Hans Waldenfels et différents exégètes ont mis en relation la Résurrection de Jésus avec le passage de l'épître aux Philippiens (dont on pense qu'il est une citation par Paul d'un hymne au Christ[16] que certains chercheurs font remonter aux années 40) qui dit du Christ : " Lui qui est de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'anéantit lui-même, prenant la condition d'esclave et devenant semblable aux hommes.(...). Il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix. Aussi Dieu l'a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus s'agenouille au ciel et sur la terre (...) et que toute langue proclame, de Jésus-Christ qu'il est le Seigneur, à la gloire du Père." (2, 6-11)[16]

Evangiles synoptiques et épitres tardives

Dans les évangiles, Jésus est doté de noms et de titres. En particulier, dans les évangiles synoptiques Jésus est désigné indifféremment par les termes « Messie » « Fils de l'Homme » et « Fils de Dieu ». Il s'agit d'expressions issues de l'Ancien Testament et réinterprétées par la tradition chrétienne. Le « messie », dans le Livre d'Isaïe, est le Serviteur souffrant (Isaïe, 42 1-7; 49 1-8; 50 4-11; 52 13-15 et 53 1-12 ) qui annonce le Royaume de Dieu. Le Fils de l'Homme, dans le Livre de Daniel, est la personnification du peuple juif dans sa pureté initiale. Le « Fils de Dieu », qui sera le fondement de la doctrine de la Trinité, était un titre des souverains hellénistiques, et, pour les Juifs, celui du messie en tant que roi d'Israël.

A propos des titres de Messie et de Fils de l'homme concernant Jésus, Daniel Boyarin a écrit "qu'il n'est possible de comprendre l'Evangile que si on admet que Jésus et les juifs qui l'entourent épousaient une christologie d'en haut, la revendication messianique impliquant aussi l'affirmation d'être un homme divin"[17].

L'idée de la divinité de Jésus s'exprime clairement à la fin du Ier siècle dans les textes que la tradition chrétienne attribue à l'apôtre Jean : ces écrits, dits « johanniques », sont l'évangile selon Jean (qui voit en Jésus le « Verbe de Dieu »), les trois Épîtres de Jean et l'Apocalypse). Il en va de même pour des épîtres attribuées à Paul et considérées aujourd'hui comme des pseudépigraphes plus tardifs (l'épître aux Colossiens et l'épître aux Éphésiens), qui affirment la préexistence du Christ, « image du Dieu invisible » et incarnation de Dieu.

Les historiens rangent sous le nom de Grande Église l'émergence au second siècle d'un christianisme majoritaire qui opéra en son sein la synthèse des courants chrétiens principaux[18]. C'est au sein de la Grande Eglise que s'approfondit la doctrine concernant le Christ.

Fin du premier siècle et second siècle

Selon Irénée de Lyon, la légitimité de la doctrine chrétienne repose sur l'enseignement des évêques qui se sont succédé sans interruption dans les Églises fondées par les apôtres[19]. D'où l'importance des synodes puis des conciles réunissant des évêques afin de préciser la doctrine chrétienne[20].

Annie Jaubert a souligné le fait que, chez l'évêque Clément de Rome, dans sa lettre aux Corinthiens datant de la fin du premier siècle, la médiation du Christ est au centre de sa christologie salvifique, citant à l'appui : "Révérons le Seigneur Jésus Christ, dont le sang a été versé pour nous" (21, 6) et "Le sang du Seigneur rachète tous ceux qui croient et espèrent en Dieu". Elle a précisé par ailleurs que Clément affirme que le Christ est "le Seigneur", "le Fils" et qu' "il a été ressuscité des morts" (24, 1)[21].

François Louvel a observé que l'on rencontre souvent dans les lettres de l'évêque Ignace d'Antioche (mort martyr vers 110) et celles de l'évêque Polycarpe de Smyrne mort martyr vers 167, des expressions que l'on rencontrera plus tard dans le Credo des conciles œcuméniques du quatrième siècle : Un seul Dieu le Père tout puissant (Ignace, lettre aux Smyrniotes 1, 1). Jésus-Christ qualifié de Notre Seigneur et de Dieu (Ignace, lettre aux Éphésiens 7, 2) et de Fils de Dieu (Ibid. 20, 2). Conçu du Saint Esprit (Ibid. 18, 2). Venu dans la chair (Ibid. 7, 2) Véritablement né d'une Vierge (Ignace, lettre aux Smyrniotes (1, 1) nommée Marie (Ignace, lettre aux Tralliens 9, 1). Persécuté sous Ponce-Pilate (Ibid. 9, 1). Ayant souffert pour nous (Ignace, lettre aux Smyrniotes (2, 1). Véritablement crucifié (Ignace, lettre aux Tralliens 9, 1). Ressuscité par le Père (Polycarpe, lettre aux Philippiens, 2, 1). Assis à la droite de Dieu (Ibid. 2, 1). Il reviendra (Ignace, lettre aux romains 10, 3) juger les vivants et les morts (Polycarpe, lettre aux Philippiens, 2, 1). Enfin l'unité de l'Eglise qui est affirmée (Ignace, lettre aux Philadelphiens, 3, 2), est dite pour la première fois, sainte et catholique (Ignace, lettre aux Smyrniotes 8, 2)[22]. Par ailleurs, Bernard Pouderon a indiqué qu'Ignace a professé les deux natures humaine et divine du Christ[23].

Marie Odile Boulnois a montré que l'on trouve dans l'Epitre de Barnabé datant du milieu du second siècle (attribuée à tort à Barnabé, mais se trouvant à la suite des livres canoniques dans le codex sinaïticus [24]) des passages liés au Christ parlant de son incarnation, de sa passion, et de sa résurrection ainsi que de la rémission des péchés qu'elles apportent toutes trois[25].

Bernard Pouderon a indiqué que Justin de Naplouse, au milieu du second siècle," a adjoint au Dieu Transcendant son Fils engendré avant toutes les créatures, ayant participé à la création, seul auteur des théophanies de l'Ancien Testament, Verbe incarné, tout à la fois homme et Dieu," et ce,sans occulter la valeur rédemptrice de la Passion du Christ[26]. Il également fait remarquer que si Justin professe les deux natures humaine et divine du Fils, on observe dans certains de ses écrits des tendances consistant à mettre le Fils légèrement au dessous du Père[27].,

Florence Bouet-de Quatrebarbes a expliqué comment, vers la fin du second siècle, l'évêque Méliton de Sardes a analysé, dans sa Prédication Sur la Pâque, l'Exode et la Pâque de l'Ancien Testament, comme des préfigurations de la Passion du Christ (dont le sang versé a conféré le salut aux nations), et aussi de sa Résurrection, insistant sur l'Incarnation orientée vers la Rédemption de l'homme déchu,et a parlé du Christ ressuscité qui appelle les nations à recevoir de lui l'absolution des péchés. Et elle soutient que la fin de la prédication de Méliton parlant du Christ, use de formules annonciatrice du Symbole des Apôtres : " Tel est celui qui fit le ciel et la terre, qui au commencement modela l'homme, qui fut proclamé par la Loi et les Prophètes, qui s'est fait chair dans une vierge, qui fut suspendu sur le bois, qui fut enseveli en terre, qui fut ressuscité d'entre les morts, qui monta au plus haut des cieux, qui est assis à la droite du Père, qui a tout pouvoir de juger et de sauver " (104)[28]. Par ailleurs Bernard Pouderon a fait remarquer que Méliton professe dans un fragment sur l'incarnation du Christ deux substances chez le Christ, l'une humaine et l'autre divine[24] : " Etant tout à la fois Dieu et pleinement homme, il nous garantissait ses deux substances, sa divinité, pendant les trois années après son baptême, et son humanité pendant les trente années antérieures"[24].

Marie-Ange Calvet Sebasti a rappelé que dans un écrit de l'évêque Théophile d'Antioche (datant de la fin du second siècle) il est question de la triade Dieu, son Verbe et sa Sagesse, et de ce que le Verbe est proféré par le Père principe[29].

Laetitia Ciccolini a exposé le point de vue doctrinal d'Irénée de Lyon (vers la fin du second siècle) combattant les dérives gnostiques. Selon cet évêque il n'y a qu'un seul Dieu créateur de toutes choses, et qu'un seul Christ, vrai Dieu et vrai homme, né d'une vierge, dont l'incarnation a eu pour fin d'assumer toute la création et de sauver l'humanité[30].

Premiers conciles

Les premiers conciles, celui de Nicée en 325 regroupant plus de 300 évêques[31], et celui de Constantinople en 381 regroupant 150 évêques[32], aboutirent au « symbole de Nicée », credo qui définit la foi en Jésus-Christ :

« Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière issue de la Lumière, vrai Dieu issu du vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père et par qui tout a été fait ; qui pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu des cieux et s'est incarné du Saint-Esprit et de la vierge Marie et s'est fait homme. Il a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, il a souffert et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité des morts le troisième jour, conformément aux Écritures ; il est monté au Ciel où il siège à la droite du Père. De là, il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n'aura pas de fin. »[33]

Ce credo s'oppose en particulier à l'arianisme, qui professe une absence de consubstantialité[34] du Père et du Fils, mais il reprend d'une façon plus générale ce qui apparaît comme une hérésie à cette époque.

Henri-Irénée Marrou rappelle que le concile de Chalcédoine de 451 a confessé « un seul et même Christ Fils, Seigneur, monogène (i, e. unique engendré) sans confusion, sans mutation, sans division, la différence de nature, n'étant nullement supprimée par l'union, mais plutôt les propriétés de chacune étant sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase »[35]Bref, le concile affirme donc l'union hypostatique des deux natures humaine et divine.

La question de la nature de Jésus : homme ou Dieu ?

Raphaël, Le Christ montant au Calvaire.

En marge de la Grande Église se développent des tendances religieuses qui se réclament du Christ mais s'éloignent de la vision dominante, en sorte que la Grande Église commence à établir une distinction entre « orthodoxie » et « hétérodoxie »[36]. Ces divers mouvements se répartissent en deux grands groupes opposés : les judéo-chrétiens et les gnostiques.

Le courant judéo-chrétien, imprégné de judaïsme, est attaché à la transcendance et à l'unité divine. C'est pourquoi il se refuse à reconnaître que Jésus-Christ puisse être dit Dieu, et ne veut voir en lui qu'un homme remarquable très proche de Dieu[37].

Dans le courant gnostique, auquel se rattachera plus tard le manichéisme, prévaut un mépris envers la création issue d'un dieu du mal qui veut la perte et non le salut des hommes. Les gnostiques condamnent la sexualité et la procréation. C'est pourquoi, le Christ sauveur, perçu par eux comme l'une des multiples émanations de Dieu transcendant bon et ineffable, ne peut en aucun cas s'être réellement incarné dans la Vierge Marie ni avoir été réellement crucifié, d'où le docétisme. Ce courant de pensée soutient que l'humanité du Christ n'est qu'apparente[38].

C'est pourquoi, souvent, dans les communautés chrétiennes des deux premiers siècles, la croyance en la divinité de Jésus emprunte des chemins différents de ceux de la Grande Église, en particulier dans celles de Perse. Certaines (ébionites et elkasaïtes) restent attachées à la transcendance du Dieu, selon le judaïsme traditionnel, et à l'humanité de Jésus. D'autres, comme les marcionites et les montanistes, exaltent la divinité de Jésus.

Ignace d'Antioche (35-107), face déjà à certaines tendances docètes, a insisté sur la réalité de la vie terrestre de Jésus. Justin de Naplouse (105-155), quant à lui, pour répondre à des tendances judéo-chrétiennes sous-estimant la dimension divine du Christ, s'est appuyé sur l'Évangile de Jean pour faire appel au Logos, la raison divine qui gouverne le monde. Bref, selon Bernard Pouderon, Ignace d'Antioche et Justin, sans user de la terminologie du concile de Chalcédoine, professent les deux natures humaine et divine, tandis que Méliton de Sardes (second siècle) déclare expressément qu'il y a dans le Christ deux ousai, autrement dit, deux essences ou substances. Enfin, pour Irénée de Lyon (135-200), seule la double nature du Christ est garante du salut[39].

Origène (185-254) combat les hérésies gnostiques de Marcion, Valentin et Basilide[40]. Par ailleurs il essaie de comprendre comment la nature humaine s'unit à la nature divine en Jésus. Pour lui, Jésus ne peut être vraiment homme sans âme humaine, sa nature divine ne pouvant s'unir seulement avec le corps.

Thèses non chrétiennes d'une divinité sans incarnation

Les gnosticismes chrétiens considèrent qu'il existe une nature bonne (créée par Dieu) et une mauvaise (terrestre, et/ou créée par un démiurge), non miscibles et en conflit. Ils se distinguent en cela du christianisme qui estime que Dieu est l'unique créateur, et que tout ce qu'il a créé est d'une nature bonne ; et qu'il n'y a pas de distinction à faire entre une nature divine et une nature charnelle.

Pour les gnostiques, la réalité de l'existence de Jésus parait secondaire par rapport à la signification qu'on lui prête. Il y existe une réflexion profonde sur la personnalité de celui qu'ils nomment le Sauveur qui reste fondamentalement étranger au monde. On retrouve ainsi ce thème : le Sauveur descend sur terre pour le salut des hommes et à son tour, il assume, pour un temps leur destinée. Non dans le but de donner un sens au monde, à la souffrance ici-bas, mais pour délivrer les parcelles lumineuses qui s'y sont dévoyées[41]. Parmi ces courants gnostiques, on trouve le docétisme aux IIe et IIIe siècles qui considère que l'humanité de Jésus n'est qu'une apparence, puisque Christ est Dieu, ce qui implique notamment que la mort sur la croix était une illusion. Sa postérité se retrouvera, plus tard, dans la pensée d'Eutychès (378-453) dont se réclameront plusieurs églises monophysites.

A la marge du gnosticisme, le manichéisme est un syncrétisme alliant des traditions judéo-chrétiennes et indo-iraniennes. C'est un courant spirituel distinct du christianisme qui fut fondé par Manès né en 216 d'un père qui était un prince parthe et d'une mère probablement judéo-chrétienne. Manès mourut martyrisé sous un prince parthe hostile à sa doctrine. A 24 ans, il eut la conviction d'avoir reçu l'ordre divin de se proclamer apôtre de la lumière et du salut. Il enseigna une opposition radicale entre d'une part un Dieu de lumière qui est le Bien, et de l'autre, le Monde et le Mal. Selon lui Jésus qu'il enseigna comme étant le cinquième éon divin émané de la lumière divine, ne pouvait pas s'être incarné, l'homme appartenant au monde qui est mauvais[42].

Pour Marcion, Jésus-Christ est la manifestation visible de Dieu avec un corps qui n'est pas fait de chair et de sang, un corps subtil, à travers lequel Dieu, pure transcendance, se manifeste à l'improviste sur le Jourdain. Le marcionisme s'inscrit dans une radicalisation de la pensée paulinienne, en rupture totale avec le judaïsme, et ne dit mot de ce qui a trait à l'enfance de Jésus, de son baptême ou de ses racines juives[43]. Toutefois, selon Simon Légasse, "on ne peut parler qu'à peine d'hérésie au sens dogmatique du terme chez Marcion[44]"; en outre, selon le Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, aucune hérésie n'est développée chez Marcion[45]. Le marcionisme, issu de l'exclusion de Marcion en 144 par le presbyterium de Rome, voit ensuite des Églises fleurir un peu partout en Orient pendant tout le IIIe siècle, prônant une forte exigence morale, l'ascèse et le mépris du corps. Ce sera contre lui que s'élaborera la réflexion théologique des Pères de l'Église, le nombre considérable de traités anti-marcionniques en témoigne.

Thèse chrétienne d'une union où la nature humaine est absorbée dans la divine : le monophysisme

Selon Henri Marrou, c'est en réaction contre l'hérésie nestorianiste condamnée par le concile d'Ephèse, laquelle juxtaposait les natures divine et humaine du Christ, que l'hérésie monophysite apparut au Ve siècle sous la direction d'Eutychès, dans certaines écoles théologiques de l'empire byzantin d'Alexandrie et de Syrie. Elle tendit à a absorber la nature humaine du Christ dans sa nature divine, après l'union des deux natures enseignée par le concile d'Ephèse, en s'appuyant de manière exagérée, à la manière d'Appollinaire de Laodicée (condamnée au quatrième siècle), sur la consubstantialité du Père et du Fils, enseignée par le concile de Nicée[46].

En réponse au monophysisme, le concile de Chalcedoine soulignera que l'union de ces natures n'a pas supprimé leur différence, et donc que Jésus est véritablement et pleinement un homme. Le monophysisme est encore professé aujourd'hui par les Églises préchalcédoniennes (arménienne, syro-jacobite, copte, etc.).

Thèses étrangères au christianisme d'une nature humaine non divine.

L'empereur Constantin Ier brûlant les livres ariens, manuscrit (v. 825), Bibliothèque capitulaire de Vercelli. Le texte indique : « Sinodus Niceni u[bi?] [f?]ui[t?] numerus / s[an]c[t]o[rum] patr[um]. CCCXVIII. et omnes / subscrip/seru/n/t. Constantinus imp(erator). Heretici / Arriani / damnati. »

L'arianisme est issu[47] des prêches d'Arius à partir de 312. Son point central est la nature de la relation entre Jésus et son Père du ciel et des positions respectives des concepts de « Dieu le père et de son fils Jésus ». L'arianisme, tentant de résoudre le problème entre éternel et contingent, défend la position que la divinité du Très-Haut est supérieure à celle de son fils fait homme. Les ariens adoptent le subordinatianisme, selon lequel Jésus-Christ est créé mais n'est pas de la même substance que Dieu, lequel est incréé et intemporel. Les ariens professent donc une absence de consubstantialité[34] : si le Fils témoigne de Dieu, il n'est pas Dieu, si le Fils a une position divine, elle est de moindre importance que celle de Dieu Lui-même.

Le christianisme soulignera en réponse, dans le Symbole de Nicée, que « Jésus-Christ [est] de même nature que le Père », c'est-à-dire qu'en la personne de Jésus, c'est bien un nouvel aspect de la réalité divine qui a été révélé : que « Dieu se fait homme pour que l'homme se fasse dieu ».

Aux temps modernes, le mouvement socinien et le courant unitarien sont des retours en milieu protestant à l'arianisme qui remettaient en question la divinité de Jésus et le dogme trinitaire des conciles de Nicée et Constantinople auxquels adhéraient alors unanimement les églises protestantes.

Pour l'adoptianisme, Dieu adopte l'homme Jésus comme Fils, seulement lors de son baptême. Cette christologie s'appuie sur une version de Luc 3, 22, présente dans certains manuscrits, qui cite le psaume 2, 7 : « Tu es mon Fils, moi aujourd'hui, je t'ai engendré », au lieu de « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai mis toute mon affection ». À peu près dans la même logique, les théodotiens précisent que Jésus a reçu le Saint-Esprit le jour de son baptême, mais qu'il a acquis sa nature divine après la Résurrection[48].

Thèse chrétienne d'une double nature humaine et divine

Le nestorianisme est issu au cinquième siècle de Diodore de Tarse qui maintenait fermement contre l'arianisme la pleine divinité du Christ et affirmait contre l'apollinarisme issu d'Apollinaire de Laodicée la totale humanité assumée par le Verbe. Son disciple Théodore de Mopsueste parlera de la conjonction ineffable et éternellement indissoluble des deux natures, ce qui présentait le danger de diviser le Christ. Or c'est ce que fit le patriarche de Constantinople Nestorius, se réclamant de Théodore, en contestant que l'on puisse dire que dans l'affirmation de la passion, le Verbe ait souffert, et en refusant à la Vierge Marie le titre de mère de Dieu, ce qui conduisit à sa condamnation pour hérésie par le concile d'Ephèse.[49]Le nestorianisme s'est maintenu au Moyen Orient où il est connu sous le nom d'Eglises des deux conciles.

Le christianisme soulignera avec le concile d'Ephèse qu'il n'y a pas juxtaposition des deux natures, mais unité, ce que déclarera encore plus explicitement le concile de Chalcédoine. Jésus est à la fois « vrai homme et vrai Dieu », et donc que c'est bien dans le Jésus de Nazareth historique que le christianisme reconnaît le Fils de la Trinité. Ajoutons que le débat du concile d'Éphèse a précisé la désignation de Marie, qui n'a pas seulement donné naissance au Jésus historique, mais peut être qualifiée de « Mère de Dieu » . Au titre de cette maternité spirituelle elle est invoquée par les mystiques chrétiens qui veulent que le « Christ soit complètement formé en eux »[N 3].

Le christianisme trinitaire

Dogmes issus des sept conciles

Les représentations de Jésus-Christ varient selon les cultures et les époques.

À partir du IVe siècle et jusqu'au VIIIe siècle, sept conciles sont appelés « œcuméniques » parce que tous les évêques y avaient été convoqués, même si peu d'évêques latins ou occidentaux participèrent aux cinq premiers d'entre eux. Tous les conciles œcuméniques n'ont pas la même importance doctrinale. Selon Bernard Sesboüé, le concile d'Éphèse (que n'acceptent pas certaines Églises, dites des deux conciles, soit les deux premiers : le Concile de Nicée et le Concile de Constantinople) « est le premier concile à être à l'origine d'une division durable. Il existe aujourd'hui une Église assyrienne de l'Orient[50] qui a renoncé en 1975 à s'appeler « nestorienne » (...).

On peut résumer, de façon schématique, l'évolution dans la formulation des courants dogmatiques dominants de la manière suivante :

  • étant ce Sauveur qui déifie, le Christ est lui-même Dieu, consubstantiel à Dieu : c'est la définition du Concile de Nicée (325), qui s'oppose à la christologie d'Arius ;
  • il est homme total, consubstantiel à chacun de nous, c'est la définition du Concile de Constantinople (381), qui s'oppose à la christologie d'Apollinaire ;
  • homme et Dieu, il est pourtant être un, et non pas divisé, c'est la définition du Concile d'Éphèse (431), qui s'oppose à la christologie de Nestorius ;
  • il reste « deux » tout de même, homme et Dieu, sans confusion ou absorption, c'est la définition du Concile de Chalcédoine (451), s'opposant à la christologie d'Eutychès.

Les catholiques, les orthodoxes des Églises des sept conciles célèbrent Jésus-Christ comme étant à la fois vrai homme et vrai Dieu, deuxième personne de la Trinité.

Pour les christianismes orientaux, la christologie est parfois un peu différente et la situation est assez complexe selon le nombre de conciles que ces Églises reconnaissent :

Scènes de la vie du Christ (Passion de Roermond), peinture anonyme (1435), Rijksmuseum, Amsterdam.

Toutes ces Églises orientales et l'Église catholique reconnaissent les conciles de Nicée et de Constantinople, et le Credo, ou profession de foi trinitaire, qui en est issu. Les Églises appartenant au Conseil œcuménique des Églises reconnaissent également la Trinité.

Les Églises protestantes européennes le confessent de même, tout en reconnaissant la liberté de conscience à leurs fidèles ; elles présentent donc des conceptions diverses et, même quand la formulation semble identique à celle des christianismes catholique et orthodoxe — qui disposent d’un large corpus dogmatique et d’une structure hiérarchique chargée de le maintenir et de l’enseigner —, il faut tenir compte du fait que le sens donné aux expressions n’exprime pas rigoureusement le même point de vue.

Les unitariens n'acceptent pas le dogme de la Trinité. Ils se réclament d'un monothéisme strict, en ce sens qu'ils ne conçoivent pas de trinité. On trouve des unitariens dans diverses Églises protestantes ou issues du protestantisme : libéralisme théologique du protestantisme libéral et Témoins de Jéhovah. Pour les mormons, par contre, Jésus-Christ est Jéhovah[53] et un personnage distinct du Père.

Jésus en dehors du christianisme

Si pour le christianisme, le Christ est l'unique Messie, d'autres religions, sans le considérer comme tel, le reconnaissent pour un envoyé de Dieu, un prophète ayant comme d'autres avant et après lui reçu une révélation divine.

Islam

Le Coran raconte, en plusieurs passages, le prodige de la naissance virginale de Jésus, créé par l’impératif divin : « Sois ! »[N 4] et conçu par le souffle de Dieu[N 5].

Mahomet et les prophètes de l'islam, dont Abraham, Moïse et Jésus, miniature persane.

Dans le Coran, « Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un messager de Dieu, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle venant de lui » (Sourate 4, 171). Annonciateur de Mahomet, il prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et « connaît les secrets du cœur ».

Le Soufi andalou médiéval Ibn Arabi lui confère le titre de « sceau de la sainteté », « le plus grand témoin par le cœur », tandis que Mahomet est le « sceau des prophètes », « le plus grand témoin par la langue »[54].

La représentation de Îsâ dans le Coran lui confère également une dimension eschatologique[55] : son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps[N 6].

La christologie mecquoise qui est plus modérée que la médinoise, vis à vis des croyances Chrétiennes concernant Jésus, affirme que Jésus créé par Dieu n'est ni le Verbe de Dieu, ni son Fils, car "il ne convient pas à Dieu d'avoir un enfant" (Sourate 19, 35). Jésus né de la vierge Marie (sourate 19, 16-21) est un serviteur de Dieu (sourate 19, 30). Or selon C. Schedel (Muhammad, p. 528), le refus mecquois de la filiation divine de Jésus n'atteindrait pas la position chrétienne authentique. En revanche la christologie médinoise qui est postérieure à la mecquoise est plus sévère. Elle reprend le refus mecquois de la filiation divine, refuse le caractère rédempteur de Jésus (Sourate 4, 57) rejette catégoriquement la Trinité taxée de trithéisme (Sourate 5, 16) contraire à l'unicité divine, et affirme la conception docète selon laquelle Jésus n'a été crucifié qu'en apparence, ayant été remplacé par un sosie[56].

On trouve dans le Coran quatre négations catégoriques concernant Îsâ, par crainte d'associationnisme (shirk)[54] : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade[57] — la Trinité étant interprétée par les musulmans comme un signe de polythéisme —, pas plus qu'il n'a été crucifié[N 7] car cela aurait été « indigne » d'un prophète de son importance[54].

Hindouisme

Hans Waldenfels a étudié la manière dont Jésus est perçu dans les milieux hindouistes cultivés s'intéressant à ce dernier. D'une manière générale, Il apparaît que la distinction occidentale entre le Jésus historique et le Christ de la foi ne présente généralement pas beaucoup d'intérêt en Inde, où la question fondamentale du sens paraît indifférente à tout préalable d'ordre historique. Tel fut le cas Râm Mohan Roy (1773-1833) qui, tout en qualifiant Jésus de rédempteur et médiateur, ne le considère que comme un gourou occidental. C'est aussi le cas de Râmakrishna (1834-1886) et de Vivekananda (1863-1902) qui pensait que la vie et la mort de Jésus sont dénués d'intérêt. Tel est encore de Mahatma Gandhi (1869-1948), pour qui le Christ, "la plus grande force spirituelle qu'un homme ait jamais connue", n'est qu'une manifestation de Dieu, au même titre que Krishna ou Rama. Tel est enfin le cas de Sarvepalli Radhakrihna (1888-1975), pour qui Jésus "est l'exemple d'un homme devenu Dieu", mais n'est qu'une forme de manifestation du divin[58].

Bouddhisme

Selon Waldenfels, la question de Jésus ne se pose pas dans le Bouddhisme qui enseigne un chemin conduisant à se libérer des passions, et dans cette perspective Bouddha n'a d'intérêt que parce qu'il enseigne ce chemin. Dans ces conditions, Jésus est perçu comme d'un intérêt secondaire. Toutefois, et surtout au sein du Bouddhisme Mahayana (Grand Véhicule), Jésus est de temps en temps présenté comme un Bodhisattva, une figure éclairée qui offre avec miséricorde son aide et son salut au monde dénué de lumière. Enfin le japonais Keiji Nishitani a tenté de répondre, à partir du point de vue bouddhiste, et à propos de Jésus, à la question : "qu'est-ce que cet amour qui ne marque aucune différence et qui aime aussi son ennemi?" Et il propose que c'est " l'amour de Dieu prêt à pardonner même au pécheur (...) amour de pardon, expression de la perfection de Dieu[59]"[60].

Représentation de Jésus-Christ dans les arts

Art paléochrétien

Sculpture en marbre du « Bon Pasteur », vers 300, musées du Vatican.

Les auteurs des évangiles, issus d'un milieu judaïque réticent à l'égard des images par peur de l'idolâtrie, semblent considérer que les paroles de Jésus sont plus importantes que son apparence et ne donnent aucune description de celui-ci[61].

L'art chrétien ne va pas de soi. Il trouve ses origines dans l'imaginaire de l'art païen et polythéiste. Les Pères de l'Église, pour leur part, contestaient l'art en tant que tel en des termes assez durs et se réclamaient de l'Ancien Testament qui condamne radicalement l'iconographie[v 1]. Clément d'Alexandrie liste néanmoins, vers 200, des éléments qui peuvent avoir une signification chrétienne sur les sceaux ou les bagues, tel le poisson, dont le nom grec (ἰχθύς / Ichthus) constitue un acronyme des appellations de Jésus[n 1].

Si au début du IVe siècle le concile d'Elvire interdit encore les images peintes sur les parois des églises, l'art chrétien a cependant déjà pris son essor, dans une visée qui n'est pas étrangère à l'apologétique[62].

L'évolution du rapport à la représentation du Christ se transforme dès le premier tiers du IIe siècle et une iconographie christique apparaît progressivement dans les catacombes et sur les sarcophages. Les représentations en demeurent cependant rares au profit de figures de l'Ancien Testament, comme Moïse ou Jonas, et Jésus n'est représenté que dans un petit nombre de scènes : son baptême, des miracles ou guérisons, l'entrevue avec la Samaritaine… Son action de thaumaturge est souvent soulignée dans cette première vague iconographique qui le présente également parfois au milieu de ses disciples à l'instar des philosophes grecs[61].

Peinture murale dans les catacombes de Commodilla, fin du IVe siècle.

Ce Jésus des premiers portraits est souvent beau, juvénile, voire séduisant même si son visage est souvent « neutre », ne se différenciant guère de l'iconographie habituelle du panthéon gréco-romain à contre-courant des descriptions des Pères de l'Église, qui le décrivent comme quelconque, voire laid ou pitoyable[61]. Il est souvent représenté en « Bon Pasteur » dans une image qui procède d'un Hermès « criophore » (« porteur de bélier »), à mettre en parallèle avec Orphée, un autre « bon pasteur », image qui se multiplie sur les premiers sarcophages chrétiens et sur les voûtes des hypogées[63].

Le christianisme devenant la religion officielle de l'Empire à partir du IVe siècle, l'iconographie se libère peu à peu du modèle gréco-romain, notamment sous l'influence des débats christologiques de cette période. C'est dans le dernier tiers du siècle qu'apparaît la dimension divine la « puissance cosmique » du Christ dans les représentations jusqu'alors plutôt marquées par l'aspect protecteur et guérisseur du personnage[61].

À cette époque, Jésus est encore généralement représenté comme un éphèbe glabre ou encore sous la forme d'un petit garçon qui correspond à une dénomination habituelle du Christ à l'époque (« pais », du grec παῖς, l'« enfant ») ; ce n'est qu'à partir de la fin du IVe siècle qu'il est représenté plus âgé et barbu, sous l'inspiration du modèle du philosophe enseignant de l'Antiquité. Ces deux types distincts de représentations coexisteront pendant près de deux siècles encore[61].

À partir du Ve siècle, c'est le caractère divin qui constituera la dimension principale des représentations, soulignant l'insistance du Credo de Nicée sur l'égalité du Père et du Fils et traduisant la structuration par la hiérarchisation et le dogme, dans une image de la « gloire de Dieu » qui dominera l'art chrétien jusqu'à l'art gothique[61]. L'aspect humain perdurera cependant à travers les icônes, bien que la plupart aient été détruites lors de la crise iconoclaste[n 2], qui trouveront un prolongement dans l'art byzantin qui fera la synthèse entre les aspects humain idéalisé en philosophe enseignant et divin, légitimé depuis le concile de Nicée II en 787.

François Boespflug[64] observe qu'il faut accorder une place à l'hétimasie, qui est une école de représentation dans laquelle la figure du Christ est remplacée par l'un de ses insignes trônant à sa place (agneau, chrisme, livre, croix, sudarium), comme dans le cas d'une mosaïque de Ravenne, afin de symboliser sa souveraineté et sa transcendance.

Les traditionnelles représentations de la Vierge à l'Enfant puisent quant à elles leurs origines dans les représentations de la déesse d'origine égyptienne Isis allaitant Horus[65].

Art catholique

L'Église catholique autorisant les représentations du Christ, celui-ci est l'objet d'un très grand nombre de portraits et de tableaux mettant en scène des épisodes de sa vie, sous la forme de peintures, de sculptures, de gravures, de mosaïques, de vitraux... Dans l'art occidental, Jésus est certainement le personnage le plus souvent représenté, en particulier sous l'aspect du Christ en croix, au moment de sa Passion[66].

Malgré la diversité des artistes et des époques, elles possèdent quelques traits communs. Elles obéissent à des canons artistiques précis[67], fondés sur la tradition et les plus anciennes représentations connues : Jésus est présenté comme un homme de race blanche, de taille moyenne, plutôt mince, au teint mat et aux cheveux bruns, longs ; il sera plus tardivement représenté avec une barbe[68].

Sa tête est souvent entourée d'un disque lumineux ou doré, l'auréole, attribut courant de la sainteté. L'expression des yeux est l'objet d'un soin particulier. De même, la position de ses mains a souvent une signification religieuse. L'Église catholique ayant souhaité que la vie de Jésus puisse être comprise par tous, il n'est pas rare de trouver en Afrique des figurations du Christ en homme noir, ou en Amérique du Sud des représentations de sa vie avec des vêtements locaux. Ce phénomène est ancien, puisque les artistes du Moyen Âge et de la Renaissance représentaient Jésus entouré de personnages habillés selon la mode de leur siècle .

Depuis le pape Grégoire le Grand et Jérôme de Stridon confirmés par le synode d'Arras de 1025, les représentations visuelles au Moyen-Âge avaient une fonction éducative : en mettant en scène la vie de Jésus-Christ, on diffusait la culture chrétienne à des personnes ne sachant généralement pas lire, et n'ayant de toute façon pas accès aux livres, y compris aux livres saints tels que la Bible[69]. Telle est l'origine de la crèche de Noël et de certaines scènes sculptées sur les calvaires celtes, qui sont autant de résumés de la vie de Jésus. De même, chaque église catholique est pourvue d'un Chemin de croix (en latin Via crucis) qui figure en 14 étapes, appelées « stations », les différents moments de la Passion. Réparties sur les pourtours de la nef, ces étapes sont marquées par des tableaux ou des sculptures, ou encore, plus simplement, par des croix accompagnées du numéro de la station. Jusqu'à une date récente, dans les maisons catholiques, un crucifix était accroché sur un mur dans les pièces principales et les chambres.

Art orthodoxe

Les orthodoxes acceptent la représentation du Christ en deux dimensions. La représentation la plus courante est celle des icônes.

Au VIIIe siècle, sous la poussée des Arabes à l'est et des Bulgares à l'ouest, des mesures seront prises dans l'Empire romain d'Orient contre les images et les statues qui peuplent les églises dans le but d'unifier l'empire derrière le seul chrisme, déclenchant la crise iconoclaste qui durera plus d'un siècle[70]. Après la fin des guerres iconoclastes, le christianisme oriental donne lieu au développement d'un art spécifique, l'icône, basée sur une grammaire picturale très organisée. Ces images sont sacrées, l'esprit du ou des personnages représentés est censé « habiter » la représentation. L'iconographe le peintre d'icône se prépare à la fois par un apprentissage théologique et par une ascèse, le plus souvent le jeûne et la prière.

Les icônes sont anonymes jusqu'au XVe siècle.

Peinture et dessin

Au XVIe siècle, Lucas Cranach l'Ancien, acquis à la Réforme, est l'un des créateurs de l’iconographie protestante, auteur de nombreuses scènes bibliques comme sa Vierge et l'Enfant Jésus sous le pommier ou ses crucifixions qui lui assurent la célébrité dans toute l’Europe. Ses fils Hans et Lucas, l'aident à développer une production très importante.

Au XVIIe siècle, l'artiste néerlandais Rembrandt puise une grande partie de son inspiration dans sa lecture quotidienne de la Bible[71]. On a de lui de nombreuses scènes de la vie du Christ, comme le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée, plusieurs descentes de croix (1633, 1634, 1650-1652), ou les Pèlerins d'Emmaüs, ou simplement des portraits comme la Tête du Christ.

Au XXe siècle, les dessins d'Annie Vallotton retenus pour illustrer de la Good News Bible (Bible en anglais courant, suivie par la Bible en français courant et d'autres versions) en font l'artiste la plus diffusée de tous les temps, grâce aux plus de 225 millions de ventes mondiales de la Bible qu'elle a illustrée[72].

Musique

An Allemagne : Au XVIIe siècle, les œuvres d'Heinrich Schutz, dont la Résurrection, trois Passions, et les Sept paroles du Christ (en croix).

Au XVIIIe siècle : les œuvres de Jean-Sébastien Bach dont les deux cantates Jesu meine Freude (BMW 227 et BMW 610), la Passions selon saint Matthieu, et la Passion selon saint Jean, ainsi que et les oratorio de Noël, de Pâques et de l'Ascension.

En Angleterre, toujours au XVIIIe siècle : l'oratorio le Messie du compositeur allemand, puis britannique Georg Friedrich Haendel.

Le gospel et le negro spiritual sont des musiques très largement dédiées à Jésus, développées largement dans les églises protestantes à partir du XIXe siècle. Un chanteur comme Ira Sankey (1840–1908) est un élément essentiel des campagnes d'évangélisation de Dwight Moody, un compositeur et un promoteur important du gospel[73]. Le début du XXe siècle voit surgir un véritable développement pour la musique gospel particulièrement dans les églises baptistes et pentecôtistes afro-américaines[74].

Notes et références

Notes

  1. Première épître aux Corinthiens, 15:14.
  2. Dans l'ordre chronologique : la Première épître aux Thessaloniciens, la Première épître aux Corinthiens, l'Épître aux Galates, l'Épître aux Philippiens, l'Épître à Philémon, la Seconde épître aux Corinthiens, l'Épître aux Romains.
  3. Ga 4. 19.
  4. Sourate III, La famille de 'Imran, verset 42 : « Seigneur, répondit Marie, comment aurais-je un fils ? Aucun homme ne m'a approchée. C'est ainsi, reprit l'ange, que Dieu crée ce qu'il veut. Il dit : Sois, et il est. »
  5. Sourate XXI, Les prophètes, verset 91 : « Nous soufflâmes notre esprit à celle qui a conservé sa virginité; nous la constituâmes, avec son fils, un signe pour l'univers. »
  6. « Sur le Mahdi, les traditions sunnites et chiites divergent, les chiites n'attendant que son retour — Imam caché — tandis que pour les sunnites, il ne naîtra que près de la fin des temps ».
  7. La Sourate 4,157 dit : « […] et à cause leur parole : “Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah”... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié ; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué. »

Références

  1. Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ, Iesous Christos Theou Uios Sôter, Jésus Christ Fils de Dieu, Sauveur.
  2. À l'exception de certaines qui se trouvaient dans les zones géographiques déjà dominées par l'Islam.
  1. Aujourd'hui, la très grande majorité des chercheurs donnent 30 ou 33, selon la longueur qu'ils estiment du ministère de Jésus, mais selon la tradition, il est mort à trente-trois ans et selon ses dates supposées de naissance cela donne entre 26 et 28; cf. (en) Stanley E. Porter, « Chronology of the New Testament », dans David Noel Freedman et Allen C. Myers (dirs.), Eerdmans Dictionary of the Bible, Amsterdam University Press, (ISBN 9789053565032), p. 250. Quelques-uns donnent 29 et une petite minorité des dates allant jusque 36 ; voir la synthèse de Raymond E. Brown, La Mort du Messie, Bayard, , 1695 p. (ISBN 978-2-227-35025-0), p. 1552
  2. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 103.
  3. Petit Larousse en couleurs, Paris, Larousse, , p. 1389.
  4. John P Meier, Un certain Juif Jésus. Les données de l'histoire. traduit de l'original anglais Jesus, A Marginal Jew Rethinking the Historical Jesus., Paris, Cerf, , p 32
  5. Pierre Geoltrain, « Les origines du christianisme : comment en écrire l'histoire », in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. XVII, et Michel Quesnel, « Jésus et le Témoignage des évangiles », in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 205, article en ligne.
  6. Pierre Geoltrain, « Les origines du christianisme : comment en écrire l'histoire », in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. XVII.
  7. Nouveau Testament. TOB. Introduction à l'Epitre aux Romains., Paris, Cerf et Les Bergers et les Mages, , p. 446
  8. Antoine Lyon, Lire saint Jean, Paris, Cerf, 1972., p. 25
  9. Hans Waldenfels, Manuel de Théologie fondamentale. Chapitre : Jésus Christ le médiateur. Traduit de l'allemand., Paris, Cerf, 1990., P; 290.
  10. Jean Zumstein, « Jésus terrestre dans l'Évangile de Jean », in Daniel Marguerat et alii, Jésus de Nazareth : nouvelles approches d'une énigme, éd. Labor et Fides, 1998, p. 459 et suiv., extraits en ligne
  11. Jean Zumstein, « Jésus terrestre dans l'Évangile de Jean », op. cit., p. 461, extraits en ligne.
  12. Hyam Maccoby, Paul et l’invention du christianisme, p. 266
  13. Mircea Eliade, Histoire des croyances et idées religieuses, Tome II, p. 331-332
  14. François Vouga et Jean-François Favre, Pâques ou rien : La Résurrection au cœur du Nouveau Testament, p. 297 (lire en ligne).
  15. Robert J. Hutchinson, Enquête sur le Jésus Historique (traduction de Searching For Jesus), Paris, Salvator, , p. 293 et note 556 p. 345
  16. Hans Waldenfels, Manuel de Théologie fondamentale (traduction de l'allemand), Paris, Cerf, , p. 432.
  17. Boyarin, Le Christ juif. A la recherche des origines., Paris, Cerf, 2013., p. 55.
  18. Simon Légasse, Histoire de l'Eglise, vol I, Paris, Desclée, , p. 217
  19. Bertrand de Margerie, Introduction à l'histoire de l'exégèse, Paris, Cerf, p. 67.
  20. Charles Munier, In Dictionnaire encyclopédique du Christiannisme ancien, Vol. I. Article : Conciles, Paris, Cerf, 1990., p. 529-530.
  21. Annie Jaubert, In Clément de Rome, Epitre aux Corinthiens, Paris, Cerf, 1971., p 71-73
  22. Les écrits apostoliques. Note de François Louvel., Paris, Cerf, , p. 545
  23. Bernard Pouderon, In Premiers Ecrits Chrétiens, Paris, Gallimard La Pléiade, introduction, 2016., p. XLI
  24. Méliton de Sardes, In Premiers écrits chrétiens., Paris, Gallimard Pléiade, , p 825.
  25. Marie Odile Boulnois, In Premiers Ecrits chrétiens, Paris, Gallimard, Pléiade, , p 1357 et 1356.
  26. Bernard Pouderon, In Premiers Ecrits chrétiens, Paris, Gallimard. La Pléiade, , p 1265.
  27. Bernard Pouderon, In Premiers Ecrits chrétiens, introduction, Paris, Gallimard, , p. XL
  28. Florence Bouet de Quatrebarbes, In Premiers Ecrits chrétiens, Paris, Gallimard. Pléiade, , p. 246 et p 1227-1228.
  29. Marie-Ange Sebasti, In Premiers Ecrits chrétiens, Paris, Gallimard. Pléiade., , p 1344 et 1349 (références 48 et 49)
  30. Laetitia Ciccolini, In Premiers Ecrits Chrétiens, Paris, Gallimard. Pléiade, , p 1439-1440.
  31. Kannengiesser, Dictionnaire encyclopédique du Christiannisme ancien. Vol. II. Article : Concile de Nicée, Paris, Cerf, , p. 1745
  32. Kannengiesser, In Dictionnaire encyclopédique du christiannisme ancien, Vol I. Article : Concile de Constantinople., Paris, Cerf, , p. 554.
  33. Denzinger, Symboles et Définitions de la foi catholique, texte trilingue grec-latin-français du credo de Nicée, Paris, Cerf, , n° 125-126
  34. Annick Martin, « Le fulgurant succès d'Arius », in Les premiers temps de l'Église, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, p. 690-698
  35. Jean Daniélou et Henri Marrou, Nouvelle Histoire de l'Eglise vol I. Des origines à Grégoire le Grand. Seconde partie d'Henri Marrou, Paris, Seuil, p. 395-396
  36. Alain Le Boulluec, Histoire du Christianisme, vol I, Hétérodoxie et orthodoxie, Paris, Desclée, , p. 266-272.
  37. Luigi Cirillo, Histoire de l'Eglise, Vol I, Courant Judéo-chrétien, Paris, Desclée, , p. 273-330.
  38. Madeleine Scopello, Histoire du Christianisme, Vol I, Courants gnostiques, Paris, Desclée, , p. 331-366
  39. Bernard Pouderon,, Premiers écrits chrétiens, introduction., Paris, Gallimard, , p. XLI et XLII
  40. Histoire du Christianisme,. Vol I. Alain Le Boulluec. L'école d'Alexandrie., Paris, Desclée, , p. 572.
  41. Madeleine Scopello, Les gnostiques, éd. Cerf/Fides, coll. « Bref », 1991, p. 89
  42. C. Riggi, In Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien. Vol II, Paris, Cerf, , p. 1525-1526.
  43. Michel Tardieu, « Marcion et la rupture radicale », in Les premiers temps de l'Église, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, p. 401-407.
  44. Simon Légasse, Histoire de l'Eglise, Vol. I, Paris, Desclée, , p. 163
  45. Dictionnaire encyclopédique du Christianisme ancien, Vol II, rubrique : Marcion., Paris, p. 1674
  46. Nouvelle Histoire de l'Eglise. Vol I. Seconde partie d'Henri Marrou., Paris, Seuil, , p. 393-394.
  47. Histoire de l'Eglise. Vol I. Henri Marrou Arius et le concile de Nicée, Paris, Seuil, , p. 290-309.
  48. Auguste-Joseph Gaudel, « La théologie de l'« Assumptus Homo ». Histoire et valeur doctrinale (À propos du livre du P. Déodat de Basly : «Inopérantes offensives contre l'Assumptus Homo») », Revue des Sciences Religieuses, Palais universitaire, vol. 17, no 1, , p. 70 (DOI 10.3406/rscir.1937.3949, lire en ligne)
  49. Nouvelle histoire de l'Eglise. Vol I. Henri Marrou. Du concile d'Ephèse à celui de Chalcédoine., Paris, Seuil, , p. 384-385.
  50. C'est ainsi que le théologien français désigne l'Église apostolique assyrienne de l'Orient, car il s'agit bien de celle-ci, son patriarche étant bien celui que cite Bernard Sesboüé.
  51. Bernard Sesboüé, Christ Seigneur et fils de Dieu, op. cit., p. 151-152.
  52. B.Sesboüé, Christ, Seigneur et fils de Dieu, op. cit., p. 161-162.
  53. Doctrine et Alliances 110:3–4
  54. Marie-Thérèse Urvoy, article « Jésus » in M. Ali Amir-Moezzi (dir.) Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 440
  55. Marie-Thérèse Urvoy, article « Jésus » in M. Ali Amir-Moezzi (dir.) Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 439, 441.
  56. H. Waldenfels, Manuel de Théologie fondamentale, Paris, Cerf, , p. 340-343.
  57. « Le Coran dit-il que la Trinité chrétienne est “Père, Mère, Fils” ? », La Maison de l'islam, 5 décembre 2008.
  58. Hans Waldenfels, Manuel de Théologie fondamentale. Section : Le Jésus des hindous. Traduit de l'allemand., Paris, Cerf, , p. 344-354.
  59. Keiji Nishitani, Wast ist Religion?, Francfort, 1982., p. 116.
  60. Hans Waldenfels, Manuel de Théologie fondamentale. Section : Jésus et Bouddha. Traduit de l'allemand., Paris, Cerf, , p. 354-356.
  61. François Boespflug, Premiers visages de Jésus, in Jésus, Le Point Hors-série no 1, décembre 2008, p. 92–96.
  62. Robert Turcan, L'art et la conversion de Rome, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 549 à 560.
  63. Hermas décrit par exemple Jésus au IIe siècle comme « un homme à l'air majestueux, en costume de pâtre, couvert d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule et une houlette à la main ». Cité par Robert Turcan, L'art et la conversion de Rome, op. cit., p. 551.
  64. François Boespflug, Dieu et ses images. Une histoire de l'Éternel dans l'art, Montrouge, Bayard, , p. 91
  65. Robert Turcan, L'art et la conversion de Rome, op. cit., p. 551.
  66. En l'absence de tout document contemporain de Jésus, quelques images acheiropoïètes (« non faites de main d'homme ») représenteraient le « véritable » visage de Jésus.
  67. En particulier à un code de couleur précis, étudié par Michel Pastoureau, Le Bleu, histoire d'une couleur CNRS Éditions, coll. « CNRS Dictionnaires », 1998
  68. Chez les Romains, la barbe était discréditée au premier siècle de l'empire puis réapparaît progressivement comme canon esthétique à partir d'Hadrien, d'abord pour les hommes de plus de quarante ans, associée à la vieillesse et à l'expérience. À partir de Constantin, elle souffre à nouveau d'un certain discrédit ; cf. H. Leclerq, articles Barbe in Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, éd. F. Cabrol, 1910, cité par le site sacra-moneta.com.
  69. Les images permettent aux illettrés de mieux comprendre la Bible in La Toscane de Léonard de Vinci de Marc-Andre Fournier p. 64
  70. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éd. Albin Michel, 1946, rééd. 1970.
  71. José Loncke, « 15 juillet 1606. Rembrandt et la Bible », sur https://www.croirepublications.com/ (consulté le )
  72. « Remembering Annie Vallotton – Blog – News – American Bible Society », sur http://news.americanbible.org/ (consulté le )
  73. Nécrologie parue dans The Emporia Daily Gazette, le 20 août 1908 , accès le 29/3/2021
  74. Lol Henderson, Lee Stacey, Encyclopedia of Music in the 20th Century, Routledge, USA, 2014, p. 256

Bibliographie

Ouvrages théologiques

  • Rudolf Bultmann, Jésus. Mythologie et démythologisation (1926 et 1958), Seuil, 1968.
  • Romano Guardini Le Seigneur (traduction), 2 vol. Alsatia, Paris, 1945.
  • Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Jésus de Nazareth : De Nazareth à Jérusalem, éd. du Rocher, 2011 (ISBN 978-2-268-07079-7)
  • Guy Tilliette, p.s.s., Jésus en ses mystères, Desclée.

Ouvrages historiques

  • Marie-Françoise Baslez, Jésus : Dictionnaire historique des évangiles, Omnibus, 2017 (ISBN 978-2-258-13631-1)
  • Andreas Dettwiler (éd.), Daniel Marguerat, Gerd Theissen, Jean Zumstein et al., Jésus de Nazareth : Études contemporaines, Labor et Fides, 2017 (ISBN 978-2-8309-1642-3)
  • Bart D. Ehrman, La Construction de Jésus : Aux sources de la tradition chrétienne, H&O, 2010 (ISBN 9782845472174)
  • Bart D. Ehrman (trad. de l'anglais par Jean-Pierre Prêvost), Jésus avant les évangiles : Comment les premiers chrétiens se sont rappelé, ont transformé et inventé leurs histoires du Sauveur, Montrouge, Bayard, coll. « Domaine biblique », , 404 p. (ISBN 978-2-227-48913-4, EAN 9782227489134)
  • Michel Fédou, Jésus-Christ au fil des siècles. Une histoire de la christologie, Cerf, 2019 (ISBN 978-2-204-12565-9)
  • Aloys Grillmeier, Le Christ dans la tradition chrétienne, tome I: De l’âge apostolique à Chalcédoine. 2e édition française Paris, Cerf, 2003 [coll. Cogiatio fidei 230]; Tome II-1: Le Concile de Chalcédoine (451). Réception et opposition. Paris, Cerf, 1990 [coll. Cogitatio fidei 154]; Tome II-2: L’Église de Constantinople au VIe siècle. Paris, Cerf, 1993 [coll. Cogitatio fidei 172]; Tome II-4: L'Église d'Alexandrie, la Nubie et l'Éthiopie après 451. Paris, Cerf 1996 [coll. Cogitatio fidei 192].
  • Daniel Marguerat, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Seuil, 2019 (ISBN 9782021280340)
  • Charles Perrot, Jésus, éd. P.u.f, coll. « Que Sais-je ? » no 3300, 1998
  • Charles Perrot, Jésus, Christ et Seigneur des premiers chrétiens, éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1997

Ouvrages philosophiques

  • René Girard, Des choses cachées depuis la fondation du monde, Paris: Grasset, 1978.
  • Xavier Tilliette, sj, Le Christ des philosophes : Du Maître de sagesse au divin Témoin, Culture et Vérité, Namur, 1993

Revues

  • Que sait-on de Jésus ?, Le Monde de la Bible, hors-série printemps 2009, éd. Bayard
  • Christologie et histoire de Jésus, Recherches de science religieuse, tome 97, mars 2009
  • F. Baudin, « La figure de Jésus aujourd'hui », La Revue réformée, 1999, vol. 50, no 202, p. 71-94

Voir aussi

Articles connexes

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