Résurrection
La résurrection est le fait de revenir à la vie après la mort. Ce thème apparaît dans différentes religions, notamment en Orient, et remonte à l'Antiquité. Les religions abrahamiques lui accordent une importance variable.
La Bible évoque plusieurs « résurrections d'entre les morts ». Il s'agit de phénomènes surnaturels contraires à la raison et à l'expérience humaines. L'Ancien Testament cite trois résurrections : celle du fils d’une veuve de Sarepta opérée par le prophète Élie[1], celle du fils de la Sunamite (habitante de Sunem) par Élisée[2] et celle d’un homme ayant touché les ossements d’Élisée[3].
Le Nouveau Testament en mentionne d'autres : celle du fils de la veuve de Naïm, par Jésus-Christ[4], celle de la fille de Jaïre, par Jésus-Christ[5], celle de Lazare, par Jésus-Christ[6], celle de Jésus-Christ lui-même[7], celle de Dorcas (Tabitha), par l’apôtre Pierre[8] et celle du jeune homme Eutyche, par l’apôtre Paul[9].
Résurrection des morts
Étymologie et traduction
Le mot résurrection vient du latin resurgere qui signifie se relever, se lever une nouvelle fois. Il est la traduction du terme grec anastasis. Les traducteurs hébreux du grec ont rendu anastasis par une expression qui signifie « retour à la vie des morts » (transcription de l’hébreu : tchiyath hamméthim)[10].
Controverse sur l’immortalité de l’âme
En 1531, William Tyndale répond à Thomas More qui a critiqué sa traduction de la Bible en anglais vernaculaire : « En les faisant aller au ciel, en enfer ou au purgatoire, vous réduisez à néant les arguments avancés par le Christ et Paul pour prouver la résurrection.»[11]
Personnification de la résurrection
Le cycle de la nature
Peu d'auteurs se sont penchés sur le cycle naturel : naissance, croissance, production, repos, mort. La perception de ce cycle remonte au paléolithique[12].
Le retour du printemps après l'hiver est une allégorie courante de ce cycle.
Les dieux qui ressuscitent
Des dieux tels que Hercule, Dionysos, etc. sont des dieux qui meurent et qui renaissent chaque année, à l'équinoxe de printemps. D'autres divinités, notamment galloises, renaissent, elles, au solstice d'été (les feux de la Saint-Jean)[13].
La résurrection dans la religion
Religion égyptienne antique
L'ensemble de la religion pharaonique repose sur le passage de la mort à la vie à travers les marais. Le mythe d'Osiris en est la justification symbolique.
Les religions abrahamiques
Le concept de résurrection des morts dans les religions abrahamiques est une croyance en une résurrection de tous les morts à la Fin des Temps, qui va de pair avec l'idée d'un Jugement dernier[14].
Religion juive
Dans le judaïsme, la résurrection est intimement liée au messianisme juif.
Le prophète Élie
La première résurrection rapportée en I Rois dans la Bible hébraïque est celle réalisée par le prophète Elie sur le fils de la veuve de Sarepta[15] :
« Quelque temps après, le fils de cette femme, de la maîtresse du logis, tomba malade, et sa maladie s'aggrava au point qu'il ne lui resta plus de souffle. 18 … Et il (Elie) le prit d'entre ses bras, le porta dans la chambre haute où il logeait, le coucha sur son propre lit, 20 et invoqua l’Éternel en disant : « Seigneur, mon Dieu ! Quoi ! Même envers cette veuve, dont je suis l'hôte, tu userais de rigueur, en faisant mourir son fils ! » 21 Alors il s'étendit sur l'enfant par trois fois et invoqua l’Éternel en disant : « Seigneur, mon Dieu ! Permets que la vie revienne au cœur de cet enfant ! » 22 L’Éternel exauça la prière d'Elie, et la vie revint au cœur de l'enfant, et il fut sauvé. 23 Elie prit l'enfant, le transporta de la chambre haute à l'intérieur et le rendit à sa mère en disant : « Vois, ton fils est vivant. »
L'absence de mort
Le prophète Élie lui-même ne meurt pas.
« Comme (Élie et Élisée) continuaient à marcher en parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon. Élisée regardait et criait : Mon père ! mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie ! Et il ne le vit plus. Saisissant alors ses vêtements, il les déchira en deux morceaux, et il releva le manteau qu’Élie avait laissé tomber[16]. »
Élie a un précurseur en la personne du patriarche Hénoch, qui disparaît sans mourir au sens strict.
« Hénoch marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit[17]. »
Vision d'Ézéchiel
Une description saisissante est la vision des ossements desséchés par Ezéchiel à partir du Sheol, en 37:1-14[18] :
« La main du Seigneur se posa sur moi et le Seigneur me transporta en esprit et me déposa au milieu de la vallée, laquelle était pleine d'ossements. Il me fit avancer près d'eux, tout autour ; or, il y en avait un très grand nombre à la surface de la vallée, et ils étaient tout desséchés. (…) Et il me dit : "Prophétise sur ces ossements et dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole de l’Éternel ! Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Voici que je vais faire passer en vous un souffle, et vous revivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître autour de vous de la chair, je vous envelopperai d'une peau ; puis je mettrai en vous l'esprit, et vous vivrez ; et vous reconnaîtrez que je suis l’Éternel. Je prophétisai comme j'en avais reçu l'ordre. Il se fit une rumeur, comme je prophétisais, puis un frémissement, et les os se rapprochèrent en s'ajustant l'un à l'autre. Je vis qu'il y avait sur eux des nerfs, qu'une chair s'était développée et qu'une peau s'étendait par-dessus, mais de souffle, il n'y en avait point encore. Il me dit fais appel à l'esprit, fais appel, fils de l'homme, et dis à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Des quatre coins, viens, ô esprit, souffle sur ces cadavres et qu'ils revivent. Et je prophétisai, comme il me l'avait ordonné ; et l'esprit les pénétra, ils vécurent et ils se dressèrent sur leurs pieds, en une multitude extrêmement nombreuse. Alors il me dit : "Fils de l'homme, ces ossements, c'est toute la maison d'Israël (…) et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que je rouvre vos tombeaux, et je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple ! et je vous ramènerai au pays d'Israël. Et vous reconnaîtrez que je suis l’Éternel, quand j'aurai ouvert vos tombeaux et quand je vous aurai fait remonter de vos tombeaux, ô mon peuple ! 14 Je mettrai mon esprit en vous et vous serez vivifiés, et je vous asseoirai sur votre sol, et vous reconnaîtrez que je suis l’Éternel, - qui ai parlé et qui exécute, dit l’Éternel." »[19].
Prophétie de Daniel
Dans le livre de Daniel, on trouve une mention de la résurrection individuelle mais il n'est pas certain qu'il s'agisse d'une résurrection pour tous.
« Pour toi, va, prends ton repos ; et tu te lèveras pour ta part à la fin des jours[20]. »
Qui peut ressusciter, du moins d'après Daniel ?
« Ton peuple échappera : tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre [le Livre des prédestinés, le Livre de Vie]. Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre, pour l'horreur éternelle. Les doctes resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, comme les étoiles, pour toute l'éternité (Dn 12. 2-3). »
- Les impies demeureront dans le Sheol, ils ne ressusciteront pas.
- Les apostats et les traîtres connaîtront « l'horreur éternelle » : ils seront réveillés d'entre les morts pour souffrir des tourments sans fin, d'où la possibilité d'un enfer.
- Les justes et les saints, ressuscités, jouiront de « la Vie éternelle ».
Autres occurrences
- Jb 19,26 : « Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu »
- Dn 12, 1-4 : « La multitude de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle et ceux-là pour l’horreur éternelle »
- Is 26,19 : « Tes morts revivront, comme mon cadavre ils se lèveront. Réveillez vous et chantez vous, vous qui vivez dans la poussière »
- Ec 12:7 : « Alors la poussière retournera à la terre dont elle vient, et l'âme reviendra à Dieu qui l'a donnée »
- 1 Sa 2,6 : « Dieu fait mourir et il fait vivre, il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter  »
- Ps 30, 4 : « Tu m’as fait remonter du séjour des morts, tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans le gouffre »
Selon Flavius Josèphe, les Sadducéens ne croyaient pas à la résurrection tandis que les Pharisiens y croyaient.
Religion chrétienne
La croyance en la résurrection de Jésus, mort sur la croix pour racheter les péchés du monde, est l'événement principal de la religion chrétienne.
Selon l’apôtre Paul, la résurrection est une croyance qui est le fondement de la foi d’Abraham (Gen 22:5) ][21], de Job[22], et de Daniel[23].
Il existe deux formes de résurrections associées à deux lieux où la résurrection se produit :
- une résurrection sur terre avec un corps de chair et de sang dans le monde des humains[24] - [25] - [26],
- une résurrection au ciel avec un corps spirituel dans le monde divin[27].
Dans le christianisme, les âmes bienfaisantes se relèveront à la vie : c'est le Royaume de Dieu qui fut prêché par le Messie et ses apôtres, dont le jardin d'Éden est la meilleure part. Ne pas confondre l'autre monde avec le séjour des morts qui est le lieu de transition où les âmes attendent jusqu'au dernier jugement.
Les âmes malveillantes seront reléguées dans la géhenne - enfer, Sheol.
Résurrections au temps de Jésus
Le Nouveau Testament attribue plusieurs résurrections à Jésus :
- Résurrection du fils unique d’une veuve (évangile de Luc 7:11-15).
- Résurrection de la fille de Jaïre, président d’une synagogue (évangile de Luc 8: 49-56).
- Résurrection de Lazare (évangile de Jean 11: 38-44),
- Matthieu 27:52-53 déclare : « … les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes ».
Les Actes des Apôtres rapportent deux résurrections, l'une par Pierre, celle de Tabitha à Joppé (9, 33), et un autre par Paul, celle d'Eutyche, à Troas (20, 10).
Religion musulmane
Dans l'islam, la résurrection est liée au jugement dernier. Le prophète Mahomet (Ù…Øمّد, Muḥammad) sera le premier à se relever. Cependant dans l'ici-bas, d'après le coran, Moïse (en arabe موسى Moussa) d'après la sourate 2 et Jésus (en arabe عيسى 'Isa) d'après la sourate 5, ont réalisé des résurrections en tant que miracles par la "volonté d'Allah". Cela transparaît en intertexte dans le coran, par des allusions et non en citations renvoyant à des passages de la bible :
- Sourate 5 verset 110 : "Et quand Allah dira : « O Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l’Évangile ! Tu fabriquais de l'argile comme une forme d'oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent : « Ceci n'est que de la magie évidente »."
- Sourate 2 verset 73 : "Nous dîmes donc : « Frappez le tué avec une partie de la vache ». - Ainsi Allah ressuscite les morts et vous montre les signes (de Sa puissance) afin que vous raisonniez."
Ainsi ces résurrections, ne se sont faites que parce qu'Allah l'a voulu. Car c'est lui seul qui a ce pouvoir dans l'Islam. Comme d'ailleurs le Coran le rappelle à certains passages :
- Sourate 2 verset 56 : "Puis Nous vous ressuscitâmes après votre mort afin que vous soyez reconnaissants." (au sujet des 70 compagnons de Moussa).
- Sourate 2 verset 244 : "N'as-tu pas vu ceux qui sortirent de leurs demeures, - il y en avait des milliers -, par crainte de la mort ? Puis Allah leur dit : « Mourez ». Après quoi Il les rendit à la vie. Certes, Allah est Détenteur de la Faveur, envers les gens; mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants."
- Sourate 2 verset 259 : "Ou comme celui qui passait par un village désert et dévasté : « Comment Allah va-t-Il redonner la vie à celui-ci après sa mort ? » dit-il. Allah donc le fit mourir et le garda ainsi pendant cent ans. Puis Il le ressuscita en disant : « Combien de temps as-tu demeuré ainsi ? » « Je suis resté un jour, dit l'autre, ou une partie d'une journée. » « Non ! dit Allah, tu es resté cent ans. Regarde donc ta nourriture et ta boisson: rien ne s'est gâté ; mais regarde ton âne… Et pour faire de toi un signe pour les gens, et regarde ces ossements, comment Nous les assemblons et les revêtons de chair ». Et devant l'évidence, il dit : « Je sais qu'Allah est Omnipotent »."
Notes et références
- 1 Rois 17:17-24
- 2 Rois 4:32-37
- 2 Rois 13 :20,21
- Lc 7:11-17
- Mc 5:21-43
- Jean 11:38-44
- Mt 28:1-20.
- Ac 9:36-42
- Ac 20:7-12
- « Résurrection, Ressusciter | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
- William Tyndale An answer to Sir Thomas More's Dialogue, The supper of the Lord, after the true meaning of John VI. and 1 Cor. XI. Anvers 1531
- Robert Graves, Les mythes celtes : La Déesse blanche, Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Gnose », 1979 ; Heide Gottner-Abendroth, The Goddess and her Heros, Stow, Anthony Publishing. Co., 1995.
- « La croyance en la résurrection dans les religions païennes du Proche-Orient », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- Maurice Goguel, « Le caractère de la foi à la résurrection dans le christianisme primitif », Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, vol. 11, no 4,‎ , p. 329–352 (DOI 10.3406/rhpr.1931.2810, lire en ligne, consulté le )
- « La Bible en hébreu, en français et en anglais dans la traduction du Rabbinat avec le commentaire de Rachi », sur sefarim.fr (consulté le )
- (2R 2. 11-13)
- (Ge 5. 24)
- Armand Abécassis et Lucie Kaennel, Enseigner le judaïsme à l'université, Labor et Fides, , 156 p. (ISBN 978-2-8309-0912-8, lire en ligne), p. 72 & ss.
- (Ez 37. 1-10)
- (Dn 12. 13)
- Héb 11:17-19
- Job 14:13-15
- Da 12:13
- Jea 11:24
- Ac 24:15
- 1Thes 4:13, 14
- 1Cor 15:40, 42-44