TĂȘte du Christ (Rembrandt)
TĂȘte du Christ est une peinture Ă l'huile sur panneau de chĂȘne (25 Ă 21,7 cm) rĂ©alisĂ©e en 1648 par Rembrandt et conservĂ© Ă la GemĂ€ldegalerie (Berlin)[1].
Artiste | |
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Date |
Entre et |
Type | |
Matériau | |
Dimensions (H Ă L) |
25 Ă 21,7 cm |
SĂ©rie |
TĂȘtes du Christ (d) |
Mouvement | |
Propriétaires |
Martin Bromberg (d), Rodolphe Kann et Joseph Duveen |
No dâinventaire |
811C |
Localisation |
Rembrandt a représenté Jésus-Christ d'aprÚs un modÚle juif. Ce tableau marque ainsi un tournant dans le regard de Rembrandt sur le judaïsme et les Juifs.
Histoire
Il existe une douzaine de versions de cette TĂȘte du Christ, aujourd'hui dispersĂ©es entre divers musĂ©es et collections privĂ©es, mais seul le panneau qui se trouve actuellement Ă la GemĂ€ldegalerie de Berlin est reconnu par le Rembrandt Research Project pour ĂȘtre de la main de Rembrandt et non pas de ses disciples.
Au cours du XIXe siĂšcle, on a supposĂ© que ces tĂȘtes similaires Ă©taient basĂ©es sur un « modĂšle juif »[2], ce qui a conduit certains Ă supposer que Rembrandt lui-mĂȘme Ă©tait juif, puisqu'il vivait dans le Jodenbreestraat qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme le quartier juif d'Amsterdam. Ces tĂȘtes dans des poses variĂ©es ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© crĂ©Ă©es comme objets de dĂ©votion.
L'Ćuvre provient de la collection du collectionneur d'art britannique John Henderson Ă Londres. L'Ćuvre est vendue aux enchĂšres chez Christie's Ă Londres en fĂ©vrier 1882 sous le nom de TĂȘte d'homme aux cheveux longs, en robe brune. En 1893, elle appartient au marchand d'art Charles Sedelmeyer Ă Paris et plus tard Ă Rodolphe Kann, Ă©galement Ă Paris. Lorsque Kann meurt en 1905, ses hĂ©ritiers doivent attendre deux ans pour Ă©viter d'avoir Ă payer les droits de succession. En 1907, ils vendent toute la collection Kann au marchand d'art Duveen Brothers. Cette annĂ©e-lĂ , le tableau est acquis par Martin Bromberg Ă Hambourg. Lui et sa femme en font don au Kaiser-Fiedrich-Museum (aujourd'hui Bode-Museum) Ă Berlin la mĂȘme annĂ©e.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau est conservĂ© dans un coffre-fort avec la plupart des peintures qui se trouvent au musĂ©e Kaiser Friedrich. Avant la bataille de Berlin, entre le 11 mars et le , toute la collection est transfĂ©rĂ©e vers un grand complexe minier Ă Merkers, HĂ€mbach et Kaiseroda en Thuringe. Peu de temps aprĂšs, les Ćuvres d'art sont dĂ©couvertes par les AmĂ©ricains et confisquĂ©es par eux, puis transfĂ©rĂ©es le , Ă la Reichsbank de Francfort-sur-le-Main. Du 20 au 31 aoĂ»t, les Ćuvres sont temporairement retirĂ©es de la Reichsbank et conservĂ©es au Central Art Collecting Point Wiesbaden, situĂ© au Landesmuseum Wiesbaden. Le , l'Ćuvre est transfĂ©rĂ©e par les AmĂ©ricains Ă l'Ătat de Hesse et le au gouvernement de Berlin-Ouest, aprĂšs quoi le retour des Ćuvres d'art de Wiesbaden Ă Berlin commence. Le tableau est remis Ă la GemĂ€ldegalerie de Berlin-Dahlem et rejoint ainsi dans la collection de la GemĂ€ldegalerie[3].
Le , le tableau, dont la valeur est estimĂ©e Ă 250 000 marks, est volĂ© par un visiteur pendant les heures d'ouverture. Le conseil d'administration de l'Ehemalige Staatliche Museen zu Berlin offre une rĂ©compense de 10 000 marks. GrĂące Ă une dĂ©nonciation anonyme, l'Ćuvre est retrouvĂ©e deux ans plus tard, le , dans une consigne Ă bagages de la Braunschweig Hauptbahnhof.
Le tableau est présent dans la plupart des catalogues de Rembrandt du XXe siÚcle, n'ayant que récemment reçu son statut exclusif de seul exemplaire survivant de la main du maßtre dans le catalogue du RRP. Il reste cependant lié à l'atelier de Rembrandt et est regroupé avec toutes les autres versions. Il a été inclus dans l'exposition 2011 Rembrandt et le Visage de Jésus qui s'est tenue au Philadelphia Museum of Art, Detroit Institute of Arts et au musée du louvre, cat. Non. 35.
Description
Cette peinture a été décrite par Cornelis Hofstede de Groot en 1914 :
« 158. TĂTE DU CHRIST. B.-HdG. 413. TournĂ© aux trois quarts Ă gauche. La tĂȘte est lĂ©gĂšrement inclinĂ©e. De longues boucles sombres et une courte barbe pleine. Dans un manteau brun rougeĂątre. Demi-longueur, sans les mains, environ la moitiĂ© de la taille de la vie. Peint vers 1656-58. Panneau de chĂȘne, 10 pouces par 8 pouces. CitĂ© par Michel, pp. 451, 443, 563 [270, 343, 435]. Vente. John Henderson, Londres, 13 fĂ©vrier 1882. Dans la collection Rodolphe Kann, Paris, catalogue 1907, p. 72; achetĂ© dans son ensemble en 1907 par les marchands Duveen Brothers . Au Kaiser Friedrich Museum, Berlin, catalogue de 1911, n° 811C ; prĂ©sentĂ© par Herr et Frau Martin Bromberg de Hambourg. »
Le Fils de Dieu est reprĂ©sentĂ© de trois-quarts. La tĂȘte est lĂ©gĂšrement inclinĂ©e et tournĂ©e vers la gauche et, avec le regard dĂ©tournĂ© du spectateur, figure la dĂ©votion, perdu dans ses pensĂ©es. La peinture est appliquĂ©e finement dans les zones sombres de la peinture, tandis que dans les zones claires du visage, elle est appliquĂ©e en impasto, favorisant l'impression d'immĂ©diatetĂ© du modĂšle et soulignant la fonction d'Ă©tude de la peinture. MalgrĂ© le travail sur le modĂšle, la figure aux cheveux noirs et longs, au regard pondĂ©rĂ© et aux traits rĂ©guliers du visage, montre encore des Ă©lĂ©ments de la reprĂ©sentation traditionnellement rĂ©pandue du Christ[4].
Datation
Le support de la peinture est un panneau de chĂȘne. Il est issu de la mĂȘme souche que celui de l'Autoportrait de Rembrandt au musĂ©e des Beaux-Arts de Leipzig, comme l'ont montrĂ© des Ă©tudes dendrochronologiques. En consĂ©quence, le tableau peut avoir Ă©tĂ© peint en 1645 au plus tĂŽt et 1648 au plus tard[4].
Contexte
Fin des annĂ©es 1640 et dĂ©but des annĂ©es 1650, Rembrandt Ă©tudie la physiognomonie des modĂšles juifs[5]. La population juive d'Amsterdam a augmentĂ© Ă la suite de son exil de la pĂ©ninsule IbĂ©rique suite Ă la dĂ©faite des Maures tolĂ©rants sur les questions religieuses. Les Juifs ne sont pas tenus de porter des marques d'identification et ne sont soumis qu'Ă quelques restrictions. Ils se sont intĂ©grĂ©s Ă l'Ă©conomie et portent des vĂȘtements hollandais. Seule la langue espagnole ou portugaise demeure un trait distinctif typique[6]. Jusque-lĂ , Rembrandt n'avait utilisĂ© des traits physiques associĂ©s aux Juifs que dans des reprĂ©sentations avec des connotations nĂ©gatives, oĂč il renforçait les traits du visage traditionnellement reprĂ©sentĂ©s, par exemple, dans la reprĂ©sentation des grands prĂȘtres crĂ©ditĂ©s de la responsabilitĂ© de la mort du Christ. Au fur et Ă mesure que la connaissance de Rembrandt des Juifs de son quartier s'accroit, sa relation avec eux change, de sorte qu'il peint dĂ©sormais Ă©galement le Christ d'aprĂšs un modĂšle juif. Cela se reflĂšte Ă©galement dans les peintures et gravures d'histoire ultĂ©rieures, lorsqu'il rend Ă©galement les traits du visage des disciples de JĂ©sus plus rĂ©alistes[5].
Rembrandt a fait plusieurs Ă©tudes de portraits de JĂ©sus. Ainsi, pour l'annĂ©e 1656, deux tĂȘtes de JĂ©sus qui lui sont attribuĂ©es sont documentĂ©es en sa possession. En termes de coup de pinceau et de taille, le tableau de Berlin prĂ©sente Ă©galement de grandes similitudes avec le Portrait d'un jeune Juif, Ă©galement peint vers 1648 et en possession de la GemĂ€ldegalerie[4]. L'autographe de l'Ćuvre est reconnu. Cependant, il a parfois Ă©tĂ© remis en question, par Jan Kelch notamment, qui Ă©tait directeur de la GemĂ€ldegalerie. AprĂšs de plus amples recherches, cependant, il a Ă©tĂ© convaincu qu'il s'agissait d'un tableau rĂ©alisĂ© par Rembrandt lui-mĂȘme[7].
Galerie
Notes et références
- (en)/(de)/(nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Head of Christ (Rembrandt) » (voir la liste des auteurs), en allemand « Ein Christus nach dem Leben » (voir la liste des auteurs) et en néerlandais « Christuskop » (voir la liste des auteurs).
- « Christuskopf », Metropolitan Museum of Art.
- Rembrandt's Heads of Christ, site du musée du Louvre.
- Historique, Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie.
- Bahre 2006, p. 356.
- TĂŒmpel 1977, p. 75.
- TĂŒmpel 1977, p. 70-71.
- Ingeborg Ruthe: Sammelbilder bei Hofe in der Berliner Zeitung vom 3. August 2008, Zugriff am 2. Dezember 2008
Voir aussi
Bibliographie
- (de) Kristin Bahre u. a. (ed.), Rembrandt. Genie auf der Suche, Köln, DuMont Literatur und Kunst, (ISBN 3-8321-7694-2). .
- (de) Christian TĂŒmpel, Rembrandt. In Selbstzeugnissen und Bilddokumenten., Reinbek, Rowohlt, (ISBN 9783499502514). .
- (de) Christian TĂŒmpel, Rembrandt, Reinbek, Rowohlt Taschenbuch Verlag, (ISBN 3-499-50691-2).
- Rembrandt et la figure du Christ/Rembrandt and the face of Jesus, MusĂ©e du Louvre, Paris, 21 April 2011â18 July 2011, Philadelphia Museum of Art, Philadelphia, 3 August 2011â30 October 2011, Detroit Institute of Arts, Detroit, 20 November 2011â12 February 2012, (ISBN 978-88-89854-71-6), cat.no. 35.
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Head of Christ, site du Rembrandt Research Project
- Rembrandt's Heads of Christ,